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Moissonneuses lieuses à Nexon en 1943…

La mécanisation de l’agriculture n’est pas encore très visible dans les campagnes Limousines. Le recensement qui est fait à Nexon révèle que seuls 11 cultivateurs possèdent une moissonneuse lieuse pour une surface totale cultivée de 133, 53 hectares soit une moyenne de 12, 1 ha.

A cette époque les céréales ne constituent pas encore une production destinée à la vente mais principalement à la satisfaction des besoins de l’exploitant : le blé pour le pain et les autres céréales pour la nourriture des animaux.

André PENOT et Maurice de NEXON représentent à eux deux le quart de la surface cultivée. La production dépasse ici les besoins des exploitants et une partie doit etre destinée à la vente. Par contre DAMARZIT à Varnet et Jean MAZABRAUD à Valeix avec respectivement 4 et 3 ha cultivés doivent consacrer toute leur proction aux besoins de l’exploitation.

Un élément qui m’a intrigué est celui du nom des contructeurs. A sur 11, 63,6 % sont des machines Dollé. Je ne connaissait pas cette marque qui devait pourtant etre largement dominante dans notre région. La raison en est simple, la société Dollé a fermé ses portes en 1953. Pourtant en 1949, dans une publicité, l’usine est qualifiée de « plus grande manufacture française de machines agricoles ». Fondée en 1868 par Emile Oscar Dollé à Gevigney (70), dirigée à partir de 1909 par son fils Victor Dollé, ingénieur des Arts et Métiers après avoir été transplantée près de Vesoul sur un vaste terrain militaire et fils du fondateur, reprend en 1909 la direction de l’usine qui devient après la fin de la Première Guerre Mondiale un établissement industriel disposant d’une fonderie, d’un atelier de forge, d’un atelier de peinture et d’un vaste atelier regroupant les activités de menuiserie, montage, perçage, ajustage, tournage et outillage.

Dès la fin de la Deuxième Guerre Mondiale l’entreprise Dollé n’a pas vu venir l’arrivée massive du matériel agricole américain avec la marque Mc Cormick et surtout la motorisation de l’agriculture.

L’histoire de Mc Cormick est passionnante. C’est l’histoire d’une famille écossaise qui immigre aux etats-Unis en 1735. La ferme que la famille exploite devient vite prospère et le père et ses enfants conçoivent des outils pour faciliter le travail. Le prmier brevet pour une moissonneuse est déposé en 1834. L’entrepris crée pour fabriquer le matériel agricole devient vite la plus importante des Etats Unis. Présent dans les grandes expositions internationals ils gagnent de nombreux prix. En 1902 ils rachètent Deering, construisent une usine en Suède en 1905, en Allemagne en 1908 et en france la même année. En 1915 la première moissonneuse batteuse est commercialisée. En 1937 le premier tracteur sort des usines allemandes, en 1938, une usine de production de machinerie agricole est inaugurée en Angleterre… et en 1950 c’est l’arrivée en France de Mc Cormick qui commence la fabrication de tracteurs en 1951. On comprend que face à ce développement vers la motorisation Dollé étéit en retard d’une guerre ! On n’est donc pas surpris de voir qu’en 1953 quand Dollé ferme c’est Peugeot qui s’installe dans ses locaux.

En en 1944 il y deja 3 Mc Cormick puisque Deering lui appartient.

Moissonneuse lieuse Mc Cormick

Il reste une Puzenat. C’est également un matériel agricole qui est née de l’esprit d’innovation d’un forgeron, Émile Puzenat, qui avec ses enfants va créer à Bourbon Lancy en Saone et Loire une manufacture de machines agricoles.

Comme Dollé la Manufacture Centrale de Machines Agricoles C. Puzenat a du s’allier avec un fabriquant d’automobiles. D’abord avec le groupe Simca, puis avec le groupe Fiat-Someca pour la fabrication de tracteurs agricoles.

Les BONNAFY-FRUGIER deux familles qui ont marqué Nexon pendant près de deux siècles.

La famille BONNAFY a été alliée aux FRUGIER.

II- Les FRUGIER alliés aux BONNAFY

Les FRUGIER dont est issue Léontine FRUGIER, épouse d’Arsène BONNAFY, ont pour origine des meuniers que l’on trouve au moulin de Biard et au Moulin des Moulins à Nexon. Ils vivaient confortablement sous l’Ancien Régime et ils ont pu se constituer un patrimoine terrien. Au cours des siècles, les moulins furent vendus, pour certains dans la deuxième moitié du XXème siècle, aux métayers. Au dix-neuvième siècle, les jeunes générations devinrent notaires, avocats, ingénieurs, médecins … La Grande Guerre a contribué à diminuer leur patrimoine mais il restait, à la fin du XXe siècle, encore de beaux domaines comme ceux de Nouailhaguet, de Betour (très belle ferme-auberge ancienne vendue en 1990), le Moulin des Moulins à Nexon (toujours à des descendants Frugier), Le Moulin de Biard devenu gîte, Ladignac-le-Long, Meilhac, La Thomazie à La Meyze (héritée de REYDY-TEXEROT des Places avec des blasons des Texerot) toujours à des descendants des Frugier.

Les FRUGIER étaient réputés habiles, l’esprit inventif, aimant la vie et ses plaisirs, mais les pieds sur terre, et, dans l’ensemble, ne gaspillant pas le patrimoine familial. Le nom, surtout porté en Haute-Vienne et en Dordogne, aurait une origine germanique, Frudegarius ou Frodegarius (frod = avisé, prudent et gari = lance). On rencontre la forme similaire Frogier en Poitou-Charentes. Mais comme il n’y a pas eu d’influence allemande dans notre région au cours des XVème ou XVIème siècles, je penche plutôt sur une origine latine liées à la déesse FRUGIFERA, déesse qui fait croître les moissons.  Lié aux moissons le nom conduit aux meuniers dont plusieurs exerçaient cette profession dans la famille dont je parle.

Martial FRUGIER né en 1739 et Jeanne DAUDET se sont mariés à Nexon le 1er février 1763, commune de naissance de Jeanne. Ils ont eu 5 enfants, 4 garçons et une fille. Deux des garçons portent le même prénom, Léonard.

Léonard FRUGIER, l’ainé, est né le 19 avril 1769 à Biard, commune de Nexon. Comme c’était la coutume à cette époque, il a été baptisé le même jour par l’abbé DOUILHAC, vicaire à Nexon. Il est meunier au moulin de Biard et il épouse le 22 février 1791 Marie LASPOUGEAS, fille de Jean LASPOUGEAS, meunier, et de Marguerite GLANDUS du village des Moulin. Ils ont six enfants, quatre filles et deux garçons Jean FRUGIER né le 4 octobre 1803 et Martial né le 7 septembre 1811 qui n’aura pas d’enfant.

Jean FRUGIER , meunier propriétaire à Biard épouse le 17 février 1824 à Meilhac, Marie DESBORDES. Le 14 janvier 1825 nait leur fils Léonard dit Léon FRUGIER et Jeanne FRUGIER. Nous avons déja rencontré Jeanne qui a épousé Gilles BONNAFY d’où est isuue la lignée d’Arsène BONNAFY. Léonard dit Raymond épouse le 11 avril 1853 à Jourgnac, Marie Joséphine DUVERGER, fille du maire de Jourgnac. Ils auront trois enfants: Henri (1854-1920), René (1858-1944) et Prosper (1859-1899). Je reviendrai sur ces trois personnes.

Revenons à Léonard FRUGIER, le second, né le 7 janvier 1776 et baptisé le même jour. L’acte de baptème indique qu’il est né au village de Biard, fils légitime de Martial FRUGIER et de Jeanne DAUDET. Il épouse Catherine LASPOUGEAS, la soeur de Marie, le 22 février 1791. Ils ont eu 4 enfants, 2 garçons Jean FRUGIER et Léonard FRUGIER, et deux filles. La première, Marguerite est décédée le 11e jour, sa soeur, née deux ans plus tard, a gardé le prénom de Marguerite. Elle n’a pas eu d’enfant.

Jean FRUGIER est né le 15 frimaire an VII, 5 décembre 1798, au Moulin des Moulins, commune de Nexon, où son père était meunier.

Acte de naissance de Jean FRUGIER 15 frimaire an 7

Le 27 janvier 1818, à La Meyze, il a épousé Marie REYDY, fille mineure de feux Guilhaume REYDY décédé le 28 mai 1814 et de Catherine TEXEROT des PLACES, décédée le 15 germinal l’an 13. Catherine TEXEROT des PLACES descend des seigneurs des Places. Ils ont eu six enfants, cinq garçons et une fille.

Jean FRUGIER 1798 1870

Jean FRUGIER est décédé le 3 juillet 1870 à La Meyze à l’âge de 71 ans.

La branche FRUGIER-BRAGARD

Parmi les enfants de Jean FRUGIER, sa fille Catherine, née à Nexon le 19 mars 1826, épousa toujours à Nexon, le 27 mai 1847, Martial BRAGARD (1816-1859), un garçon de Janailhac, plus agée qu’elle de 10 ans, dont les parents étaient propriétaires. Ils eurent deux enfants, Marie BRAGARD (1846-1909) qui n’eut pas d’enfant et Henri Pierre BRAGARD (1847-1926) qui devint marchand de vin en gros à La Plaine et expert agricole.

Catherine BRAGARD et ses deux enfants (cliché G. Ruhla)

Henri-Pierre BRAGARD eut deux enfants, Léon BRAGARD (1870-1948) qui continua l’affaire de son père à La Plaine. Il n’eut pas d’enfant. Sa soeur Catherine devint religieuse.

Une autre branche BRAGARD n’a pas de lien direct avec les BONNAFY mais elle a marqué l’histoire de Nexon. En effet Martial BRAGARD avait un frère plus jeune qui s’appelait également Martial (1823-1916). Marié avec Anne GUITARD ils ont eu deux enfants : Pierre BRAGARD et Marie. Pierre qui était instituteur a épousé Alice LAPLAUD. Leur fils Martial »Arsène » BRAGARD (1890-1938) était marchand de vin et expert agricole à la Plaine. Pendant la Première Guerre Mondiale qu’il a effectué comme maréchal des logis, il a été décoré de la croix de guerre. Il a été fait Chevalier de la Légion d’Honneur le 25 fevrier 1932.

Il est décédé le 7 octobre 1938 à l’agge de 38 ans. Marié à Marie BEYNETOUT ils avaient eu trois enfants : Paulette (1922-2012), Fernand (1924-1977) et Marcel (1927-2010). Ce dernier fut PDG de la compagnie des trolleys bus de Limoges de 1974 à 1984 puis directeur général des Transports en commun de Limoges, jusqu’en 1989.

Léonard FRUGIER, le frère de Jean, né en 1803 a été marié trois fois. D’abord avec en 1826 avec Anne LIMOUSIN dont il a eu deux enfants morts en bas age. Après le décès de son épouse en 1832 il épousa Andrive LASPOUGEAS (1811-1856). Ils eurent quatre enfants dont Michel FRUGIER (1838-1916) qui fut Juge de Paix à Chalus. Il était l’oncle d’Arsène BONAFY, juge de Paix comme lui.

De la branche aînée des FRUGIER, Léonard né en 1769 a eu deux enfants, Léonard et Jeanne. Nous avons déja rencontré Jeanne (1827-1883) qui a épousé Gilles BONNAFY ( 1817-1885) et de ce mariage est né Arsène BONNAFY, juge de Paix à Nexon. Son frère ainé, Léonard dit Léon FRUGIER, né le 4 janvier 1825 au moulin de Biard à Nexon, a épousé à Jourgnac, Marie DUVERGER le 11 avril 1853. Ils eurent trois enfants Henri (1854-1940), René (1858-1944) et Prosper (1859-1899).

1-Henri, Marie,-Jean-Baptiste, Joseph FRUGIER (1854 -1940) .

Il est né à Nexon le 20 mars 1854 et il y est décédé le 25 janvier 1940 à l’âge de 85 ans. Il effectue ses études de médecine à Limoges et à 20 ans il est convoqué pour effectuer son service militaite. Affecté à la 14e section d’infirmiers militaire il obtient un sursis d’un an pour ses études. Il effectue sa période obligatoire du 5 novembre 1875 au 5 novembre 1876. Une fois soutenue sa thèse de doctorat en médecine il est affecté comme médecin militaire dans la réserve. Il sera rayé des cadres avec le grade de médecin major de 2e classe, ce qui correspond au grade de capitaine.

Il se marie le 7 janvier 1884 à Saint-Yrieix-la-Perche avec Thérèse ARDILLER (1862-1835) dont les parents étaient négociants. Plus jeune que son mari elle décèdera avant lui en ayant deux enfants, Jeanne (1884-1980) et Edouart (1886-1918).

Le docteur FRUGIER a exercé à Nexon pendant près de 40 années. Il était très aimé de ses patients.

Ordonnace du Dr. Frugier du 19 juin 1899

Il a habité d’abord avenue de la gare, dans la maison qui est devenue ensuite la gendarmerie et aujourd’hui le restaurant Massy. Il est ensuite allé rue du Nord, rue Gambetta actuelle dans la grande maison a gauche en allant vers l’église après la boulangerie.

Pour plus de 40 années consacrées à la médecine tant civile que militaire le Docteur FRUGIER a été fait Chevalier de la Légion d’Honneur par décret du Président de la République du 9 juillet 1931. Pour lui remettre cette décoration qui faisait état de son grade de médecin militaire il a choisi le médecin militaire chef de l’Hopital de Limoges.

Il a eu la douleur de perdre son fils Edouart. Brillant étudiant fit des études de notariat et obtint un doctorat en droit. Sa mère lui acheta une étude en 1913 et lui fit construire une belle grande maison à Limoges. Il était le « fils chéri » de sa mère. Dès la déclaration de la guerre en 1914 il s’engagage pour la durée de celle ci. Brigadier au 213e régiment d’Artillerie, il est tué lors des combats de juin 1918, à Silly la Poterie le 3 juin 1918. Il avait 31 ans.

Jeanne, soeur ainée d’Edouard, est née le 30 septembre 1884. Elle a 22 ans lorsqu’elle épouse à Nexon, le 2 février 1907, Paul DENIS un homme de 36 ans, industriel dont le père est notaire à Séreilhac.

Acte de mariage – ADHV

Jeanne etait une femme de caractère, redoutable en affaires. Elle contrastait avec son mari qui était plutôt réservé. Ils eurent un fils, Maurice, né le 7 fevrier 1908 à Limoges. Il fit des études d’ingénieur et parti dans la banlieu parisienne diriger une entreprise. Son père Paul est mort jeune, à 41 ans.

Paul DENIS (G. RULHA)

2- Gilbert Marie « René » FRUGIER (1858-1954)

Il est né le 20 mai 1858 à Nexon. C’est le deuxième enfant de Léonard FRUGIER et de sa femme Marie DUVERGER. A l’état civil il est déclaré s’appeler Gilbert Marie René mais, comme souvent, c’est le troisième prénom qui devient usuel.

Acte de naissance 1858- ADHV

Brillant élève, déjà au lycée qui ne s’appelle pas encore Gay Lussac il obtient des prix, par exemple en calcul, en classe de 5ème :

Le Courrier du Centre 13 aout 1872

Chercheur dans l’âme, il faiasait des expériences de chimie chez ses parents. Il a fait plusieur fois sauter le kiosque dans le parc de la maison de Nexon.

Il sera diplomé ingénieur de l’ École centrale des arts et manufactures en 1882.

Le 24 novembre 1891à Limoges René FRUGIER a épousé Valentine Marie ROUGIER (1872-1952), fille d’un banquier de Guéret, agée de 20 ans de moins que lui. Le 8 mai 1893 naissait leur fille Yvone Marie Louise (1893-1972).

René Frugier fonda en 1896 sa propre société. Il fit de nombreuses recherches sur le kaolin, modifia les proportions des composants de la pâte à porcelaine. Il mit au point un nouveau mélange composé à 65% d’argiles et de kaolin soit 15% de plus que dans la porcelaine traditionnelle. Grâce à ces proportions, la porcelaine devenait plus réfractaire, pouvait résister au feu tout en conservant l’aspect d’un produit traditionnel. Cependant un tel procédé exigeait une cuisson à une température plus élevée à 1430°. Il breveta son procédé lui donna un nom: ALUMINITE. Cette technique permit à l’entreprise FRUGIER de se spécialiser dans les ustensiles de cuisine et de laboratoire.

M. FRUGIER avait transformé son entreprise en Société Anonyme en 1910.

En 1958 la manufacture fut rachetée par le société Haviland. L’Aluminite n’est plus fabriquée, le respect des données techniques et notamment la haute température de cuisson en font une matière d’un prix de revient prohibitif.

On trouve aujourdhui sur les sites de vente par Internet et dans les brocantes des pièces en bon état :

A coté de son activité dans la porcelaine il se lança dans la fabrication de tuiles et de briques sur sa proprété de Bostrichard. Le village est situé sur la commune de Meilhac mais pour la publicité René FRUGIER indiquait « près de Nexon ». La terre glaise était extraite aux Blas et elle était acheminée par des charettes tirées par des chevaux et des wagonnets sur rails.

Réné Frugier était un entrepreneur insatiable. Il voulait maitriser toute la chaine de production de sa porcelaine. Pour cela il a acheté des carrières de kaolin dans les Cotes d’Armor et dans la région de Béziers.

Marc LARCHEVEQUE

Pour autant René FRUGIER ne néglige pas ses propriétés. Ainsi il obtint des prix lors des concours d’élevage :

René FRUGIER décède le 11 fevrier 1944 à 85 ans. On notera que l’acte de décès utilise son prénom officiel « Gilbert » et non le prénon usuel « René »:

Ses héritiers n’ont ni ses compétences scientifiques ni managériales. La fabrique de porcelaine fut reprise par Haviland et la tuilerie périclitera. Les cheminées seronr démolies, le terrain nettoyé …

3-Prosper FRUGIER (1859-1899)

Le troisième enfant de Léon FRUGIER et de Marie DUVERGER, Pierre « Prosper » FRUGIER est né le 21 mai 1859.

1874 8 8 Le Courrier du Centre

A19 ans il effectue une année de service militaire au 25e Régiment de Dragons ou il arrive le 8 novembre 1878. Ile quitte le 8 novembre 1879.

Régistre militaire Pierre Prosper FRUGIER

Il se présente aux élections dépertementales et il est élu conseiller d’arrondissement pour le canton de Nexon avec Louis BONNAFY.

1895 1er aout Le Courrier du Centre

Il meurt brutalement le 25 novembre 1899 à 40 ans. Il n’était pas marié.

Les Ostensions de 2023

Samedi 1er avril 2023 a été officiellemnt ouverte la période des ostensions de Nexon par l’office présidé par Mgr Bozo puis par la montée du drapeau ostentionnaire par les pompiers de Nexon. C’est parapluie ouvert et sous les rafales de vent que fidèles et spectateurs y ont assisté.

Les 2 photos sont de la municipalité de Nexon

Deux jours plus tard, avec moins de pluie mais avec toujours un vent soufflant du Nord il est difficile d’obtenir un drapeu immobile…

On remarque que le drapeau ne porte la croix que du coté Sud, vers le chateau.

Le drapeau de 2003 est différent de celui de 2016. Non seulement la croix ne rejoignait pas les bords du drapeau mais la croix figure sur les deux cotés du drapeau.

La couleur verte en liturgie est symbole d’espoir, d’espérance. Elle évoque la nature. la chasuble de couleur verte est celle du Temps ordinaire qui va du lendemain de la fête du baptême du Seigneur au mardi gras inclus puis du lendemain de la Pentecôte à la veille du premier dimanche de l’avent. La couleur rouge est celle de l’amour, du sang et du feu de l’Esprit. La chasuble rouge est portée le vendredi saint, le jour de la Pentecôte et pour la fête de tous les saints martyrs ainsi que le 14 septembre pour fêter la Croix glorieuse .

Une question est souvent posée: que devient le drapeau à la fin des ostensions? Dans certaines paroisse il est laissé à flotter au vent jusqu’à ce qu’il soit totalement déchiqueté. Dans d’autres paroisses il est brulé et les cendres jetées au vent, ailleurs il est découpé en petits morceaux qui sont distribuées aux participants et enfin il est souvent conservé pour etre utilisé pour les ostensions suivantes. C’est le cas à Nexon ou il y a en général une alternance, le drapeau est utilisé une fois sur deux. La raison en est en partie le cout. Le darpeau est fabriqué par une entreprise spécialisée et pour en réduire le prix la croix n’est brodée que sur une seule face. Sous les coups de vent, de plus en plus violents, le drapeau s’use, en particulier les anneaux pour l’accrocher à la hampe.

Pour un rappel sur les ostensions lisez mon ancien article : https://etsinexonmetaitconte.fr/les-ostensions/

Hommage à Didier LABASSE, Kader pour les anciens joueurs et supporteurs de l’ASN

Kader, car c’est comme cela que nous l’appelions à Nexon. Il est arrivé en 1959 et pendant quelques années il a fait le bonheur de l’ASN. Il jouait avant centre, il avait une parfaite maitrise du ballon, il était vif et précis. Il logeait à l’hotel chez Léonie Adam, rue Pasteur. Il était peintre et je me souvient du plaisir que nous avons eu lorsqu’il est venu chez mes parents repeindre la cuisine. A cette époque Henri Phelipeaux, un autre très bon joueur mais plus agée que Kader, était employé chez mes parents. C’était un plaisir d’aller aux matchs tous les dimanches.

L’équipe 1 en 1959-60

Toujours joyeux il aimait s’amuser et les soirs de banquet il n’étaut pas le dernier à faire la fête.

Puis en 1964 il est parti à Cussac pour jouer à la JSC. Il en est devenu l’entraineur. Il a trouvé un emploi, il s’est marié, a eu des enfants et des petits enfants mais il n’a jamais oublié Nexon. Sur les terrains on ne l’appelait plus Kader mais Didier et le plus souvent « Didi ».

La dernière fois que je l’ai vu à Nexon c’était le samedi 15 juin 2019, pour les 70 ans du club. Il a joué avec les anciens. Il retrouvé avec plaisir tous ceux qu’il connaissait. Nous avons longuement parlé du passé mais aussi de sa vie à Cussac, de sa famille…

Les dernières photos que j’ai faites le 25 juin 2019.

Ce soir en rentrant chez moi, en lisant le journal comme je le fais tous les jours, j’ai découvert avec tristesse l’annonce de son décès. Des souvenirs de plus de 60 ans son immédiatement revenus à mon esprit. Repose en paix cher Didier et nous n’oublierons pas Kader.

« Métayage ou Fermage ? » un article de Georges de Nexon, ingénieur agronome en 1946

C’est le titre d’un article écrit par le baron Georges de Nexon qui a été publié en 1946 par le Centre d’Etudes des « Questions Actuelles » . Merci à M. Christian GESLIN de m’avoir donné ce document.

Quand j’ai lu cet article je me suis retrouvé plus de 50 ans en arrière quand j’étais étudiant à l’Université de Bordeaux, en DEA, c’est à dire le Master 2 actuel. J’avais choisi comme sujet de mémoire « Le modèle de développement agricole de françois QUESNAY » et mon directeur était le Professeur André GARRIGOU LAGRANGE. C’était un remarquable professeur, un grand bourgeois qui nous recevait dans son salon, toujours disponible pour ses étudiants. Il a André a relevé le nom de DAVID de LASTOURS qui se trouve maintenant accolé à GARRIGOU-LAGRANGE (Tribunal d’Angoulême le 31-12-1924).

Son père, Paul GARRIGOU LAGRANGE était un chercheur météorologue très connu qui avait fait construire un observatoire dans son parc à Limoges situé dans la rue qui s’appelle aujourd’hui « rue de l’observatoire Garrigou Lagrange ».

L’Observatoire de M. Paul GARRIGOU LAGRANGE

L’observatoire fut inscrit à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques en mai 1978. Sa préservation paraissait assurée. Mais son déclassement a été obtenu quelques mois après par la société ROUCHAUD LAMASSIAUDE, en théorie pour agrandir son usine. Malgré la réaction des sociétés protectrices du patrimoine, le déclassement et la démolition furent plus rapide que les tribunaux et le 23 mars 1979 il ne restait qu’un tas de décombres de l’observatoire !

Pourquoi ce détour par Bordeaux et Limoges ? Parce que mon travail de recherche puis les cours que j’ai dispensés en sciences économiques à Limoges ont porté en partie sur la question que pose Georges de NEXON.

François QUESNAY dont j’ai parlé était un brillant médecin pendant les années 1730 – 1750 à la fois médecin de Mme de Pompadour et de Louis XV qui, ayant été anobli s’est posé la question de la meilleure manière de gérer le domaine que son titre lui avait permis d’acquérir. Ses réflexions qu’il publie à partir de 1750 en font pour moi, mais je ne suis pas le seul, le premier vrai économiste du monde moderne. Le débat sur fermier ou métayer est au cœur de la question de la production et de la répartition de son produit. Dès que le producteur n’est pas seul à produire et qu’il emploie de la main d’œuvre il se demande quelle rémunération il doit accorder à celui qui contribue à la production. Les différentes sociétés sont passés de l’esclavage au servage puis au salarié et dans l’agriculture du domestique au métayer puis au fermier. dans le cas du métayer c’est un partage de la récolte alors que le fermier verse un loyer. QUESNAY en 1750 se posait la question de savoir quel mode d’exploitation assurait le revenu le plus élevé pour les deux, propriétaire et exploitant. Avec le développement du progrès technique et de la mécanisation il fallait savoir qui devait financer l’investissement. Georges de NEXON ne s’appuie pas sur les théoriciens de l’économie qui depuis QUESNAY en passant par MARX jusqu’au Prix Nobel J. STIGLITZ ont analysé la répartition de la rente entre les différents acteurs de la production et la juste répartition entre la travail et le capital.

Voici le texte de Georges de NEXON :

La position de Georges de NEXON est celle du métayage. Pour avoir interrogé M. PAUZET qui a été métayer chez M. de NEXON cette position s’explique par un comportement de ce propriétaire différent de celui des autres propriétaires. En effet M. PAUZET m’a répété plusieurs fois que du jour où sa famille est entrée comme métayer au domaine de la Garde ils n’ont plus jamais eu faim. Il m’expliquait que ses parents ont eu des propriétaires qui ne facilitaient pas le travail des métayers et qui exerçaient un contrôle permanent et suspicieux, considérant par principe que le métayer était menteur et voleur.

Les conflits entre propriétaires et métayers étaient fréquents, tout n’était pas prévu dans les baillettes dans la mesure ou, surtout au XIXe siècle beaucoup de métayers ne savaient ni lire ni écrire. le ramassage du bois mort, des châtaignes, des fruits tombés au sol … étaient sources de contentieux de même que l’utilisation des charrettes en dehors de l’exploitation, la vente du bétail…

Voici la baillette de M. PAUZET signée le 5 mai 1935 pour une exploitation à partir du 1er novembre 1935. Si l’article 1 considère que le colon doit gérer « en bon père de famille » l’article 2 concerne les charrois. L’article 3 est relatif au bois, avec l’interdiction de couper un arbre sans autorisation et de ne prendre que le bois de chauffage qui lui aura été désigné. Rien n’est écrit sur les investissements et les innovations possibles.

Pour une analyse très fine du métayage en Haute-Vienne lire l’article de Dominique DANTHIEUX « Métayage et grande propriété foncière dans le département de la Haute-Vienne : entre utopie sociale et innovation agricole (fin 19e-début 20e siècle) » dans Ruralia, Revue  de l’Association des ruralistes français n°14 -2004. Il montre que le développement de l’élevage de la race bovine limousine et celui des cultures qui lui sont associées qui ont été favorisés par les grands propriétaires, comme les de NEXON, ont permis aux métayers d’être des agents du changement et souvent de devenir à leur tour propriétaires, même si cela ne concerne qu’une partie des métayers. Sans aucun doute ceux du baron Georges de NEXON en font partie et ils confortent la conclusion générale de Dominique DANTHIEUX « Le métayage tel qu’on le pratique en Haute-Vienne est vanté non parce qu’il se fait le garant d’un ordre social traditionnel mais bien parce qu’il a permis à une frange de la paysannerie de prétendre par son travail et sa valeur propre à la propriété. »

Merci à Chantal, fille de M. PAUZET pour les baillettes.

Le campanile de l’ancienne mairie (Agora)

Lorsqu’après la décision du conseil municipal du 20 avril 1919 de faire démolir la mairie jugée insalubre la nouvelle mairie a été déplacée de quelques dizaines de mètres pour être installée dans l’ancien presbytère.

Ces deux cartes postales d’avant 1914 montrent bien l’ancienne mairie et, à droite légèrement en arrière, le bâtiment qui allait devenir la nouvelle mairie. Les locaux scolaires qui y étaient ayant été transféré en 1913 au nouveau groupe scolaire de la place était disponible.

Un appel pour l’adjudication de matériaux liés à la démolition a été lancé dans la presse le 25 juillet 1919.

Le Populaire 25 juillet 1919

La nouvelle mairie hébergera, au premier étage, la justice de paix et le secrétaire de mairie. Le conseil municipal décide de refaire le crépi de l’immeuble et d’effectuer des réparations à la terrasse. La nouvelle mairie avec sa terrasse ne ressemble pas au centre Agora que les nexonnais ont connu.

L’ancienne mairie dans les années 1930. A gauche la grille du monument aux morts.

La partie gauche du bâtiment est louée et pendant la guerre, M. BONNET y installera un dépôt de graines et d’engrais.

Outre la terrasse on remarque qu’il n’y a pas de campanile. Mais après la guerre un certain nombre d’habitants demandèrent qu’une horloge soit apposée sur la façade de la mairie. Une souscription fut lancée dont les deux premiers souscripteurs furent André REBIERE, marchand de vin et père de René, ancien maire, et René DESPLANCHES, horloger en face de la mairie. Ces deux donateurs ont versés chacun 1000 francs. C’est la plus importante somme qui équivalait à 1/7ème du salaire minimum fixé alors à 7000 francs. En équivalent en termes de pouvoir d’achat ces 1000 francs représentent environ 55 euros en 2022. parmi les 634 donateurs, cinq ont versés 500 francs, quatre 300 francs, vingt-six 200 francs … Les plus petites sommes versées étaient de 5 francs. Au total la souscription a rapporté 42 511 francs qui ont été versés au percepteur.

Pour installer une horloge la mairie a décidé de faire intégrer un campanile dans la façade. Le projet a été confié à M. .Robert JALOUX, architecte à Limoges. Son projet a transformé la façade pendant 70 ans.

Projet campanile . JALOUX architecte

Le cout du campanile a été estimé à 293 485 francs.

Profitant de la création du campanile d’importants travaux ont été réalisés dans la mairie dans le but d’y installer un centre médico-social. Des cloisons ont été montées, un escalier en chêne installé, les huisseries changées, l’installation électrique normalisée… le tout pour 924 391 francs.

Travaux intérieurs

Pour terminer l’ensemble il a fallu crépir et peindre la façade pour 170 902 francs. Au total l’aménagement de la mairie, sans le campanile coutait 1 095 293 francs.

Avec le campanile les travaux s’élevaient à 1 388 778 francs. mais ce n’est pas tout car il fallait l’horloge.

Un des fabriquant d’horloges publiques, Francis PAGET de Morez dans le Jura vient à Nexon pour présenter les produits de sa fabrication.

Il propose une Horloge monumentale à Remontage Electro Automatique sonnant les heures et les demies avec une portée de 800 à 100 mètres. Le devis fournit une description précise de l’horloge et de son mécanisme…

L’horloge choisie, rendu posée en parfait état de marche, est proposée à 127 000 francs le 4 aout 1947. Mais compte tenu de la hausse des prix et des salaires un avenant signé le 15 avril 1949 amène le prix à 250 000 francs.

Avenant 15 avril 1949

Quand le campanile a été posé et l’horloge installée l’hôtel de ville a pris l’allure qu’on lui a connu pendant près de 70 ans.

L’hôtel de ville avec son campanile, dans les années 1950 en haut (photo noir et blanc colorisée) et dans les années 1960 en bas avec ses couleurs réelles.

Après le transfert de la mairie au château en avril 1986, l’hôtel de ville devient le Centre AGORA, toujours avec son campanile.

Le centre AGORA va être transformé en Maison de l’intercommunalité. Le campanile est démonté, la terrasse originelle reconstruite et le bâtiment va retrouver sa forme initiale.

La maison de l’intercommunalité prend forme.

Le bâtiment a retrouvé sa forme originelle. Il est caché par la véranda moderne. Certains regrettent le campanile et son horloge. Etait-ce plus joli en 1914 ? Les gouts et les couleurs ne se discutent pas…

Un article de Limousin Elevage d’avril 1978 consacrait un article à l’élevage de Guy DEFAYE. Souvenir…

Près de 45 ans après ce bel hommage à cet éleveur, digne continuateur de son père Louis et modèle pour son fils Stéphane, ce clin d’œil au camarade avec lequel je partageait les bans de l’école primaire à Nexon…

Limousin Elevage n°65 avril 1978

Quelques années après la publication de cet article, le 3 avril 1983, Guy se voyait remettre la médaille du mérite agricole, décoration rarement remise à une personne de moins de 40 ans !

Guy DEFAYE et Léon PAUZET décorés du Mérite agricole le 3 avril 1983

IL y a 51 ans, le 26 septembre 1971, Nexon organisait la finale du Championnat de France de labours. A cette occasion la première Caravelle se posait à l’aéroport de Limoges.

Le Populaire 14 septembre 1971

Le Comité département des Jeunes agriculteurs (C.D.J.A.) de la Haute-Vienne, pépinière de champions de France de labours, avait été chargé d’organiser, le dimanche 26 septembre 1971, la finale du championnat de France de labours. Avec quatre champions de France, Guy BOUTET, René COMMUN, Albert NEXON et Gilbert CHARTIER la Haute-Vienne possédait alors le plus grand nombre de champions.

Jean BABAUDOU, président du C.D.J.A. 87 et son équipe ont choisi le site de La Plaine, bien desservi par la route nationale qui va de Limoges à Saint Yrieix. Un terrain de 60 hectares a été prêté par MM. ROZIER, ROUX, BAUDOU, SIBILOT, GOUDENEIX, FRUGIER et POUJAUD.

Ce championnat voulait être une grande fête de l’agriculture. A coté des labours un colloque sur la régénération des prairies était organisé et des expériences réalisées. Une exposition de vieux matériels, et un festival folklorique apportaient une note festive à cette manifestation.

Mais avant le concours de labours tous les regards étaient tournés vers Bellegarde ou une Caravelle affétée par le groupe ESSO, sponsor de la manifestation, devait amener une centaine de personnalités et des journalistes à ce championnat.

I- Le premier atterrissage d’une Caravelle à Limoges

Le dimanche 26 septembre près de 3000 personnes étaient massées derrière les barrières, dès 9h00 du matin, pour voir arriver la Caravelle. Ce qui nous semble banal aujourd’hui était un évènement en 1971. La Caravelle avait effectué son premier vol le 17 mai 1955 à Toulouse et avait reçu son certificat de navigabilité le 2 avril 1959. La Caravelle, premier avion commercial moyen courrier à réaction biréacteur, fut une réussite technique et symbolisait le succès de l’industrie aéronautique française. Elle n’eut pas la réussite commerciale qu’elle méritait car elle a été éclipsée par le programme du supersonique Concorde qui absorbait une grande partie des moyens financiers. Boeing et Douglas en ont profité pour occuper une grande partie du marché international de ce secteur. La chaîne de production s’arrête en mars 1973, moins de deux ans après son atterrissage à Limoges.

La foule scrute son arrivée
La Caravelle se pose
La Caravelle arrive
La Caravelle est arrivée.

Cette arrivée de la Caravelle correspond à l’ouverture de l’aéroport à la circulation aérienne publique. La piste est longue de 2.280 m et large de 45 m et elle est dotée d’un balisage pour les atterrissages de nuit mais ce n’est qu’en 1973 qu’elle a été dotée d’un système d’atterrissage tout temps.

Il faut faire la queue pour monter à bord et visiter la Caravelle

Tous ceux qui sont venus à Bellegarde n’étaient pas intéressés par le championnat de labour mais à la Plaine la foule n’a pas manqué.

2- Le concours de labour

Pour les concurrents la compétition a les mêmes contraintes et les mêmes exigences qu’une course cycliste ou un rallye automobile. Il faut avoir un bon matériel et il faut s’entrainer ce qui exige du temps et de l’argent. Pour faire face à ces exigences les candidats cherchent des sponsors. Et comme tous les sportifs chacun participe pour gagner.

Le Populaire 25 septembre 1971

Les concurrents sont sponsorisés par les fabricants de tracteurs et les fabricants de charrues. les trois concurrents de la Haute-Vienne sont équipés de charrues Huard et conduisent des tracteurs McCormick ou Someca.

De 9 à 10 heures les concurrents préparaient leurs tracteurs dans le bourg de Saint Maurice les Brousses et les décoraient. A 10 heures ils partaient en convoi vers le lieu du concours.

Le plan du site au croisement de La Plaine
Dans le bourg de Saint Maurice en direction de La Plaine

Arrivés sur le terrain chacun se place sur sa parcelle et après avoir déjeuné, la compétition débute à 13 heures. Le terrain est en légère pente ce qui permet aux spectateurs de suivre la compétition dans les moindre détails.

A l’arrivée les locaux n’ont pas laissé leur place et remportent les titres :

La tribune des personnalités
A gauche M. REGAUDIE, président du Conseil département est avec René Rebière, maire de Nexon, et Maurice DESCHAMPS, maire de Saint Maurice avec Olivier PHILIP, préfet de région.
La coupe

Le colloque sur la régénération sans labour des prairies, présidé par M. HENIN, chef du département d’Agronomie de l’Institut national de la recherche agronomique (INRA) le colloque était animé par M. JEANNIN également de l’INRA. Il a réuni le samedi après midi plus de 300 personnes à la salle des fêtes. Les démonstrations sur le terrain ont également intéressé un grand nombre d’agriculteurs.

Et si la modernité attirait l’ancien temps n’était pas en reste …

3- Retrouvailles 50 ans après…

Les champions Gilbert CHARTIER et Raymond CAMUS se sont retrouvés avec des participants et des organisateurs de cet évènement pour évoquer sur les lieux mêmes les souvenirs d’une époque aujourd’hui révolue. le monde de l’agriculture a été bouleversé, le nombre d’agriculteurs a fondu comme neige au soleil, la mécanisation a fait un bond considérable …

Le Populaire 9 octobre 2021

En 2009 Nexon avait un champion de France : David EYRICHINE

Bulletin municipal n° 226 3e trimestre 2009

Le 29 août 1942, 458 juifs raflés dans la Région de Limoges ( les 3 départements limousins et les parties non occupées de la Charente, du Cher, de la Dordogne, de l’Indre, de l’Indre et Loire, du Loir et cher et de la Vienne) partent de la gare de Nexon pour Drancy puis Auschwitz.

Si l’on connaît la grande rafle du Vel’ d’Hiv’ » des 16 et 17 juillet 1942 on oublie qu’il y en a eu avant et surtout après.

Ces rafles avaient pour but de livrer à l’Allemagne les juifs pour lesquels Hitler et ceux qui mettaient en œuvre ses idées voulaient réaliser « la solution finale ».

Le 11 juin 1942, une conférence qui réunit à Berlin tous les services des affaires juives de la Gestapo dans les pays occupés, décide de prendre des mesures rapides et efficaces pour y arriver. Pour cela la France devait livrer 100 000 Juifs des deux sexes.

  1. La politique anti juive du Reich et de Vichy

La législation antisémite mise en place le 27 septembre 1940 par les allemands dans la zone occupée conduit à un recensement de 170 000 juifs dont 150 000 pour l’agglomération parisienne. En zone libre le recensement exigé par le Reich et réalisé par les fonctionnaires de Vichy dénombre 140 000 personnes juives.

Depuis le 3 octobre 1940, date à laquelle la loi portant statut des Juif a été promulguée, la notion de « race juive » est proclamée et en fait des citoyens éliminés des fonctions électives et de la fonction publique. Le 4 octobre 1940, une nouvelle loi permet aux préfets de procéder à l’internement des « étrangers de race juive ». Le 7 octobre les Juifs d’Algérie, français depuis le décret Crémieux de 1870, sont déchus de leur nationalité et soumis à un régime d’exclusion. Ainsi le camp de Nexon va recevoir ses premiers internés.

Le Populaire 19 octobre 1940

En mars 1941 est créé à Vichy, le “Commissariat Général aux Questions Juives” (C.G.Q.J.), véritable ministère des affaires juives et en novembre l’“Union Générale des Israélites de France” (U.G.I.F.) rassemble en une seule organisation toutes les œuvres juives de France afin de mieux les contrôler.

En juin 1941 le statut des juifs devient plus sévère et leur interdit l’exercice des professions libérales et commerciales ainsi que les fonctions dans l’enseignement supérieur. En juillet ils sont dépossédé de toutes leurs entreprises et de leurs biens meubles et immeubles. Ils ne peuvent pratiquement plus voyager, sortir de leur domicile entre 20 heures et 6 heures, posséder une radio, une bicyclette, un téléphone. Il n’ont pas le droit d’entrer dans un jardin public, dans un théâtre, un cinéma, une piscine, des bains-douches, de changer de résidence. Leurs pièces d’identité sont marquées du tampon “Juif”. En zone occupée, à partir du 29 mai 1942, dès l’âge de 6 ans, ils doivent porter une étoile jaune avec le mot “Juif”.

2. La rafle du Vélodrome d’Hiver

Dès le 27 mars 1942, un premier convoi quitte la France pour Auschwitz suivi de quatre autres en juin emportant 4 000 hommes raflés en 1941.

Après l’accord du 11 juin 1942 à Berlin, Dannecker, représentant d’Adolf Eichmann à Paris ,qui avait proposé pour la France la déportation de 100.000 Juifs de 16 à 40 ans doit, dès le 15 juin, réviser son quota à la baisse et le réduire à 40.000 Juifs en trois mois à partir de la mi-juillet.

A partir du 16 juin, Bousquet, secrétaire général de la police du régime de Vichy sous le gouvernement de Pierre LAVAL, consent à livrer 10.000 Juifs apatrides de la zone libre. Les négociations butent sur le concours de la police française en zone occupée pour arrêter 30.000 Juifs dans cette zone, dont 22.000 dans l’agglomération parisienne et parmi eux 40 % de ressortissants français.

Le 2 juillet, Bousquet et Knochen, responsable de la Gestapo, tombent d’accord pour que les Juifs soient arrêtés uniquement par la police française, mais seuls les Juifs apatrides seront arrêtés.

Le 4 juillet, Laval entérine l’accord Bousquet-Knochen.

Le 15 juillet, Bousquet donne au préfet de police le feu vert pour la grande rafle. Il n’a pas voulu qu’elle ait lieu de 14 juillet ! Elle va être effectuée à partir du fichier juif constitué dès l’automne 1940.

Lettre n° 173 42 ordonnant la rafle

 Les personnes interpellées n’ont le droit de prendre qu’une couverture, un pull, une paire de chaussures et deux chemises. Les directives précisent que « les opérations doivent être effectuées avec le maximum de rapidité, sans paroles inutiles et sans aucun commentaire ».

Le 16 juillet à 4 heures du matin l’opération commence. Il y a peu de photos de la rafle elle même car elle a eu lieu dans le secret et à commencé très tôt. Par contre pour celle du 14 mai 1941 a été largement photographiée par un photographe allemand, Harry Croner, d’ une unité de la Wehrmacht chargée de l’endoctrinement, présent dans le gymnase Japy (11e arrondissement), le principal centre réquisitionné pour cette opération. A la fin de 1941, il est radié quand ses supérieurs découvrent que son père est juif. Il reprendra son métier de photographe en 1946. Les planches contacts de l’opération du 14 mai 1941 avaient disparu de la circulation jusqu’à l’automne 2020. Un brocanteur qui les avait achetées puis oubliées les montre à des spécialistes de la Shoas qui parmi elles reconnaissent une centaine de clichés de la rafle du 14 mai 1941. Entre mai 1941 et juillet 1942 il n’y a pas de différence dans la méthode, aussi j’utilise quelques cliché du 14 mai 1941 pour montrer le calme des juifs interpellés qui discutent avec les gendarmes et qui embrassent leurs femmes avant de partir pour un voyage dont ils ne reviendront pas.

La rafle du 14 mai 1941 dite du « billet vert ». Une répétition de ce qui se réaliser dans toute la France en 1942

Les quelques photos de la rafle du Vel d’hiv sont toutes réalisées à l’extérieur. On montre parfois une photo de l’intérieur mais elle a été réalisée à l’automne 1944, lorsqu’ y ont été enfermés des hommes et des femmes suspects de collaboration. 

La seule photo connue de la rafle réalisée  prise par un photojournaliste de Paris-Midi et censurée par les Allemands à l’époque est une photo d’extérieur :

La seule photo de la rafle du Vel d’Hiv

L’opération conduira à l’arrestation de 13 152 Juifs : 4 115 enfants, 5 919 femmes et 3 118 hommes. Après leur arrestation, une partie d’entre eux est emmenée par autobus au camp de Drancy. L’autre partie, 8 160 personnes : 4 115 enfants, 2 916 femmes et 1 129 hommes est envoyée au Vélodrome d’Hiver où elles resteront pendant cinq jours, sans nourriture, avec un seul point d’eau et dans une chaleur étouffante … Ils rejoindront Drancy, les camps de Beaune la Rolande et Pithiviers et finalement Auschwitz.

Le vélodrome a été démoli en 1959 pour laisser place à des immeubles. Il n’y a pas de manifestations, un pan de l’histoire disparait.  L’événement reste dans la conscience populaire sans image jusqu’en 1967 avec la publication du livre de Claude Lévy et Paul Tillard, le premier consacré à la rafle ( La grande rafle du Vél’ d’Hiv’ chez Robert Laffont)

3- Les rafles du 26 août 1942

Elles surviennent six semaines après celle du Vel d’Hiv et ont lieu dans toute la zone non occupée.

Elles s’inscrivent dans la lignée de l’accord du 2 juillet 1942 entre Carl Oberg, chef de la SS en France et René Bousquet, secrétaire général de la Police à Vichy.

Carl Oberg (à droite devant un officier de la SS) et son aide de camp Herbert Hagen (à gauche, de face) avec René Bousquet (de profil, à gauche) en 1942. 

L’accord protège les Juifs de nationalité française sur tout le territoire et les autorités de Vichy s’engagent à livrer 40 000 juifs : 10 000 Juifs étrangers de la zone libre et 30 000 de la région parisienne.

Le 5 août 1942 tous les préfets régionaux reçoivent une lettre confidentielle des services de René Bousquet, secrétaire général de la police, qui définit les juifs à arrêter et à transporter en zone occupée « avant le 15 septembre » : leur nationalité, leur date d’entrée sur le territoire français (1er janvier 1936), la liste des exemptés (« vieillards de plus de 60 ans », femmes « en état de grossesse », « enfants de moins de 16 ans non accompagnés », entre autres).

Lettre du Secrétaire général de la police au Préfet régional de Limoges. A.D.C. 147W4812

Le 10 août, le préfet Lemoine tient dans son cabinet de Limoges une conférence où il fait part des mesures envisagées prochainement par le gouvernement à l’égard de certaines catégories d’Israélites. Dans un courrier qu’il adresse aux préfets, il rappelle les dispositions prises : Pour effectuer le ramassage, le groupement et la conduite des israélites au centre régional de Nexon (Haute-Vienne), vous pourrez faire appel au concours des divers services de police et de gendarmerie de votre département qui, sous votre autorité, seront chargés de procéder à ces opérations. En ce qui concerne les groupes mobiles de réserve, je vous serais obligé de bien vouloir me faire connaître, dès que possible, le nombre de gardiens qui vous seraient nécessaires pour effectuer les opérations précitées. En effet je dois maintenir dans chaque groupe mobile un effectif de réserve destiné, le cas échéant, à assurer le maintien de l’ordre public. …

Pour le département de la Haute-Vienne le préfet adresse ses instructions détaillées aux services de police et de gendarmerie :

À l’issue de la conférence du 10 août 1942, le préfet Lemoine a remis une note résumant les instructions données par le contrôleur général de la Police nationale dans laquelle il est précisé que les israélites doivent être assemblés dans un camp régional d’où l’on fera partir un train complet.

Le camp de Nexon, après transfert des internés qui y séjournent vers le camp de Saint-Paul-d’Eyjeaux, a été désigné comme camp régional avec une capacité de 800 personnes au maximum. Il est prévu des camps primitifs où pourront être acheminés les israélites le jour du ramassage. En Haute-Vienne, il est envisagé de créer un centre provisoire à Saint-Germain-Les-Belles où pourront être logées environ 300 personnes. Mais compte tenu du nombre des personnes interpellées il ne sera pas utilisé. Les départements de la région doivent étudier la possibilité d’organiser un centre, notamment en Corrèze, en Dordogne et dans l’Indre, pour procéder à des décentralisations dans chaque département. Les israélites groupés dans ces centres seront ensuite dirigés vers Nexon au fur et à mesure des départs.

Dès que les listes seront prêtes, les services de police et de gendarmerie devront procéder à une prospection discrète pour s’assurer si les intéressés sont bien toujours domiciliés à l’endroit désigné.

Les embarquements pour la zone occupée se feront de nuit. Un service d’ordre de surveillance accompagnera les convois. Pour le moment il est prévu que les trains de départ seront dirigés vers Chalon-sur-Saône. Un service d’ordre important devra assister à l’embarquement. Dans chaque gare se trouvant sur le trajet, il sera placé un service discret susceptible d’être immédiatement renforcé. Dans les dernières gares avant la ligne de démarcation, la surveillance devra être particulièrement stricte.

Le 19 août 1942, un télégramme du préfet régional annonce la date de l’opération : « Vous informe que mesures d’arrestations et regroupements prévus par dépêche du 5 août auront lieu mercredi 26 août, heure fixée par contrôleur Surville STOP tenir cette date rigoureusement secrète. »

A cette même date les dérogations qui étaient au nombre de 11 sont ramenées à 6. Ainsi sont exemptés les parents d’un enfant de moins de deux ans au lieu de cinq ans comme précédemment.

Le 26 août 1942, le « plan de ramassage » est déclenché sur l’ensemble de la zone non occupée. Pour la Région de Limoges, 9 préfectures ou sous préfectures vont être concernées : Loches (Indre et Loire), Châteauroux (Indre), Saint Amand Montrond (Cher), Montmorillon (Vienne), Guéret (Creuse), Confolens (Charente), Limoges (Haute-Vienne), Périgueux (Dordogne) et Tulle (Corrèze). 5 centres de pré ciblage sont retenus : le camp de Douadic dans l’Indre pour le Nord de la Région, Boussac pour la Creuse, Auchères et Egletons pour la Corrèze, Saint Pardoux la Rivière et le château du Roc, au Change en Dordogne.

La carte de Guy Perlier dans son ouvrage La Rafle aux Edition « Les Monédières » en 2012 montre les liens entre ces différentes villes et Nexon, lieu de rassemblement final.

Source Guy PERLIER

Les recensements des juifs effectués en 1941 dénombraient 6 270 juifs étrangers dans la région. Trois départements en réunissaient 80% : La Dordogne 2 265, la Haute–Vienne 1600 et la Corrèze 1 165.

La Creuse ne comptait que 534 Juifs d’origine étrangère. C’était le département de la région qui en comptait le moins. Beaucoup sont arrivés dans ce département par hasard. Ils n’ont pas eu de grandes difficultés pour se loger et après quelques mois de présence ils se pensaient à l’abris. Pourtant ce ne fut pas le cas pour 91 d’entre eux. Parmi eux se trouvait le jeune Henri Wolff. Il fut l’un des rares à revenir vivant. Il a raconté souvent, et sur de nombreux médias, son histoire.

https://www.youtube.com/watch?v=2jIlLsV6r6k&ab_channel=YadVashemFran%C3%A7ais

Henri Wolff était un jeune belge de 14 ans lorsqu’il arrive avec ses parents aux Combes, un village d’une quinzaine d’habitations sur la commune de Saint-Hilaire-le-Château. Il découvre  » un havre de paix et de chaleur « . Le recensement de juin 1941 le rappelle à  la réalité.  » Un jour le secrétaire de mairie est venu : « Je dois recenser tous les juifs du canton et vous avez à  remplir ce questionnaire ».  » La mère d’Henry s’étonne :  » Nous n’avons jamais dit que nous étions juifs. « . Le secrétaire de mairie :  » Moi, je le sais ! Vous ne voulez pas remplir le questionnaire ? Je le ferai.  » Son père est envoyé dans un Groupements de travailleurs étrangers (G.T.E.), sur le plateau de Millevaches pour extraire de la tourbe tandis que sa mère et lui travaillent à la ferme aux Combes. Tous les deux sont obligés de pointer à  la gendarmerie où ils sont traités avec suspicion. Le vélo d’Henri est régulièrement inspecté, car les résistants utilisent souvent ce moyen pour convoyer leurs tracts.

Le 26 août 1942, cinq gendarmes se présentent, à  quatre heures du matin, à  leur domicile. Ils leur laissent un quart d’heure pour faire leurs bagages. L’un d’eux gifle Henri qui n’est pas assez rapide. Il gardera toute sa vie le souvenir de cette gifle. Ils sont d’abord regroupés à  Boussac, dans une cartoucherie désaffectée puis convoyés au camp de Nexon, en fin de journée. Henri est arrivé à Nexon avec sa mère et il y retrouve son père. Il décrit le camp ainsi  » Six cents à  huit cents prisonniers parqués dans une douzaine de baraques, vingt-quatre latrines … soixante robinets situés sur le terre-plein du camp et trois douches. « 

Henri Wolff poursuit :  » Nous avons reçu aussi la visite d’un fonctionnaire de Vichy qui nous assura que nous serions convenablement traités, envoyés en Allemagne ou en Pologne et serions astreints au travail de la terre.  » Il continue :  » Nous sommes restés un jour et une nuit à  Nexon et ce fut le départ pour Drancy. A la ligne de démarcation, nous attendait la Feldgendarmerie allemande, prenant le relais de la gendarmerie française. Une journée à  Drancy et le départ vers l’enfer. Le convoi n° 26 partit le 29 août et arriva à  Auschwitz le 2 septembre 1942. Le voyage dura quatre jours et trois nuits, entassés, une centaine par wagon à  bestiaux. Dans un coin, deux seaux : l’un servant de tinette, l’autre contenant de l’eau. La chaleur y était infernale. Sur les  » 957 juifs du convoi n° 26, 918 ont été gazés.  » Parmi eux, la mère d’Henry Wolff et probablement son père. Il sera l’un des 39 survivants de ce convoi.

Au total en Creuse, 90 personnes furent arrêtées le 26 août 1942 dont une quinzaine d’enfants. Regroupées à La Souterraine, Dun, Châtelus-Malvaleix, Bonnat et Guéret, elles sont ensuite conduites vers Boussac. Lors du criblage 39 personnes n’ont pas été retenus car elles remplissaient l’une des six conditions d’exemption comme ces deux familles, avec quatre enfants, dont les pères, d’origine allemande, s’étaient engagés en septembre 1939 dans les rangs de l’armée française. De Boussac 44 personnes sont dirigés vers le camp de Nexon.

En Corrèze la rafle a été réalisée en 2 fois. D’abord dès le 18 août 1942, 59 Juifs qui appartenaient aux différents groupements de travailleurs étrangers ( 101, 405, 651,653,665,881) sont regroupés au camp d’Auchères sur la commune de Rosiers d’Egletons. Le 23 août, ils se rendent à pieds du camp à la gare d’Egletons et parcourent les 4 kms en chantant selon le Rabbin Deutsch.

Rapport du Rabbin Deutsch, Archives du Mémorial de la Shoah

De là ils rejoignent Lyon et leurs wagons seront rattachés au convoi n°5 à destination de Drancy. Le nombre des wagons n’étant pas suffisant, un convoi de 33 personnes rejoindra Nexon par la route le 27 août.

Départ d’Egletons pour Nexon le 27 août 1942

Le 26 août, dans toute la Corrèze les gendarmes doivent interpeller les Juifs étrangers recensés et les regrouper à Egletons où l’Ecole Nationale Professionnelle est transformée en camp.

Télégramme du Préfet de la Corrèze pour l’organisation de l’ENP .

Les prévisions du préfet font état de 210 noms sur liste principale et de 64 en liste complémentaire.

Télégramme du Préfet de la Corrèze avec nombre de personnes sur les listes

Mais entre les « recensés » et les « ramassés » il y a des écarts. Certains ont fui car des informations leur étaient parvenus. D’autres étaient malades et intransportables. En ajoutant les motifs d’exemptions ce sont 58 Corréziens qui sont arrivés à Nexon.

En Dordogne deux centres sont aménagés à Saint-Pardoux-la-Rivière et dans le château du Roc, au Change, ce dernier une semaine avant le début de la rafle. 329 Juifs auraient dû être arrêtés mais 242 personnes seulement le seront et après les différents criblages 174 partiront de Nexon pour Drancy et 172 seront déportées à Auschwitz.

Stèle commémorative au Château du Roc en Dordogne

En Haute-Vienne 102 personnes ont été arrêtées, aucune à Nexon et dans les communes du canton. En effet lors de l’enquête du 3 juin 1941 la mairie de Nexon avait déclaré qu’aucun réfugié israélite ne vivait sur la commune. Il est vrai qu’entre le 1er juin 1941 et le 26 août 1942 certains auraient pu y venir. Je pense que la présence du camp les dissuadait.

Enquête de la Préfecture sur la présence des réfugiés israélites

Parmi les arrestations autours de Nexon on en note 9 à Chalus : Maurice Blau, son épouse Elsa et sa sœur Bertha; un jeune russe de 25 ans, Willy Grandenz; Meyer Loschner, son épouse Sarah et leur fille Ruth; Sigmund Pommer et son épouse Sarah. Ils seront 7 à être arrêtés à Saint Yrieix, d’autres le seront à Aixe sur Vienne et dans toute la Haute-Vienne.

Parfois c’est toute une famille comme les Jonap, les parents et leurs 3 fille ou les parents Kamelgarn avec leurs 3 enfants. La plupart de ces arrestations concernent des Allemands, des Autrichiens ou des Polonais qui ont fui dès le début de la guerre. Ils sont souvent passés par la Belgique qui était neutre et sont venu en France à partir de juin 1940. Ils passaient par Paris mais ils n’y restaient pas longtemps et cherchaient à gagner la zone libre. Ils sont arrivés à Limoges ou dans sa banlieue d’où ils ont été expulsés au début de l’année 1942; Ils sont allés alors à Chalus, Oradour sur Vayres, Saint Léonard… Quelques-uns ont été pris dès leur arrivée en Haute-Vienne, soit qu’ils aient été arrêté en franchissant la ligne de démarcation avec des faux papiers, soit en arrivant en gare de Limoges où ils ont été dénoncés par un contrôleur.

Au total 680 personnes ont été amenées au camp de Nexon les 27 et 28 août 1942. Leurs documents vont de nouveaux être examinés. En une journée les inspecteurs vont examiner les papiers et libérer ceux qui remplissant les conditions d’exemption. Aux partants on retirera les cartes d’alimentations à tous ceux qui remplissent les conditions pour être retenus.

Après toutes les vérifications 458 personnes ont été embarquées dans le train pour Drancy. Ce sont donc plus de 200 personnes qui ont été libérées parce qu’elles remplissaient les conditions pour ne pas partir.

Les 458 personnes retenus ont quitté le camp dans la soirée et ont pris place dans les wagons : 3 voitures de voyageurs réservées aux femmes, enfants et malades et 27 voitures à bestiaux aménagées. Les bagages étaient dans 4 fourgons à bagages et une voiture était réservée à l’escorte.

Le train a quitté Nexon le 29 août 1942 à 6h55. Il a franchi la ligne de démarcation à Vierzon à 11h31 d’où il est reparti à 12h15. Il est arrivé à Drancy à 18h03.

La plupart sont partis pour Auschwitz très rapidement. Le convoi n°26 avec 307 « raflés » est parti le 31 août et le convoi n°27 est parti le 2 septembre avec 75 « raflés ». La plupart ont été gazés le jour de leur arrivée.

Quelles réactions alors ?

A Nexon aucune. Il n’y a pas un mot dans la Presse. A part les personnels du camp personne n’a vu les « raflés ». Ils sont sortis du camp à la nuit tombée. Dans les quelques maisons devant lesquelles ils passaient pour aller à la gare les habitants avaient été priées de fermer leurs volets. Il n’y avait pas de cris car ils ne pensaient pas que ce voyage serait sans retour.

Dans les communes où il y a eu des arrestations s’il n’y a pas eu de manifestations violentes, le mécontentement et la désapprobation étaient visibles. Mais comme toutes les arrestations ont été effectuées par des gendarmes ou des policiers, sans aucune présence de soldats allemands à la différence de ce qui s’était passé à Paris quelques semaines avant, la légalité semblait respectée. Mais la censure veillant il n’y eu aucune photo dans la presse aussi bien de la rafle du Vel d’Hiv que des rafles d’août 1942. Il n’y eu pas de manifestation de désobéissance de la part des fonctionnaires chargés des opérations. Il y eu des fuites et des personnes furent prévenues ce qui explique le nombre d’arrestations inférieures aux prévisions.

On cite le cas du gendarme Honoré Haessler évacué du Bas Rhin et affecté à la brigade de gendarmerie de Solignac de 1941 à 1943. Il s’y installe avec son épouse Marie-Louise et leur fils Pierre. A Solignac plus de 80 juifs sont réfugiés. Chaque fois que cela lui a été possible, il prévenait les familles juives des menaces de rafles ou de l’arrivée des allemands. Ainsi de nombreuses familles ont pu se cacher et éviter l’arrestation. Mais quelques jours avant le 26 aout, quand il prévient la famille Imbert, celle ci ne veut pas fuir car Juda Imbert était malade et son épouse n’a pas voulu l’abandonner. Ils ont été arrêtés avec leur fille Elsa. Tous les trois déportés vers Auschwitz par le convoi n° 27 du 2 septembre 1942, ils sont les seules victimes juives parmi les réfugiés à Solignac, arrêtés le 26 août 1942. Le 3 février 2004, l’Institut Yad Vashem de Jérusalem a décerné à titre posthume à Honoré Haessler le titre de Juste parmi les Nations. La caserne de Solignac porte le nom de caserne du gendarme Haessler. Il y a eu d’autres fonctionnaires de police qui ont agi ainsi en Limousin comme Jean Cubertafond, policier inspecteur au service des étrangers, lui aussi reconnu Juste parmi les nations.

Si peu de personnes ont réellement vu les rafles elles vont cependant susciter un mouvement qui marque une rupture dans l’opinion. Parmi les éléments marquants il faut rappeler la lettre envoyée le 23 août 1942 par Mgr Saliège, archevêque de Toulouse, à tous les curés de son diocèse pour qu’elle soit lue le dimanche à la messe. Radio de Londres l’a largement relayée.

Cette lettre n’est en fait que la partie visible d’un réseau d’entraide et de sauvetage, en lien avec les institutions juives et les réseaux de résistance que l’on appelé le « réseau Saliège ». Le conseil national de l’Église réformée de France, que préside le pasteur Boegner, se réunit à Nîmes le 22 septembre 1942 et rédige un texte qui est lu dans tous les temples de France (sauf huit refus) le dimanche 4 octobre. Il exprime sa condamnation des persécutions et appelle les fidèles à la solidarité avec les Juifs. Et Combat dans son numéro d’octobre 1942 s’appuie sur Charles Péguy pour écrire : Les juifs nos frères.

4- L’oubli, puis le temps de la mémoire et de la commémoration.

A la fin de la guerre, comme les camps, les rafles ont été oubliées. Pendant des années on n’en a pas parlé, comme si une chappe de plomb s’était abattue sur ces évènements. Comme tous mes camarades nexonnais nés après la guerre, nos parents ne nous en non jamais parlé, ni nos instituteurs, ni nos professeurs.

C’est au début des années 1970 que les choses ont changé. Des travaux universitaires, des monographies… ont été publiées sur les camps et sur les rafles. D’abord celle du Vel d’Hiv, ce qui a eu pour effet d’occulter les autres. Et maintenant il existe une littérature abondante. Sur ce qui s’est passé dans la Région de Limoges l’ouvrage de Guy Perlier, La Rafle- Août 1942 – Région de Limoges Editions « Les Monédières » en 2012 est très complet. Le site de Fanny Dupuy sur les Réfugiés juifs en Haute-Vienne est riche car la vie de tous les déportés de la Haute-Vienne est retracée : https://www.refugiesjuifs87.fr

Pour la Creuse le livre de Christophe Moreigne – La Mesure J- Points d’Encrage 2022 ne se limite pas à des chiffres et des documents administratifs mais lui aussi fait revivre les personnes déportées

Un travail effectué par les élèves des classes de 1eres S, TEB et TP du lycée Pierre Caraminot d’Egletons en 2018-2019 est un bon résumé de ce qui c’est passé en Corrèze : https://blogsenclasse.fr/19-egletons-caraminot-commemoration/category/avancee-des-travaux-le-travail-dhistoire/larrestation-des-juifs-de-correze-en-aout-1942/

Pour la Dordogne la référence est le travail pionnier de Bernard Reviriego -Les Juifs en Dordogne- 1934.1945- Archives départementales de la Dordogne. Fanlac 2003- 255 p.

Sur la police en général un énorme travail de plus de 1000 pages de Jean-Marc Berlière – Les Polices des temps noirs : France, 1939-1945, Paris, Perrin, 2018, 1357 p.

Les travaux de Serge Klarsfeld sont la référence absolue : Vichy-Auschwitz. Le rôle de Vichy dans la solution finale de la question juive en France, 1942, Librairie Arthème Fayard, Paris, 1983, 544 p. Mais au-delà de ses publications il y a ses actions. Serge Klarsfeld et de son épouse Beate ont passé leur vie à démasquer les responsables de la Shoah et à faire vivre la mémoire de ces évènements funestes. Par leur travail et leur conviction ils ont amené le président Chirac à commémorer le 53e anniversaire de la rafle du Vel d’Hiv le 16 juillet 1995 en prononçant un discours dans lequel il reconnaît la responsabilité de la France.

A Nexon, le 22 mai 1993, d’anciens internés de Nexon, militants politiques et syndicalistes français, ont fait apposer une plaque à la gare de Nexon : « Ici à Nexon, en 1940, est ouvert un camp d’internement surveillé. De cette gare sont partis en direction de Port-Vendres, en mars 1941, pour être déportés dans des camps en Afrique du Nord, des patriotes résistants antifascistes de toujours qualifiés d’indésirables français et internés par les gouvernements français et de Vichy. Victimes de la répression fasciste, ils furent les premiers à nous montrer le chemin de la Résistance. Plus tard, des juifs, des résistants et des patriotes furent déportés en Allemagne. N’oublions jamais leurs souffrances, leur courage, leur sacrifice. Restons vigilants, souvenez-vous. »

Quelques mois plus tard, le 12 septembre 1993, en présence de Serge Klarsfeld et de Gérard Gobitz, ancien interné et déporté, a été inaugurée une stèle dressée à côté de celle de 1959 à la porte de l’ancien camp, avec une forme inversée, et lui faisant pendant. La plaque porte l’inscription : « Le 29 août 1942, 450 Juifs dont 68 enfants habitant les départements de la région de Limoges, arrêtés à leurs domiciles et rassemblés au camp de Nexon, furent livrés aux nazis par le gouvernement de Vichy et déportés vers le camp d’extermination d’Auschwitz. Passant, souviens toi  »

Les deux stèles en 2022

Une pierre gravée fut également dressée à la gare. Son environnement a évolué avec la temps. D’une simple pierre dressée à l’origine c’est aujourd’hui un vrai espace du souvenir. Des panneaux expliquent le mouvement d’enfermement des années 1940 -1945 avec l’histoire des camps mais aussi de la déportation des juifs vers les camps de la mort. Ce fut un long travail mené par les associations de déportés, espagnols et juifs Polonais, Allemands, Autrichiens, Lettons, Tchèques…Apatrides, pour que l’on n’oublie pas. Le 28 avril 2018 a été inauguré un sentier de la mémoire rappelant l’histoire des 458 juifs déportés de la gare de Nexon vers Drancy la nuit du 29 août 1942.

13 septembre 1993 inauguration de la stèle de la rafle d’août 1942. René Rebière, à gauche, est maire
29 avril 2007 De G à D Mme Jamin, Maire, Josette Dugot, Souvenir Français, Françoise Dubuc, infirmière au camp, Jeanine Hery prisonnière au camp alors âgée de 6 ans, la fille de Mme Dubuc.

26 avril 2009, pour la première fois, lors des cérémonies commémoratives de la Journée de la Déportation, les descendants des espagnols républicains, à travers l’Ateneo Republicano du Limousin, étaient présents.

26 avril 2009
26 avril 2009
29 août 2012, Liliane Jamin Maire avec Claude Bérody et à gauche la porte drapeau Ateneo Republicano du Limousin
2012 Discours de Guy Perlier
2012
28 avril 2015,Fabrice GERVILLE-REACHE maire
Bulletin municipal d’Information n° 264 Juin 2021

Souhaitons que nous n’ayons pas à revivre des heures aussi cruelles…

De belles photos de Nexon

Jean RIBIÈRE (1922 -1989) est un photographe de renom, qui, avec son épouse Micheline VIALLE a créé leur agence de presse.  Pendant les années 1950 ils s’orientent vers la vie quotidienne des français. Il venait souvent à Coussac Bonneval où vivait la grand-mère de son épouse. De là il partait en moto et s’arrêtait pour photographier des scènes de la vie Il cherche l’instant ou son cliché va rendre le geste, l’expression les plus parlants.

En 2013, Page centrale, une maison d’édition coopérative de Clermont Ferrand édite un ouvrage intitulé « Jean Ribière Instantanés de l’Auvergne et du Limousin » dans lequel sont publiées des photos que jean RIBIERE a réalisées dans les années 1952-1954.

Quand j’ai vu cet ouvrage je me suis précipité pour l’acheter ! la couverture était une photo de la place de l’église avec, sur la route huit jeunes se tenant par la main. Je pensais trouver des explications mais il n’y avait qu’une simple légende  » les huit solidaires . Nexon. Haute-Vienne ».

Un galerie qui vend cette photo qu’il intitule « Les 8 enfants descendant la grand-rue du village, Nexon, 1952  » j’ai montré cette photo a plusieurs personnes qui habitaient place de l’église dans les années 1950, principalement à ceux qui avaient entre 3 et 7 ans en 1952. Aucun e n’a reconnu le moindre de ces jeunes. Je lance donc un appel à mes lecteurs pour trouver qui étaient ces jeunes.

Dans sa préface Annick FAURET écrit que les scènes photographiées ne sont pas préméditées. C’est sans doute vrai pour la plupart d’entre elles mais il est difficile d’imaginer à Nexon huit jeunes garçons et filles remontant du bourg en se tenant par la main et occupant la totalité de route.  C’est d’autant plus étonnant que la jeune fille qui tourne la tête vers la droite se retrouve sur une autre photo, prise quelques mètres plus loin, en train de mener un attelage de bœufs.

Quelqu’un reconnaît il l’agriculteur ?

Il y a deux autres photos avec un agriculteur au travail. Ce sont de belles photos et pour des nexonnais ne pas connaître les acteurs est frustrant. Je fais appel à vos mémoires.