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De la publicité sur automobile il y a plus de 70 ans à Nexon !

La publicité sur les automobiles est née au début du XXe siècle aux Etats-Unis. Un fabricant de chocolats, Milton HERSHEY (1857-1945) qui  a réussi à produire de façon industrielle du chocolat au lait  a eu l’idée de peindre son  nom en forme de logo  « Hershey » sur tout son parc automobile. Il était surnommé « le Henry Ford des chocolatiers ».

A l’époque les lettres étaient peintes sur la carrosserie aussi la publicité sur les automobiles était rare. Mais avec l’invention du vinyle dans les années 1920, l’impression sur film vinyle remplacera progressivement la peinture pour la publicité automobile.

A Nexon Paul BITAUD était avant-gardiste en matière de publicité. Lorsqu’il a transféré sa boutique de la rue Gambetta, au numéro 6 actuel, pour l’installer dans l’ancien pensionnat pour jeunes filles, il la baptise « Sam Suffit ».

A gauche de la nouvelle boutique « Sam Suffit » le mur est couvert de la marque de peinture VALENTINE. Pour attirer le client les marques ne sont pas encore suffisamment développée; il faut montrer qu’il y a une abondance de marchandise aussi on en met sur le trottoir et dans la petite cour. Le camion qui est garé dans la cour est lui même chargé jusque sur le toit. Mais sur les cotés on ne voit pas de publicité.

Par contre sur celui d’Armand DENARDOU qui va épouser Jeanne BITAUD en 1939, une publicité vente les savons de Marseille, les savons « Latour » et « les deux haches » fabriqués par les Savonneries de la méditerranée.

Plus tard, un autre commerçant, Henri VIGNERON, va utiliser son automobile Citroën C4 qui date des années 1930 pour promouvoir la peinture « Novemail » qui vient d’être commercialisée en 1952. Le film vinyle va permettre de na pas abimer cette belle voiture qui est devenue collector…

Quand le vin chantait …

Après de très longs articles quelques moments de lecture plus plus courts. Ceux d’une époque ou le vin devait chanter, donner la joie et le bonheur. Il n’y avait pas la circulation que nous connaissons sur les routes aujourd’hui, les contrôles d’alcoolémie n’existaient pas et pour commercialiser leurs vins de table les marchands leur ont donné des noms faisant penser à la fête. C’était l’époque du lancement des marques nationales : Préfontaines, vin des Rochers, Gévéor, Kiravi, etc. qui vantaient les mérites de vins de table. Pour les obtenir les vins « médiocres » du Midi étaient coupés avec ceux, plus puissants, qui venaient d’Algérie. Ces vins de table de 10° étaient vendus au litre dans les fameuses bouteilles aux cinq étoiles. Ces coupages permettaient d’obtenir une qualité constante.

Kiravi, vin marseillais, apartenait à la Sapvin (Société d’approvisionnement en vins). Ce vin était vendu dans toute la France et ses affiches ventaient le plaisir qu’il procurait.

La loi EVIN controlant strictement la publicité pour l’alccol n’était pas encore votée. Elle le sera le 10 janvier 1991. Aussi n’est-on pas surpris de voir Renault participer à la publicité de Kiravi en faisant gagner la nouvelle Renault 4.

A Nexon, les deux principaux marchands de vin, DENIS et REBIERE, vont eux aussi donner une marque à leurs vins. Le premier à se lancer dans cette politique est M. DENIS. Il baptise son vin « J’M.S.A », « J’aime ça ». Il le commercialise en rouge et en blanc de 10° et ajoute à sa collection un blanc sec de 11° et un à 9° ( en fait 10°-1!).

REBIERE ne peut pas rester sans réagir. Il baptise alors son vin de table « Samyra ». Je n’ai pas trouvé d’étiquette de ce vin mais un cendrier que m’a permi de photographier Pascale, fille de René REBIERE, offert aux bons clients. Si quelqu’un possède une étiquette elle bien venue sur ce blog…

On peut noter que ce cendrier était fabriqué à Nexon

A Nexon, comme dans le reste de la France l’ordonnace d’aout 1967 qui interdit les coupages de vins et précise que  » les vins originaires ou en provenance de l’étranger doivent être conservés sans coupage ni mélange  » va sonner le glas du litre de rouge ordinaire. Le Midi va alors s’orienter vers une production de vins de pays de bonne qualité. En même temps le développement des super marché avec leurs rayons de vins et alcool va faire perdre une grande partie de leur marché aux petits marchands de vin. Le vin de table vendu au litre a pratiquement disparu au profit des vins de pays. Les grands groupes d’alcool ont racheté les producteurs de vin. Ainsi la Société des Vins de France est devenue filiale du groupe Pernod Ricard puis elle a été rachetée par le groupe Castel.

A Nexon DENIS et REBIERE ont cessé leur activité au cour des années 1970, et dans le caviste, « O chapiteau des vins » avait ouvet en 2016 a céssé son activité le 31 mars 2022.

Moissonneuses lieuses à Nexon en 1943…

La mécanisation de l’agriculture n’est pas encore très visible dans les campagnes Limousines. Le recensement qui est fait à Nexon révèle que seuls 11 cultivateurs possèdent une moissonneuse lieuse pour une surface totale cultivée de 133, 53 hectares soit une moyenne de 12, 1 ha.

A cette époque les céréales ne constituent pas encore une production destinée à la vente mais principalement à la satisfaction des besoins de l’exploitant : le blé pour le pain et les autres céréales pour la nourriture des animaux.

André PENOT et Maurice de NEXON représentent à eux deux le quart de la surface cultivée. La production dépasse ici les besoins des exploitants et une partie doit etre destinée à la vente. Par contre DAMARZIT à Varnet et Jean MAZABRAUD à Valeix avec respectivement 4 et 3 ha cultivés doivent consacrer toute leur proction aux besoins de l’exploitation.

Un élément qui m’a intrigué est celui du nom des contructeurs. A sur 11, 63,6 % sont des machines Dollé. Je ne connaissait pas cette marque qui devait pourtant etre largement dominante dans notre région. La raison en est simple, la société Dollé a fermé ses portes en 1953. Pourtant en 1949, dans une publicité, l’usine est qualifiée de « plus grande manufacture française de machines agricoles ». Fondée en 1868 par Emile Oscar Dollé à Gevigney (70), dirigée à partir de 1909 par son fils Victor Dollé, ingénieur des Arts et Métiers après avoir été transplantée près de Vesoul sur un vaste terrain militaire et fils du fondateur, reprend en 1909 la direction de l’usine qui devient après la fin de la Première Guerre Mondiale un établissement industriel disposant d’une fonderie, d’un atelier de forge, d’un atelier de peinture et d’un vaste atelier regroupant les activités de menuiserie, montage, perçage, ajustage, tournage et outillage.

Dès la fin de la Deuxième Guerre Mondiale l’entreprise Dollé n’a pas vu venir l’arrivée massive du matériel agricole américain avec la marque Mc Cormick et surtout la motorisation de l’agriculture.

L’histoire de Mc Cormick est passionnante. C’est l’histoire d’une famille écossaise qui immigre aux etats-Unis en 1735. La ferme que la famille exploite devient vite prospère et le père et ses enfants conçoivent des outils pour faciliter le travail. Le prmier brevet pour une moissonneuse est déposé en 1834. L’entrepris crée pour fabriquer le matériel agricole devient vite la plus importante des Etats Unis. Présent dans les grandes expositions internationals ils gagnent de nombreux prix. En 1902 ils rachètent Deering, construisent une usine en Suède en 1905, en Allemagne en 1908 et en france la même année. En 1915 la première moissonneuse batteuse est commercialisée. En 1937 le premier tracteur sort des usines allemandes, en 1938, une usine de production de machinerie agricole est inaugurée en Angleterre… et en 1950 c’est l’arrivée en France de Mc Cormick qui commence la fabrication de tracteurs en 1951. On comprend que face à ce développement vers la motorisation Dollé étéit en retard d’une guerre ! On n’est donc pas surpris de voir qu’en 1953 quand Dollé ferme c’est Peugeot qui s’installe dans ses locaux.

En en 1944 il y deja 3 Mc Cormick puisque Deering lui appartient.

Moissonneuse lieuse Mc Cormick

Il reste une Puzenat. C’est également un matériel agricole qui est née de l’esprit d’innovation d’un forgeron, Émile Puzenat, qui avec ses enfants va créer à Bourbon Lancy en Saone et Loire une manufacture de machines agricoles.

Comme Dollé la Manufacture Centrale de Machines Agricoles C. Puzenat a du s’allier avec un fabriquant d’automobiles. D’abord avec le groupe Simca, puis avec le groupe Fiat-Someca pour la fabrication de tracteurs agricoles.

« Métayage ou Fermage ? » un article de Georges de Nexon, ingénieur agronome en 1946

C’est le titre d’un article écrit par le baron Georges de Nexon qui a été publié en 1946 par le Centre d’Etudes des « Questions Actuelles » . Merci à M. Christian GESLIN de m’avoir donné ce document.

Quand j’ai lu cet article je me suis retrouvé plus de 50 ans en arrière quand j’étais étudiant à l’Université de Bordeaux, en DEA, c’est à dire le Master 2 actuel. J’avais choisi comme sujet de mémoire « Le modèle de développement agricole de françois QUESNAY » et mon directeur était le Professeur André GARRIGOU LAGRANGE. C’était un remarquable professeur, un grand bourgeois qui nous recevait dans son salon, toujours disponible pour ses étudiants. Il a André a relevé le nom de DAVID de LASTOURS qui se trouve maintenant accolé à GARRIGOU-LAGRANGE (Tribunal d’Angoulême le 31-12-1924).

Son père, Paul GARRIGOU LAGRANGE était un chercheur météorologue très connu qui avait fait construire un observatoire dans son parc à Limoges situé dans la rue qui s’appelle aujourd’hui « rue de l’observatoire Garrigou Lagrange ».

L’Observatoire de M. Paul GARRIGOU LAGRANGE

L’observatoire fut inscrit à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques en mai 1978. Sa préservation paraissait assurée. Mais son déclassement a été obtenu quelques mois après par la société ROUCHAUD LAMASSIAUDE, en théorie pour agrandir son usine. Malgré la réaction des sociétés protectrices du patrimoine, le déclassement et la démolition furent plus rapide que les tribunaux et le 23 mars 1979 il ne restait qu’un tas de décombres de l’observatoire !

Pourquoi ce détour par Bordeaux et Limoges ? Parce que mon travail de recherche puis les cours que j’ai dispensés en sciences économiques à Limoges ont porté en partie sur la question que pose Georges de NEXON.

François QUESNAY dont j’ai parlé était un brillant médecin pendant les années 1730 – 1750 à la fois médecin de Mme de Pompadour et de Louis XV qui, ayant été anobli s’est posé la question de la meilleure manière de gérer le domaine que son titre lui avait permis d’acquérir. Ses réflexions qu’il publie à partir de 1750 en font pour moi, mais je ne suis pas le seul, le premier vrai économiste du monde moderne. Le débat sur fermier ou métayer est au cœur de la question de la production et de la répartition de son produit. Dès que le producteur n’est pas seul à produire et qu’il emploie de la main d’œuvre il se demande quelle rémunération il doit accorder à celui qui contribue à la production. Les différentes sociétés sont passés de l’esclavage au servage puis au salarié et dans l’agriculture du domestique au métayer puis au fermier. dans le cas du métayer c’est un partage de la récolte alors que le fermier verse un loyer. QUESNAY en 1750 se posait la question de savoir quel mode d’exploitation assurait le revenu le plus élevé pour les deux, propriétaire et exploitant. Avec le développement du progrès technique et de la mécanisation il fallait savoir qui devait financer l’investissement. Georges de NEXON ne s’appuie pas sur les théoriciens de l’économie qui depuis QUESNAY en passant par MARX jusqu’au Prix Nobel J. STIGLITZ ont analysé la répartition de la rente entre les différents acteurs de la production et la juste répartition entre la travail et le capital.

Voici le texte de Georges de NEXON :

La position de Georges de NEXON est celle du métayage. Pour avoir interrogé M. PAUZET qui a été métayer chez M. de NEXON cette position s’explique par un comportement de ce propriétaire différent de celui des autres propriétaires. En effet M. PAUZET m’a répété plusieurs fois que du jour où sa famille est entrée comme métayer au domaine de la Garde ils n’ont plus jamais eu faim. Il m’expliquait que ses parents ont eu des propriétaires qui ne facilitaient pas le travail des métayers et qui exerçaient un contrôle permanent et suspicieux, considérant par principe que le métayer était menteur et voleur.

Les conflits entre propriétaires et métayers étaient fréquents, tout n’était pas prévu dans les baillettes dans la mesure ou, surtout au XIXe siècle beaucoup de métayers ne savaient ni lire ni écrire. le ramassage du bois mort, des châtaignes, des fruits tombés au sol … étaient sources de contentieux de même que l’utilisation des charrettes en dehors de l’exploitation, la vente du bétail…

Voici la baillette de M. PAUZET signée le 5 mai 1935 pour une exploitation à partir du 1er novembre 1935. Si l’article 1 considère que le colon doit gérer « en bon père de famille » l’article 2 concerne les charrois. L’article 3 est relatif au bois, avec l’interdiction de couper un arbre sans autorisation et de ne prendre que le bois de chauffage qui lui aura été désigné. Rien n’est écrit sur les investissements et les innovations possibles.

Pour une analyse très fine du métayage en Haute-Vienne lire l’article de Dominique DANTHIEUX « Métayage et grande propriété foncière dans le département de la Haute-Vienne : entre utopie sociale et innovation agricole (fin 19e-début 20e siècle) » dans Ruralia, Revue  de l’Association des ruralistes français n°14 -2004. Il montre que le développement de l’élevage de la race bovine limousine et celui des cultures qui lui sont associées qui ont été favorisés par les grands propriétaires, comme les de NEXON, ont permis aux métayers d’être des agents du changement et souvent de devenir à leur tour propriétaires, même si cela ne concerne qu’une partie des métayers. Sans aucun doute ceux du baron Georges de NEXON en font partie et ils confortent la conclusion générale de Dominique DANTHIEUX « Le métayage tel qu’on le pratique en Haute-Vienne est vanté non parce qu’il se fait le garant d’un ordre social traditionnel mais bien parce qu’il a permis à une frange de la paysannerie de prétendre par son travail et sa valeur propre à la propriété. »

Merci à Chantal, fille de M. PAUZET pour les baillettes.

Un article de Limousin Elevage d’avril 1978 consacrait un article à l’élevage de Guy DEFAYE. Souvenir…

Près de 45 ans après ce bel hommage à cet éleveur, digne continuateur de son père Louis et modèle pour son fils Stéphane, ce clin d’œil au camarade avec lequel je partageait les bans de l’école primaire à Nexon…

Limousin Elevage n°65 avril 1978

Quelques années après la publication de cet article, le 3 avril 1983, Guy se voyait remettre la médaille du mérite agricole, décoration rarement remise à une personne de moins de 40 ans !

Guy DEFAYE et Léon PAUZET décorés du Mérite agricole le 3 avril 1983

La gare de Nexon et son quartier. II-un développement qui conduit à l’ouverture de trois hôtels -restaurants

Lors du recensement de 1841 il bien évidemment pas question de la gare. Dans le quartier seul est mentionné le lieu dit Lombertie avec la famille LOMBERTIE qui y habite. Lors du recensement suivant, en 1886 la gare y occupe une place importante. D’abord par l’avenue de la gare qui commence à la sortie du bourg à l’époque c’est à dire à la hauteur de la rue Gay Lussac et de la rue Lavoisier. Les maisons bourgeoises qui étaient construites autours de l’église au XVIIIe siècle puis dans les rues commerçantes ensuite sont maintenant à la sortie des bourgs, en retrait de la rue avec un parterre devant et un parc jardin à l’arrière. Le fait que des 1886 cette rue porte le nom d’avenue est significatif. C’est le lieu des promenades dominicales et les plus courageux vont voir passer les trains, spectacle surprenant en 1880 ! Les auberges sur le parcours ou à la gare permettent de passer un agréable moment. La carte postale ci dessous qui date des années 1910 permet de mesurer ce phénomène.

L’avenue de la gare un après midi

A la hauteur de la gendarmerie, à droite sur la carte postale (restaurant Massy aujourd’hui) l’avenue devient la rue de la gare. Dans cette partie ce ne sont plus des maisons bourgeoises comme celles que l’on voit de part et d’autre de l’avenue mais une ferme et un moulin en descendant sur la gauche et un étang à droite. Nous reviendrons sur cette avenue et cette rue devenue avenue Charles de GAULLE.

Pendant la construction de la ligne de chemin de fer il a fallu construire des bâtiment, d’abord la gare et les logements pour le personnel et très vite des auberges et des hôtels ont vus le jour.

1 – L’Hôtel de la gare des voyageurs

Les affaires ont sans doute eux du mal à démarrer puisque dès le mois de fevrier 1877 M. LAFFARET cherche un gérant pour son hôtel.

Le Courrier du Centre 13 février 1877

En mai 1880 le Tribunal de commerce de Saint Yrieix la perche annonce la faillite de Fulbert LAFFARET. Il est invité au Tribunal pour entendre ses propositions, afin de lui consentir un concordat, ou, à défaut, être constitués en état d’union.

Le Courrier du centre 14 mai 1880

Il faut croire que M. LAFFARET a trouvé une solution pour régler ses dettes puisqu’au recensement de 1886 l’auberge est au nom de Fulbert LAFFARET. Avec son épouse ils ont quatre enfants ; un neveu et une servante vivent avec eux.

La famille DECOULHAC habite toujours à la gare avec leurs trois enfants. Ils ont une cuisinière et deux domestiques. Les autres personnes du quartier sont essentiellement des employés du chemin de fer, le chef de gare, le chef de dépôt …au total 20 personnes.

Au recensement de 1891 LAFFARET n’habite plus à la gare, Annet DIEUAIDE est aubergiste et il l’est encore au recensement de 1896.

Recensement de 1891. ADHV

Le quartier de la gare n’est pas encore très vivant? Il n’y a qu’une auberge et la majorité des habitants travaillent pour le chemin de fer.

Les choses changent à partir de 1890. Au recensement de 1901 la famille Decoulhac habite toujours à la gare, le restaurant est tenu par Antonin MOMOT et Jean BONNET a créé une affaire de négoce.

Le restaurant MOMOT acquiert une certaine notoriété. Il figure sur les cartes postales de la gare. En 1906, au recensement Antonin MOMOT est déclaré menuisier et c’est son épouse Louise qui est restauratrice.

Recensement 1906 ADHV
Une belle photo avec la locomotive, les réservoirs d’eau et le restaurant vers 1910

Après la guerre de 1914-1918 le restaurant passera ensuite les mains de la famille LATHIERE, le mari était peintre et son épouse tenait le restaurant.

Emile LATHIERE a épousé le 13 juillet 1912 à Nexon, Clémence dite Germaine PRUGNY (1890-1984) dont les parents étaient débitants de tabac et éditeurs de cartes postales. Monsieur LATHIERE (1887 – 1967) a été une personnalité à Nexon ou il a été premier ou deuxième adjoint au maire de 1947 à 1967. Ils ont eu le malheur de perdre leur fils Daniel abattu dans un pré à l’entrée des Cars par les allemands. Il avait 21 ans et avait rejoint le maquis à Cussac.

L’Hôtel de la Gare des Voyageurs

Après la famille Lathière l’hôtel-Restaurant-tabac a été racheté par Adrien RATINAUD et exploité par Mme Alice BEYRAND.

Publicité 1968

L’hôtel a eu son dernier client pour la nuit du 30 décembre 1974. Lorsque le restaurant a fermé le bâtiment a été transformé en résidence.

mars 2021

2 – René-Mathurin BONNET un entrepreneur dynamique véritable créateur du quartier

René-Mathurin BONNET (1889-1959) a un peu plus de 20 ans quand il crée avant la guerre de 1914 une entreprise de négoce. Il vend des légumes, des fruits, des céréales mais aussi des engrais, de la chaux et du ciment. Il achetait beaucoup de pommes de terre dont il écoulait le plus gros tonnage dans la région bordelaise. Il n’avait pas été gâté par la nature car il était bossu mais il en riait et s’appelait lui même « BONNET la bosse ». Pendant la seconde guerre mondiale il avait ouvert une épicerie de première nécessité dans la partie droite de la mairie. Il y vendait de tout, y compris des glands qu’il faisait ramasser dans les bois.

A droite épicerie de 1ere nécessité

Son activité devait être florissante car à l’exception de l’hôtel LATHIERE il possédait toutes les maisons et hôtels de la gare, adossés à la colline.

Proposition commerciale pour l’Hérault

La société, dans les années 1950, a été gérée par sa fille Marie-Edith qui avait épousé M. Armand DAURIAT (1913-1972) le 3 juin 1937.

A l’intérieur de la halle de la gare des marchandises il y avait un Bureau dit PV, soit Petite Vitesse, qui gérait le trafic des wagons de marchandises. On mesure l’importance de la gare de Nexon à l’époque quand on pense aux voies de garage, au parc centralisateur, au district, et, en face du hall, entre gare voyageurs et gare marchandises, le dépôt de matériel électrique avec trois appartements tout autour. Ce dépôt a pris feu en septembre 1969 et il n’est rien resté. Depuis 3 semaines soufflait un vent d’est très sec, ce qui fait que lorsque les flammes atteignirent la charpente, les pompiers de Nexon, aidés par ceux de Limoges, ne purent rien sauver et noyèrent les décombres. La SNCF ne reconstruisit rien, mieux, elle démolit les deux châteaux d’eau quelques années après.

3 – L’Hôtel des Deux Gares qui deviendra Le Nouvel Hôtel

Dans les maisons construites le long de la colline on trouve deux hôtels. Le premier, presque en face de la gare a le toit mansardé.

Cet hôtel est à l’enseigne « Hôtel des Deux Gares » pour bien montrer d’un côté la gare des voyageurs et de l’autre la gare des marchandises. Le premier propriétaire est Pierre LOMBERTIE. Le 20 juillet 1914, lorsque son fils Albert nait, il est donné comme aubergiste à la gare. On le retrouve exerçant cette profession lors du recensement de 1921

Recensement de 1921. ADHV

En 1926, Pierre LOMBERTIE n’est plus aubergiste mais agriculteur. Paul MORELLO qui vient du midi ouvre un commerce de vin et son épouse gère l’hôtel qui devient le « Nouvel Hôtel ».

Recensement de 1931
Le Nouvel Hôtel. Une R16 devant fin des années 1960.

Lorsque René DUPUYDENUS installe son garage dans le local contiguë à l’hôtel son épouse prend la gérance de l’hôtel et du restaurant. L’activité du restaurant est particulièrement importante les jours de foire.

Par la suite plusieurs gérants vont se succéder; L’hôtel deviendra le « Lézard vert ». Une des gérantes a marqué l’histoire locale, la fameuse Requitta, une femme très affriolante qui attirait beaucoup d’hommes, jeunes et moins jeunes dans son établissement … Et petit à petit la gare a perdu son attractivité, l’hôtel et le bar ont fermé. Le bâtiment a été transformé en appartements dont certains semblent fermés en 2022.

mars 2021

3 – L’Hôtel de la Gare

Le troisième hôtel, l’Hôtel de la Gare était géré par Louis BEYRAND (1883-1951) et son épouse Marie BOYER (1887-1979).

Recensement 1926 – ADHV

La salle de bal servait de salle de restaurant les jours de foire et ces jours là, il se consommait 2 barriques de vin rouge et une barrique de vin blanc.

Comme les autres hôtels restaurants du quartier de la gare, l’activité a fortement diminuée avec la fin des foires à Nexon en Octobre 1980.

Il n’y a plus d’activités commerciales dans cette rue. Certaines maisons ont été rénovées mais souvent fermées. Le quartier de la gare s’est peu à peu endormi. Les trains de voyageurs s’arrêtent encore à Nexon. Souhaitons que ce soit encore pour longtemps…

Juillet 2021

Les foires à Nexon

En Limousin le réseau de foires s’est mis en place dès le XIIIe siècle. Il s’est développé au cours du XVIe siècle puis à la fin du XVIIe de sorte qu’au XVIIIe siècle aucune paroisse ne se trouvait à plus de 15 km d’un lieu de foire. S’y déroulent les marchés aux bestiaux avec leur saisonnalité : bœufs de harnais au printemps, bœufs gras de novembre à fin janvier, veaux, génisses mais aussi chevaux, porcs, moutons. S’y retrouvent aussi des marchands de tissus et de quincaillerie.

Si elles ont lieu toute l’année elles sont moins actives pendant le carême et durant la période d’intense activité agricole engendrée par les récoltes. Leur date est généralement fixée un jour de la semaine déterminé (3ème vendredi du mois ou le 16 de chaque mois …) ou le jour de la fête d’un saint (Saint Lou …) ou d’une fête religieuse (lundi des Rameaux …).

Dans les années 1760, les 3 départements du Limousin comptent 140 lieux de foires totalisant 958 jours de foires soit une foire tous les 2 mois en moyenne. (Atlas historique du Limousin[1])

Bien avant Nexon c’est Chalus qui avait les foires à bestiaux les plus renommées de la région avec un important commerce de chevaux du Limousin.

1- Quelques décisions du conseil municipal entre 1792 à 1860 :

Le 15 janvier 1792 la Municipalité fut invitée à créer des foires à date fixe, celles existantes alors étant très variables. Elle décida que les foires auraient lieu le dernier mardi de chaque mois, à compter du mois de février pour la vente du bétail et toutes sortes et denrées.

Le 1er novembre 1792 la municipalité décida de donner une plus grande publicité aux foires de Nexon et décide que le citoyen BARDON, imprimeur et commandant de la Garde Nationale à Limoges, fasse une annonce pour ces foires dans son calendrier.

Le 28 thermidor an II (15 aout 1794), le Conseil décide que par suite du nouveau calendrier les douze foires de l’année qui se tenaient le dernier mardi de chaque mois auraient lieu, à compter de ce jour, tous les 21, sauf celle de janvier, Pâques, septembre qui seront en plus à date fixe. Cette décision sera publiée dans le calendrier des foires du sieur Jean BAUDOUT, imprimeur, et 150 exemplaires de ce calendrier des foires seront distribués.

Le calendrier révolutionnaire en transformant le mois qui était composé de quatre semaines en trois décades a posé des problèmes pour la fixation du jour des foires et marchés. Les villes comme Chalus qui avaient un marchés hebdomadaires en perdaient un chaque mois. Mais les habitudes furent souvent les plus fortes et les marchés continuèrent à se tenir aux dates anciennes en ignorant le calendrier révolutionnaire.

Le 10 Germinal an III (30 mars 1795), jour de foire à NEX0N, les sieurs Gabriel LA VAREILLE et Pierre MONTAZEL étaient venus acheter des bœufs pour l’approvisionnement de l’armée d’Italie. Les paysans refusèrent de livrer les bêtes sans être payés sur le champ malgré les protestations des acheteurs qui promettaient un paiement sous un mois.  

Le 13 décembre 1805 le ministre de l’Intérieur approuve le calendrier des foires sur l’ensemble du territoire. Dans le tableau que dresse Louis TEXIER-OLIVIER préfet de la Haute-Vienne du département de la Haute-Vienne en 1807 il publie la liste des foires du département[2]. On constate qu’à Nexon 6 foires sont autorisées contre 12 à Saint-Yrieix et Saint Germain et 7 à Chalus.

Les foires en Haute-Vienne en 1805

[1] http://www.unilim.fr/atlas-historique-limousin/wp-content/uploads/sites/19/2015/11/notice-foires-18eme-V3.pdf

[2] https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k85050c/f548.item

Si l’on compare au nombre de foires qui se tenaient avec avant ce texte, ce calendrier est très restrictif. Mais les communes ne le respectaient pas à la lettre ce qui amenait le préfet à rappeler la règle aux maires.

Le 19 aout 1821 le Conseil est saisi par la commune de Chalus d’une demande d’établir de nouvelles foires. Le conseil décide, dans l’intérêt du commerce, de rejeter cette demande aux motifs :

– que la ville de Chalus a déjà un marché tous les vendredis

– qu’il y a déjà trop de foires qui tombent le même jour

– que ce grand nombre de foires porte un préjudice réel à l’agriculture, que beaucoup d’individus n’y vont que par curiosité et qu’ils remplissent les cabarets, font des ivrognes, ont des disputes et souvent se battent au lieu de travailler leur propriété.

Le 17 juillet 1836 le conseil proteste contre la création de nouvelles foires à Châlus, Saint Yrieix et Flavignac qui tomberaient en même temps que celles de Nexon.

Le 17 mars 1841 le conseil examine une demande de foire de la commune de Magnac Bourg. Il décide que ces foires ne pourront se tenir le 18 septembre car le 18 se tient à Nexon, depuis un temps immémorial, la plus grande, la plus brillante et la plus considérable des foires du département.

Le 15 mars 1848, le Maire décide que pour éviter les accidents les jours de foire la répartition du bétail se ferait comme suit : sur les deux places neuves et de la Chapelle les bœufs, moutons, brebis et cochons. Sur la place de l’Eglise les autres bestiaux, les étalagistes et autres marchands.

Le 23 novembre 1854 Le conseil donne un avis favorable à la création de foires à la Roche l’Abeille et Château Chervix.

Dès les années 1850 quelques grands propriétaires, Charles de Léobardy, Pierre-Edmond Teisserenc Bort et plus tard le baron de Nexon se lancent dans l’amélioration de la race bovine Limousine. Leurs efforts aboutissent en 1886 à la création du herd-book limousin. Après la charolaise la limousine devient ainsi la seconde race bovine française à avoir son herd-book. Les métayers en copiant les méthodes de leurs maîtres ont largement contribués à l’expansion de la race. Les concours, les comices agricoles se sont développés (celui de Nexon en 1877 -voir le chapitre sur ce sujet), les foires se sont multipliées, les expéditions vers les grandes métropoles comme Lyon et Saint Etienne ont contribués à la forte demande de viande bovine limousine.

2- Les foires de Nexon vont bénéficier de l’arrivée du chemin de fer.

La mise en service de la ligne Limoges-Périgueux le 26 aout 1861 va donner à la foire de Nexon une importance qui va durer pendant un siècle. L’effet de la gare sur l’activité économique c’est fait sentir dans les quinze jours qui ont suivi l’ouverture de la gare de Nexon. Ainsi une vente de 46 chevaux de 9 bovins, de porcs et de volailles de race est annoncée à l’arrivée des trains venant du Nord et du Midi.

Le Courrier de Centre 7 septembre 1861

Si le chemin de fer permet d’envoyer, relativement rapidement, dans toute la France des animaux, du kaolin ou de la porcelaine réciproquement Nexon peut bénéficier de produits venant de toute la France voire du monde entier. Ainsi un dépôt de charbon s’est ouvert à Nexon dès 1861 chez M. GIZARDIN.

Le Courrier de centre 7 septembre 1861

La compagnie du Paris-Orléans a très vite compris que les foires drainaient de nombreux voyageurs et de ce fait elle proposait des tarifs spéciaux pour ces jours-là.

Le Courrier du Centre 8 octobre 1862

La mise en service de la ligne vers Saint Yrieix la Perche le 20 décembre 1875 va conforter l’importance des foires de Nexon et faire de la gare un centre d’activité avec plusieurs hôtels et restaurants.  A contrario Chalus patira du fait de n’avoir pas un embranchement direct vers les grandes métropoles. Dès la fin de la Première mondiale l’activité des deux foires de la Saint-Georges (23 avril) et de la Saint-Michel (30 septembre) déclinèrent.

Lors de chaque foire à Nexon ce sont plusieurs centaines de bovins qui sont proposés à la vente. Mais si les bovins représentent l’activité la plus voyante des foires de Nexon il ne faut pas oublier les porcs, les moutons …

Mars 1878
Le Courrier du Centre 19 mars 1881
Le Courrier du centre 19 novembre 1892

Avec l’ouverture de la ligne Nexon – Brive ou les toucheurs de bétail, les marchands de bestiaux de la Corrèze demandent que ceux qui conduisent les bovins avec un aiguillon bénéficient du transport gratuit sur les lignes de leur département comme c’est le cas en Haute-Vienne :

En 1897 un marché aux volaille est créé à Nexon, il vient s’ajouter aux échangent qui s’opèrent lors des foires pour ces divers animaux comme on le constate sur l’article consacré à la foire du 16 mai 1898.

Le Courrier du centre 15 octobre 1897

La gare de Nexon bénéficie d’un emplacement rare, au croisement de 3 lignes directes vers 3 grands marché, Limoges, Brive et Périgueux. De ces 3 villes les productions nexonnaises peuvent facilement s’écouler au Nord et au sud de la France.

Le Courrier du Centre 19 mai 1898

Les centaines de bêtes qui sont expédiées à Lyon ou Saint-Etienne nécessitent de 30 à 50 wagons. Cela prend du temps pour embarquer les animaux. Les dernières bêtes sont chargés alors qu’il fait déjà nuit et certains paysans doivent marcher une heure et souvent plus pour rentrer chez eux.

Dès 1896 le Conseil municipal demande que le quai d’embarquement soit agrandi et qu’un nouveau quai soit construit. En 1904 M. NOUHAUT, député, et plusieurs de ses collègues appuient la demande du Conseil municipal.

Conseil Général de la Haute-Vienne 1904

La Première Guerre mondiale et l’arrivée des soldats américains à partir de 1917 ont conduit à d’importants travaux à la gare de Nexon (voir le chapitre « Les américains à Nexon ») mais il faut croire que ce ne fut pas suffisant pour les jours de foire puisqu’en 1930 M. DEBREGEAS a une nouvelle fois demandé au Conseil général d’aménager de nouveaux quais d’embarquement.

Conseil général 15 mai 1930

Il faut imaginer la descente vers la gare de centaines d’animaux, les jeunes veaux et les génisses liés à leur mère afin de les maitriser. Une fois les bêtes embarquées un certain nombre d’éleveurs et de marchands s’attablent dans les trois cafés-hôtel-restaurant du quartier de la gare. Dans le bourg les restaurants ne travaillent pas aux mêmes horaires. Une fois la vente conclue éleveurs et marchands se retrouve dans les restaurants situés autours du champ de foire et de la place de l’église pour un copieux casse-croute. Chaque restaurant à sa spécialité. Ainsi Mme QUINQUE qui ouvre son restaurant les jours de foire et pour les frairies prépare des pieds de cochons au vin rouge. Ils sont suivis d’un fromage et bien sur accompagné d’une bonne bouteille de vin. Les 3 salles sont combles et les marchands sortent leurs énormes portefeuilles remplis de billets et ceux-ci changent de main. Ceci terminé ceux qui ont vendus leurs bêtes descendent à la gare pour l’expédition. Ceux qui sont venus sans bêtes sont moins contraints par le temps. Ils déjeunent dans les restaurants plus éloignés du foirail. Certains ont payé un accordéoniste pour l’après midi et les valses et les bourrées se substituaient aux marchandages de la matinée. René REBIERRE, ancien maire de Nexon, dont les parents étaient marchands de vin près de la gare, me disait que le plus important des restaurant de la gare écoulait 400 litres de vin rouge et 200 litres de vin blanc chaque jour de foire. Et même si ces vins ne titraient le plus souvent que 9 ou 10 degrés d’alcool il a souvent vu des gens dormir dans le fossé autours de chez ses parents, sans parler des bagarres qui ne manquaient pas d’éclater entre groupes d’individus un peu trop enivrés.

Avec le développement de l’automobile les longues marches pour venir à la foire, puis pour descendre à la gare, ne vont plus se faire à pied mais dans des bétaillères. Au fil des années, et en l’absence d’espaces de stationnement, les voitures se garent sur les fossés, de chaque côté de la route jusqu’au pont de Biard. Je n’ai pas trouvé de photos prises à Nexon mais une carte postale de Pierre-Buffière qui montre les abords de la gare un jour de foire à la fin des années 1940 nous donne une idée de ce que cela pouvait donner à Nexon.

Les jours de foire tous les paysans ne venaient uniquement pour vendre leurs bêtes mais aussi pour acheter des outils et du matériel agricole. Leurs épouses, qui les accompagnaient, en profitaient pour acheter tissus, laines, ustensiles de cuisines… Les enfants qui n’avaient pas classe les jours de foire pour éviter un encombrement supplémentaire des routes, ouvraient de larges yeux en faisant le tour des différents étals et s’attardaient devant ces bazars où tout était à 100 sous puis 1 franc… C’était le prix qui se pratiquait lorsque, jeune écolier, j’allais faire un tour à la foire et j’achetais un roudoudou ou une cage à hanneton ! 

Tous ces marchands devaient s’acquitter d’un droit de place qu’ils payaient à l’adjudicataire qui avait emporté le marché pour l’année. Pour devenir adjudicataire il avait fallu payer les sommes suivantes :

Pour avoir une idée de ce que représente ces sommes, 3 000 francs en 1901 à le même pouvoir d’achat que 12 000 euros en 2021.

L’adjudicataire devait nettoyer les places à la fin de la foire, enlever les boues et immondices, combler les trous faits par les cochons …

Dès que l’éclairage électrique a été installé à Nexon, l’adjudicataire devait assurer un éclairage suffisant des bancs dès la veille.

Des années 1880 jusqu’en 1924 l’adjudicataire encaissait le prix des droits qui variaient de 50 centimes à 1 franc pour une longueur de 2 mètres en fonction de l’endroit où les bancs se trouvaient. En 1924 les tarifs ont augmenté de 50% et le banc de 2 mètres de longueur sur un mètre de largeur est passé à 1,50 franc.

En 1909 le Conseil municipal a été amené à faire payer les jardiniers qui ne prenaient pas de banc et vendaient leurs fruits et légumes depuis leur cariole.

A partir du 1er janvier 1921 le conseil municipal décide de faire payer un droit d’entrée pour les animaux les jours de foire. Du 1er janvier 1921 au 31 décembre 1924 les prix étaient les suivants :

Droits d’entrée sur le foirail à Nexon pour les animaux du 1er janvier 1921 au 31 décembre 1924

En théorie les négociations entre marchands et éleveurs ne pouvaient commencer qu’à partir d’une heure fixée par arrêté municipal. Celle-ci n’a cessé de changer et a varié entre 5H00 et 8H00 du matin, jusqu’à totalement disparaitre à certaines périodes, comme en 1936. En 1939 l’heure d’ouverture des foires est rétablie et fixée à 6 heures l’été et 7 heures l’hiver. L’indiscipline des marchands et des éleveurs était notoire, certains négociant les prix avant l’entrée du bourg.

3- Le lent déclin des foires

Dès la fin de la deuxième guerre mondiale les foires retrouvent toute leur activité. Ainsi le vendredi 16 janvier 1947 plus de 1.200 bêtes à cornes et 300 porcs de toutes tailles se trouvaient rassemblés. A 8 heures la vente « à vue » commence et les courtiers venus de Saint-Etienne, de Perpignan et de la région niçoise après avoir estimé d’un regard le poids exact de la bête à quelques kilos près, font une offre sur une base convenue entre eux. Les marchés sont conclus rapidement. Les liasses de billets passent de mains en mains, puis les bêtes dûment marquées sont acheminées vers la gare. Les porcs ont également attire de nombreux acheteurs. Mais une fois le marché conclu les porcs, truies et porcelets quittent Nexon par camions vers leurs destinations dernières.

Le Populaire samedi 18 janvier 1947

Mais Nexon ne retrouvera plus de telles foires. La campagne change avec un exode rural qui s’accélère. Les campagnes perdent leurs habitants au profit des grandes agglomérations. Au même moment les structures agricoles se bouleversent. La mécanisation conduit les agriculteurs à accroitre la surface de leurs exploitations. Les métairies disparaissent rapidement. Les marchés agricoles se modifient, les agriculteurs qui se sont de plus en plus spécialisés livrent en grande quantité directement aux coopératives ou aux marchands. 

Pendant les années 1960-1970 les ventes de bovins atteignent rarement les 500 têtes et sont plus proches des 250-300. Il faut dire que les ventes s’effectuent de plus en plus directement à la ferme et les animaux partent en camions vers leurs lieux de destination. La gare perd une partie de son activité marchandise, les cafés et restaurants ne connaissent plus les salles combles et le brouhaha qui s’amplifiait avec l’heure qui avançait et les bouteilles qui se vidaient.

En 1976 le maire de Nexon est interrogé par un journaliste sur l’avenir des foires. Sa réponse a été publiée dans le bulletin municipal :

BMI n° 92 1er trimestre 1976

En effet à Saint Yrieix les problèmes d’encombrement et les contraintes sanitaires incitent la municipalité à construire un marché couvert, au lieu-dit « Bourdelas », afin d’offrir aux différents acteurs de meilleurs conditions. Le marché aux bestiaux ouvre ses portes le 24 octobre 1980, entrainant de ce fait la fin des foires à Nexon. Pour l’anecdote René REBIERE qui était maire à cette époque rappelle que le maire de Saint Yrieix n’était pas favorable à ce marché malgré les incitations des représentants de l’Etat. Le maire de Nexon fait savoir que sa commune est prête à accueillir ce marché. Ceci a suffit pour que son collègue arédien change d’avis !

BMI n° 111 décembre 1980

4- Le champ de foire jusqu’en 1950

Avant la Révolution de 1789 NEXON est un bourg groupé autour de son église. C’est autours devant  cette église  que se tenait, chaque année en septembre, une foire-fête importante en l’honneur de son patron St-Ferréol.

Les foires trouvèrent un nouveau lieu pour s’installer lorsqu’ à la fin de 1817, le vieux cimetière qui était en plein milieu du bourg, à la place de l’actuelle place de la République, a été déplacé pour des raisons d’hygiène vers l’extérieur en dehors du bourg, à la place qu’il occupe actuellement. La commune de Nexon n’eut rien à débourser comme prix du terrain. L’emplacement du cimetière actuel fut échangé par Gabriel Tarade, arpenteur du bourg, contre une parcelle de l’ancien. Celui-ci fut immédiatement transformé en place publique ou champ de foire, destination qu’il a conservée jusqu’à la fin du XXe siècle.

Mais la place libérée par le cimetière n’a pas toujours été totalement vide. La mairie y a été construite et les foires se déroulèrent sur l’actuelle place de la République mais aussi sur l’actuelle place Annie Fratellini. Plusieurs cartes postales d’avant la guerre de 1914-1918 lui donnaient le nom de place du champ de foire ou place du petit marché.

Sur la carte suivante on remarque deux choses intéressantes : cerclée de jaune l’ancienne mairie et le grand nombre de soldats. Ce sont des soldats américains arrivés à Nexon en 1918 où ils vont rester entre 2 et 3 mois pour s’entrainer avant de partir au camp de La Courtine puis au front.

Cerclée de jaune, l’ancienne mairie.

En observant bien on remarque un panneau de basket. Ce jeux était alors inconnu en France et ce sont ces jeunes soldats qui l’ont fait connaitre. Après leur départ il n’y a pas eu d’équipe de créée à Nexon mais à Limoges le basket est né grâce à ces jeunes soldats.

Mais le plus grand nombre de cartes postales intitulées « place du champ de foire » représentent tout ou partie de l’actuelle place de la République. Cependant on note un certain manque de rigueur chez les éditeurs car la place du champ de foire est aussi appelée « Place du Petit marché ». Il faut dire qu’à l’époque ou ont été éditée ces cartes postales il n’y avait de plaques indiquant le nom des places.

la carte de gauche avec un timbre de 5centimes à la Semeuse sur fond vert a été postée le 4 juillet 1909; celle de droit avec un timbre à 10 centimes à la semeuse sur fond orange a été postée le 3 aout 1913. Entre les deux date les tarifs n’ont pas augmenté mais la première est timbrée à 5c. car elle compte moins de 5 mots. ce tarif spécial a disparu en 1910, de ce fait la seconde doit payer le tarif normal qui est de 10c. Au fond à gauche on distingue l’hôtel du champ de foire et à droite, au premier plan, l’hôtel de la poste.

Les deux cartes suivantes représentent pratiquement la même vue. La première postée en septembre 1906 est timbrée à 5c. car elle comporte que la signature de l’expéditeur. Celle de droite est postée le 28 mai 1909 avec un timbre à 10 c. car l’expéditeur a écrit un texte de plusieurs lignes.

la carte suivante est toujours prise sous le même angle mais elle est plus récente car on constate que des trottoirs ont été construits. Sur cette partie du champ de foire il n’y a qu’un seul restaurant, à gauche, à l’angle de l’immeuble.

Carte postale de la collection du Dr ROBERT aux Archives Départementale de la Haute-Vienne

C’est une toute petite partie du champ de foire que l’on voit ici mais les jours de foire les bêtes occupaient toute la rue.

Après la la fin de la guerre de 1914-1918, la vieille mairie a été démolie et le monument aux morts a été érigé.

Les cartes postales précédentes ont toutes représenté le champ de foire sans bétail. mais il existe plusieurs belles cartes et photos qui montrent l’importance des foires de nexon dans la première partie du XXe siècle puis leur déclin progressif conduisant à la disparition du champ de foire, à la fois physiquement mais aussi symboliquement car maintenent aucune place ne porte ce nom.

Cette carte postale éditée par PRUNET qui était épicier à Nexon, date des années 1910. Elle a connu de nombreuses réédition de couleur différente (sépia) par des éditeurs différents. On voit a gauche le coin de l’ancienne mairie démolie en 1920 pour installer le monument aux morts. Sur cette carte postale où l’on peut compter plus de 100 bovins ont remarque peu de femmes. Il y en a quatre à droite dont deux portent une ombrelle et on aperçoit, à l’extrême droite une ombrelle dont on peu penser qu’elle est tenue par une femme. Les hommes ont tous la tête couverte ; La majorité d’entre eux porte un canotier, quelques un ont un feutre noir et d’autres, essentiellement des jeunes sont coiffés d’une casquette. Presque tous sont vêtus d’une longue blouse bleu foncé, parfois noire et quelques-uns sont en costume. Les bêtes sont tenues à la main toute la matinée. Ce n’est qu’après la guerre de 1939-1945 qu’elles seront attachées aux barres du foirail.

Postée le 4 septembre 1909

C’est la même vue que celle de la carte précédente mais à une saison différente mais sans doute la même année. Il fait moins chaud car les canotiers ont presque tous disparus. On remarque moins de femmes et les deux que l’on voit au premier plan à droite son tête nue et elles s’intéressent au bétail, l’une d’elle tâtant la croupe d’un veau.  

La vue suivante est plus récente. La vieille mairie a été démolie et transférée dans le bâtiment d’à coté. Nous sommes maintenant dans les années 1930, à la belle saison avec les hommes en canotiers. Dans le coin droit en bas on aperçoit un bout de tente. Elle est très visible sur la carte suivante, prise sans doute le même jour avec un plan plus large. Elle a été postée le 18 aout 1939 et elle est timbrée à 70 centimes. Trente ans auparavant le timbre coutait 10 centimes voire 5 pour moins de 5 mots !

Les bancs sont protégés du soleil par une toile. On distingue plusieurs bancs avec des meubles et des tissus tenus par des femmes.

Cette carte postale est prise devant l’ancienne mairie. Il y a moins de monde que sur les photos précédentes. Les canotiers sont rares et on ne voit pas d’ombrelles. Presque tous ont une canne, soit un simple bâton de châtaigner soit une canne en rotin dite « canne de marchand ». Sa poignée est très coudée pour que la canne puisse être coincée autour du bras, afin de laisser les mains libres pendant la négociation. La tige va en s’amincissant puis reprend sa taille d’origine ce qui lui donne de la souplesse et un « effet de fouet », utile pour faire tourner ou avancer les bêtes.

Un assemblage de deux photos photos prises un peu avant 1914 montre l’importance des foires de Nexon.

En prenant chaque photo des détails intéressants apparaissent.

Sur ce cliché tiré de la partie gauche, on remarque la terrasse devant le bâtiment qui n’est pas encore la mairie mais l’école. C’est cette terrasse que la communauté de commune a voulue rétablir pour redonner au bâtiment sa forme originelle. Mais aujourd’hui la minéralisation des espaces l’emporte souvent sur la végétalisation, un peu en contradiction avec le changement climatique qui exigerait pour limiter ses effets qu’il y ait plus de végétaux dans nos villes… Il y a peu de feuillages sur les arbustes et peu de canotiers sur les têtes ce qui me donne à penser que la photo est prise au printemps.

La partie droite, fortement agrandie, permet de distinguer plusieurs femmes en habit traditionnel. La blancheur de leur coiffe est visible au milieu  de la photo et sur la partie droite deux points blancs parrallèles à la rue qu’on ne distigue plus cachée par le bétail. Au fond, remontant sur le trottoir de la rue Pasteur devant la boulangerie puis la pharmacie et tourne à gauche et remonte la rue Champlain en passant devant le café de la poste et la charcutrie.

A côté des places situées autours de la mairie et sur lesquelles se déroulaient les marchés des bovins d’autres marchés étaient organisés place de l’église. Devant l’entrée du château c’était le marché des porcs. Loa carte postale ci-dessous nous fait découvrir un autre public que celui rencontré sur le marché des bovins.

Des jeunes enfants, garçons et filles, des jeunes femmes en robe, des femmes plus âgées en habits traditionnel et le barbichet d’un blanc éclatant côtoient des jeunes gens et des adultes en blouses bleues ou noires et chapeaux noirs discutent autours de petits groupes de cochons qui fouillent le sol.

Devant l’église se tenait le marché des volailles, mais je n’ai pas trouvé de photo sinon une carte postale avec la bascule en premier plan.

5- Le champ de foire à partir de 1950

Le 25 juin 1950 le conseil municipal décide de déplacer le monument aux morts à côté du cimetière. La place, maintenant totalement libérée, est aménagée en champ de foire avec une série de barres auxquelles seront attachés les animaux.

Il y a peu de monde pour cette foire. On remarque les moutons contre le mur de la maison qui, à l’époque, était celle de M. André LONGEQUEUE, pharmacien et conseiller municipal. Son frère Louis LONGEQUEUE était pharmacien comme lui et maire de Limoges. Une bétaillère et un combi VW sont garés à côté des moutons. Le quai d’embarquement, construit contre le mur en 1922, commence à hauteur de l’avant du combi VW. Les taureaux ne sont pas attachée aux barres et se trouvent dans un espace clos, plus bas.

On voit sur la photo ci-dessous, prise à la foire d’avril 1963, un éleveur qui tient son taureau de la main gauche et sa canne de la main droite.

Avril 1963
Un concours en 1968

Le Populaire publiait le 21 mars 1975 une photographie de la foire sous la neige. Mon père qui s’y trouvait a été saisi par l’objectif du photographe ! On remarque, en haut de la place, des tracteurs. Il est loin le temps ou les éleveurs venaient à pied…

Le Populaire 21 mars 1976

Ce jour d’avril 1984 il n’y a pas de foire et les voitures occupent l’espace laissé libre par les animaux.

Quand il n’y eu plus de foire à Nexon, un foirail n’était plus justifié. Durant les années 1984 et 1985 la place du champ de foire va être réaménagée. La commune n’a pas obtenu de subvention du département pour cette opération et la région a accordé une petite aide pour utiliser du granit limousin.

En mai 2016 j’ai pris quelques photos de l’ancien champ de foire où la verdure se mariait bien avec la couleur rosée du granit sous ce ciel tourmenté.

En 2020 dans le cadre d’un réaménagement complet du centre bourg l’ancien champ de foire a pris un nouveau visage l’éloignant de ce qui avait été un moteur important de l’activité nexonnaise pour passer a celui qui depuis plusieurs dizaines d’années fait connaitre nexon dans toute la France : le cirque. Pour justifier le choix de la nouvelle conception le maire déclarait à la presse « Il y a une forte identité spectacle à Nexon avec le Sirque, d’où l’idée de ce théâtre extérieur ».

Les bovins partis, les automobiles les remplacent et pour lutter contre le réchauffement climatique une voiture électrique est à la disposition des nexonnais et des visiteurs.

Le Populaire 17 mai 2021

6- Quelques cartes postales des foires de Limoges avant 1914.

On pense souvent que les foires n’existent qu’à la campagne mais on oublie que depuis le Moyen Age de grandes Foires existaient dans les plus grandes villes françaises. Et à Limoges tout le monde connait les deux grandes foires, la foire de la saint Loup le 22 mai, créée en l’honneur de Loup évêque de Limoges, connue depuis le XIVe siècle et la foire des Innocents le 28 décembre, créée en 1566 par un édit de Charles IX. On connait moins les foires aux animaux qui se déroulaient sur le champ de foire, aujourd’hui parking W. Churchill. Quelques cartes postales permettent de ne pas oublier ces moments.

Sur la carte postale de gauche postée le 21 novembre 1904 et sur celle de droite postée le 9 juillet 1905, les éleveurs sont vêtus de la même manière que ceux de Nexon.

A côté des bovins il y avait la foire aux cochons. Sur la carte de droite on voit un langueyeur à l’ouvrage. Cette personne avait pour tâche de détecter la ladrerie chez le porc vivant destiné à la vente. Il s’agit d’une maladie parasitaire provoquée par la présence dans les muscles de l’animal de cysticerques, formes larvaires de certains ténias. Chez l’homme, ce parasite est le ver solitaire. Cette maladie était très fréquente autrefois du fait du manque d’hygiène et d’une cuisson pas assez élevée de la viande et se transmettait de l’animal à l’homme et réciproquement. C’est à cause de ce danger que les religions juive et musulmane auraient interdit la consommation de viande de porc. Après la Première Guerre mondiale la présence des langueyeurs se fit plus rare car les contrôles sanitaires de la viande de boucherie par des vétérinaires devinrent systématiques, que l’hygiène et la salubrité publique se firent des progrès dans le monde rural et que la cuisson de la viande de porc à une température élevée s’imposa. Et petit à petit on n’entendit plus parler d’un enfant qui aurait le vers solitaire…

Pour clore cette escapade vers les foires à Limoges, une foire aux ânes, non pas sur le champ de foire mais sur le champ de juillet. Il n’y en avait pas à Nexon bien que l’âne soit utilisé pour tracter une cariole mais pour cela le cheval était largement préféré.

Carte postée le 4 décembre 1908

Pour conclure je cite un passage de G-A COISSAC (1868-1946), spécialiste du cinéma français entre les deux guerres et amoureux de son Limousin natal auquel il a consacré un ouvrage : « La foire, c’est la faiblesse du paysan limousin ; il les connait toutes à 40 ou 50 kilomètres à la ronde : la foire des « nourrains » (petits cochons), des porcs gras, des moutons et brebis, des chèvres, des ânes, des chevaux, des bœufs ou des vaches, etc. Il y court par entraînement, sans raison, ou mieux il trouve sans cesse des raisons de s’y rendre, les plus futiles motifs l’y engagent : une paire de souliers à acheter, par exemple, alors qu’il a le cordonnier à sa porte. Il se plantera devant le charlatan, le marchand de drogues, d’onguent et d’orviétan, écoutera la musique et admirera les jongleries, etc. Bref, il ira à la foire… pour aller à la foire. N’est-ce pas une occasion d’aller boire chopine (lou miequart) et de manger une de ces bonnes tartes de Chamboulive, dont la renommée a franchi les limites de la Corrèze ! »

C’est ce que constatait le Conseil municipal de Nexon lorsque le 19 mai 1865 il a protesté contre l’établissement d’un marché tous les 5 jours à Séreilhac car l’agriculture en souffre, les cultivateurs abandonnant leurs travaux pour courir les foires et marchés.

« Le jour de foire, tous les sentiers du ‘village sont encombrés de bonne heure ; la grand’route est débordée : chars de foin et de bois, troupeaux de brebis, établée de porcs, vaches et veaux, voitures et piétons, vieux et jeunes, tout cela court, crie, se heurte, se croise, se presse, et s’engouffre vers le champ de foire. La route est comme un fleuve qui charrie la campagne toute vivante. »

 Georges Michel COISSAC « Mon Limousin » Paris 1913 – page 238.

La Place de l’Eglise (I) Le côté nord n° 1 à 4

L’Eglise Saint-Jean-Baptiste de Nexon, est au cœur de cette place à laquelle elle a donné son nom.  

La place est délimitée à l’ouest par la rue d’Arsonval. Cette rue a été tracée à la fin du XIXe siècle et s’appelait alors rue Nouvelle. De même la rue Victor Hugo qui traverse la place n’existait pas. La traversée de Nexon s’effectuait par la rue Gambetta et son prolongement la rie Pasteur L’accès à la place de la république n’était possible qu’à pied, une construction, le numéro 100 du plan napoléonien (croix rouge sur le plan), était au milieu de l’actuelle rue. Sur le plan Napoléonien ci-dessous, les deux voies de circulation anciennes sont en bleu et les voies nouvelles en jaune.

Sur la place les maisons sont numérotées de 1 à 12 en partant de la rue d’Arsonval et en tournant dans le sens des aiguilles d’une montre pour revenir en face de la rue d’Arsonval.

Le numéro 1 a été attribué à la maison située à l’entrée de la place en venant du bourg. Cette maison n’existe pas sur le plan napoléonien. Les visiteurs pensent souvent qu’il s’agit de l’ancien presbytère ; Il n’en n’est rien, même si l’histoire dit que cette maison aurait été construite par un riche curé et qu’il l’aurait léguée à ses deux nièces…

Dans les années 1930 elle était habitée par la famille PINGARD, Victor PINGARD étant inspecteur à la Compagnie Paris-Orléans.

Recensement de 1936

En 1942 ou 1943 une photo prise pendant une fête religieuse la montre sans éclat, les volets non peints contrairement à ceux de la maison voisine, rue d’Arsonval.

Après la deuxième guerre Mme PINGARD vit avec les BRIDGELAND, la maison ne change pas d’aspect et elle est très souvent fermée.

Rachetée dans les années 1980 par la famille PAUZET, la maison a été remarquablement restaurée.

N° 1 place de l’église en 2020

Le numéro 2, se situe de l’autre coté de l’église. L’accès se situe entre la sacristie et la maison des n°3 et 4.

Les bâtiments du n° 2 encadrés en jaune

En 1896 y est installé François COUVIDOU (1839-1915) qui est marchand de bois et son épouse Babet FAUGERE (1844-1918) déclarée aubergiste au recensement de 1896. A cette date 4 enfants vivent avec eux, Simon (1862-1908), marchand de bière, Anna, Marie et Emile.

Recensement de 1896

En 1901 et en 1905 François et Simon sont toujours présents et exercent les mêmes activités. Une des filles COUVIDOU, Marie, épouse Jean QUINQUE (1861-1942) et après avoir habité au Courdein ils s’installent place de l’église où Jean va exercer son métier de tonnelier.

En 1911 Jean QUINQUE et son épouse sont installés avec leurs fils Edmond et Simon, tous les deux tonneliers avec leur père. Ils vivent avec une partie de la famille COUVIDOU. François a 72 ans et il est toujours marchand de bois, sa fille Amélie est couturière et son fils Emile est sellier, son épouse aubergiste. Simon COUVIDOU qui était marchand de bière est décédé en 1908 à l’âge de 46 ans.

Recensement de 1911

Jean QUINQUE a eu deux enfants, Edmond (1886-1975) et Simon (1890-1957). Edmond est resté à Nexon ou il a ouvert un commerce de bière et charbon et Simon qui était tonnelier est parti à Paris puis en Belgique comme représentant.

Le 5 octobre 1911 à Nexon, Edmond QUINQUE a épousé Marie BEYRAND (1892-1985).

Mariage d’Edmond Quinque et Marie Beyrand. Les parents du marié, Jean et Marie Quinque sont à droite, ceux de la mariée à gauche. Simon, le frère du marié, est debout, derrière sa mère. [Geneanet arbre Pascal LEMERCIER (gropif)]

Comme tous les garçons nés entre 1870 et 1896 ils ont fait leur service militaire d’une durée de deux ans et ils ont été rappelés en 1914. Edmond a effectué son service militaire du 7 octobre 1907 au 25 septembre 1909 qu’il a terminé comme brigadier. Rappelé le 3 aout 1914, il est fait prisonnier le 23 aout. Rapatrié d’Allemagne le 3 janvier 1919 il est démobilisé le 15 avril 1919. Son frère Simon a été appelé le 9 octobre 1911 pour rejoindre la 20e section de commis et ouvriers d’administration (20e SCOA) en Algérie. Il termine son service en novembre 1913 avec le grade de sergent. Rappelé le 4 aout 1914 il est revenu à la vie civile le 21 aout 1919 avec le grade d’adjudant. En 1939 il a été rappelé le 1er septembre 1939 et renvoyé dans ses foyers le 28 octobre 1939. On mesure les perturbations que plus de 6 ans passés sous les drapeaux, dans des conditions souvent très difficiles, entrainent pour la vie personnelle, familiale et professionnelle.

Edmond a eu deux enfants , Aimé (1913-1985) et Simone (1919-2013). Simone a épousé Jean Alfred COMBEAU et a effectué un beau parcours comme cadre supérieur à la Banque de France. Aimé est resté à Nexon et a travaillé avec son père.

Au recensement de 1936 , Jean QUINQUE et son épouse, son fils Edmond et son épouse, ses petits enfants Aimé et Simone ainsi que les beaux-parents d’Edmond vivent ensemble.

Recensement de 1936

Jean QUINQUE est décédé en 1942 et son épouse en 1945.

Le Populaire 9 novembre 1945

En 1942 également, le 24 octobre, Aimé QUINQUE a épousé Maria DESMOULIN (1919-1990 ). De ce mariage naitra leur fille Marie Françoise.

Edmond a développé son activité de brasseur et de marchand de charbon avec le concours de son fils Aimé.

Quand Edmond a pris sa retraite Aimé à continué uniquement le commerce de la bière.

L’immeuble qui abrite les numéros 3 et 4 actuels n’a pas toujours eu la même physionomie. On peut suivre son évolution sur les différentes cartes postales qui ont été publiées.

Agrandissement d’une carte postale postée le 27 novembre 1901

Sur cette agrandissement on voit qu’à la maison a été adossé un appentis. De droite à gauche on trouve une épicerie, tenue par Léonard DELIRAND, un tailleur et un zingueur, Henry CHARREIX.

Recensement de 1896

En 1905 la structure de l’immeuble n’a pas changé mais à la place d’Henry CHARREIX, zingueur, on trouve un sellier-bourrelier Emile COUVIDOU.

Vers 1910 l’appentis est démoli et l’ensemble de l’immeuble va être modifié.

La démolition de l’appentis et la reconstruction de l’immeuble.

Le nouvel immeuble est plus imposant que le précédent et il y a toujours trois activités mais seulement deux vitrines. A gauche le coiffeur et la buvette et à droite l’épicerie est toujours là.

Le coiffeur est François DEBORD, né à Nexon le 4 janvier 1892. Lorsqu’il épouse Marguerite PORTEFAIX il est déjà coiffeur. On notera que dans l’immeuble loge une infirmière, Marie CHABAUD, âgée de 60 ans.

Recensement de 1921

Pour le recensement de 1926 deux enfants sont nés dans la famille DEBORD, André en 1921 et Jean en 1923. Un autre coiffeur arrive, logé chez les DEBORD, Emile GOURINCHAS né en 1899. En 1931 il est rayé des listes électorales mais son épouse est recensée comme coiffeuse. Un garçon coiffeur, JANIN, est logé dans l’appartement.

Recensement de 1931

Un peu avant la seconde guerre mondiale l’épicerie devient buvette. Il y a ainsi deux buvettes pratiquement l’une à coté de l’autre.

Au numéro 3, lorsque le commerce a fermé l’immeuble est resté la propriété de la famille DEBORD dont le fils Jean était mécanicien chez M. LASPERAS.

Recensement de 1936

Dans les années 1960-70 le logement a été occupé par différentes personnes, en particulier l’entreprise de taxi qui a pris la suite de Bernard LASPERAS qui exerçait son activité au n° 11 de la place. L’entreprise CTRE AMBULANCIER ET FUNERAIRE LIM PERIGO était situé à Solignac a fonctionné de mai 1997 à octobre 2002.

En janvier 2008 la société Puissance Analyse y a exercé son activité du commerce de gros de composants et d’équipements électroniques et de télécommunication. En 2021 elle est installée à la ZA des Gannes.

Le numéro 4 . Un jeune coiffeur arrivé de Creuse, Georges ANDRE, le 10 septembre 1934 épouse une jeune nexonnaise, Marie Madelaine BONNAUD âgée de 20 ans.

Recensement de 1936

Georges et Marie Madelaine que les clients appelleront vite « La Madelon », vont travailler ensemble. Le salon et la buvette passent à droite de l’immeuble, Georges coupe les cheveux, son épouse fait les barbes.

Georges ANDRE à un banquet du foot;

Comme tous les salons à cette époque il n’y avait pas de rendez-vous. On attendait souvent une heure, surtout quand nous étions enfants, les adultes étaient prioritaire et le coiffeur s’arrêtait de temps en temps pour aller trinquer avec ses clients. Le charme résultait des discussions sur tous les sujets, chasse, pêche, mais surtout foot dont Georges était un inconditionnel et un dirigeant fidèle. Son épouse servait les clients qui attendaient leur tour à la buvette. La pause casse-croute du coiffeur vers 16h30 était sacrée ce qui permettait aux clients en attente de prendre une nouvelle consommation et pour ceux qui ne buvaient pas, comme mes frères et moi quand nous étions gamins, l’attente s’allongeait et nous plongions alors dans la lecture des Mickey et autres journaux pour enfants qui s’empilaient sur la table. Pour nous la coupe était simple, une brosse et les trois garçons nous avions la même tête!

Avec mas frères Daniel et Michel, Alain derrière à gauche, tous la même coupe de cheveux. 3 mai 1959

Lorsque Georges André a pris sa retraite il a été remplacé par Marc.

Puis par les Ambulance-Taxi BARRAUD Père et fils. Aujourd’hui il n’y a plus de commerce au numéro 4.

La ruelle qui fait l’angle du salon de coiffure était principalement empruntée par les chevaux qui sortant des écuries de la cour du château descendaient dans les près devenus aujourd’hui des lotissements. Elle a été baptisé au début des années 2000 « passage Pocheros » (prononcer peau-chair-os) du nom la Compagnie Pocheros fondée en 1993et composée d’anciens élèves du Centre national des arts du cirque. Elle est venue à Nexon plusieurs fois.

Le Passage Pocheros de la place de l’église vers la rue Pasteur.

Le long du mur, en allant vers le château une belle fontaine où s’abreuvaient les chevaux.

Les chevaux s’abreuvent en descendant au pré. Au premier plan la bascule.

Au milieu de la place, devant la sacristie se tenait la bascule publique. Le mécanisme était abrité dans une construction en pierre de forme carrée, coiffée d’un toit à quatre pans couvert en ardoises surmonté d’un épis en zinc. le fonctionnement de la bascule était assuré par M. et Mme QUINQUE.

Merci à Marie Françoise QUINQUE-GRIZON pour les souvenirs échangés et les précisions apportées.

Une visite au moulin de la Mazaurie.

Le moulin de la Mazaurie figure sur le cadastre napoléonien de 1817, feuille H3, avec cette écriture mais également « Masorie » sur le plan d’assemblage de ce cadastre.

Cadastre napoléonien de 1817, feuille H3 (extrait)
Cadastre napoléonien de 1817, extrait de la feuille d’assemblage

I- L’histoire du moulin

Le moulin de la Mazaurie appartenait à la famille Hébrard de Veyrinas. Il a été donné à bail à Jean VENTOUX le 13 septembre 1752.

En 1775 le Sieur de Veyrinas a vendu le moulin à Suzanne MESNIER, veuve de Jean PRADEAU qui devait être le meunier du moulin.

C’est ensuite Léonard PRADEAU, né vers 1770, qui est meunier à la Mazaurie. Marié avec Marguerite AUTHIER ils ont un fils, Jean PRADEAU qui naît le 25 novembre 1797. Il sera lui aussi meunier. Il épousera Marie BRAGARD (1809-1855) qui lui donnera un fils qu’ils prénommeront également Jean.

Jean PRADEAU naît à la Mazaurie le 23 avril 1836. Il y décédera le 29 janvier 1917 à 81 ans.

Acte de naissance de Jean Pradeau, 23 avril 1836. (Archives départementales de la Haute-Vienne)

 Jean PRADEAU épouse, comme son père, une Marie BRAGARD qui lui donne quatre enfants : Augustine, Jean, François et Thérèse. Jean, le premier garçon a le même prénom que son père et que son grand père. Il est né le 7 octobre 1865 et il prendra la suite de son père au moulin.

Acte de naissance de Jean Pradeau, 7 octobre 1865. (Archives départementales de la Haute-Vienne)

 De son mariage avec Catherine GUILHAT, naîtra le 6 novembre 1889 un garçon qu’ils appelleront Emile.

Acte de naissance d’Emile Pradeau, 6 novembre 1889. (Archives départementales de la Haute-Vienne)

Ce garçon ne prendra pas la suite de son père car l’activité du moulin a dû cesser au moment de la guerre de 1914-1918.

 Après avoir épousé Louise CHATEAU à Quimper en 1912 Emile PRADEAU effectue une carrière militaire qu’il termine avec le grade de capitaine. En quittant l’armée il est nommé greffier en chef au Tribunal de Grande instance de Senlis. Le 10 mars 1933 il est nommé chevalier de la Légion d’Honneur. Il décède à Paris en février 1974.

Le Courrier de l’Oise, 26 mars 1933

Le moulin de la Mazaurie et les terres qui l’entourent étaient convoité depuis plusieurs générations par la famille Mazeaud. En effet l’emplacement sur lequel a été construit la villa de la Vigne a été choisi à cause de la vue qu’il offrait sur le moulin.  La famille craignait que ce moulin soit un jour détruit et remplacé par un hangar ou une hideuse construction. C’en aurait été fini de la belle vue ! Mais Emile est-il décidé à le vendre ? A une date non indiquée, alors qu’il est greffier en chef au TGI de Senlis, il adresse une photo du moulin avec une demande d’insertion de celle-ci dans un journal dont nous n’avons pas le nom.

Emile Pradeau connaissait bien la famille Mazeaud et il ne pouvait pas oublier que les recommandations de Felix, alors Procureur de la République à Lyon, avaient facilité son intégration dans le corps des greffiers. Il consentit d’abord à louer le moulin puis, après bien des manières, il le vend en 1971 à Henri et à ses enfants.

C’est avec Jacques Mazeaud et son fils Denis que je me suis rendu au moulin de la Mazaurie, le 30 juillet 2020.

II- La visite du moulin

Le chemin débouche sur la digue de l’étang. A droite, en contrebas des écuries et le moulin.

Nous traversons et nous nous garons en face d »une grange ancienne avec, devant elle un four à pain en ruine, envahi par la végétation.

Malgré la sécheresse l’étang est bien rempli mais il n’y a plus les nénuphars qui se trouvaient sur la photo prise par Emile Pradeau.

Nous entrons dans le moulin par la maison du meunier.

On pénètre dans la pièce principale avec sa grande table, une maie et la cheminée. A coté la pièce qui servait de chambre à coucher.

A droite de la cheminée un petit escalier mène au moulin. On arrive au dessus de deux paires de meules, signe que le moulin avait une certaine importance.

Chaque meule est composée de deux parties, une fixe, dite dormante et au dessus la meule tournante. En tournant les meules qui sont en granit ou en silex s’usent. Il faut alors les repiquer afin d’obtenir une mouture toujours aussi fine.

C’est le piquage ou le rhabillage de la meule. Si les meules tournent tous les jours il faut réaliser cette opération 2 ou 3 fois dans l’année. C’est un travail difficile car il faut d’abord lever la meule tournante et avec des marteaux et une boucharde frapper avec précision la pierre pour obtenir des sillons rectilignes et fins. Dans les petits moulins ce travail était effectué par le meunier lui-même mais dans les grands moulin c’était l’affaire de spécialistes dont c’était le métier.

Par l’œil, au centre de la meule tournante, le meunier versait le grain dans les meules et la mouture tombait dans le bac, plus bas. Le crochet servait pour lever la meule tournante.

La première paire de meules.

A coté des meules un système de poulies pour relever les meules tournantes.

On descend au rez de chaussée pour aller voir la roue.

Ce qui reste de la roue

La transmission du mouvement se fait par l’arbre qui pénètre dans le moulin, à gauche. Par un jeu d’engrenages, en bon état, la meule entre en mouvement. Sur l’arbre de la roue hydraulique est fixé un rouet muni d’alluchons, les « dents », qui entraînent les fuseaux de la lanterne fixée sur l’axe qui fait tourner la meule allante, tournante ou courante.

La transmission du mouvement de la roue hydraulique à la meule.

Le moulin en lui même n’occupe qu’une toute petite partie du bâtiment. Le vaste espace qui donne sur l’extérieur par le grand portail à deux battants servait à stocker les sacs de céréales, de son, de farine et ranger le matériel du meunier. Deux auges en bois pour la nourriture des cochons sont entreposés.

Les auges en bois

En sortant on a une vue magnifique sur La Vigne, d’où, le soir on peut admirer le moulin illuminé pendant une heure, pour la le bonheur de ceux qui passent sur la route entre Valette et La Mazaurie.

Pour connaitre les autres moulins du pays de Nexon il faut lire le livre très complet de Camille LARCHER, Les anciens moulins du pays de Nexon, Editions « Les Monédières », 2011.

Contestation entre deux voisins pour des arbres abattus en 1796. Un beau document pour l’arbitrage.

C’est un beau document datant du 7 vendémiaire an 5 de la république (28 septembre 1796) que j’ai découvert aux archives départementales. Il s’agit d’un arbitrage entre deux voisins, LEBRUN et CANTILLON, l’un ayant abattu des arbres que l’autre considère comme étant sur son terrain.

Les arbres se trouvent dans le bois de La Fayanne. Ce bois a sans doute disparu aujourd’hui, il était situé près du ruisseau de la Grave, entre le Brouillet et Grand Village.

Les partis ont demandé un arbitrage. C’est une forme de règlement d’un litige qui ne passe pas par un juge mais par un arbitre choisi par les deux partis et dont la décision est sans appel. Le juge arbitre est M. MOULHAC.

Pour rendre sa décision il a établi un plan précis du terrain avec chaque souche. Mais en 1796 il n’y a pas de cadastre aussi faut-il faire des calculs pour savoir où passent les limites. C’est ce que fait M. MOULHAC. Il trace plusieurs triangles et quadrilatères afin de déterminer les limites précises de la propriété de chacun.

Les mesures utilisées sont celles de l’ancien système. En effet système métrique décimal a été adopté par le décret du 18 germinal an III (7 avril 1795) « relatif aux poids et mesures » . Ce décret supprime et interdit toute autre unité de mesure et la loi du 19 frimaire an VIII (10 décembre 1799) prévoit la diffusion de cette unité de mesure au moyen d’étalons calqués sur un mètre de référence, l’étalon mètre en platine conservé au Pavillon de Breteuil.

La mesure agraire utilisée était la sétérée. Une sétérée était obtenue en multipliant les longueurs mesurées en perches. Les sétérées étaient construites avec un nombre variable de perches carrées, les plus fréquentes étant les sétérées de 324 perches, un carré de 18 perches sur 18, de 400 perches (20 x 20), de 576 perches (24 x 24) ou de 900 perches (30 x 30).

la toise était l’ancienne mesure de longueur qui valait 1,949 m. Elle se subdivisait en 6 pieds, 72 pouces, 864 lignes et 10 368 points.

M. MOULHAC trace une ligne entre deux points M et N, du prés de la Grave à celui de Bataille comme points incontestables.

A partir de là il calcule la surface des différents triangles mais j’ai du mal a trouver les mêmes chiffres que lui!

Sa conclusion est que les arbres abattus ne sont pas sur la partie du terrain qui est contestée.

Il reste à régler les honoraires : « Reçu pour les honoraires de mon transport, celui du plan géométrique et remise de mon procès-verbal la somme de cent soixante-huit livres. »

Ce documents nous montre que les conflits de limite de propriété ne sont pas nouveaux, que celui-ci s’est réglé par l’arbitrage, une forme de règlement des conflits qui est rarement appliquée aujourd’hui ailleurs que dans le commerce international et sans doute que l’expert a effectue des calculs que ses clients n’étaient pas capables de contester. En tout c’est un beau documents et c’est pour cela que j’ai choisi de le publier sur mon blog.