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Les ruches à Nexon en 1949

A la fin de l’année 1948 le préfet de la Haute-Vienne adresse à tous les maires un courrier attirant leur attention sur la progression de l’acariose et de la loque, deux maladies qui touchent les abeilles et qui se propagent de ruche en ruche et de rucher en rucher.

L’acariose est causée par l’acarien Acarapis woodi qui se loge dans le système respiratoire de l’abeille et se nourrit de l’hémolymphe, jusqu’à l’affaiblir et lui transmettre le virus ou la bactérie qui l’achèveront. La loque est caus »e par un bacille qui se développe dans l’estomac de l’abeille à l’état de larve. Infestée celle-ci ne tarde pas à mourir.

Depuis un arrêté du 15 juillet 1943 tous les propriétaires de ruches doivent les déclarer chaque année. Un rappel de cette règle a été adressé le 18 novembre 1948 à tous les maires.

Un rappel du modèle de fiche et un encart précisait qu’un recueil de fiches avait été envoyé en 1943 et qu’il n’était pas vide.

Mais beaucoup de mairies n’avaient plus ce carnet et l’ont signalé. Aussi un courrier du 15 décembre permettait aux propriétaires d’établir leur déclaration sur une feuille ordinaire.

Au total 11 personnes ont déclaré au total 49 ruches. Deux personnes ont 10 ruches, paul LACORE au Brouillet et Gaston LAGORCE avenue de la gare.

Marguerite FAUCHER est domiciliée aux Gouzettes! Je ne trouve pas ce nom dans les villages de Nexon ni sur les cartes de CASSINI. Je trouve un village avec ce nom en Aubrac? C’est loin pour avoir des ruches à Valeix!

Si quelqu’un connais, je suis preneur…

Quand le vin chantait …

Après de très longs articles quelques moments de lecture plus plus courts. Ceux d’une époque ou le vin devait chanter, donner la joie et le bonheur. Il n’y avait pas la circulation que nous connaissons sur les routes aujourd’hui, les contrôles d’alcoolémie n’existaient pas et pour commercialiser leurs vins de table les marchands leur ont donné des noms faisant penser à la fête. C’était l’époque du lancement des marques nationales : Préfontaines, vin des Rochers, Gévéor, Kiravi, etc. qui vantaient les mérites de vins de table. Pour les obtenir les vins « médiocres » du Midi étaient coupés avec ceux, plus puissants, qui venaient d’Algérie. Ces vins de table de 10° étaient vendus au litre dans les fameuses bouteilles aux cinq étoiles. Ces coupages permettaient d’obtenir une qualité constante.

Kiravi, vin marseillais, apartenait à la Sapvin (Société d’approvisionnement en vins). Ce vin était vendu dans toute la France et ses affiches ventaient le plaisir qu’il procurait.

La loi EVIN controlant strictement la publicité pour l’alccol n’était pas encore votée. Elle le sera le 10 janvier 1991. Aussi n’est-on pas surpris de voir Renault participer à la publicité de Kiravi en faisant gagner la nouvelle Renault 4.

A Nexon, les deux principaux marchands de vin, DENIS et REBIERE, vont eux aussi donner une marque à leurs vins. Le premier à se lancer dans cette politique est M. DENIS. Il baptise son vin « J’M.S.A », « J’aime ça ». Il le commercialise en rouge et en blanc de 10° et ajoute à sa collection un blanc sec de 11° et un à 9° ( en fait 10°-1!).

REBIERE ne peut pas rester sans réagir. Il baptise alors son vin de table « Samyra ». Je n’ai pas trouvé d’étiquette de ce vin mais un cendrier que m’a permi de photographier Pascale, fille de René REBIERE, offert aux bons clients. Si quelqu’un possède une étiquette elle bien venue sur ce blog…

On peut noter que ce cendrier était fabriqué à Nexon

A Nexon, comme dans le reste de la France l’ordonnace d’aout 1967 qui interdit les coupages de vins et précise que  » les vins originaires ou en provenance de l’étranger doivent être conservés sans coupage ni mélange  » va sonner le glas du litre de rouge ordinaire. Le Midi va alors s’orienter vers une production de vins de pays de bonne qualité. En même temps le développement des super marché avec leurs rayons de vins et alcool va faire perdre une grande partie de leur marché aux petits marchands de vin. Le vin de table vendu au litre a pratiquement disparu au profit des vins de pays. Les grands groupes d’alcool ont racheté les producteurs de vin. Ainsi la Société des Vins de France est devenue filiale du groupe Pernod Ricard puis elle a été rachetée par le groupe Castel.

A Nexon DENIS et REBIERE ont cessé leur activité au cour des années 1970, et dans le caviste, « O chapiteau des vins » avait ouvet en 2016 a céssé son activité le 31 mars 2022.

Moissonneuses lieuses à Nexon en 1943…

La mécanisation de l’agriculture n’est pas encore très visible dans les campagnes Limousines. Le recensement qui est fait à Nexon révèle que seuls 11 cultivateurs possèdent une moissonneuse lieuse pour une surface totale cultivée de 133, 53 hectares soit une moyenne de 12, 1 ha.

A cette époque les céréales ne constituent pas encore une production destinée à la vente mais principalement à la satisfaction des besoins de l’exploitant : le blé pour le pain et les autres céréales pour la nourriture des animaux.

André PENOT et Maurice de NEXON représentent à eux deux le quart de la surface cultivée. La production dépasse ici les besoins des exploitants et une partie doit etre destinée à la vente. Par contre DAMARZIT à Varnet et Jean MAZABRAUD à Valeix avec respectivement 4 et 3 ha cultivés doivent consacrer toute leur proction aux besoins de l’exploitation.

Un élément qui m’a intrigué est celui du nom des contructeurs. A sur 11, 63,6 % sont des machines Dollé. Je ne connaissait pas cette marque qui devait pourtant etre largement dominante dans notre région. La raison en est simple, la société Dollé a fermé ses portes en 1953. Pourtant en 1949, dans une publicité, l’usine est qualifiée de « plus grande manufacture française de machines agricoles ». Fondée en 1868 par Emile Oscar Dollé à Gevigney (70), dirigée à partir de 1909 par son fils Victor Dollé, ingénieur des Arts et Métiers après avoir été transplantée près de Vesoul sur un vaste terrain militaire et fils du fondateur, reprend en 1909 la direction de l’usine qui devient après la fin de la Première Guerre Mondiale un établissement industriel disposant d’une fonderie, d’un atelier de forge, d’un atelier de peinture et d’un vaste atelier regroupant les activités de menuiserie, montage, perçage, ajustage, tournage et outillage.

Dès la fin de la Deuxième Guerre Mondiale l’entreprise Dollé n’a pas vu venir l’arrivée massive du matériel agricole américain avec la marque Mc Cormick et surtout la motorisation de l’agriculture.

L’histoire de Mc Cormick est passionnante. C’est l’histoire d’une famille écossaise qui immigre aux etats-Unis en 1735. La ferme que la famille exploite devient vite prospère et le père et ses enfants conçoivent des outils pour faciliter le travail. Le prmier brevet pour une moissonneuse est déposé en 1834. L’entrepris crée pour fabriquer le matériel agricole devient vite la plus importante des Etats Unis. Présent dans les grandes expositions internationals ils gagnent de nombreux prix. En 1902 ils rachètent Deering, construisent une usine en Suède en 1905, en Allemagne en 1908 et en france la même année. En 1915 la première moissonneuse batteuse est commercialisée. En 1937 le premier tracteur sort des usines allemandes, en 1938, une usine de production de machinerie agricole est inaugurée en Angleterre… et en 1950 c’est l’arrivée en France de Mc Cormick qui commence la fabrication de tracteurs en 1951. On comprend que face à ce développement vers la motorisation Dollé étéit en retard d’une guerre ! On n’est donc pas surpris de voir qu’en 1953 quand Dollé ferme c’est Peugeot qui s’installe dans ses locaux.

En en 1944 il y deja 3 Mc Cormick puisque Deering lui appartient.

Moissonneuse lieuse Mc Cormick

Il reste une Puzenat. C’est également un matériel agricole qui est née de l’esprit d’innovation d’un forgeron, Émile Puzenat, qui avec ses enfants va créer à Bourbon Lancy en Saone et Loire une manufacture de machines agricoles.

Comme Dollé la Manufacture Centrale de Machines Agricoles C. Puzenat a du s’allier avec un fabriquant d’automobiles. D’abord avec le groupe Simca, puis avec le groupe Fiat-Someca pour la fabrication de tracteurs agricoles.

« Métayage ou Fermage ? » un article de Georges de Nexon, ingénieur agronome en 1946

C’est le titre d’un article écrit par le baron Georges de Nexon qui a été publié en 1946 par le Centre d’Etudes des « Questions Actuelles » . Merci à M. Christian GESLIN de m’avoir donné ce document.

Quand j’ai lu cet article je me suis retrouvé plus de 50 ans en arrière quand j’étais étudiant à l’Université de Bordeaux, en DEA, c’est à dire le Master 2 actuel. J’avais choisi comme sujet de mémoire « Le modèle de développement agricole de françois QUESNAY » et mon directeur était le Professeur André GARRIGOU LAGRANGE. C’était un remarquable professeur, un grand bourgeois qui nous recevait dans son salon, toujours disponible pour ses étudiants. Il a André a relevé le nom de DAVID de LASTOURS qui se trouve maintenant accolé à GARRIGOU-LAGRANGE (Tribunal d’Angoulême le 31-12-1924).

Son père, Paul GARRIGOU LAGRANGE était un chercheur météorologue très connu qui avait fait construire un observatoire dans son parc à Limoges situé dans la rue qui s’appelle aujourd’hui « rue de l’observatoire Garrigou Lagrange ».

L’Observatoire de M. Paul GARRIGOU LAGRANGE

L’observatoire fut inscrit à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques en mai 1978. Sa préservation paraissait assurée. Mais son déclassement a été obtenu quelques mois après par la société ROUCHAUD LAMASSIAUDE, en théorie pour agrandir son usine. Malgré la réaction des sociétés protectrices du patrimoine, le déclassement et la démolition furent plus rapide que les tribunaux et le 23 mars 1979 il ne restait qu’un tas de décombres de l’observatoire !

Pourquoi ce détour par Bordeaux et Limoges ? Parce que mon travail de recherche puis les cours que j’ai dispensés en sciences économiques à Limoges ont porté en partie sur la question que pose Georges de NEXON.

François QUESNAY dont j’ai parlé était un brillant médecin pendant les années 1730 – 1750 à la fois médecin de Mme de Pompadour et de Louis XV qui, ayant été anobli s’est posé la question de la meilleure manière de gérer le domaine que son titre lui avait permis d’acquérir. Ses réflexions qu’il publie à partir de 1750 en font pour moi, mais je ne suis pas le seul, le premier vrai économiste du monde moderne. Le débat sur fermier ou métayer est au cœur de la question de la production et de la répartition de son produit. Dès que le producteur n’est pas seul à produire et qu’il emploie de la main d’œuvre il se demande quelle rémunération il doit accorder à celui qui contribue à la production. Les différentes sociétés sont passés de l’esclavage au servage puis au salarié et dans l’agriculture du domestique au métayer puis au fermier. dans le cas du métayer c’est un partage de la récolte alors que le fermier verse un loyer. QUESNAY en 1750 se posait la question de savoir quel mode d’exploitation assurait le revenu le plus élevé pour les deux, propriétaire et exploitant. Avec le développement du progrès technique et de la mécanisation il fallait savoir qui devait financer l’investissement. Georges de NEXON ne s’appuie pas sur les théoriciens de l’économie qui depuis QUESNAY en passant par MARX jusqu’au Prix Nobel J. STIGLITZ ont analysé la répartition de la rente entre les différents acteurs de la production et la juste répartition entre la travail et le capital.

Voici le texte de Georges de NEXON :

La position de Georges de NEXON est celle du métayage. Pour avoir interrogé M. PAUZET qui a été métayer chez M. de NEXON cette position s’explique par un comportement de ce propriétaire différent de celui des autres propriétaires. En effet M. PAUZET m’a répété plusieurs fois que du jour où sa famille est entrée comme métayer au domaine de la Garde ils n’ont plus jamais eu faim. Il m’expliquait que ses parents ont eu des propriétaires qui ne facilitaient pas le travail des métayers et qui exerçaient un contrôle permanent et suspicieux, considérant par principe que le métayer était menteur et voleur.

Les conflits entre propriétaires et métayers étaient fréquents, tout n’était pas prévu dans les baillettes dans la mesure ou, surtout au XIXe siècle beaucoup de métayers ne savaient ni lire ni écrire. le ramassage du bois mort, des châtaignes, des fruits tombés au sol … étaient sources de contentieux de même que l’utilisation des charrettes en dehors de l’exploitation, la vente du bétail…

Voici la baillette de M. PAUZET signée le 5 mai 1935 pour une exploitation à partir du 1er novembre 1935. Si l’article 1 considère que le colon doit gérer « en bon père de famille » l’article 2 concerne les charrois. L’article 3 est relatif au bois, avec l’interdiction de couper un arbre sans autorisation et de ne prendre que le bois de chauffage qui lui aura été désigné. Rien n’est écrit sur les investissements et les innovations possibles.

Pour une analyse très fine du métayage en Haute-Vienne lire l’article de Dominique DANTHIEUX « Métayage et grande propriété foncière dans le département de la Haute-Vienne : entre utopie sociale et innovation agricole (fin 19e-début 20e siècle) » dans Ruralia, Revue  de l’Association des ruralistes français n°14 -2004. Il montre que le développement de l’élevage de la race bovine limousine et celui des cultures qui lui sont associées qui ont été favorisés par les grands propriétaires, comme les de NEXON, ont permis aux métayers d’être des agents du changement et souvent de devenir à leur tour propriétaires, même si cela ne concerne qu’une partie des métayers. Sans aucun doute ceux du baron Georges de NEXON en font partie et ils confortent la conclusion générale de Dominique DANTHIEUX « Le métayage tel qu’on le pratique en Haute-Vienne est vanté non parce qu’il se fait le garant d’un ordre social traditionnel mais bien parce qu’il a permis à une frange de la paysannerie de prétendre par son travail et sa valeur propre à la propriété. »

Merci à Chantal, fille de M. PAUZET pour les baillettes.

Un article de Limousin Elevage d’avril 1978 consacrait un article à l’élevage de Guy DEFAYE. Souvenir…

Près de 45 ans après ce bel hommage à cet éleveur, digne continuateur de son père Louis et modèle pour son fils Stéphane, ce clin d’œil au camarade avec lequel je partageait les bans de l’école primaire à Nexon…

Limousin Elevage n°65 avril 1978

Quelques années après la publication de cet article, le 3 avril 1983, Guy se voyait remettre la médaille du mérite agricole, décoration rarement remise à une personne de moins de 40 ans !

Guy DEFAYE et Léon PAUZET décorés du Mérite agricole le 3 avril 1983

IL y a 51 ans, le 26 septembre 1971, Nexon organisait la finale du Championnat de France de labours. A cette occasion la première Caravelle se posait à l’aéroport de Limoges.

Le Populaire 14 septembre 1971

Le Comité département des Jeunes agriculteurs (C.D.J.A.) de la Haute-Vienne, pépinière de champions de France de labours, avait été chargé d’organiser, le dimanche 26 septembre 1971, la finale du championnat de France de labours. Avec quatre champions de France, Guy BOUTET, René COMMUN, Albert NEXON et Gilbert CHARTIER la Haute-Vienne possédait alors le plus grand nombre de champions.

Jean BABAUDOU, président du C.D.J.A. 87 et son équipe ont choisi le site de La Plaine, bien desservi par la route nationale qui va de Limoges à Saint Yrieix. Un terrain de 60 hectares a été prêté par MM. ROZIER, ROUX, BAUDOU, SIBILOT, GOUDENEIX, FRUGIER et POUJAUD.

Ce championnat voulait être une grande fête de l’agriculture. A coté des labours un colloque sur la régénération des prairies était organisé et des expériences réalisées. Une exposition de vieux matériels, et un festival folklorique apportaient une note festive à cette manifestation.

Mais avant le concours de labours tous les regards étaient tournés vers Bellegarde ou une Caravelle affétée par le groupe ESSO, sponsor de la manifestation, devait amener une centaine de personnalités et des journalistes à ce championnat.

I- Le premier atterrissage d’une Caravelle à Limoges

Le dimanche 26 septembre près de 3000 personnes étaient massées derrière les barrières, dès 9h00 du matin, pour voir arriver la Caravelle. Ce qui nous semble banal aujourd’hui était un évènement en 1971. La Caravelle avait effectué son premier vol le 17 mai 1955 à Toulouse et avait reçu son certificat de navigabilité le 2 avril 1959. La Caravelle, premier avion commercial moyen courrier à réaction biréacteur, fut une réussite technique et symbolisait le succès de l’industrie aéronautique française. Elle n’eut pas la réussite commerciale qu’elle méritait car elle a été éclipsée par le programme du supersonique Concorde qui absorbait une grande partie des moyens financiers. Boeing et Douglas en ont profité pour occuper une grande partie du marché international de ce secteur. La chaîne de production s’arrête en mars 1973, moins de deux ans après son atterrissage à Limoges.

La foule scrute son arrivée
La Caravelle se pose
La Caravelle arrive
La Caravelle est arrivée.

Cette arrivée de la Caravelle correspond à l’ouverture de l’aéroport à la circulation aérienne publique. La piste est longue de 2.280 m et large de 45 m et elle est dotée d’un balisage pour les atterrissages de nuit mais ce n’est qu’en 1973 qu’elle a été dotée d’un système d’atterrissage tout temps.

Il faut faire la queue pour monter à bord et visiter la Caravelle

Tous ceux qui sont venus à Bellegarde n’étaient pas intéressés par le championnat de labour mais à la Plaine la foule n’a pas manqué.

2- Le concours de labour

Pour les concurrents la compétition a les mêmes contraintes et les mêmes exigences qu’une course cycliste ou un rallye automobile. Il faut avoir un bon matériel et il faut s’entrainer ce qui exige du temps et de l’argent. Pour faire face à ces exigences les candidats cherchent des sponsors. Et comme tous les sportifs chacun participe pour gagner.

Le Populaire 25 septembre 1971

Les concurrents sont sponsorisés par les fabricants de tracteurs et les fabricants de charrues. les trois concurrents de la Haute-Vienne sont équipés de charrues Huard et conduisent des tracteurs McCormick ou Someca.

De 9 à 10 heures les concurrents préparaient leurs tracteurs dans le bourg de Saint Maurice les Brousses et les décoraient. A 10 heures ils partaient en convoi vers le lieu du concours.

Le plan du site au croisement de La Plaine
Dans le bourg de Saint Maurice en direction de La Plaine

Arrivés sur le terrain chacun se place sur sa parcelle et après avoir déjeuné, la compétition débute à 13 heures. Le terrain est en légère pente ce qui permet aux spectateurs de suivre la compétition dans les moindre détails.

A l’arrivée les locaux n’ont pas laissé leur place et remportent les titres :

La tribune des personnalités
A gauche M. REGAUDIE, président du Conseil département est avec René Rebière, maire de Nexon, et Maurice DESCHAMPS, maire de Saint Maurice avec Olivier PHILIP, préfet de région.
La coupe

Le colloque sur la régénération sans labour des prairies, présidé par M. HENIN, chef du département d’Agronomie de l’Institut national de la recherche agronomique (INRA) le colloque était animé par M. JEANNIN également de l’INRA. Il a réuni le samedi après midi plus de 300 personnes à la salle des fêtes. Les démonstrations sur le terrain ont également intéressé un grand nombre d’agriculteurs.

Et si la modernité attirait l’ancien temps n’était pas en reste …

3- Retrouvailles 50 ans après…

Les champions Gilbert CHARTIER et Raymond CAMUS se sont retrouvés avec des participants et des organisateurs de cet évènement pour évoquer sur les lieux mêmes les souvenirs d’une époque aujourd’hui révolue. le monde de l’agriculture a été bouleversé, le nombre d’agriculteurs a fondu comme neige au soleil, la mécanisation a fait un bond considérable …

Le Populaire 9 octobre 2021

En 2009 Nexon avait un champion de France : David EYRICHINE

Bulletin municipal n° 226 3e trimestre 2009

Un parc de groupement de bétail en 1914 à Nexon

Le hasard des recherches de cartes postales m’a permis de trouver une carte postale originale. Le recto ne m’intéressait pas particulièrement car je possédais déjà cette carte mais je lis toujours le verso car les textes révèlent la vie courante de ceux qui écrivent.

Cette carte a été envoyée de Nexon le 22 novembre 1914 par un militaire qui vient d’y arriver. Il participe au rassemblement et à l’expédition de bétail pour les soldats qui sont au front.

Le soldat est arrivé à Nexon après des marches et des contremarches mais il ne se plaint pas car il voit du pays et il est bien nourri et logé chez des gens très gentils. Il est affecté au parc de regroupement du bétail qui est chargé d’expédier les bêtes au parc général à Meung sur Loire qui était rattaché à la Station Magasin des Aubrais.

Quand on parle de la guerre on pense surtout aux combattants mais on oublie souvent ceux qui les font vivre, les services du ravitaillement. Au moment de la déclaration de la guerre, le 3 septembre 1914, il y avait 880 000 hommes dans les casernes , ceux des classes 1911, 1912 et 1913 qui sont nés entre 1891 et 1893. Entre le 2 et le 7 août, 2 200 000 hommes de la réserve sont appelés, ceux des classes 1900 à 1910 qui sont nés entre 1880 et 1890 et avaient donc de 24 à 34 ans. A partir du 14 août, sont appelés les 700 000 hommes des troupes territoriales, ceux des classes 1893 à 1899, nés entre 1873 et 1879 et donc âgés de 35 à 41 ans. A partir du 16 août il a fallu ajouter la réserve de la territoriale formée des classes 1887 à 1892 ainsi que les 71 000 engagés volontaires qui avaient devancé l’appel. Il y eu rapidement plus de 3 millions de militaires à nourrir…

Chaque armée doit fournir 300 000 rations chaque jour. Pour cela ce sont 500 à 600 bœufs ou vaches qui, tous les jours, partent pour le front. Une fois par semaine, on donnait aux soldats de la viande de porc. Pour ce jour-là, 1.000 à 1.500 porcs vivants étaient expédiés aux abattoirs de l’armée….

Des plans étaient prévus puisque depuis la défaite de 1870 qui s’est traduite par la perte de l’Alsace et la Moselle par le traité du 10 mai 1871, tous les efforts étaient organisés en vue de leur reconquête. Et bien sur le ravitaillement n’était pas oublié. Chaque corps d’armée dispose d’une sous-intendance spéciale comprenant 3 officiers et 6 secrétaires, chargée du ravitaillement en viande fraîche. Le corps d’armée dispose également d’un parc de bétail conduit et administré par 7 officiers et 125 hommes. Ils sont dotés de 16 automobiles pour amener la viande au front… Et s’il fallait des bouchers il fallait également des boulangers, des cuisiniers …

Cette carte postale me permet d’approfondir le ravitaillement en viande fraiche des militaires pendant la guerre de 1914 – 1918

L’Instruction sur l’alimentation et le ravitaillement en viande des troupes en campagne du 18 mars 1901 mise à jour plusieurs fois jusqu’au 1er août 1915 permet de se faire une idée de cette organisation .

Art. 1er. Toutes les fois que cela est possible, on distribue aux troupes de la viande fraîche ; à défaut de viande fraîche, on distribue de la viande de conserve.

La viande fraîche est fournie d’abord par l’exploitation des ressources locales (1) des pays traversés par les troupes : ces ressources servent à assurer les distributions ainsi qu’à organiser et à entretenir des troupeaux marchant à la suite des troupes (troupeaux de ravitaillement, parcs de bétail de corps d’armée).

A défaut de ressources dans les pays traversés par les troupes, le bétail est envoyé de l’arrière par le service des étapes qui se le procure soit au moyen des ressources de la zone d’étapes si elles sont suffisantes, soit, dans le cas contraire, en le demandant aux stations-magasins.

Les stations-magasins sont alimentées en bétail par le service territorial du ravitaillement qui fournit le bétail nécessaire à la formation de troupeaux d’approvisionnement (entrepôts de stations-magasins, parcs de groupement).

Si les troupes ont dû consommer de la viande de conserve ou si l’envoi de bétail par l’arrière est impossible, les stations magasins expédient de la viande de conserve dont un approvisionnement, constitué dès le temps de paix dans chaque station-magasin, est entretenu par des envois de l’intérieur.

Un troupeau de ravitaillement est affecté à chacune des grandes fractions du corps d’armée (divisions, éléments non endivisionnés), sous la direction immédiate des sous-intendants de ces unités.

Lorsque les ressources de la zone immédiate seront épuisées ou avant ce moment si les circonstances l’exigent (art. 33), le bétail nécessaire sera tiré de zones réservées plus en arrière le long de la ligne de communication qui dessert la station magasin. Dans chacune de ces zones (art. 24), est prévu (sur la ligne de communication et ses embranchements), un parc de groupement de bétail.

Qu’il s’agisse de l’approvisionnement de l’entrepôt ou du parc de groupement, le bétail est rassemblé dans un ou plusieurs centres de réception d’où il est dirigé par voie de terre sur l’entrepôt de la station-magasin ou le parc de groupement (2e échelon) par les soins d’une ou plusieurs commissions de réception, fonctionnant conformément aux instructions en vigueur pour l’exploitation méthodique des ressources du territoire national par le service du ravitaillement.

Quelques cartes postales illustre cet aspect de la guerre dont on ne parle pas souvent !

Parc de ravitaillement à Autun
Les vaches ont remplacé les chevaux sur l’hippodrome de Longchamp

C’est sans doute ce qui se passait à Nexon. le bétail qui était rassemblé dans le parc de groupement était conduit à la gare pour être embarqué vers Orléans et se rendait ensuite à Meung sur Loire par la route.

Le parcours sur la route était organisé dans les moindres détails. L’instruction prévoit que les ouvriers préposés à la garde et à l’entretien des bestiaux prennent le nom de bouviers ou de toucheurs. Leur nombre varie selon le nombre des animaux et la nature du terrain qui, suivant qu’il est plus ou moins accidenté, augmente ou diminue les difficultés de la surveillance. En thèse générale, on admet qu’il faut en moyenne : en station, 3 à 4 toucheurs et 1 surveillant (caporal, autant que possible) pour 100 bêtes ; en marche, 6 à 8 toucheurs et 1 surveillant par 100 bêtes. Les toucheurs sont chargés des soins de propreté, de la conduite et de la garde des troupeaux au pâturage ou à l’abreuvage, de la distribution des fourrages, de la nourriture sur place quand il y a lieu, de la surveillance en marche ; enfin de tout ce qui a trait à la conduite et à l’entretien des animaux.

Pour conduire les troupeaux au pâturage ou à l’abreuvage, on les divise en groupes de 60 à 80 bêtes au plus, que l’on confie à un surveillant ayant sous ses ordres le nombre de toucheurs nécessaire, à raison de 2 toucheurs pour 30 à 40 bêtes. Chaque groupe est compté à la sortie et à la rentrée. On munit les toucheurs d’aiguillons. Chaque animal est pourvu de sa longe.

Marche des troupeaux.

Les troupeaux doivent avoir été examinés le matin du départ ou la veille au soir par le vétérinaire qui désigne les bêtes qui ne peuvent pas suivre et doivent être laissées sur place, confiées aux autorités locales contre reçu.

Les bœufs (ou vaches) peuvent faire 30 kilomètres par jour, à raison de 4 kilomètres à l’heure, mais à la condition qu’on ne presse pas leur marche, qu’on puisse les abreuver plusieurs fois et qu’on fasse des haltes de temps en temps (toutes les trois heures si possible). A moins de nécessité absolue, on évite de faire marcher les animaux pendant les heures de forte chaleur. On les fait marcher de préférence le matin et le soir.

Les haltes ont lieu, autant que possible, dans des endroits qui offrent aux bestiaux de l’eau potable, des pâturages et un abri contre le soleil ou le mauvais temps.

A l’arrivée à l’étape, le troupeau est de nouveau réuni. On cherche à se procurer des étables, hangars et à défaut un emplacement quelconque entouré de clôtures. S’il n’en existe pas, on y supplée en choisissant le campement le plus convenable et on y fait veiller les toucheurs à tour de rôle. Le service de surveillance de nuit doit être fortement organisé.

Des instructions ont été données pour que les toucheurs ne frappent ni ne piquent les bêtes ce qui fait perdre de la qualité à la viande.

Interdiction d’utiliser des moyens violents dans la conduite et le gardiennage du bétail
le Miroir n°45 – 4 octobre 1914

Si un des lecteurs a des informations sur ce parc de regroupement de bétail il peut me le signaler par un commentaire.

Les foires à Nexon

En Limousin le réseau de foires s’est mis en place dès le XIIIe siècle. Il s’est développé au cours du XVIe siècle puis à la fin du XVIIe de sorte qu’au XVIIIe siècle aucune paroisse ne se trouvait à plus de 15 km d’un lieu de foire. S’y déroulent les marchés aux bestiaux avec leur saisonnalité : bœufs de harnais au printemps, bœufs gras de novembre à fin janvier, veaux, génisses mais aussi chevaux, porcs, moutons. S’y retrouvent aussi des marchands de tissus et de quincaillerie.

Si elles ont lieu toute l’année elles sont moins actives pendant le carême et durant la période d’intense activité agricole engendrée par les récoltes. Leur date est généralement fixée un jour de la semaine déterminé (3ème vendredi du mois ou le 16 de chaque mois …) ou le jour de la fête d’un saint (Saint Lou …) ou d’une fête religieuse (lundi des Rameaux …).

Dans les années 1760, les 3 départements du Limousin comptent 140 lieux de foires totalisant 958 jours de foires soit une foire tous les 2 mois en moyenne. (Atlas historique du Limousin[1])

Bien avant Nexon c’est Chalus qui avait les foires à bestiaux les plus renommées de la région avec un important commerce de chevaux du Limousin.

1- Quelques décisions du conseil municipal entre 1792 à 1860 :

Le 15 janvier 1792 la Municipalité fut invitée à créer des foires à date fixe, celles existantes alors étant très variables. Elle décida que les foires auraient lieu le dernier mardi de chaque mois, à compter du mois de février pour la vente du bétail et toutes sortes et denrées.

Le 1er novembre 1792 la municipalité décida de donner une plus grande publicité aux foires de Nexon et décide que le citoyen BARDON, imprimeur et commandant de la Garde Nationale à Limoges, fasse une annonce pour ces foires dans son calendrier.

Le 28 thermidor an II (15 aout 1794), le Conseil décide que par suite du nouveau calendrier les douze foires de l’année qui se tenaient le dernier mardi de chaque mois auraient lieu, à compter de ce jour, tous les 21, sauf celle de janvier, Pâques, septembre qui seront en plus à date fixe. Cette décision sera publiée dans le calendrier des foires du sieur Jean BAUDOUT, imprimeur, et 150 exemplaires de ce calendrier des foires seront distribués.

Le calendrier révolutionnaire en transformant le mois qui était composé de quatre semaines en trois décades a posé des problèmes pour la fixation du jour des foires et marchés. Les villes comme Chalus qui avaient un marchés hebdomadaires en perdaient un chaque mois. Mais les habitudes furent souvent les plus fortes et les marchés continuèrent à se tenir aux dates anciennes en ignorant le calendrier révolutionnaire.

Le 10 Germinal an III (30 mars 1795), jour de foire à NEX0N, les sieurs Gabriel LA VAREILLE et Pierre MONTAZEL étaient venus acheter des bœufs pour l’approvisionnement de l’armée d’Italie. Les paysans refusèrent de livrer les bêtes sans être payés sur le champ malgré les protestations des acheteurs qui promettaient un paiement sous un mois.  

Le 13 décembre 1805 le ministre de l’Intérieur approuve le calendrier des foires sur l’ensemble du territoire. Dans le tableau que dresse Louis TEXIER-OLIVIER préfet de la Haute-Vienne du département de la Haute-Vienne en 1807 il publie la liste des foires du département[2]. On constate qu’à Nexon 6 foires sont autorisées contre 12 à Saint-Yrieix et Saint Germain et 7 à Chalus.

Les foires en Haute-Vienne en 1805

[1] http://www.unilim.fr/atlas-historique-limousin/wp-content/uploads/sites/19/2015/11/notice-foires-18eme-V3.pdf

[2] https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k85050c/f548.item

Si l’on compare au nombre de foires qui se tenaient avec avant ce texte, ce calendrier est très restrictif. Mais les communes ne le respectaient pas à la lettre ce qui amenait le préfet à rappeler la règle aux maires.

Le 19 aout 1821 le Conseil est saisi par la commune de Chalus d’une demande d’établir de nouvelles foires. Le conseil décide, dans l’intérêt du commerce, de rejeter cette demande aux motifs :

– que la ville de Chalus a déjà un marché tous les vendredis

– qu’il y a déjà trop de foires qui tombent le même jour

– que ce grand nombre de foires porte un préjudice réel à l’agriculture, que beaucoup d’individus n’y vont que par curiosité et qu’ils remplissent les cabarets, font des ivrognes, ont des disputes et souvent se battent au lieu de travailler leur propriété.

Le 17 juillet 1836 le conseil proteste contre la création de nouvelles foires à Châlus, Saint Yrieix et Flavignac qui tomberaient en même temps que celles de Nexon.

Le 17 mars 1841 le conseil examine une demande de foire de la commune de Magnac Bourg. Il décide que ces foires ne pourront se tenir le 18 septembre car le 18 se tient à Nexon, depuis un temps immémorial, la plus grande, la plus brillante et la plus considérable des foires du département.

Le 15 mars 1848, le Maire décide que pour éviter les accidents les jours de foire la répartition du bétail se ferait comme suit : sur les deux places neuves et de la Chapelle les bœufs, moutons, brebis et cochons. Sur la place de l’Eglise les autres bestiaux, les étalagistes et autres marchands.

Le 23 novembre 1854 Le conseil donne un avis favorable à la création de foires à la Roche l’Abeille et Château Chervix.

Dès les années 1850 quelques grands propriétaires, Charles de Léobardy, Pierre-Edmond Teisserenc Bort et plus tard le baron de Nexon se lancent dans l’amélioration de la race bovine Limousine. Leurs efforts aboutissent en 1886 à la création du herd-book limousin. Après la charolaise la limousine devient ainsi la seconde race bovine française à avoir son herd-book. Les métayers en copiant les méthodes de leurs maîtres ont largement contribués à l’expansion de la race. Les concours, les comices agricoles se sont développés (celui de Nexon en 1877 -voir le chapitre sur ce sujet), les foires se sont multipliées, les expéditions vers les grandes métropoles comme Lyon et Saint Etienne ont contribués à la forte demande de viande bovine limousine.

2- Les foires de Nexon vont bénéficier de l’arrivée du chemin de fer.

La mise en service de la ligne Limoges-Périgueux le 26 aout 1861 va donner à la foire de Nexon une importance qui va durer pendant un siècle. L’effet de la gare sur l’activité économique c’est fait sentir dans les quinze jours qui ont suivi l’ouverture de la gare de Nexon. Ainsi une vente de 46 chevaux de 9 bovins, de porcs et de volailles de race est annoncée à l’arrivée des trains venant du Nord et du Midi.

Le Courrier de Centre 7 septembre 1861

Si le chemin de fer permet d’envoyer, relativement rapidement, dans toute la France des animaux, du kaolin ou de la porcelaine réciproquement Nexon peut bénéficier de produits venant de toute la France voire du monde entier. Ainsi un dépôt de charbon s’est ouvert à Nexon dès 1861 chez M. GIZARDIN.

Le Courrier de centre 7 septembre 1861

La compagnie du Paris-Orléans a très vite compris que les foires drainaient de nombreux voyageurs et de ce fait elle proposait des tarifs spéciaux pour ces jours-là.

Le Courrier du Centre 8 octobre 1862

La mise en service de la ligne vers Saint Yrieix la Perche le 20 décembre 1875 va conforter l’importance des foires de Nexon et faire de la gare un centre d’activité avec plusieurs hôtels et restaurants.  A contrario Chalus patira du fait de n’avoir pas un embranchement direct vers les grandes métropoles. Dès la fin de la Première mondiale l’activité des deux foires de la Saint-Georges (23 avril) et de la Saint-Michel (30 septembre) déclinèrent.

Lors de chaque foire à Nexon ce sont plusieurs centaines de bovins qui sont proposés à la vente. Mais si les bovins représentent l’activité la plus voyante des foires de Nexon il ne faut pas oublier les porcs, les moutons …

Mars 1878
Le Courrier du Centre 19 mars 1881
Le Courrier du centre 19 novembre 1892

Avec l’ouverture de la ligne Nexon – Brive ou les toucheurs de bétail, les marchands de bestiaux de la Corrèze demandent que ceux qui conduisent les bovins avec un aiguillon bénéficient du transport gratuit sur les lignes de leur département comme c’est le cas en Haute-Vienne :

En 1897 un marché aux volaille est créé à Nexon, il vient s’ajouter aux échangent qui s’opèrent lors des foires pour ces divers animaux comme on le constate sur l’article consacré à la foire du 16 mai 1898.

Le Courrier du centre 15 octobre 1897

La gare de Nexon bénéficie d’un emplacement rare, au croisement de 3 lignes directes vers 3 grands marché, Limoges, Brive et Périgueux. De ces 3 villes les productions nexonnaises peuvent facilement s’écouler au Nord et au sud de la France.

Le Courrier du Centre 19 mai 1898

Les centaines de bêtes qui sont expédiées à Lyon ou Saint-Etienne nécessitent de 30 à 50 wagons. Cela prend du temps pour embarquer les animaux. Les dernières bêtes sont chargés alors qu’il fait déjà nuit et certains paysans doivent marcher une heure et souvent plus pour rentrer chez eux.

Dès 1896 le Conseil municipal demande que le quai d’embarquement soit agrandi et qu’un nouveau quai soit construit. En 1904 M. NOUHAUT, député, et plusieurs de ses collègues appuient la demande du Conseil municipal.

Conseil Général de la Haute-Vienne 1904

La Première Guerre mondiale et l’arrivée des soldats américains à partir de 1917 ont conduit à d’importants travaux à la gare de Nexon (voir le chapitre « Les américains à Nexon ») mais il faut croire que ce ne fut pas suffisant pour les jours de foire puisqu’en 1930 M. DEBREGEAS a une nouvelle fois demandé au Conseil général d’aménager de nouveaux quais d’embarquement.

Conseil général 15 mai 1930

Il faut imaginer la descente vers la gare de centaines d’animaux, les jeunes veaux et les génisses liés à leur mère afin de les maitriser. Une fois les bêtes embarquées un certain nombre d’éleveurs et de marchands s’attablent dans les trois cafés-hôtel-restaurant du quartier de la gare. Dans le bourg les restaurants ne travaillent pas aux mêmes horaires. Une fois la vente conclue éleveurs et marchands se retrouve dans les restaurants situés autours du champ de foire et de la place de l’église pour un copieux casse-croute. Chaque restaurant à sa spécialité. Ainsi Mme QUINQUE qui ouvre son restaurant les jours de foire et pour les frairies prépare des pieds de cochons au vin rouge. Ils sont suivis d’un fromage et bien sur accompagné d’une bonne bouteille de vin. Les 3 salles sont combles et les marchands sortent leurs énormes portefeuilles remplis de billets et ceux-ci changent de main. Ceci terminé ceux qui ont vendus leurs bêtes descendent à la gare pour l’expédition. Ceux qui sont venus sans bêtes sont moins contraints par le temps. Ils déjeunent dans les restaurants plus éloignés du foirail. Certains ont payé un accordéoniste pour l’après midi et les valses et les bourrées se substituaient aux marchandages de la matinée. René REBIERRE, ancien maire de Nexon, dont les parents étaient marchands de vin près de la gare, me disait que le plus important des restaurant de la gare écoulait 400 litres de vin rouge et 200 litres de vin blanc chaque jour de foire. Et même si ces vins ne titraient le plus souvent que 9 ou 10 degrés d’alcool il a souvent vu des gens dormir dans le fossé autours de chez ses parents, sans parler des bagarres qui ne manquaient pas d’éclater entre groupes d’individus un peu trop enivrés.

Avec le développement de l’automobile les longues marches pour venir à la foire, puis pour descendre à la gare, ne vont plus se faire à pied mais dans des bétaillères. Au fil des années, et en l’absence d’espaces de stationnement, les voitures se garent sur les fossés, de chaque côté de la route jusqu’au pont de Biard. Je n’ai pas trouvé de photos prises à Nexon mais une carte postale de Pierre-Buffière qui montre les abords de la gare un jour de foire à la fin des années 1940 nous donne une idée de ce que cela pouvait donner à Nexon.

Les jours de foire tous les paysans ne venaient uniquement pour vendre leurs bêtes mais aussi pour acheter des outils et du matériel agricole. Leurs épouses, qui les accompagnaient, en profitaient pour acheter tissus, laines, ustensiles de cuisines… Les enfants qui n’avaient pas classe les jours de foire pour éviter un encombrement supplémentaire des routes, ouvraient de larges yeux en faisant le tour des différents étals et s’attardaient devant ces bazars où tout était à 100 sous puis 1 franc… C’était le prix qui se pratiquait lorsque, jeune écolier, j’allais faire un tour à la foire et j’achetais un roudoudou ou une cage à hanneton ! 

Tous ces marchands devaient s’acquitter d’un droit de place qu’ils payaient à l’adjudicataire qui avait emporté le marché pour l’année. Pour devenir adjudicataire il avait fallu payer les sommes suivantes :

Pour avoir une idée de ce que représente ces sommes, 3 000 francs en 1901 à le même pouvoir d’achat que 12 000 euros en 2021.

L’adjudicataire devait nettoyer les places à la fin de la foire, enlever les boues et immondices, combler les trous faits par les cochons …

Dès que l’éclairage électrique a été installé à Nexon, l’adjudicataire devait assurer un éclairage suffisant des bancs dès la veille.

Des années 1880 jusqu’en 1924 l’adjudicataire encaissait le prix des droits qui variaient de 50 centimes à 1 franc pour une longueur de 2 mètres en fonction de l’endroit où les bancs se trouvaient. En 1924 les tarifs ont augmenté de 50% et le banc de 2 mètres de longueur sur un mètre de largeur est passé à 1,50 franc.

En 1909 le Conseil municipal a été amené à faire payer les jardiniers qui ne prenaient pas de banc et vendaient leurs fruits et légumes depuis leur cariole.

A partir du 1er janvier 1921 le conseil municipal décide de faire payer un droit d’entrée pour les animaux les jours de foire. Du 1er janvier 1921 au 31 décembre 1924 les prix étaient les suivants :

Droits d’entrée sur le foirail à Nexon pour les animaux du 1er janvier 1921 au 31 décembre 1924

En théorie les négociations entre marchands et éleveurs ne pouvaient commencer qu’à partir d’une heure fixée par arrêté municipal. Celle-ci n’a cessé de changer et a varié entre 5H00 et 8H00 du matin, jusqu’à totalement disparaitre à certaines périodes, comme en 1936. En 1939 l’heure d’ouverture des foires est rétablie et fixée à 6 heures l’été et 7 heures l’hiver. L’indiscipline des marchands et des éleveurs était notoire, certains négociant les prix avant l’entrée du bourg.

3- Le lent déclin des foires

Dès la fin de la deuxième guerre mondiale les foires retrouvent toute leur activité. Ainsi le vendredi 16 janvier 1947 plus de 1.200 bêtes à cornes et 300 porcs de toutes tailles se trouvaient rassemblés. A 8 heures la vente « à vue » commence et les courtiers venus de Saint-Etienne, de Perpignan et de la région niçoise après avoir estimé d’un regard le poids exact de la bête à quelques kilos près, font une offre sur une base convenue entre eux. Les marchés sont conclus rapidement. Les liasses de billets passent de mains en mains, puis les bêtes dûment marquées sont acheminées vers la gare. Les porcs ont également attire de nombreux acheteurs. Mais une fois le marché conclu les porcs, truies et porcelets quittent Nexon par camions vers leurs destinations dernières.

Le Populaire samedi 18 janvier 1947

Mais Nexon ne retrouvera plus de telles foires. La campagne change avec un exode rural qui s’accélère. Les campagnes perdent leurs habitants au profit des grandes agglomérations. Au même moment les structures agricoles se bouleversent. La mécanisation conduit les agriculteurs à accroitre la surface de leurs exploitations. Les métairies disparaissent rapidement. Les marchés agricoles se modifient, les agriculteurs qui se sont de plus en plus spécialisés livrent en grande quantité directement aux coopératives ou aux marchands. 

Pendant les années 1960-1970 les ventes de bovins atteignent rarement les 500 têtes et sont plus proches des 250-300. Il faut dire que les ventes s’effectuent de plus en plus directement à la ferme et les animaux partent en camions vers leurs lieux de destination. La gare perd une partie de son activité marchandise, les cafés et restaurants ne connaissent plus les salles combles et le brouhaha qui s’amplifiait avec l’heure qui avançait et les bouteilles qui se vidaient.

En 1976 le maire de Nexon est interrogé par un journaliste sur l’avenir des foires. Sa réponse a été publiée dans le bulletin municipal :

BMI n° 92 1er trimestre 1976

En effet à Saint Yrieix les problèmes d’encombrement et les contraintes sanitaires incitent la municipalité à construire un marché couvert, au lieu-dit « Bourdelas », afin d’offrir aux différents acteurs de meilleurs conditions. Le marché aux bestiaux ouvre ses portes le 24 octobre 1980, entrainant de ce fait la fin des foires à Nexon. Pour l’anecdote René REBIERE qui était maire à cette époque rappelle que le maire de Saint Yrieix n’était pas favorable à ce marché malgré les incitations des représentants de l’Etat. Le maire de Nexon fait savoir que sa commune est prête à accueillir ce marché. Ceci a suffit pour que son collègue arédien change d’avis !

BMI n° 111 décembre 1980

4- Le champ de foire jusqu’en 1950

Avant la Révolution de 1789 NEXON est un bourg groupé autour de son église. C’est autours devant  cette église  que se tenait, chaque année en septembre, une foire-fête importante en l’honneur de son patron St-Ferréol.

Les foires trouvèrent un nouveau lieu pour s’installer lorsqu’ à la fin de 1817, le vieux cimetière qui était en plein milieu du bourg, à la place de l’actuelle place de la République, a été déplacé pour des raisons d’hygiène vers l’extérieur en dehors du bourg, à la place qu’il occupe actuellement. La commune de Nexon n’eut rien à débourser comme prix du terrain. L’emplacement du cimetière actuel fut échangé par Gabriel Tarade, arpenteur du bourg, contre une parcelle de l’ancien. Celui-ci fut immédiatement transformé en place publique ou champ de foire, destination qu’il a conservée jusqu’à la fin du XXe siècle.

Mais la place libérée par le cimetière n’a pas toujours été totalement vide. La mairie y a été construite et les foires se déroulèrent sur l’actuelle place de la République mais aussi sur l’actuelle place Annie Fratellini. Plusieurs cartes postales d’avant la guerre de 1914-1918 lui donnaient le nom de place du champ de foire ou place du petit marché.

Sur la carte suivante on remarque deux choses intéressantes : cerclée de jaune l’ancienne mairie et le grand nombre de soldats. Ce sont des soldats américains arrivés à Nexon en 1918 où ils vont rester entre 2 et 3 mois pour s’entrainer avant de partir au camp de La Courtine puis au front.

Cerclée de jaune, l’ancienne mairie.

En observant bien on remarque un panneau de basket. Ce jeux était alors inconnu en France et ce sont ces jeunes soldats qui l’ont fait connaitre. Après leur départ il n’y a pas eu d’équipe de créée à Nexon mais à Limoges le basket est né grâce à ces jeunes soldats.

Mais le plus grand nombre de cartes postales intitulées « place du champ de foire » représentent tout ou partie de l’actuelle place de la République. Cependant on note un certain manque de rigueur chez les éditeurs car la place du champ de foire est aussi appelée « Place du Petit marché ». Il faut dire qu’à l’époque ou ont été éditée ces cartes postales il n’y avait de plaques indiquant le nom des places.

la carte de gauche avec un timbre de 5centimes à la Semeuse sur fond vert a été postée le 4 juillet 1909; celle de droit avec un timbre à 10 centimes à la semeuse sur fond orange a été postée le 3 aout 1913. Entre les deux date les tarifs n’ont pas augmenté mais la première est timbrée à 5c. car elle compte moins de 5 mots. ce tarif spécial a disparu en 1910, de ce fait la seconde doit payer le tarif normal qui est de 10c. Au fond à gauche on distingue l’hôtel du champ de foire et à droite, au premier plan, l’hôtel de la poste.

Les deux cartes suivantes représentent pratiquement la même vue. La première postée en septembre 1906 est timbrée à 5c. car elle comporte que la signature de l’expéditeur. Celle de droite est postée le 28 mai 1909 avec un timbre à 10 c. car l’expéditeur a écrit un texte de plusieurs lignes.

la carte suivante est toujours prise sous le même angle mais elle est plus récente car on constate que des trottoirs ont été construits. Sur cette partie du champ de foire il n’y a qu’un seul restaurant, à gauche, à l’angle de l’immeuble.

Carte postale de la collection du Dr ROBERT aux Archives Départementale de la Haute-Vienne

C’est une toute petite partie du champ de foire que l’on voit ici mais les jours de foire les bêtes occupaient toute la rue.

Après la la fin de la guerre de 1914-1918, la vieille mairie a été démolie et le monument aux morts a été érigé.

Les cartes postales précédentes ont toutes représenté le champ de foire sans bétail. mais il existe plusieurs belles cartes et photos qui montrent l’importance des foires de nexon dans la première partie du XXe siècle puis leur déclin progressif conduisant à la disparition du champ de foire, à la fois physiquement mais aussi symboliquement car maintenent aucune place ne porte ce nom.

Cette carte postale éditée par PRUNET qui était épicier à Nexon, date des années 1910. Elle a connu de nombreuses réédition de couleur différente (sépia) par des éditeurs différents. On voit a gauche le coin de l’ancienne mairie démolie en 1920 pour installer le monument aux morts. Sur cette carte postale où l’on peut compter plus de 100 bovins ont remarque peu de femmes. Il y en a quatre à droite dont deux portent une ombrelle et on aperçoit, à l’extrême droite une ombrelle dont on peu penser qu’elle est tenue par une femme. Les hommes ont tous la tête couverte ; La majorité d’entre eux porte un canotier, quelques un ont un feutre noir et d’autres, essentiellement des jeunes sont coiffés d’une casquette. Presque tous sont vêtus d’une longue blouse bleu foncé, parfois noire et quelques-uns sont en costume. Les bêtes sont tenues à la main toute la matinée. Ce n’est qu’après la guerre de 1939-1945 qu’elles seront attachées aux barres du foirail.

Postée le 4 septembre 1909

C’est la même vue que celle de la carte précédente mais à une saison différente mais sans doute la même année. Il fait moins chaud car les canotiers ont presque tous disparus. On remarque moins de femmes et les deux que l’on voit au premier plan à droite son tête nue et elles s’intéressent au bétail, l’une d’elle tâtant la croupe d’un veau.  

La vue suivante est plus récente. La vieille mairie a été démolie et transférée dans le bâtiment d’à coté. Nous sommes maintenant dans les années 1930, à la belle saison avec les hommes en canotiers. Dans le coin droit en bas on aperçoit un bout de tente. Elle est très visible sur la carte suivante, prise sans doute le même jour avec un plan plus large. Elle a été postée le 18 aout 1939 et elle est timbrée à 70 centimes. Trente ans auparavant le timbre coutait 10 centimes voire 5 pour moins de 5 mots !

Les bancs sont protégés du soleil par une toile. On distingue plusieurs bancs avec des meubles et des tissus tenus par des femmes.

Cette carte postale est prise devant l’ancienne mairie. Il y a moins de monde que sur les photos précédentes. Les canotiers sont rares et on ne voit pas d’ombrelles. Presque tous ont une canne, soit un simple bâton de châtaigner soit une canne en rotin dite « canne de marchand ». Sa poignée est très coudée pour que la canne puisse être coincée autour du bras, afin de laisser les mains libres pendant la négociation. La tige va en s’amincissant puis reprend sa taille d’origine ce qui lui donne de la souplesse et un « effet de fouet », utile pour faire tourner ou avancer les bêtes.

Un assemblage de deux photos photos prises un peu avant 1914 montre l’importance des foires de Nexon.

En prenant chaque photo des détails intéressants apparaissent.

Sur ce cliché tiré de la partie gauche, on remarque la terrasse devant le bâtiment qui n’est pas encore la mairie mais l’école. C’est cette terrasse que la communauté de commune a voulue rétablir pour redonner au bâtiment sa forme originelle. Mais aujourd’hui la minéralisation des espaces l’emporte souvent sur la végétalisation, un peu en contradiction avec le changement climatique qui exigerait pour limiter ses effets qu’il y ait plus de végétaux dans nos villes… Il y a peu de feuillages sur les arbustes et peu de canotiers sur les têtes ce qui me donne à penser que la photo est prise au printemps.

La partie droite, fortement agrandie, permet de distinguer plusieurs femmes en habit traditionnel. La blancheur de leur coiffe est visible au milieu  de la photo et sur la partie droite deux points blancs parrallèles à la rue qu’on ne distigue plus cachée par le bétail. Au fond, remontant sur le trottoir de la rue Pasteur devant la boulangerie puis la pharmacie et tourne à gauche et remonte la rue Champlain en passant devant le café de la poste et la charcutrie.

A côté des places situées autours de la mairie et sur lesquelles se déroulaient les marchés des bovins d’autres marchés étaient organisés place de l’église. Devant l’entrée du château c’était le marché des porcs. Loa carte postale ci-dessous nous fait découvrir un autre public que celui rencontré sur le marché des bovins.

Des jeunes enfants, garçons et filles, des jeunes femmes en robe, des femmes plus âgées en habits traditionnel et le barbichet d’un blanc éclatant côtoient des jeunes gens et des adultes en blouses bleues ou noires et chapeaux noirs discutent autours de petits groupes de cochons qui fouillent le sol.

Devant l’église se tenait le marché des volailles, mais je n’ai pas trouvé de photo sinon une carte postale avec la bascule en premier plan.

5- Le champ de foire à partir de 1950

Le 25 juin 1950 le conseil municipal décide de déplacer le monument aux morts à côté du cimetière. La place, maintenant totalement libérée, est aménagée en champ de foire avec une série de barres auxquelles seront attachés les animaux.

Il y a peu de monde pour cette foire. On remarque les moutons contre le mur de la maison qui, à l’époque, était celle de M. André LONGEQUEUE, pharmacien et conseiller municipal. Son frère Louis LONGEQUEUE était pharmacien comme lui et maire de Limoges. Une bétaillère et un combi VW sont garés à côté des moutons. Le quai d’embarquement, construit contre le mur en 1922, commence à hauteur de l’avant du combi VW. Les taureaux ne sont pas attachée aux barres et se trouvent dans un espace clos, plus bas.

On voit sur la photo ci-dessous, prise à la foire d’avril 1963, un éleveur qui tient son taureau de la main gauche et sa canne de la main droite.

Avril 1963
Un concours en 1968

Le Populaire publiait le 21 mars 1975 une photographie de la foire sous la neige. Mon père qui s’y trouvait a été saisi par l’objectif du photographe ! On remarque, en haut de la place, des tracteurs. Il est loin le temps ou les éleveurs venaient à pied…

Le Populaire 21 mars 1976

Ce jour d’avril 1984 il n’y a pas de foire et les voitures occupent l’espace laissé libre par les animaux.

Quand il n’y eu plus de foire à Nexon, un foirail n’était plus justifié. Durant les années 1984 et 1985 la place du champ de foire va être réaménagée. La commune n’a pas obtenu de subvention du département pour cette opération et la région a accordé une petite aide pour utiliser du granit limousin.

En mai 2016 j’ai pris quelques photos de l’ancien champ de foire où la verdure se mariait bien avec la couleur rosée du granit sous ce ciel tourmenté.

En 2020 dans le cadre d’un réaménagement complet du centre bourg l’ancien champ de foire a pris un nouveau visage l’éloignant de ce qui avait été un moteur important de l’activité nexonnaise pour passer a celui qui depuis plusieurs dizaines d’années fait connaitre nexon dans toute la France : le cirque. Pour justifier le choix de la nouvelle conception le maire déclarait à la presse « Il y a une forte identité spectacle à Nexon avec le Sirque, d’où l’idée de ce théâtre extérieur ».

Les bovins partis, les automobiles les remplacent et pour lutter contre le réchauffement climatique une voiture électrique est à la disposition des nexonnais et des visiteurs.

Le Populaire 17 mai 2021

6- Quelques cartes postales des foires de Limoges avant 1914.

On pense souvent que les foires n’existent qu’à la campagne mais on oublie que depuis le Moyen Age de grandes Foires existaient dans les plus grandes villes françaises. Et à Limoges tout le monde connait les deux grandes foires, la foire de la saint Loup le 22 mai, créée en l’honneur de Loup évêque de Limoges, connue depuis le XIVe siècle et la foire des Innocents le 28 décembre, créée en 1566 par un édit de Charles IX. On connait moins les foires aux animaux qui se déroulaient sur le champ de foire, aujourd’hui parking W. Churchill. Quelques cartes postales permettent de ne pas oublier ces moments.

Sur la carte postale de gauche postée le 21 novembre 1904 et sur celle de droite postée le 9 juillet 1905, les éleveurs sont vêtus de la même manière que ceux de Nexon.

A côté des bovins il y avait la foire aux cochons. Sur la carte de droite on voit un langueyeur à l’ouvrage. Cette personne avait pour tâche de détecter la ladrerie chez le porc vivant destiné à la vente. Il s’agit d’une maladie parasitaire provoquée par la présence dans les muscles de l’animal de cysticerques, formes larvaires de certains ténias. Chez l’homme, ce parasite est le ver solitaire. Cette maladie était très fréquente autrefois du fait du manque d’hygiène et d’une cuisson pas assez élevée de la viande et se transmettait de l’animal à l’homme et réciproquement. C’est à cause de ce danger que les religions juive et musulmane auraient interdit la consommation de viande de porc. Après la Première Guerre mondiale la présence des langueyeurs se fit plus rare car les contrôles sanitaires de la viande de boucherie par des vétérinaires devinrent systématiques, que l’hygiène et la salubrité publique se firent des progrès dans le monde rural et que la cuisson de la viande de porc à une température élevée s’imposa. Et petit à petit on n’entendit plus parler d’un enfant qui aurait le vers solitaire…

Pour clore cette escapade vers les foires à Limoges, une foire aux ânes, non pas sur le champ de foire mais sur le champ de juillet. Il n’y en avait pas à Nexon bien que l’âne soit utilisé pour tracter une cariole mais pour cela le cheval était largement préféré.

Carte postée le 4 décembre 1908

Pour conclure je cite un passage de G-A COISSAC (1868-1946), spécialiste du cinéma français entre les deux guerres et amoureux de son Limousin natal auquel il a consacré un ouvrage : « La foire, c’est la faiblesse du paysan limousin ; il les connait toutes à 40 ou 50 kilomètres à la ronde : la foire des « nourrains » (petits cochons), des porcs gras, des moutons et brebis, des chèvres, des ânes, des chevaux, des bœufs ou des vaches, etc. Il y court par entraînement, sans raison, ou mieux il trouve sans cesse des raisons de s’y rendre, les plus futiles motifs l’y engagent : une paire de souliers à acheter, par exemple, alors qu’il a le cordonnier à sa porte. Il se plantera devant le charlatan, le marchand de drogues, d’onguent et d’orviétan, écoutera la musique et admirera les jongleries, etc. Bref, il ira à la foire… pour aller à la foire. N’est-ce pas une occasion d’aller boire chopine (lou miequart) et de manger une de ces bonnes tartes de Chamboulive, dont la renommée a franchi les limites de la Corrèze ! »

C’est ce que constatait le Conseil municipal de Nexon lorsque le 19 mai 1865 il a protesté contre l’établissement d’un marché tous les 5 jours à Séreilhac car l’agriculture en souffre, les cultivateurs abandonnant leurs travaux pour courir les foires et marchés.

« Le jour de foire, tous les sentiers du ‘village sont encombrés de bonne heure ; la grand’route est débordée : chars de foin et de bois, troupeaux de brebis, établée de porcs, vaches et veaux, voitures et piétons, vieux et jeunes, tout cela court, crie, se heurte, se croise, se presse, et s’engouffre vers le champ de foire. La route est comme un fleuve qui charrie la campagne toute vivante. »

 Georges Michel COISSAC « Mon Limousin » Paris 1913 – page 238.

Contestation entre deux voisins pour des arbres abattus en 1796. Un beau document pour l’arbitrage.

C’est un beau document datant du 7 vendémiaire an 5 de la république (28 septembre 1796) que j’ai découvert aux archives départementales. Il s’agit d’un arbitrage entre deux voisins, LEBRUN et CANTILLON, l’un ayant abattu des arbres que l’autre considère comme étant sur son terrain.

Les arbres se trouvent dans le bois de La Fayanne. Ce bois a sans doute disparu aujourd’hui, il était situé près du ruisseau de la Grave, entre le Brouillet et Grand Village.

Les partis ont demandé un arbitrage. C’est une forme de règlement d’un litige qui ne passe pas par un juge mais par un arbitre choisi par les deux partis et dont la décision est sans appel. Le juge arbitre est M. MOULHAC.

Pour rendre sa décision il a établi un plan précis du terrain avec chaque souche. Mais en 1796 il n’y a pas de cadastre aussi faut-il faire des calculs pour savoir où passent les limites. C’est ce que fait M. MOULHAC. Il trace plusieurs triangles et quadrilatères afin de déterminer les limites précises de la propriété de chacun.

Les mesures utilisées sont celles de l’ancien système. En effet système métrique décimal a été adopté par le décret du 18 germinal an III (7 avril 1795) « relatif aux poids et mesures » . Ce décret supprime et interdit toute autre unité de mesure et la loi du 19 frimaire an VIII (10 décembre 1799) prévoit la diffusion de cette unité de mesure au moyen d’étalons calqués sur un mètre de référence, l’étalon mètre en platine conservé au Pavillon de Breteuil.

La mesure agraire utilisée était la sétérée. Une sétérée était obtenue en multipliant les longueurs mesurées en perches. Les sétérées étaient construites avec un nombre variable de perches carrées, les plus fréquentes étant les sétérées de 324 perches, un carré de 18 perches sur 18, de 400 perches (20 x 20), de 576 perches (24 x 24) ou de 900 perches (30 x 30).

la toise était l’ancienne mesure de longueur qui valait 1,949 m. Elle se subdivisait en 6 pieds, 72 pouces, 864 lignes et 10 368 points.

M. MOULHAC trace une ligne entre deux points M et N, du prés de la Grave à celui de Bataille comme points incontestables.

A partir de là il calcule la surface des différents triangles mais j’ai du mal a trouver les mêmes chiffres que lui!

Sa conclusion est que les arbres abattus ne sont pas sur la partie du terrain qui est contestée.

Il reste à régler les honoraires : « Reçu pour les honoraires de mon transport, celui du plan géométrique et remise de mon procès-verbal la somme de cent soixante-huit livres. »

Ce documents nous montre que les conflits de limite de propriété ne sont pas nouveaux, que celui-ci s’est réglé par l’arbitrage, une forme de règlement des conflits qui est rarement appliquée aujourd’hui ailleurs que dans le commerce international et sans doute que l’expert a effectue des calculs que ses clients n’étaient pas capables de contester. En tout c’est un beau documents et c’est pour cela que j’ai choisi de le publier sur mon blog.

Reconnaissez vous cette ferme ? C’est trouvé !

Une famille belge est venue à Nexon cet été et a cherché à retrouver une ferme où leurs parents avaient séjourné en juin 1940 comme réfugiés. Ils n’avaient qu’une photo et un lieur Nexon.

Le secrétariat de la mairie n’a pas pu les renseigner et les a aiguillés vers ce blog.

Je vous montre la photo en espérant que quelqu’un reconnaîtra la ferme ou l’une des personne présente sur la photo.

Merci.

Ça y est, la ferme est reconnue !

Grace à M. DELIAT, président de l’Amicale des aînés, la ferme a été identifiée. Elle est située au Mas Pataud à Janailhac. Monsieur René GIBAUD s’est reconnu sur la photo où figurent ses parents et son oncle. Ils étaient métayers sur la ferme de M. BOUTAUD-LACOMBE où ils sont restés jusqu’au début des années 1960.

En Juillet 1940, Denise PIRAUX épouse ELIS  avait quitté la Belgique envahie pour se réfugier en France avec sa fille Marie-Louise ELIS, Clarisse LUSIAUX et René LUSIAUX âgé alors de onze ans. C’est Geneviève LUSIAUX, la nièce de René LUSIAUX, qui de passage à Nexon en août dernier espérait voir la ferme où sa famille avait séjourné lors de l’exode de juillet 1940.

La ferme a été vendue à la fin des années 1960. La tempête de 1999 a détruit la toiture. Le propriétaire ne l’a pas faite réparer. La végétation a envahi les murs qui s’effondrent.

La ferme en septembre 2018