La décision de créer une ligne de chemin de fer entre Limoges et Agen passant par Nexon et Périgueux a été prise par décret impérial le 21 avril 1853. Elle est considérée comme prolongement de Paris – Limoges vers Périgueux et Agen, puis ultérieurement les Pyrénées et s’inscrit dans la politique de Napoléon III de développer l’économie par une politique de grands travaux, confiés à l’initiative privée.
Le premier train est arrivé à Limoges le 2 juin 1856, c’était un train de marchandises, les voyageurs arriveront 2 semaines plus tard. Il était logique de poursuivre la ligne vers le Sud. La concession a été accordée à la Compagnie du chemin de fer Grand-Central de France. Ce choix résultait de la volonté de fractionner le réseau en plusieurs compagnies pour éviter qu’elles deviennent plus puissantes que l’Etat. Mais très vite la Grand-Central connaît des difficultés financières qui conduisent à sa dissolution. La concession est alors transférée à la Compagnie du chemin de fer de Paris à Orléans le 19 juin 1857.
Les travaux, commencent en 1856 mais le tracé n’est pas encore définitif. A Nexon la compagnie exproprie les terrains au cours de l’années 1859. On évite les villages et le tracé de la ligne ne doit pas comporter de pentes trop importantes et pour cela elle va contourner Nexon comme on le voit sur le plan cadastral de 1817.
Les expropriations ont touchés des centaines de propriétaires, le plus souvent pour des parcelles de quelques dizaines d’ares et rarement de plus d’un hectare. Le journal « Le 20 décembre » publie dans son numéro du 6 octobre 1859 la liste des parcelles expropriées sur la commune de Nexon.
La manchette du journal du 6 octobre 1859 comporte deux encadrés , surlignés en jaune, avec les heures de départ et d’arrivée des trains pour Paris. Les trois trains qui partent de Limoges pour Paris sont à 7 heures, 11h.40 et 4h. 40 le soir.
On note ici qu’une terre de plus de 2 hectares est expropriées à M. Jean DUCOUILLAC. Au total ce sont plus de 5 hectares qui lui sont expropriés. On peut également noter que l’une de ses terres se nomme ‘de la vigne », nom que l’on retrouve plusieurs fois, ce qui montre qu’il y a eu des vignes à Nexon. Toutes les parcelles expropriées sont des terres, des prés, des châtaigneraies et parfois des pâturages ou des vergers.
Une enquête publique est ouverte du 1er au 9 mai 1860 sur l’emplacement des gares de Nexon, Saint-Hilaire-Lastours ( cette commune est devenue Saint-Hilaire-les-Places par le décret du 27 mars 1905) et Bussière-Galant.
Il n’a pas toujours été nécessaire d’exproprier les propriétaires, des acquisitions ont également eu lieu. Elles ont pris du temps puisque la liste en a été publiée dans Le Courrier du Centre du 19 fevrier 1861 avec le nom, la nature des parcelles, leur surface et le prix payé. Incontestablement ils sont moins nombreux que ceux qui ont été expropriés. A Nexon seul M. DECOULAC, meunier au moulin de l’Etang, devenu étang Barlet a vendu une parcelle mais a été exproprié pour une plus grande superficie.
Au mois de mai 1861 la ligne Limoges – Périgueux est terminée. Le 13 mai 1861, un train avec les ingénieurs de la Compagnie Paris Orléans effectue un premier voyage de Périgueux à Limoges sans encombre.
Le 22 aout le journal annonce l’ouverture de la ligne Limoges – Périgueux pour le lundi 26 aout et donne les horaires pour chacune des gares du parcours. On constate que le train met 40 mn pour aller à Limoges en effectuant un arrêt à Beynac. Cette gare n’était pas prévue à l’origine du projet mais le Conseil général, dans sa séance du 28 aout 1858 a souhaité que la ligne ait un arrêt proche d’Aixe sur Vienne :
La logique de la proximité l’a emporté sur celle de la vitesse, ce qui ce comprend pour cette époque. le trajet de Périgueux à Limoges s’effectue en 3h.22 ce qui la première marche dans l’accélération de la vitesse des déplacements dans le monde.
Le lundi 26 aout, jour d’ouvrir de la ligne entre Limoges et Périgueux il n’y a pas d’article dans la presse mais la manchette du Courrier du Centre ajoute aux horaires des trains pour Paris ceux des deux trains pour Périgueux.
Le journal rendra compte de cette ouverture dans son édition du 28 aout en décrivant en détail le parcours de Limoges à Périgueux.
Le Courrier du Centre 28 aout 1861
Très vite l’impact de la gare va se faire sentir. Pour les courses de Périgueux du 1er septembre la compagnie PO met en place un train spécial au départ de Limoges avec arrêt à toutes les gares, quelques jours plus tard une importante vente de chevaux a lieu à Nexon…
Le Courrier du centre 30 aout 1861Le Courrier du centre 7 sept. 1861
… et à Saint Yrieix on se plaint de manquer de déserte et en attendant le train la ville souhaite un accroissement des transports par route…
Le Courrier du centre 21 septembre 1861
La gare va progressivement devenir un quartier vivant de Nexon. Les employés de la compagnie et leur famille formeront un groupe d’une trentaine de personnes, les voyageurs entraineront l’ouverture d’un hôtel puis un deuxième jusqu’à trois après la guerre de 1914 – 1918. La construction de la ligne vers Brive va favoriser le commerce vers Saint Yrieix… Toute la commune va profiter des activités engendrées par la gare et la population de Nexon va régulièrement augmenter jusqu’à la Première Guerre Mondiale passant de 2 648 habitants en 1866, à 2954 en 1881 et 3 135 en 1911.
Le hasard des recherches de cartes postales m’a permis de trouver une carte postale originale. Le recto ne m’intéressait pas particulièrement car je possédais déjà cette carte mais je lis toujours le verso car les textes révèlent la vie courante de ceux qui écrivent.
Cette carte a été envoyée de Nexon le 22 novembre 1914 par un militaire qui vient d’y arriver. Il participe au rassemblement et à l’expédition de bétail pour les soldats qui sont au front.
Le soldat est arrivé à Nexon après des marches et des contremarches mais il ne se plaint pas car il voit du pays et il est bien nourri et logé chez des gens très gentils. Il est affecté au parc de regroupement du bétail qui est chargé d’expédier les bêtes au parc général à Meung sur Loire qui était rattaché à la Station Magasin des Aubrais.
Quand on parle de la guerre on pense surtout aux combattants mais on oublie souvent ceux qui les font vivre, les services du ravitaillement. Au moment de la déclaration de la guerre, le 3 septembre 1914, il y avait 880 000 hommes dans les casernes , ceux des classes 1911, 1912 et 1913 qui sont nés entre 1891 et 1893. Entre le 2 et le 7 août, 2 200 000 hommes de la réserve sont appelés, ceux des classes 1900 à 1910 qui sont nés entre 1880 et 1890 et avaient donc de 24 à 34 ans. A partir du 14 août, sont appelés les 700 000 hommes des troupes territoriales, ceux des classes 1893 à 1899, nés entre 1873 et 1879 et donc âgés de 35 à 41 ans. A partir du 16 août il a fallu ajouter la réserve de la territoriale formée des classes 1887 à 1892 ainsi que les 71 000 engagés volontaires qui avaient devancé l’appel. Il y eu rapidement plus de 3 millions de militaires à nourrir…
Chaque armée doit fournir 300 000 rations chaque jour. Pour cela ce sont 500 à 600 bœufs ou vaches qui, tous les jours, partent pour le front. Une fois par semaine, on donnait aux soldats de la viande de porc. Pour ce jour-là, 1.000 à 1.500 porcs vivants étaient expédiés aux abattoirs de l’armée….
Des plans étaient prévus puisque depuis la défaite de 1870 qui s’est traduite par la perte de l’Alsace et la Moselle par le traité du 10 mai 1871, tous les efforts étaient organisés en vue de leur reconquête. Et bien sur le ravitaillement n’était pas oublié. Chaque corps d’armée dispose d’une sous-intendance spéciale comprenant 3 officiers et 6 secrétaires, chargée du ravitaillement en viande fraîche. Le corps d’armée dispose également d’un parc de bétail conduit et administré par 7 officiers et 125 hommes. Ils sont dotés de 16 automobiles pour amener la viande au front… Et s’il fallait des bouchers il fallait également des boulangers, des cuisiniers …
Cette carte postale me permet d’approfondir le ravitaillement en viande fraiche des militaires pendant la guerre de 1914 – 1918
L’Instruction sur l’alimentation et le ravitaillement en viande des troupes en campagne du 18 mars 1901 mise à jour plusieurs fois jusqu’au 1er août 1915 permet de se faire une idée de cette organisation .
Art. 1er. Toutes les fois que cela est possible, on distribue aux troupes de la viande fraîche ; à défaut de viande fraîche, on distribue de la viande de conserve.
La viande fraîche est fournie d’abord par l’exploitation des ressources locales (1) des pays traversés par les troupes : ces ressources servent à assurer les distributions ainsi qu’à organiser et à entretenir des troupeaux marchant à la suite des troupes (troupeaux de ravitaillement, parcs de bétail de corps d’armée).
A défaut de ressources dans les pays traversés par les troupes, le bétail est envoyé de l’arrière par le service des étapes qui se le procure soit au moyen des ressources de la zone d’étapes si elles sont suffisantes, soit, dans le cas contraire, en le demandant aux stations-magasins.
Les stations-magasins sont alimentées en bétail par le service territorial du ravitaillement qui fournit le bétail nécessaire à la formation de troupeaux d’approvisionnement (entrepôts de stations-magasins, parcs de groupement).
Si les troupes ont dû consommer de la viande de conserve ou si l’envoi de bétail par l’arrière est impossible, les stations magasins expédient de la viande de conserve dont un approvisionnement, constitué dès le temps de paix dans chaque station-magasin, est entretenu par des envois de l’intérieur.
Un troupeau de ravitaillement est affecté à chacune des grandes fractions du corps d’armée (divisions, éléments non endivisionnés), sous la direction immédiate des sous-intendants de ces unités.
Lorsque les ressources de la zone immédiate seront épuisées ou avant ce moment si les circonstances l’exigent (art. 33), le bétail nécessaire sera tiré de zones réservées plus en arrière le long de la ligne de communication qui dessert la station magasin. Dans chacune de ces zones (art. 24), est prévu (sur la ligne de communication et ses embranchements), un parc de groupement de bétail.
Qu’il s’agisse de l’approvisionnement de l’entrepôt ou du parc de groupement, le bétail est rassemblé dans un ou plusieurs centres de réception d’où il est dirigé par voie de terre sur l’entrepôt de la station-magasin ou le parc de groupement (2e échelon) par les soins d’une ou plusieurs commissions de réception, fonctionnant conformément aux instructions en vigueur pour l’exploitation méthodique des ressources du territoire national par le service du ravitaillement.
Quelques cartes postales illustre cet aspect de la guerre dont on ne parle pas souvent !
Parc de ravitaillement à AutunLes vaches ont remplacé les chevaux sur l’hippodrome de Longchamp
C’est sans doute ce qui se passait à Nexon. le bétail qui était rassemblé dans le parc de groupement était conduit à la gare pour être embarqué vers Orléans et se rendait ensuite à Meung sur Loire par la route.
Le parcours sur la route était organisé dans les moindres détails. L’instruction prévoit que les ouvriers préposés à la garde et à l’entretien des bestiaux prennent le nom de bouviers ou de toucheurs. Leur nombre varie selon le nombre des animaux et la nature du terrain qui, suivant qu’il est plus ou moins accidenté, augmente ou diminue les difficultés de la surveillance. En thèse générale, on admet qu’il faut en moyenne : en station, 3 à 4 toucheurs et 1 surveillant (caporal, autant que possible) pour 100 bêtes ; en marche, 6 à 8 toucheurs et 1 surveillant par 100 bêtes. Les toucheurs sont chargés des soins de propreté, de la conduite et de la garde des troupeaux au pâturage ou à l’abreuvage, de la distribution des fourrages, de la nourriture sur place quand il y a lieu, de la surveillance en marche ; enfin de tout ce qui a trait à la conduite et à l’entretien des animaux.
Pour conduire les troupeaux au pâturage ou à l’abreuvage, on les divise en groupes de 60 à 80 bêtes au plus, que l’on confie à un surveillant ayant sous ses ordres le nombre de toucheurs nécessaire, à raison de 2 toucheurs pour 30 à 40 bêtes. Chaque groupe est compté à la sortie et à la rentrée. On munit les toucheurs d’aiguillons. Chaque animal est pourvu de sa longe.
Marche des troupeaux.
Les troupeaux doivent avoir été examinés le matin du départ ou la veille au soir par le vétérinaire qui désigne les bêtes qui ne peuvent pas suivre et doivent être laissées sur place, confiées aux autorités locales contre reçu.
Les bœufs (ou vaches) peuvent faire 30 kilomètres par jour, à raison de 4 kilomètres à l’heure, mais à la condition qu’on ne presse pas leur marche, qu’on puisse les abreuver plusieurs fois et qu’on fasse des haltes de temps en temps (toutes les trois heures si possible). A moins de nécessité absolue, on évite de faire marcher les animaux pendant les heures de forte chaleur. On les fait marcher de préférence le matin et le soir.
Les haltes ont lieu, autant que possible, dans des endroits qui offrent aux bestiaux de l’eau potable, des pâturages et un abri contre le soleil ou le mauvais temps.
A l’arrivée à l’étape, le troupeau est de nouveau réuni. On cherche à se procurer des étables, hangars et à défaut un emplacement quelconque entouré de clôtures. S’il n’en existe pas, on y supplée en choisissant le campement le plus convenable et on y fait veiller les toucheurs à tour de rôle. Le service de surveillance de nuit doit être fortement organisé.
Des instructions ont été données pour que les toucheurs ne frappent ni ne piquent les bêtes ce qui fait perdre de la qualité à la viande.
Interdiction d’utiliser des moyens violents dans la conduite et le gardiennage du bétail
le Miroir n°45 – 4 octobre 1914
Si un des lecteurs a des informations sur ce parc de regroupement de bétail il peut me le signaler par un commentaire.
M. et Mme CAUQUIL ayant acheté le garage attenant à l’ancien café de la poste pour le transformer en cabinet d’infirmière commencèrent à y réaliser des travaux au mois de novembre 2021. Après quelques coups de pioche pour refaire le sol des ossements apparaissent. M. CAUQUIL pense qu’il s’agit d’animaux qui auraient été enterrés par les vétérinaires. Mais l’œil d’une infirmière ne pouvait pas confondre des os d’animaux avec des os humains. Quand un fémur fut déterré il ne pouvait plus y avoir de doutes , il s’agissait bien d’ossements humains.
Ossements trouvés par Mme Cauquil
Le reflexe de Mme CAUQUIL a été de prévenir la gendarmerie de cette découverte. Les recherches ont consisté à savoir s’il n’y avait pas une disparition, un meurtre non élucidé à Nexon dans le passé.
Les gendarmes ont immédiatement déposés des scellés sur la porte de local interdisant toute entrée jusqu’à l’élucidation de l’origine des ces ossements.
Scellé posé par la gendarmerie
Ayant appris qu’il y avait eu un ancien cimetière dans cette zone, l’adjudant chargé de l’enquête à la gendarmerie de Saint Yrieix m’a contacté afin que je lui communique les documents relatifs à ce cimetière.
Après quelques semaines de recherches la gendarmerie a conclu que les ossements provenaient bien de l’ancien cimetière. Les scellés ont été retirés et Mme CAUQUIL a pu continuer les travaux de création de son cabinet de soins infirmiers.
Le futur cabinet de soins infirmiers en avril 2022
Où se trouvait l’ancien cimetière ?
En 1651, les inhumations se faisaient à Nexon dans deux cimetières à la fois. Le plus ancien entourait en partie l’église et forme aujourd’hui la place qui s’étend jusqu’au portail du château. Le second, plus récent, occupait l’emplacement de l’ancien Champ de Foire, aujourd’hui place de la République, et fut utilisé jusqu’à la fin de 1817.
Le cimetière qui autours de l’église fut abandonné vers 1680 et il n’y eu alors qu’un seul cimetière, plus grand que le premier. Son emplacement était bizarrement choisi, sur un sol rocheux en forte déclivité ce qui facilitait le ravinement des eaux pluviales. Il fut assez vite entouré d’habitations si bien qu’à la fin du XVIIIe siècle il se trouvait à peu près au centre du bourg. Les registres municipaux de cette époque relatent à plusieurs reprises les inconvénients résultant de la présence de ce lieu de sépulture sur ce terrain et en cet endroit.
Ils signalent que les tombes se trouvaient presque à fleur de terre et que les chiens et les pourceaux y déterraient parfois les cadavres, « quelques précautions que l’on ait prises ». Il était cependant clôturé « de murs d’une hauteur suffisante » et deux portes y donnaient accès, l’une dite « supérieure » et l’autre « inférieure ». De gros noyers l’ombrageaient de leurs rameaux. A l’intérieur se trouvait une Chapelle dédiée à Saint Léonard dont l’existence nous est révélée par un acte de 1652 : « le troisième d’avril mil six cent cinquante deux est decede en la Communion de nostre mère la Ste Esglise Jacques marginier âge de cinquante ans et fust ensevely dans nostre Cymetiére proche la Chapelle de St-Léonard confefsé et communié par moi soubsigné. F. Tarade pbre vicaire a Nexon ».
La question de son transfert a été posée en 1807, sous le Premier Empire. Le 20 octobre 1807, lors d’une séance extraordinaire, le Conseil fut saisi de plusieurs plaintes de particuliers et examina la question du déplacement du cimetière. Il délibéra sur les questions suivantes :
1°Acceptation de la proposition faite par Gabriel THOMAS, adjoint, de fournir un local en ce quoi on lui laisse une petite portion de cimetière à côté de son jardin ?
2°Laissera-t-on pour une place de foirail l’emplacement de l’ancien cimetière, déduction faite de l’échange THOMAS ?
3°Quel est l’emplacement le moins coûteux et en même temps le plus commode pour un nouveau cimetière afin d’atteindre le but proposé ?
4°Le terrain proposé par TARRADE remplit il le vœu de la 3éme question ?
5°Quels sont les moyens à prendre pour trouver les fonds nécessaires aux fins de la clôture du nouveau cimetière ?
Les premières, secondes et quatrièmes questions ont été adoptées à l’unanimité. Quant à la proposition TARRADE, après une longue discussion, l’échange est accepté avec une délimitation très précise. Quant à la 5éme question (financement) le Conseil décide de vendre les noyers se trouvant dans le cimetière actuel et dans le jardin de la cure et, pour le surplus, imposer tous les contribuables au marc le franc. Le surplus de l’ancien cimetière serait transformé en foirail.
Le 15 décembre 1807, le Conseil délibère à nouveau sur le changement du cimetière et fait connaître à Monsieur le Préfet : 1° que l’ancien cimetière se trouvant placé presque au milieu du bourg entouré d’ailleurs des maisons d’habitation pourrait dans les chaleurs excessives corrompre l’air et occasionner une épidémie ? 2° qu’il est incommode pour les habitants du bourg en ce que l’espace qu’il renferme gène considérablement leur sortie ce qui fait qu’on a vu de temps en temps quelques cadavres exhumés par des cochons, quelques précautions qu’on ait pu prendre; 3° que les particuliers les plus près ayant senti pendant l’été quelques odeurs infectes, on a entendu de temps en temps des plaintes; 4° que sa position est nettement contraire à la loi; 5° que le nouveau local choisi par la commune doit ne présenter aucun des inconvénients, ne peut en aucune façon nuire à la salubrité de l’air, étant placé à 112 mètres de la maison la plus près ; 6° qu’à la vérité ce nouveau local présenterait une distance un peu plus longue pour certains villages, mais que cet inconvénient, si cela en est un, ne saurait être mis en parallèle avec les dangers qui pourraient résulter de l’insalubrité de l’air si le changement réclamé par le Conseil n’avait pas lieu.
Le terrain proposé par TARRADE était éloigné du bourg mais il fallu plusieurs années de discussions avant que le projet avance.
Le 27 mai 1812 le Maire désigne le sieur Antoine GUYOT du village du Brouillet, expert de la commune pour procéder à la délimitation de nouveau cimetière, à l’estimation du terrain et au coût du mur de clôture. Il nomme les sieurs François LIMOUSIN et François TARRADE officier de santé pour voir si la parcelle acquise peut bien servir de cimetière et s’il se trouve bien à la distance requise et ne cause aucun inconvénient aux voisins.
Enfin le 10 janvier 1813 le Conseil Municipal valide toutes les opérations relatives au nouveau cimetière et décide son aménagement. Il en demande l’autorisation au gouvernement.
Par un décret du 11 novembre 1813, Napoléon autorise le maire de Nexon à échanger avec le sieur TARRADE le cimetière actuel d’une superficie de cinq ares soixante centiares estimé à trois cent francs contre un terrain de cinquante ares et cinquante centiares estimé à quatre cent francs. Le décret autorise la commune à augmenter les impôts pour couvrir les frais et elle ne pourra commencer les travaux que lorsque le devis sera approuvé par le ministre de l’Intérieur.
Afin de réaliser le transfert dans les meilleurs délais, la commune a fait réaliser un devis par Laurent GUILLAT, maitre maçon à Bosmarèche, commune de Nexon. Le montant s’élève à 1 222 francs. La délibération du Conseil de Fabrique et du maire a été enregistrée à la mairie le 8 novembre 1814 et approuvée par le préfet de la Haute-Vienne le 13 janvier 1815.
Dans cette délibération le conseil constate que le devis estimatif et descriptif de la clôture du nouveau cimetière coûtera 1 222 francs mais que la vente des noyers de l’ancien cimetière n’a produit qu’une somme de 480 francs. Il demande à l’Empereur de prendre en charge la différence, la commune étant déjà trop imposée.
Le 15 Mai 1818 le Conseil décide la restitution des pierres de taille provenant de l’ancien cimetière, pierres que diverses personnes se sont appropriées. Il autorise GIZARDIN à faire toutes poursuites contre les délinquants.
Sur le plan cadastral de 1823 la rue Victor Hugo n’existe pas encore, je l’ai tracée au Stabilo orange. La parcelle n° 11est notée « du cimetière » et est une terre, la n°12 est notée place « aux habitants propriétaires de la commune » ainsi que la n° 13 qui est « la cure » et la n° 14 qui est la petite chapelle qui se trouvait en haut du cimetière.
La croix verte marque marque l’emplacement du cabinet infirmier– Cadastre napoléonien 1817 – ADHVTableau indicatif des propriétaires, des propriétés foncières … Cadastre napoléonien 1823 – ADHH
Ainsi il arrive que le passé se rappelle à nous.. C’est une belle occasion pour le faire revivre.
Yves ADAM, fils de Léon et Léonie ADAM, avait 7 ans au début de la guerre. Il m’a apporté son témoignage sur cette période qui marque profondément tous ceux qui l’on vécue. Il avait mis en commun ses souvenirs avec ceux d’Yves PIQUET, un de ses camarades, malheureusement décédé avant que nous nous rencontrions.
A ces témoignages je mêle celui de Lucienne CLERMONTEIL, épouse de Jacques FAURISSON que j’ai rencontré chez elle, à Saint Maurice les Brousses. Nous avons longuement parlé et elle aussi m’a confié des photos de classes qui complètent celles de Yves ADAM.
J’y ajoute les notes que m’avait remises René REBIERE au cours des nombreuses heures passées dans son salon à l’écouter me raconter ses souvenirs de Nexon. Il n’y était pas né, étant de Sarrazac en Dordogne, mais il a suivi ses parents lorsqu’ils ont acheté, juste avant la guerre, le commerce de vin aux « Glycines » derrière la gare de Nexon. Il est allé à l’école à Nexon puis au lycée à Saint Yrieix.
J’y ajoute Paul LACORE, camarade d’école d’Yves ADAM, qui m’apporte toujours des réponses quand je l’interroge tant sa mémoire est fidèle.
Merci à tous ceux qui par leur témoignage et les documents qu’ils me confient, me permettent d’écrire l’histoire de Nexon…
Souvenirs d’élèves à l’école de Nexon entre 1940 et 1947
L’école que fréquentent les jeunes en 1940 se situent dans le bâtiment central du collège actuel. Il n’y a eu aucun travaux depuis l’inauguration de cette école en septembre 1914.
Il y avait en 1940 quatre classes de garçons et quatre classes de filles ainsi que quatre logements pour les instituteurs. En annexe il y avait une classe maternelle avec un logement pour la directrice et un pour la femme de service. En sous-sol deux préaux, deux salles pour la justice de paix et deux cours séparées par un mur de pierre, l’une pour les garçons et l’autre pour les filles.
L’entrée à l’école ne se faisait pas par les cours mais par le haut puisque les classes étaient toutes au 1er étage par rapport à la cour.
En 1945 la cantine a été installée dans les salles de la justice de paix. En 1946 l’école primaire a été transformée en Cours complémentaire, ce qui permis aux élèves de poursuivre leur scolarité jusqu’au Brevet. Compte tenu de l’augmentation du nombre des élèves, la municipalité a fait construire trois classes.
En 1940, l’école est telle qu’elle était en 1913L’école en 1943Nb : l’instruction est obligatoire jusqu’à 14 ans depuis la loi sur l’instruction primaire obligatoire du 9 août 1936.
Les maîtres de l’époque
Clase maternelle : Mme PIGNOULET
Cours préparatoire mixte : Mme GAUMY
Autres classes de filles : Mmes JALICON, LAPLAUD, MATHIEU, PAUZET
Coté garçons : Cours élémentaire : M. CHAIZEMARTIN puis M. MODENEL
Cours moyen : M. LAPLAUD, blessé à une main pendant la guerre de 14-18 il était handicapé pour écrire au tableau.
Cours supérieur : M. MAISONGRANDE
Fin d’études primaires (classes mixtes) : M. COUEGNAS, directeur, puis M. JALICON
M. COUEGNAS, au milieu, à gauche son épouse. En blouse blanche Mme PAUZET, future directrice. M. COUEGNAS, au milieu au deuxième rang, à droite Mme PAUZET et devant lui Mme COUEGNAS
Chaque classe comprenait deux divisions. Certaines classes comme le cours moyen (CM) et le cours supérieur (CS) avaient un grand nombre d’élèves du fait de la présences de réfugiés du Nord, d’Alsace ou de la zonz occupée. On peut citer les familles LECLERC, BOUVARD, (Alsacien) LECONTE, CORTEL (Nord)…
Ces classes étaient mixtes mais sur les photos garçons et filles étaient séparés sauf pour le cours préparatoire.
Le cours préparatoire de Mme GAUMY en 1940-1941
Yves Adam est au 3ème rang, 3ème en partant de la gauche
1941 – 1942, le cours élémentaire de M. MODENEL
Yves ADAM est assis par terre, au milieu l’étiquette photo entre les jambes.
1942 -1943, le cours moyen de M. MAISONGRANDE
Yves ADAM n’était pas dans cette classe
1943 Cours Moyen M. LAPLEAU
Yves ADAM, 4ème à partir de la droite au 1er rang
1945 – 1946 CS M. MAISONGRANDE
Yves ADAM, 2ème à partir de la droite au 1er rang, Paul LACORE 1er à droite au 2ème rang
1946 – 1947, la classe de fin d’études primaires de M. JALICON
Yves ADAM, 1er rang 1er à droite
Les photos de Lucienne CLERMONTEIL dans les années 1941-1944 mais sans les dates précises :
Lucienne CLERMONTEIL est au 1er rang, 3ème à partir de la droite. Elle reconnaît beaucoup de ses camarades : Denise ADAM, Jacqueline ANDRE, Bernadette BOUCHERON, Denise CHAMINAUD, Odile DESMOULIN, Bernadette LAGORCE, Georgette MAPATAUD, Madelaine MAZAUD, Andrée SANCIAUX, Jacqueline VALETTE …Lucienne CLERMONTEIL, 3ème à partir de la droite au 3ème rang. Elle reconnaît Odette BARNAGOT, Paulette DUVERNEIX, Eva GRANIER, Denise LARNE…
Les filles portent une blouse et une veste par-dessus et très souvent un béret.
Bénéficiant des pleins pouvoirs depuis le 10 juillet 1940, Pétain, considérant que la défaite était en partie due à la formation dispensée dans les écoles sous la IIIe République va très rapidement modifier les programmes scolaires. L’école doit « édifier un nouvel homme » qui aura le sens des « sacrifices » et le « goût du travail ». L’école doit développer une morale du « devoir » et non celle des « droits. » (message du Maréchal Pétain du 4 février 1941).
L’éducation de la morale, centrée sur la devise de l’Etat français « Travail, Famille, Patrie. » est une discipline essentielle. Les instituteurs doivent transmettre aux élèves l’amour pour la terre, l’importance de la famille et l’amour de la Patrie.
Cela va se traduire par la cérémonie des couleurs. Chaque lundi, tous les élèves étaient réunis dans la cour des garçons ou un mat avait été érigé pour la montée des couleurs. Le directeur, M. COUEGNAS, désignait une fille ou un garçon dont le père avait été tué ou fait prisonnier pour cette cérémonie. Quelques minutes de silence étaient observées et les élèves chantaient « Maréchal nous voilà ».
Les programmes donnaient une grande place aux travaux manuels et à la découverte de la nature. Les enseignants disposaient d’un jardin. M. MAISONGRANDE qui s’était blessé à la cheville le faisait bêcher par ses élèves qui semaient et plantaient également les légumes. Dans les différentes classes nous portions des fruits, des légumes, des feuilles pour illustrer les cours qui s’appelaient alors « leçons de choses ».
Les jeux pendant les récréations étaient la corde à sauter pour les filles et les billes pour les garçons.
Périodiquement, il y avait des exercices d’alerte. Au coup de sifflet, il fallait quitter les salles de classe au plus vite et courir vers les Rochilles pour se cacher derrière les rochers près du garage des pompiers de l’époque ou derrière les châtaigniers dans le bois.
La caserne des pompiers a été construite au début des années 1950. Pendant la guerre de 39 – 45 il y avait un court de tennis et des rochers.
Le tennis de tennisaux Rochillesjusqu’au début 1950
On arrive à l’école à l’heure. On dit bonjour. Le directeur siffle et les élèves se mettent en rang par deux devant leur classe.
En ce temps-là, les hivers étaient très froids : gel et neige, beaucoup d’élèves soufraient d’engelures. Certaines fontaines d’eau potables étaient gelées. Qu’il pleuve, qu’il vente, qu’il fasse chaud ou qu’il neige, les grands prenant soin des plus petits, tout ce petit monde accomplissait chaque jour le trajet domicile-école aller et retour. Ceux qui venaient des villages éloignés : Le Brouillet, Veyrinas, Combrouze, Noyéras, Valette, etc. pouvaient marcher deux heures chaque jour d’école. Mais les communes avaient passé des accords afin que les enfants demeurant loin de l’école de leur commune puissent fréquenter l’école la plus proche de leur domicile. Ainsi, ceux du village des Moulins allaient à l’école de la Grimaudie, ceux de Valeix allaient à Rilhac, ceux de Leyraud, des Pousses et de la Bonnetie à St-Maurice les Brousses. L’hivers la route était pénible, d’autant plus que presque tout le monde avait des sabots ou des galoches à semelles bois qu’il fallait ressemeler régulièrement ou qui étaient ferrées ou cloutées. Et chacun portait un cartable sur le dos avec livres et cahiers et le bidon de nourriture d’une main l’autre tenant celle d’un petit frère ou d’une petite sœur.
Dans la classe il faisait parfois très froid. Un grand poêle trônait au milieu de la salle avec un long tuyau d’évacuation des fumées. Les premiers arrivés, le matin, étaient chargés d’allumer les poêles.
Le maître, comme les élèves, portait une blouse. Contrairement aux élèves, leurs doigts étaient blanchis par la craie qu’il utilisaient pour écrire au tableau noir alors que les doigts des enfants étaient tâchés par l’encre violette, tout comme les pupitres, les cahiers et les buvards. On écrivait avec l’encre préparée par l’école, avec un porte -plume et une plume sergent-Major qu’on trempait dans un encrier de porcelaine blanche intégré au plateau de la table d’écolier.
Pour le déjeuner les élèves pouvaient manger une soupe, préparée par une employée municipale, et le morceau de pain que leur mère avait mis dans leur sac. Certains avaient un repas à réchauffer, transporté dans un bidon à étages superposés pour séparer entrée, plat de résistance et dessert. Ceux du bourg rentraient chez eux. Les instituteurs qui n’habitaient pas sur place déjeunaient au restaurant, ce qui leur laissait peu de temps entre midi et treize heure trente. Sur le plan alimentaire, chaque famille disposait de tickets d’alimentation. Elle recevait la quantité de nourriture correspondant aux tickets qu’elle donnait. Pour le pain par exemple, il était vendu an poids en fonction du nombre de tickets. Le pain était noir et lourd. Il était difficile d’en définir la composition. On enviait les élèves de la campagne qui venaient la plupart du temps avec du pain plus blanc.
Nous trouvions du lait dans des fermes proches de chez nous, Sazerat et au Moulin des Hébras. Le fermier nous fournissait quelques bouteilles. Dans les épiceries, il n’y avait que les produits alimentaires de base et en quantité réduite (fromage, sucre, saccharine).
On essayait d’améliorer notre ordinaire en allant ramasser des châtaignes ou des noix et en allant chercher les champignons à la saison. On allait à la pêche sur la Vanelle à la bouteille ou à la ligne avec une baguette de noisetier et une aiguille coudée. Du côté di moulin Trouly il nous arrivait de prendre des goujons.
Pour le chauffage familial on rencontrait des difficultés à se procurer du bois. Il était livré à une longueur d’un mètre par des paysans locaux. Il fallait recouper les bûches pour les cuisinières. On faisait appel à M. DEMAISON, qui possédait une scie à moteur électrique sur roues. Il utilisait deux grandes perches avec crochet pour le branchement sur le réseau électrique public.
Le jour de repos était le jeudi. A la fin de l’année chaque classe participait à la fête des écoles. Comme il n’y avait pas de salle assez grande à l’école celle-ci était organisée salle Paul FAURE, rue Pierre et Marie CURIE (Dojo). La distribution des prix a été suspendue pendant la guerre. Elle a repris par la suite organisée soit sur la place de la république soit dans la cour de l’école une estrade étant accolée au préau.
Le maire, L.J. PRADEAU prononce le discours d’ouverture, M. et Mme JALICON sont assis autours de la table sur laquelle sont posés les prix à distribuer.La cérémonie a lieu sur la place de la République.La cérémonie a lieu devant le préau dans la cour des filles. M. JALICON va appeler les élèves récompensés. le maire est assis près de la table et à côte de lui les adjoints.
Le 14 juillet 1947, Yves ADAM recevait le 1er prix de la classe de fin d’étude remis par M. le Maire. Ses résultats sont brillants aussi il reçoit un beau livre relié sur Saint Louis et son siècle.
Si ce livre est un beau livre il n’est pas adapté à la lecture d’un garçon de 14 ans, aussi brillant fut-il. Aussi je n’ai pas été surpris quand Yves m’a dit qu’il ne l’avait jamais lu. Il a de nombreux prix comme celui-ci qui sont des décors de bibliothèques…
Quelques faits marquants pour des garçons de 9 à 14 ans pendant ces années 1940 – 1947.
Mr MOURET, Sacristain de l’époque enseignait le catéchisme à l’ancien couvent de filles, en face du cimetière. Il avait peu de candidats.
Il y avait le camp près de la gare, mais on ne savait pas ce qu’il s’y passait. Nos parents nous demandaient de passer très vite et de ne jamais s’arrêter.
Le 6 juin 1944, enfin le débarquement : gros titres des journaux, on suivait, jours après jours la progression des armées alliées. On remarque que la censure de Vichy veille encore et que le débarquement n’est qu’une « tentative ». cependant on note que le chef de l’Etat lance un appel pathétique…
L’Appel, nom du Populaire sous Vichy, du 7 juin 1944.
Le 9 juin1944, c’était un vendredi, la division DAS REICH, qui remontait vers la Normandie passe près de Nexon. Un détachement s’arrête sur la place de la Mairie. La veille, à Tulle, les soldats avaient pendu 99 hommes innocents pour venger les allemands tués pendant la reconquête de la ville que les maquisards avaient occupé. A Nexon cela ne se sait pas car la presse n’en parle pas mais les nexonnais restent chez eux. Le curé de Nexon, M. LAZARUS, fut un négociateur acharné et un défenseur efficace de la population. Il a convaincu les allemands qu’il ne se passait rien à NEXON. Les allemands ont repris leur route vers Meilhac, Burgnac et… ORADOUR SUR GLANE !!! Ce jour-là, M. LAZARUS, a peut-être évité le pire a NEXON.
Le 10 juin au soir des nexonnais ayant appris la nouvelle du massacre d’ORADOUR, montent aux Rochilles d’où, paraît-il, on apercevait les fumées de la ville en feu.
– Les GMR, gardes mobiles républicains ont occupé le préau des garçons quelques jours avec des soldats de garde armés, postés aux quatre routes et au bas de la rue Casse Toupie. Pourquoi ? – Un jour nous avons vu passer un escadron d’avion, environ une cinquantaine, au nord dans le ciel de NEXON, en direction de l’ouest. Le lendemain nous apprenions par la presse, le bombardement de ROYAN.
Le Populaire, 6 janvier 1945
– A cette époque, peu de familles disposaient d’un téléphone ou même d’un poste de radio. Les nouvelles locales étaient communiquées par M. NARDOT, garde champêtre, qui parcourait le bourg et certains villages et se postant sur une place, après un roulement de tambour pour attirer l’attention, annonçait à voix forte les nouvelles.
1945 … ENFIN LA LIBERTE
À la suite de la création du CEG, années 47-48, certains élèves ont quitté l’école de NEXON pour poursuivre leurs études à Limoges après avoir été reçu au concours des bourses… Ainsi Yves PIQUET et Raymond LAVEYSSIERE sont allés au lycée Gay Lussac ; Yves ADAM, Jeanot ANDRIEUX et Marie DUPUYDENU a l’ENP, aujourd’hui lycée Turgot. Un grand nombre d’entre nous n’a pas continué d’études et a intégré le monde du travail soit dans l’entreprise familiale soit dans la fonction publique.
– Avec la fin de la guerre les prisonniers reviennent dans leur famille. La vie de famille reprend son cours et les distractions sportives, culturelles ou de plein air vont reprendre leur cours. Pour permettre de pratiquer le jardinage, le retour des prisonniers, M. DESPLANCHES, horloger, qui possède un pré a Cornedie crée des lots pour les jardiniers amateurs. Aujourd’hui le pré est devenu une partie du lotissement de Cornedie.
– Si les prisonniers français ont été libérés ce ne fut le cas des prisonniers allemands. Il restait plusieurs centaines de milliers de prisonniers allemands en France dont une partie avait été capturée en Afrique. De plus les Etats-Unis ont confiés à la France les prisonniers qui avaient été faits par leur Armée. C’est donc environ 1 700 000 allemands qui se trouvaient en France pour contribuer à reconstruire ce qui avait été détruit.
Une grande partie de ces prisonniers a été employé dans les mines de charbon du Nord et dans l’agriculture. Il a également été créé des commandos communaux mis à disposition des mairies pour exécuter des travaux d’intérêt général. La municipalité de Nexon a saisi cette opportunité pour demander un commando d’une dizaine de personnes pour participer à la construction du stade. Ils venaient du camp de ST PAUL et armés de pelles, de pioches, de brouettes ils ont réalisé le terrassement du futur terrain de football, ceci sous la surveillance de Paul JARY.
Ce stade allait favoriser la pratique de football. Un nouveau club se crée, l’AS Nexonnaise qui va pouvoir bénéficier d’un vrai terrain au lieu de jouer dans un pré à La Seyne pour lequel il n’y avait ni vestiaire, ni eau. A cette époque les principaux joueurs étaient, entre autres : DESCHAMPS, les frères FOUILLAUD, JOUVE, Maurice TRIAL, Gaby VALLETTE…
La renaissance des foires (le 16 de chaque mois)
Les agriculteurs amenaient leur bétail sur la place du marché, le plus souvent à pied. Après accord de marché, ils allaient embarquer ce bétail dans des wagons prêts litiérés avec de la paille et de la sciure de bois.
Leurs retours étaient souvent très arrosés en faisant des haltes dans les cafés, avenue de la gare.
Les après-midi de foire, il y avait bal à l’hôtel Moderne chez M. MASSY.
Salle CHARREIX : M. PRIOLAUD, électricien de Pierre Buffière, proposait avec un projecteur et un écran des séances de cinéma ; Le plus il s’agissait de documentaires relatifs à la guerre, et quelques on avait des films comiques, Laurel et Hardy, par exemple.
Et pour nous les jeunes qui avions connu le pain noir avec ticket, le froid, la misère, cette période fut : Plus BELLE LA VIE.
QUELQUES SOURIRES
La vie reprenait a NEXON…
* M. COMBROUZE, marchand de bière, rue du Moulin de Trouly effectuait ses livraisons dans les cafés de la ville avec son camion à gazogène. Il était accompagné de sa chienne Lily, non attachée, la queue en l’air. Il faut dire que la vitesse ne dépassait pas les 30 km/ h.
Quelques mois après le massacre, M. COMBROUZE a amené une dizaine de personnes du quartier voir la ville martyre d’Oradour. Quelle tristesse….
*René LASPOUGEAS, correspondant SNCF effectuait ses livraisons avec sa remorque et son cheval. Nous les écoliers, nous aimions bien lui faire des blagues. On donnait au cheval les ordres contraires de ceux donnés par son maître ! Quand il disait « Ho » on criait « Hu ». Le pauvre cheval ne savait plus qui écouter et le brave René nous fâchait gentiment !
*Les jours de foire, un agriculteur dont je tairai le nom, venait au marché avec son âne et sa carriole. Il attachait l’âne à un platane, à l’ombre. Il lui donnait un peu de foin et de l’eau puis il partait à la foire. En fait il faisait le tour des cafés. A la fin de la journée, pour qu’il rentre chez lui, il fallait l’aider à monter dans sa carriole. On détachait l’âne et on le mettait sur route. La brave bête connaissait le chemin de l’écurie et sans encombre, mais sans toujours respecter le code de la route, elle ramenait son maître à domicile, souvent endormi. On ne pouvait pas dire : « bête comme un âne ! »
*M. Malardeau avait créé une petite filature, à la sortie du bourg, rue Gay Lussac actuelle, avec 5 ou 6 ouvriers dont ses deux gendres et mon père, Léon ADAM. Je ne peux pas terminer sans penser à Léon qui a travaillé au moulin de mon grand père et qui remplissait les sacs « bon poids » quand c’était à mon tour de les porter. Toujours de bonne humeur quand il y avait moins de travail au moulin il allait donner un coup de main à mon père à sa ferme. Il y avait entre eux une solidarité d’anciens prisonniers de guerre. je pense aussi à Jean Pierre, le jeune frère d’Yves, qu’à Nexon on a toujours appelé Jeanot. Et comme c’était la même chose pour moi, il y avait entre lui et moi une relation de grand frère entretenue par le football. Malheureusement « Jeannot » ADAM nous a quitté en 2015.
J’ai collecté plusieurs photographies de chars mais les auteurs n’ont pas indiqué la date au dos. La mémoire, aussi fidèle qu’elle puisse être a du mal a citer l’année exacte d’un char, sauf à avoir participé à sa réalisation. Peut-être que l’un des lecteurs en reconnaitra !
Au loin on voit le SchtroumfLe Schtroumf est suivi par le ballon de rugbyLucky Luke est suivi par le pot de fleursEn général la patrouille de France termine le défilé.
Ces six chars ont défilés la même année. On les voit à l’arrière du char pris en photo et chaque tracteur porte un panneau donnant le nom du char dans le même caractère.
Pour les chars suivant les indices sont rares ! Pas de nom sur les tracteurs, pas de char identifiable en enfilade…
Pour la troisième année consécutive depuis leur redémarrage, les chars seront au cœur de la fête de septembre.
Dès le mois de juin les thèmes des chars sont définis : violon, coq, bombarde, roulotte, globe et Bambi. On remarque que l’engouement de 1975 commence à fléchir, le nombre de chars se réduit d’années en années. Pourtant la réalisation d’un char est l’occasion de se retrouver entre voisins, amis … Mais on commence à percevoir dans les bourgs la montée de l’individualisme. La voiture est maintenant un objet de loisir autant que de travail. Les boites de nuit commencent à rendre archaïques les bals. Le monde change et pourtant il y a encore de la joie à faire ensemble quelque chose pour la collectivité. A Nexon les chars vont encore perdurer une dizaine d’années.
Quelques photographies de la réalisation du char » Le globe » permettent de constater l’ambiance qui règne pendant les réunions de travail. Le char est élaboré dans le hangar de M. BETHOULE, suffisamment vaste pour l’abriter et permettre de travailler dans de bonnes conditions.
On travaille avec le sourire et dans la bonne humeurC’est très sérieux car il faut respecter le tracé des continents et les couleurs
Josette DUGOT au travail
Tout le travail ne s’effectue pas dans le hangar. Il a fallu au préalable confectionner des milliers de fleurs en papier.
Une fois le char terminé c’est la fierté du travail accompli et le bonheur de donner de la joie à celles et ceux qui viennent regarder le défilé.
Tout est prêt pour le départ
Le violon ouvre la voie suivi du globe
Devant la maison « aux éléphants »
On va retrouver le défilé arrivant devant l’église.
Le coq en voyant le clocher se met à chanter …Le doux regard de Bambi pour le papillon posé sur sa queue La bombarde devant l’église fortifiée !
Et c’est le retour vers les Garennes pour la fin du défilé.
Il y avait deux groupes de majorettes, l’un de La Rochefoucauld et l’autre de Sauviat sur Vige et le bourg était sonorisé par M. FONCHY.
Ce premier critérium international annonçait une suite qui malheureusement n’a pas eu lieu. Et pourtant les participants étaient les vedettes internationales du moment et parmi elles Raymond POULIDOR. A l’époque il était déjà un des plus connus et des plus aimés du public français.
Il y avait eu des courses cyclistes à Nexon mais jamais au niveau international. C’est lors de sa réunion du 28 septembre 1968 que le Comité des fêtes, présidé par M. Henry MAURILLEGANT, qu’est adopté le principe d’un criterium international de cyclisme sur le modèle de ceux d’Oradour et de Saint Claud. La Fédération Française de Cyclisme (FFC) à la charge d’en fixer la date. Celle ci est annoncée aux nexonnais dans le bulletin municipal de janvier 1969, et c’est le 24 aout 1969 qui a été choisi.
Bulletin municipal n° 53 –décembre 68 – janvier 69
Lors de sa réunion du 24 juin le Comité prévoit plusieurs entrées et plusieurs buvettes. Il est même envisagé d’élire une Miss Nexon au bal du 13 juillet et de lui confier la remise du bouquet au vainqueur. Et le 31 juillet le Comité retient les noms des coureurs qui participeront au criterium et désigne les responsables pour les 10 caisses, les 5 buvettes ainsi que les contrôleurs volants. Le bulletin municipal de juillet donne quelques informations sur le criterium.
Bulletin municipal n° 55 Juin – Juillet 1969
Rien n’est publié dans la presse avant le mois d’aout. Il est vrai que les criterium internationaux attirent les coureurs qui se sont illustrés lors du Tour de France et c’est sur leur nom que les organisateurs centrent leur publicité.
Compte tenu des primes qu’il faut verser aux coureurs professionnels pour qu’ils choisissent ce criterium, il faut trouver de l’argent. Lorsque quelques années plus tard j’analyserai cet aspect du sport en consacrant une partie de mes recherches universitaires au financement du sport et à son analyse je développerai la règle des « 3S » : les spectateurs, les sponsors et les subventions des collectivités pour finacer les compétitions sportives. C’est le problème qu’ a eu à régler le Comité. Faire payer les spectateurs, c’est facile dans un stade car le nombre d’entrées est limité, mais pour une course sur route, même en circuit, c’est difficile car il est impossible de clore la totalité du parcours. Et il suffit aux habitants des maisons situées sur le bord de la route de se mettre à leurs fenêtres et ils sont aux premières loges. Et rien ne les empêche d’inviter, ce jour là, famille et amis. Les organisateurs ont donc prévus de passer solliciter ces habitants, d’où l’appel qui leur est fait de réserver le meilleur accueil aux organisateurs quand ils passeront les voir. Les sponsors étaient là, en particulier « Le Centre de la Mode » de M. RUCASSIE, habitué des courses cyclistes et présent sur la commune avec son atelier « Vet’France ». Quant aux collectivités locales, principalement la commune, elles pouvaient difficilement verser des subventions substantielles pour un criterium cycliste professionnel devant aider toutes les associations de la commune.
J’imagine que dès le mois de juillet une forte équipe de bénévoles était constituée mais je n’ai pas trouvé le nombre de ces bénévoles et je n’en ai pas le souvenir. Il faut dire qu’étudiant, une fois passé mes examens, dès la fin juin je suis parti avec 2 autres camarades en Angleterre et je suis rentré à Nexon à la fin aout . Le criterium était terminé et je n’en avait pas entendu parler ! On parlait plus du concert géant des Rolling Stones à Hyde Park le 5 juillet et du premier pas sur la lune d’AMSTRONG le 21 juillet. Je suis certain que des lecteurs de ce blog on assisté à ce criterium et qu’ils programmes, des billets, des photos et au moins des souvenirs. N’hésitez pas les faire connaitre par les commentaires que vous pouvez mettre au bas de cet article.
La Presse locale, principalement le Populaire, publie un article le 19 aout, 5 jours avant la course. C’est tard, mais l’activité sportive est fournie à cette époque. Les premiers noms des professionnels sont publiés. On est surpris, en 2022, de voir que POULIDOR n’est pas mis en tout premier plan. Pourtant il a terminé le Tour de France à la troisième place derrière MERCKX, mais sans qu’il y ait le moindre suspens puisqu’il était à 22 minutes. Et puis sa rivalité avec ANQUETIL est oubliée, c’est MERCKX qui occupe le haut de l’affiche. Mais il ne viendra pas à Nexon, il demande beaucoup trop d’argent et il préfère courir chez lui, en Belgique. Et comme c’est le 1er criterium international organisé à Nexon il n’a aucune réputation sur l’ambiance, sur le nombre des spectateurs, sur les primes pendant la course… Ce n’est pas le Bol d’or des Monédières.
Le Populaire18 aout 1969
Le nom du champion du monde est mis en premier mais seul les spécialistes le connaissent. Il a gagné ce titre qui se disputait en Belgique le 10 aout, à la surprise générale et personne ne le connais.
19 aout 1969
Cet article nous révèle que le champion du monde ne se pas présent car il a été trop exigeant, mais Jean TAMAIN, le meilleur des présentateurs sera présent ce qui donne du crédit à ce 1er critérium. Le journal y croit compte tenu de la ferveur des Limousins pour le cyclisme et le faible nombre de courses de niveau international. Mais il rappelle cependant l’échec du cyclocross international organisé à Nexon en 1961.
Le Populaire 20 aout 1960
L’article explique que l’absence de MERCKX est largement compensée par la qualité des inscrits professionnels parmi les 4 suivants de MERCHX au Tour de France mais aussi par la présence des meilleurs coureurs régionaux
Lors de sa réunion du 20 aout le Comité a fixé le prix des entrées à 8 francs soit l’équivalent de 9,20 € en équivalent de pouvoir d’achat 2020.
Le lendemain un nouvel article s’interroge sur la capacité des jeunes pro à battre les « vedettes ». Aucun de ceux qui figurent dans le titre de l’article n’a atteint la notoriété internationale mais ils furent de bon coéquipiers, José CATIEAU a disputé 7 Tours de France et il a même porté le maillot jaune pendant 4 jours en 1973, ce que n’a pas fait POULIDOR.
Le Populaire 21 aout 1969
Un article est ensuite consacré aux Limousin.
Puis ce sont les arrêtés règlementant la circulation qui sont publiés :
La veille la liste des 40 engagés est publiée ainsi que les détails de l’organisation et les journalistes engagement leurs pronostics : un duel PINGEON – POULIDOR arbitré par GIMONDI et GANDARIAS. Des informations sont données sur un bon nombre des coureurs.
Et enfin le jour tant attendu arrive. Les coureurs sont venus en voiture, certains de loin, et ils ne sont a Nexon que quelques heures avant le départ de la course. Où sont-ils accueillis ? Je ne le sais pas. Des chambres ont du être réservées dans les hôtels car il y en a encore en 1969.
Le public est présent, on parle de 5 000 personnes, la course se déroule et POULIDOR gagne. Le compte rendu qu’en fait le Populaire est élogieux. Une pleine page est consacré à l’évènement. POULIDOR gagne détaché devant Alain VASSEUR, Raymond RIOTTE, Francis CAMPANER et Jan JANSSEN.
Le circuit ne devait pas être trop difficile puisque POULIDOR a effectué les 100 km en 2 h 33 soit une moyenne de 39,2 km/h.
Raymond POULIDOR, vainqueurJANSSEN en tête du pelotonPOULIDOR en train de s’échapper
Raymond RIOTTE
Quel bilan a tiré le Comité de ce critérium ? Le compte rendu publié dans le bulletin municipal d’octobre – novembre est mitigé. Il ne donne donne aucun chiffre sur le plan financier mais fustige ceux qui ont contourné les entrées pour ne pas payer. Mais le public a été généreux car une grosse prime de 4000 francs, soit l’équivalent actuel de 4 500 € a été accordée sans compter les nombreuses petites primes offertes pour animer la course.
Le bilan financier n’a pas du être positif puisque le Comité du 21 janvier 1970 a annulé le 2ème criterium qui était prévu le 23 aout 1970. le 19 janvier 1971 il a été évoqué un criterium pour le 22 aout 1971 mais le 16 février il a été décidé de le remplacer par une corrida. Le 1er Criterium cycliste international de Nexon a été le dernier.
La fête de septembre 1975 avait été un succès aussi le comité a souhaité continuer sur sa lancé. Bien qu’il ait changé de président et que des postes aient été renouvelés la ligne est restée la même : la fête doit être jolie et donner du plaisir.
Bulletin municipal n° 92 1er trimestre 1976
Les chars donnent à la fête, pour peu que le soleil y apporte son concours, un air de gaité particulier. A lui seul, le nom donné à ces défilés de chars, corso fleuri, fait penser au soleil d’Italie. Cette habitude de défiler dans les rues, corso, est née au 19e siècle. Il s’agissait de fêter l’arrivée du printemps et pour cela dans certaines villes, les habitants ont pris l’habitude sortir leurs charrettes et de les décorer avec des branchages et des fleurs. Ces fêtes coïncidaient avec le Carnaval.
Quand les charrettes furent tirées par des chevaux ont leur donna le nom de cavalcade. Et ce n’est que vers les années 1950 qu’on leur donna le nom de corso fleuri. En effet les chars n’étaient plus décorés de fleurs naturelles mais de fleurs en papier confectionnées par les habitants pour décorer leur char.
A Nexon la plupart des chars sont des carcasses que le comité des fêtes achète d’occasion aux villes réputées pour leur carnaval. C’est la ville de Nyons dans la Drome dont le défilé de char était parmi les plus réputés qui a commencé à vendre ses carcasses à Nice pour son défilé l’année suivante. Aujourd’hui à coté des villes il y a des marchands qui offrent sur Internet des dizaines de chars et tout le matériel nécessaire pour les décorer et habiller les participants.
Mais a l’époque il fallait de nombreux jours de travail, d’abord pour confectionner les fleurs et ensuite les assembler sur les carcasses. Voici l’illustration de ce travail d’assemblage minutieux qu’il fallait réaliser mais tout se faisait dans la joie et la bonne humeur. Pour faire ce travail il faut que le char soit a l’abri et qu’il y ait la place pour entreposer du matériel et pouvoir travailler à plusieurs personnes. Les propriétaires de granges et de hangars fermés étaient, de ce fait, les bienvenus.
Une fois tous les chars prêts, tous les participants habillés, le départ peut être donné. Devant l’église on rencontre un très beau cœur aux couleurs blanches et rouge pour répandre l’amour tout au long du parcours.
A la différence de l’année 1975, le comité des fêtes a décidé de faire partir les chars depuis la gare afin d’éviter aux majorettes de monter deux fois la côte qui mène au centre bourg. Montant de la gare jusqu’à l’église et faisant demi tour, les chars traversent deux fois la fête et le défilé se termine dans les Garennes.
Il y a 9 chars et 4 groupes de majorettes et fanfares.
Le cœur a été décoré par les personnes de l’avenue de la gare, responsable DUGOT
Un petit et sa carriole dorée de fleurs suit le cygne que nous retrouverons quand ils va remonter…
Cette belle voiture rouge on la retrouvera elle aussi, entourée de vélo, dans la montée vers le bourg.
Ils descendent vers la gare et on les trouve dans la cour de la ferme de La Léoniderie.
Et maintenant il faut remonter vers le centre du bourg.
de l’amour avec le cœurDe l’argent avec la corne d’abondancepar la place du marché, responsable MAZEAUDde la force avec l’éléphant
Je me souviens d’avoir eu le visage noirci pour une fête ou nous étions habillés en jeunes africains. J’avais 5 ou 6 ans. Je ne sais pas si on nous avait noirci avec du cirage ou avec des bouchons brulés mais j’ai détesté cette journée. Aujourd’hui on ne ferrait plus cela.
le chien fidèle et bon gardien
Et une seconde cariole très décorées, tirées par un petit âne lui aussi fleuri.
et des vélos de tout âge pour accompagner la belle voiture rouge.
devant eux le char d’une fée…
Le carrosse par place de la mairie, responsable DESPLANCHES
On est arrivé dans la bourg et on retrouve le cœur, le cygne, les éléphants…
Cette vue de la place permet de retrouver les commerces d’alors, à gauche la boutique de nouveautés de Mme PEYRICHOUX, puis l’horlogerie -bijouterie de M. et Mme DESPLNCHES, l’épicerie primeurs de « Nenette » CLERMONTEIL, la charcuterie boucherie de M. et Mme BOSBATY et le café DESBORDES.
L’éléphant a été décoré par la rue Gay Lussac, responsable PRADEAULe char CRCL était sous la responsabilité de DUVERNEIX et BARBE
Après la fête, les membres du comité étaient satisfaits.
Bulletin municipal n° 94 3ème trimestre 1976
Comme pour l’article précédent vous pouvez me proposer des photos, vous reconnaitre sur un char ou dans le public… C’est ainsi que vit ce blog.
Cette fête marque le retour du défilé de chars au cours de la fête. Le comité présidé par M. Henri MAURILLEGANT a décidé de reprendre cette tradition qui a fait le succès des fêtes nexonnaises pendant les années 1960. Une fois les carcasses de chars achetées et réparties entre les quartiers il faut se mettre à la confection des fleurs en papier. L’enthousiasme des nombreux bénévoles a permis la réalisation de 16 chars. Partant du château, les chars traversent le bourg jusqu’au moulin Barlet et remontent vers le centre où la circulation automobile a été interdite pendant le défilé.
Il n’y a pas de fête sans bal. Le parquet est tout près des manèges, sur la place de la république. A la fin de l’année 1973 M. BEYLIER avait cédé son affaire d’organisateur de bal sur parquet à M. ROYER et il fut difficile au comité de faire affaire avec le nouveau propriétaire. N’ayant pas pu s’entendre en 1974 le comité avait loué un parquet à un autre entrepreneur tandis que M. ROYER, considérant qu’il avait un contrat pour être présent aux fêtes de Nexon avait installé le sien du coté du champ de foire, parallèlement aux barres d’attache du bétail. Cette concurrence était nuisible aux finances du comité qui a terminé l’année 1974 avec un déficit. Au début de l’année 1975 une médiation avec le maire René REBIERE est organisée avec M. ROYER. Sa proposition est qu’il accepte de ne pas venir à la fête à Nexon si le comité lui paye le cachet de son orchestre soit 1 800 francs. Finalement un accord est obtenu et la fête sera un succès.
Les chars traversent le bourg avec un public présent tout le long du parcours. La foule est plus nombreuse autours de l’actuelle place Fratellini sur laquelle sont installés les principaux manèges, auto tamponnantes, chenille, manège enfantin, stand de tir, loteries…
Les chars passent pour aller vers la gare, le public est moins nombreux…Le passage dans le bourg permet de retrouver les commerces qui existaient alors, la boucherie charcuterie BOSBATY, les primeurs de Nenette CLERMONTEIL, la bijouterie DESPLANCHES, les nouveautés PEYRICHOUX… et plus loin dans la rue Gambetta les aliments pour animaux REALLE …
Et la reine de la fête avec ses dauphines clos le défilé.
La descente vers la gare pour le moulin à vent
Guy DEFAYE au volant de son tracteur
Après avoir fait demi tour au bas de l’avenue de la gare devenue Charles de Gaulle on retrouve les chars accompagnés des 3 troupes de majorettes qui ont été invitées à la fête.
Ici ce sont les majorettes de Nexon, les coccinelles, sur leur char.
Et la reine ferme la marche…
On retrouve les chars et les majorettes dans la montée vers le bourg …
Le défilé se termine, la reine va quitter son trône…
Pour ce défilé nous avons la chance d’avoir un petit film. Il a été réalisé par Jean ATZEMIS qui a filmé le défilé depuis son domicile, avenue Charles de Gaulle. Il a déposé son film à la Mémoire Filmique de Nouvelle-Aquitaine. Cette structure a été réalisée àl’initiative de la Cinémathèque de Nouvelle-Aquitaine (Limoges) qui a réuni le Fonds Audiovisuel de Recherche (La Rochelle), La Mémoire de Bordeaux Métropole (Bordeaux) et Trafic Image (Angoulême) pour former un réseau.
J’ai déjà parle de cette ligne en 2017. Vous trouverez l’article ici : https://etsinexonmetaitconte.fr/les-lignes-de-chemin-de-fer-nexon-perigueux-et-nexon-brive/
Je rappelle ici les belles heures de cette ligne et la crise qu’elle connait depuis 2018.
I- Les belles heures de la ligne.
Le 11 avril 1857 la Compagnie du chemin de fer de Paris à Orléans a reçu la concession d’une ligne « de Limoges à Brive » par la convention signée avec le ministre des Travaux publics. Cette convention est approuvée par décret le 19 juin 1857.
La construction de la ligne entre Limoges et Brive est déclarée d’utilité publique par décret impérial le 17 mai 1865. Initialement prévue pour être à double voie, la ligne fut finalement construite avec une seule voie, par souci d’économie. Cette ligne permettait de réduire de 70 km le trajet entre Paris et Toulouse et de ce fait de réduire le temps du trajet par rapport à l’ancien itinéraire passant par Périgueux.
Au départ de Limoges le trajet empruntait la ligne de Périgueux puis bifurquait vers l’Est pour rejoindre Brive par Saint-Yrieix. Le décret de 1865 avait cette bifurcation à Lafarge. Mais après près de 10 ans de discussions entre les partisans de Lafarge et ceux de Nexon un décret du 13 juin 1873 fixe l’embranchement a Nexon. J’en parlerai dans un prochain article.
L’inauguration de la ligne a eu lieu le 18 décembre 1875. Le convoi inaugural, composé d’une locomotive, son tender et sept wagons, est parti de Brive à 9h25 pour arriver à Nexon à 17h44. La vitesse moyenne était de 27km à l’heure. Elle est mise en service le 20 décembre 1875 par la Compagnie du chemin de fer de Paris à Orléans (PO).
Pendant 18 ans Nexon connu un important trafic puisque tous les trains de l’axe Paris – Toulouse – Espagne et ceux vers Périgueux passaient par la gare de Nexon. Mais à partir de 1893 le Paris-Toulouse emprunta la nouvelle ligne passant par Uzerche. Le trafic se réduisit mais restait cependant suffisant pour permettre à la gare de Nexon d’occuper une place importante en Haute-Vienne.
En fevrier 2001, la revue « Rail Passion » dans son numéro 46 a consacré un article à cette voie. Il s’intitulait « Jours tranquilles sur Nexon-Brive ». C’est un bel article, à la fois technique pour le matériel avec le passage de la vapeur au diesel et économique On y parle de la clientèle voyageur aussi bien que fret. On découvre que des wagons de pigeons provenaient de Belgique pour des lâcher colombophiles en gare de Saint-Yrieix. Je parlerai de ces lâchés de pigeons depuis nexon dans un prochain article.
Le 11 avril 1857 la Compagnie du chemin de fer de Paris à Orléans a reçu la concession d’une ligne « de Limoges à Brive » par la convention signée avec le ministre des Travaux publics. Cette convention est approuvée par décret le 19 juin 1857.
La construction de la ligne entre Limoges et Brive est déclarée d’utilité publique par décret impérial le 17 mai 1865. Initialement prévue pour être à double voie, la ligne fut finalement construite avec une seule voie, par souci d’économie. Cette ligne permettait de réduire de 70 km le trajet entre Paris et Toulouse et de ce fait de réduire le temps du trajet par rapport à l’ancien itinéraire passant par Périgueux.
Au départ de Limoges le trajet empruntait la ligne de Périgueux puis bifurquait vers l’Est pour rejoindre Brive par Saint-Yrieix. Le décret de 1865 avait cette bifurcation à Lafarge. Mais après près de 10 ans de discussions entre les partisans de Lafarge et ceux de Nexon un décret du 13 juin 1873 fixe l’embranchement a Nexon. J’en parlerai dans un prochain article.
L’inauguration de la ligne a eu lieu le 18 décembre 1875. Le convoi inaugural, composé d’une locomotive, son tender et sept wagons, est parti de Brive à 9h25 pour arriver à Nexon à 17h44. La vitesse moyenne était de 27km à l’heure. Elle est mise en service le 20 décembre 1875 par la Compagnie du chemin de fer de Paris à Orléans (PO).
Pendant 18 ans Nexon connu un important trafic puisque tous les trains de l’axe Paris – Toulouse – Espagne et ceux vers Périgueux passaient par la gare de Nexon. Mais à partir de 1893 le Paris-Toulouse emprunta la nouvelle ligne passant par Uzerche. Le trafic se réduisit mais restait cependant suffisant pour permettre à la gare de Nexon d’occuper une place importante en Haute-Vienne. La concurrence de la route fit perdre de l’importance au rail.
En fevrier 2001, la revue « Rail Passion » dans son numéro 46 a consacré un article à cette voie. Il s’intitulait « Jours tranquilles sur Nexon-Brive ». C’est un bel article, à la fois technique pour le matériel avec le passage de la vapeur au diesel et économique On y parle de la clientèle voyageur aussi bien que fret. On découvre que des wagons de pigeons provenaient de Belgique pour des lâcher colombophiles en gare de Saint-Yrieix. Je parlerai de ces lâchés de pigeons depuis Nexon dans un prochain article.
II – Les difficultés
A partir des années 1960 la concurrence de la route fit perdre de l’importance au rail. Mais surtout les lignes secondaires ont pâti de la priorité donnée aux trains à grande vitesse. Leur entretien a été négligé, le matériel roulant peu modernisé…
Sur la ligne Nexon-Brive, devant la dégradation des voies la vitesse de circulation a été limitée à 70 km/h puis en 2015 à 60 km/h et à 50 km/h en 2018. Le 27 février 2018 au soir entre Pompadour et Objat la constatation d’un affaissement de la voie sur une vingtaine de mètres aux environs de Vignols a conduit à l’interruption de la ligne entre Pompadour et Objat. Elle a ensuite été prolongée jusqu’à Saint-Yrieix-la-Perche.
En octobre 2019, la région Nouvelle-Aquitaine s’est engagée à hauteur de 41,4 M€ pour la régénération des tronçons abîmés. Un montant qui s’ajoutait aux 4,01 millions de SNCF Réseau et 1,79 million de l’État, pour s’élever au total à 47,2 M€. En mars 2020, la région a rajouté cinq millions d’euros en urgence pour éviter une limitation de vitesse des TER à 40km/h pour raison de sécurité.
Alors qu’aucun train ne circulait depuis le 15 décembre 2019, la circulation a repris le 14 juin 2020 entre Nexon et Saint Yrieix la Perche. Au total, 6,3 km de voie ferrée ont été rénovés sur les 22 qui séparent Nexon de Saint Yrieix. Certains rails avaient 130 ans ! 2.800 traverses ont été changées sur les zones qui n’ont pas totalement été rénovées. Les vieux rails sont remplacés par des rails de 216 m soudés entre eux alors que les anciens étaient reliés grâce à des éclisses, des sortes de joints. Ceci évite les chocs du train sur la voie ce qui augmente le confort et la sécurité des voyageurs et des riverains le train faisant moins de bruit.
Le Populaire 12 mars 2020
Le 17 juin 2020, Alain Rousset, président du Conseil régional, est venu constater l’amélioration de la ligne après les travaux financés par une subvention de la Région de près de 5 millions d’euros. Ainsi les trains peuvent continuer à rouler à 60 km/h alors que planait la menace d’une réduction de la vitesse à 40 km/h pour raison de sécurité. En 2023, des travaux seront menés sur 13 autres kilomètres, ce qui permettra de relever la vitesse à 75 km/h.
Alain ROUSSET et Daniel BOISSERIE – Le Populaire 18 juin 2020
Le 17 décembre 2021 la Région Nouvelle-Aquitaine a annoncé prendre en charge les travaux de régénération et d’adaptation des lignes Saint-Yrieix – Nexon et Brive – Objat pour un montant de 30 millions d’euros. Sur la section Nexon – Saint-Yrieix, une régénération « classique » (20,2 millions d’euros) va permettre un retour aux 70 km/h. Sur la section Objat – Brive, des travaux pour un montant de 4 millions d’euros plus 800.000 € par an jusqu’en 2030, soit un total de 10 millions d’euros, seront menés pour envisager une solution avec des trains légers.
Mais il est loin le temps ou sur cette ligne maintenant coupée en deux, la partie Saint-Yrieix-la-Perche à Objat étant fermée depuis 2018, est déjà fermée depuis 3 ans, le Paris-Toulouse l’empruntait plusieurs fois par jours.