Archives de catégorie : Connaissance de Nexon

Flore DIEVAL, acquittée après avoir lancé de l’acide sulfurique au visage d’Antoine TRUCHASSOU, un jeune nexonnais…

Antoine TRUCHASSOU est né à Nexon le 30 avril 1869. Ses parents, Martial TRUCHASSOU (1835-1896) et Anne DESCHAMP (1840-?), sont employés chez le baron de Nexon.

Il part à Paris avant d’avoir 20 ans où il trouve un emploi de cocher. Au début de l’année 1891 il rencontre une jeune fille et vont devenir amants. Le marquis au service duquel il est, part en Bourgogne. Elle le rejoint. Constatant qu’elle est enceinte elle lui en fait part mais, devant revenir à Nexon pour se présenter une nouvelle fois devant le conseil de révision car il avait été ajourné pour faiblesses en 1890, il lui dit qu’il l’aidera mais sans parler de mariage.

Un soir il va diner chez un camarade mais elle ne le voit pas rentrer. Elle apprend qu’il est parti à Nexon. Elle va donc s’y rendre quelques semaines plus tard pour lui demander des explications. Arrivée à Nexon elle trouve facilement ou il habite. Elle y rencontre sa mère et lui annonce qu’elle est enceinte de son fils. Le soir elle prend une chambre dans un hôtel.

Le lendemain matin, 8 septembre 1891, elle retourne chez Antoine. Elle lui demande de rentrer avec elle mais il refuse. Il remarque qu’elle a une main sous ses vêtements mais, avant qu’il puisse faire quoi que ce soit, elle lui lance à la figure le contenu d’une fiole d’acide sulfurique. Il est blessé au visage. Elle est arrêtée par les gendarmes et incarcérée.

La presse avait largement rendu compte de ce fait divers :

Le Courrier du Centre 12 septembre 1891

Elle sera jugée le 3 novembre par la Cour d’Assise de la Haute-Vienne, moins de 2 mois après les faits ! La justice ne connaissait pas alors les lenteurs qui sont les siennes aujourd’hui. Elle est détenue et Antoine, son ancien amant, porte encore sur le visage les traces du vitriol.

Le procès va avoir une certaine audience. les procès d’Assise attirent toujours des spectateurs, dont certains sont des habitués. La tribune des femmes est remplie, curieuse de savoir ce que les jurés vont dire. A cette époque il est de règle qu’un garçon qui a mis enceinte une jeune fille doit normalement l’épouser et au minimum prendre à sa charge les frais entrainés par la naissance d’un enfant. Pour beaucoup Antoine a commis une faute d’honneur tandis que pour d’autre la jeune Flore DIEVAL s’est fait justice elle même et a causé des blessures graves à Antoine. Tout le monde attend le verdict.

La presse va en rendre compte le 5 novembre. Je retranscris l’intégralité de l’article qu’à consacré à cette affaire le Courrier du Centre et vous découvrirez le verdict.

Le Courrier du Centre 5 novembre 1891

Beaucoup plus de monde que le matin, à la tribune des dames, principalement.

L’accusée est introduite, c’est une fort belle blonde de 18 ans. Elle est vêtue de noir. A son entrée dans la salle d’audience elle porte sur les épaules un fichu de laine blanche.

Après la constitution du jury, M. DEBAY, greffier donne lecture de l’acte d’accusation qui révèle les faits suivants : Flore-Coralie DIEVAL, âgée de dix-huit ans, domestique, née le 11 juillet 1873, à Saint-Nicolas-les-Arras, arrondissement d’Arras (Pas-de Calais), demeurant à Paris (détenue), a été renvoyée devant la cour d’assises de la Haute-Vienne.

Après un nouvel examen des pièces, expose qu’il en résulte les faits suivants : Dans les premiers mois de l’année 1891, l’accusée DIEVAL avait noué des relations intimes avec le sieur TRUCHASSOU alors cocher à Paris. Pour subvenir à leurs besoins communs, les deux amants, dénués de toutes ressources, avaient été contraints d’engager au Mont de Piété tous les objets qui pouvaient y être acceptes.

Après quelques mois de cette existence précaire, TRUCHASSOU résolut de quitter Paris et de revenir dans sa famille, à Nexon. Il mit son projet à exécution le 24 août dernier, à l’insu de sa maîtresse qui s’était toujours opposée à ce départ.

L’accusée ne tarda pas à connaître l’adresse de son amant ; une première lettre qu’elle lui adressa resta sans réponse ; A une seconde, le sieur TRUCHASSOU répondit qu’il se trouvait sans argent.

Elle prit alors la résolution de se rendre à Nexon et de se venger de l’abandon dont elle était l’objet. Elle acheta une fiole de vitriol chez un marchand de couleurs à Paris et partit le dimanche soir 6 septembre, pour Nexon. Les démarches qu’elle fit le soir même de son arrivée pour retrouver son amant demeurèrent infructueuses.

Mais le mardi matin, 8 septembre, après s’être procuré un bol dans lequel elle vida l’acide sulfurique apporté de Paris, elle se rendit chez le beau-frère de TRUCHASSOU et fut introduite dans la chambre de ce dernier. Après quelques instants de conversation au cours de laquelle TRUCHASSOU demanda à plusieurs reprises à l’accusée ce qu’elle cachait sous son fichu de dentelle, celle-ci lui en lança le contenu à la figure.

Le sieur TRUCHASSOU a été grièvement atteint à l’oreille gauche, à la figure et au cou. Les blessures ne sont pas encore guéries et entraîneront, d’après le médecin-légiste, une infirmité permanente de l’ouïe.

En conséquence, Flore-Caroline DIEVAL est accusée d’avoir : Le 8 septembre à Nexon (Haute-Vienne), volontairement fait des blessures au sieur Antoine TRUCHASSOU.

Avec ces circonstances :

1° Que lesdites blessures ont occasionné une infirmité permanente ;

2° Que lesdites blessures ont occasionné au sieur TRUCHASSOU une incapacité de travail personnel de plus de vingt jours ;

3° Qu’elles ont été faites avec préméditation.

Crime prévu et puni par les articles 309 et 310 du code pénal.

Lorsque le nom de son amant cité comme témoin est appelé par le greffer, l’accusée se met à pleurer.

Les témoins sont an nombre de six.

Interrogatoire de l’accusée

Flore DIEVAL répond d’une voix ferme et avec beaucoup de modération aux questions qui lui sont posées par M. le Président. Elle indique de quelle façon elle a fait la connaissance de TRUCHASSOU son séducteur et sa victime, alors cocher chez le vicomte de X… Ce jeune homme, elle l’aima et devint sa maîtresse.

« C’est la passion qui m’a poussée, dit l’accusée, je n’avais pas besoin d’argent car j’étais placée chez un marchand de volaille. Pourtant, cette place, je l’ai perdue pour aller le rejoindre en Bourgogne, où l’avait appelé ses fonctions de cocher auprès de son maître.

« Lorsque je me suis vue enceinte.je lui ai fait part de ma grossesse, il m’a promis de m’épouser s’il n’était pas soldat : à ce moment il allait passer le conseil de révision, et, en tout cas, il m’a assuré qu’il m’aiderait à élever notre enfant.

» Un beau jour, il m’annonça qu’il allait dîner chez des amis, et depuis ne revint plus. Il s’était rendu à Nexon dans sa famille.

« Vous n’avez pas été très ennuyée de ce départ, dit M. le président, et ce qui le prouve, c’est la lettre que vous lui écriviez quelque temps après, au mois d’août, lui disant que vous aviez reçu quelque argent de chez vous et que vous aviez l’intention de retirer du Mont-de-Piété certains objets qu’il avait engagés dans les derniers temps de votre liaison.

» Enfin, le 6 du mois de septembre, vous vous rendiez à Nexon, et, en route, vous rencontrez un sieur CHATARD à qui vous confiez votre intention de réclamer à TRUCHASSOU une certaine somme d’argent qu’il vous devait. »

« Ceci est faux, interrompt l’accusée, je ne pouvais lui réclamer de l’argent que je ne lui avais jamais prêté. »

Arrivée à Nexon, vous vous êtes rendu avec votre compagnon de voyage, auquel vous aviez offert à boire pendant le voyage chez Truchassou. Vous n’avez trouvé que sa mère ?

C’est exact, dit l’accusée, lui était à Pompadour. J’ai trouvé sa mère et lui ai dit que j’étais enceinte des œuvres de son fils, puis je me suis retirée et suit allée coucher à l’hôtel, CHATARD était parti aussitôt après ma visite à TRUCHASSOU.

Le lendemain, continue M. le président, après avoir déjeuné vous avez caché sous votre tablier une fiole d’acide sulfurique et vous vous êtes rendue chez TRUCHASSOU ?

Parfaitement, répond Flora DIEVAL, je l’ai trouvé et lui ai demandé de revenir avec moi. Il a refusé, et m’a fait des reproches parce que j’étais venue me faire voir à Nexon. Je lui ai alors demandé de m’accompagner à la gare. Il n’a n’as voulu et voyant que j’avais une main immobile sous mes vêtements, il m’a dit : « Je regrette ce que j’ai fait, mais il est trop tard. »

Ainsi se termine l’interrogatoire de l’accusée.

Audition des témoins

— M. le docteur ESCORNE, médecin à Saint Yrieix, a constaté que tout le front, l’oreille gauche et le cou de Truchassou étaient brûlés. Les yeux n’avaient pas été atteints, le nez et les paupières l’étaient à peine.

Des constatations de l’honorable docteur, il résulte que l’œil est absolument perdue du côté gauche. Quant à la déformation du visage, elle ne sera pas très visible.

— L’entrée d’Antoine TRUCHASSOU produit une certaine sensation dans l’auditoire. Il n’est pas encore rétabli des brûlures produites par l’acide sulfurique et porte sur le front un bandeau qui lui fait le tour de la tête. Il raconte comment il a fait la connaissance de l’accusée, qu’il savait avoir été la maîtresse d’un autre.

Il n’a jamais été question de mariage entre nous, dit le témoin ; je tenais beaucoup à elle, mais quand il m’a fallu quitter Paris, où je me trouvais sans place, ayant dépensé avec elle la somme que m’avait envoyé mon beau-frère, je lui ai dit que j’allais dîner chez un ami, et je suis parti pour Nexon.

Elle est venue me rejoindre et m’a envoyé à la figure un bol d’acide sulfurique. J’ai été étonné, mais la preuve que je ne lui en voulais pas, c’est que j’aurais tout donné pour qu’elle ne fût pas poursuivie.

— Antoine LAVERGNE, palefrenier à Nexon, est le beau-frère de TRUCHASSOU. Il a été témoin de la discussion qui a éclaté entre TRUCHASSOU et Flore DIEVAL, mais, n’a pas assisté à la scène du vitriol.

— Marie LAMONERIE, 14 ans, servante chez le précédent témoin, a reçu le matin de son arrivée Flore DIEVAL qui lui a demandé si TRUCHASSOU était à la maison. Elle répondit que non. Le lendemain, Flore revint ; le témoin entendit des cris et sur la demande de TRUCHASSOU qui se roulait sur son lit, alla chercher le médecin.

— Alfred MERAUX, 34 ans, maréchal-ferrant à Nexon, où il exerce également la profession d’aubergiste, a vu le soir du 7 septembre Flore DIEVAL qui lui demanda s’il n’existait pas à Nexon une famille TRUCHASSOU.

« TRUCHASSOU, a-t-elle dit au témoin, m’a enlevé 150 fr. et je vais les lui réclamer. »

— Louise FOUGERE, femme COUVIDOU, aubergiste à Nexon, a vu également l’accusée, elle lui a tenu le même propos qu’au précédent témoin. C’est chez elle que Flore DIEVAL a pris le vase où elle avait mis l’acide sulfurique.

L’audition des témoins est terminée.

Une suspension d’audience d’un quart d’heure a lieu.

Réquisitoire

M. GIACOBBI, avocat général, commence à 4 heures son réquisitoire. Il met en parallèle le caractère emporté de l’accusée et la placidité de TRUCHASSOU. Flore DIEVAL n’en était pas à son premier amant, elle en a eu un autre avant le témoin qui vient de déposer contre elle. Elle n’est donc pas si naïve qu’elle veut le paraître, ni si intéressante qu’elle désirerait le faire croire.

Elle a agi comme beaucoup de jeunes filles malheureusement agissent ; elle s’est donnée de son plein gré et sans condition, puis, poussée par son caractère, elle a voulu faire du bruit autour d’elle lorsque son amant, ne pouvant plus vivre à Paris où il était sans ressources, se retira à Nexon dans sa famille.

Arrivé à la scène où Flore DIEVAL a lancé l’acide sulfurique à la figure de son amant, l’honorable organe du ministère public insiste sur la gravité des blessures produites par le liquide corrosif.

M. GIACOBBI termine son réquisitoire en demandant qu’une peine soit prononcée contre l’accusée.

Plaidoirie

Me OGER du ROCHER commence à quatre heures et demie une plaidoirie émue, prenant à parti TRUCHASSOU auquel il reproche sa conduite à l’égard de Flore DIEVAL par laquelle, dit-il, il s’est fait nourrir. « Il a toléré, ajoute l’honorable avocat, que sa maîtresse vende jusqu’à son dernier meuble, et quand il a vu qu’il était sans ressource, il a simplement abandonné la malheureuse ne voulant pas partager sa misère. »

« Il ne tenait pas à ce que Flore DIEVAL fut traduite devant les assises et cela se comprend, lui-même devait y comparaître, et il savait fort bien que sa position était délicate ».

Me OGER du ROCHER discute ensuite la gravité des blessures occasionnées par l’acide sulfurique et termine sa plaidoirie en faisant appela la pitié du jury pour sa cliente.

« Pitié, Messieurs les jurés, dit-il, pitié, pardon pour elle. Pitié pour ses souffrances, pardon pour ses erreurs. Donnez-lui cette joie suprême qu’elle vous demande : la possibilité de se faire honorer de ce petit enfant qui déjà vit en elle et qui reste aujourd’hui avec de vieux parents le seul être que Flore puisse aimer. »

Répliques

M. GIACOBBI ajoute quelques mots à son réquisitoire et insiste sur le fait que TRUCHASSOU, ainsi que le fit entendre la défense, n’a pas vécu aux dépens de sa maîtresse. Il gagnait de l’argent lui aussi et il est prouvé qu’il engagea sa montre et sa chaîne au Mont-de-Piété. S’il est parti pour Nexon sans prévenir Flore, c’est parce qu’il savait fort bien qu’elle ne le laisserait pas s’éloigner.

M. GIACOBBI termine en insistant sur l’application d’une peine proportionnée au crime commis par l’accusée.

Me OGER du ROCHER prend la parole le dernier. Il fait valoir une fois de plus les arguments de sa défense, et laisse le jury sous une bonne impression.

Le verdict

A 5 heures 1/4, le jury se retire pour délibérer, et rapporte, un quart d’heure après un verdict négatif aux questions qui lui sont posées.

Des applaudissements éclatent dans la salle que M. le président menace de faire évacuer.

En conséquence, la cour acquitte Flore DIEVAL, et ordonne qu’elle soit mise en liberté si elle n’est retenue pour une autre cause.

L’audience est levée à six heures moins le quart.

Ainsi donc celle qui était détenue se retrouve libre. Les jurés ont été sensibles au fait qu’Antoine n’assumait pas sa future paternité.

Qu’est devenue Flore et son enfant je l’ignore. par contre Antoine TRUCHASSOU a été réformé du fait de sa surdité à l’oreille gauche occasionnée par le vitriol moins de 15 jours après le jugement.

Son handicap ne l’a pas empêché de se marier. Le 28 octobre 1898, à Nexon, il a épousé Marie COUVIDOU (1873-1957).

De ce mariage naitront deux enfants, un garçon, Robert TRUCHASSOU (1899-1957) et Suzanne TRUCHASSOU (1900-1960).

Robert et Suzanne en 1911 au mariage d’Edmond Quinque dont la mère était une Couvidou

Antoine TRUCHASSOU meurt très jeune, il a 33 ans, le 25 octobre 1902. Il était reparti dans la banlieue parisienne, à Vincennes ou après avoir repris son métier de cocher il était devenu épicier. Son fils Robert est resté dans la banlieue parisienne ou il était cafetier. Il ne s’est pas marié. Sa fille Suzanne est également restée dans la banlieue parisienne et elle non plus ne s’est pas mariée. Quant à sa femme elle s’est remariée en 1807 avec Galmier GARAT dont elle a eu un fils. Mais il faut croire qu’il y a une malédiction puisque son mari est, lui aussi, mort jeune, à 34 ans, le 20 aout 1914.

Le plébiscite de Louis Napoléon du 20 décembre 1851- Les résultats à Nexon et les conséquences : fermeture de cabarets

A la fin du 1er Empire tous les membres de la famille de Napoléon BONAPARTE furent bannis du territoire français et durent s’exiler (loi du 12 janvier 1816). Louis-Napoléon BONAPARTE part en Suisse avec sa mère Hortense de BEAUHARNAIS, séparée de son mari, Louis BONAPARTE, frère de NAPOLEON 1er.

Louis NAPOLEON est vite tenté par la politique et participe à de nombreuses tentatives de soulèvement contre la monarchie française. Lors de sa tentative d’août 1840 il est fait prisonnier et enfermé au fort de Ham dans la Somme ou il restera 6 ans. Il s’en évade le 25 mai 1846 et s’établit à Londres.

Lors de Révolution de 1848 il se présente aux élections de l’Assemblée Constituante le 4 juin 1948. Il est élu mais renonce à son mandat. Il se présente aux élections législatives des 17 et 18 septembre 1848. Il est élu et rentre en France et se présente à l’élection présidentielle des 10 et 11 octobre 1848. Il est élu président de la République avec 74,2% des voix. Il est le premier président de la République française. À 40 ans et huit mois, il demeure le plus jeune président de l’histoire de France jusqu’à l’élection d’Emmanuel MACRON en 2017, âgé de 39 ans et quatre mois.

Les électeurs de la Haute-Vienne ont voté à 89,2% pour Louis NAPOLEON et à Nexon 95,8% des électeurs lui ont accordé leurs suffrages. Il a bénéficié de l’adhésion massive des agriculteurs, d’une opposition hétérogène et de la légende impériale

Louis NAPOLEON est élu pour 4 ans et il est non rééligible. Mais très vite il va entrer en opposition avec l’Assemblée dont une partie lui est hostile. Aussi le 2 décembre 1851, date choisie pour le symbole qu’elle représente, anniversaire du sacre de son oncle NAPOLEON 1er et également de la victoire d’Austerlitz en 1805, il décide d’un coup d’Etat. Il fait occuper les imprimeries, arrêter des parlementaires et proclame sa légitimité due a son élection a une forte majorité. Les réactions sont faibles.

Il rétabli le suffrage universel et convoque les électeurs les 20 et 21 décembre pour un plébiscite.

Plébiscite du 20 décembre 1851
 « Le Peuple français veut le maintien de l’autorité de Louis Napoléon Bonaparte, et lui délègue les pouvoirs nécessaires pour établir une constitution sur les bases proposées dans sa proclamation du 2 décembre 1851. »

Les résultats sont encore plus favorables que ceux du 12 décembre 1848 puisque pratiquement tous les votants, 524, sauf 2 ont voté OUI:


Il faut pour avoir une idée précise de l’adhésion au principe de ce plébiscite mesurer le taux de participation au vote. 524 électeurs se sont déplacé sur 669 inscrits soit 78,8% .

Les résultats de la Haute-Vienne montrent un plus fort taux d’abstention, 26,9%, qu’à Nexon et quelques votes non, 8,1%.

Le Courrier de Limoges, s’enthousiasme de ces résultats :

Conséquence de l’élection : l’ordre promis entraîne un contrôle des cafés, cabarets …

Le coup d’Etat a donné à Louis NAPOLEON les pouvoirs qu’il demandait et sans perdre de temps il va mettre en application les promesses d’un retour à l’ordre. S’appuyant sur le décret du 29 décembre 1852, le préfet de la Haute-Vienne, considérant que certains cabarets ont une activité contraire aux intérêts moraux des familles de les fermer temporairement. Dans son arrêté du 12 fevrier 1852 le préfet vise 13 établissements de l’arrondissement de Saint Yrieix dont 5 à Nexon.

Le recensement le plus proche est celui de 1841. Je ne trouve aucun nom de cafetier, aubergiste ou cabaretier correspondant à ceux visés par l’arrêté. Il y avait au recensement de 1841, un cafetier, Gabriel GIZARDIN.

L’arrêté du 12 février précise que les établissements fermés le sont jusqu’à nouvel ordre. Un mois plus tard un nouvel arrêté, publié le 19 mars 1852, ferme définitivement un certain nombre des établissements qui étaient touchés par l’arrêté précèdent. Sur les 5 de Nexon 2 échappent à la fermeture définitive : celui de la Veuve RICHJARD et celui de Jacques VERGNON.

Le coup d’État ayant été ratifié par le plébiscite du 20 décembre 1851, Louis NAPOLEON fait préparer un texte pour remplacer la Constitution de 1848. Ce texte, adopté le 14 janvier 1852, est présenté au Sénat. Certains sénateurs y introduisent la notion d’Empire. Le plébiscite qui doit approuver la transformation de la République en Empire est organisé les 20 et 21 novembre 1852. Il est formulé ainsi :

« Le Peuple français veut le rétablissement de la dignité impériale dans la personne de Louis-Napoléon Bonaparte, avec hérédité dans sa descendance directe, légitime ou adoptive, et lui donne le droit de régler l’ordre de succession au trône dans la famille Bonaparte, ainsi qu’il est prévu par le sénatus-consulte du 7 novembre 1852. »

Les résultats sont encore plus favorables à Louis NAPOLEON :

Le taux d’abstention n’est plus que de 18,4% et le oui l’emporte à 81,3% des inscrits.

Ce plébiscite donne une majorité écrasante en faveur du rétablissement de l’Empire : 7 824 189 voix « pour », et 253 145 voix « contre », avec un taux de participation de 80%.

Le 2 décembre 1852 Louis NAPOLEON proclame le second Empire et devient NAPOLEON III.

Voir le chapitre consacré à l’Empire dans ce blog : https://etsinexonmetaitconte.fr/lhistoire-de-nexon-vue-a-travers-les-deliberations-du-conseil-municipal-xiii-le-second-empire-1852-1870/

l

Les fêtes en 1962 et 1963.

Je n’ai pas trouvé de photos pour les fêtes de ces années. Si vous en possédez scannez les ou prêtez les moi pour que je le fasse.

L’année 1962 est une année particulière. Le Comité des fêtes est bien organisé et les finances sont saines. Aussi lorsque le conseil se réunit a quelques semaines de la fête de septembre personne n’imagine la manière dont il va se dérouler.

Le vendredi 24 aout 1962 le conseil se réuni sous la présidence de Robert FOUILLAUD. Sont présents : MM. CHIBOIS, RABBE, LAGNEAU Père, GRAMMAGNAT, BOSBATY, ERNY, COMBACAL, LASPERAS B., LAGNEAU Fils, REBIERE. MM. JARRY-LACOMBE et CROUZILLAC sont excusés.

Le Président donne le compte rendu de la saison 1961-1962. Le livre de caisse accuse un compte créditeur de 1 892,50 francs.

Immédiatement après, pour des raisons personnelles, le président donne sa démission. Elle est acceptée à l’unanimité. Aucun membre ne se présente à la présidence. Tous démissionnent. L’association est de ce fait dissoute et les fonds remis à la mairie. La municipalité prend en charge l’organisation de la fête de septembre dont le programme était déjà prêt.

Les 23 et 24 septembre la fête est un succès et le bulletin municipal en rend compte ainsi:

C’est la belle époque des manèges pour les petits et les grands : auto tamponnantes, avions, chenille, manège pour les petits avec la célèbre queue de Mickey qui donne un tour gratuit a celui qui l’attrape… Les photos qui suivent rappellerons de bons souvenirs aux plus anciens mais elles ne sont pas prises à Nexon.

Le lundi, comme cela se faisait depuis plusieurs années, une course cycliste était organisée par le Cyclo Racing Club du Limousin (CRCL). Ouverte à toutes les catégories elle se disputait sur 105 kilomètres. 21 coureurs étaient engagés parmi lesquels mon cousin Jacques PRADAUD. Pour rien au monde nous aurions raté cette course pour applaudi Jacques qui était presque du pays depuis qu’il avait épousé Marguerite BOUCHER la cousine germaine de ma mère qui habitait Aurin sur la commune de Bussière Galant, le village ou était née ma mère.

Ce jour là PRADAUD termine deuxième derrière Maurice REJASSE, le vétéran et devant le jeune Albert PETER.

C’est une arrivée classique mais ici le trio de tête est dans le désordre.

Avec l’aide de Bernard VERRET, ancien journaliste du sport au Populaire, Jacques PRADAUD a écrit l’histoire de sa vie, un exemple de courage et de volonté.

Lorsque la municipalité fait le bilan de cette fête et publie un compte rendu dans le Bulletin Municipal une phrase va faire bondir 4 nexonnais décidés à intenter une action pour diffamation.

Dans ce compte rendu, le maire, Louis Jean PRADEAU, écrit que 4 commerçants n’ont pas donné d’argent pour la collecte de la fête du printemps 1963.

Bulletin municipal 15 octobre 1962

René REBIERE est furieux de voir cité le nom de son père et les 3 autres commerçants manifestent la même colère. Pour avoir passé des heures avec René pour qu’il me raconte l’histoire de Nexon je peux assurer que 50 ans après sa colère était toujours vive. J’ai déjà écrit dans l’hommage que je lui ai rendu après son décès que j’ai l’intime conviction que cet évènement n’est pas le moins important parmi ceux qui l’on conduit à présenter une liste contre M. PRADEAU lors des élections municipales de 1965.

La fête du printemps 1963 a connu un grand succès. Elle était animée par la clique de Chalus et le lundi une course était organisée, toujours par le CRCL. Elle était moins prestigieuse que celle de l’automne 1962 car elle n’était ouverte qu’aux catégories 3 et 4 et se disputait sur 75 km. Il y avait 26 partants et le vainqueur était Daniel LAVERGNE devant Armand BLONDY. La fête a laissé un bénéfice de 1607 francs, soit l’équivalent de 2 350 euros en 2020. Mais on remarquera que la municipalité a versé une subvention de 1 046 francs.

Bulletin municipal 19 mai 1963

Le maire publie la liste des commerçants qui ont donné à la souscription mais il ne fait pas apparaitre le nom de ceux qui n’ont pas donné.

La fête de septembre est organisée sur le même modèle que les précédentes; Elle est animée par la clique de Chalus, un feu d’artifice est tiré le dimanche soir et c’est de loin la dépense la plus élevée.

Le bénéfice de 1224 francs est à peine supérieur à la subvention municipale. La course du lundi 23 septembre ouverte a toutes les catégories a vue 26 engagés disputant 110 km. Alain DESPLAT a terminé 1er devant Henri RABAUTE et Jacques PRADAUD, toujours fidèle à Nexon.

Le maire publie toujours la liste des souscripteurs…

La fête à Nexon en 1959

Pour cette année 1959 j’ai plusieurs photos mais comme pour les années précédentes il n’y a aucune date. Si vous voyez des erreurs n’hésitez pas à me les signaler. Si vous avez d’autres photos que celles que j’ai publié n’hésitez pas à m’envoyer un scan. Merci d’avance.

Ce char est intéressant car il reprend un mot d’ordre de Félix GAILLARD (1919-1970) qui fut ministre et président du Conseil, et qui pour éviter que les prix de la viande augmentent trop vite donnait ce conseil aux français « mangez du poulet ». Sur le côté du char, dans l’encadré, on lit « Mon Gaillard de poulet ». Ce slogan a été lancé en 1957, le char est peut-être de 1958 car on oublie vite les slogans politique. Félix Gaillard a été président du Conseil, équivalent à 1er ministre pendant 5 mois et 9 jours, du 6 novembre 1957 au 15 avril 1958. C’était la durée moyenne des gouvernement sous la 4ème République.

C’est le char de la place de l’église avec les mêmes « acteurs »…La voiture est fournie par le garage LASPERAS, le père est au volant et son fils Bernard est à gauche et vise avec son fusil le guépard qui est suspendu par les pattes. A coté du chauffeur on retrouve Jean CROUSILLAC.

Fête au début des années 1900

Didier BUISSON m’a envoyé trois photos d’une fête qui se déroulait à Nexon. La date n’est pas indiquée mais compte tenu de habits la fête a lieu avant 1914. Il y a plusieurs chars, très différents de ceux des années 1950 -1960. Ils sont très hauts , tirés par des chevaux. Si quelqu’un a une idée de la date je le remercie d’avance.

A ces photos je peux ajouter celles de la famille DESPLANCHES que j’ai déjà publié sur ce blog. Elles dates de 1900 et m’ont été prêtées par Françoise DESPLANCHES-CONORD.

L’essentiel de la fête est concentré sur la place FRATELLINI actuelle. Hommes et femmes ont la tête couverte, les femmes du barbichet et les hommes d’un canotier ou d’un chapeau noir.

Des cigognes à Nexon ! ce n’étais pas autrefois, encore qu’on ne le sache pas mais le 17 août 2021…

Il n’est pas habituel de voir des cigognes traverser le Limousin en direction du Sud en plein mois d’août et pourtant ceux qui se promenaient place de l’église à Nexon vers 19 heures, le mardi 17 août, ont vu arriver un groupe d’une trentaine de cigognes qui a tourné autours de l’église et du château avant de se poser sur les toits environnants. Les heureux qui avaient leur téléphone se sont empressés de prendre des photos, ceux qui ne l’avaient pas et habitaient tout près se sont dépêchés d’aller le chercher.

  • Il n’est pas anormal de voir des cigognes regagner le sud en août.

Les cigognes qui passent l’été dans le nord-est de l’Europe regagnent le sud avant l’hivers. Comment les grues annoncent elles le temps à venir ? Pour ces dernières c’est habituel d’en voir passer des nuées dans un sens et dans l’autre et leur passage a donné lieu a des dictons. Quand elles partent vers le sud on dit : « Lorsque les grues passent en Limousin, elles ramènent toujours un peu de froid sous leur ailes ».

Ligue de Protection des Oiseaux explique que les cigognes blanches qui partent de l’Alsace et de l’Allemagne suivent deux voies de migration connues, la côte atlantique et la vallée du Rhône. Elles passent les Pyrénées par le Pays Basque ou par le Roussillon, certaines restent en Espagne, les autres traversent la mer Méditerranée au détroit de Gibraltar pour rejoindre le Sénégal, le Mali… Celles qui partent de Hongrie, Pologne …contournent la Méditerranée par la Turquie, le Liban, Israël, l’Egypte et suivent le Nil pour trouver leur lieu d’hivernage.

Ces oiseaux peuvent parcourir jusqu’à 500 kilomètres par jour et pour cela elles ont besoin de courants thermiques ascendants ce qui leur permet de dépenser moins d’énergie. Le soir, comme le soleil s’abaisse sur l’horizon, elles s’arrêtent vers 17-18 heures et le matin elles reprennent leur vol vers 10 heures quand le soleil commence à chauffer l’air ce qui crée les courants ascendants. C’est ce qu’elles ont fait à Nexon où elles se sont posées vers 19h et elles sont reparties le lendemain vers 10 heures.

Quelques jours après Nexon, le samedi 21 août, c’est à Prades dans les Pyrénées Orientales que plusieurs centaines de de ces oiseaux migrateurs ont fait étape. Le dimanche 22 août plusieurs dizaines de cigognes ont fait une halte dimanche dans la commune creusoise de Mérinchal. Le lundi 23 août entre 80 et 100 cigognes ont fait étape dans le Puy-de-Dôme, près de Riom. A chaque fois la presse locale a publié des photos et a fait part de la surprise des habitants devant cet événement rare dans leur commune.

Aujourd’hui, la cigogne a investi toute la façade ouest, de la Normandie, mais pas la Bretagne, jusqu’au Pays Basque. Certaines s’y sont établi et il semblerait que ce soit devenu leur bastion détrônant petit à petit l’Alsace…

  • La cigogne, un oiseau mythique…

Cette grande dame blanche, par sa grande taille, son élégance, sa proximité de l’homme a eu un impact important dans la culture et le folklore. Les mythologies grecque et romaine les dépeignent comme des modèles de piété pour leurs parents qu’elles nourrissent quand ils sont trop vieux et même qu’elles transportent. Esope les fait intervenir dans des fables comme « Du Laboureur et de la Cigogne » et « Du Renard et de la Cigogne ».  Cette dernière a inspiré Jean de La Fontaine pour écrire « Le Renard et la Cigogne ».

Une célèbre légende du nord de l’Europe raconte que la Cigogne apporte les bébés aux jeunes parents. Ce mythe, qui a probablement une origine très ancienne, a été popularisé par ANDERSEN dans le conte « Les Cigognes ».

  • Les cigognes à Nexon en images…

N’étant pas à Nexon c’est sur la page Facebook de Martine FOUGERAS que j’ai découvert ces cigognes sur les hautes toitures de Nexon. Puis Mme PAUZET qui m’a reçu pour évoquer l’histoire de sa maison de Nexon, la plus proche de l’église si bien que la majorité des touriste pensent que c’est le presbytère et sonnent parfois pour avoir des renseignements, a elle aussi réalisé des photos que je mêle à celles de Martine.

Enfin Martine a publié une vidéo transmise par Carine :

https://www.facebook.com/martine.fougeras/videos/527818741647573

Un ami de Martine, Régis AUXEMERY, lui a rappelé qu’une douzaine de cigognes avait fait escale à la gare de Nexon et a joint deux photos:

A Nexon les cigognes se sont posées sur les toits mais à Prades ou à Riom elles étaient dans les près.

Arrêt à Prades. Emile Claverie
Escale à Riom avant de reprendre le vol vers le sud. Pascal Caillet

Les prénoms donnés aux enfants à Nexon en 1892 et en 2020 : de la conformité à l’originalité.

En 2018, Jérôme Fourquet publie « L’Archipel français » , dans lequel il constate ce qu’il appelle une «archipelisation» de la France. Aux clivages binaires qui l’ont structurée pendant des siècles, ruraux/urbains, monarchistes/républicains, droite/gauche… se substituent un émiettement des groupes et une individualisation croissante. Il prend, entre autres, l’exemple des prénoms et montre la disparition progressive des prénoms judéo-chrétiens et leur remplacements par des prénoms anglo-saxons et arabo-musulmans.

J’ai cherché à vérifier son constat sur les prénoms donnés aux enfants nés à Nexon en 1892 et 2020. Si la quasi disparition des prénoms d’origine judéo-chrétienne et leur remplacement par des prénoms anglo-saxons est vérifiée on ne trouve pratiquement pas de prénoms d’origine arabo-musulmane.

Au constat de l’évolution dans le choix des prénoms s’ajoute celui du nombre annuel des naissances. De 1884 à 1914 le nombre annuel des naissances baisse régulièrement. Il passe de 86 en moyenne pour la période 1884 -1900, on tombe à 69 entre 1901 et 1913. Et depuis la fin du baby-boom, à la fin des années 1970, le nombre de naissance annuel est tombé à moins de 30 avec 26 naissances en 2019 et 25 en 2020.

Signalons un autre phénomène, sans effet apparent sur le choix des prénoms, mais qui permet de comprendre la prolifération des prénoms sans lien avec les traditions familiales. Jusqu’au début des années 1950 la presque totalité des naissances s’effectuait au domicile des parents. A la fin de cette décennie plus de la moitié des mamans accouchaient dans une maternité, soit à Limoges soit à Saint Yrieix. Ainsi en 1961 sur 27 naissances, 16 ont eu lieu en maternité et 11 au domicile. Lorsque la déclaration de l’enfant à l’Etat Civil s’effectuait à la mairie du domicile familial on peut penser que les grands parents ont pu parler avec les jeunes parents et suggérer que le prénoms d’un anciens soit donné, souvent celui du parrain pour les garçons et celui de la marraine pour les filles. Ce n’était pas toujours le premier prénom mais le deuxième ou le troisième quand il y en avait plus de deux. A la maternité, l’éloignement des grands parents ne fait plus peser le poids de ces traditions sur les épaules des jeunes parents. Ce poids familial était encore plus lourd lorsque la jeune maman venait passer les derniers jours de sa grossesse au domicile de sa mère, l’officier de l’Etat Civil précisant le domicile réel des parents et ajoutait  » la mère étant chez ses parents ou elle a fait ses couches ».

Les prénoms des enfants nés à Nexon en 1892.

80 enfants sont nés à Nexon en 1892. Quatre d’entre-eux étaient des enfants naturels qui ont été reconnus par leur mère en moyenne huit jours après leur naissance, c’est à dire dès que la mère a pu se rendre à la mairie pour accomplir cet acte.

Sur ces 80 naissance on comptait 47 garçons et 33 filles. Ces chiffres sont conformes aux constats des démographes qui dénombrent plus de naissances de garçons que de filles.

Pour les 47 garçons, 17 prénoms ont été utilisés. Dans ce calcul nous avons compté ensemble tous les « Jean » dans la mesure ou il n’est pas facile de vérifier sur le document d’Etat-Civil s’il y a un trait d’union entre « Jean » et le prénom suivant. Pour mon cas personnel mon prénom habituel est « Jean-François » mais pour mes papiers, l’officier d’Etat-Civil m’a fait remarquer qu’il n’y avait pas de tiret entre Jean et François et de ce fait sur ma carte d’identité je m’appelle Jean, François…

En prenant en compte ce mode de calcul 12 garçons s’appellent Jean , soit un quart (25,5%) de ce groupe. On trouve ensuite 6 Léon, 4 François, Léonard et Pierre … de sorte qu’avec 5 prénoms on été nommés près des deux tiers des garçons, (63,8%) et 83% avec 8 prénoms.

Le constat est encore plus marqué pour les filles. En appliquant pour Marie la même règle que celle utilisée pour Jean nous constatons que sur les 33 filles nées en 1892, 17 se prénomment Marie, soit un peu plus que la moitié d’entre elles. 5 prénoms ont suffit pour nommer les trois quarts des filles.

Les prénoms des enfants nés à Nexon en 2020

Il est sans doute abusif de parler des enfants nés à Nexon puisqu’aujourd’hui la presque totalité des enfants naissent dans une maternité. Ils sont de ce fait déclarés à l’Etat civil du lieu ou se trouve la maternité mais celle-ci transmet l’information à la mairie où sont domiciliés les parents.

Ainsi en 2020, 25 enfants sont nés de parents habitant à Nexon. Il y avait 14 filles (56 %) et 11 garçons (44%). Cette proportion ne correspond pas aux chiffres nationaux pour lesquels on constate qu’il nait en moyenne 104,5 garçons pour 100 filles. On retrouve ce ratio « naturel » dans la plupart des pays du monde.

En 2019, à Nexon l’écart entre le nombre de garçons et celui des filles à la naissance était encore plus grand. En effet il était né 26 enfants dont 16 filles (61,5 %) et 10 garçons (38,5%).

A la différence de ce que l’on constatait dans la France du 18ème et du début du 20ème siècle presque tous les enfants portent un prénom différent. En 2020 seuls deux garçons ont le même prénom, Antoine. En 2019 les 26 enfants ont un prénom différent.

Les prénoms donnés à Nexon sont-ils différents de ceux que les Français ont choisi pour leurs enfants en 2020 ?

Le classement des prénoms les plus donnés en France en 2020 publié par l’INSEE permet de constater que Nexon ne suit pas les tendances nationales. Est-ce du à des caractéristiques socio-économiques, à l’âge des parents ?

Quelles qu’en soient les raisons on constate qu’aucun des 11 jeunes garçons de Nexon porte l’un des 10 prénoms les plus donnés en 2020 et que seules 2 filles ont un prénom qui figure dans cette liste : Lina et Chloé.

Cette individualisation des prénoms rendra la tache plus facile pour les généalogistes dans les années futures. Ils ne trébucherons pas comme c’est le cas aujourd’hui quand on trouve dans une famille que le grand-père, le père et le fils se nomment tous Pierre, Jean ou François. On comprend pourquoi jusqu’au milieu du 20 ème siècle il y avait autant de surnom.

Pour aller plus loin:

« Léonard, Marie, Jean et les autres : les prénoms en Limousin depuis un millénaire » Louis Perouas, Bernadette Barriere, Jean Boutier, Jean-Claude Peyronnet, Jean Tricard et le groupe Rencontre des historiens du Limousin. Paris : Editions du Centre national de la recherche scientifique, 1984. In-8°, 229 pages

Les fêtes à Nexon de 1919 à 1945

La Première Guerre mondiale s’achève par l’Armistice du 11 novembre 1918 puis plus officiellement, le 28 juin 1919 avec la signature du Traité de Versailles. l’Union des Grandes Associations Françaises prend l’initiative d’organiser le dimanche 3 août 1919 également, une journée de reconnaissance nationale envers le soldat français et demande aux instituteurs la participation des écoliers et ainsi le 3 août 1919, toutes les communes de France organisent des fêtes de la Victoire, afin de remercier et honorer dignement les combattants, glorifier les morts et rappeler au pays le rôle de la France dans la guerre.

Nexon n’ignore pas cette date et avec le concours d’un escadron du 24e régiment de dragons organise une fête au cours de laquelle les jeunes se livreront à des jeux sportifs avec les militaires.

Le Populaire 29 juillet 1919

Le dimanche 12 octobre, grand concours et comice agricole. Toute la journée se tiennent des Jeux de toutes sortes, loteries, chevaux de bois. A 2 heures, lancement d’un ballon ; à 8 heures du soir, grand feu d’artifice, retraite aux flambeaux. Bals de jour et de nuit.

Le Populaire 6 octobre 1919

1921 La fanfare de Limoges agrémente la fête du 18 septembre.

Le Populaire 16 septembre 1921
La fanfare de Limoges à la fête de Nexon 18 septembre 1921

1933 Les cosaques à Nexon

Le dimanche 28 mai à l’hippodrome, les cosaques djiguistes, réputés être les meilleurs cavaliers du monde ont donné leur spectacle.

1936 le 19 septembre, toujours la fête avec le comice. A l’occasion de la fête M. BUSSIERE qui vient d’ouvrir son magasin de mode, rue Gambetta, à la place de la fleuriste actuelle, fait pour une des premières fois à Nexon, de la publicité pour son magasin:

Le Populaire 17 septembre 1936

Pour cette fête c’est la fanfare des « Gosses de Limoges » qui viendra animer.

Le Populaire 17 septembre 1936

Le programme de cette fête permet de découvrir deux associations nexonnaises, les Cliqueurs nexonnais et l’association colombophile. Si l’on trouve des traces de la seconde dans les résultats des concours je n’ai jamais rien vu sur la première. On voit également qu’un dirigeable, j’imagine que c’est un ballon, qui est parti et que des parachutistes ont été largués. Ce n’était certainement dans le bourg mais vraisemblablement à La Seyne.

1938, le comité des fêtes a organisé la fête en partenariat avec le Comice agricole. Cette année une course cycliste est organisée le lundi 19 septembre par le Cyclo-Club Limousin.

Le Populaire 16 septembre 1938

En septembre 1939 et pendant les années suivantes l’organisation des fêtes n’était pas une préoccupation importante pour les nexonnais. Pendant toute la période de la guerre les moments récréatifs étaient organisés afin de valoriser les actions du gouvernement. Les fêtes étaient des fêtes des jeunes des chantiers de Jeunesse comme celle du 9 octobre 1942

Le Populaire 10 septembre 1942

Il y avait aussi les tournées de théâtre des JAF, les Jeunes Artistes Français.

Mais comme dans toutes les périodes de guerre pendant lesquelles les bals sont interdits il y des transgressions. Des bals sont organisés clandestinement dans des granges et là aussi il y a des dénonciations. C’est ce qui c’est passé à Nexon en 1943 ou trois personnes ont été incarcérées.

Le Populaire 2 aout 1943

Les fêtes à Nexon avant la Première Guerre Mondiale

Les fêtes de village existent depuis longtemps et dans chaque région elles portaient un nom spécifique.

  • Fête, frairie, ballade ?

A Nexon au début des années 1900 on parlait principalement de ballade, mais peu a peu ce mot a disparu du langage…

L‘Atlas Linguistique de la France, projet initié par le linguiste Suisse J. GILLERON et mis en chantier en 1896, a conduit E. EDMONT à sillonner la France pendant près de quatre ans pour collecter les différents mots des patois que l’on parlait pour désigner 1400 termes qui avaient été retenus. Les résultats ont été publiés entre 1902 et 1910 et comporte près de 2000 cartes. La carte 556, la fête du village, montre que ballade est principalement utilisé en Haute-Vienne et frairie en Charente.

Atlas linguistique de la France – carte 556

Au début des années 2010 une grande enquête a été lancée « Quel français régional parlez-vous? ». Parmi les questions on demandait , “Comment appelez-vous la fête de votre village ou de votre quartier, qui a lieu en général une fois par an ?” La question était suivie d’une quinzaine de propositions, extraites pour la plupart du Dictionnaire des régionalismes de France (DRF), édité par P. Rézeau en 2001.

Dans les réponses données on constate que des mots ont disparus et en 2016, ballade n’est plus employé en Haute-Vienne et que l’on utilise « frairie ». Je me souviens pourtant qu’entre jeunes, dans les années 1950-1950 il nous arrivait de demander  » tu vas à la ballade?  » . C’est sans doute la difficultés des homophonies de survivre. « Balade » avec un seul « l » est « une flânerie, promenade sans but précis » ou bien « une sortie, excursion vers des lieux relativement proches ». Si on écrit « ballade » avec deux « l » c’est une « pièce vocale et instrumentale destinée à la danse » ou bien un « poème formé de strophes égales terminées par un refrain et d’un couplet final plus court appelé envoi ». ( source « Trésor de la langue française »).

Comme on dit chez nous : le grand livre du français de nos régions. Le Robert 2016
  • Les fêtes depuis 1789

Avant la Révolution de 1789 les fêtes étaient principalement adossées à des évènements religieux, le plus important étant tous les 7 ans les Ostensions. Cependant, chaque année, en septembre se tenait une foire-fête importante en l’honneur de St-Ferréol, patron de la paroisse.

Avec la Révolution Nexon a, comme toutes les communes, organiser les fêtes révolutionnaires. Mais en 1792 la plus importante manifestation fut le 3 juin, jour de Fête de la Ste Trinité, la clôture des Ostensions. Ce fut une cérémonie grandiose avec une grande procession derrière toutes les reliques qui avaient été exposées à la vénération publique. cette même année le Conseil organise la fête du 14 juillet sur invitation du ministre de l’Intérieur et vote une somme de 50 francs pour illuminer la nuit et invite les habitants à pavoiser leur maison et à les illuminer.

Par la suite, du fait de l’instauration du calendrier révolutionnaire fixant le début de l’année le 1er vendémiaire an 1, chaque mois étant formé de 3 décadi de 10 jours, il était difficile aux citoyens de s’y retrouver. Les dirigeants imposèrent bien par de nombreuses lois les nouvelles fêtes révolutionnaires mais elles ne furent pas très suivi dans les petites communes, surtout dans celles comme Nexon ou le chatelain, même s’il n’avait pas de pouvoir politique, jouissait d’un respect incontestable.

On note quelques décisions municipales comme le 27 ventôse an 6 ( 17 mars 1798), où le sieur Annet TARRADE est désigné comme Commissaire pour préparer la fête de la souveraineté du peuple fixée au 30 ventôse. Nexon, comme chaque commune, fournit un piquet de 10 hommes de la Garde Nationale auxquels il est remis 3 cartouches. Cette célébration a lieu entre l’arbre de la liberté et l’arbre de la Fraternité.

Mais 10 ans après la Révolution, la commune délibère pour se conformer à la loi du 13 Fructidor an 6 (30 aout 1798) qui imposait la célébration des fêtes décadaires, jusque là peux suivies. La loi imposait que chaque 1er décadi une fête soit célébrée, que les enfants y assistent et pour cela qu’il n’y ait pas classe, que les boutiques soient fermées et que les mariages soient célébrés uniquement ce jour là.

Le 18 brumaire mit fin à toutes ces fêtés et ne subsistèrent que la fête de la Liberté le 89 thermidor (10 aout) et le jour de l’an le 1er vendémiaire ( 22 septembre). le 14 juillet ne sera véritablement instauré comme jour de fête qu’en 1880.

A Nexon on retrouve des fêtes organisées en même temps qu’un Comice agricole. Ce fut le cas le 23 septembre 1860. Le conseil municipal vote une somme de 150 francs et charge MM. de VEYRINAS et FRUGIER d’en surveiller l’emploi.

En 1878 une grande fête est organisée les 22 et 23 septembre en même temps que le Comice.

5 septembre 1878 Le Courrier du Centre

Le Courrier du Centre dans le style ampoulé de cette époque en rend compte et l’on se prend à imaginer des fêtes comparables aujourd’hui avec plusieurs bals, un retraite aux flambeaux avec toutes les maisons illuminées alors qu’il n’y a pas l’électricité, un magnifique feu d’artifice et la fin à 5 heures du matin…

24 septembre 1878 Le Courrier du Centre

Le lendemain, 25 septembre 1878, un autre journaliste dans le même journal, décrit plus particulièrement le concours agricole mais il dépeint le cadre et la fête dans des termes comparables a ceux employés par son collègue la veille.

Le souvenir de la fête de l’année précédente est toujours présent et Le Courrier du Centre annonce celle qui va se dérouler le 21 septembre 1879 dans des termes dithyrambiques. On notera l’invitation a visiter les monuments en particulier l’église et aussi a effectuer une promenade sur la propriété Morterol considérée comme une petite Suisse. cette remarque me va droit au cœur puisque je suis né sur une terre qui avait appartenu à cette famille et qui était toujours propriétaire au Courdein…

Après la fête les commentaires étaient encore plus élogieux .

La loi du 6 juillet 1880 instaure le 14 juillet comme jour de la fête nationale. Dans les faits, on commémore deux 14 juillet : la prise de la Bastille et l’insurrection populaire du 14 juillet 1789 mais aussi la première fête de la Fédération, le 14 juillet 1790. La

Aussi le 11 juillet 1880, le Conseil organise la fête du 14 juillet sur invitation du ministre de l’Intérieur et vote une somme de 50 francs pour illuminer la nuit et invite les habitants à pavoiser leur maison et à les illuminer.

La presse du 15 juillet n’a pas parlé de la fête de Nexon car l’essentiel des pages étaient consacrées à la Fête à Paris et à celle de Limoges. On peut retenir qu’il c’est vendus des quantités astronomiques de drapeaux et que les rues étaient décorées de guirlandes, de banderoles et même d’arcs de triomphe. Nexon a du vivre la même chose.

Mais le 14 juillet n’a pas détrôné la fête de septembre qu’elle soit ou non jumelée avec un comice agricole.

Pour 1886 le jumelage fête-comice avait été reconduit et ce fut un succès.

En 1892, le 14 juillet a été brillement fêté comme le décrit le Courrier du Centre du 18 juillet :

« La fête nationale a été célébrée cette année avec un éclat inaccoutumé. Annoncée par le carillon de nos cloches, elle a commencé par une aubade donnée aux notabilités par la fanfare. Puis, à neuf heures, a eu lieu une abondante distribution de secours aux indigents.

Le maire, n’ayant à sa disposition qu’une modeste somme de 50 francs, avait ouvert une souscription qui a produit 135 francs, avec lesquels il a é possible d’illuminer l’hôtel de ville et d’organiser le soir un bal au café de la Patrie.

Des jeux de toute sorte avaient été organisés dans la journée.

Le soir, un feu d’artifice très réussi a été tiré sur la place de la mairie. Une retraite aux flambeaux, avec la fanfare, a terminé cette fête splendide.

Tous nos remerciements au sympathique maire, M. Gabriel Thomas. »

Le Courrier du Centre 18 juillet 1892.
  • Les fêtes à partir de 1900

Il n’y a pas de changement majeur avec le changement de siècle. Comme pour l’ensemble de la vie sociale la rupture est marqué par la Première guerre mondiale.

En 1900, si l’on compare à ce qui c’est passé pour l’an 2000, il a du y avoir de belles fêtes en France. La fête-comice de septembre en 1900. Les hommes portent tous un chapeau et beaucoup de femmes sont coiffées du barbichet. L’essentiel de la fête se déroule sur l’actuelle place Fratellini. Il y a quelques bovins, à gauche, place de la République.

1906 la première fête avec l’électricité.

En Septembre 1906, quelques jours avant la frairie, le grand jour arriva. M. AYMARD allait connecter sa machine à la première ligne destinée à éclairer le bourg. Comment allait se comporter cette installation ? La machine tournerait-elle ? La dynamo ferait-elle son office ? Le courant atteindrait-il les lampes installées.  L’angoisse de Louis AYMARD a été de courte durée. Pour éviter tout incident il tint à agir seul ! Il éloigna tous les curieux et même son collaborateur. Dès qu’il mit en action ces mécanismes compliqués et si laborieusement élaborés le miracle se produisit. Dans le crépuscule naissant toutes les lampes installées se mirent à scintiller d’une belle lumière, franche et sans faiblesses. La population était fascinée. A partir de ce jour la vie de tous va changer mais la fête se déroula sans que la fée électricité y joua quelque rôle que ce soit.

1910

Le Populaire du 9 septembre donne le programme de la fête du dimanche 18 septembre et de la foire du lundi 19. Plusieurs choses nous surprennent : la distribution des secours aux pauvres le dimanche matin, le comice agricole de midi à 14 heures, le feux d’artifice avant la retraite aux flambeaux et le lundi la multitude des courses et concours qui se suivent toutes les demi-heures.

Le Populaire 9 septembre 1910

Le manège de bicyclette a vu le jour à la fin des années 1900 lorsque des forains astucieux firent tourner le manège en faisant pédaler les clients. En 1910 Nexon n’avait l’électricité que depuis 4 ans.

Un manège de bicyclette vers 1905

Le 9 septembre 1911, le conseil vote une subvention de 50 francs pour la fête patronale. C’est la première subvention pour cet objet.

Pendant la guerre on ne trouve pas de traces de fête à Nexon. Le 28 avril 1917 le préfet de la Haute-Vienne prend un arrêté affiché à la porte de toutes les mairies, qui interdit les bals publics et tous les divertissements bruyants. Cet ordre valait non seulement pour les salles publiques mais aussi pour les salles privées, en général les granges des fermes où s’organisaient les bals de villages ou de hameaux.