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Savez vous si un centre de vacances existait à Nexon en août 1930?

Une lectrice du blog me demande si quelqu’un connait la structure qui accueillait au mois d’août 1930 des jeunes garçons pour 3 semaines de vacances actives : football, pêche, sortie à Limoges en train…Sur une carte postale postée de Nexon le 6 août 1930, le jeune Roger écrit « C’est moi qui porte le drapeau de ma section. Aujourd’hui on va faire une partie de pêche. Hier on a joué au football »

Est-ce que quelqu’un connait un camp de vacances, une colonie… qui aurait existé à Nexon au moins en 1930 et peut-être après ?

Merci

Jules VEDRINES, aviateur

A Nexon une vingtaine d’affichettes décrivent un bâtiment ou un événement. L’une d’entre elles, au coin de la rue Gambetta et de la rue Gay-Lussac, très abîmée, rappelle les exploits de Jules VEDRINES, célèbre aviateur des années 1910. Il est indiqué que Jules VEDRINES a effectué de nombreuses visites dans sa famille à Nexon.

A ce jour je n’ai pas pu trouver trace de ces visites ni identifier sa famille Nexonnaise. L’Office de Tourisme, éditeur de ces affichettes, ignore tout de ce personnage et de l’auteur du texte. Alors je lance un appel aux lecteurs de ce blog pour essayer de découvrir les attaches nexonnaises de Jules VEDRINES.

L’affichette abîmée !

La tache n’est pas aisée. Jules VEDRINES est mort le 21 avril 1919 à Saint-Rambert-d’Albon dans la Drome ou son avion, un bimoteur Caudron C-23, est tombé en panne alors qu’il effectuait le vol inaugural de la ligne Paris-Rome.

Jules VEDRINES est né le 21 décembre 1881 à la Plaine Saint Denis de parents Creusois. sa jeunesse ne le prédestine pas à devenir un as de l’aviation. Il est ouvrier dans la société Gnome qui fabrique des moteurs pour bateaux et automobiles. A partir de 1908 elle va mettre au point un moteur d’avion rotatif. VEDRINES travaille sur ce moteur.

Sa rencontre avec le pilote anglais Robert LORAINE, un acteur Britannique célèbre venu en 1909 à Pau, pour apprendre le pilotage à l’école créée par BLERIOT, va bouleverser sa vie. Le 7 décembre 1910 VEDRINES passe son brevet de pilote à PAU.

Il est embauché par MORANE et en mai 1911 il gagne la course Paris Madrid au cours de laquelle Roland GARROS a du abandonner. le 21 mai 1911, jour du départ, 200 000 personnes étaient venues sur l’aéroport d’Issy les Moulineaux. Maurice BERTAUX, ministre de la guerre qui était venu avec le Président du Conseil assister au départ est tué par la chue de l’avion d’un des concurrents. Le prix au vainqueur est de 100 000 francs ! la vie de VEDRINES change; C’est un héros et il est riche.

Le 9 décembre 1912 il gagne la coupe Gordon-Bennet organisée aux Etats-Unis et bat le record de vitesse à 167,8 km/h. Du 20 novembre au 29 décembre 1913 il réalise la première liaison aérienne France – Egypte avec escales à bord de son monoplan Blériot.

Il a épousé Amélie LEJEUNE, une jeune fille de Bussière-Dunoise en Creuse. En 1911, sa famille a du être surprise de le voir atterrir dans un pré à bord de son Morane-Borel alors qu’il participait au rallye aérien Paris-Pau.

Intéressé par la politique, il s’était présenté aux élections cantonales de Limoux en 1910, sans succès, et aux élections législatives de 1912 sans plus de succès. 

En 1914 il est mobilisé comme aviateur. Il baptise son avion « La Vache », sans doute en souvenir de la Creuse mais aussi parce qu’il devait souvent « brouter l’herbe et les Marguerites ». Il est nommé adjudant le 7 octobre 1915. Il effectue de nombreuses missions de combat au-dessus de Verdun, comme instructeur il forme de nombreux pilotes dont Guynemer et il se spécialise dans des missions difficiles comme le convoyage d’espions français derrière les lignes allemandes puis leur récupération. Il est nommé sous lieutenant le 26 juin 1918.

Parlant de ces vols la célèbre espionne Mata Hari affirma qu’« un aviateur français qui survolait les lignes ennemies était guetté », ce qui amena certains à penser que VEDRINES transportait des espions de nationalité allemande en Allemagne et allait les rechercher. cette information a été démentie par les services de renseignement français. Condamnée à mort pour intelligence avec l’ennemi en temps de guerre, Mata Hari, de son nom Margaretha Zelle passa devant le peloton d’exécution le 15 octobre 1917. Avait-elle été victime de son penchant pour l’affabulation ou d’une manipulation des services secrets français et allemands ? Le mystère subsiste.

Le 19 janvier 1919, malgré l’interdiction, il se pose sur le toit des galeries Lafayette et empoche le prix de 25 000 francs offert pour cet exploit.

Arrivée sur le toit des galeries Lafayette.

  Le 21 avril 1919, lors du vol inaugural de la ligne Paris-Rome le moteur de son avion tombe en panne. L’avion s’écrase à Saint Rambert d’Albon. Jules VEDRINES et son mécanicien sont tués.

Rue Gambetta côté impair de 21 à 29.

Au numéro 21, faisant l’angle avec la rue Lavoisier se trouve une belle bâtisse qui abritait autrefois l’hôtel du Nord.

L’hôtel du Nord vers 1906. L’électricité n’est pas encore distribuée partout.
L’hôtel du Nord après 1910. Les poteaux électriques sont maintenant nombreux.
L’hôtel du Nord en 1984

En 80 ans on ne constate pas de changements notables dans la rue si ce n’est les poteaux électriques .L’hôtel du Nord est tenu par la famille de Pierre LAUZEILLE avant la guerre de 1914-1918. Il est en même temps marchande de vin. Leur fils Jean Baptiste, né à Nexon le 16 mai 1875 épouse Marie Thérèse CHARRIER le 11 janvier 1906 à Meilhac. le père est donné hôtelier et marchand de vin et le fils seulement marchande de vin.

A la famille LAUZEILLE a succédé Henri ROUSSEAU puis, quand l’hôtel de la Poste a fermé, la famille de Jean LEYMARIE. Il exerce plusieurs métiers: hôtelier, maçon, transporteur. C’est son épouse qui tient le bar. Leur fille Georgette épousera M. DUDOGNON et ne prendra pas leur suite.

A la fermeture de l’hôtel un salon de coiffure va s’ouvrir tenu par M. et Mme ROCHE. C’est un salon mixte, homme et femme. Ils ont également un salon de coiffure à Cauterets (hautes Pyrénées) qu’ils ouvrent pendant la saison thermale. Les Roche vendent leur fonds de coiffure à M. ERNY et partent s’installer à Limoges.

A la fermeture du salon de coiffure, Dominique BAGUR transforme les locaux en cabinet dentaire. En janvier 2007 M. David MAURY qui a acheté la maison y installe son entreprise de plomberie, chauffage et sanitaire. En septembre 2019 il choisit une autre orientation en devenant enseignant et choisi Alexandre HANGANU de l’entreprise ACPS 87 comme successeur.

Le Populaire 13 septembre 2019

En continuant la rue vers la gare on longe un long et haut mur que surplombe des jardins et en face de la rue La Fontaine, ancienne rue du Pont de la Grange, on tombe sur une borne kilométrique Michelin.

Dès les 1908 André MICHELIN, s’inspirant de l’Angleterre, propose aux communes des panneaux signalant l’entrée dans la commune, qui sont également une publicité pour sa marque.

Dès la fin de la guerre , en 1918, Michelin propose également des bornes d’intersection indiquant les directions et les kilométrages. Pour les fabriquer il utilise des plaques de lave émaillée posées sur un pied en béton armé. Leur production prendra fin en 1971. Beaucoup ont été détruites mais elles méritent d’être conservées comme élément du patrimoine et entretenues.

Juste après la borne , après être passé à coté du magnifique araucaria, on arrive au garage fondé au début des années 1930 par Fernand CHIBOIS, né en 1896 à Saint Yrieix la Perche. Il l’exploite avec son épouse Marguerite qui lui donnera 8 enfants. Yvette est la camarade de Rose FORGERON, née VIGNERON, dont la mémoire sans faille lui permet de retracer l’histoire des commerces que j’enrichi de quelques photos. Parmi les garçons citons Robert, plus jeune et Bernard que les élèves du collège appelaient « Billoux ».

Après M. CHIBOIS plusieurs garagistes se sont succédés, en juillet 1996 c’est Daniel GOSSELIN qui s’est installé et au début de l’année 2017 il a été remplacé par MJ. AUTO.

La rue ne s’appelle plus rue du Nord mais Avenue de la Gare. Dans la grande maison du numéro 25 il y une boutique, manifestement fermée, mais je ne l’ai pas identifiée. La maison appartenait à Mme PRUNET et après la fin de la guerre de 1914-1918 la boutique est supprimée. A la place il y des chambres qui sont louées . Mme PRUNET était veuve et tenait une épicerie dans le bourg. Elle a fait éditer plusieurs cartes postales comme celle ou il y les croix sur sa maison. Elle possédait à Limoges, rue Beyrand une fabrique de chapeaux en feutre.

La vue a été prise avant 1905, on voit la boutique.
Cette carte est éditée par la Vve Prunet. Elle est écrite par 2 sœurs qui travaillent dans le bâtiment de la perception. Elles ont marqué de croix l’endroit où elles habitent. On voit encore sur le mur les traces de l’ancienne boutique.

Ce fut ensuite le cabinet dentaire de M. BOISSEUIL. C’était un cabinet secondaire, le cabinet principal était à Limoges, place Jourdan ou il habitait.

En 1985 EUROP’AMBULANCE s’y installe.

Publicité de 1986

Puis M. Bernard PRADEAU y transfère ses bureaux de Montezol. Les compagnies représentées évoluent avec les restructuration que connait le secteur pendant les années 1970 -2000. Un long parcours a débuté en avril 1998, après la prise de contrôle des AGF par Allianz pour aboutir en 1998 à la fusion des AGF avec Athena et Allianz France. Cela se traduit par le passage, en mars 2000, à des enseignes communes, puis au lancement, courant 2000, de gammes communes de produits. En 2009, la marque commerciale AGF disparaît au profit d’Allianz France.

Publicité de 2006

Christophe et Aurore BONNEVAY sont actuellement agents généraux Allianz à Nexon et à Limoges.

La maison du numéro 27 ne ressemble plus à celle des années 1900. En 1905 comme en 1920 on voit une boutique à laquelle on accède par trois marches. C’était une modiste qui fabriquait des chapeaux pour femme, le terme chapelier étant réservé à la fabrication de chapeaux pour homme. Avant la guerre de 1939-1945 les femmes devaient absolument avoir un chapeau, en feutre l’hiver, en paille l’été. Les hommes portaient un chapeau l’hiver et l’été un canotier et en toute saison une casquette. la dernière modiste dans cette boutique a été Mme FOUILLAUD et avant elle Mme JOFFRE.

Les numéros 25 et 27. De la boutique de modiste on voit encore les trois marches. le garage a été rajouté.

Ensuite il y avait autrefois un vaste terrain à l’état de prairie qui appartenait à M. PRADIER. La partie la plus proche du cimetière était clôturée et louée au Dr. JUMEAUX-LAFOND qui y menait son cheval. Pendant la guerre, étant donné la pénurie d’essence , les médecins se déplaçaient ou à pied, ou à cheval, le Dr JUMEAUX-LAFOND en selle et le Dr LELONG en voiture légère à 2 roues.

C’est sur ce grand terrain, acheté par la commune qu’a été construite la gendarmerie. Elle porte le numéro 29.

La gendarmerie au 29 rue Gambetta.

A coté de la gendarmerie a été construit le centre de secours des pompiers. Il a été inauguré le 17 juin 1972 par M. Olivier PHILIP, préfet de région.

En longeant le mur du cimetière et sa rangée de tilleul on arrive à la chapelle des garennes, dédiée à Notre-Dame des Garennes. La statue est atypique, la vierge tient l’enfant Jésus de la main gauche et une quenouille de la main droite.

La chapelle et au fond, à gauche, le monument aux morts.

La rue Lavoisier

Elle s’appelait « Casse-toupie » à cause d’un jeu traditionnel qui s’y déroulait les jours de fêtes. Il consistait à casser avec un bâton, les yeux bandés, une toupie qui contenait un prix.

Particulièrement pentue elle était utilisée par les plus casses-cou d’entre nous pour la descendre en vélo ou en traîneau fabriqué avec une planche et quatre vieux roulements à bille.

En remontant vers la rue Champlain, dans la rue Lavoisier on ne trouve des immeubles que sur le coté droit. A gauche il y a un mur qui longe la propriété BONNAFY.

A droite, faisant l’angle avec la rue Gambetta, se trouve l’immeuble qui abritait autrefois l’hôtel de Nord. C’est aujourd’hui une habitation

L’entrée de la rue Lavoisier

En montant la rue on constate que plusieurs maisons ne sont plus occupées. Au numéro 6 il y a une grande maison dont la porte est occultée par une abondante végétation. C’est une très vieille demeure qui mériterait d’être entretenue. Quand j’étais à l’école primaire j’allais prendre des cours de piano chez Mlle MALISSEN qui habitait dans cette maison. Elle était aveugle et tout était noir dans la pièce. L’odeur de fumée était tenace. C’était une bonne pianiste qui tenait l’harmonium à l’église. Elle suivait les morceaux sur une méthode écrite en braille. Je n’ai pas pris de plaisir dans cet apprentissage du piano !

La porte du numéro 6 est inaccessible

Rue Gambetta, coté impair n° 11 à 19

Au numéro 11 se trouve la maison la plus récente de ce côté de la rue, ce qui explique le recul du 1er étage par rapport au rez de chaussée. A l’étage se trouve un appartement et au rez de chaussé une boucherie tenue par Jean Gabriel GUYOT, né à Châlus le 27 août 1890, décédé à Nexon le 23 juin 1972. Garçon boucher il avait épousé Eugénie DESPLANCHES le 18 décembre 1919 à Nexon. Leur fils, Albert Charles GUYOT et son épouse Yvette GRANET ont pris leur suite.

Acte du mariage de Jean Baptiste Gabriel GUYOT avec Eugénie DESPLANCHES

A leur retraite la boucherie a été reprise successivement par plusieurs bouchers. Le Grillon Limousin a fonctionné pendant une dizaine d’année avant de déposer son bilan en juin 2005.

Le fond a été repris par M. Jérôme CHABAUDIE et Mme Virginie VILLEMONTEIX puis a été vendu en 2012 à la société LES DÉLICES DE LIONEL dont le siège était à Payzac en Dordogne. Elle exploitait la boucherie de Nexon comme établissement secondaire. Dans le cadre d’une procédure de redressement judiciaire la boucherie a été cédée à Gregory MICHAS. Il a commencé l’exploitation en décembre 2013 et a cessé son activité en septembre 2019. Le fonds n’a pas été repris.

Le numéro 13 était la maison d’habitation de la famille de Jean Baptiste Gabriel GUYOT. Le rez de chaussée a été transformé en magasin dans les années 1960. Ce fut d’abord M. LABORIE qui y installa un studio de photographe annexe de celui d’Aixe sur Vienne. En juin 1982 M. Francis Mazars y a créé son bureau d’étude en architecture.

Une publicité en 1985

Au numéro 15 il y avait un magasin de chaussure et une cordonnerie. Il sont tenus par la famille MARQUET qui partira ensuite à Limoges. C’est la famille ROUSSEAU qui pris la suite, madame ROUSSEAU au magasin et monsieur ROUSSEAU ressemelait les chaussures. A l’époque les chaussures étaient solides, ne se démodaient pas et on les faisait ressemeler deux ou trois fois.

La famille ROUSSEAU avec leur fille Camille.

Au départ des ROUSSEAU ce sont M. et Mme BUISSON qui ont repris le commerce. M. Emile BUISSON fabriquait des galoches qu’il assemblait avec le concours de M. ROUSSE, préposé à la Poste, qui venait quelques heures par jour l’aider pour le cloutage.

Publicité pour la manufacture de galoches en 1965
M. BUISSON travaille sous le regard de M. ADAM,
On ne parle plus de galoches mais de chaussures …

Après la retraite de M. BUISSON, en janvier 1997, M. Jean Michel LADRAT y a installé son magasin et atelier photo et vidéo. Trois vitrines occupent le rez de chaussé de cette maison.

Au numéro 17, il y avait autrefois une pâtisserie. Elle était tenue par M. BESSE dont le frère était boulanger rue Pasteur. Madame le docteur Rose FORGERON garde le souvenir du délicieux pain de mie qu’il vendait pendant la guerre, et sans ticket ! C’était seulement un peu cher et donc réservé aux dimanches. C’est ensuite un pressing puis une auto-école qui s’y est installée, c’est l’une des quatre agences de l’auto école MOREAU.

L’auto école au numéro 17

Au 17 bis, situé dans le même immeuble, plusieurs salons de coiffure se sont succédé, le dernier, tenu par Mme GUYONNAUD, était un salon pour femmes. C’est maintenant le cabinet des infirmières libérales.

A coté du salon de coiffure il y avait, comme chez de nombreux coiffeurs, une buvette. Il fallait bien faire patienter les clients car les coiffeurs pour hommes ne donnaient pas de rendez vous. le salon de coiffure était alors un lieu de rencontre ou l’on discutait car on prenait le temps. Le tout appartenait à M. Albert GUYONNAUD dont le frère Alexandre était garagiste rue Pasteur. Albert était né en mars 1895, son frère Alexandre, né le 29 juin 1904, a trouvé la mort enseveli sous une maison le 15 juin 1940 à Tonnerre dans l’Yonne. Il était brigadier au 308e régiment d’artillerie lourde.

Le cabinet des infirmières au 17 bis rue Gambetta

Le 19 devait abriter une parfumerie et une chapellerie si on en croit l’inscription que l’on pouvait encore lire sur l’avant toit pendant les années 1960. La parfumerie devait être également un salon de coiffure.

Pendant la guerre de 1940-1945 M. et Mme REBEYROL ont pris la suite. Et depuis la fin de l’année 1985 Mme Nathalie BURBAUD y a créé un institut de beauté.

Une publicité de 2006
L’institut de beauté Nathalie

Avant d’arriver à la rue Lavoisier que l’on appelait « casse-toupie » il y avait un hangar. Il a abrité pendant la fin des années 1950 et le début des années 1960 l’atelier de réparation de vélos et vélomoteurs de M. FAUCHER. Il l’a ensuite transféré rue Pasteur. Aujourd’hui une partie a été aménagée. Le grand mur contre lequel cette construction s’appuie soutient le parc des BONNAFY dont on aperçoit la cime des magnifiques arbres.

En haut, les arbres du parc BONNAFY.

Un photographe de Limoges, M. Giroux qui avait son studio à la marque Photo-Lux, rue Haute-Vienne, vient à Nexon régulièrement pour des photos de mariage. A partir du 1er avril 1939 il ouvre un atelier rue du Nord, les jours de foire à Nexon. En 1940 il ajoute le 2 mai, jour de communion. Je ne sais pas ou était installé son atelier.

Le Populaire 26 mars 1939
Le Populaire 26 avril 1940

C’est lui qui a réalisé les photos du mariage de mes parents, le 27 juillet 1946.

Rue Gambetta, coté impair, n°1 à 9

Le numéro 1 n’existe plus. Il a été démoli pour que le virage soit moins dangereux.

Au rez de chaussée de la maison il y avait un café dont l’entrée se trouvait rue Champlain.Il était tenu par M. et Mme Paul DESBORDES, dit « Paulou ».Il était pensionné de la guerre de 1914- 1918 pour une affection pulmonaire. Sa fille Marguerite a épousé Simon Desbordes. Le café s’appelait le Café de la Poste

Un jour de foire en 1914. On voit une colonne de soldats, fusil a l’épaule qui passe devant le café de la Poste.

Dans les années 1950 le café s’est appelé « Sporting Café ». Il était tenu par Mme CHIBOIS, dite « Coucou », fille du garagiste situé au n° 23 de la rue Gambetta. Ce fut ensuite monsieur R. ROBARD qui tint le café.

Le Sporting Café avant sa démolition

Le virage étant dangereux, surtout pour les poids lourds, la municipalité a décidé de racheter l’immeuble et de le faire démolir.La démolition a eu lieu en Juillet 1974. Elle a coûté 10 819 francs ( 8 500 € de 2019) et les aménagement 30 421 francs (24 000 € de 2019).

Les photos de la démolition m’ont été confiées par Madame le docteur Rose FORGERON, fille de M. et Mme VIGNERON qui habitaient aux numéros 3 et 5 de la rue Gambetta. L’essentiel de l’historique de cette rue est du à sa plume et à sa prodigieuse mémoire.

N°3-5-7

L’ancien numéro 1 devenu un petit square et le numéro 3, entrée de Jardi Flore

C’est la maison de Madame FORGERON. Elle a été construite par la réunion de plusieurs petites maisons, toutes communicantes. Plusieurs étaient à colombages et sont antérieures à 1830. mais c’est le cas de beaucoup de maisons de la rue.

Les grands parents de Mme FORGERON, Jean et Jeanne THOMAS ont acquis cette maison en 1919. Ils en étaient locataires depuis 1912.

Elle appartenait alors à M. et Mme PEYRAT, café, charron et forgeron.

A cette époque, au rez de chaussé des n°3 et 5, il y a le Café de la Promenade. Il comprend un café-restaurant, une salle de théâtre, des billards, une salle de tir et une salle de bal.La cuisine et une salle à manger sont au numéro 5. Le café de la Promenade a fermé en 1930.

Le café de la promenade est fermé mais Jean Thomas en utilise encore le papier à entête.

A l’étage il y a les appartements ou habitent M. et Mme THOMAS, leur fille Alice qui a épousé M. VIGNERON et leur fille Rose.

La cour est la cour de l’atelier qui est au fond. M. THOMAS est charron, forgeron et taillandier.

Après la fermeture du café le local a été loué à M. Paul BITAUD qui louait également le magasin situé juste en face , au numéro 6 de la rue.

En 1936, M. VIGNERON, une fois M. BITAUD parti installer son commerce dans l’ancien pensionnat, va ouvrir un magasin d’électricité et de radio. M. VIGNERON fait les installations électriques et son épouse tient le magasin. Elle ajoutera d’abord un rayon quincaillerie, puis papeterie-librairie, jouets, épicerie, parfumerie. Elle en fera un véritable bazar ou on trouve tout … ou presque. Quand j’étais enfants nous aimions y aller car on achetait aussi bien des « roudoudou » que des cages à hannetons! on attachait un fil à la patte d’une ces petite bête et on la faisait voler dans la classe…

Madame VIGNERON passe beaucoup de temps dans son magasin, elle a l’œil sur tous les faits et gestes des jeunes garnements que nous sommes. Elle décèle toute tentative que nous aurions eu de vouloir mettre dans notre poche un petit jeu ou une friandise !Elle tiendra son magasin même après le décès de son mari en 1970. Elle le quitte après une fracture du col du fémur pour le transférer au numéro 5 jusqu’à son décès en 1986.

Le « Bazar » de Mme VIGNERON en 1953

En 1987 le magasin est loué à Mme EYLIER qui en fait un commerce de bonneterie et layette.

En 1989 c’est Mme MOUGNAUD qui devient locataire et ouvre une boutique de fleuriste et en 1991 Mme Valérie DUBOISGACHET qui est la nouvelle locataire ouvre le magasin Jardi Flore.

Le numéro 5, ancienne cuisine et salle à manger du Café de la Promenade, a été transformé en magasin en 1930 et loué à M. et Mme Henri LENOIR pour un commerce de radio-électricité. Madame LENOIR était la fille de M. Louis AYMARD, le créateur de l’usine électrique . Voir l’article  » Une grande figure de Nexon : Louis AYMARD « 

Au départ de Henri LENOIR arrivent de Thiviers M. et Mme Jean BUSSIERE. Ils ouvrent un magasin à l’enseigne « A la Tentation » ou l’on trouve des tissus, de la confection,de la mercerie avec des articles de belle qualité. Madame BUSSIERE qui était couturière fait les retouches et son mari fait, avec sa fourgonnette, des tournées dans les campagnes. M. BUSSIERE, passionné par le football était vice président de l’Amicale Sportive Nexonnaise.

Après la retraite de M. et Mme BUSSIERE, Mme Vigneron y transfère les rayons papeterie, parfumerie, librairie et bijouterie fantaisie jusqu’en 1986. Le fonds est alors acheté par Mme Chantal PECOUT. En 1993 elle le transférera au n° 7.

Le magasin devient alors le cabinet des infirmières, puis il est loué à Mme DUBOISGACHET et le numéro 5 communique de nouveau avec le numéro 3

Les numéros 3 et 5 communiquent et forment une seule boutique « Jardi Flore »

La cour de l’atelier et l’atelier lui-même sont le fief de M. THOMAS puis de son gendre M. VIGNERON.

Au fond de la cour l’atelier avec tout son matériel . Les beaux colombages sont mis en valeur.

Au numéro 7, au 1er étage il y avait un grenier à bois, fermé par les seuls bois des colombages. Donnant sur la rue, une petite pièce où étaient stockées les pièces détachées : dents et lames de faucheuses, socs de charrue neufs, etc. C’est maintenant un appartement

Au rez de chaussée l’atelier a été transformé en magasin en 1982. Plusieurs commerces s’y sont succédés. D’abord le magasin des laines Phildar tenu par Mesdames GRAMAGNAT, RAINAUD puis DESROZIERS jusqu’en 1992.

Ensuite Madame PECOUT y transfère le commerce qu’elle tenait au numéros 5. Il fermera en 2006. Une boutique de sacs, petite maroquinerie et accessoires de modes tenu par Madame PERAIN restera en activité jusqu’en 2006.

C’est alors une épicerie associative, V’la Aut’Chose, qui s’y installe de 2011 à 2018.

Des nexonnais passionnés gèrent bénévolement l’épicerie et une personne salariée tient la boutique. Pour consommer, il faut être adhérent et s’acquitter d’une cotisation annuelle de 5€. 

Au numéro 9 il y avait dans les années 1930 l’épicerie CUBERTAFOND. Ensuite ce fut un salon de coiffure tenu par Mademoiselle FAUCHER devenue Madame ANGARD. C’étai une très bonne coiffeuse et le salon était réputé. C’est devenu ensuite un magasin d’électro-ménager et Télévision de M. et Mme J.C. FONCHY. Ensuite, pendant très peu de temps les Assurances AG2R s’y sont installées puis M. ROCHE a ouvert un commerce de vin et d’épicerie fine. Il est parti rue Pasteur en 2018. En 2019 le magasin n’est pas occupé.

Artisans, commerçants…par leurs factures, photos…

  Auberges, cafés, restaurants.

Avant 1914, il y a plus de 20 auberges/restaurants à Nexon.

richard-restaurand-1906

 

Le café de la Promenade possédait des salons, une salle de théâtre , des billards et même un salon de tir. Propriété de Jean Thomas qui était charron, forgeron, taillandier et entrepreneur de battages , ce café a été fermé à la fin des années 1920, en 1928 ou 1929, et les locaux loués à Monsieur Bitaud qui ouvre une quincaillerie. Quand Monsieur Bitaud a transféré son commerce Rue du Nord, en face de l’actuelle gendarmerie, Madame Vigneron, fille de Jean Thomas, transforme le commerce. Elle vend du matériel électrique et des postes de radio, les fameux postes de TSF. Son mari réalise l’installation électrique nécessaire car il y a encore de nombreuses familles qui n’ont pas l’électricité.

Boucherie

Suivant acte passé devant Me Garraud, notaire à Nexon, le 16 novembre 1945, M. François-Octave Lelong, boucher-charcutier, et Mme Maxence ­Ursule Berlancourt, son épouse, demeurant ensemble à Nexon, ont vendu à M. Emile Bosbaty, boucher, demeurant à la Maurie, commune de Champsac (Haute-Vienne), le fonds de commerce de boucherie-­charcuterie exploité à Nexon par M. Lelong, comprenant la clientèle et l’achalandage, et le matériel servant à son exploitation. L’entrée en jouissance a été fixée au 1er janvier 1946

 Caveaux, tombes…

Le corbillard hippomobile qui est représenté sur ce document n’est plus utilisé aujourd’hui. A Nexon celui d’Henri Desbordes a été utilisé jusqu’à la fin des années 1950. L’origine du nom corbillard est originale. Au Moyen Âge, des bateaux à fond plat faisaient la navette sur la Seine entre Paris et Corbeil pour transporter des marchandises et des matériaux de construction. Ils étaient appelés corbeillards. Lors de la grande épidémie de peste, ces bateaux servirent à évacuer les morts. Le nom resta et fut donné aux véhicules funéraires.

Le texte de la lettre est lui aussi intéressant. M. Deville présente ses excuses à M. Lachenaud, chef de bureau au ministère de la marine. Alors que ses ouvriers travaillaient sur un caveau à Saint Maurice ils ont posé des pierres sur une tombe de M. Lachenaud. En ayant été informé il a déposé une plainte. M. Deville écrit qu’il a « mis à la porte » l’ouvrier indélicat et qu’il est allé à Limoges pour présenter ses excuses de vive voix mais que M. Lachenaud était parti à Paris. L’annotation de M. Lachenaud est aussi la marque de ces relations très complexes entre un fonctionnaire du ministère de la marine et un patron de province. Il fait écrire qu’il retirera sa plainte lorsque Léonard Constant lui aura indiqué que tout était réparé.  A cette époque un patron mettait facilement un ouvrier à la porte, une personne « bien placée » comme on disait portait facilement plainte…

Chaussures

La maison Adam fabriquait principalement des galoches, sorte de chaussure dont le dessus est  en cuir et la semelle en bois. Ces chaussures grossières ne se portent plus guère, mais les jeunes garçons doivent toujours « rouler des galoches ». L’origine de cette expression n’est pas connue  et ne doit pas avoir de liens avec les chaussures!

Cycles

Droguerie vétérinaire

Louis Nouhaud, né à Nexon en 1855, devenu pharmacien, a créé avec son frère Charles Nouhaud un laboratoire fabriquant des produits vétérinaires. Ils étaient vendus dans toute la France et dans les colonies. Le laboratoire était spécialisé dans les produits pour détruire les rats et les souris.

nouhaud-1905

nouhaud-1913

Enseignes

Henri Delaty fabriquait des enseignes et vendait des pompes à eau qu’il fabriquait.

Entrepreneur de bâtiment

 

Épicerie

Avant 1914, il y a 12 épiciers à Nexon, Raymond Limousin est l’un d’eux :

limousin-epicerie-1905

Exploitation forestière, Scierie…

L’entreprise a été créée en 1875 par Pierre Laspougeas (1845-1908).Son fils Paulin né en 1882 lui a succédé. A son décès sa veuve a continué l’exploitation de l’entreprise avec ses enfants, Renée (1913-1944) épouse Laplaud et Jean.

Garage – Mécanique

Monsieur Louis Aymard était mécanicien. Il a créé l’usine électrique à Nexon et ouvert des lignes de transport en car entre Nexon et Chalus par Flavignac et Les Cars. Décédé à la suite d’un accident de voiture, sa femme a continué l’activité de l’entreprise.

Le garage est situé sur la place, en face de l’église. Au dessus du garage se trouve un hôtel-restaurant

 

 

Le garage Laspéras est situé sur la place de l’église. Il succède au garage Brouillaud.

 

Le garage Valette  était situé en face de la chapelle des Garennes.

 

Horloger, bijoutier

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La bijouterie Desplanches

Henri Desplanches et son épouse vers 1900

Les employés devant la boutique. 

 

1944: René Desplanches succède à son père, Henri Desplanches

« Suivant acte reçu par Me Garraud, notaire à Nexon, Monsieur Henri-Martial Desplanches, horloger, et Madame Marie-Louise Granger, son épouse, demeurant ensemble à Nexon, ont fait donation à Monsieur René-Jean Desplanches, leur fils, horloger, demeurant à Nexon, du fonds de commerce d ‘horlogerie-bijouterie, exploité Nexon par Monsieur et Madame Desplanches, comprenant le nom commercial, la clientèle et l’achalandage, le matériel servant à son exploitation et les marchandises existant en magasin. L’entrée en jouissance a été fixée au 19 novembre 1944 »

Hotel

Le  23 août 1884, le Courrier du Centre publiait cette petite annonce :  » A LOUER , le Grand Café de la Patrie, Nexon (Haute-Vienne) ; immense matériel. Ce vaste établissement, le mieux situé de la ville, se compose de nombreux Appartements et peut servir pour un hôtel. — S’adresser à M. Boutaud-Lacombe, notaire à Nexon. »

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Monsieur Leymarie est à la fois le propriétaire de l’Hotel du Nord et un entrepreneur de transport et de travaux en ciment. En 1900 c’est Madame Lauzeille qui était la patronne de l’Hôtel du Nord.

Outre l’Hotel, la famille Gourinchas  tenait un commerce d’épicerie au nom du « Planteur de Caïffa ».

«Le Planteur de Caïffa», était une société parisienne importatrice de café. Elle en assurait la torréfaction et la distribution dans toute la France. Elle ouvrit de nombreuses succursales dans toute la France, principalement en zone rurale. A coté du café on y vendait également  des sardines en boîte, des pâtes, des chocolats, de l’huile et du vinaigre, du sucre, du savon ou des épices… En 1935, François Gourinchas a obtenu la médaille du travail pour 30 années de services dans cette entreprise.

Maréchal ferrant

Le maréchal avait l’exclusivité du soins des chevaux jusqu’à la création des écoles vétérinaires en 1825.

Suivant acte reçu par Me Garraud, notaire à Nexon, le 31 octobre 1945, M. Etienne dit André Sanciaud, maréchal ­ferrant, et Mme Marie Elène Lelong, son épouse, demeurant ensemble à Nexon, ont fait donation à M Jean ­Eugène Sanciaud, leur fils, maréchal ferrant, demeurant également à Nexon, d’un fonds de commerce de maréchalerie, exploité à Nexon par M. André Sanciaud, comprenant la clientèle et l’achalandage et le matériel en dépendant. L’entrée eu jouissance 1er novembre 1945.

 

Menuiserie, Ébénisterie

 


          

 

Peintre

 

 

Quincaillerie

 

Serruriers, charrons-forgerons

M. Pierre Peyrat exerce le métier de charron-forgeron. Il cède son atelier à messieurs Combrouse et Thomas. Outre l’atelier, les magasins de réserve, un grenier…, la cession comportait six chambres et une cuisine pour le café de la Promenade dont nous avons parlé plus haut. Pendant la Première Guerre mondiale, en 1917-1918, ces chambres ont servis à loger des soldats américains stationnés à Nexon.

Sur la facture on remarque que Pierre Peyrat est titulaire du Mérite agricole. Il a obtenu cette décoration lors de la promotion du 15 août 1896. Le Journal officiel donne pour chaque personne l’exposé sommaire des services qui ont motivé cette décoration.  Pour Pierre Peyrat on lit  » constructeur d’instruments agricoles à Nexon (Haute-Vienne) : nombreux premiers prix : 25 ans de pratique agricole. » (Le Courrier du Centre 19 août 1896) Parmi les prix on peut citer  le 1er prix, médaille d’argent pour  les instruments agricoles au Comice agricole de Nexon en septembre 1878, le 1er prix et 15 fr  au concours du 22 septembre 1878,  également à celui du 21 septembre 1880, avec une somme de 10 francs.

Dans le courrier du centre du 21 juillet 1905 on lit, à l’annonce d’un concours de moissonneuses à Saint Priest Ligoure, « dimanche prochain 23 juillet, la maison Valhut, représentée par M. Peyrat, de Nexon, mettra en marche dans des champs à proximité de Saint-Priest-Ligoure, sa faucheuse Mac-Cormick, avec son appareil à moissonner, une moissonneuse simple et même une lieuse de la même marque ». La maison Valhut était alors une des principales entreprise française à commercialiser les machines agricoles importées des Etats-Unis.

Le 23 novembre 1899, dans le courrier du Centre les frères Peyrat informent MM. les propriétaires que par suite du décès de leur oncle, M. Jouhaud, ils ont pris la direction de l’atelier pour la fabrication des Pompes en bois que leur oncle avait créé à Nexon en 1849.

Puis Jean Thomas exploite seul l’atelier de forge, charronnage, serrurerie et taillanderie.

thomas

 

Il y avait également Monsieur Perrier comme charron à Nexon. J’ai trouvé cette annonce dans le Courrier du centre du 12 juin 1899 : « Le jeune Pierre Perrier, demeurant avec son père, charron à Nexon, a trouvé dans son colombier un pigeon voyageur portant sur l’aile gauche un cachet avec la mention: < Société colombophile, la Colombe de Belleville, Paris, 30, > puis sur l’aile droite, la mention  < Angoulême > et une autre mention un peu effacée que nous n’avons pu lire; enfin à l’une des pattes ce volatile a une bague en métal portant les n° 88 et 48. Le sus dit Perrier, tient ce pigeon à la disposition de la personne qui le lui réclamera. »


Teinturerie

Le magasin d’Henri Malardeau dans les années 1930. A coté de l’activité de teinturerie, M. Malardeau, mon grand père, et son épouse Marguerite vendent de la laine.  

Généralités

NEXON tire son nom de l’ancien nom latin Annexonium signifiant « adjonction », qui rappelle ici l’appartenance et le rattachement de cette terre, puis plus tard de sa cure, au Domaine de Lastours. Il devint Anexonium puis Nexonium et en dialecte roman Anneysso.

La commune de Nexon, située à une vingtaine de kilomètres au sud de Limoges, a une superficie de 40.8 km2. Son territoire est traversé par la rivière l’Aixette.

situation_nexon

 

Le blason est « D’azur à trois tours d’argent maçonnées de sable, accompagnées de six fleurs de lis d’or, 3, 2 et 1»

blason_bleu


1814 – 1914 – 2014…

1814 c’est la chute de l’Empire et la fin des guerres napoléoniennes ;

Après la désastreuse campagne de Russie de 1812, Napoléon du faire face à une nouvelle coalition regroupant l’Angleterre, la Russie, la Prusse et la Suède. Ayant refusé les propositions de paix de l’Autriche celle-ci rejoignit la coalition et Napoléon se retrouva avec toute l’Europe contre lui. Il perd la bataille de Leipzig (octobre 1813) et bat en retraite laissant  60 000 soldats sur le champ de bataille.

Dès janvier 1814 s’engage la campagne de France au cours de laquelle Napoléon tente d’empêcher l’invasion de la France. Malgré plusieurs victoires et après l’entrée des troupes prussiennes et russes dans Paris, napoléon abdique le 6 avril 1814  et part en exil à l’ile d’Elbe.

C’est la fin de 23 années de guerres qui ont mobilisé près de 2,8 millions de Français dans l’armée de terre et 150 000 sur mer.

Le Limousin a donné les généraux Jourdain, Brune, Souham et le futur Maréchal Bugeaud – présent comme caporal à Austerlitz.  De nombreux jeunes garçons de Nexon ont parcourus l’Europe, soit avec les armées révolutionnaires soit avec les armées napoléoniennes.

1914 début de la première guerre mondiale

Cent ans plus tard débute ce qui sera le premier conflit mondial. Au cours de celui-ci la France aura mobilisé 7,8 millions d’hommes et perdu 1,4 de ses soldats. De nombreux jeunes de Nexon ont participé à ce conflit et 137, en moyenne 3 par mois, y ont perdu la vie.

2014…

La France vit la plus longue période de paix de toute son histoire. Le dernier jeune nexonnais mort au champ d’honneur a été tué en Algérie et depuis la loi du 28 octobre 1997 le  service militaire est suspendu.

Nexon en 1814

Combien de jeunes ont été participés aux campagnes napoléoniennes. Le comptage n’est pas fait mais on sait combien étaient encore vivants en 1857. En effet, le 15 avril 1821, pendant son exil de Sainte-Hélène, Napoléon dicte son testament. Une partie concerne les soldats qui  avaient combattu à ses coté a qui il lègue la moitié de son patrimoine privé, qu’il estime alors à 200 millions de francs. Mais ces biens ont été confisqués au bénéfice du trésor Royal en vertu du traité de Fontainebleau, du 11 avril 1814, qui avait décidé que les biens que l’empereur possédait encore, au moment de son abdication, revenaient à la Couronne.

Lorsque son neveu Napoléon III est devenu Empereur il a décidé d’honorer la parole de son oncle. Le 12 août 1857, un décret signé à Saint-Cloud, institue la médaille de Sainte-Hélène, destinée  à « rappeler à tous ceux qui avaient servi dans nos armées, la dernière pensée de leur chef. »

Les archives ayant disparu dans l’incendie du palais de la Légion d’Honneur durant la Commune, on estime à environ 400 000 titulaires, en France et à l’étranger,  le nombre de titulaires de cette médaille. Cette estimation résulte du travail de centaines de bénévoles qui ont dépouillé les archives. Le travail a été totalement réalisé pour la Haute Vienne. Il est disponible sur le site http://www.stehelene.org .

Les médaillés ont tous plus de 60 ans. Ils ont survécus à la violence des combats, à la fatigue des longues marches, aux blessures… .  La première distribution a eu lieu le 15 août 1857. Le premier médaillé est Jérôme Bonaparte, le plus jeune frère de Napoléon, âgé de 75 ans. Le célèbre  capitaine Coignet est parmi les récipiendaires.

A Nexon 9 anciens recevront la médaille :

  • BREIX Louis, soldat au 2° régiment de chasseurs à cheval
  • BROUHAUD  J. Baptiste-Armand, brigadier au 7° régiment de Chasseurs,  Médaillé le 06/01/1858
  • BROUHAUD  Léonard, journalier,  Médaillé le 22/04/1858
  • CHEVALIER  Antoine-Blaise-Léonard, soldat au 2° régiment de tirailleurs de la Jeune garde et au  6°Voltigeurs à cheval, Médaillé le 06/01/1858
  • DENIS  Antoine, soldat au 2° régiment de Voltigeurs de la Garde,  Médaillé le 06/01/1858
  • DESPLANCHES  Martial, né à Nexon en 1788, Cultivateur résident à JOURGNAC, vétérans du 56° puis 5° régiment de ligne et du  3° régiment de la Jeune Garde comme chasseurs à pied. Mobilisé de 1805 à Waterloo il est resté au milieu des morts de Waterloo avec le nez coupé en deux. Médaillé le 15/11/1858.
  • GUYOT  François-Louis, soldat aux Lanciers de la garde,  Médaillé le 06/01/1858
  • LELONG  Annet, soldat au  4° régiment de ligne,  Médaillé le 06/01/1858
  • MEMERY  Jean, soldat au 16° régiment léger,  Médaillé le 06/01/1858.

Que note-t-on dans les délibérations du Conseil municipal ?[1]

Depuis la loi du 28 pluviôse an VIII (17 février 1800) le maire n’est pas le représentant des citoyens qui l’élisent mais il est un fonctionnaire public, soumis à l’autorité du sous-préfet et du préfet. Il est nommé pour cinq ans et révocable par le chef de l’État dans les communes de plus de 5 000 habitants et par le préfet dans les autres communes. François Louis GUYOT, élu maire en 1794 le restera pendant près de trente ans. Son long exercice ne sera interrompu que pendant une courte période de moins de 3 ans pendant laquelle sera nommé  Jean MAZELLE.

Dans les communes de moins de 2 500 habitants, comme Nexon, le Conseil est formé de dix membres nommés par le préfet pour trois ans. A partir de 1802 ils sont élus pour dix ans par les assemblées de canton sur la liste des cent citoyens les plus imposés du canton. Ils peuvent être révoqués par le préfet ou le chef de l’État.

Au fur et à mesure des guerres napoléoniennes les coalisés reprennent l’avantage et au début de l’année 1814 la Campagne de France va voir les armées de Napoléon reculer et malgré quelques manœuvres de retardement il ne peut empêcher les alliés de prendre Paris le 31 mars. Réunis au Congrès de Vienne les coalisés hésitent sur le successeur à donner à Napoléon. Malgré son impopularité ils finissent par choisir Louis XVIII, frère de Louis XVI. Le 5 avril il monte sur le trône, débarque à Calais le 24 avril et entre dans Paris le 5 mai.

 1. Le conseil se félicite de la chute de  Napoléon.

Le 18 avril 1814 le Conseil se félicite des heureux événements qui sont arrivés à Paris depuis le 28 mars dernier et ont donné une adhésion pleine et entière aux actes du Sénat, du Corps législatif et du  gouvernement provisoire en répétant plusieurs fois : VIVE LA PAIX, VIVE LOUIS XVIII.

 2. Le conseil délibère sur les troupes espagnoles.

Le 9 juillet 1814 le Conseil délibère sur la nourriture et la subsistance des troupes espagnoles stationnées à Nexon et dans la commune. Pourquoi ces troupes ?

En 1808  Joseph Bonaparte, frère de Napoléon, a été installé sur le trône d’Espagne. Le peuple de Madrid s’étant soulevé il subit une terrible répression (2 et 3 mai 1808) .A la suite de ces évènements, de nombreux prisonniers espagnols vont être déportés en France. Pour éviter tout retour en Espagne après une éventuelle évasion ils sont envoyés vers le nord.  Leur route passe souvent par la Haute Vienne. Ainsi du 29 décembre au 31 janvier 1809, 1480 d’entre eux arrivent à Limoges[2]. On est en plein hiver, le voyage s’est déroulé dans des conditions très pénibles. Ils sont logés dans les salles de l’ancien séminaire. Pour la plupart, ce n’est qu’une étape mais certains, trop faibles pour reprendre la route, vont rester à Limoges. En moins de deux mois, plus de trente limougeauds meurent frappés de ce qu’on appelait la peste espagnole contractée auprès des prisonniers espagnols qu’elles avaient soignés. Parmi les Espagnols il y eut aussi de nombreux décès. Une panique s’est alors répandue à Limoges et dans tous les environs.

En janvier 1810 le maire de Chalus envoie un appel de détresse au préfet de la Haute Vienne : «3 800 espagnols doivent faire étape chez moi. Même en les installant en plein champ je n’aurai pas assez de bois pour les chauffer  tous … ils sont dans un état déplorable de fatigue, de misère et d’épuisement». Il est demande au préfet de faire préparer à l’avance soupe et viande que le chef de détachement acquittera avec les 25 sous par homme et par jour qui lui ont été attribués.

En janvier 1811 un convoi de 1600 espagnols est annoncé. Ils sont 8000 en février 1812. Au total 65000 espagnols ont été déportés en France lors des guerres de l’Empire[3]. Certains sont restés en France. A Limoges on cite le cas de Salby GUYCHER qui exerçait le métier de chapelier; Il épousa Jeanne Gibus, une des sœurs du perruquier Pierre Gibus cousins des frères Gibus, nés à Limoges qui inventèrent  en 1834 le chapeau-claque, un chapeau haut-de-forme pliant.

Il n’est donc pas étonnant que des troupes espagnoles soient passées à Nexon, ce qui explique la délibération du 9 juillet qui, malgré l’amnistie accordée à ces troupes par le roi d’Espagne, autorise le Maire, assisté du Percepteur, à dresser une liste des plus riches propriétaires et de placer chez chacun d’eux un de ces militaires, de leur assurer les fournitures ordinaires et cuisinées en pareil cas et de les garder jusqu’à leur départ. Chaque militaire sera tenu de mener une vie régulière et de se conformer aux usages locaux, de ne commettre ni vol ni malversation. Ils devront se coucher à 8 heures du soir et se rendre utiles à leur hôte et répondre à la revue qui aura lieu chaque dimanche à 10 heures sur la Place publique.

Le Maire signalera au Ministre de la Guerre la malheureuse position de la commune et réclamera le départ de ces troupes ou obtenir des vivres.

3. Le conseil délibère sur le nouveau cimetière

Depuis octobre 1807 la commune demande l’autorisation de créer un nouveau cimetière, l’actuel étant situé au milieu du bourg entraine de la gène pour les constructions nouvelles et des risques sanitaires.

Après plusieurs années d’atermoiement, une enquête de commodo et incommodo fut ouverte en 1812. Elle fut réalisée par Antoine DELIGNAT-LAVAUD, Maire de Saint Hilaire Lastours. Le rapport établi à cet effet relate, entre autres choses, que les maisons environnantes devenaient parfois inhabitables en été, à cause des mauvaises odeurs.

La 8 novembre 1814 le conseil dresse le devis estimatif et descriptif de la clôture du nouveau cimetière qui coûtera 1 222 francs. La vente des noyers de l’ancien cimetière n’ayant produit qu’une somme de 480 francs le conseil demande à l’Empereur de prendre en charge la différence, la commune étant déjà trop imposée. L’ancien cimetière n’ayant produit qu’une somme de 480 francs, le Conseil demande à l’Empereur de prendre en charge la différence, la commune étant déjà trop imposée.

Mais le manque de ressources et la chute de l’Empire firent encore reculer la construction du nouveau cimetière. La translation de l’ancien vers le nouveau ne devint effective qu’à la fin de 1817.

La commune de Nexon n’eut rien à débourser comme prix du terrain. L’emplacement du cimetière fut échangé par Gabriel Tarade, arpenteur du bourg, contre une parcelle de l’ancien. Celui-ci fut immédiatement transformé en place publique ou champ de foire, destination qu’il a conservée jusqu’ aux années 1970.


[1] D’après les archives et documents officiels consultés et publiés dans le Bulletin municipal n°3 de la Ville de Nexon. La suite fut publiée dans les numéros suivants, d’une manière variable, jusqu’en 1968

[2] A. Lecler : « La maladie des Espagnols à Limoges en 1809 », Bulletin de la société archéologique et historique du Limousin, LV, 1905, pages 217-240

[3]  Jean-René Aymes «  La déportation sous le 1er Empire – Les Espagnols en France – 1808-1814 » Publications de la Sorbonne, Paris, 1983, p.170