Aux 650 000 soldats belges faits prisonniers il faut ajouter les 1 845 000 soldats français qui furent capturés par les troupes allemandes en 1940-1941. 80 000 d’entre eux ont réussi à s’évader entre juin 1940 et novembre 1942 mais 51 000 sont morts au cours de leur captivité.
Le sort des prisonniers de guerre a été considérablement amélioré par les Conventions de Genève. La première, signée le 22 août 1864, a eu lieu à l’initiative d’Henri DUNANT qui avait été révolté par la situation des blessés à la bataille de Solférino (1859) mais elle n’abordait pas la question des prisonniers. Elle avait débouché sur la création de la Croix Rouge Internationale.
Une nouvelle convention eu lieu en 1906 mais c’est celle de 1929 qui traite particulièrement la question des prisonniers de guerre. Elle fut signée pour que ne se reproduisent pas les comportements constatés en 1914-1918. Elle prévoit des règles qui doivent s’appliquer dès la capture et elle précise ce que doivent être les camps, le travail auquel sont soumis les prisonniers, leurs relations avec l’extérieur, … jusqu’à leur libération. Le prisonnier doit être correctement traité, y compris s’il cherche à s’évader. Les officiers prisonniers sont exempts de travail.
Du fait du nombre élevé des prisonniers et de la soudaineté de leur capture de nombreuses familles étaient sans nouvelles. La première source d’information était le Comité International de la Croix -Rouge qui agissait par son Agence Centrale des Prisonniers de Guerre.
Un Centre National d’Information sur les Prisonniers de Guerre fonctionnait également à PARIS. Ce Centre a publié dès le 12 août 1940 des listes où les soldats prisonniers sont simplement mentionnés par ordre alphabétique, nom puis prénom, suivis de la date et du lieu de naissance, du grade et de l’unité. Au total cela représente 99 ouvrages d’une soixantaine de pages chacun. Ils ont été fournis par l’autorité militaire allemande.
Bâtir la liste des prisonniers d’une commune à partir de celles fournies par le Centre national d’Information n’est pas facile car celles-ci n’indiquent que le lieu de naissance et non celui de la résidence. C’est un travail fastidieux d’éplucher, plusieurs fois par semaine, des listes de plus de 4000 noms écrits en petit caractère mais surtout tous les prisonniers que l’on y trouve comme nés à Nexon n’y résident plus nécessairement.
Avec ses listes et les déclarations des familles les communes élaborent des listes qui sont complétées au fur et à mesure des demandes de l’administration et de l’obtention de nouvelles informations.
Ainsi à Nexon une liste de 47 noms recense les prisonniers travaillant à Nexon pour le milieu agricole. Y figurent les agriculteurs, quel que soit leur statut, propriétaire exploitant, fermier, métayer, ouvrier agricole ainsi que les artisans ruraux : électricien, maréchal ferrant, plombier…
Parmi ces 47 noms, le plus âgé est Félix FENEROL, né le 12 février 1900 qui est fermier à Noyéras. Il a donc plus de 40 ans ce qui est surprenant. Pendant les guerres, les soldats les plus âgés appartiennent à des classes qui sont rappelées lorsque la guerre dure comme ce fut le cas en en 1914-1918. Ici si la guerre a été longue les combats ont cessés le 25 juin 1940 après l’armistice signé avec l’Allemagne le 22 juin et celui signé avec l’Italie le 24 juin. Un autre prisonnier, Henri NOUAILHAS, est né le 24 novembre 1901 à Beynac. Il est, lui aussi, ouvrier agricole à Noyéras. Ils sont 3 à être nés en 1902 mais la majorité est née en 1910 (6), 1911 (4) et 1912 (8). Le plus jeune est Pierre DESPLANCHES, né le 22 octobre 1918 à Nexon. Il est le seul de cette année.
On constate donc que les prisonniers issus du monde agricole ne sont pas des jeunes de 20 ans. Cela résulte du fait que les classes 1938 traduit le fait que les classes 1935 et suivantes sont des classes creuses, des milliers de jeunes garçons ayant été tués lors de guerre précédente beaucoup de jeunes filles sont restées célibataires. Mais on constate aussi, dès le milieu des années 1930, que les jeunes garçons ne restent plus à travailler à la ferme familiale et s’orientent vers l’industrie ou les services publics.
Une deuxième liste recense les prisonniers rapatriés pour des raisons médicales ou sociales (soutien de famille) ou encore ce sont évadés. Elle comporte 20 noms : 6 propriétaires exploitants, 8 métayers, 4 ouvriers agricoles et 2 artisans ruraux.
- Les évadés
8 prisonniers se sont évadé : André ASTIER, Jean DENANOT, Armand DENARDOU, Jean DESBORDES, Louis DITLECADET, Henri DUDOGNON, Léon LIMOUSIN, René SEREZAC.
Que ce soit en 1914-1918 ou en 1940-1944, les conditions d’évasion sont les mêmes et elles sont extrêmement difficiles à surmonter : il faut des vivres, des vêtements civils, de faux papiers, éviter d’avoir à parler allemand ou savoir le parler. Pendant la Première Guerre Mondiale ils furent 16 000 à avoir réussi l’opération, soit moins de 3 % des captifs. Durant la Seconde Guerre mondiale, ils ont été 32 000 à réussir soit 4 % des captifs.
Il ne figure ni dans la liste des prisonniers ni dans celle des évadés car il n’exerçait pas une profession agricole, il était marchand de vin avec son père, il s’agit de Maxime DENIS. Il était prisonnier au Frontstalag 192 à Laon dans l’Aisne. Il travaillait dans un Kommando à Any-Martin-Rieux, chef-lieu de canton situé à 65 km au Nord de Laon. Maxime DENIS était affecté aux cuisines de la Kommandantur lorsqu’un soir il entend une conversation au cours de laquelle l’un des interlocuteur annonce le départ du kommando pour l’Allemagne dès le lendemain. Avec son camarade Fernand CHARBONNIER ils décident de s’évader. Quelques heures plus tard, le 6 décembre 1940 au soir, ils partent à vélo. Fernand a conté leur parcours dans un document de 260 pages que Rachel, la fille de Maxime DENIS m’a confié.
Ce pourrait être un film tant se mêlent les moments de peur, la chance, la solidarité mais surtout la profonde amitié puisque Fernand, une fois arrivé à Nexon y est resté. Leur objectif est bien de rejoindre Nexon en zone libre plutôt que d’aller chez Fernand dont les parents étaient fermiers en Anjou, zone occupée. Ils prennent les petites routes, sautent dans les fossés quand ils entendent des voitures, se font renvoyer quand ils demandent de l’aide ou au contraire trouvent des gens merveilleux qui leur offrent le gite et le couvert, leur indique les routes à suivre pour éviter les allemands et parfois même les conduisent. Un fois franchie la zone interdite, cette zone qui couvre une partie de l’Aisne et qui devait devenir une zone de peuplement allemand, leur route continue vers le Sud en contournant Reims par l’Ouest et sont orientés vers Damery, commune de la Marne dont la gare est située sur la ligne Paris-Strasbourg.
Les personnes rencontrées les mettent en relation avec des cheminots qui leurs procurent des billets, les font sortir de la gare de l’Est en évitant les contrôles, leurs conseillent de passer par Nevers pour franchir ligne de démarcation et leur fournissent des contacts pour tout leur parcours. On peut être surpris de constater que dès le mois de décembre 1940 les cheminots avaient organisé des filières pour faciliter les passages en zone libre.
Arrivés à Paris, Fernand demande un rendez-vous au propriétaire de la ferme des ses parents, un Comte P.D.G. d’une société d’assurance place Vendôme. A la surprise du personnel, ce garçon mal habillé est reçu par M. le Comte. Il repart avec des billets de train et 500 francs pour les frais de leur voyage jusqu’à Nexon. Ils rejoignent sans encombre la gare de Lyon puis Nevers et là il fallait franchir la ligne de démarcation. Ils doivent aller à Germigny l’Exempt avec leurs vélos qui les ont suivi en bagages accompagnés dans le train. Là, ils retrouvent leur contact, franchissent la ligne se dirigent vers la première guérite où se trouve un militaire français. Après une nuit de sommeil et des papiers en règle ils sont conduits à la première gare avec un billet pour Châteauroux et l’ordre de se présenter à la caserne de Déols pour être démobilisés. Ils reçoivent un bon de transport pour aller à Limoges et à Nexon le 12 décembre 1940 après 7 jours vers la Liberté.
Ensuite c’est l’arrivée à Nexon que Fernand raconte :
- La Relève
Parmi les rapatriés deux ont été libérés grâce au mécanisme de la Relève. Cette mesure, instaurée sous l’impulsion de Laval en juin 1942, consistait à envoyer en Allemagne trois travailleurs volontaires pour qu’un prisonnier soit libéré. Malgré la propagande importante faite tant par le gouvernement de Vichy que par l’Allemagne le nombre de volontaires n’a pas été suffisant et en février 1943 la Relève a été remplacée par le Service du Travail Obligatoire (STO).
En 1943, 200 000 prisonniers sont transformés en travailleurs libres. Libres surtout de continuer à travailler en Allemagne, ils ne quittent un camp que pour un autre camp. Cette mesure permet de libérer 30 000 gardiens allemands qui rejoignent le front russe.
- Le courrier des prisonniers
La Convention de LA HAYE dont découle la « Convention relative au traitement des Prisonniers de Guerre » du 27 juillet 1929 stipule que les lettres, mandats et articles d’argent, ainsi que les colis postaux destinés aux prisonniers de guerre ou expédiés par eux, seront affranchis de toutes taxes postales (Art. 16).
Les directives allemandes du 6 septembre 1940 permettent à tous les prisonniers de guerre français se trouvant sur les territoires allemand et français d’envoyer et de recevoir des lettres et des cartes postales mais non les colis et paquets.
Les adresses des prisonniers doivent comprendre le nom, les prénoms, le grade, le numéro du prisonnier ainsi que l’indication du Stalag, ou Oflag, mais en aucun cas ne doit figurer l’indication géographique du lieu du camp, même pour ceux situés dans la France occupée, sinon les envois seront retournés à l’envoyeur.
Tout envoi pour les prisonniers de guerre doit porter, en tête les mentions KRIEGSGEFANGENENPOST et GEBÜHRENFREI (Courrier des Prisonniers de Guerre en franchise) en allemand et en français. Les prisonniers peuvent écrire chaque mois une lettre et deux cartes postales. Mais ces règles peuvent être plus souples selon les camps.
- Le retour de captivité
Toutes les familles n’ont pas de nouvelles de leur prisonnier. C’est le cas de Mme CLERMONTEIL qui en juillet 1945 est toujours sans nouvelles de son mari. Elle fait publier une annonce dans le Populaire pour obtenir des informations.
Dans la lettre qu’écrit Pierre BAILLEUX le 10 janvier 1941 à son épouse à Limoges, il dit que toutes les lettres qu’il a reçu sont du mois de novembre ! Elles ont mis 2 mois pour lui parvenir. C’est un constat que l’on fait souvent en lisant les correspondances des prisonniers.
- Le retour de captivité
C’est le ministère des Prisonniers, déportés et Rapatriés (PDR) qui est chargé du rapatriement de l’ensemble des français qui étaient en Allemagne. Les problèmes étaient spécifiques à chaque catégorie de ressortissant mais cette structure qui devait traiter un grand nombre de dossiers sans les moyens suffisants, elle privilégiait la rapidité plus que la méthode pour que chacun rejoigne sa famille le plus rapidement possible. On constate la différence avec la méthode rigoureuse employées par américains pour les prisonniers belges.
Le général de Gaulle avait pourtant nommé, dés la fin 1943 à Alger, Henri FRENAY pour assurer ce rapatriement. Il élabore un Plan de rapatriement avec des camps de transit, des Centres d’accueil ou un contrôle sanitaire serait effectué pour éviter que des maladies contagieuses puissent se répandre, une détection d’éventuels espions était également prévue. Mais dans la réalité ce fut souvent l’improvisation qui prima. Il rentrait en moyenne 15 000 personnes par semaine en avril 1945 et 200 000 à la mi-mai. Au début du mois de juillet le rapatriement massif était terminé. Le retour a été rapide pour ceux qui étaient à l’Ouest mais beaucoup plus lent pour ceux qui ont été libérés par les troupes soviétiques.
Les ex-prisonniers libérés à l’Ouest arrivent en France par la Belgique où ils reçoivent un accueil chaleureux, certains trouvèrent qu’il était plus chaleureux que celui qu’ils reçurent en arrivant en France. A la frontière ils accomplissent rapidement quelques formalités Dans les Centres de rapatriement puis ils gagnent la gare la plus proche de leur domicile pour rentrer chez eux.
Certains manquent à l’appel. Leur famille est sans nouvelle d’eux. C’est le cas de Martial CLERMONTEIL, futur président de l’association nexonnaise des anciens prisonniers de guerre. Son épouse lance le 28 juillet un appel dans la presse, comme beaucoup d’autres familles.
Les prisonniers qui sont rentrés de captivité en 1945 n’ont pas connu les mêmes difficultés que leurs camarades de 1918. Ces derniers ont dû lutter contre l’immense prestige dont jouissaient les Poilus pour avoir défendu la patrie, alors qu’eux étaient détenus en Allemagne après avoir été capturés, dans des conditions que beaucoup considéraient comme douteuses. Ils durent donc militer pour défendre leur honneur et obtenir des dédommagements matériels et financiers.
Ce n’est la cas pour les prisonniers qui rentrent de captivité en 1945. Ils sont accueillis comme des militaires et sont inclus dans les commémorations.
Mais ils doivent réapprendre à vivre en famille. Prisonniers ils vivaient entre hommes et sans enfants. A leur retour ceux qui étaient mariés découvrent une épouse qui a des relations avec un autre homme et il s’en suit une hausse considérables des divorces pour adultère de la femme. Certains ont perdus un parent, ne reconnaissent pas le bébé qu’ils ont quitté et qui maintenant va a l’école maternelle. D’autres ont leurs maisons détruites, un commerce en faillite…mais aussi douloureux que soient ces problèmes ils ne touchèrent qu’une petite minorité d’entre eux. Les réintégrations professionnelles sont très variables. Faciles pour ceux qui retrouvent leur emploi, leur commerce ou leur terre, plus difficile pour d’autres. Une « ordonnance relative à la réintégration, au réemploi et à la réadaptation des démobilisés, des déportés et assimilés » est publiée le 1er mai 1945. Comme le pays manque de main d’œuvre il n’est pas difficile de trouver un emploi. Un pécule est versé mais le montant est plus faible que celui versé dans d’autres pays.
La réinsertion sociale n’est pas des plus facile. Les résistants sont auréolés d’une gloire qui laisse les prisonniers un peu dans l’ombre. Il en est de même des anciens combattants de 14-18 qui manifestent un certain dédain pour ceux qui n’ont pas su résister aux allemands comme eux l’ont fait.
Pour retrouver la camaraderie des camps, pour s’entraider, pour améliorer leur image et pour faire aboutir leurs revendications ils créent des associations de prisonniers de guerre spécifiques pour cette guerre.
- Les associations
« Dès que les premiers prisonniers ont été rapatriés, ils ont senti la nécessité de se grouper pour, à la fois, aider les familles de leurs camarades encore captifs, et apporter à ces derniers toute l’assistance qu’il était possible de leur donner. C’est ainsi que sont nés les Centres d’entraide qui se sont développés dans toute la France…
Au moment de la Libération il existait en France 11 000 Centres d’entraide répartis dans tout le pays.
Dans le même temps, les prisonniers ont senti le besoin de se regrouper par camp, principalement dans les grands centres, et c’est ainsi qu’ont pris naissance les secrétariats de camps transformés, après la libération, en Amicales des camps, et coordonnées par une Union nationale des Amicales de camps.
Ainsi se sont formées deux séries d’organismes à objectifs sociaux : d’une part les Centres d’entraide répartis horizontalement sur toute la France ; d’autre part, les Secrétariats de camps groupant, verticalement par camp, les prisonniers.
Mais, dès la fin de 1942, des camarades se sont groupés dans la clandestinité pour former le mouvement de résistance prisonniers qui s’est appelé le « Mouvement national des prisonniers de guerre et déportés ».
Après la libération, d’un même accord, éléments prisonniers de M.N.P.G.D. et Prisonniers des Centres d’entraide décidèrent de fusionner dans les Associations départementales qui existent dans tous les départements de France. De la même manière l’action des prisonniers s’unifie, et l’Union nationale des amicales de camps va adhérer à la Fédération nationale des prisonniers de guerre, tout en conservant ses cadres d’action autonomes. » Allocution à la radio de M. DEVAUX, 1er président de la Fédération Nationale des Prisonniers de Guerre, prononcée à la radio le 21 mai 1945.
Le Congrès constitutif de la Fédération Nationale des Prisonniers de Guerre (FNPG) s’est tenu à Paris les 5, 6, 7 et 8 avril 1945. Elle est reconnue d’utilité publique le 1er avril 1948.
le dimanche 25 novembre 1945, 7000 prisonniers de la Haute-Vienne se réunissent à Limoges pour affirmer leurs revendications.
Le Populaire 27 novembre 1945
Il a fallu se préoccuper de la réinsertion des anciens prisonniers et leur apprendre à vivre dans le monde de 1946, si différent de celui de 1939. Il faut que les prisonniers obtiennent la carte de combattant, des soins, la compensation des pertes de revenus, la retraite…
A Nexon l’association locale est membre de l’Association des prisonniers de guerre du département de la Haute-Vienne, elle-même adhérente à la F.N.P.G.
A peine arrivé à Nexon mon père est accueilli au sein de l’association présidée par Henri PERRIARD . Il en sera membre jusqu’à ce que les activités relatives aux ancien prisonniers de guerre (A.C.P.G.) se réduisent, la plupart étant âgés ou décédés.
L’A.C.P.G. de la Haute Vienne éditait un journal mensuel, très lu dans le département.
Un des président emblématique de cette association était Henri DEFOUGERE pendant les années 1960-1970. Ancien prisonnier au Stalag XVIII A en Styrie (Land Autrichien annexé par l’Allemagne en 1938). Professeur de philosophie il avait créé une université dans le Stalag et il en devint le recteur. A son retour il est professeur de philosophie au lycée Darnet à Saint Yrieix. Je l’ai eu comme professeur en classe de Math-Elem. Il savait que la philo n’était pas la matière principale pour notre classe aussi il se laissait facilement entraîner sur des discussions relatives à la guerre et aux prisonniers. Connaissant son travers il y avait toujours l’un d’entre nous, désigné avant de rentrer en cours, pour lui poser une question sur cette période. Il arrivait parfois que la discussion dure presque la totalité du cours et c’est avec un sourire qui voulait dire qu’il n’était pas dupe de notre stratagème il résumait en 10 mn son cours. Mais le temps de discussion avec lui valait bien une leçon sur la liberté, la haine…
Il rappelait dans chaque éditorial du Journal la nécessité de faire aboutir les revendications des anciens prisonniers. Dans celui de juillet 1974 il redit l’importance de se grouper pour obtenir satisfaction. 30 ans après la fin de la guerre ce n’était pas encore le cas. Fallait-il tout oublier pour construire l’Europe avec l’Allemagne ? Ce n’est qu’après 1981 sous la présidence de François Mitterrand que les A.C.P.G. ont vu leurs revendications globalement satisfaites, mais un certain nombre d’entre eux n’était déjà plus de ce monde.
Les prisonniers demandent la carte du combattant avec les mêmes avantages que ceux de 1914-1918, un pécule pour chaque mois comme prisonnier, la reconnaissance officielle d’un vieillissement accéléré avec comme conséquence la possibilité pour l’ancien P.G. de prendre sa retraite professionnelle plus tôt (5 ans de captivité correspondant à un abaissement de l’âge de 5 ans pour la retraite)… cette dernière revendication demanda des démarches multiples, des discussions sans fin pour obtenir finalement satisfaction avec la loi du 30 juin 1973 qui donne a possibilité pour un P.G. de prendre sa retraite à 60 ans au lieu de 65.
Chaque année les anciens prisonniers se retrouvent le 8 mai pour une cérémonie au monument aux morts suivie du banquet annuel.
La date du 8 mai a donné lieu à de nombreuses manifestations. La loi du 7 mai 1946 fixe au 8 mai, si c’est un dimanche, ou au dimanche suivant cette date les commémorations de la victoire de 1945. Ce n’est qu’en 1953 que le 8 mai devient officiellement un jour férié institué, au même titre que le 11 novembre, quel que soit le jour de la semaine où il tombe. En 1959, un décret cherchant à limiter le nombre de jours chômés supprime ce jour férié. Il va s’en suivre, chaque année, des manifestations pour que le 8 mai soit chômé.
En 1961 la section de Nexon des Anciens prisonniers de guerre compte 79 adhérents, les Anciens combattants sont 126 membres. Le bureau est ainsi composé :
Président : Martial CLERMONTEIL
Vice-Présidents : Louis BEYRAND et Louis DITLECADET
Secrétaire : Camille GARAUD
Secrétaire adjoint : François BONNAUD
Trésorier : Jean TRICARD
Délégué cantonal : Maurice QUEYROI
Pour le 8 mai 1962 le bureau « insiste pourque chacun de nous fasse grève ce jour là afin de démontrer au à un Gouvernement oublieux que, contre tous ses ukases, les A.C.P.G. se rappellent que le 8 mai a marqué, pour eux, la fin d’une interminable captivité et fait luire l’annonce tant attendue du retour dans les foyers.
Chômer le 8 MAI est un devoir pour nous tous qui réclamons depuis 4 ans le rétablissement de cette journée comme fête légale. »
En 1963 les mêmes protestations sont répétées. C’est cette même année qu’au congrès de Pau que les anciens d’Afrique du Nord sont admis dans les rangs de la FNCPG.
Lors du banquet qui a suivi la cérémonie du 8 mai 1965, Maurice QUEYROI, délégué au Congrès national fit part à ses camarades que, 20 ans après la fin de la guerre, leur association connaissait quelques difficultés. La majorité des A.C.P.G. a plus de 50 ans et les plus jeunes ont 45 ans. L’intégration des anciens d’Algérie, Tunisie, Maroc a amené des plus jeunes et compensé la diminution des effectifs mais cela n’a pas suffi. Aussi en 1975, au Congrès de Toulon, les veuves de prisonniers et de combattants d’Algérie, Tunisie, Maroc (CATM) sont reconnues par la Fédération Nationale. Le logo sur les cartes change.
Au cours de cette même année 1975, le président de la République, Valéry Giscard d’Estaing, retire tout caractère officiel au 8 mai. Son geste cherche à marquer la réconciliation franco-allemande, mais irrite de nombreux anciens combattants. Finalement par la loi u 2 octobre 1981, François Mitterrand redonne au 8 mai son caractère de jour férié et rajoute cette journée à la liste des jours chômés dans le code du travail.
En 1975, après l’Assemblée générale du 12 janvier, le bureau est ainsi constitué :
Président : François BONNAUD
Vice-président : Louis LAMONERIE
Secrétaire : André PENOT
Secrétaire adjoint : Paul LASSAGNE
Trésorier : Jean TRICARD
Membres : Louis BEYRAND, Henri BOYER, Bernard CHAUFFAILLE, Henri PERRIARD, Maurice QUEYROI, Camille GARRAUD, Jean VALERY.
Par la suite M. GARRAUD présidera l’association mais les anciens prisonniers de 1939-1945 sont de moins en moins nombreux. En 1985, pour le 40ème anniversaire de l’armistice, un certain nombre d’entre eux sont morts et les plus jeunes ont près de 70 ans. C’est Marcel MICHAUD, un ancien d’Algérie de Jourgnac qui préside l’association.
Le 15 mai 2011, Nexon a accueilli le Congrès départemental.
Il n’y a plus d’anciens prisonniers. C’est la dernière grande manifestation organisée par l’association. M. MICHAUD est à la fois président et trésorier et son épouse Denise assure le secrétariat.
Depuis le congrès national de 2012, la Fédération Nationale accueille dans ses rangs des sympathisants, personnes non ressortissantes de l’ONACVG qui partagent les valeurs de la Fédération. Comme toutes les associations du monde combattant la moyenne d’âge des adhérents est élevée. Malgré les regroupements de plusieurs sections, Nexon-Janailhac-Saint Maurice les Brousses il est difficile d’assurer une présence aux journées commémoratives. Le devoir de mémoire s’estompe petit à petit.
Après le décès de son époux, le 18 août 2018, Mme MICHAUD a repris le flambeau et assure seule toutes les fonctions d’un bureau pour l’association des ACPG-CATM-VVG. Pour combien de temps ?
Si un jour il n’y a plus d’association d’Anciens Combattants et Victimes de Guerres, c’est que la PAIX régnera effectivement …
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