Andrée GIBAUD est née le 5 mars 1914 à Nexon. Son père Amédée GIBAUD était platrier à Valette et son épouse, Louise RAGOT, était sans profession. Amédée GIBAUD était né le 2 juin 1884, à La Meyze, et son épouse Louise était née le 5 janvier 1889, elle aussi à La Meyze. Ils s’étaient mariés le 28 octobre 1911 à La Meyze. Au recensement de 1901, Amédée GIBAUD qui avait 16 ans a été recensé à Nexon ou il était apprenti platrier chez Auguste VIACROZE, rue du Nord.
La jeune Andrée a du aller à l’école à Nexon et, bonne élève, elle a été reçue au brevet élémentaire en juin 1930 à Limoges. En septembre 1932 elle entre à l’Ecole normale d’institutrices de Limoges et obtient son brevet supérieur en juin 1935 et son certificat d’aptitude professionnelle en novembre 1935.
Andrée Anna Gibaud est notée 13/20 par la Directrice de l’Ecole normale qui indique « Elle a des qualités de douceur, d’amabilité et d’éducation. Elle devra faire une institutrice consciencieuse ». Ces qualités sont celles que ces élèves qui ont échappés au massacre signaleront lorsqu’ils parleront d’elle.
En septembre 1935, elle est à nommée pour un remplacement à l’école de Beaune-les Mines, puis le 1er octobre 1935, à Couzeix pour trois semaines. Ensuite elle va au Palais où elle restera jusqu’en août 1938. Et c’est le 3 octobre 1939 qu’elle est nommée directrice adjointe à Oradour-sur-Glane.
Le 2 juin 1936 à Limoges, elle épouse Jean BINET, agent technique à l’intendance à Limoges.
Il était né le 15 novembre 1910 à Pontgibaud (Puy-de-Dôme), fils de Victor BINET, brigadier de gendarmerie à cheval, et de Marie Lucie MOUTON, son épouse, sans profession.
Le 13 avril 1937, à Limoges, nait leur fils, Jean Pierre.
Andrée BINET à l’école de filles d’Oradour sur Glane
Le 3 octobre 1939, Andrée BINET est nommée directrice adjointe à Oradour-sur-Glane. Depuis le 6 août 1936 le Front populaire a adopté la loi sur l’enseignement primaire présentée par le ministre de l’Education nationale Jean Zay. Elle prolonge la scolarité obligatoire de 13 à 14 ans. Les écoles d’Oradour doivent s’organiser pour accueillir plus d’élèves et surtout plus agés et ce jusqu’au passage du Certificat d’études primaires.
Le 1er septembre 1940 Andrée BINET est nommée directrice de l’école de filles qui compte 3 classes et accueille 108 élèves, soit 36 élèves par classe en moyenne.
Ginette COUTURIER et Andrée GIBAUD
Le 19 décembre 1941, l’inspecteur primaire de Rochechouart inspecte sa classe et visite le logement mis à sa disposition.
Grande section de l’école de filles 1941-42 , Madame Binet au milieu de ses élèves (ANFMO)
Elle est logée dans un appartement de « 4 pièces + cabinet à toilette ». L’inspecteur précise que contrairement à d’autres communes, la directrice n’assure pas la fonction de secrétaire de mairie. Puis l’inspecteur s’attache à comprendre Andrée GIBAUD qui n’a alors que 26 ans. Son mari travaille à Limoges et ils ont un fils de 3 ans 1/2, Jean-Pierre, qui vit à Oradour.
Concernant son enseignement il note que la préparation est « régulière et sérieuse. Fiches particulières à chaque enseignement. Tout est prévu, choisi, préparé d’une façon intelligente ». Concernant sa méthode d’enseignement, l’inspecteur écrit : « la maîtresse avec raison rattache ses observations à un nombre limité de points ; plan, construction sérieuse, expressions incorrectes, fautes d’orthographe. Mais il faut éviter de laisser les élèves passifs, la correction collective doit être vivante, tous les enfants doivent y participer. Ce n ‘est pas suffisant de lire les passages contenant les fautes principales, il faut écrire au tableau, soit un alinéa, soit une phrase à mettre d’aplomb soit une proposition lourde obscure. Les élèves sont entraînées à corriger, en marge, les fautes signalées».
L’inspecteur apprécie que les jeunes élèves de Mme Binet « lisent bien, avec expression », qu’elles récitent leur texte d’une « diction lente, accentuée », enfin qu’elles aient « la voix juste et respectent les nuances » dans les exercices de chant auxquels il assiste.
L’inspecteur conclue son rapport en saluant en Mme Binet une institutrice directrice d’école, qui « travaille avec méthode et ordre ; Les résultats obtenus sont satisfaisants».
Le 10 juin 1944, jour du drame.
En ces jours d’anniversaire du 80ème anniversaire du drame je ne reprendrai pas la chronologie des événements. Dans un petit livre de 36 pages, Robert HEBRAS, le dernier survivant du massacre décédé le 11 février 2023, faisait revrire le drame heure par heure. (10 juin 1944 Oradour su Glane- le drame heure par heure par Robert HEBRAS. Les Productions du Pertuis 2001). ce qui est certain c’est que lorsqu’a vers les premiers soldats pénétrèrent dans le bourg, presque personne n’a eu peur, pensant qu’il s’agissait d’un simple controle d’idendité.A 14h30 les soldats ont demandés aux institeurs de faire sortir les enfants et de les amener sur le champ de foire. A l’exception du jeune Roger GODFRIN, personne ne s’aoffait; Mais lui qui avait quitté son village de Charly chassé par les Allemands ne leur faisait pas confiance retenant les paroles de sa mère « Quand tu vois les boches, tu fuis. » C’est ce qu’il a fait et il fut le seul rescappé parmi tous les élèves.
Andrée BINET, la directrice de l’école des filles n’est pas à son poste. Elle était en arret pour maladie dépuis le début du mois de mai. Son arret se terminait ce soir là et elle devait reprendre ses fonctions le lundi 12 juin. Elle était remplacée par une jeune institutrice agée de 23 ans, Odette COUTY. Elle logeait à l’Hôtel Milord ou elle avit laissé sa bicyclette pour regagner Limoges en fin de journée, son remplacement terminé.
Sa remplaçante suit les consignes des soldats et fait sortir les enfants de sa classe. Les bérets restent accochés aux portemanteaux, les sacs sont abandonnés sur le plancher. Arrivés sur le champ de foire les enfants et les femmes qui avaient été séparées des hommes furent réunis. Ils prirent ensuite la route pour aller vers l’église.
Ce samedi matin, Andrée BINET ne se sent pas bien, elle reste au lit. Sa mère Louise RAGOT, épouse Gibaud, était venue la voir. Son fils Jean Pierre qui avait 7 ans était à l’école. Des soldats l’ont faite lever et c’est en robe de chambre qu’elle a accompagné ses élèves vers l’église.
Ecole des filles
Marguerite ROUFFANCHE, l’unique survivante de l’église, raconte lors du procès de Bordeaux : « Nous avons été conduits à l’église, toujours avec l’escorte de la mitraillette et là, nous avons été enfermés. Après une longue attente, ils ont apporté une caisse qu’ils ont placée sur deux chaises devant la sainte table. De cette caisse se dégageaient des cordons blancs; je ne peux savoir quel engin c’était et au bout de peu de temps, la caisse a éclaté d’un coup très sourd, et il s’est élevé une fumée qui nous a étouffés et on ne voyait plus dans l’église.
A ce moment-là, les gens sont montés pêle-mêle les uns sur les autres, il y avait des familles entières, les enfants des écoles… ». Elle poursuit «…après l’explosion, quand la fumée a été dissipée, les soldats SS sont rentrés dans l’église; à ce moment ils ont mitraillé comme ceci (geste). Après ils ont apporté des fagots et de la paille et ils ont mis le feu, et c’est à ce moment-là que je suis sortie…(…) Je suis monté sur un escabeau, et je me suis lancée par la fenêtre».
Dans l’église, les enfants et leurs institutrices sont restés mêlés les uns aux autres dans un amas de cendres. Jean Pierre devait etre dans les bras de sa mère. Peut-être qu’également Louise RAGOT s’était rapprochée de sa fille et trois générations d’une même famille ont brulé dans cette église. Horible fin pour ces femmes qui furent tuées puis brulées avec leurs enfants.
L’église où les femmes et les enfants ont été massacrés
Déposition de M. PONT inspecteur primaire
Dépot central des archives de la justice militaire (DCAJM) cote 1953_02000 001_01_04_00226 et 00227
Jean BINET fut mitraillé puis brûlé dans l’une des six granges dans lesquelles les hommes furent massacrés.
Terminons les courriers adressés à Annelies par des artistes reconnus.
3- Les sculpteurs, peintres…
Marc CHAGALL est un peintre et graveur né le 7 juillet 1887 en Biélorussie (alors Empire russe), naturalisé français en 1937 et mort le 28 mars 1985 à Saint-Paul-de-Vence où il est enterré. Outre la peinture et la gravure il a réalisé de la sculpture et de la céramique…
Parti aux Etats-Unis pendant la Deuxième guerre mondiale afin d’échaper aux arrestations de Juifs il rentre en France en 1948 et s’installe à Vence. Il y rencontre Annelise et son mari, Vincent de CROZALS.
En 1951 CHAGALL lui adresse une carte postale qui reproduit une de ses oeuvres.
Cette année 1951 ils sont photographiés chez CHAGALL et il leur dédicace un ouvrage qui lui est consacré.
Livre dédicacé
Annelies et son mari Vincent étaient amis avec Henri LAURENS, sculpteur, peintre, dessinateur… Il était né le 18 février 1885 à Paris où il est mort le 5 mai 1954 alors qu’il n’avait que 59 ans. Il avait été amputé d’une jambe en 1909 à la suite de la tuberculose. Très grand sculpteur il a travaillé avec Vincent de CROZALS.
Une photo les montre ensemble en 1951.
Une lettre d’Henri est adressée au couple le 16 fevrier 1954, moins de trois mois avant son décès.
Après le décès de son mari, Marthe LAURENS entreprend d’écrire sa biogaraphie. Vincent CAZALS lui confie des photos. Marthe leur écrit pour leur donner des nouvelles et parle des photos qu’elle voudrait integrer dans la biographie de son mari. Les lettres qu’elle écrit ne sont pas datées mais son postérieures au décès de son mari.
Une dernière lettre figure dans la donation, celle d’Henry MOORE (1898-1986), célèbre sculpteur britannique.
Je terminerai cette serie consacrée à Annelies par les documents qu’elle a donné à Nexon.
L’année 2024 est l’occasion de commémorer les 80 ans de la Libération de la Haute-Vienne. Pour cette occasion le Trinôme académique qui rassemble le Ministère de l’Education nationale, le ministère des Armées et l’association des auditeurs du Limousin de l’Institut des hautes études de défense nationale a proposé aux collèges du département de faire participer leurs élèves à une réflexion sur un événement s’étant déroulé dans son voisinage et d’en rendre compte lors d’une rencontre à la préfecture.
Pour les aider dans leur réflexion un livret pédagogique a recensé 23 événements et 24 articles ont été écrits et rassemblés dans un ouvrage coordonné par Philippe PASTEAU, délégué militaire départemental de la Haute-Vienne. Membre du Trinôme en tant que président de l’Association Régionale (AR25) de l’Institut des hautes études de la Défense nationale j’ai rédigé deux fiches.
Le camp de Nexon faisait partie des sujets proposés à la réflexion des élèves mais le collège de Nexon n’y a pas participé. Le travail réalisé par les élèves a donné lieu, le mercredi 22 mai à la préfecture, à une réunion d’une centaine d’élèves avec leurs professeurs pour que, par trois ou quatre par collège, ils fassent la synthèse de leurs recherches.
Ce fut une très belle après-midi avec des élèves passionnants, heureux d’avoir rendu hommage à ceux qui, il y a 80 ans, ont permis la Libération de la Haute-Vienne puis, quelques mois plus tard, de notre pays.
Après quelques photos de la cérémonie je met le texte que j’ai écrit à cette occasion sur le camp de Nexon. L’autre texte traite des combats du 17 aout 1944 à Feytiat, Le Vigen et Jourganc. Dans cette dernière commune, à la Chaume verte, 5 jeunes ont été massacrés, la cérémonie pour leurs obsèques a eu lieu à Nexon et l’un d’eux, Raymond LAPOUGE est inhumé au cimetière de Nexon. je le mettrai en ligne quelques jours avant la cérémonie pour commémorer la mémoire de ce massacre, le 18 aout à Jourgnac.
Le préfet délégué, Philippe LAYCURAS et le lieutenant colonel Philippe PASTEAU, Délégué militaire départemental.
La salle des fetes de la Préfecture avec les élèves à droite et a gauche, M. DEBLOIS, président du conseil départemental, Mme ORLAY, Inspectrice d’académie, directeur académique des services départementaux de l’éducation nationale et Jean François NYS, président le l’Association régionale de l’Institut des hautes études de défense nationale.
Le collège André Maurois présente l’histoire du jeune Philibert CHATY, résistant des maquis de Brigueil et Cussac, fusillé à Limoges le 31 janvier 1944.
Le Trinôme evec un groupe d’élèves et avec les représentants des collectivités.
Le thème proposé pour Nexon etait celui du camp. Voici la notice dans le livret de présentation suivi du texte que j’ai rédigé pour l’accompagner.
L’ouvrage qui réuni tous les textes:
1940-1945 Camp d’internement de Nexon et les victimes israélites
Dès le 12 novembre 1938, le gouvernement Daladier publie un décret prévoyant la création de centres spéciaux pour l’internement des « étrangers indésirables ». Le 21 janvier 1939 le camp de Rieucros à Mende en Lozère fut premier à voir le jour.
Le conflit qui éclate le 3 septembre 1939 conduit le gouvernement Daladier à renforcer la surveillance des milieux politiques considérés comme subversifs. Le décret-loi du 18 novembre 1939 marque le début d’une répression autorisant les préfets à interner sans aucun jugement ni condamnation « les ennemis de la Patrie ». Sont principalement visés les communistes qui, du fait du Pacte Germano-Soviétique signé le 23 août 1939, deviennent suspects de ne pas vouloir défendre la France contre l’Allemagne. Sont également suspects tous les allemands qui ont fui l’Allemagne dès qu’Hitler a mis en œuvre sa politique raciste. Pour le gouvernement français toute personne qui arrivait l’Allemagne ou des territoires envahis étaient suspects d’être des espions. La plus grande partie d’entre eux était des juifs dont certains n’étaient en France qu’en attendant de partir aux Etats-Unis. C’est pour ces raisons de sécurité nationale que la garde des camps incombait au Ministère de la Guerre avant de passer sous l’autorité du Ministère de l’Intérieur ( loi du 17 novembre 1940).
La dissolution du parti communiste en septembre 1939 va conduire les dirigeants, les militants et les syndicalistes les plus actifs à être internés ou affectés à des compagnies spéciales.
Mais les camps sont également construits pour héberger les Républicains espagnols qui fuient massivement leur pays au fur et à mesure de l’avancée des troupes de Franco. Avant même que le camp soit terminé les baraquements vont servir à l’hébergement des évacués alsaciens et de tous les réfugiés qui arrivent de toute l’Europe. En juin et juillet 1940, la mairie de Nexon enregistre trois décès de réfugiés, tous français originaires de l’ouest parisien et âgés de 70, 77 et 82 ans.
Le 22 juin 1940, après la défaite militaire de la France l’armistice est signé à Rethondes. Le 10 juillet le Maréchal Pétain obtient les « pleins pouvoirs » de chef de l’Etat et du gouvernement. C’est la naissance de l’État français et la fin de la Troisième République. Le Gouvernement de Vichy va utiliser l’internement comme outil politique. La loi du 3 septembre 1940 prolonge les dispositions du décret-loi du 18 novembre 1939 et rend possible l’internement des individus dangereux pour la défense nationale ou la sécurité publique.
Le centre de séjour surveillé de Nexon est remis au maire de Nexon le 28 septembre 1940. Il compte 13 baraquement de 40 m. sur 6 m. et une cuisine. Il est entouré d’une clôture en fil de fer barbelé et l’entrée est sans porte.
Le 3 octobre 1940 est promulgué la loi portant sur le statut des Juifs, un second statut, plus répressif, sera institué par la loi du 2 juin 1941.
Dès la fin novembre 1940 un chef de camp est nommé, M. Pillon, officier de réserve. Il constate que le camp qui a logé jusqu’à 600 réfugiés n’est pas en mesure d’héberger des personnes pendant l’hiver dans la mesure ou il n’y a pas de chauffage et que des nouvelles baraques sont en construction. Malgré cela M. Pillon accepte à la fin du mois de décembre un premier contingent de 300 détenus venant des camps de Mons et de Gurs.
Dans son rapport du 31 janvier 1941 à la Direction de la Sûreté nationale à Vichy le chef de camp décrit ainsi la population qu’il héberge « dans un camp d’Indésirables Français, l’intellectuel côtoie l’ouvrier d’usine, le mineur, le commerçant , l’agriculteur ; le militant communiste retrouvera à ses côtés les simples membres du parti, même souvent des S.F.I.O. ou de simples syndicalistes qui ont combattu contre eux. De ce fait, l’action des chefs militants et leur influence sur les masses continue au camp ». Il n’y a pas de Juifs enregistrés comme tels parmi les internés.
1 – Le fonctionnement et les principaux événements de 1941 à 1945
Dans son fonctionnement au cours de cette période le camp de Nexon pouvait accueillir jusqu’à 800 internés et 1200 voir plus comme on peut le lire dans certains articles. Suivant un plan orthogonal, 23 pavillons construits soit en dur et couverts en tuiles ou en tôle ondulée, soit en bois montés sur des dés en béton et recouverts de tôle, étaient clôturés par un grillage de fil de fer recourbé (pour éviter les évasions), doublé par un réseau de barbelés de 4m de large et par un chemin de ronde, à l’extérieur. Les 12 baraques destinées au logement des internés (B1 à B12) étaient séparées des 9 autres réservées aux divers services. Une longue palissade de bois faisait écran entre le camp et la route départementale qui restait ouverte (réponse à la lettre du Ministre de l’intérieur datée du 20 novembre 1944 par le Directeur du camp de Nexon adressée au Préfet de la Haute-Vienne).
Quelques dispositions du règlement concernant la discipline ( Vichy le 17 janvier 1941- AD 87, 185W3/60)
« Le Centre de Nexon est un Centre d’hébergement et non pas un camp répressif, les étrangers qui s’y trouvent réunis n’en ont pas moins le devoir de participer à tous les travaux tant d’aménagement que d’entretien. Ceux qui manifesteraient de la mauvaise volonté dans l’accomplissement de leur tâche seraient l’objet de sanctions disciplinaires.
Les heures de lever sont fixées à 6h30 en été 7h30 en hiver et pour le coucher à 22h en été et à 21h30 en hiver.
Les Grands-parents, pères, mères, conjoints, frères, sœurs et descendants en ligne directe des hébergés, sont admis à rendre visite à ses derniers, trois jours par semaine pendant les heures fixées par le Commissaire Chef de camp.
Les « hébergés » sont autorisés à recevoir des colis. Ces derniers devront être ouverts par l’hébergé en présence d’un brigadier.
Toute tentative d’évasion sera immédiatement punie de prison pour une durée à fixer, selon les circonstances, par le Commandant du Camp. Il en sera rendu compte au Préfet.
La peine sera doublée à la deuxième tentative et en cas de nouvelle récidive, l’hébergé sera dirigé sur le Camp répressif du Vernet. »
En mars 1941, un certain nombre d’« indésirables » sont acheminés à Port-Vendres et de là en Afrique du Nord.
La rafle d’août 1942 et l’arrestation des Juifs
Le 5 août 1942 tous les préfets régionaux reçoivent une lettre confidentielle des services de René Bousquet, secrétaire général de la police, qui définit les juifs à arrêter et à transporter en zone occupée « avant le 15 septembre » : leur nationalité, leur date d’entrée sur le territoire français (1er janvier 1936), la liste des exemptés (« vieillards de plus de 60 ans », femmes « en état de grossesse », « enfants de moins de 16 ans non accompagnés », entre autres).
Le 10 août 1942 le préfet Lemoine adresse ses instructions aux préfets de sa région pour effectuer le ramassage, le groupement et la conduite des israélites au centre régional de Nexon. Les internés qui séjournaient au camp de nexon ont temporairement été transférés au camp de Saint Paul d’Eyjeaux.
Le 19 août les préfets de département sont informés que l’opération se déroulera le mercredi 26 août.
A 5 heures dans la nuit de ce 26 août le « plan de ramassage » est déclenché sur l’ensemble de la zone non occupée. Pour la Région de Limoges, 9 préfectures ou sous-préfectures sont concernées : Loches (Indre et Loire), Châteauroux (Indre), Saint Amand Montrond (Cher), Montmorillon (Vienne), Guéret (Creuse), Confolens (Charente), Limoges (Haute-Vienne), Périgueux (Dordogne) et Tulle (Corrèze).
Grande rafle de Juifs étrangers dans les quarante départements de la zone libre où Vichy est souverain.
Le 29 août 1942, 450 Juifs dont 68 enfants de la région de Limoges arrêtés dans les 5 départements de la Région de Limoges sont transférés au camp de Nexon. Après un triage complémentaire à celui qui était fait dans chaque département et internés à Nexon. Ils sont ensuite livrés aux Allemands et déportés à Auschwitz. Des Juifs âgés évacués du camp du Récébédou, près de Toulouse, sont transférés au camp de Nexon. Le 26 août 1942, le « plan de ramassage » est déclenché sur l’ensemble de la zone non occupée. Pour la Région de Limoges, 9 préfectures ou sous-préfectures vont être concernées : Loches (Indre et Loire), Châteauroux (Indre), Saint Amand Montrond (Cher), Montmorillon (Vienne), Guéret (Creuse), Confolens (Charente), Limoges (Haute-Vienne), Périgueux (Dordogne) et Tulle (Corrèze).
En Haute-Vienne 102 personnes ont été arrêtées, aucune à Nexon ni dans les communes du canton. En effet lors de l’enquête du 3 juin 1941 la mairie de Nexon avait déclaré qu’aucun réfugié israélite ne vivait sur la commune.
Au total 680 personnes ont été amenées au camp de Nexon les 27 et 28 août 1942. Leurs documents vont de nouveaux être examinés. En une journée les inspecteurs vont examiner les papiers et libérer ceux qui remplissant les conditions d’exemption. Aux partants on retirera les cartes d’alimentations à tous ceux qui remplissent les conditions pour être retenus.
Après toutes les vérifications 458 personnes ont été embarquées dans le train pour Drancy. Ce sont donc plus de 200 personnes qui ont été libérées parce qu’elles remplissaient les conditions pour ne pas partir. Les 458 personnes retenus ont quitté le camp dans la soirée et ont pris place dans trois 3 voitures de voyageurs réservées aux femmes, enfants et malades et vingt-sept voitures à bestiaux aménagées. Les bagages étaient entreposés dans quatre fourgons à bagages et une voiture était réservée à l’escorte.
Le train a quitté Nexon le 29 août 1942 à 6h55. Il a franchi la ligne de démarcation à Vierzon à 11h31 d’où il est reparti à 12h15. Il est arrivé à Drancy à 18h03. La plupart sont partis pour Auschwitz très rapidement. Le convoi n°26 avec 307 « raflés » est parti le 31 août et le convoi n°27 est parti le 2 septembre avec 75 « raflés ». La plupart ont été gazés le jour de leur arrivée.
Après cet événement douloureux la vie du camp continue avec le 26 octobre 1942, la plus grande partie des internés du camp du Récébédou, « juifs étrangers, espagnols républicains et leur encadrement » qui est transférée au camp de Nexon. Le camp est alors transformé en camp hôpital.
Après l’attaque surprise de l’Union soviétique par les armées allemandes le 21 juin la guerre a changé de dimension. Le 8 novembre les Alliés débarquent en Afrique du Nord et le 11 novembre la zone libre est envahie par les allemands et les italiens. Les communistes ne sont plus systématiquement considérés comme des indésirables.
Les juifs sont les principales victimes de l’hiver rigoureux de 1942-1943
L’hivers 1942-1943 est particulièrement rigoureux et 76 internés vont mourir, principalement parmi les Juifs. Ils sont inhumés dans le cimetière de Nexon. Les 29 et 30 novembre 1951, 72 corps sont exhumés et déposés dans une tombe collective.
La rafle de fevrier 1943 dite rafle des 2000 va faire une nouvelle fois Nexon centre de regroupement.
Le 13 février à Paris, deux officiers de la Luftwaffe sont abattus. En représailles, les Allemands réclament la déportation de 2000 hommes. Ne pouvant trouver 2 000 Juifs étrangers en zone occupée, Vichy est allé les chercher en zone libre, nouvellement occupée.
Les Juifs arrêtés ont été dirigés sur le Camp de Gurs et une partie sur le Camp de Nexon. Puis, tous ont été transférés sur Drancy et de là, non pas sur Auschwitz, engorgé de convois, mais sur le Camp de Sobibor. Une poignée de rescapés survécurent via le Camp de Maidanek.
Le camp en 1943 et 1944
A partir du mois de mars la population des internés tombe à moins de cent personnes . Elle remontera au-dessus de 100 à partir du mois d’août 1943.
À la suite de la dissolution du camp de Gurs, en novembre 1943, les internés de ce camp sont transférés à Nexon.
La population des internés évolue, il y a moins de Juifs mais des réfractaires au STO, des condamnés de droit commun pour marché noir, trafic… et des opposants politique. Des volontaires sont envoyés pour travailler dans le cadre de l’organisation Todt à la construction des fortifications de l’Atlantique.
Au cours de l’année 1944 le nombre des interné augmente et dépassera 200 en février puis 330 en mars.
Le débarquement du 6 juin en Normandie déclenche de nombreuses actions de la Résistance. Le 11 juin 1944, le camp est attaqué ce qui permet l’évasion de 54 détenus. Le camp de Saint Paul d’Eyjeaux est lui aussi attaqué et incendié. Le 13 juin les internés de ce camp qui restent sont envoyés à Nexon.
Du 17 juin 1944 à la fin octobre 1944 le camp est transféré à la Caserne du Grand Séminaire à Limoges
De la fin octobre 1944 au 17 août 1945 retour à Nexon, date du transfert des internés au camp de Poitiers.
Il ne subsiste aucune trace du camp, dont l’emprise est occupée par un lotissement. Une stèle en rappelle le souvenir.
Bibliographie
Claude BERODY «Nexon … 1941…baraque 12 » Fondation pour la Mémoire de la déportation 2011
Guy PERLIER « Les camps du bocage : 1940-1944 Saint-Germain-les-Belles Saint-Paul-d’Eyjeaux Nexon » aux Editions Les Monédières, avril 2009.
Guy PERLIER « La Rafle : Août 1942, région de Limoges » Editions Les Monédières, mars 2012
Laurette ALEXIS-MONET « Les miradors de Vichy » Les Éditions de Paris 1994 et 2001
Archives départementales de la Haute-Vienne – Seconde Guerre Mondiale. En ligne :
993 W 71 et 73 Rapports mensuels de commandant de camp
185 W 3/61 Rapports du chef de camp sur l’organisation du camp, son fonctionnement, l’état d’esprit des internés.
Après les lettres de MATISSE le leg comportait des lettres de DUBUFFET.
Jean DUBUFET ( 1901-1985) est né dans une famille aisée de négociants en vin du Havre. Après son Bac, peu attiré par les études, il se disperse entre la littérature, la musique et les voyages tout en revenant travailler avec son père. Ce n’est qu’au cours de la Deuxième Guerre Mondiale qu’il décide de se consacrer totalement à la peinture. Il manifeste une volonté « anti-culturelle » et qualifie ses oeuvres d' »Art brut ». Il acquiert une certaine notoriété et en 1955 il part s’installer à Vence. C’est là qu’il va se lier d’amitié avec Annelies et son mari.
Dans les lettres qui s’échelonnent de 1967 à 1976 on remarque l’évolution de DUBUFFET vers la sculpture, les oeuvres volumineuses et aussi son mauvais caractère. On note aussi la séparation d’Annelies avec Vincent de CROZALS puis sa rencontre avec Andrée SABKOWSKI
2 – Les lettres de Jean DUBUFFET
La première lettre donne le ton ! DUBUFFET l’invite à continuer à peindre sans s’interdire quoi que ce soit…
Lettre du 8 juin 1957
La date de la lettre suivante n’est pas précise, 1957 ou 1958 . Elle montre qu’il a visité le galeriste qui expose Annelies. Et il annonce sa visite avec son épouse…
La lettre suivante est adressée à Vincent de CROZALS qui lui a offert une statuette ce qui incite DUBUFFET à se lancer dans la sculpture. Il lui demande comment le voyage à Paris de son épouse c’est passé.
Lettre du 25 juin 1959
Une lettre pour souhaiter une bonne année …
Lettre du 3 janvier 1961
Cette lettre est illustrée d’un dessin caractéristique de l’évolution de DUBUFFET avec ses travaux sur « L’Hourloupe » commencés en 1962, ensemble d’huiles sur toile, de dessins, d’assemblages, de sculptures, de constructions, avec trois couleurs et des rayures : rouge, bleu et blanc. Ici il n’y a pas de bleu mais du vert, sans doute parce qu’il n’avait pas de stylo bleu sous la main…
Lettre du 19 janvier 1963
Le lendemain une invitation à diner pour le couple…
Lettre du 20 janvier 1963
L’épouse de DUBUFFET est dépréssive et il ne supporte pas cette situation.
Lettre 19 avril 1966
Lettre non datée mais de 1966 ou 1967 dans laquelle il explique qu’il a mauvais caractère , qu’il est un « notoire mauvais-coucheur ». Il passe presque tout son temps dans son atelier « absorbé à chercher mon chemin dans le labyrinthe de L’Hourloupe ».
Annelies n’est pas séparée de Vincent mais il fréquente Hannelore qu’il épousera en 1972. Lili ( Emilie CARLU) l’épouse de DUBUFFET est toujours souffrante tandis qu’il est très occupé par les problèmes techniques que posent ses créations…
Lettre du 21 juillet 1968
En 1969 DUBUFFET va moins souvent à Vence car, pour sa santé, son épouse a besoin de vivre près de Tubersent dans la Pas de Calais ou elle est née, près des plages du Touquet à quelques kilomètres.
Lettre du 16 octobre 1969
Annelies est seule et DUBBUFET lui dit qu’il aime la familiarité de ses lettres alors qu’il trouve le respect détestable. Une belle interrogation sur le bonheur : que veut dire « heureux » ?
Lettre du 26 décembre 1969
DUBUFFET ne va plus à Vence, il a vendu sa villa. Annelies est avec une amie, Andrée SABKOWSKY, et DUBUFFET en est heureux.
Lettre du 8 juin 1972
DUBUFFET donne l’adresse à Cannes d’une artiste avec laquelle il lui conseille d’entrer en relation.
Lettre du 14 juin 1975
DUBUFFET lui parle de sa collection d’oeuvres « Art Brut » qui est maintenant à Lausanne, agassé par les tracasseries de l’administration française pour créer son musée à Paris. Il lui demande des nouvelles d’Andrée. Il espère qu’elle « se tire d’affaire » car l’art n’est pas très rémunérateur !
Lettre du 27 mai 1976
Il n’y a pas de lettres postérieures à celle-ci. les relations se sont peut-etre distendues avec DUBUFFET ?
Dans un chapitre précédent j’ai montré comment Annelise NELCK avait servi de modèle à MATISSE. En 1945, la guerre terminée MATISSE passe beaucoup de temps à Paris pour les expositions qui reprennent. Annelises n’est plus modèle mais devient artiste.
Elle a fait voir ses dessins à MATISSE qui lui expliqué ce qu’il fallait qu’elle travaille. Il lui en a montré les défauts mais il a perçu ses capacités et il lui a donné des conseils. « Cherchez les directions : c’est l’orientation, l’élan des lignes et des formes qui entrainent l’esprit dans un sens plutôt que dans un autre ». Elle choisi les plantes pour commencer à mettre en pratique ses conseils. Elle a compris que dans un dessin il fallait se mettre à la place du spectateur et lui transmettre un message. Et sans cesse il corrigeait et elle gommait tandis qu’il répétait » Il n’y a pas d’excuses dans le travail ».
Après le dessin elle passe à la couleur. Elle appris comment « faire chanter les gris, les rendre chauds ou froids par une pointe de couleur pure, exalter les les contrastes… »
Lorsqu’elle gagna le prix dans une exposition « Jeunes Peintres Méditerranéens » Matisse lui remis une enveloppe contenant un billet sur laquelle étaient dessinés trois verres à pieds encadrés par ces mots » Pour arroser le prix ».
C’est en fréquentant les artistes de la galerie qu’ elle rencontra Vincent de CROZALS. Elle le présenta à MATISSE et plus tard il lui demanda de poser pour lui servir de modèle pour le Christ de la chapelle du rosaire à Vence.
Elle épouse Vincent de CROZALS en 1947. Ils resteront mariés pendant 20 ans. Tandis qu’elle peint sous le nom d’ANATOLE son mari s’oriente vers la sculpture.
Annelies à son chevalet vers 1951
En 1953
Annelies et son mari chez Matisse en 1953
Anatole, orgue sous charpente, encre de chine
Après une période de sculptures en terre cuite et en bois, Crozals crée des sculptures en aluminium ainsi qu’en fer forgé galvanisé qui suscitent un grand intérêt.
Marc CHAGAL, Anatole Nelck et Jean Vincent de CROZALS en 1951.
Jean Vincent de Crozals est engagé par Marc CHAGALL de 1950 à 1951 à Vence pour la réalisation de divers travaux de céramiques, puis il travaillera avec Jean DUBUFFET. Il acquiert une plus grande notoriété que son épouse.
Jean Vincent de Crozals et son épouse avec Jean Dubuffet à la villa Gaudissart en 1964.
Annelies NELCK resta en contact avec Henri MATISSE jusqu’à sa mort en 1953. Elle lui rendait visite régulièrement à l’hôtel Régina de Nice. Elle sera également toujours en contact avec Lydia DELECTORSKAYA, sa secrétaire russe et surtout confidente de MATISSE.
Après son divorce d’avec Annelies, de CROZALs s’installe en Allemagne en 1974 tout en gardant sa maison à Vence où il décédera en 2009.
La carrière artistique d’ANATOLE n’a pas été rectiligne. Après la mort de MATISSE son style change et elle essaye divers techniques. Elle fait du vitrail, de la poterie, de la tapisserie puis de la scrulpture . Elle expose régulièrement avec Jean DUBUFFET dont elle est devenue l’assistante, Henri LAURENS et Pierre BONNARD.
A Vence elle est appréciée par tous les artistes et les galeristes qui admirent sa culture, louent son exigence et sa gentillesse. Elle ne se laisse pas influencer par les modes et reste fidèle à ses principes.
Voici quelques illustrations de son talent.
Quelques dessins à l’encre de chine sur papier en 1972:
Des peintures
L’orateur
Une tapisserie
Le moustachu
Des sculptures
Le cheval
Bunker mobile
En 2011 elle s’installe à Nexon dans la maison qu’a acquise son amie Andrée SABKOWSKY. Je parlerai plus tard des 3 années qu’elle y a passées.
Pour réaliser ces articles j’ai beaucoup utilisé « L’Olivier du rêve » l’ouvrage qu’A. NELCK a publié à compte d’auteur en 1999, difficile à trouver et souvent à des prix dissuasifs … mais en cherchant on trouve des bouquinistes qui pratiquent des prix raisonnables. Elle y raconte sa jeunesse en Hollande, son arrivée à Vence ou son père a acheté un terrain et y a installé une caravane de sa fabrication, le culot avec lequel elle a forcé la porte de la villa d’Henri MATISSE…
A la fin de l’année 1948 le préfet de la Haute-Vienne adresse à tous les maires un courrier attirant leur attention sur la progression de l’acariose et de la loque, deux maladies qui touchent les abeilles et qui se propagent de ruche en ruche et de rucher en rucher.
L’acariose est causée par l’acarien Acarapis woodi qui se loge dans le système respiratoire de l’abeille et se nourrit de l’hémolymphe, jusqu’à l’affaiblir et lui transmettre le virus ou la bactérie qui l’achèveront. La loque est caus »e par un bacille qui se développe dans l’estomac de l’abeille à l’état de larve. Infestée celle-ci ne tarde pas à mourir.
Depuis un arrêté du 15 juillet 1943 tous les propriétaires de ruches doivent les déclarer chaque année. Un rappel de cette règle a été adressé le 18 novembre 1948 à tous les maires.
Un rappel du modèle de fiche et un encart précisait qu’un recueil de fiches avait été envoyé en 1943 et qu’il n’était pas vide.
Mais beaucoup de mairies n’avaient plus ce carnet et l’ont signalé. Aussi un courrier du 15 décembre permettait aux propriétaires d’établir leur déclaration sur une feuille ordinaire.
Au total 11 personnes ont déclaré au total 49 ruches. Deux personnes ont 10 ruches, paul LACORE au Brouillet et Gaston LAGORCE avenue de la gare.
Marguerite FAUCHER est domiciliée aux Gouzettes! Je ne trouve pas ce nom dans les villages de Nexon ni sur les cartes de CASSINI. Je trouve un village avec ce nom en Aubrac? C’est loin pour avoir des ruches à Valeix!
Jean Marie BRUGEAS, un homme aux multiples visages dont la jeunesse qui lui valut la reconnaissance de Juste parmi les Nations, était peu connue des nexonnais !
Jean-Marie BRUGEAS est né le 24 juillet 1926 à Nexon où il est mort le 12 mars 1980 il n’avait pas encore 54 ans. Après une jeunesse ou il s’engage dans la protection des juifs et de tous ceux qui étaient pourchassés par la police de Vichy et la milice il se marie et va devenir chef d’entreprise. Mal connu des nexonnais qui voyaient en lui un garçon qui semblait mener une vie facile, il cachait un homme cultivé, amoureux de la musique de la peinture et de la poésie. Il dissimulait la douleur d’avoir perdu tragiquement ses deux garçons dans la fleur de l’âge.
1 – Son père Louis René BRUGEAS
Son père Louis René BRUGEAS (1895-1964) était né le 10 novembre 1895 à Le Grand Bourg en Creuse où son père, Jean Baptiste BRUGEAS (1862-1945), était instituteur.
Acte de naissance de Louis René Brugeas (A.D. Creuse)
Louis René avait 19 ans au moment où éclate la Guerre. Il est incorporé le 17 septembre 1914 au 20ème Régiment d’Infanterie. Il sera nommé caporal le 16 juillet 1915, sergent le 25 janvier 1917 puis aspirant moins d’un mois plus tard (15 février 1917). Il fait preuve de beaucoup de courage au combat ce qui lui vaux plusieurs blessures et plusieurs citations. Il et est nommé sous-lieutenant le 18 juin 1918 puis lieutenant de réserve le 10 mai 1920.
Registre Matricules (Geneanet)
Il est nommé Chevalier de la Légion d’Honneur avec le droit de porter l’insigne de la décoration le 16 juin 1920, il n’a pas encore 25 ans. Il est alors receveur de l’enregistrement à Crèvecoeur-le-Grand dans l’Oise.
Le 10 juillet 1925 à Crozant, Creuse, il épouse Jeanne DESMAISON. Elle est née le 5 septembre 1897 à Nexon, au Plantadis, où ses parents sont jardiniers. C’est le premier contact des BRUGEAS avec Nexon. En marge de l’acte de naissance on trouve la mention de son mariage et la date de son décès à Nexon.
Acte de naissance de Jeanne DESMAISON à Nexon (A.D. H.V.)
Ils vont avoir rapidement un fils, Jean Marie, qui naît le 24 juillet 1926 à Nexon, sa mère étant venue chez ses parents pour accoucher comme cela se faisait assez souvent alors. Le couple avec leur fils va déménager au rythme des affectations de Louis René comme receveur de l’enregistrement. Ils quittent Crèvecœur au début de l’année 1927 pour Chalus, sans doute pour être plus proche de la famille de Jeanne DESMAISON. Ils y resteront jusqu’en 1933 pour aller à Aixe sur Vienne pour occuper un poste de receveur plus important. Une fois à la retraite ils habiteront à Limoges et à la fin de sa vie Louis et son épouse viendront habiter à Nexon chez leur fils.
Jeanne décéde le 11 octobre 1959 à Nexon à l’âge de 64 ans. Son époux, Louis René BRUGEAS va vivre encore 5 ans et décédera le 26 mai 1964 à Nexon, âgé de 68 ans.
2- Jean Marie BRUGEAS, sa jeunesse pendant la seconde Guerre Mondiale.
Quand son père est nommé à Chalus, Jean Marie à 1 ans. Il y passera les 6 premières années de sa vie. Il est sans doute allé à l’école maternelle et en octobre 1933 quand son père a été nommé à Aixe sur Vienne c’est à Aixe qu’il est entré au CP puisqu’il avait 6 ans. A la fin de l’école élémentaire il est allé au collège puis au lycée à Limoges. Il a 14 ans lorsque la drôle de guerre prend fin. Lorsqu’il a 15 ans il ne reste pas inactif lorsqu’il voit la mise œuvre de la politique de Vichy à l’encontre des juifs. Dès 1942 il commence à les aider à se cacher. Il prévenait les juifs à Limoges et dans les environs de descentes de police prévues, et trouvait des cachettes en cas de besoin. Grâce à lui, de nombreux Juifs échappèrent à l’arrestation et à la déportation. Il aida également des républicains espagnols, des réfugiés polonais…
Il entra dans la Résistance le 17 décembre 1943 et fut affecté en qualité d’agent de liaison, sous le pseudonyme de Sergent Jean Valera, au sous-secteur B des Francs-Tireurs et partisans français, sous les ordres d’André Lévêque, adjoint du commandant du secteur B. Il participa à la diffusion des tracts et journaux clandestins. Il œuvra surtout en tant que passeur au sauvetage de nombreux ressortissants – polonais, juifs, belges, républicains espagnols –, aviateurs anglais et canadiens, en les cachant ou en les faisant entrer dans le maquis français ou regagner l’Espagne et l’Algérie …. Il prévint plusieurs fois des Juifs pourchassés par la Milice française ou par les Allemands.
Il participa à la création du réseau Étoile, destiné au sauvetage de ressortissants juifs et de républicains espagnols. Il bénéficia de l’aide de Mado de CORTES et de Lucette GUIGNARD dans son activité de sauvetage
Jean-Marie BRUGEAS sera cité à l’ordre des Forces interalliées pour son courage, citation confirmée par le gouvernement de la République polonaise en exil qui lui décernera le 28 septembre 1978 la « Polish Militari Order » et « The Order of Virturi Militari » pour ses fonctions d’agent de liaison et de renseignement durant la guerre de 39-45.
Selon les témoignages recueillis après la guerre, Jean-Marie Brugeas sauva environ quarante personnes et notamment les familles ALPERN, KLOUPSKY, WOLF, KOHN, la famille de Guy LEVY et la famille de Henri ZUCKER. Guy LEVY avait été son condisciple au lycée de Limoges. Il se cachait avec sa famille à Aixe-sur-Vienne. Plusieurs fois Jean-Marie Brugeas l’avertit d’une descente imminente des SS et de leurs collaborateurs français, lui sauvant ainsi la vie, ainsi qu’à sa famille. M. RUBINSTEIN, qui habitait Limoges, témoigna lui aussi après la guerre que le jeune homme avait trouvé une cachette à ses parents. Lorsque Monsieur KARGEMANN et son fils Henri, qui s’étaient réfugiés à Aixe-sur-Vienne, se trouvèrent menacés d’arrestation, la milice passant la région au peigne fin à la recherche de Juifs, Jean-Marie BRUGEAS leur trouva une autre cachette. Henri KARGEMANN se rallia plus tard à la Résistance et se battit jusqu’à la fin de la guerre.Bien qu’il risquait sa vie en aidant les Juifs, il ne chercha jamais la moindre rétribution matérielle.
3 Jean Marie BRUGEAS, Juste parmi les Nations.
Le 19 août 1953, est créé, à Jérusalem, l’Institut commémoratif des Martyrs et des Héros de la Shoah (Yad Vashem). En 1963, une Commission présidée par un juge de la Cour Suprême de l’État d’Israël est chargée d’attribuer le titre de « Juste parmi les Nations », la plus haute distinction civile décernée par l’État hébreu, à des personnes non juives qui ont aidé des Juifs persécutés par l’occupant nazi. Les personnes ainsi distinguées doivent avoir procuré, au risque conscient de leur vie, de celle de leurs proches, et sans demande de contrepartie, une aide véritable à une ou plusieurs personnes juives en situation de danger.
En 1979, le Dossier Yad Vashem 1507 attribue à Jean Marie BRUGEAS le titre de Juste parmi les Nations. Le diplôme lui sera délivré le 5 mars 1980 sans que l’on en parle à Nexon…
Diplômemédaille
Son nom figure sur le mur des justes à Paris, situé dans l’allée des Justes pami les Nations dans le quartier du Marais (4e arrondissement), entre la rue Geoffroy-l’Asnier et la rue du Pont-Louis-Philippe.L’allée est située en bordure du Mémorial de la Shoah, et a été inaugurée le 14 juin 2006.
Le Mur des Justes, situé dans l’allée, porte les noms de près de 3800 hommes et femmes qui. au péril de leur vie, ont contribué au sauvetage de Juifs en France pendant la Seconde Guerre mondiale. Ces personnes ont reçu le titre de « Juste parmi les Nations », décerné par Yad Vashem – Institut International pour la Mémoire de la Shoah depuis 1963.Le nom de Jean Marie BRUGEAS y figure à l’année 1979.
Sources : M31/1507. et LimoreYagil, Typologie de la résistance sans armes et de l’aide aux Juifs en Limousin dans Revue d’Histoire de la Shoah 2001/2 (N° 172), pages 228 à 265.
5 – Jean Marie BRUGEAS, sa vie à Nexon
Après la guerre Jean Marie BRUGEAS s’est marié. Il a épousé Yvonne MASSALOUX qui travaillait dans une fabrique de pantoufles à Aixe sur Vienne. L’épicerie qui existait au numéro 13 de la rue pasteur ayant fermé, madame Brugeas s’y installe et crée un atelier de fabrication de pantoufles « La Nexonnaise ».
Au début de l’année 1962 M. BRUGEAS s’associe avec 2 industriels de Limoges, MM. LERICHE et PENICAUD. René LERICHE avait créée en 1947 la société EREL, nom de ses initiales. EREL fabrique des chaussures d’intérieur pour hommes, les femmes et les enfants. Son atelier étant dans Limoges il décide de s’associer avec M. Brugeas pour construire une usine à Nexon. Le terrain étant disponible sur la route de Meilhac à La Ganne, la première usine est construite sur la zone qui deviendra par la suite une zone d’activité économique.
Le chantier est rapide et en janvier 1963 l’usine SOLIDAC, Société Limousine d’articles chaussants, est inaugurée en grandes pompes par Michel VIRENQUE, préfet de la Haute-Vienne qui deviendra préfet du Limousin le 14 mars 1964.
La grande majorité du personnel est composé de jeunes femmes de nexon ou des environs.
Mais assez rapidement les affaires deviennent difficile. En mars 1965, le Maire et la direction de l’usine sont reçu par le préfet qui l’informe de la situation difficile de l’usine. Elle a dû réduire son activité du fait de la crise et mettre une partie du personnel au chômage. Elle fermera en 1965. Les bâtiments seront repris par l’entreprise Vet’France, elle-même installée auparavant dans les locaux de l’actuel dojo, salle de judo historique de l’Amicale de la Jeunesse Nexonnaise.
Vet France fonctionnera jusqu’en 1993 et pendant des années ce fut une usine à l’abandon.
L’usine envahie par l’herbe avant le rachat en 2023
Après la fermeture de la SOLIDAC l’atelier de son épouse continuait à fonctionner rue Pasteur. Le couple avait eux deux enfants, Jean Louis né en 1950 et Éric né en 1953. Deux garçons très différents, Jean louis amoureux de la vitesse et des voitures et Éric que l’on appelait Mimi, amoureux de la nature et des animaux. Il est venu travailler avec mon père pendant quelques mois. Jean Louis avait beaucoup de copains dont mes frères, et malheureusement, un soir en fin d’hiver, le 7 janvier 1971, en rentrant de Limoges, en sortant du virage, sans doute un peu vite, il a perdu le contrôle de sa voiture qui s’est encastrée dans un des arbres de cette allées aux grands arbres. Ce fut un choc à Nexon. Se tuer en voiture à 20 ans est un drame pout ses parents, sa famille, ses amis.
Six ans plus tard, le 28 janvier 1976 c’est son frère Éric qui mourait toujours aussi dramatiquement d’un coup de fusil, laissant une petite fille Séverine.
Après tous ces drames l’annonce de choix de Yad Vashem n’a pas eu d’échos dans la population nexonnaise. Seuls quelques amis ont partagé avec lui cette reconnaissance. Le jeune Brugeas étudiant à Limoges qui aidait les juifs, les espagnols, les polonais était loin de l’image que ceux de sa génération étaient devenus, posés, travailleurs, sérieux… Mais Jean Marie BRUGEAS était sans doute resté l’étudiant qu’il avait était. Un groupe de jeunes de Nexon a connu cet homme-là . Ils ont passé des après-midi dans la maison qu’il possédait à La Mazaurie a écouter les chansons de Brassens, Ferré ou Ferrat accompagné à la guitare par Jean Marie BRUGEAS puis reciter du Boris Vian ou du Prévert. Sa culture, sa simplicité les fascinait. C’était la face caché de Jean Marie BRUGEAS, loin de ceux qui voyaient un lui un dandy, un coureur…
Mais son cœur qui avait vécu des chocs violents n’a pas pu l’accompagner très longtemps et le 12 mars 1980 il a lâché, 10 ans après son fils Jean Louis et 4 ans après Mimi. Triste vie pour son épouse frappée par ces morts insupportables.
De nombreuses manifestations vont célébrer les 80 ans de la pluspart de ces évènements. Je participerai à certains d’entre eux et j’en parlerai plus tard. Mais pour aujourd’hui un évènement qui n’est plus dans le souvenir mais qui a pas marqué les nexonnais le 19 aout 1944 : la céréùmonie en hommage aux cinq maquisards tués à Jourgnac, à la Chaume Verte. La foule était nombreuse et les enfants des écoles étaient là. Quand on m’a proposé une photo de cérémonie je n’ai pas immédiatement reconnu Nexon. Mais il s’agissait bien de la mairie!
Que c’est-il passé pour que cinq cercueils soient exposés devant la mairie avec des maquisars qui rendent les honneurs…
1- La situation militaire après le 15 aout 1944
Depuis le débarquement réussi du 6 juin 1944 en Normandie, le rapport des forces entre les Allemands et les Alliés a progressivement changé. Un nombre de plus en plus important de jeunes s’engagent dans la résistance. Les parachutages sont plus nombreux qui apportent à chaque fois des armes, des munitions, des postes de radio, des uniformes … et même de l’argent. En même temps le commandement des maquis va s’unifier. Le 25 juin 1944 Georges Guingouin est nommé à la tête des maquis FTP de la Haute-Vienne
Les actions des maquis deviennent plus efficaces : capture et exécution du Major Kämpfe (9-11 juin), libération de prisonniers des camps d’internement de Nexon et de Saint Paul d’Eyjeaux (11 juin), Bataille du Mont Gargan (17 juillet – 25 juillet).
Au début du mois d’août la décision est prise d’encercler la ville de Limoges. Les allemands ne contrôlent plus qu’une zone de 10 km autour de la ville. A partir du 12 août 1944 alors que les premiers signes d’un départ imminent des troupes allemandes et de leurs collaborateurs se précisaient, les maquis de la Haute-Vienne, sur ordre du commandant départemental des FTP, le colonel Georges Guingouin, vinrent s’établir autour de Limoges.
Ces maquis s’installèrent à partir de la nuit du 13 au 14 août, dans les communes périphériques de Limoges, répartis en quatre secteurs : A pour l’est ; B pour le Sud avec deux bataillons de 900 hommes sous les ordres du commandant Nelson et la mission de bloquer les routes nationales 20 et 21 vers Toulouse ; C pour l’ouest avec quatre bataillons de 2050 hommes dirigés par le commandant Bernard avec mission de contrôler la route d’Angoulême et le secteur C, au Nord, avec trois bataillons de 1500 hommes pour contrôler les axes de Paris et Poitiers.
Le 15 aout l’ensemble des forces armées, FFI et FTP, sont organisées sous un double commandement qui après le désistement de Huard ( Lucien Faure) pour l’AS laise le colonel Guingouin devenir le seul chef des FFI de la haute-Vienne.
Le 15 août, la 2408ème compagnie FTP placée sous les ordres du lieutenant Robert Marty, alias Nitchevo, quitte Gorre en camion pour rejoindre Solignac, au sud de Limoges. Pendant la nuit l’un des groupes gagna le secteur du château de Plaisance sur la commune de Feytiat où il prit position.
2 Les massacres entre Moissac et Le Vigen
Le 17 aout au matin des hommes de la 2408e compagnie FTP sont postés entre Feytiat et le Vigen à proximité du Bon-Abri, de Plaisance et de Moissaguet. Lucien Maillard, de son vrai nom Joseph-Louis Le Poupon, est à la tête d’un groupe de huit maquisards qui a pris position pour faire barrage aux troupes qui prendraient la route de Saint Yrieix. Ils sont chacun à son poste derrière les chênes, dans l’allée en face du château de Plaisance.
Au même moment, un convoi allemand, composé de trois blindés escortés de chenillettes et d’automitrailleuses appartenant au 19ème Régiment de police SS, se dirige vers le sud en direction de Saint-Yrieix-la-Perche par la D 704.
Pour les maquisards les consignes sont claires, l’ouverture du feu se fait sur ordre. Mais contrairement à l’ordre donné, lorsque le convoi allemand arrive à la hauteur de l’allée de chêne, l’un des maquisards ouvre le feu sur le dernier blindé. Le convoi stoppe, les soldats jaillissent des véhicules, ouvrent le feu. Six maquisards sont abattus. Ils sont affreusement mutilés, ventres ouverts à la baïonnette, têtes écrasées. Tout leur sang s’est répandu sur la chaussée. Un seul, Louis Chauprade, réussira à prendre la fuite.
Ce fut le premier massacre de la journée dont le souvenir est marqué par une stèle érigée sur la D 704 à droite en allant vers Saint Yrieix, à hauteur de Plaisance. parmi eux un jeune des Cars, Léon Devaud né le 25 juillet 1925, cultivateur,
L’avancée de la colonne allemande vers Le Vigen se poursuit sur la route 704 le long de laquelle ont été postés des maquisards, sans expérience militaire et dotés de simples fusils ou de mitraillettes face aux canons et aux mitrailleuses des allemands. Le massacre continue et huit nouveaux nom sont inscrits sur la stèle élevée au Mas-du-Puy commune du Vigen.
Parmi eux quatre jeunes qui habitaient sur le territoire de la communauté de commune , Pays de Nexon – Monts de Chalus :
Jean Delage né le 30 janvier 1913 à Flavignac (Haute-Vienne), cantonnier SNCF, 31 ans,
Aimé Pataud dit « Tarzan » né le 19 septembre 1928 à Chalus (Haute-Vienne), 16 ans,
Marcel Thomas né le 16 novembre 1921 à Flavignac (Haute-Vienne), 22 ans, cultivateur,
Aimé Valade dit « Nénou » né le 10 septembre 1925 à Bussière-Galant (Haute-Vienne), 18 ans, cultivateur.
3 La Chaume Verte
Au cours de l’après-midi, l’unité allemande change de direction et quitte la D 704 à Saint Maurice les Brousses. Elle part vers l’Ouest et se dirige vers Jourgnac d’où elle rejoindra Séreilhac.
Un groupe de maquisards appartenant à la 2449ème compagnie FTPF (sous-secteur B) avait été placé en position défensive sur la commune de Jourgnac afin d’assurer la protection du poste de commandement du bataillon FTP établi à Boissac sur la commune voisine du Vigen.
Au cours de l’après-midi, l’unité allemande change de direction et quitte la D 704 à Saint Maurice les Brousses. Elle part vers l’Ouest et se dirige vers Jourgnac d’où elle rejoindra Séreilhac. Vers 17h30 la tête de la colonne arrive à la hauteur de La Chaume Verte, à quelques centaines de mètres du bourg de Jourgnac. Un groupe de FTP qui traversait à découvert un pré en contre-bas de la route est surpris par cette arrivée des allemands. Ils n’ont pas le temps de se mettre à l’abris et malgré le courage de Fernand Dudognon qui, bien que blessé, continue à tirer avec son fusil mitrailleur jusqu’à l’épuisement de ses munitions, les cinq camarades sont tués et terriblement mutilés. La colonne continue sa route et les corps restent exposés dans le pré.
Ce n’est que le soir que des paysans qui participaient à une batteuse dans le bourg sont allés les chercher. Ils ont mis les corps dans une charrette et les ont conduits à l’église ou le curé, Pierre Rougerie les a accueillis. Les corps étaient tellement mutilés qu’il n’a pas été possible de les identifier. Pour rédiger le certificat de décès le maire les a désignés par la couleur de leurs cheveux et leur surnom de maquisard.
L’acte de décès est rédigé sans nom mais avec une description sommaire » age approximatif, ving à ving cinq ans, taille un mètre soixante sept, cheveux chatain foncé, barbe rasée, teint brun, nez rectikigne, bouche moyenne, visage ovale, vêtu d’un uniforme de drap bleu ». L’acte sera mis à jour le 24 septembre 1946.
Deux jours plus tard, malgré la proximité des troupes allemandes, un hommage patriotique fut organisé à Nexon. Le FTP Chambon doit se rendre à Jourgnac avec un camion pour aller chercher les cinq corps pour qu’ils soient enterrés à Nexon.
Les cinq cercueils sont chargés sur le camion et déposés à la mairie de Nexon devant une foule de tous ages.
« Dans un camion gazogène portant encore la mention « ravitaillement », les cinq cercueils sont alignés tandis qu’à gauche et à droite se trouvent six maquisards. Derrière il y a vingt-quatre hommes armés…Puis on voit le drapeau tricolore frappé de la croix de Lorraine. Dix hommes casqués précèdent encore le grad drapeau de la mairie revêtu de crêpe. Soixante enfants des écoles, les bras chargés de fleurs des champs, passent devant la foule massée sur le champ de foire de Nexon. Entre trois cents et quatre cents personnes sont regroupées … pour rendre un dernier hommage à ces jeunes.» ( François Adeline 1940-1944- Haute-Vienne La guerre secrète- Le Populaire HS dec. 2006)
Le cortège se dirige vers le cimetière. Les inhumations vont etre temporaires car les morts vont etre rapidement identifiés par leurs chefs. Le 8 septembre le transfert des corps de Maurice Boissard et de Lucien Courtiaud a lieu au cimetuère de Louyat à Limoges. Le 31 octobre 1944 à Pageas ont lieu les obsèques de Roger Samuel.
Le Poppulaire 28 octobre 1944)
Les cinq tués à La Chaume Verte : Maurice BOISSARD, Lucien COURTIAUD, Fernand DUDOGNON, Raymond LAPOUGE et Roger SAMUEL.
BOISSARD Maurice, Eugène
Né le 30 mars 1924 à Limoges (Haute-Vienne), exécuté sommairement le 17 août 1944 à Jourgnac (Haute-Vienne) ; employé de banque ; résistant FTPF.
Célibataire, Maurice Boissard était domicilié 20, rue Platon à Limoges. Il s’engagea dans la Résistance à compter du 1er juin 1944 dans les rangs des FTPF, rejoignant un camarade Lucien Courtiaud, qui habitait à Limoges, à proximité de chez lui (rue Pradier) et avec qui il avait fréquenté l’Ecole Nationale Professionnelle (ENP) de Limoges (actuel lycée Turgot).
Maurice Boissard trouva la mort avec quatre autres résistants à la suite du combat de Jourgnac. Blessé, il fut « achevé à coup de crosse par les Allemands » au lieu-dit La Chaume-Verte. Son corps fut inhumé après la Libération, le 8 septembre 1944, lors d’une cérémonie patriotique, au cimetière de Louyat à Limoges.
Il obtint la mention mort pour la France et fut homologué au grade de sous-lieutenant des FFI.
COURTIAUD Lucien, Bernard, Marcel
Né le 14 février 1925 à Limoges (Haute-Vienne), exécuté sommairement le 17 août 1944 à Jourgnac (Haute-Vienne) ; étudiant, employé ; résistant FTPF.
Célibataire, Lucien Courtiaud était domicilié 15 rue Pradier à Limoges. Il s’engagea sous le pseudonyme « Alain » dans la Résistance à compter du 1er janvier 1943 dans les rangs des FTPF, sous les ordres du capitaine Authier. Il fut rejoint début juin 1944 par un camarade Maurice Boissard, qui habitait à Limoges, à proximité de chez lui (rue Platon) et avec qui il avait fréquenté l’Ecole Nationale Professionnelle (ENP) de Limoges (actuel lycée Turgot).
Lucien Courtiaud trouva la mort avec quatre autres résistants à la suite d’un combat au lieu-dit La Chaume-Verte (commune de Jourgnac). Blessé dans le combat, il fut achevé par les soldats allemands. Son corps d’abord inhumé à Nexon, fut transféré après la Libération, le 8 septembre 1944, lors d’une cérémonie patriotique, au cimetière de Louyat à Limoges.
Il obtint la mention mort pour la France et fut homologué au grade de sous-lieutenant des FFI.
DUDOGNON Fernand
Né le 21 mars 1923 à Bussière-Galant (Haute-Vienne), exécuté sommairement le 17 août 1944 à Jourgnac (Haute-Vienne) ; résistant FTPF.
Selon le récit rapporté par François Adeline (op. cit.) : « Grièvement blessé, Fernand Dudognon continue de tirer avec son FM jusqu’à épuisement des munitions tandis que ses quatre copains sont blessés, morts ou agonisants ». Il fut achevé par les soldats allemands. Il fut enterré à Nexon.
LAPOUGE Raymond
Né le 3 mars 1910 à Angoulême (Charente), exécuté sommairement le 17 août 1944 à Jourgnac (Haute-Vienne) ; résistant FTPF.
Originaire de Charente, il habitait vraisemblablement en 1944 à Nontron (son nom figure sur le monument aux morts de cette ville). Il s’engagea à une date inconnue dans la Résistance rejoignant un maquis FTPF de la Haute-Vienne. Raymond Lapouge trouva la mort avec quatre autres résistants à la suite d’un combat au lieu-dit La Chaume-Verte, (commune de Jourgnac). Blessé dans le combat, il fut achevé par les soldats allemands. Son corps fut inhumé à Nexon (Haute-Vienne).
SAMUEL Roger
Né le 29 octobre 1923 à Magnac-Laval (Haute-Vienne), exécuté sommairement le 17 août 1944 à Jourgnac (Haute-Vienne) ; ouvrier agricole ; résistant FTPF.
Célibataire, Roger Samuel était en 1944 domicilié à Pageas (Haute-Vienne) au sud de Limoges, où il exerçait la profession d’ouvrier agricole. Réfractaire au STO, il s’engagea dans la Résistance, sous le pseudonyme de « Caoutchouc », rejoignant la 2449ème compagnie FTPF de la Haute-Vienne. Roger Samuel trouva la mort avec quatre autres résistants à la suite d’un combat au lieu-dit La Chaume-Verte). Blessé dans le combat, il fut achevé par les soldats allemands. Son corps fut inhumé à Nexon puis transféré après la guerre à la nécropole nationale de Chasseneuil-sur-Bonnieure (Charente) où il repose depuis lors (carré 1D, tombe 417).
La stèle de La Chaume Verte à Jourgnac
La cérémonie en 2014
5 La tombe de Raymond LAPOUGE à Nexon
La tombe de Raymond Lapouge a peu à peu été abandonnée, son épouse après s’etre remariée ne venait plus s’y recueillir.
Au début des années 2000 le dévouement de Josette Dugot, déléguée de Nexon du Souvenir Français et son mari Jean Claude, délégué départemental, la fille de Raymond Lapouge née en novembre 1944 après la mort de son père, a été retrouvée. La tombe de Raymond Lapouge a été ouverte, la dépouille reconnue grace à la trace d’une ancienne fracture connue de la famille et la tombe refaite.
Avec le temps la couleur des drapeaux a palie mais la tombe est toujours entretenue.
Pour vous souhaiter une belle; bonne et heureuse année je vous adresse cette carte postale, la plus ancienne de ma collection. Pour 124 ans elle très bien conservée.
J’aime bien également la première carte qui m’a été adressée, je n’avais pas un an, mais j’ai eu la chance que ma mère ait conservé toute les cartes postales que j’ai reçues pendant que j’étais enfant. J’ai gardé ce goût de la collection, ce qui me permet d’illustrer les articles que je publie sur ce blog. Et bien sur vous pouvez m’envoyer des cartes postales ou tout document pouvant intéresser l’histoire de Nexon.
Et pour rester dans les cartes postales limousine celle-ci de 1902 :
Pour cette fête du renouveau, de la renaissance de la nature et pour les chrétiens la naissance de Jésus il n’y a pas de carte postale spécifique au Limousin, du moins je n’en ai pas trouvée. Quelques cartes anciennes montrent la manière dont Noël était perçu autrefois…