L’hôtel du commerce et la famille GOURINCHAS

J’ai déja rapidement évoquée l’hotel du commerce et la famille GOURINCHAS lors de l’article consacré à la rue Gambetta côté pair de 16 à 20 bis, publié le 12 juillet 2019. De nouveaux documents viennent enrichir notre connaissance de Nexon et me permettent de compléter et illustrer mon texte initial.

Au début des années 1900 M. PRUGNY en est le propriétaire. Il était bourelier depuis au moins 1890 et a ouvert l’Hotel du Commerce au début des années 1900. Les menus qu’il propose en 1903 et 1904 pour les banquets sont copieux et nos estomacs ne sont plus habitués à avoir à la fois lapin, poisson, gibier et roti…

Puis c’est Prosper LAPLAUD qui est sellier-bourrelier et exploite en même temps l’hotel.

Les GOURINCHAS sont à Nexon depuis 1905 où François GOURINCHAS est employé de commerce par la société Le Planteur de Caïffa. Cette société a été fondée en 1890 à paris par Michel CAHEN. Simple torréfacteur il transforme son magasin en épicerie et rapidement crée des succursales dans toute la France. On en dénombre plus de 400 en 1940. Ces succursales irriguent les campagnes grace à des vendeurs en uniforme vert-bouteille avec une casquette au nom de l’entreprise. Chacun d’eux tire ou pousse un charriot numeroté dans lequel il a entreposé du café, des épices, des farines ou des biscuits sous la marque « Caïffa ».

Dans chaque succursale, comme celle de Limoges, tous les vendeurs sont régulièrement réunis et les meilleurs récompensés par des titres visibles sur la casquette ou le col de la veste.

François GOURINCHAS est désigné par la croix papa
François GOURINCHAS est au 3ème rang, 5ème en partant de la gauche.
On distigue une étoile sur sa casquette
Madame Gourinchas derrière ses enfants Marcelle, Thérèse et Gédéon avec à gauche un commis.
Sur le triporteur le nom du proprétaire « Mon Mel Cahen« 

Ils habitent alors route du Moulin Trouly et c’est à cette adresse que nait, en 1912, leur fille Marie Renée.

En 1914 François GOURINCHAS est photographié avec sa famille, toujours employé par Le Planteur de Caïffa et encore route du moulin de Trouly. Sur le triporteur, figure l’adresse de la succursale à Limoges, 6 rue du Général Cérez.

De gauche à droite Thérèse, Marcelle, Jeanne, François, son épouse, Renée et Gédéon.

Bien qu’il ait été ajourné en 1906 à cause de sa petite taille, il mesurait 1m50cm, François GOURINCHAS est appelé en 1914, à la mobilisation générale, alors qu’il a 39 ans et 5 enfants. Il va rester sous les drapeaux jusqu’à la fin de l’année 1917.

En 1918 François GOURINCHAS, toujours vêtu de son unifome « Planteur de Caïffa », est pris en photo avec sa femme et ses 4 filles devant des soldats en convalescence à Nexon.

Dès 1919 la famille s’installe rue du Nord et achète l’hôtel du Commerce. François GOURINCHAS continue à vendre des produits Caïffa. Son épouse s’occupa de l’hôtel.

Au recensement de 1921 la famille vit avec trois filles et la grandmère, Marie GOURINCHAS agée de 79 ans. Jeanne (Marie Angèle) et Gédéon n’habitent plus dans la maison familiale. Jeanne se maria le 10 mai 1919 avec le jeune nexonnais Jean-Baptiste PERRIER et habitèrent à Limoges. Gédéon, après son service militaire éffectué de 1918 à 1921, s’est installé à Nexon comme coiffeur. En 1926 il a épousé Annie GIBAUD. Il décède en 1929, sans enfant.

Recensement de 1921 Rue du Nord. ADHV

L’hôtel se développa dans l’entre-deux guerres, et aussi pendant toute la période de la guerre.

Thérèse fut couturière, sans quitter la maison familiale. Marcelle et Renée, s’investirent dans l’affaire. Le restaurant devint la meilleure table de la région, avec une cuisine excellente. Les repas étaient à thèmes (choux par ex de l’entrée au dessert). La cuisine ne se faisant que dans des ustensiles en cuivre. La vaisselle était en belle porcelaine, la décoration soignée.

Une clientèle aisée était visée. Les habitués avaient leur place à la table d’hôte … mais il y avait une clientèle de passage, voyageurs de commerce etc., que la réputation de bonne table attirait.

Marcelle « présidait aux fourneaux » avec un talent dont elle put, plus tard, faire profiter ses proches qui en témoignèrent. Le travail ne « leur faisait pas peur. » Elles travaillèrent beaucoup, mais devinrent aussi des jeunes femmes élégantes avec des toilettes suivant la mode (Thérèse excellente couturière revenait de Paris avec des modèles). On les voyait au volant du véhicule utilitaire avec lequel elles allaient chercher les provisions (à Limoges pendant la guerre) mais aussi au volant de voitures dont elles eurent de beaux modèles….

Thérèse Gourinchas en 1929 avec le Citroen C4
Aout 1935

L’Hôtel était leur lieu de travail mais aussi leur lieu de vie qu’elles animaient. Leur neveu (aucune n’eut d’enfant) qui venait pour les vacances, bon musicien, se devait de prendre violon ou guitare, pour le plaisir des clients.

Juillet 1938
Aout 1938

François devenu veuf, vieillit dans la maison familiale ou il passa la guerre (Vieux monsieur élégant, comme en témoigne les photos, entouré de ses trois filles.) Après sa mort, après la fin de la guerre, elles vendirent le commerce, et quittèrent Nexon.

Marcelle fit une belle rencontre, se maria, et avec son mari acquit une maison à Vichy. Renée, y ouvrit un commerce de Maroquinerie. Les deux sœurs gardèrent néanmoins une petite maison à Nexon, achetée grâce à la vente de l’Hôtel, résidence secondaire dont Jean et Marcelle profitaient surtout l’été, et Renée ensuite à sa retraite qu’elle prit très tardivement.

Thérèse prit un fonds de commerce, une petite pension de famille à Vichy, ou elle vécut jusqu’à la fin de sa vie et ne revint jamais à Nexon.

L’Hôtel du Commerce avait définitivement fermé ses portes. Après plus de 40 ans d’activité laissant a ceux qui l’ont connu leurs propres souvenirs.

Marcelle, Renée et Thérèse sont inhumées dans le caveau familial à Nexon.

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