M. Louis Félix BERTRAND est né le 18 mai 1824 à Saint-Ciers-sur-Bonnieure en Charente de parents cultivateurs. Marchand de chaussures à Périgueux il épouse 11 janvier 1854 à Mansle (Charente) Marguerite « Elise » PIRET. L’année suivante il ouvre à Limoges un magasin de chaussures à Limoges, place Saint-Martial, à l’angle de la rue Pont-Hérisson, la rue du Clocher n’était pas encore percée. Il le nomme « A la Grâce de Dieu ».
L’idée d’utiliser des chromos pour faire de la publicité est
venue d’Aristide Boucicaut, propriétaire des grands magasins parisiens,
« Au Bon Marché ». En 1850, tous les jeudis, il donnait personnellement
aux enfants venus avec leur mère, une image. Ainsi ils étaient incités à revenir
au magasin le jeudi suivant pour avoir une autre image.
Il va rapidement être imité et dans toutes les grandes villes des commerçants se mirent à distribuer des images au verso desquelles se trouvait leur publicité. M. BERTRAND a utilisé cette méthode pour faire connaitre ses produits et leur prix.
Avant d’utiliser la Presse, lue par petit nombre des clients
des magasins qui cherchent à avoir une large clientèle, les commerçants vont
avoir recours à d’autres supports. En particulier des pièces de monnaies «
privées », les jetons de nécessité, crées pendant les périodes de crise et les
jetons de transport.
Une trentaine de compagnies de tramways électriques ont émis
des jetons de transport : Paris, Lyon, Marseille, Strasbourg … et Limoges.
La ville de Limoges a confié la concession des transports par tramway à MM. Grammont
et Faye le 13 février 1897. Ils créèrent la Compagnie des Tramways Electriques
de Limoges (T.E.L.). L’exploitation débuta avec cinq lignes de 12 km au total,
avec une trentaine de motrices Grammont.
La compagnie a émis des jetons de transport d’une valeur de 10 centimes. L’originalité est que sur l’autre face il y avait de la publicité, à l’époque on disait « réclame ». Pour les pièces en aluminium c’était soit l’Atelier de construction Grammont, soit la pharmacie Brunot et pour la pièce en laiton, les chaussures Bertrand.
De son mariage Louis Félix Bertrand aura cinq enfants trois
garçons et deux filles. Les garçons vont tous embrasser des carrières qui les
éloigneront du commerce de chaussures.
L’ainé, Pierre BERTRAND (1855 – 1902), sera magistrat et
après avoir commencé sa carrière comme substitut à Tulle il la terminera comme Avocat
général près la Cour d’Appel de Douai. Ulric « Joseph » Pierre BERTRAND
(1870 – 1926), ingénieur des Arts et manufactures, créera une entreprise de
papiers peints à Paris. Louis Marie Henri BERTRAND (1878 – 1915), Saint Cyrien
est morts pour la France le 15 octobre 1915. Il était capitaine. Les trois fils
ont été décorés de la Légion d’Honneur.
Angèle Marie BERTRAND, née à Périgueux le 7 avril 1860
épouse un négociant, Jean Paul ROBIN et ils s’installent à Agen. Marie Berthe
BERTRAND (Elisabeth Bertrand), née le 25 septembre 1864 épouse le 31 mars 1883
à Limoges, « Antoine » Félix Frédéric GIZARDIN, né à Nexon.
Les GIZARDIN sont une vieille famille nexonnaise. Mathurin GIZARDIN (1692 – 1762) était notaire comme son fils Nicolas. Ce dernier a eu six enfants, certains sont restés à Nexon comme Gabriel (1789- 1866) cafetier place de l’église ; d’autres comme Léonard, né en 1771, s’installa à Vialotte sur la commune de Saint Hilaire les Places où il fut adjoint au maire.
Antoine est né le 5 septembre 1849 au bourg de Nexon ou son père possède une auberge.
Lorsqu’Antoine épouse Berthe BERTRAND son père est décédé et c’est sa mère qui fait part du mariage de son fils.
Celui-ci a lieu à Limoges où il est célébré par Marcelin BECHADE, adjoint au maire de Limoges.
Les témoins pour le marié sont Albert THOMAS docteur en médecine âgé de 26 ans demeurant à Nexon et Ferdinand GIZARDIN, propriétaire âgé de 40 ans demeurant aussi à Nexon. Pour la mariée son frère Pierre, substitut du procureur à Tours, âgé de 28 ans et Gustave GENEIX, agent d’assurance, âgé de 30 ans et demeurant à Limoges.
L’acte de mariage précise qu’Antoine est « sans profession » ce qui est étonnant pour un garçon de 34 ans. Son épouse à 15 ans de moins que lui et elle aussi est « sans profession ».
Antoine ne va pas rester longtemps sans avoir un métier. Il ouvre un magasin de chaussure place Saint Michel et il cherche à louer l’hôtel que possède ses parents à Nexon.
Le magasin qu’il ouvre va prendre comme nom « A Saint Michel ». On voit ici la ressemblance qu’il y a avec le magasin de ses beaux parents : « A la Grâce de Dieu ». Il va faire de la publicité dans la presse, en particulier dans Le Courrier du Centre, adaptant son message à la période de l’année : Noel, Chasse…
Lors de la Foire de la saint Loup, est une foire créée en l’honneur de Loup, évêque de Limoges, qui existe depuis le XIV e siècle. Elle est devenue progressivement la plus importante foire de Limoges et du Limousin. Généralement organisée le 22 mai, elle a lieu maintenant le dernier weekend de mai. L’activité des commerces est fortemnt liée au temps qu’il fait au moment de la foire.
On constate que même lorsque le temps n’est pas clément, le magasin de chaussure d’Antoine GIZARDIN réalise de bonnes affaires. c’est ce qui se passe en 1898. Le journaliste du Courrier du Centre qui fait le reportage constate que malgré le mauvais temps M. GIZARDIN est l’un des rares commerçnts à avoir fait de meilleures affaires qu’en 1897.
Moins d’un an après le mariage d’Antoine et Berthe, le 10 janvier 1884 naît une petite fille que les parents appellent Agnès. Elle sera le seul enfant du couple GIZARDIN. On peut supposer qu’elle a eu l’éducation classique des jeunes filles de la bourgeoisie limousine. S’il fallait une preuve on la trouverait dans la cérémonie religieuse de son mariage avec Pierre Paul LATHELIZE, fabricant de chaussures. La cérémonie civile a lieu à la mairie de Limoges le 19 juillet 1904.
La cérémonie religieuse à lieu le lendemain en l’église Saint Michel. Les deux familles faisaient partie de la bourgeoisie commerçante de Limoges et Le Courrier du Centre ainsi que le magazine Limoges illustré en rendent compte signalant les prestations de la chanteuse Louise RUBEN, du violoniste Léon FURELAUD, de l’organiste PERMANN ….
De ce mariage naitront trois enfants : Maurice
LATHELIZE (1905-1981), André LATHELIZE (1908 – x) et Joseph LATHELIZE (1913-1987).
Assez rapidement Paul LATHELIZE va prendre les rênes du
magasin. Le nom de BERTRAND disparait et celui de LATHELIZE lui est
progressivement substitué.
Paul développe l’affaire en recourant à la publicité. Avant 1914 on pouvait lire sur un dépliant « Chaussures pour hommes cousues mains à 14,95 F pour le modèle Derby en veau suiffé ou 22 F pour le modèle Alpin en veau blanc double semelle ou à 15,95 F les bottines en chevreau glacé ». Le magasin se définissait comme « maison de premier ordre, la plus ancienne de la région ».
En 1911 les deux noms, BERTRAND et LATHELIZE figurent sur les documents. Paul LATHELIZE précise qu’il est le petit-fils du fondateur.
Après la guerre seul le nom de LATHELIZE apparaît.
En 1943 le style des chaussures a changé. le magasin met en avant une création des chaussures HEYRAUD.
dans les années 1960 les devantures des magasins vont changer de style. La rue du clocher est une des plus commerçante de Limoges et l’enseigne « A la grâce de Dieu » est toujours la même. Elle n’a pas changé depuis plus de 100 ans.
Aujourd’hui le magasin « ELLES » a laissé la place à un fast-food mais en face c’est toujours un commerce de chaussure et si l’enseigne a changé la façade au premier étage conserve le nom d’origine …
En venant de Limoges par l’Aiguille on entre dans Nexon par la rue André FURELAUD. C’est sans doute un des rares nexonnais, mais à coup sûr un des plus jeune, à avoir une rue à son nom. Les informations fournies sous la plaque nous renseignent peu sur la vie de ce jeune garçon mort dans un accident d’avion en 1946. Je suis allé voir sa cousine par alliance, Raymonde FURELAUD, qui ne l’a pas connu, son cousin Jean BARRET son cadet de deux ans qui a passé toute sa jeunesse avec lui. Nous avons beaucoup parlé, ils m’ont prêté des photos… Je les remercie vivement pour la confiance qu’ils m’ont accordé et c’est avec plaisir que je fais revivre la mémoire d’André, passionné d’aviation dès son plus jeune âge et emporté à l’amour des siens dans le crash de l’avion dans lequel il était radio après avoir survécu à l’horreur du camp de concentration de Buchenwald.
André FURELAUD est né le 18 avril 1922 au village d’Abjat
sur la commune de Janailhac. Ses parents
sont fermiers. Ils vont y rester quelques années avant de partir dans leur
ferme aux Réserves sur la commune de Nexon. A quelques centaines de mètres à
vol d’oiseau, dans une ferme au village du Boucheron naitra en 1925 Jean BARRET
dont la mère est la sœur de la maman d’André. Les deux jeunes André et Jean
passeront de longs moments ensemble pendant toute leur jeunesse.
André est un beau garçon aux cheveux légèrement bouclés comme on peut le voir sur la photo de ses quatre ans.
Il va à l’école libre de Nexon où il se distingue aux cours de catéchisme que donne le curé Paul LATZARUS. Il obtient toujours la note « très bien ».
A peine arrivé à Nexon comme curé-doyen, Paul LATZARUS édite un Bulletin Paroissial. Il a du caractère et demande à ses paroissiens d’en avoir.
Pour lui, le catéchisme revêt une grande importance. Il publie les noms de ceux qui suivent les cours, distribue les bons et mauvais points, rayant du tableau d’Honneur ceux qui manquent la messe le dimanche sans raison.
Parmi ses camarades à l’école il a Gabriel
« Gaby » Valette. Ils seront également ensemble pour faire de
l’aéromodélisme, ils se retrouveront dans la résistance et il sera amoureux de
de sa sœur Josette Valette, malheureusement il trouvera la mort quinze jours avant
les fiançailles.
Contrairement à la plupart des enfants nés dans une ferme
André ne s’intéresse pas aux animaux ni aux travaux des champs. Ce qui le
passionne ce sont les avions. Pourtant
il n’en voit pas passer dans le ciel de Janailhac. Pour en voir il faut
assister à un meeting à Limoges ou parfois dans une commune voisine. Les
premiers avions à se poser le firent dès 1926 sur le terrain de manœuvre du Mas
de l’Age sur la commune de Couzeix puis ensuite, à partir de 1933 à l’aérodrome
de Feytiat.
Mais avant d’aller voir des avions à Limoges il en a vu à la grande fête aérienne de Nexon les 14 et 15 octobre 1933 sur le terrain de La Seyne à Nexon. Il a 11 ans et son cousin Jean 9. Ils ne ratent rien des démonstrations en vol, ils touchent les avions, parlent avec les pilotes.
1- André FURELAUD, un champion national en aéromodélisme.
Sa passion s’affermi encore. Il fabrique des avions, au
départ des planeurs. Pour se procurer des planches avec son cousin Jean ils
vont jusqu’à voler des planches de sapin sur un chantier de scieur de long près
de chez lui. Plus tard ses parents lui achèteront des planches de balsa, un
bois très léger d’Amérique du sud utilisé pour réaliser les maquettes.
Il va faire voler ses planeurs dans les près autours de la ferme du Mas. Il va participer à des concours ou il va briller. Puis il va mettre d’abord un moteur à élastique puis un moteur à essence.
Dès l’âge de 16 ans il participe à des concours de modèles réduits et figure parmi les meilleurs aéromodélistes du Limousin. Il aligne dans les concours aussi bien des planeurs que des avions. Les planeurs sont lancés au moyen d’un élastique et évoluent plus ou moins longtemps autours du terrain.
Fin mai 1938 il se classe deuxième sur dix-sept concurrents au premier concours organisé par l’Aéro-Club du Limousin à l’Aéroport de Limoges-Feytiat.
En 1939 le premier concours est organisé le dimanche 26 mars
et pour la première fois la manifestation est radiodiffusée. Les prix offerts
sont attractifs : 100 francs en espèces pour le 1er, 75 francs en espèces pour
le 2ème, 50 francs en espèces, pour le 3ème, pour le 4ème, un baptême de l’air
et un bon d’achat de 10 francs offert par M. Dubois, dépositaire de matériel de
modèle réduit, au 5ème et 6ème prix, un baptême de l’air…
Ce jour-là, le jeune FURELAUD avec 4 autres camarades, reçoit le brevet d’aéromodéliste de l’Aéro-Club de France. Edmond CHARLES-LAVAUZELLE, président de l’Aéro-Club du Limousin en souligne l’importance puisqu’à ce jour, seuls 45 brevets ont été délivrés. A côté d’André FURELAUD on peut noter la présence de deux autres nexonnais, Jean CROUZILLAC et Gaby VALETTE.
Le succès de l’aéromodélisme est tel qu’un deuxième concours est organisé le 30 avril 1939. Le jeune FURELAUD obtient le 6ème prix pour les planeurs avec un vol de 1 heure et 13 minutes. Il se classe 4ème pour les vols d’avions et le journaliste précise, qu’après la fin du concours, il a réussi un vol de plus de deux heures ce qui constitue le record du Limousin.
Pendant l’été 1939, les jeunes aéromodélistes du Limousin disputent plusieurs concours organisés à Bergerac, Châteauroux, Saint Etienne…
Au 5e concours international organisé à la Banne d’Ordanche dans le Puy de Dôme en aout 1939 il est classé 1er de la catégorie avion.
En décembre 1939, devant l’affluence inattendue des jeunes
gens désirant suivre les cours d’élèves mécaniciens, radioélectriciens et de
constructions de modèles réduits, l’Aéro-Club a décidé de ne pouvant s’occuper
des trois spécialités à la fois et d’ouvrir ces sections d’enseignement les
unes après les autres. (Le Populaire samedi 2 décembre 1939)
Pendant l’année 1940 il n’y a pas de concours de modèles réduits mais en 1941 le gouvernement de Vichy relance cette activité et le commissariat général à l’Education générale et aux Sports décide d’organiser un grand concours national tandis que l’Aéro-club du Limousin prépare un concours régional.
Associé à PASALY, FURELAUD gagne le premier prix des planeurs lors du concours organisé le dimanche 5 octobre 1941.
Après le décès accidentel d’André FURELAUD, l’Aéro-club du Limousin n’oublie pas celui qui a porté haut les couleurs de l’aéromodélisme et en sa mémoire organise une Coupe qui porte son nom. Elle se disputera le dimanche 12 octobre 1947 et connaîtra un grand succès.
2 – L’école des mécaniciens de Rochefort pour devenir radio
naviguant.
Le 9 juillet 1932, M. Albert LEBRUN, Président de la République, signe le décret portant création de « l’École des Apprentis Mécaniciens de l’Armée de l’Air de Rochefort ». Ouverte en 1933 l’école recrute sur concours des apprentis à former sur trois ans dont un an de spécialisation parmi mécanicien avion, électricien, mécanicien d’armement, photographe, radio… C’est cette dernière que choisira André.
3- La résistance
Faisant partie de la classe 1942, André FURELAUD est appelé
pour partir en Allemagne. En effet la majeure partie des jeunes hommes est
mobilisée sur le front de l’Est du fait de la rupture du Pacte
germano-soviétique avec l’invasion de l’Union soviétique par les troupes
d’Hitler, le 22 juin 1941. Pour pallier ce manque l’Allemagne fait appel à des
volontaires mais devant le faible succès de ce mécanisme elle met en place, le
22 aout 1942, un recrutement forcé, le Service du Travail Obligatoire ».
Comme de nombreux jeunes de son âge, André FURELAUD refuse
de partir. Il se cache à Saint Hilaire Bonneval et petit à petit il s’engage
dans le maquis. Dans un document écrit par sa maman celle-ci précise qu’il
« a été engagé dans la résistance le 11 juillet 1943 à Lille par Monsieur
Bugeac comme opérateur radio dans les transmissions avec Londres sous le
pseudonyme de Arménien ». On peut s’étonner de cet engagement à
Lille ? On voit mal par quel réseau il serait parti à Lille alors que dans
la région sa compétence en radio lui ouvrait toutes les portes des différents
maquis.
Quoi qu’il en soit André « Arménien » est opérateurs
radio clandestins des réseaux ACTION de la France Combattante. Les postes radio
étant facilement repérés par les soldats allemands il change de place tous les
jours afin de ne pas émettre plusieurs fois de suite du même endroit.
Dans leur ouvrage sur la Résistance en Auvergne, Gilles LEVY et Francis CORDET décrivent l’arrestation d’André FURELAUD :
« De passage à Clermont-Ferrand, le 1er décembre,
l’opérateur radio André Furelaud (Arménien) se rend à la station de départ de
l’autobus pour Montluçon ou il doit rencontrer un agent de liaison. Le
brigadier de police Robert l’arrête pour vérification d’identité. Profitant du
mouvement de curiosité provoqué par l’ouverture de sa valise, André Furelaud
réussit à s’enfuir et se rend rapidement chez Mme Gisele Borot ou il change de
costume et décide de rejoindre Royat. La, le même brigadier l’arrête et le
conduit au commissariat ou deux inspecteurs l’interrogent puis le remettent aux
autorités allemandes.
L’arrestation et la saisie des plans et quartz des réseaux « Variétés », « Noir » et « Violet » et de deux postes émetteurs ne sont connues à Londres que le 14 décembre par un message d’Albert Meckies précisant qu’André Furelaud a été suivi alors qu’il se rendait chez Gisèle Borot ou se trouvaient plans et postes. Cette dernière, arrêtée à Bordeaux, sera matraquée 21 coups de nerf de bœuf et cravachée. Elle ne dira que le minimum pour s’en sortir. A peine libérée, Gisèle se rend auprès de ses chefs qu’elle met au courant de la situation. Découvrant la supercherie, les Allemands la recherchent de nouveau. Apres avoir mis sa fille à l’abri, Mme Borot prend le maquis. » ( Gilles Lévy et Francis Cordet A nous, Auvergne, Presses de la Cité, 1981)
Le récit de sa mère diffère sur les dates. Elle écrit « il a
été arrêté le 8-11-43 à Clermont Ferrand par la police Française puis remis à
la police allemande à la caserne du 92 renvoyé à la prison de Fresnes en
février 1944 puis au camp de Compiègne en juin. »
Les archives nationales disposent du dossier de son arrestation à Clermont Ferrand « Information ouverte au parquet de Clermont-Ferrand contre André Furelaud, opérateur radio originaire de Haute-Vienne trouvé détenteur de matériel et de faux papiers, puis sur leur demande, remise de l’inculpé aux autorités allemandes. 13 décembre 1943-9 janvier 1944 » (2 BL 4893). Les dates sont plus conformes au récit de sa mère. Appareil radioélectrique émetteur-récepteur clandestin saisi à Clermont-Ferrand, en décembre 1943
4 – La Déportation (17 aout 1944 – 8 mai 1945)
Le matin du 17 aout 1944 a lieu le départ du dernier convoi pour Buchenwald.
Les détenus ont quitté le camp de Compiègne en camion, munis d’une boule de pain et d’un colis de la Croix-Rouge pour deux. Le convoi traverse la ville de Compiègne et prend la direction de la forêt de Rethondes, près du passage à niveau de Vieux-Moulin, où un train de wagons de marchandises les attend. Le regroupement de l’ensemble des déportés se termine en début d’après-midi. Mais le transport ne part que le lendemain matin. Il effectue un premier arrêt à Soissons. En effet, le consul général de Suède à Paris, Raoul NORDLING, assisté du représentant de la Croix-Rouge, vient de signer un accord avec le commandement militaire allemand en France occupée. Celui-ci stipule que tous les détenus politiques des prisons et hôpitaux de Paris, ainsi que des camps de Compiègne, de Drancy et de Romainville passent sous sa responsabilité. La veille au soir déjà, il avait tenté d’empêcher le départ du transport. Cela se répète en gare de Soissons où les services policiers du Reich, la Sipo-SD, qui ont organisé cette déportation refusent d’appliquer les termes de l’accord et décident de poursuivre l’évacuation de ces détenus vers l’Allemagne. A Reims, une nouvelle tentative de la Croix-Rouge échoue, ses représentants n’arrivant même pas à distribuer de la nourriture aux déportés. Le transport quitte Reims dans la soirée. Dans la nuit, il effectue de nombreux arrêts en raison de tentatives d’évasion. Certains déportés sont alors abattus ; alors que d’autres sont poussés dans des wagons déjà occupés et surchargés. Le train franchit la frontière après Toul et opère un arrêt à Sarrebruck, un des derniers avant Weimar. Le convoi arrive au KL Buchenwald le 21 août 1944.André FURELAUD a le matricule 81304 au KL Buchenwald.
Les déportés de ce transport sont utilisés pour l’effort de
guerre allemand, comme beaucoup de leurs camarades arrivés au KL Buchenwald
depuis 1943.
Le 13 septembre 1944, à peine un mois après leur arrivée à Buchenwald, 458 Français dont André FURELAUD et 35 étrangers réfugiés en France, sont transféré au Kommando de NEU STASSFURT qui commence son activité. Il convient d’ajouter à cet effectif : 7 Kapos, 5 Allemands et 2 Polonais, détenus à Buchenwald depuis plusieurs années. Les déportés étaient de toutes origines sociales ou géographiques. 50% d’entre eux avaient moins de 25 ans. Ce Kommando se trouve à 8 km de Stassfurt et a environ 35 km au sud de Magdeburg. La mission est de transformer en usine une mine de sel située à 460 m sous terre.
Les déportés travaillaient en deux équipes, l’une de jour de
5 heures-17 heures et l’autre de nuit de 17 heures-5 heures. Chaque semaine ceux de jour passaient de nuit
et inversement. Pour ceux de jour le réveil était à 4 heures. La toilette était
vite faite car l’eau était rare dans un premier temps, et inexistante par la
suite en raison du gel. Tout le monde couchait tout habillé et personne ne se
changeait !
Le matin soit en partant pour ceux de jour, ou en rentrant pour
ceux de nuit, chacun avait une louche d’orge, de malt et de gland avec un bout
de pain et de la margarine. A la mine on
distribuait à chacun un demi-litre de soupe de légumes, sans jamais de viande. Quand
il y avait des pommes de terre, 5 ou 6…et pas très grosses, les déportés les mangeaient
avec la peau. Ce jour-là, le demi-litre de soupe se transformait en quart de
litre.
Avec un tel régime tout le monde avait faim mais il ne
fallait pas réclamer du rab sinon c’était une punition par des coups. C’est ce
qu’il fallait éviter à tout prix car l’accumulation de coups a bien souvent entraîné
la mort.
Dans la mine il s’agissait d’installer une usine
souterraine, et pour cela il fallait commencer par dégager les galeries afin de
faciliter la circulation. La phase suivante consistait à bétonner de grandes
salles destinées à recevoir des machines-outils. Plusieurs grandes firmes participaient
aux travaux : Siemens était responsable de tout ce qui était électrique,
Kalag s’occupait des machines, Preussag acheminait au fond le sable extrait par
des déportés en surface et ce par tous les temps pour faire le béton etc… Ces
firmes achetaient les déportés aux SS. Elles trouvaient leur main d’œuvre dans
le camp de concentration. C’était un véritable marché d’esclaves, marché qui
était inépuisable.
Pour fabriquer le béton il fallait prendre sur le dos un sac
de ciment de 50 kg, seul, et le verser dans la bétonnière pendant que d’autres
déportés la remplissaient de sable. Une fois le mélange à point il était déversé
dans une sorte de benne avec des bras tel un pousse-pousse qu’il fallait tirer
à deux sur des planches, jusqu’au point de bétonnage. Si les roues sortaient des
planches elles s’enfonçaient dans le sel concassé et c’était la punition :
les coups pleuvaient. Ce travail était épuisant et beaucoup y ont laissé la
peau.
En surface le travail était aussi pénible puisqu’il
consistait à creuser des tranchées de 2 mètres 50 de profondeur pour faire
passer les canalisations. Si l’air n’était pas vicié comme au fond de la mine
le froid était glacial et la capote militaire trouée dont chacun avait été doté
n’était que d’une faible protection.
Ces conditions de vie sont rudes et les coups fréquents ont
fait que 98 détenus décédèrent au camp. Ceux qui ont survécu expliquent que
l’homme peut aller très loin dans l’épreuve avec la volonté et le moral,
surtout le moral. Ceux qui ne l’avaient pas mouraient les premiers. Certes les
constitutions des individus ne sont pas identiques, mais à choses égales, le
moral prime toujours.
Le 11 avril 1945 les armées alliées approchent du camp. Tous les détenus sont mis sur la route encadrés par des SS. Ce fut une marche de la mort, la TODESMARCH . 138 d’entre eux décèdent et 38 ont disparus, probablement morts assassinés. Lors de cette marche beaucoup sont pieds nus car ils ont jeté leurs galoches et leur couverture pour s’alléger. Le 16 avril suppression des remorques : les malades qui ne peuvent suivre sont assassinés. Le 18 avril 20 détenus (Polonais, Russes et Français) qui avaient tenté de se cacher dans une grange sont repris et fusillés. Le dimanche 22 avril la neige fait son apparition et va tomber pendant 4 jours. La colonne fait une halte dans une ferme à Dittersbach du 26 avril au 7 mai. Ceux qui, à bout de forces ne peuvent repartir sont enterrés vivants devant l’entrée de la grange. Cette marche de plus de 360 kilomètres s’achève le mardi 8 mai en début d’après-midi entre Ansprung et Annaberg, près de la frontière tchèque où les 62 survivants du kommando de Neu-stassfurt dont André FURELAUD fait partie, sont libérés par les troupes Russes. Ils sont hébergés chez l’habitant et bien traités avant leur évacuation vers la France.
Le convoi parti de Compiègne était composé de 1 249 Hommes.
653 sont rentrés de déportation (52,3%), 519 sont morts ou disparus (41,5%), 2
sont morts pendant le transport et un s’est évadé. 74 situations ne sont pas
connues.
On lira également avec intérêt « Le dernier convoi de déportés : Compiègne-Buchenwald (17 août-21 août 1944), CRDP de l’académie d’Amiens, CDDP de l’Oise. »
Sa maman a adhéré à l’association française Buchenwald-Dora et les camarades d’André lui ont manifesté sans discontinuer leur soutien ; Chaque année elle recevait les vœux de camarades déportés avec André en particulier Marcel Quille.
5 – Le retour à la maison le 10 juin 1945
Toute la famille est réunie ce 10 juin 1945 dans la ferme
des Réserves pour accueillir André parti depuis juillet 1943, presque deux ans.
Pour sa maman c’est le plus beau jour de
sa vie.
Des photos sont prises, elles figureront en bonne place dans la chambre de sa maman.
6- Le retour à la vie professionnelle et l’accident.
André FURELAUD est embauché à Air France ou il est radio
naviguant. Il effectue les vols de l’Aéropostale et c’est sur l’un d’eux que le
22 juillet 1946, sur le vol Nice Paris que l’accident à lieu. Au moment
d’atterrir il n’y a pas de piste libre, l’avion doit faire un tour mais il
semble qu’une goupille de commande casse. L’avion tombe comme une flèche dans
un champ de betteraves près de Pontarmé, une commune de l’Oise à 35 km au Nord
de Paris.
Le pilote, Jean MOREAU et lui, radio naviguant sont tués. Sa
mère est catastrophée, elle va à Paris chercher le corps de son fils et ramène
une épave, une partie du moteur qui est toujours conservée par la famille.
Les obsèques ont lieu le 26 juillet à Nexon et l’inhumation dans le cimetière de Janailhac.
Ses amis ne l’oublieront pas. Nous avons déjà dit que les aéromodélistes
de Limoges ont créé un prix André FURELAUD en 1947.
Plusieurs médailles ont été attribuées à André FURELAUD après son décès accidentel. D’abord la Médaille de l’Aéronautique par le Ministre de l’AIR :
Et la médaille des Postes, Télégraphes et Téléphones :
Ses amis de Nexon, Jean LASPOUGEAS et Maurice DUVERNEIX qui était son voisin et faisait avec lui le chemin pour aller à l’école, demandent à la municipalité de Nexon qu’une rue porte son nom. Leur demande est satisfaite et le 7 novembre 1992, le maire de Nexon René REBIERE, en présence de sa mère et de ses nombreux amis dévoile la plaque qui nomme André FURELAUD la rue qui donne l’entrée à Nexon à ceux qui viennent de Limoges par L’Aiguille.
La cérémonie est simple comme l’ont voulu ses amis Jean et Maurice. Ils s’adressent en ces termes à sa mère et à tous ces amis :
La Presse relate cette sobre et émouvante manifestation :
Chaque année, le dernier dimanche d’avril, lors de la
Journée nationale du souvenir des victimes de la déportation une pensée va à
André FURELAUD lorsque le cortège des participants va de la stèle érigée à
l’entrée du camp, route André Furelaud et se dirige vers la gare d’où est parti
un convoi vers Drancy après la rafle du 26 aout 1942.
Souvenons-nous de ce garçon courageux emporté trop tôt à l’amour des siens.
Le titre d’un article publié dans le Populaire du 29 juillet 2019 m’a interpellé! Il disait que le nouveau premier ministre de Grande Bretagne, Boris JOHNSON avait des racines nexonnaises par sa mère dont les ancêtres étaient des DECOUILHAC nés à Mazérieux, village de la commune de Nexon. Je suis donc parti à la recherche de ces ancêtres dont on trouve effectivement des traces à Mazérieux, dans le bourg de Nexon et au moulin Barlet. Mais cette famille n’est pas restée à Nexon, et aujourd’hui on ne compte plus de descendants sur la commune, des membres sont partis à La Réunion, à Maurice, certains sont revenus en Métropole…
On trouve des COUILHAC (COULHAC) à Paulhac en Haute Garonne vers 1680, et plus tard dans l’Aveyron et le Lot, on rencontre également un Jean COUILHAC vers 1693 à Meilhac en Haute-Vienne mais c’est à Nexon, principalement dans le village de Mazérieux et au moulin de l’Etang, aujourd’hui moulin Barlet, que se trouve le berceau des COUILHAC et de COUILHAC.
Au XVIIe et au XVIIIe siècle l’écriture des noms propres n’est pas stabilisée. La plupart des villageois ne savent ni lire ni écrire et c’est le prêtre en rédigeant le certificat de baptême qui décide de l’écriture. Ainsi COUILHAC est parfois écrit COULHAC précédé de la particule « de » ou DECOUILHAC. MAZERIEUX a été rajouté pour devenir DECOUILHAC-MAZERIEUX avec François, décédé le 29 mai 1849.
Coulhac est un nom formé par le mot « colius » diminutif du latin « collum, le cou » qui désigne une personne qui a un long cou, et du suffixe gaulois acum qui donne les terminaisons « ac » et sert à former des noms de domaine basés sur le nom de leur propriétaire ce qui donne ici « le domaine de celui qui a un long cou ». Mazérieux est issu du latin maceriae qui signifie les ruines romaines et par extension le domaine où l’on trouve des ruines.
1- Les DECOULHAC vont accoler le nom de leur village,
Mazérieux, à leur patronyme.
En 1620 plusieurs habitants des villages du Brouillet
(Breulhet) et de Mazerieux (Mazeyrier), paroisse de Nexon, font donation de
rentes à Charles, comte des Cars, en vue d’être exemptés de bans d’armes,
impositions et autres charges.
Parmi eux devait se trouver un DECOUILHAC puisqu’on trouve la
naissance de Pierre de COUILHAC, né vers 1592 et décédé le 23 juillet 1672 à
l’âge d’environ 80 ans. C’est à partir de l’acte d’inhumation que l’on déduit
son année de naissance. Celui-ci indique « Le 23eme Juillet 1672 j’ay
enseveli Piere de Coulhiac aagé de 80 ans ou environ du village de Mazerieux
présente paroisse dans le tombeau de ses feux prédécesseurs en notre cimetière
de Nexon présent Janton Terneau son gendre, Mathurin du Coulhiac son frère et
Jehan du Coulhiac dit Rousseau dudit village »
Pierre avait trois frères, Mathurin, Tony et Jean (1603 –
1673). Il semblerait que seul Jean ait eu une descendance.
Jean (Jehan) dit
le Rousseau DECOULHAC (DECOUILHAC) demeurant à Mazérieux, né vers 1603 et
décédé le 27 novembre 1673 à Nexon à l’âge d’environ 70 ans.
« Le 27 novembre 1673 a été enseveli Joseph de
Coulhiat dit Le Rousseau habitant du village de Mazerieux aagé d’environ 70 ans
ou environ dans le tombeau de ses feux prédécesseurs en notre grand cimetière
susdit de Nexon fait par moy soussigné en présence de Patern Lymousy, François
du Coulhac Guyot vicaire de Nexon. »
Marié en premières noces avec Jeanne BARRET ils ont eu trois
enfants : Jean (ca 1623-1694), François (ca 1638-ca 1693) et Pierre (1680
– 1745). De son second mariage avec Léonarde GUILLOT est né Clément (1637- x).
Du premier mariage de Jean c’est dans la descendance de François DECOUILHAC que l’on va trouver ceux qui vont quitter Nexon pour l’île Bourbon devenue depuis l’île de la Réunion.
François DECOUILHAC est né vers 1638 et il est inhumé le 26 décembre 1728. De son mariage avec Peyronne BONNET, trois enfants naîtront dont seul Pierre aura une descendance nombreuse et voyageuse.
Pierre DECOUILHAC est né vers 1680. On déduit sa date de naissance du certificat d’inhumation rédigé le 8 mai 1745 dans lequel le curé ROMANET attribue environ 65 ans à Pierre de COUILHAC.
Pierre a épousé le 27 septembre 1650 Martialle HEBRARD et de ce mariage au moins sept enfants sont nés. Parmi eux François (1711 – 1782) et Radegonde (1719 – 1753). Radegonde épousera un de ses cousins Jean, meunier au moulin de l’Etang, issu du second mariage de Jean dit Le Rousseau.
François DECOUILHAC, né au village de Biard, est
baptisé le 2 mars 1711
« Le deuxième mars de l’an susdit a esté baptisé François de Couilhac nay au village de Biard de Pierre et de Martialle Hebrard son épouse a esté parrain François de Couilhac et marraine Anthoinette Coutance Meynard vicaire de nexon«
A vingt-trois ans, le 31 aout 1731 il épouse, à Saint Priest
Ligoure, Françoise BOUTOT.
« le trente et unième aout mil sept cent trente quatre après les fiançailles et la publication des trois bans entre François Decouilhac du village de Mazurieux et Françoise Boutot de ma paroisse sans avoir aucun empêchement ni d’opposition avec la permission de Mr le curé de Nexon, signé Romanet je les ai mariés et donné la bénédiction nuptiale en présence de Mrs Jean La Jonchères, Mathurin Gizardin, Pierre Mandavy et autres qui ont signé avec moi. signé : La Jonchères, Gizardin Mandavy signé : Faunaud vic de St Priest«
Des cinq enfants nés de ce mariage c’est parmi la
descendance du fils ainé, Martial (1737 – 1767) que nous trouverons ceux qui
ont quitté le Limousin pour gagner l’ile Bourbon (ile de La Réunion) et l’Isle
de France (ile Maurice).
François qui a passé sa vie à Mazérieux décède le 4 décembre 1782 et il est inhumé le lendemain dans le cimetière de Nexon.
Le certificat signé par le curé DESTHEVES et par Annet
TARRADE, chirurgien et Jean-Baptiste DEVERNEIL, notaire royal atteste de la
position sociale qu’avait François DECOULHAC dans la paroisse de Nexon. On
notera qu’ici il n’y a pas de « i » dans le nom et que le curé l’a
écrit DECOULHAC
Martial de COUILHAC, né au village de Mazérieux, est baptisé le 28 janvier 1737.
Le vingt et un novembre 1758 Martial de COUILHAC, laboureur,
épouse Marie TARRADE, fille d’Annet TARRADE, juge à Nexon.
Le vingt un novembre mil sept cent cinquante huit après la publication des trois bans de mariage duement faite aux prones de nos messes paroissiales pendant trois dimanches consécutifs sans avoir découvert aucun empêchement n’y trouvé d’oppositionentre Martial Decouilhac laboureur, fils de François Decoulhac et de Françoise Boutte ses père et mère du village de Mazerieux paroisse de Nexon avec Marie Tarrade file de mr Anné Tarrade juge de Nexon et de Marie Sudrivaud ses père et mère du présent bourg ne s’étant découvert aucun empêchement les dites parties ayant été fiancées et reçu préalablement les sacrements de pénitence et d’eucharistie j’ay reçu leur consentement mutuel et leur ay donné la bénédiction nuptialle en présence de François Decoulhac père du contractant, de Jean Baptiste Tarrade frère de la contractante, de Pierre Sazérac praticien de François Guyot controlleur et d’Anné Sudrivaud tous parents ou alliès des dites parties qui ont tous signés avec elles sauf Martial Decoulhac contractant pour ne savoir de ce par moy enquis. Guyot vicaire à nexon
On peut penser que le mariage de Martial avec la fille d’un
juge va changer le statut social de la famille. En effet dans l’Ancien Régime
le juge et procureur d’office était effectivement une personne suffisamment
riche pour acheter une charge rémunérée et transmissible à ses enfants. Ces
juges n’intervenaient pas pour les affaires criminelles qui relevaient de la
justice royale. Ils ne pouvaient juger que des affaires concernant les
personnes de même catégorie sociale qu’eux ce qui excluait les nobles et les
militaires.
Cette justice était souvent orale ce qui explique qu’elle
pouvait être rendue par un juge illettré. Les procès étaient payables aussi
bien en numéraires qu’en nature (blé, avoine, volaille, etc.) selon les désirs
du juge. Les décisions différaient d’un juge à l’autre et dépendaient souvent
du prix payé par l’un des justiciable. Ces inégalités ont été l’une des raisons
de la Révolution de 1789.
Quoi qu’il en soit à partir de Martial on constate que le
nom de famille évolue et devient MAZERIEUX DECOUILHAC.
Une preuve de l’évolution du statut social de la famille se trouve dans le fait qu’après son décès, le 10 mai 1767, Martial a été inhumé dans l’église de Nexon et non dans le cimetière.
Martial est mort jeune, à peine trente ans, et il avait au
moins trois enfants : François, Françoise et Marguerite.
François DECOUILHAC, né en 1760 épouse en premières
noces, à Saint Hilaire Bonneval, Catherine DENANOT une jeune fille d’à peine 17
dont les parents sont aubergistes dans cette commune. Elle décède quelques mois
après, le 17 juillet 1786. Il se marie ensuite le 19 juin 1787 avec Catherine
DELAROCHE à Verneuil-sur-Vienne où le père est notaire royal. L’ascension
sociale de la famille est nette. On le trouve dans les notables qui éliront la
première assemblée communale en 1790 et le 15 ventôse an II, 5 mars 1794 il est
élu capitaine de la Garde Nationale de Nexon. Il est alors appelé MAZERIEUX et
no de COUILHAC. On peut se demander si ce changement de nom n’est pas lié à la
Révolution et à la volonté de faire disparaitre les signes de l’ancien
régime ?
Ils auront sept enfants, Pierre (1788-1790), Flavie née en
1789, Martial en 1791, Joseph ((1794-1854), Gabriel (1796-1799), Flavie
(1798-1828) et Marguerite (1802-1804). Trois d’entre eux mourront à l’âge de
deux ans.
François vivra jusqu’à l’âge de 89 ans ayant exercé le métier d’aubergiste à Nexon.
L’acte porte pour la première fois le nom de DECOUILHAC
MAZERIEUX. Une demande sera effectuée par ses enfants pour que ce nom figure à
l’Etat-Civil. Ainsi, par jugement du tribunal d’instance de Saint-Yrieix en
date du 29 juillet 1873, aux prénom et nom François de Couillat, ont été
substitués les prénom et noms de François de Couilhac-Mazérieux. Cette mention
figure sur l’acte de naissance de son fils Joseph.
Joseph DECOUILHAC est né le 11 pluviôse an II (30
janvier 1794).
L’acte de naissance précise que son père, le citoyen François DECOUILHAC, est capitaine de la garde nationale et qu’il demeure au village de Mazérieux.
En 1830 Martial est adjoint au maire. Il se nomme Decoulhac-Mazérieux mais signe Mazérieux.
2- Des DECOULHAC quittent Nexon pour la Réunion…
Joseph quitte Nexon et on le trouve médecin à l’Ile de
Bourbon (la Réunion) où il épouse le 9 septembre 1822, à Sainte Suzanne, Louise
Augustine MASSARD-DESMANIERES, fille d’un avocat.
Sainte Suzanne a été fondée en 1667 en même temps que Saint Denis.
Joseph et Louise auront sept enfants : Louis Joseph
(1823-1900), Célest Elizabeth (1825-1826), Jean Baptiste (1827- x), Emile
Pierre (1829-1884), François Joseph (1831-1913), Joséphine Marie (1834-1921) et
Prosper Marcelin (1836-1900).
Joseph est déclaré décédé en mer le 3 mars 1840 dans un naufrage
au large du Cap de Bonne Espérance à l’âge de 46 ans.
L’écriture du nom se modifie, le « i » de COUILHAC
disparait et Mazérieux y est accolé.
Parmi ces enfants étudions la descendance de François Joseph
et de Joséphine Marie.
François Joseph de COULHAC MAZERIEUX est né le 6 août
1831. Il épouse Marie Arianne DOUYÈRE le 21 février 1861 et ont cinq
enfants : Jean Joseph Alfred (1861-1947), Joseph (1864-1926), Marie
Joséphine Arianne (1866- x) Marie Joséphine Louise (1873-x) et Jean Marie. Il préside
la Chambre d’Agriculture 1868-1874. Il se donne comme objectif principal de
relancer l’agriculture. Il encourage les agriculteurs à utiliser plus
d’engrais. Les rendements dans la production de sucre vont augmenter.
Jean Joseph Alfred, le fils ainé, est très souvent appelé Alfred MAZERIEUX. C’est sous le patronyme MAZERIEUX qu’est faite sa demande pour la Légion d’Honneur. Pourtant l’extrait de naissance porte la mention de la décision du Tribunal de Saint Denis du 10 avril 1878 de le nommer Jean Joseph Alfred De COULHAC MAZERIEUX. Mais le nom Alfred MAZERIEUX est vivace car c’est avec ce nom qu’il est connu comme maire de Saint Denis.
Vétérinaire, importateur de bovins il est élu conseiller municipal de Saint Denis en 1903, conseiller général en 1910 il est maire de 1914 à 1919. Pendant son mandat la Première guerre mondiale ravage l’Europe. Elle l’oblige a organiser la mobilisation et à assurer l’approvisionnement en nourriture, principalement le riz. Il crée un orphelinat et une Compagnie de sapeurs-pompiers. L’excellent exercice de son mandat lui vaudra de recevoir la Légion d’Honneur le 6 aout 1921 des mains de Docteur Louis OZOUX, un parent de son épouse Louise OZOUX.
En 1863, François Joseph fait construire dans la propriété
du Jardin du Mont Saint-François sur les hauteurs de Saint-Denis, une belle
villa créole pour son fils Alfred. Ce dernier s’y installe avec son épouse,
Euphrasie Ozoux et leur fils adoptif, baptisé lui aussi Alfred. La maison passe
ensuite aux mains de Maurice Ozoux, cousin d’Euphrasie, qui la rachète en 1948.
C’est aujourd’hui une très belle villa dans le vaste domaine
de Beaubassin situé au n° 71 chemin Alfred Mazérieux. La villa qui accueille
les touristes dans les chambres d’hôtes a été inscrite à l’inventaire
supplémentaire des Monuments historiques le 7 juin 2018.
Monique Ozoux, propriétaire du domaine de Beaubassin, interrogée dans le journal télévisé d’Antenne Réunion du 5 juillet 2018, après le classement de son domaine aux monuments historiques, raconte l’histoire du domaine dans la famille Ozoux depuis 4 générations et rappelle qu’il était autrefois la propriété d’Alfred MAZERIEUX. Ainsi à la fois par le nom du chemin et par la mémoire collective un peu de Nexon vit à la Réunion avec le nom de MAZERIEUX.
De nombreux DECOULHAC-MAZERIEUX ont apporté et apportent
leur pierre à l’histoire de la Réunion. Emile Pierre MAZERIEUX a été notaire à
Saint-Denis de 1871 à 1884 et Charles Marie de COULHAC-MAZERIEUX également
notaire à Saint-Denis de 1887 à 1915.
4- A l’ile Maurice et aux Seychelles les
DECOULHAC-MAZERIEUX sont présents
Dans un travail de recherche Julien Durup, étudiant en histoire, montre le rôle important de Pierre Antoine Ernest de COULHAC MAZERIEUX pendant la première guerre mondiale aux Seychelles : « The First World War : and its aftermaths in the Seychelles ».
Noël de COULHAC MAZERIEUX, amoureux de son île
natale, fait une brillante carrière d’avocat en France et a participé à tous
les événements tragique du XXe siècle : l’engagement dans l’armée en vue d’une
guerre inévitable, le service sur la ligne Maginot inutile, la Résistance.
Comme avocat il était un spécialiste reconnu du droit d’auteur et a défend les
peintres Matisse, Utrillo, Picabia. Il revient à Maurice plusieurs fois,
accompagné parfois de l’un de ses petits-enfants, pour y retrouver sa sœur
Marie à son école de Curepipe-Road. Il prit sa retraite après 56 ans d’exercice
professionnel.
Le 2 novembre 2006 le magazine lexpress.mu rendait un
« Hommage à Marie de Coulhac Mazérieux »
Marie de Coulhac Mazérieux n’est plus. Son Cours Jeanne d’Arc est en deuil. Une grande Dame de l’Education mauricienne s’en est allée, en cette fin d’octobre 1981. Elle meurt à 86 ans, dans sa maison située dans les locaux de l’établissement scolaire qu’elle fonde, un demi-siècle plus tôt. Avec elle, disparaît l’un des piliers d’une génération d’enseignants pour qui l’éducation n’est pas un métier, encore moins un gagne-pain ni, pire encore, le moyen de se faire du fric non imposable, en tenant en otages élèves et parents, mais une vocation, un sacerdoce, auxquels tout le reste doit, bien sûr, être sacrifié. Des générations d’élèves ont usé leur fond de culotte sur ses bancs de classe. La cour de récréation est modeste mais pleine de souvenirs. Sa hantise de chaque instant fut de veiller à ce que l’instruction, dispensée dans les murs de son Cours Jeanne d’Arc, soit accessible aux élèves, soit accessible à chaque élève. Marie de Coulhac Mazérieux fonde son Cours Jeanne d’Arc en 1927. Pendant le demi-siècle écoulé avant sa mort, elle s’occupe maternellement de ses élèves, de chacun de ses élèves, avec une option préférentielle pour ceux présentant le plus de difficulté sur le plan caractériel et sur celui de la personnalité. Elle sait qu’elle n’en fera pas des lauréats ni des boursiers du gouvernement. Elle se contente de forger leur caractère et de leur donner ce qu’il faut pour devenir d’honnêtes citoyens, des serviteurs efficaces de la patrie, des pères et des mères de famille exemplaires. Elle est l’école de la dernière chance de la réussite et n’en est pas peu fière car il lui revient de redonner espoir et assurance à ceux qui l’ont perdus parce qu’ils ont été rejetés par ceux et celles se prétendant meilleurs pédagogues qu’elle. Cette grande Dame de l’éducation mauricienne vibre d’un amour sacré pour la grammaire française, pour la littérature française, pour la civilisation française, pour la pensée française. Elle dit et répète : L’amour de la langue française réside dans la difficulté qu’on éprouve à la maîtriser totalement. A l’ouverture, en 1927, le Cours Jeanne d’Arc ne compte que six élèves. Ils sont filles et garçons. Cette mixité est particulièrement novatrice. Ses détracteurs, déjà, l’accusent de vouloir fonder une école de « libres penseurs ». Marie de Mazérieux est française d’origine. Elle débarque à Maurice via Madagascar. Le consulat de France l’aide considérablement dans son projet de créer une école suivant le système français d’éducation dans une colonie anglaise, ayant déjà peu glorieusement fait échec à un projet rétrocessionniste, visant à ce que l’ile Maurice redevienne l’Isle de France dans la Mer des Indes. Les descendants des Surcouf et de ses compagnons corsaires préfèrent le Rule Britannia et ses livres sterling achetant leurs sucres. Tout en suivant le système éducatif français, elle donne à l’anglais la place qui lui revient, à savoir celle d’une langue étrangère pour la masse des Mauriciens. Elle est assez intelligente pour le comprendre. Elle enseigne donc intelligemment l’anglais en tant que langue étrangère, au lieu de faire comme ses pairs du système éducatif anglo-mauricien, à savoir enseigner l’inconnu par l’inconnu à des masses de perroquets mauriciens. Un quart de siècle après sa fondation, son Cours Jeanne d’Arc compte 150 élèves à une époque où les meilleurs collèges confessionnels n’en comptent que le triple, sinon le double. Surviennent les cyclones Alix et Carol, de début 1960, qui anéantissent les bâtiments existants. Marie de Mazérieux va alors sur ses 65 ans. Une autre à sa place en aurait profité pour fermer boutique et faire valoir ses droits à une paisible retraite au milieu de ses souvenirs scolaires. Qu’aurait-on pu lui reprocher si elle avait adopté cette solution de facilité ? Elle ne pense qu’à tout rebâtir à zéro. C’est alors que les marins du Jeanne d’Arc, le bâtiment emblématique de la marine française, la Royale, se mettent à son service et reconstruisent son école. Sainte Jeanne d’Arc, à Orléans, ne fut pas mieux soutenue ni épaulée. Jean Pierre Lenoir, qui lui rend un hommage mérité à l’occasion de son décès, conclut ainsi son panégyrique : Marie, nous te devons beaucoup ! Comment lui donner tort ? Le Cours Jeanne d’Arc n’est plus. Il a cédé la place au Collège Saint-Patrick. Y a-t-on pensé à célébrer le souvenir de Marie de Coulhac Mazérieux, décédée le 16 octobre 1981 ?
3- De La Réunion certains reviennent en Métropole et leur
descendance occupe de hautes fonctions dans la société française mais aussi
ailleurs !
Joséphine Marie LE COULHAC de MAZÉRIEUX est née le 24 janvier 1834 à Bel-Air de Sainte Suzanne. Elle se marie le 12 janvier 1853 à Versailles avec Édouard Auguste CONFEX de NEUILLY (1828- 1855) dont naîtront Louis Marie CONFEX de NEUILLY (1854-1916) et Henry Marie CONFEX de NEUILLY (1856-1886). Le 27 octobre 1858 elle épouse en secondes noces, à Paris, Jules ARNOUS-RIVIÈRE (1830-1905). De ce mariage naîtra le 14 janvier 1862 à Paris Hélène ARNOUS-RIVIÈRE.
Joséphine a eu la douleur de perdre son fils Henry Marie, décédé à Paris le 18 février 1888 dans sa trente deuxième année. Le faire part de son décès permet de retrouver une grande partie de la famille.
L’accession de Boris JOHNSHON au poste de Premier Ministre de la Grande Bretagne le 24 juillet 2019 a fait retrouver la famille DECOULHAC par l’intermédiaire de Joséphine dont la fille Hélène ARNOUS-RIVIÈRE est la trisaïeule (arrière-arrière-grand-mère). En effet Hélène ARNOUS-RIVIÈRE a épousé à Paris le baron Hubert de PFEFFEL (1843 – 1922). Leur fille Marie Louise de PFEFFEL née à Paris le 16 août 1882 s’est mariée le 22 janvier 1906, à Versailles avec Stanley WILLIAMS (1880-1955). Leur fille Yvonne Eileen dite Irène WILLIAMS a épousé le 10 décembre 1936 Osman Ali Wilfred KEMAL alias JOHNSON (1909-1992). Leur fils, Stanley JOHNSON, sera le père de Boris JOHNSON né à New York le 19 juin 1964. L’arbre généalogique de Boris JOHNSON a été étudié par de nombreux généalogistes dès son accession à la mairie de Londres. Et lorsqu’il a été nommé premier ministre de Grande Bretagne le 23 juillet 2019 plusieurs journaux font état de ses racines françaises, soit pour mettre en avant ses racines alsaciennes par la famille Pfeffel ou ses racines limousines et plus précisément nexonnaises par les DECOUILHAC.
C’est ainsi que le Populaire titrait son article du 28 juillet 2019 :
L’article s’appuie sur le travail effectué par les Amitiés généalogiques du Limousin publiées dans le numéro 100 de leur revue.
Le barreau parisien a fait raisonner dans les salles
d’audience le nom DECOULHAC MAZERIEUX.
Joseph DE COULHAC-MAZÉRIEUX, Officier de la Légion
d’Honneur, Croix de Guerre, né à l’Ile Maurice le 31 janvier 1896, décédé le 14
janvier 1957.Diplômé des Hautes Études Commerciales, – deux certificats de
licence ès sciences, – avocat à la Cour d’appel de Paris (25 octobre 1921), –
membre du Conseil de l’Ordre (1945-1949).
Aujourd’hui c’est Armelle DE Coulhac-Mazérieux qui est inscrite au barreau de Paris depuis
1988.
4 – La branche issue du second mariage de Jean dit le
Rousseau et le moulin des Etangs (moulin Barlet)
Clément DECOUILHAC, né le 30 août 1637 au village de
Mazérieux à Nexon. Marié le 15 janvier 1674 à Nexon avec Narde Garreau. Ils
auront quatre enfants : Léonarde (ca 1674-1693), Aubin (marié le 12
février 1697, François (marié le 7 mars 1707), Pierre (marié le 14 février 1708)
qui suit.
Avec Pierre DECOUILHAC on quitte le village de Mazérieux
pour le bourg de Nexon ou il est tailleur d’habits. Il s’y marie le 14 février
1708 avec Marie Brun dont le père, Pierre BRUN est meunier au moulin de
l’Etang. Jean DECOUILHAC, né en 1722 de ce mariage prendra la suite de son
beau-père comme meunier au moulin de l’Etang et Léonard, son fils né en 1757
lui succèdera.
Le quatorzième du
mois et an (février 1708) après les fiançailles duement faites et la
publication des trois bans de mariage entre Pierre de Couilhac tailleur
d’habits fils de Clément et Narde Garreau du présent bourg et Marie Brun fille
de Pierre et de Marie Guyot du Moulin de l’Etang,… et entre Léonard Sazerat
fils de Me Simon Sazerat et de Catherine de Loutre et Jeanne de Combrouze fille
à feu Jean et Marie Deguil,… et entre François de Combrouze et Anne Sazerat
veufve de feu François de Couilhac tous du présent bourg sans avoir découvert
aucun empêchement à leur mariage je les ay mariés et leur ay baillé la
bénédiction nuptiale en présence de Pierre Dupuitren, de Jean Deverneuilh,
d’Anthoine Joubert et Léonard Hebrard qui ne seurent signer
Du mariage de Pierre naitront Léonarde (1710 – x), deux
jumelles Gabrielle et Léonarde nées en 1714 et décédées a quelques mois, Jean
(1722-1801) qui suit, Léonarde (mariée en 1730) et Léonard (1715 – x)
Le même jour (17 avril 1714) ont esté baptisée Léonarde
et Gabrielle de Couilhac nées au Moulin de Lestang de Pierre et de Marie Brun
son épouse, ldite léonarde a eu pour parrain Martial Sazerat et pour marraine
Léonarde de Couilhac et la Gabrielle a eu pour parrein Léonard Limousin et pour
marraine Gabrielle Brun Juge cure de nexon
Jean DECOUILHAC (1722 – 1801) se mariera trois fois.
Baptême à Nexon : Le 14e jour du mois de 7bre 1722 a
esté baptisé Jean de Coulat fils de pierre de Coulat et de Marie Brun du
village du Moulin de l’Etang a esté parain Jean Nouaud et maraine Léonarde de
Coulat lesquels nont scu signer de ce enquis Dalmays vicaire
Le premier mariage a eu lieu le 5 février 1742 à Nexon, avec
une de ses cousine, Radegonde DECOUILHAC (1719-1753). De ce premier mariage
naitront deux filles, Léonarde (1743-1823) qui épousera Annet GUYOT en 1765, et
Marcelle (1753 -x).
Après les fiançailles et la publication des bans de
mariage entre Jea Decouillac fils de Pierre Decouilliac et de feue Marie Brun
meusnier du moulin de Letang et Radegonde Decouilliac fille de Pierre
Decouilliac et de Marcelle Hebrard du village du Mazerieux, ne s’étant
découvert aucun empêchement ni opposition ce cinq février 1742 Romanet curé de
nexon
Après le décès de son épouse Radegonde le 6 juillet 1753 à
l’âge de 33 ans, six mois après la naissance de leur fille Marcelle, Jean
DECOUILHAC épouse Marie GUYOT le 27 janvier 1754. Ils auront quatre enfants
Léonard (1757-1846), Léonarde (mariée avec Pierre LIMOUSIN le 19 février 1776),
Aubin (1755 – x) et Jeanne.
Le vingt deux janvier mil sept cent cinquante quatre
après les fiançailles et la publication de trois bans de mariage duement faites
entre Jean Decouilhac meunier veuf de feue Radegonde Decouilhac habitant du
moulin de Letang avec Marie Guyot fille à Jean Guyoy dit le Petit et de
Mariguerite Perier ses père et mère du village de Salas, Entre Annet du
Puyranaud fils à feu Martial de Puyranaud et de Marcelle de Lombertie ses père
et mère habitants du village du Puyranaud avec Catherine Maud fille à Léonard
Maud meunier et Anne Redon ses père et mère du moulin de Trouly, n’ayant
découvert aucun empêchement ny reçu d’opposition, Les parties s’étant confessée
et reçu les sacrements de l’eucharistie après avoir fiancé j’ay dit la messe à
laquelle j’ay reçu leur consentement mutuel et leur ay donné la bénédiction
nuptialle en présence de François Decouilhac dit Mazerieux, d’Annet de
Lombertie, d’Antoine et Léonard Maud tous parents des parties qui avec les
susdittes parties ont déclaré ne savoir signer de ce par moy duement enquis
Guyot vic à nexon
Le 1er septembre 1767 Jean DECOUILHAC épouse, en troisièmes noces, Séverine GARREAU. De ce mariage il ne naîtra pas d’enfant. Jean décède à Nexon le 2 novembre 1801.
Le 1er avril 1872 Jean Baptiste DECOULHAC décède âgé de 67 ans, propriétaire au moulin Barlet, veuf de Jeanne Broussaud.
De son mariage avec Jeanne BROUSSAUD (1815-1861) le 14 juillet 1830 à Nexon, sont nés trois enfants : Léonard en 1832, Léonarde en 1835 et Marieen 1838. Léonard s’est marié à Cieux le 9 juillet 1861 avec Marie PERRET. Ils ont eux cinq enfants, quatre filles et un garçon, Jean Auguste né le 16 septembre 1869 au Moulin de l’Étang. Léonard est resté au moulin ou ses enfants sont nés. La construction de la voie de chemin de fer et celle de l’usine de pompage de l’eau dans l’étang du moulin des Étangs ont du générer des conflits puisqu’on trouve trace d’un procès en dommage et intérêts contre la Compagnie d’Orléans. « Pourvoi du Sieur Decoulhac contre un arrêté du Conseil de Préfecture de la Haute-Vienne, du 12 décembre 1877, qui a repoussé la demande en indemnité pour dommages, formée par lui contre la Compagnie d’Orléans, à raison de la prise d’eau pratiquée par cette Compagnie dans l’étang de Nexon. » Avis rendu le 22 février 1879 par la deuxième section. Conseil général des ponts et chaussées 1879
Jean Auguste a quitté Nexon et s’est marié le 18 avril 1899 à Nancy. Il n’a pas eu d’enfant. Avec lui le nom DECOUILHAC disparaît de Nexon.
Au numéro 16 il y avait un bureau de tabac. Il a d’abord été tenu par M. PRUNY puis par M. LABIDOIRE. Tous les deux ont édité ou fait retirer des cartes postales. M. Pierre LABIDOIRE était blessé de guerre. Amputé d’une jambe il marchait péniblement avec un pilon et une grande béquille en bois. Les buralistes occupaient des « emplois réservés ».
Outre le tabac avec de nombreuses variétés à chiquer et à priser, ils vendaient les timbres quittances et les timbres pour les vélos. En effet on ne pouvait rouler à bicyclette, y compris les enfants, qu’en payant une vignette annuelle de circulation à fixer sur le cadre du vélo.
L’origine de la plaque de vélo française est la loi du 28 avril 1893. Cette plaque a été émise sans discontinuer de 1893 à 1958. Les modèles changeaient chaque année, a l’exception des années 1900-1907. Les plaques émises annuellement étaient tour à tour en laiton jaune pour les années paires et en métal blanc pour les années impaires.
En 1942, la plaque fut imprimée sur du carton comme
fac-similé de la plaque en métal. En 1943, la plaque de vélo a été émise sous
la forme d’un timbre.
A partir de 1949, le timbre sera remplacé par un formulaire nominatif qui gardera le nom de « plaque de vélo ». Toujours vendu dans les bureaux de tabac il sera émis en cinq couleurs différentes. Puis ce sera une vignette. Le dernier formulaire a été émis pour l’année 1959, un arrêté ministériel du 30 décembre 1958 ayant supprimé l’impôt français sur les vélocipèdes.
Monsieur LABIDOIRE était assis à son comptoir caisse et, dans l’autre moitié de la boutique, Mme LABIDOIRE tenait un bar. M. LABIDOIRE était secrétaire de la fanfare.
M. LABIDOIRE est décédé dans sa 55 ème année au début du mois de février 1947.
Le Populaire, Mardi 4 Février 1947
Cette carte postale, prise sous le même angle que celle de 1905 a été éditée par M. LABIDOIRE.
On remarque que maintenant, juste avant la guerre de 1939-1945, les trottoirs sont faits, les façades ont changé et on commence à voir des automobiles et des motos.
Après M. LABIDOIRE, pendant plusieurs années M. MORTALLIE y avait son magasin d’appareillage électriques et électroménager puis il l’a transféré au 20 bis quand M. PERRIARD a pris sa retraite.
Publicité de 1965
Une boulangerie l’a remplacé, d’abord tenue par M. BOUCHER pendant quelques mois puis M. Michel BARNABET a transféré dans la rue Gambetta sa boulangerie qui était rue Pasteur, à quelques mètres de la boulangerie BARBE.
Après la retraite de Michel BARNABET la boulangerie sera reprise par MM. Christian TANTY, Firmin BOUCHET puis Jérôme et Julie LECONTE.
En 2014 Jérôme et Julie LECONTE continuent l’exploitation de la boulangerie dont ils font refaire la vitrine.
Au numéro 18 il y avait un hôtel, l’hôtel du Commerce. Au début des années 1900 M. PRUGNY en est le propriétaire puis c’est Prosper LAPLAUD qui l’exploite en même temps qu’il est sellier-bourrelier.
Puis dans les années 1920 l’hôtel du Commerce est tenu par François GOURINCHAS.
Il exploite en même temps une épicerie au nom du « Planteur de Caïffa ». A chaque achat on reçoit un « ticket prime » qui par la suite se transforme en cadeaux. M. GOURINCHAS faisait des tournées dans la campagne en fourgonnette. Elle fonctionnait au gazogène pendant la guerre de 1939-1945.
Il y avait trois filles dans la famille GOURINCHAS, Thérèse
était couturière et avait son atelier, au fond à droite, les deux autres
s’occupaient de l’hôtel et du bar. Elles resteront célibataires.
Le commerce est tenu ensuite par M. VERGONZANE qui, au début
des années 1960, vend son affaire à Monsieur Pierre MAPAS qui arrive
d’Issoudun. Il tient à la fois une épicerie, une buvette et une mercerie.
L’épicerie était à l’enseigne du Disque bleue. C’était une société familiale de
grossiste en épicerie intégrant des détaillants, dirigée par Charles et Jean
Valentin, fondée à Limoges en 1954. En 1968 le groupe Disque bleu deviendra DB
et ouvrira le premier super marché à Limoges, rue Wagner. En 1989, le Groupe
Disque Bleu associé à Euromarché se composait de 7 hypermarchés et de 60
supermarchés localisés dans le Centre et le Sud-Ouest.
L’essor fulgurant de la grande distribution que l’on
constate alors mets à mal une grande partie du monde des petits commerçants. Déjà
au milieu des années 1950, emmené par Pierre POUJADE (1920-2003), l’Union des
commerçants et des artisans (UDCA) secouait le pays. A la fin des années 1960,
une autre personnalité, Gérard NICOUD fonde le Comité d’information et de
défense (CID) et s’associe à l’Union nationale d’action des travailleurs
indépendants pour protéger les commerçants et artisans en s’opposant à l’État
et aux magasins de grandes surfaces. Le 27 décembre 1973, Jean Royer
(1920-2011) maire de Tours et ministre de l’Industrie, du Commerce et de
l’Artisanat, fera voter une loi réglementant l’urbanisme commercial. L’activité
des épiciers traditionnel diminue et M. MAPAS le ressent. Il cessera son
activité le 31 mars 1991.
Depuis il n’y a plus de commerce au numéro 18 et l’immeuble a été transformé en appartements.
Au numéro 18 il n’y a plus de boutique.
Au numéro 20 il y avait un commerce de grains, semences et produits du sol tenu par la famille de Marcel ALIPHAT.
Après 1945, M. Claude REALLE a développé une activité de matériaux de construction tout en conservant la vente de graines fourragères et potagères et de produits du sol.
Son fils Robert a continué ces activités en y ajoutant le commerce des engrais.
M. REALLE a par la suite développé une entreprise de transport au n° 30 de cette rue.
Ensuite c’est Alain FAVARD qui continue le commerce de grains et engrais avant de la transformer en boutique de fleurs..
Pendant quelque temps Martine PRADEAU a dispensé des cours de yoga au numéro 20 puis au 20 bis de ce fait il n’y a plus ni commerce ni activité de service dans l’immeuble du numéro 20.
Au numéro 20 bis il n’y avait au début des années 1900 qu’un
bâtiment sans étage qui servait de remise.
Dans les années 1930
En 1943
Après la guerre, Monsieur PERRIARD a fait construire un immeuble de deux étages. Au rez de chaussée il y avait un magasin ou étaient exposés les chaudières et les équipements pour salles de bain qu’installait M. PERRIARD. Avant cela le magasin se trouvait juste en face, route de la barrière devenue rue gay-Lussac, comme on le voit sur cette photo prise le 8 mai 1945. Henri PERRIARD travaillait avec ses trois fils, Georges, Henri et Pierre.
En 1945, le 8 mai…Il n’y a plus de commerce au numéro 20, et au 20 bis c’est un salon de coiffure
Juliette PERRIARD a épousé René Pradeau qui a travaillé dans
l’entreprise de son beau-père. Elle habite toujours au 20 bis de la rue
Gambetta.
La famille PERRIARD ayant pris sa retraite, M. MORTALLIE a occupé le magasin. Il a par la suite été transformé en boutique de vêtements de sport puis en salon de coiffure, aujourd’hui à l’enseigne « Connivence ».
Aujourd’hui elle n’est pas très visible, cachée derrière les voitures. La place ne porte plus son nom mais celui d’Annie FRATELLINI grâce à qui Nexon est maintenant connue dans toute la France pour la qualité des actions menées en faveur du Cirque. Cette fontaine mériterait une meilleure mise en valeur et une plus grande harmonie des couleurs.
La fontaine le 15 avril 2019
Une ancienne carte postale est intitulée « Place de la Fontaine »,
et pourtant on ne voit pas cette fontaine.
La place de la fontaine, mais on ne la voit pas!
En revanche sur la carte suivante, intitulée « Place du
Petit Marché », la fontaine est visible dans le coin gauche de la place.
Au fond à gauche, la fontaine
Avec un agrandissement on la distingue parfaitement, entre
l’entrée des écuries de l’Hôtel de France et l’Hôtel du Champ de Foire.
Avec un agrandissement on distingue bien la fontaine
Elle est décorée sur la photo prise pour l’anniversaire de
la Légion le 30 aout 1942. L’environnement n’a pas changé, seuls les costumes
des hommes ont changé et le béret à remplacé le chapeau.
Avec les décorations de la fête de la Légion
Deux
photos datant de la fin des années 1940, transmise par le maire de Nexon, nous
donnent une image très nette de cette fontaine et surtout du lavoir qu’elle
alimentait. Les femmes y venaient rincer leur linge qu’elles avaient fait
bouillir dans une lessiveuse qu’elles transportaient dans une brouette. J’ai le
souvenir d’avoir accompagné ma grand-mère vers le milieu des années 1950 au
lavoir
Le nom et l’histoire de la fontaine.
La fontaine a été installée par décision du conseil
municipal du 2 août 1857. L’eau provenait de sources situées dans le parc du
château et descendait jusque dans le jardin Breuil où se trouve la fontaine
mère.
Que signifie le nom Mazerole ?
C’est un diminutif de Mazère. Ce nom vient du latin maceria qui
désigne un mur de clôture en pierres sèches et qui évoque également l’idée de
ruines. Les noms du genre Maziéres, ou Mézières en sont dérivés. Ils désignent souvent
d’anciens villages gallo-romains abandonnés dans lesquels la population vint se
réinstaller après les invasions barbares.
En 1885 un chaperon en maçonnerie a été construit.
Il a été réalisé après une « adjudication au rabais sur soumissions cachetées » à laquelle a procédé, le dimanche 6 septembre 1885, Jean Baptiste BONNET, maire de Nexon.
Je n’ai pas trouvé de photos de cette fontaine. A-t’elle été construite ? Où ? Peut-être
avez-vous une réponse ?
Samedi 15 juin 2019, l’A.S Nexon fêtait ses 70 ans. La manifestation a été largement annoncée dans Nexon et dans la presse.
Le Populaire 13 mai 2019
La présidente Fabienne MAURY, entourée d’une solide équipe de bénévoles, a préparé pendant pratiquement un an cette manifestation. Il fallait trouver des partenaires pour financer cette journée, rechercher des documents pour enrichir l’histoire du club, contacter les anciens, organiser les matchs et les réjouissances…
Ce fut une vrai fête avec le concours d’un soleil qui brillait ce jour-là.
Ce fut pour moi l’occasion de retrouver plusieurs de mes camarades partageant à peu près le même âge que le club. Je n’y ai pas joué mais dès l’âge de 10 ans je ne ratais pas beaucoup de matchs. Mes parents avaient embauché en juin 1959 un ouvrier boulanger, Henri PHELIPEAU, que nous admirions tant il était adroit et précis avec un ballon. Il a beaucoup apporté à l’équipe première pendant 3 ou 4 saisons. Combien de parties avons-nous disputé dans la cour, devant la maison !
Mais celui que tout le monde adorait c’était « Kader ». Tout le monde l’appelait ainsi et pendant plusieurs saisons il en fait voir de toutes les colleurs aux défenseurs des équipes adverses. Il logeait chez Léonie ADAM qui avait un bar-restaurant avec quelques chambres au bas la rue Pasteur. Un de ses fils, Jeannot ADAM, a été non seulement un pilier du club comme joueur mais aussi comme dirigeant.
Didier LABBAS, puisque c’est son nom, était peintre. Il avait été adopté par les nexonnais mais un jour il a quitté Nexon, au grand dam de tous. Il est parti à Cussac avec un seul sac pour tout bagage. Michel MOREAU, président de la JS Cussac, industriel et maire de cette commune de 1965 à 1995, avait pour ambition de monter un grand club. Il avait fait venir comme entraîneur joueur, son cousin Roger BERTHAUD, international amateur, sélectionné en équipe de France Olympique. Il offrit un emploi à Kader dans son usine textile à La Monnerie. Kader a pu s’épanouir à Cussac ou on l’appelle Didi, il donna un souffle technique nouveau à la JSC avec ses dribbles à la brésilienne. Il a marqué plus de 1000 buts au cours de sa carrière.
Kader à coté de Roger Berthaud dans cette équipe ou l’on reconnait Jean Yves Lavergne, JM Chamoulaud, G. Joubert…
Bien installé à Cussac Didi a épousé Liliane avec qui il a eu trois enfants. Après quelques années de travail en usine il a créé son entreprise de peinture. Et à bientôt 80 ans il joue toujours, pratique beaucoup de sport et garde toujours le même sourire, la même gentillesse.
Didier et son épouse en février 2017 lors de la remise de la médaille de reconnaissance de la JS Cussac.
C’est avec enthousiasme que « Kader » est venu disputer la rencontre des vétérans.
Il se souvenais de tous les anciens et il était heureux de les rencontrer. Nous aussi !
Bien sur Kader n’était pas le seul ancien et c’est avec plaisir que j’ai retrouvé Michel VOISIN, Jean-Pierre et Patrice VALETTE, Gilbert JOACHIN, Jean-Marie DESSELAS, Claude BARRIERE, Christian LASPOUGEAS … pour ne parler que de ceux que je côtoyais à l’école ou au stade, ou encore autours d’une table de ping-pong, n’est-ce pas Jean Marie !
Les vétérans
A coté des matchs il y avait des réjouissances, un bar, la bandas de Rochechouart « La Chatelaine », un vin d’honneur, un repas…
Au bar… La banda de Rochechouart « La Chatelaine »
Ce texte a été écrit à partir des notes de Madame le docteur Rose FORGERON, fille de Monsieur et Madame Vigneron. Elle est née au numéro 3 actuel, au 1er étage de la maison de ses parents. Sa mémoire fidèle lui permet de faire revivre la rue qu’elle a connu enfant, à une époque où celle-ci n’était pas goudronnée, où elle était en terre avec beaucoup d’ornières, plus ou moins profondes, creusées par les roues des charrettes et des tombereaux, et comblées régulièrement par les cantonniers. Les trottoirs étaient discontinus, réalisés par les propriétaires des maisons, parfois parés, très rarement cimentés. J’ai illustré son récit par des cartes postales et des photos et ajouté quelques précisions.
La ville de Nexon étant bâtie sur le flanc Nord de la colline, la plupart des maisons sont traversantes, d’une rue à l’autre. Ainsi le 1er étage des maisons situées sur le côté impair de la rue Gambetta ouvre sur l’impasse de la Barre. Du côté pair les maisons de la rue Gambetta et de la rue Pasteur ont une sortie sur la rue Gay-Lussac ou sur la rue Pierre et Marie Curie. Ainsi ces maisons ont des greniers, des hangars, des jardins qui en font des vastes demeures, pleines de surprises.
– Numéro 2. Il y avait autrefois, à une époque que je n’ai pas connue, une charcuterie. A droite, un porche qui donnait accès à des écuries et remises. Il y en avait plusieurs dans le bourg car ceux qui habitaient les villages venaient au bourg en voiture attelée à un cheval, cabriolet ou calèche pour les plus aisés. Il fallait remiser les attelages, attacher les chevaux et les nourrir pendant la durées des activités, marché, médecin, pharmacien… Il y en a justement un de l’autre côté du porche, c’est la pharmacie de M. Louis NOUHAUD qui sera député de la Haute-Vienne. Ces deux fils, Marcel qui était médecin et Charles pharmacien, s’installèrent dans la maison à la suite du décès de leur père en 1922. Le Docteur Marcel NOUHAUD dont on retrouve le nom dans le tout Limoges de l’époque est décédé jeune
Au dessus de la charcuterie, en haut du mur, on lit « Draperie et Nouveautés », commerce qui a dû exister dans les années 1880…
Charles NOUHAUD développa, à coté de sa pharmacie un important laboratoire vétérinaire. Il employait au moins une dizaine de personnes qui préparaient et envoyaient des produits dans toute la France et en Algérie.
Mme Charles Nouhaud, au décès de son mari continue à faire
marcher le laboratoire et habite seule au n°3 de la rue Pasteur.
Mme Marcel Nouhaud, dont le mari était médecin, et est décédé jeune, habite au n°2 de la rue Gambetta avec sa fidèle femme de chambre Madame Dudognon et la fille de celle-ci Andrée. Ensuite, elle part habiter à Limoges et vend sa maison au Crédit
Agricole.
Madame Marcel Nouhaud a vendu sa maison au Crédit Agricole qui s’implantait alors au centre du bourg.
Par la suite la maison a été achetée par M. et Mme Pierre Lacorre, électricien.
L’enseigne « Electricité générale » est encore visible, mais le nom s’éfface peu à peu.
Numéro 4. Les anciennes cartes postales montrent qu’il y avait à ce numéro un salon de coiffure. Mon grand-père ayant acheté cet immeuble en 1941, l’acte notarié qui retrace l’origine de propriété révèle que M. LAFFARET, coiffeur à Limoges, l’avait acheté le 10 novembre 1870 au baron Armand de Nexon, qui l’avait lui-même l’avait acquis de Laurent PRADEAU, curé de Nexon, le 21 juillet 1865. M. LAFFARET décède à Nexon le 4 juin 1874 et son épouse l’année suivante. N’ayant pas d’enfant c’est sa mère qui hérite et vend l’immeuble le 9 novembre 1905 à M. Marcellin TEXIER qui était coiffeur. Il décède le 20 mai 1914, son épouse et ses filles héritent de l’immeuble. Il est loué à partir du 1er novembre 1932 pour 9 ans à M. et Mme Louis LAGORCE pour y vendre des primeurs.
Au numéro 4, un coiffeur, à côté le ferblantier, M. DELATY.
Le 31 juillet 1941 l’immeuble est acheté par M. Henri MALARDEAU, mon grand père, négociant en laines. Après l’incendie de son atelier le jeudi 30 octobre 1941 il y transfert des marchandises et dès la fin de la guerre, pendant la construction d’un immeuble à la place de vieille maison et de l’atelier détruit il viendra y habiter et y ouvrira une boutique de laines. Le 19 janvier 1957 il vend l’immeuble à M. et Mme JARRY-LACOMBE qui y ouvriront une pâtisserie.
La pâtisserie JARRY-LACOMBE Elle sera transformée en bar lorsque M. JARRY -LACOMBE achètera l’immeuble contiguë et y transportera sa pâtisserie.
Le numéro 6. A l’origine l’immeuble des numéros 4 et 6 actuels ne formait qu’un ensemble qui appartenait à Laurent PRADEAU, curé de Nexon puis à Armand de NEXON. Il en a vendu une moitié à M. LAFFARET et l’autre moitié à Jean CHARREIX, marchand drapier, le 10 novembre 1870.
A une date que je ne connais pas la maison a été acquise par M. Henry DELATY ainsi que celle située au numéro 8. Aux étages habitaient M. et Mme Georges PERRIARD et leur fille Raymonde, une des camarades de Mme le Docteur FORGERON lorsqu’elle était jeune et habitait de l’autre côté de la rue. M. PERRIARD était plombier et son épouse tricoteuse. Elle avait une grosse machine à tricoter d’autrefois, avec des contrepoids. Son atelier était au 2ème étage.
Le magasin, au rez de chaussée, ainsi que les hangars derrière la maison étaient occupés par les ateliers de M. DELATY, ferblantier et inventeur de machines, en particulier des producteurs d’acétylène, gaz inflammable et très explosif, mais indispensable pour la soudure autogène.
Le Courrier du Centre du 23 février 1901
Le magasin a ensuite été loué à M. et Mme Paul BITAUD qui y ont installé une quincaillerie doublée d’une épicerie et un bazar. C’est ce type de commerce multiple que les grandes surfaces ont développé au cours des années 1970-1980. Ils étaient en même temps locataires du numéro 3, de l’autre côté de la rue qui était moins fréquentée par les automobiles qu’aujourd’hui !
Photo publicitaire fournie par M. Colmar
Quand M. BITAUD a déménagé pour s’installer dans une partie de l’ancien couvent, Mme PERRIARD a installé son atelier de tricot dans l’arrière-boutique et a ouvert un commerce de bonneterie-lainages dans le magasin. Les articles étaient très beaux et elle avait une bonne clientèle.
Après la retraite de Mme PERRIARD, M. JARRY-LACOMBE acheta l’immeuble et déplaça sa pâtisserie au numéro 6. Il transforma l’ancienne pâtisserie en bar.
Le bar est au numéro 4 et la pâtisserie au numéro 6. A la retraite de M. JARRY-LACOMBE les deux immeubles seront transformés en appartements et les magasins en garages.
Le numéro 8 – C’est là qu’habitaient les époux DELATY. A leur décès M. Georges PERRIARD, leur neveu, hérita les deux maisons. Ils quittent leur appartement du numéro 6 pour habiter au numéro 8 jusqu’à leur retraite. Ils partiront ensuite dans la maison qu’ils avaient fait construire, route du Courdein.
Le numéro 10 – La maison au fond de la cour était la maison du jardinier du Docteur FRUGIER qui habitait dans la grande maison au numéro 12.
La propriété était close par un portail et une grille de fer.
Les trottoirs ne sont pas encore faits et la grille n’est pas en bon état…
Une belle glycine s’est développée …Le jardin du Dr Frugier avec son magnifique magnolia, des althéas et une multitude de rosiers. Il y avait un jardin d’agrément, un jardin potager et un grand parc arboré avec une sortie sur la rue Gay-Lussac. La maison du jardinier est elle aussi très arborée.
Aujourd’hui la maison abrite des cabinets de plusieurs kinésithérapeutes.
La grille a été démontée et le mur abattu.
Le numéro 12 – C’est une maison ancienne qui appartenait à M. Léonard FRUGIER, greffier à Nexon de 1861 à 1867, date à laquelle il renonça à cette fonction et exploita ses propriétés. Son fils, le docteur Jean-Baptiste Henri FRUGIER y avait son cabinet de consultation. Il habitait à l’étage avec son épouse, née Marguerite ARDILLER, et ses deux enfants, un garçon Edouard étudiant en notariat et une fille, Madame DENIS, veuve de guerre. Édouard, brigadier au 213e RAC, a été tué à l’ennemi le 3 juin 1918 à La Ferté-Milon dans l’Aisne.
Edouard FRUGIER était un brillant étudiant en notariat et en droit. Le Populaire du Centre 1913/06/27
Il y avait autrefois trois mansardes… Les mansardes ont été remplacées par des Velux.
Le numéro 14. C’est une maison plus récente, avec une grande entrée et de belles mansardes à clocheton. Elle appartenait à Madame Denis. Ses héritiers y viennent régulièrement en vacances.
Merci à Chantal qui était dans la même classe que ma petite sœur Marie Andrée et qui m’a prêté ces photos.
La classe de maternelle 1957-1958La classe de CP 1958-1959Le cours élémentaire 1959-1960 avec mes deux sœurs, Marie Andrée et Anne Marie.Cours élémentaire 1960-1961. Ma sœur AM n’est plus avec MA. Elle est passée au cours moyen Cours moyen 1961-1962
Le parc du château est un site classé à l’inventaire des
monuments historiques. Clos par un mur en pierre, il s’étend sur 38,5 hectares.
Il a été créé, sans doute en 1854, par Paul de Lavenne, Comte
de CHOULOT, paysagiste français, pour le baron Astolphe de Nexon. Paul de
LAVENNE, né à Nevers le 31 janvier 1794 a été anobli en 1824 par Louis XVIII
dont il était garde du corps. Véritable personnage de roman il a une vie
trépidante et riche auprès des grands du royaume, en particulier la duchesse de
Berry dont il fut agent secret. Passé 50 ans il se retire dans son et entame
une carrière d’architecte paysagiste. Il la poursuivra jusqu’à sa mort, le 4
avril 1864, après avoir dessiné plus de 300 parcs en France et en Europe.
Il écrivit en 1846 son ouvrage L’Art des jardins dans lequel il expose ses principes. Son idée maîtresse est qu’il est primordial d’intégrer le parc à créer au sein de son environnement naturel. De ce fait le parc est une partie d’un ensemble plus vaste. Il écrit « Il faut tirer le plus grand parti des potentialités du terrain, connaitre la nature géologique du sol, exploiter les particularités du terrain, utiliser le plus souvent possible la végétation indigène et davantage dessiner le parc en enlevant des arbres et en y faisant quelques plantations judicieuses plutôt qu’en y plantant des arbres exotiques qui ne s’intégreraient pas au paysage d’origine.
1- Les parc conçus par le comte de CHOULOT en Haute – Vienne
En Haute-Vienne on lui doit 6 parc. L’un au château de Bagnac,
à Saint Bonnet de Bellac, pour le M. le marquis de BAGNAC. Aujourd’hui ce parc
a disparu et le château est en ruines. A Isle il dessina le parc du château de la
Chabroulie, alors propriété de M. LESTERPT de BEAUVAIS. Le parc originel s’est
progressivement effacé, le château étant resté inoccupé pendant un demi-siècle.
Repris en 1997 par M. de LA SELLE le château et le parc sont ouverts toute
l’année au hôtes qui occupent les quatre chambres mises à leur disposition. Le
parc du château de La Cosse à Veyrac, propriété de M. de CHATENET a également
été dessiné par le comte de CHOULOT. Le parc a été subit de nombreux
aménagements par les propriétaires. Il se visite sur rendez-vous le dimanche après-midi.
Le château de Laborie, à Solignac était la propriété de la famille NOUALHIER, émailleurs
à Limoges. Armand NOUALHIER (1803 – 1885) fit une brillante carrière politique
étant député de la Haute-Vienne de 1852 à 1870 et maire de Limoges (1853 –
1860). Il fit aménager le parc du château de la Borie mais il n’en, le château
ayant changé plusieurs fois de propriétaires. Fréderic LE PLAY, polytechnicien
fit une brillante carrière d’ingénieur des Mines et de professeur. Il fut
également Conseiller d’Etat, Sénateur, Inspecteur Général des Mines mais aussi
économiste et sociologue avec une réputation internationale. En 1856 il achète le domaine de Ligoure alors
à l’abandon. Il transforme totalement le domaine pour mettre en application ses
idées novatrices en matière d’agriculture. Le parc paysager a été conçu par le
comte CHOULOT. Le domaine est toujours resté dans la famille Le Play mais il
est aujourd’hui géré par l’Association du château de Ligoure.
2- Le parc de Nexon conçu
par le comte de CHOULOT
Le comte CHOULOT, pour dessiner le parc que lui commandait
le baron Astolphe de Nexon, s’appuya sur les espaces existants tels que les
masses boisées et les chaos rocheux de la colline. Il fallait offrir au château
un parc d’agrément au goût du jour et donner une impulsion aux haras. Pour cela
il conçu le parc en deux parties principales : les abords du château traités en
jardin d’agrément et un secteur boisé sur la partie sud-ouest du château.
Les différents espaces sont reliés entre eux de manière
subtile et l’on passe en douceur de la cour d’entrée au bois.
Au pied du château subsiste la petite fontaine des Marmousets, en bronze ornée d’angelots, dont les proportions ne sont plus en rapport avec le parc en raison de la disparition du labyrinthe de rosiers qui la cernait et lui donnait toute sa place dans la composition d’ensemble.
Le soubassement en forme de grottes
L’étang
Un canal souterrain
traversant le parc du sud au nord alimente le petit étang, puis se déverse en
cascade dans la grotte construite en deux niches. Le circuit se prolonge de
manière souterraine vers le canal et vers la fontaine des Marmousets, avant de
se rejoindre dans la cour d’honneur pour alimenter la fontaine Saint-Ferréol.
Les vastes prairies
qui s’étendent au sud ont vu s’implanter les chapiteaux du Sirque.
le chapiteau dans la pr
Situé au sud-ouest du
château, le bois correspond à la plus grande partie du parc. Les massifs boisés
sont peuplés de feuillus qui se sont développés de manière naturelle et sont
composés de chênes, hêtres, érables, acacias, noisetiers et taillis de
châtaigniers.
On découvre ainsi en plein cœur de ce bois, au point haut du parc, une série de chaos rocheux, tous différents dans leur configuration et leur forme. Plus au nord se trouve le rocher légendaire de saint Ferréol.
Le rocher saint Ferréol
La présence dans le bois de la chapelle funéraire de la famille de Nexon renforce l’esprit sacré. La chapelle et les chaos rocheux ont été encadrés par des plantations en masse de rhododendrons.
Chapelle funéraire
Les sous-bois à proximité de la chapelle et des pièces d’eau
ont été plantés de houx, de buis et d’ifs afin de bien marquer le caractère
religieux ou pittoresque. Par contre les rochers ont été dégagés pour leur
donner un caractère plus sauvage.
Des modifications ont été apportées au plan originel. Des
essences exotiques comme le cryptomeria ont été plantées et en 1979-1980 des
parcelles ont été exploitées. Les arbres abattus ont été remplacés par des
plantations en alignement de frênes, de merisiers, de noyers, de chênes rouges
et de résineux.
3 -Le rocher Saint Ferréol et sa légende
En suivant l’allée n°2, environ 200 mètres après être passé
devant la chapelle funéraire, sur la gauche, s’élève le fameux rocher Saint
Ferréol. La légende veut que le jour de leur mariage, les jeunes mariés qui
viennent s’assoir sur le rocher sont assurés de s’aimer toujours et de vivre un
parfait bonheur. Plusieurs cartes postales représentent ce rocher, avec ou sans
personnages. Sur la carte postale ou figurent deux jeunes, la jeune fille en
habits limousins est Marie PENOT, la fille des concierges du château. Le jeune
garçon est un jockey de l’écurie du baron de Nexon. Le cliché a été pris en
1913 ou au début de l’année 1914.
Plusieurs cartes postales montrent un portique. Il a sans
doute été démoli pour cause de vétusté.
Dans le haut du parc, en bordure du verger, a mi-chemin
entre le manège et la sortie vers l’étang de la Lande se trouvait une petite
maison dans laquelle les enfants du baron de Nexon aimaient jouer. Sans
entretien elle a subi les affres du temps et a disparu. Il en reste un croquis
que m’a adressé Ferréol de Nexon.
Contiguë au parc, avec vue sur la maison de retraite s’élève le Jardin des sens dont nous parlerons dans un prochain article.
Mazaud, Mazeau, Mazeaud… A
l’origine, il y a le verbe latin manere qui signifie demeurer, rester. Toujours
en latin la demeure va devenir le nom commun « mansio » puis « mansion »
en vieux-français. Ce mot se transforma en « maison » en français. Mais dans certaines langues locales,
Provençal, Occitan … la racine originelle « mans » va se fixer en « mas
».
A partir de la vont se créer des diminutif
pour désigner un petit mas : Mazeau, Mazeaux, Mazeaud mais aussi Mazo,
Mazou, Mazel, Mazet ou Mazoyer et Mazelier pour désigner les habitants du mas.
L’une des formes les plus répandues est Mazères, lieu de plusieurs maisons, hameau…
La Mazaurie est une copie avec agglutination de l’occitan « mas âou ri » lequel est la transposition du latin mansus ad rivum, « la métairie, la ferme, le mas près du ruisseau ».
Naissance de la lignée des MAZEAUD de La Vigne
La lignée des MAZEAUD naît en 1772 avec François MAZEAUD. Il est propriétaire à Saint Yrieix. Il a épousé Catherine VERGNIAUD, fille du frère du célèbre orateur des Girondins, né à Limoges 1753. François a plusieurs enfants dont Alexandre Léonard MAZEAUD, né en 1802, décédé en 1852. Comme son père il possédait des propriétés agricoles autour de St Yrieix et vendait à Limoges le foin qu’elles produisaient.
Alexandre MAZEAUD (1802-1852)
Le premier août 1831 Alexandre Léonard MAZEAUD reçoit, de la part de Louis Philippe 1er Roi des Français, «la médaille » en faveur de ceux qui se sont distingués par leur dévouement à la cause de la liberté dans la révolution de juillet 1830.
Médaille juillet 1830
L’achat du domaine de La Vigne
En 1835, il épouse Marie Abriat LAFOREST (1806 – 1880) dont le père est aussi propriétaire à Saint Yrieix. Alexandre venait d’acheter la propriété de La Vigne située sur la commune de Nexon. Cette propriété faisait partie des biens du Sieur Charles de DAVID, baron des Étangs, maire de Nexon de 1824 à 1830. Rencontrant de graves difficultés financières, il était poursuivi par son marchand de vin en gros, Guillaume LAUDINAT, qui a demandé la saisie des biens et leur vente à son profit. Elle eut lieu à l’audience des criées du tribunal de Saint Yrieix, le 17 septembre 1834, ouverte sur la mise à prix de 10 000 francs.
Les Annales de la Haute-Vienne du 5 septembre 1834
Alexandre Léonard, aura plusieurs
enfants parmi lesquels Camille (1836-1894) qui épouse Marie Le BERTHON de BONNEMIE
et Henri Alexandre MAZEAUD, né à Saint Yrieix le 19 novembre 1837, décédé à
Douai le 30 octobre 1899.
Cette famille avait une aisance
financière qui permettait à leurs enfants de faire des études, principalement
en Droit, à Bordeaux ou à Paris. A partir de cette génération, les MAZEAUD quittent
définitivement l’habit de « gentleman farmer » pour celui de Juriste.
Henri MAZEAUD obtient son diplôme de Docteur en Droit à Paris le 17 août 1863. Il effectuera une brillante carrière dans la magistrature. Magistrat sincèrement républicain, il est nommé substitut du procureur général à Limoges le 12 septembre 1870. En 1877 il est nommé avocat général à Rennes et le 11 février 1879 il est promu procureur général à Besançon. Le 5 septembre 1883 il devient premier président de la Cour d’Appel de Douai.
Henri MAZEAUD, premier président de la Cour d’Appel de Douai.
La construction de la maison de maitre.
Henri aime la propriété de La
Vigne que son père a achetée. Il y vient en vacances avec sa femme, Marguerite Rosalie
David qu’il a épousée le 3 février 1873. Ils logent dans une petite maison,
sans grand confort, dans la cour de la ferme. Le couple, très attaché à cette
campagne limousine, décide de s’y installer pour leur retraite. Pour cela il
décide de faire construire une maison de maître avec parc et jardin potager, le
tout doté d’un système pour disposer d’eau à volonté.
L’emplacement de la maison est
choisi sur la pente qui descend plein sud avec une vue panoramique sur le vieux
moulin de la Mazaurie. Les coteaux étaient sans doute jadis plantés de vignes,
d’où le nom actuel, La Vigne.
Les fondations de la maison nécessitent
une centaine de tombereaux de pierre qui sont livrés en juin 1888 et à la fin
de l’année 1890, les principaux travaux sont terminés.
Pour mener à bien tous ces
travaux, Henri MAZEAUD, qui est à Douai, a pris un maître d’œuvre, Charles LEMOYNE
de St Yrieix avec lequel il échange une volumineuse correspondance. Mais Henri
compte également sur la vigilance de son frère Camille, qui, résidant à Saint
Yrieix, surveiller le chantier.
Henri meurt brutalement le 30 octobre 1899 et ne verra pas sa propriété complètement achevée avec les jardins, les allées… C’est son épouse, Marguerite, secondée par son fils unique Félix, qui mettra la dernière main à cet ouvrage. La Vigne ne sera donc pas habitée tout au long de l’année comme l’avaient prévu Henri et Marguerite MAZEAUD, mais deviendra une maison de vacances, utilisée chaque année par les enfants, petits-enfants, cousins…
Le Mémorial Artésien, 24 octobre 1899
Le Courrier du Centre 27 octobre 1899
Félix prend La Vigne en main.
Félix MAZEAUD, fils unique de
Henri et Marguerite, né le 24 septembre 1875 à Limoges, est décédé à Nexon le
22 septembre 1954.
Après ses études de droit à la Faculté de Lille Félix MAZEAUD devient avocat à Amiens, puis comme son père, il va embrasser la carrière de la magistrature. Celle-ci l’emmènera d’abord en Bretagne où le 6 mars 1900 il est substitut à Lannion ; le 15 avril 1902, substitut à Rennes ; le 16 juillet 1904, procureur à Ploërmel ; le 28 novembre 1905, procureur à Pontivy ; le 30 mai 1908, procureur à Quimper. Le 12 mai 1912, il est nommé substitut du procureur général près la Cour d’appel de Lyon, puis à Amiens ou il est 1er président de la cour d’appel.
Le Temps 22 février 1932
Procureur de la République à Lyon pour finir à Paris d’abord Conseiller à la Cour de Cassation en 1936 puis président de la Chambre des requêtes de cette Cour en juin 1941. Il a été nommé chevalier de la Légion d’honneur le 29 juillet 1925.
Félix MAZEAUD, président de la Chambre des requêtes de la Cour de Cassation
Très éloigné de La Vigne par son métier, Félix MAZEAUD va malgré tout s’occuper très activement de cette propriété qu’il adore et apporter à cette maison du 19ème siècle le confort du 20ème naissant. Mais, surtout, il va planter beaucoup d’arbres ; des chênes, des tilleuls, des hêtres, des douglas, et beaucoup d’espèces fruitières. Il fait entretenir les châtaigneraies avec soin par les métayers. Il faisait participer ses enfants et petits-enfants à ces plantations et attribuait à chacun d’eux un arbre qui devenait sa propriété personnelle.
Avant la guerre de 1914-1918 à La Vigne
A La Vigne, Félix MAZEAUD était loin de la rigueur et de la solennité des Palais de Justice il aimait la vie et les plaisirs simples de la campagne, par exemple la pêche aux écrevisses. C’était une fête à laquelle participaient les enfants, les oncles. La préparation était déjà une cérémonie avec la mise en état des balances, la découpe des boyaux de lapin, la distribution de bâtons à chaque participant en prévision des vipères. Et puis c’était la descente vers les ruisseaux, en procession. A l’arrivée chacun avait son emplacement et deux ou trois balances à surveiller ; En une après-midi c’est une soixantaine d’écrevisses qui étaient prises aux pièges. Le lendemain, c’était un autre cérémonial, une grande serviette autour du cou, débute la lente dégustation pour laquelle chaque étape dure une éternité pour celui qui n’aime pas ces crustacés : chaque écrevisse est décortiquée, suçotée avec délectation jusqu’à la dernière miette.
Le 14 juin 1899, à Amiens, Félix MAZEAUD épousait Alice de ROUSSEN, née en 1879. Elle décédera en 1964.
Le Figaro, 22 juin 1899
Ils auront cinq enfants :
Henri et Léon, les jumeaux nés en 1900, que seuls les membres de la famille
pouvaient distinguer, Jean né en 1904, Pierre né en 1908 et Marguerite en 1916.
Félix Mazeaud décède à La Vigne
le 22 Septembre 1954, âgé de 78 ans. Lors de la rentrée solennelle de la Cour
de Cassation en Octobre 1955 un hommage lui sera rendu dont on lira le texte en
annexe.
Henri MAZEAUD, l’héritier de La Vigne.
Henri MAZEAUD naît le 7 mars 1900 à Limoges. Il décède le 23 octobre 1993 à Paris, à l’âge de 93 ans. Il avait un jumeau, Léon (1900 – 1970), deux autres frères, Pierre (1907 – 1959) et Jean (1904 – ), et une sœur, Marguerite.
Bien avant sa mort, son père, Félix
MAZEAUD, avait soigneusement préparé les modalités de sa succession. Dans ce
partage, Henri recevait La Vigne. Il n’attend donc pas le décès de son père
pour prendre en main la propriété et commencer d’importants travaux dans
lesquels il englouti une grande partie de ses revenus.
Il épouse Paule MASSE (1907-1947), fille de Jean Masse et Jeanne DELACOUR, à Corbie, chef-lieu de canton dans la Somme.
Ils ont quatre enfants : Jean (Mai
1926 – Juillet 1926), Marie (1929 -1970), Jacques (1930 -), Frédéric, (1939 – ).
Henri et Léon, font leurs études de droit à Paris jusqu’au doctorat qu’Henri obtient en 1921. En 1926, reçu major au concours d’agrégation des universités, Henry est nommé à la Faculté de Droit de Lille ou il est promu Professeur en 1930. Parallèlement il occupe un poste à Varsovie de 1931 à 1939, où il se rend chaque année pendant un semestre. Il devient directeur de l’Institut Français puis Chef de la Mission Universitaire française en Pologne. En 1939 il est accueilli comme Professeur à l’Université de Paris ou il restera jusqu’à sa retraite.
Henri MAZEAUD, jeune professeur de Droit
En 1939 il est mobilisé et affecté dans l’administration militaire ou il s’ennuie. Il demande alors d’être transféré dans la brigade polonaise comme sous-lieutenant et participe brillamment à la Campagne de Norvège début 1940. Démobilisé, il retrouve sa chaire à Paris. Auprès de ses étudiants il prône la lutte contre l’occupant, puis entre dans la Résistance, devient le chef du mouvement Alliance pour la Picardie et Le Nord-Pas-de-Calais. Les actions qu’il mène lui vaudront de recevoir la médaille de la Résistance et d’être officier de la Légion d’Honneur. En 1944 il s’engage avec le grade de capitaine dans la première division blindée polonaise. La paix assurée, il retourne à Paris. En annexe on lira le témoignage de Roland DUMAS qui bénéficia de l’aide d’Henri MAZEAUD pour obtenir des faux-papiers.
Henri Mazeaud est un personnage
de légende dans l’univers du droit privé à la fois par le nombre et la qualité
de ses publications et la qualité de ses cours mais aussi pour son parcours non
universitaire. Mais on ne peut pas parler d’un MAZEAUD sans évoquer les autres,
surtout en droit privé. Léon MAZEAUD était, comme Henri, professeur à
l’université de Paris. Engagé dans la résistance il est arrêté à Paris et déporté
à Buchenwald. Lorsqu’il en revint, il fonda le mouvement l’Union des déportés
dont il devint le président et participa à la création du Rassemblement du
Peuple Français (RPF). Jean MAZEAUD, leur plus jeune frère n’était pas
universitaire mais magistrat, carrière qu’il termina comme conseiller à la Cour
de Cassation.
Les frères ne faisaient souvent qu’un
lorsqu’ils publiaient. Leur premier ouvrage fut le « Traité théorique et
pratique de la responsabilité » rédigé par Henri et Léon MAZEAUD à partir de
1931. Ils seront rejoints par André TUNC puis Jean MAZEAUD.
L’ouvrage le plus magistral est celui publié par les trois frères Henri, Léon et Jean « Les Leçons de droit civil » publié en 1955 en quatre tomes. Ces leçons constituent à la fois un manuel, grâce aux importants résumés qui précèdent chaque leçon, et un traité, grâce aux développements, notes et lectures qui les complètent. Cet ouvrage a été réédité pour la douzième fois en 2000 par Sabine MAZEAUD-LEVENEUR, petite fille de Léon et son mari, Laurent LEVENEUR.
Dans cette saga on ne peut pas
oublier Pierre MAZEAUD, fils de Jean MAZEAUD, qui est né le 24 août 1929 à
Lyon. Docteur en droit, juriste, il entame une carrière politique qui le mènera
dans différents cabinets ministériels avant qu’il soit nommé Secrétaire d’Etat
chargé de la Jeunesse, des Sports et des Loisirs de 1973 à 1976. Député des
Hauts de seine de 1968 à 1973 puis député de la Savoie de 1988 à 1998. Membre du
Conseil constitutionnel en 1998, il en est le Président de 2004 à 2007.
Alpiniste reconnu, il a dirigé la
première expédition française qui a escaladé le mont Everest en 1978 et a
atteint lui-même le sommet.
Comme tous les MAZEAUD il a souvent passé des vacances à La Vigne. La proximité de Limoges l’a conduit en 1965 à être candidat aux municipales à la mairie de Limoges ou il est battu par Louis Longequeue.
Pierre MAZEAUD, le jour de sa réception à l’Académie
Henri MAZEAUD est élu membre de l’Académie des sciences morales et politiques le 10 février 1969 dans la section Législation, droit public et jurisprudence. En annexe on lira le discours de réception prononcé par Alain BARRERE, doyen de la Faculté de droit de Paris.
Henri MAZEAUD en habit d’académicien
Comme son père et son grand-père, Henri MAZEAUD est, par son travail, très éloigné de la propriété de La Vigne. Elle ne sera occupée que pendant les vacances. Mais comme eux il va y consacrer une partie de ses revenus. Il va, petit à petit, acheter des terres et des bois pour que La Vigne présente un ensemble cohérent, sans parcelles incluses dans son périmètre. Mais s’il ne réussit pas à acquérir l’étang de la Forêt, lieu des baignades estivales de tous les vacanciers à La Vigne, en 1971 il va pouvoir enfin ajouter au patrimoine familial le moulin de la Mazaurie, convoité depuis plusieurs générations avec les terres qui l’entourent. Ce moulin appartenait à Emile PRADEAU, fils de l’ancien meunier, qui était greffier à Senlis. Après avoir tout d’abord consentit à le louer il finit par le céder. L’achat fut réalisé avec des fonds provenant de tous les enfants d’Henri et à leurs noms.
Vue vers le moulin de La Mazaurie depuis la terrasse de La Vigne
Les bâtiments bénéficient eux aussi de nombreux travaux d’amélioration afin d’assurer aux résidents un confort conforme à l’époque et rendre la maison habitable en toutes saisons : WC, chauffage central, toitures, allées, …
La maison en 2018
Henri MAZEAUD décède le 23 octobre 1993 à Paris, à l’âge de 93 ans.
La tombe de Henri MAZEAUD et de son épouse à Nexon
C’est Jacques MAZEAUD l’un des
quatre enfants d’Henri qui reprend La Vigne en indivision avec son fils Denis.
La Vigne reste une demeure de vacances. Jacques n’a pas embrassé la carrière
juridique et s’est orienté vers un métier technique, celui de la reprographie.
Il a réalisé pratiquement toute sa carrière chez Kodak. Il a épousé Chantal
DAURIAC et ils ont eu trois enfants dont Denis, né en 1956, professeur de droit
à l’université Panthéon-Assas.
A la retraite Jacques s’installe à Limoges. Il
vient presque tous les jours à La Vigne et chaque été le domaine résonne des
cris joyeux des enfants qui retrouvent les gestes de leurs ancêtres.
ANNEXES
L’arrivée de l’électricité et du téléphone à La Vigne
En 1929 une modeste ligne
électrique arrive jusqu’à La Vigne, juste suffisante pour l’éclairage de la
maison. Avant cette date, la lampe à pétrole était reine pour les pièces
principales, secondée par les bougies. La puissance ne permet d’installer qu’une
ampoule dans chaque pièce et rarement une prise.
Par la suite la puissance
installée permis d’alimenter un minimum d’appareils électriques et d’améliorer
l’éclairage et en 2000-2001 une installation moderne et aux normes a été
réalisée.
Jusqu’en 1953, il n’y avait pas
de téléphone à La Vigne. Pour téléphoner, il fallait courir à Valette, lieu le
plus proche où se trouvait un appareil accessible au public, dans la maison de
la famille DEZON. Le télégramme palliait souvent ce manque de communication, il
était porté jusqu’à La Vigne, en vélo, par des Nexonnais de bonne volonté.
En 1954 la santé de Félix MAZEAUD
déclinant sérieusement, il devenait indispensable de disposer d’un moyen de
communication rapide. Son fils Henri fit de nombreuses démarches et obtint,
courant 1954, un branchement sur Nexon, via Saint Hilaire les Places, avec le numéro
17. En 1965 un grand progrès a lieu avec un branchement direct sur Nexon, avec
le numéro 117, pour devenir aujourd’hui le 05 55 58 11 17.
Hommage au Président Félix Mazeaud, lors de l’audience solennelle de
rentrée de la Cour de Cassation le 3 octobre1955.
« Monsieur le premier président
Mazeaud a laissé à la Cour de cassation un grand souvenir.
Je n’ai eu l’honneur de le
rencontrer qu’une seule fois, alors que, déjà à la retraite, il venait au Tribunal
de la Seine assister à la remise de la croix de la Légion d’honneur à son fils,
notre collègue Jean Mazeaud.
Il avait conservé ce regard aigu,
qui avait dû, en dépit de sa bonté, intimider tant de jeunes magistrats. Je le
fus pour ma part, frappé par une réserve et une discrétion qui n’excluaient
cependant pas une irrésistible impression d’autorité.
Né à Limoges, en 1875, lauréat de
la Faculté de Lille, monsieur Mazeaud est entré dans la magistrature en 1900 ;
et nous pouvons penser que s’il a choisi d’être juge, c’est dans un libre
mouvement vers une activité toute dominée par la morale.
Tout de suite, il s’est imposé
par des qualités exceptionnelles : « Grand travailleur, magistrat remarquable
par son savoir, son intelligence et la finesse de son esprit ». Telle est
l’appréciation des chefs de Cour sur le jeune magistrat qui avait devant lui le
plus bel avenir.
Après quatre ans passés en
Bretagne, à Lannion, à Rennes, à Quimper enfin où il succède, comme procureur,
à monsieur Le March’hadour, dont nous n’avons pas perdu le souvenir, il est
nommé, en 1908, substitut du Procureur Général, à Lyon. Il a trente-trois ans.
C’est dans ce grand ressort, où
déjà il a su donner toute sa mesure, que le surprend le conflit de 1914. Il
part comme commissaire du Gouvernement dans un Conseil de guerre. Il exerce ses
fonctions sur le Front, il y reçoit la Croix de guerre et, lorsque les chefs de
la Cour de Lyon le présentent en vue de sa nomination au poste d’avocat
général, ils rappellent les services qu’il a rendus dans ces juridictions
militaires et les épreuves auxquelles il y a été soumis, ils ajoutent qu’elles
sont un nouveau titre et non des moindres à l’avancement qu’il mérite.
Cet avancement, monsieur Mazeaud
l’obtiendra bientôt : avocat général, puis chef du Parquet de la seconde ville
de France, il a à connaître des affaires les plus importantes, et fait
apprécier son tact et sa fermeté, aussi est-il placé, en 1927, à la tête du
Parquet général d’Amiens. Pendant dix ans, monsieur Mazeaud exercera les plus
hautes fonctions judiciaires de cette Cour, dont il deviendra premier
président, en 1930.
Et c’est ainsi qu’une nouvelle
carrière s’ouvre devant lui, celle de magistrat du Siège qu’il commence par les
sommets. Il y sera vraiment lui-même, je veux dire : un grand juriste.
Sa réputation, déjà, s’est
étendue au-delà des frontières ; il avait été appelé, en 1925, à, faire, en
Pologne, une série de conférences sur l’institution du jury en France, qui
contribuèrent au prestige de notre pays.
A Amiens, le premier président
Mazeaud imprimera à la jurisprudence la marque de sa forte personnalité,
notamment en ce qui concerne la protection de la famille ; mais c’est surtout
en matière de responsabilité qu’il va prendre parti sur de nombreuses questions
que le développement de la science et de la technique rend à la fois nouvelles
et fréquentes.
Aussi ces questions
deviennent-elles sa spécialité lorsqu’il vient siéger, à partir de 1956, à
votre Cour.
La responsabilité civile, nous
savons tous combien le nom de Mazeaud est attaché à ce domaine, si important en
droit moderne. Eh bien ! messieurs, la plupart des arrêts rendus alors en cette
matière, et qui vont orienter la jurisprudence, sont le résultat de ses
travaux.
C’est ainsi qu’il sera appelé à
occuper un des premiers postes de la magistrature française : la présidence de
la chambre des requêtes lui est bientôt confiée.
Pendant cinq ans d’un labeur
écrasant, il préside cette assemblée qui, déjà sous l’Ancien Régime, réglait le
rythme des affaires au Conseil des parties, et dont la disparition s’est fait
sentir dans l’afflux des causes civiles et commerciales toujours plus
nombreuses.
C’est là qu’il rend le premier
arrêt formel sur le calcul de l’indemnité d’après la valeur du dommage au jour
où la décision est rendue. C’est là qu’il affirme encore une fois son
attachement à un certain idéal moral et social qui a été celui de toute sa vie.
C’est que, dans toute l’acception
du terme, monsieur le premier président Mazeaud a été ce que l’on appelait
jadis, un grand libéral.
Un grand libéral, c’est un homme
qui, dans le libre jeu de sa propre personnalité, garde un respect profond de
la personne et de la dignité humaine.
Un grand libéral, monsieur le
premier président Mazeaud l’a été avec sérénité, mais aussi avec courage. Aux
jours sombres de l’occupation, il a refusé d’accepter ce que d’aucuns
appelaient l’ordre et qui n’était que la cristallisation d’un affreux désordre.
Ses trois fils s’étaient jetés
dans la résistance active, où ils ont fait partie du groupe « Alliance ». En avril
1944, Léon Mazeaud est arrêté alors qu’il transmettait par radio des
renseignements sur les aérodromes ennemis. Il ne rentrera qu’en 1945, après
avoir subi le martyre des camps allemands.
Cette déportation, elle avait été
pour le président Mazeaud, un coup terrible, il le supporta avec le courage de
l’homme fort : en mai 1944, alors que son fils venait de tomber aux mains des
Allemands, il avait refusé, sous la menace du revolver, de saluer un drapeau de
la milice.
Père des professeurs Henri et
Léon Mazeaud, et de notre collègue, le conseiller Jean Mazeaud, il était
lui-même fils de magistrat. Dans ce foyer, qui était vraiment la maison des
juges, il vivait avec simplicité et noblesse. Imprégné de culture classique, il
appartenait à une génération où l’on lisait encore le latin.
Aimant les livres et la musique,
ses seules distractions étaient d’aller au concert ou de lire à ses enfants, le
soir, les grands classiques ; il adorait Racine.
Les vacances, cependant, le
ramenaient à la montagne, car l’équilibre de sa nature avait permis à cet homme
de cabinet d’être aussi un sportif : ne l’a-t-on pas vu, à soixante ans, se
briser une jambe en faisant du ski.
Aussi, dans la retraite, il est
resté un grand serviteur. Lui qui s’était dévoué à notre vieille amicale, dont
il fut président, avant la création de l’Union fédérale, il se consacra
désormais à la Commission supérieure des dommages de guerre, tout en continuant
à donner son concours à l’association Capitant et à rédiger pour le Sirey des
notes nombreuses et remarquées.
Et puis, l’hiver dernier, à la
suite d’un refroidissement, il s’est alité. Quelques jours après, il s’est
éteint dans son sommeil, avec calme et sans souffrance.
Il avait gardé jusqu’au bout
cette sérénité qui est la marque d’une certaine qualité d’âme. Un grand
magistrat et un grand Français nous avait quittés pour toujours.
A madame Félix Mazeaud, aux
professeurs Léon et Henri Mazeaud, à notre collègue Jean Mazeaud, nous
adressons nos condoléances les plus émues.
Témoignage de Roland DUMAS
Roland Dumas, Le Fil et la Pelote
: Mémoires – Plon -1996
La deuxième personne à laquelle
je me suis adressé était le professeur Henri Mazeaud, professeur de droit civil
chargé de la première année de licence a la faculté de Paris. Ils étaient deux
frères jumeaux, Henri et Léon. Leur ressemblance était telle qu’on les prenait
l’un pour l’autre. ]’avais entendu dire que Henri Mazeaud émaillait ses cours
de propos favorables à la Résistance. Il fallait du courage pour parler de la
sorte dans un amphithéâtre ouvert au public, devant un parterre d’étudiants
dont les appartenances étaient diverses, au début de l’année 1944. Me prévalant
de ma situation universitaire, je lui rendis visite à la fin d’un de ses cours.
C’était un homme grand, mince, l’air grave. Il ne souriait jamais. Il me
conseilla de ne plus mettre les pieds à la faculté de droit, imaginant que mon
« affaire » de Lyon m’avait suivi et avait laissé des traces et que le premier
travail de la police serait de me rechercher place du Panthéon.
Quand je lui dis que j’étais sans
papiers d’identité, il m’adressa au greffier en chef de la faculté avec lequel
il entretenait les meilleures relations et qui s’occupait du travail
administratif, en particulier des inscriptions. Je compris par la suite qu’il
était lui-même engagé dans la Résistance. Bonacorssi était connu de tous les
étudiants. Il me reçut dans son bureau, ferma les portes, me donna rendez-vous
pour le lendemain. Il me remit une fausse carte d’identité. J’étais désormais
Robert Faure, né à Bourges. J’avais en même temps une panoplie de papiers
d’inscription à la faculté sous ce nom.
Henri Mazeaud me reçut chez lui,
rue Lesueur, pour me présenter à un chef de commando de la région parisienne
avec lequel je repris mes activités. Interdit de séjour à la faculté de droit,
je me rendis dans un établissement où je n’étais pas connu : l’Institut des
études hispaniques, rue Gay-Lussac, ou j’avais, à tout hasard, pris une
inscription qui n’avait pas eu de suite. Le directeur en était Marcel
Bataillon. Je connaissais Marcel Bataillon, professeur d’espagnol à la
Sorbonne, de réputation. Il avait fait partie du Comité des antifascistes des
années trente.
Candidat pour le compte du Front
populaire en Algérie, il avait reçu l’appui d’André Malraux, venu faire
campagne pour lui car la réunion publique n’était pas son fort.
De ces quatre années de grande
vadrouille, je gardai la « blessure singulière » qui ne se referme jamais,
selon le mot du poète, mais aussi le souvenir exaltant de gens simples et
généreux, de trois professeurs d’université qui, sans le savoir, s’étaient
relayés pour m’aider à franchir la partie du chemin qui fut la plus difficile
pour moi. Tous trois, Henri Mazeaud, Marcel Bataillon, Charles Cestre,
moururent très âgés. Je me suis toujours plu à croire que la beauté de l’âme
est pour quelque chose dans la longévité du corps.
Réception de Henri Mazeaud à l’Académie vendredi 23 janvier 1970
Allocution de M. le Doyen Alain
Barrère
Monsieur le Président,
Messieurs les Membres de
l’Institut,
Mon cher collègue,
Mesdames, Messieurs,
En accueillant parmi les siens un
professeur de notre Faculté, l’Académie des Sciences Morales et Politiques a
tenu à rendre hommage à son talent, à sa compétence et à la grande part qu’il a
prise au développement des disciplines juridiques.
En même temps, elle permet à
notre Maison de recevoir, en cette occasion, de nombreuses personnalités qui, à
des titres divers, se réclament de préoccupations identiques aux siennes. Mais
aussi se rassemblent ceux qui, lui ayant apporté en un moment de leur vie leur
propre activité, n’ont pas cessé de lui appartenir. A tous ces amis que le
Doyen de la Faculté accueille avec joie, je tiens à dire merci. Vous me
permettrez aussi d’adresser à Monsieur le Président René Cassin, professeur
honoraire de la Faculté, Prix Nobel de la Paix, l’expression de nos sentiments
d’admiration et de respectueux attachement.
C’est sans nul doute, Monsieur et
cher Collègue, dans l’atmosphère familiale qu’a pu naître et se confirmer votre
vocation de juriste, puisque aussi bien les hommes de droit vous ont toujours
entouré et vous entourent : votre grand-père fut un haut magistrat, votre père
était Premier Président honoraire de la Cour de cassation, où l’un de vos
frères siège comme Conseiller, alors que l’autre est à vos côtés dans notre Faculté.
Cette vocation s’est affirmée
bien vite en vous, puisque, à 19 ans, vous obteniez à Lyon votre licence et que
deux thèses remarquées vous valaient, deux ans plus tard, le grade de docteur.
Votre orientation paraît, dès cette date, précisée : vous vous orientez vers la
préparation de l’agrégation de droit privé. Vous faites vos premières leçons en
1924, à la Faculté de Droit de Lille qui vient de vous offrir une charge de
cours. Déjà votre jeune enseignement connaît ses premiers succès ; ils ne tardent
pas à mériter la consécration : elle vous est donnée par la place de premier
qui vous échoit à la sortie du concours de 1926. Vous revenez ainsi agrégé à la
Faculté de Lille qui a vu vos débuts de professeur.
Commence alors une carrière
scientifique, épanouissement des promesses que renferment vos thèses de
doctorat et qui se poursuivra, qui se poursuit encore, sans retours, ni
défaillance. Il ne m’appartient pas d’en retracer les étapes et les œuvres
marquantes ; ceci sera fait par une compétence plus autorisée que la mienne,
mais je puis dire que l’enseignement et la recherche sont toujours demeurés en
vous étroitement associés.
C’est dans cette atmosphère de
travail que votre carrière se déroule. En 1930 vous êtes nommé professeur
titulaire à Lille ; vous y demeurez en tout quatorze années, trop brèves
assurément pour le souhait de vos collègues et de vos étudiants. Mais Paris
vous appelle.
Notre Faculté vous confie en 1938
la charge du cours d’enregistrement et, dès le 1″ janvier 1939, vous occupez un
poste d’agrégé.
Mais, entre-temps, votre
notoriété scientifique a déjà attiré sur vous l’attention des juristes
étrangers. On vous demande en Pologne et, conscient de l’importance du
rayonnement intellectuel de la France à l’étranger, vous acceptez le poste de
professeur qui vous est offert par l’Université de Varsovie, où vous devenez
bientôt Directeur de l’Institut français, puis Chef de la Mission Universitaire
française en Pologne.
Vous me permettrez d’évoquer un
nom : celui du collègue qui fut alors appelé de Toulouse à Paris pour vous
suppléer pendant votre séjour polonais. Je dois personnellement beaucoup trop
au professeur Jean Plassard, pour ne pas profiter de l’occasion qui m’est ainsi
offerte d’évoquer son nom. Mais, pour lui, comme pour vous, la guerre allait
interrompre la carrière universitaire.
Vous êtes appelé par la
mobilisation en septembre 1939 et versé dans l’administration militaire. Mais
votre ardeur ne peut se satisfaire de ce poste et vous demandez votre
affectation dans une unité combattante. On se souvient alors de votre récent
séjour en Pologne, de la réussite qui a marqué vos efforts, comme vous-même
sans doute voulez témoigner de votre amitié pour la nation qui vous a
accueilli. Aussi êtes-vous demandé dès le mois d’octobre par la Mission
militaire franco-polonaise.
Toutefois, ceci ne saurait vous
suffire ; et lorsque se prépare l’expédition de Norvège, vous voulez être
affecté à la Brigade polonaise qui va se diriger vers le nord de l’Europe. Vous
êtes alors nommé sous-lieutenant. Puis après avoir demandé votre mutation dans
l’infanterie et avoir été affecté au détachement français qui part pour la
Norvège, vous participez à la campagne de Narvik, où votre bravoure est
signalée par une élogieuse citation à l’ordre de la Division.
L’armistice vous ramène en France
par un détour à Casablanca et vous allez pouvoir reprendre votre place à la
Faculté de Paris, pour enseigner. désormais votre matière de prédilection : le
droit civil.
Vous y êtes bientôt nommé
professeur sans chaire, puis professeur titulaire, à la suite d’un vote du
Conseil qui fait sur votre nom l’unanimité des votants, lesquels sont, à
l’époque, au nombre, qui nous laisse aujourd’hui songeurs, de 22.
Mais le hasard des attributions
de chaires, au gré des vacances de cette époque troublée, vous a réservé ses
malices. Puis-je me permettre de relever que la fiction administrative fait
alors de vous un professeur d’économie politique ? Mais tout rentre bientôt
dans l’ordre, dans l’ordre du droit et de la raison, puisque vous êtes bientôt
muté de la chaire d’économie et législation industrielle dans celle de droit
civil que vous ne quitterez plus.
Allez-vous demeurer calmement à
dispenser vos cours et à commenter les arrêts, alors que la France est encore
aux prises avec les malheurs de la guerre ?
Vous n’avez pas tardé, du haut de
votre chaire, à préciser à vos étudiants vos sentiments sur le devoir de
continuer la lutte. Mais ce serait mal vous connaître qu’imaginer qu’il vous
serait possible de rester inactif.
Vous entrez dans la résistance où
vous êtes bientôt chef de secteur au réseau Alliance, ayant sous votre autorité
la direction du secteur Somme-Oise-Seine-Inférieure et celle du secteur
Nord-Pas-de-Calais que vous avez entièrement reconstitué à la veille de la
Libération. Faut-il dire que vous procédez de votre appartement parisien à des
émissions de radio clandestines, participez à la rédaction et à la diffusion de
la presse de la Résistance, que vous procurez aux étudiants désireux d’échapper
au service du travail obligatoire les papiers qui leur sont nécessaires ? La
croix d’officier de la Légion d’honneur, une citation à l’ordre de l’armée et
la rosette de la Résistance viendront consacrer l’importance de votre action,
car vous vous êtes engagé au mois d’octobre 1944 à la 1re division blindée polonaise
et vous avez fait les campagnes de Hollande et d’Allemagne.
La paix revenue, vous reprenez
place à la Faculté ; vous continuez l’œuvre un moment interrompue pour des
tâches plus immédiates et autrement exigeantes.
Votre maîtrise scientifique va
s’affirmer avec une autorité reconnue, même par ceux qui ne partagent pas vos
opinions ; elle sera invoquée dans les travaux de vos collègues, dans les
controverses juridiques, comme dans les conseils et les congrès.
L’étranger veut bénéficier de
votre savoir. Commencent alors ces nombreux périples qui vous mèneront en
Belgique, en Suisse, au Canada, en Amérique Latine, en Afrique du Nord, en
Afrique Noire, en Asie, en Océanie. Honorant votre compétence et consacrant
votre œuvre, les titres de docteur honoris causa vous sont conférés par les
Universités de Liège et de Montréal, vous êtes nommé à des grades importants
dans les ordres étrangers, alors que vous étiez déjà chevalier de la Légion
d’Honneur depuis 1938, officier depuis 1948 et Commandeur des Palmes Académiques
en 1961.
Il ne me revient le soin ni de
parler de votre œuvre scientifique, ni de votre emprise sur vos collègues. ni
de la formation donnée à vos élèves. Il me reste à dire qu’une nouvelle
consécration vous attendait : celle que l’Institut de France vient de vous
accorder. Là encore, il m’appartient de m’effacer devant plus autorisé que moi.
Mais, par contre, me revient le soin de vous dire que ce n’est pas sans fierté
que la Faculté voit encore un de ses membres accueilli par l’Illustre Compagnie.
Notre Maison cède-t-elle à un sentiment égoïste en pensant qu’à travers ses
professeurs, c’est aussi ce qu’elle représente qui est honoré et l’importance
de sa mission qui est reconnue ?
Comme nous vous félicitons de
l’hommage rendu à votre science et à votre talent, nous nous félicitons
nous-mêmes de l’honneur qui rejaillit sur notre Faculté !