Le 7 mai 1945, à 2 h 41, l’armée allemande signe sa reddition à Reims, dans l’actuel lycée Roosevelt qui abritait alors le Quartier général des Forces alliées (Supreme Headquarters Allied Expeditionary Force). La reddition allemande est signée par le maréchal JODL en présence des généraux américains SMITH et EISENHOWER (resté dans son bureau à l’étage), du général français SEVEZ et du général soviétique SOUSLOPAROV, les combats devant cesser le 8 mai à 23 h 01. L’acte signé est purement militaire.
À aucun moment, à Reims, les Français n’ont été associés aux préliminaires qui ont débouché sur la signature de l’acte de capitulation : pas de drapeau français, pas de version française de l’acte de capitulation.
Le général SEVEZ, adjoint du général JUIN, chef d’État-major de l’armée française, qui se trouvait alors aux États-Unis où il représentait la France à la Conférence de San Francisco réunie pour adopter la Charte des Nations-unies, a été convoqué à Reims à la dernière minute. Introduit au dernier moment dans la salle des cartes, le général SEVEZ est invité à signer comme simple témoin ; son nom a été ajouté en bas de l’acte, tapé en hâte avec une autre machine à écrire.
Cette signature provoque la fureur de Staline qui veut que la capitulation allemande soit signée à Berlin, occupée par l’Armée rouge.
Une nouvelle signature a donc lieu dans la nuit du 8 au 9 mai à 0 h 16 heure russe soit à 23 h 16 heure de l’Ouest et donc le 8 mai. La cérémonie se déroule dans une villa de la banlieue Est de Berlin, à Karlshorst, quartier général du maréchal JOUKOV. L’acte de capitulation a été signé par l’amiral Von FRIEDEBURG et le maréchal KEITEL.
Cette fois-ci la France était représentée par le chef de la 1ère Armée française, le général de LATTRE de TASSIGNY. En arrivant à Karlshorst, il exige qu’un drapeau français soit joint aux drapeaux américain, soviétique et britannique dans la salle de capitulation. Puis il dut convaincre les Alliés anglo-saxons de le laisser signer au nom de la France. Il fut finalement admis à signer comme témoin, à la demande des Soviétiques, permettant de faire reconnaître la France au rang des pays vainqueurs. L’honneur était sauf.
L’annonce de la capitulation par le Populaire
Les nexonnais qui lisent le journal apprennent que la capitulation sera annoncée ce jour par les chefs alliés, c’est à dire le 8 mai. Les habitants commencent à sortir les drapeaux bleu, blanc, rouge et les accrochent aux fenêtres, ils sortent dans les rues mais c’est surtout le lendemain, le 9 mai, que la foule va envahir les rues…
Le matin du 9 mai la radio d’abord et le journal ensuite, quand il arrive chez les marchands de journaux et encore plus tard chez les abonnés, annoncent que la capitulation allemande a été signée.
Les délais entre la signature de la capitulation peut sembler long, mais il était nécessaire pour que les ordres soient donnés à toutes les troupes en Europe avant de l’annoncer à la population.
La réaction des nexonnais.
Les enfants se déguisent et défilent dans les rues, les gens se rassemblent discutent, deux petits canons sont amenés devant la mairie et la victoire va être annoncée par des tirs d’allégresse, un bal est organisé sur l’esplanade de la gare.
Mais on peut être surpris de l’absence de manifestation officielle. En fait l’élection du nouveau conseil municipal a eu lieu le 29 avril. Ont été élus : ABEILLON, BECHADE, BECHADE Germain, BREIX, BUISSON, CHABRIER, CHAUVIER, DESMOULIN, DUDOGNON, LALLET, LARCHER, LATHIERE, MAGNAUD, MENICOT, MOURIER, MONTY, NARDOT, PAULIAT, PERRIARD, PRADEAU, RIVIERE.
Le maire en poste, Roger GAUMY, élu le 22 septembre 1944 après la victoire de la résistance ne se représentait pas et le nouveau conseil ne s’était pas encore réuni pour élire le nouveau c’est lui qui exerce officiellement la fonction de maire. C’est donc d’une manière spontanée que les choses se passent et que la fête s’organise. Le nouveau conseil se réunira le 18 mai et Mathurin PAULIAT sera élu Maire.
Les drapeaux sortent, les maisons sont décorées, les enfants se déguisent, le canon est sorti et gronde, on danse… LA GUERRE EST FINIE, C’EST LA VICTOIRE…
Madame VIGNERON a réalisé une série de photos qui retracent cette journée.
Ce sont les enfants qui réagissent les premiers. Il n’y a pas encore de drapeaux aux fenêtres qu’ils se déguisent et défilent dans les rues.
Très vite des cortèges se forment. Partant de la gare les enfants suivent l’attelage de René LASPOUGEAS dit « La Gazette » ou « Fléfette ».
Dans le bourg les gens sont sortis et se rassemblent.
Il n’y a pas de fête sans un bal populaire. Les jeunes en ont été privés puisqu’ils furent interdits. Alors ils se regroupent sur l’esplanade de la gare. On tire également au canon et un bal est improvisé.
Dans les communes voisines c’est la même liesse populaire, comme ici à Meilhac ou s’est rendue une délégation nexonnaise.
A Saint Hilaire les places c’est également la joie de la Victoire.
Le 8 mai jour férié et chômé en France depuis 1981
Dès 1946, la France choisi de commémorer la fin des combats de la Deuxième Guerre Mondiale, le 8 mai de chaque année (loi du 7 mai 1946). En 1947 et jusqu’en 1951, la commémoration perd de son importance. Mais les associations d’anciens combattants réclament la reconnaissance du 8 mai comme jour férié et chômé et elles organisent ainsi leur propre manifestation.
L’adoption de la loi du 20 mars 1953 clarifie la situation : le 8 Mai est déclaré jour férié mais non chômé.
En 1959 (décret du 11 avril 1959), dans une logique de réconciliation avec l’Allemagne, le Général de Gaulle supprime le caractère férié de ce jour et fixe la date de la commémoration au deuxième dimanche du mois de mai. Puis le décret du 17 janvier 1968 décrète que le 8 mai sera commémoré chaque année, à sa date, en fin de journée.
En 1975, le président Giscard d’Estaing, dans la lignée du général De Gaulle de se réconcilier avec les Allemands, supprime la commémoration de la victoire alliée de 1945. Cette décision suscite un tollé des associations d’anciens combattants.
En 1981, le président Mitterrand prend le contre-pied de son prédécesseur. Il rétabli la commémoration de la victoire de 1945 le 8 mai de chaque année et en fait du un jour férié et chômé.
On peut noter que ni les Anglais, ni les Américains ne chôment le 8 mai bien qu’ils aient de bonnes raisons pour commémorer cet anniversaire. Quant aux Russes, c’est le 9 mai qu’ils célèbrent la capitulation de l’Allemagne, la cessation des combats ayant été enregistrée ce jour-là à Moscou.
Sur le coté Est , faisant l’angle avec la rue Victor Hugo, autrefois rue du Centre, se trouvait l’Hotel de France. Depuis la place on ne voyait son nom que sur l’écurie – remise. Jusqu’aux années 1920 la plupart des voyageurs venaient en train ou en voiture attelée. D’un côté il fallait loger les hommes, de l’autre les chevaux. Dans les hôtels de luxe les écuries étaient comparables à celles des châteaux.
Après l’Hotel de France le rez de chaussée de l’immeuble a été transformé en épicerie à l’enseigne DOC, succursale des Docks de France puis en agence d’assurance. Nous verrons ceci avec la rue Victor Hugo
-Numéro 1, place Annie Fratellini
C’était autrefois la maison d’habitation des propriétaires de l’Hotel de France, la famille BOURDEIX. Le rez de chaussée a été transformé en cordonnerie. Elle était tenue par M. Henri DUDOGNON (1907-1989). Il habitait au premier étage avec sa femme Germaine, née PIQUET (cousine de Mme VIGNERON) et leurs trois enfants Yvonne, Jean et Marie (dite Ninou).
Après la fermeture de la cordonnerie la maison a retrouvé sa fonction initiale et est redevenue maison d’habitation.
Numéro 2
A la fin des années 1920, un salon de coiffure pour hommes à été créé à cet endroit par M. Jean DEBORD (1904-1977). En 1967 Marie Noëlle DEBORD le transforme en salon de coiffure pour femme et le baptise « Salon Gisèle », son troisième prénom. . Elle va le tenir pendant 50 ans et cesse son activité le 31 décembre 2016. En janvier 2017, Mme Mireille BONNETAUD-AUVERT ouvre son salon qui devient Naturel Coiff’.
Numéro 2 bis
C’étaient autrefois les écuries de l’Hotel de France.
En 1942, les lettres de l’enseigne se sont estompées mais l’allure n’a pas changée.
Puis quand le lavoir de la fontaine a été démoli il ne resta plus qu’un robinet. L’enseigne pour la remise n’était presque plus lisible.
Aujourd’hui c’est une maison d’habitation et la fontaine est à peine visible de la place, cachée qu’elle est par les voitures.
Numéro 2 ter
Cette maison, faisant l’angle avec la rue Saint-Ferréol, est l’ancienne maison de Louis FOUILLAUD, peintre, associé à son frère, Henri. Ils avaient pris la suite de leur père dans leur entreprise de peinture. Robert FOUILLAUD a continué le métier de son père Louis.
De leurs fenêtres du premier étage les FOUILLAUD pouvaient regarder le lavoir.
Le lavoir de la Mazerole à l’angle de la place et de la rue Saint Ferréol
Coté sud de la Place
De ce coté de la place, on se trouve dans le prolongement de la rue Saint Ferréol.
Numéro 3.
On est face à un bel immeuble, avec deux parties séparées par un porche.
La partie gauche abritait, depuis le début des années 1900, l’Hôtel du Champ de Foire tenu par M. GUYOT. Je ne sais pas s’il est de la famille des bouchers ? Par la suite il fut tenu par la famille NOUAILHAS et leurs deux filles, Marthe et Marcelle Monsieur NOUAILHAS était également laitier.
L’Hotel du Champ de foire en 1942
C’est bien parce que les foires se déroulaient sur cette place que l’hôtel a pris ce nom. Les foires ce sont déplacées sur la place de la République après la démolition de l’ancienne mairie. Le monument aux morts y a été érigé et après son déplacement à côté du cimetière, après la Deuxième Guerre Mondiale les foires y ont eu lieu.
Aujourd’hui il n’y a plus d’hôtel, c’est une maison d’habitation.
A gauche débute la rue saint Ferréol
Au numéro 4 actuel c’était la Poste. Celle ci a déménagé plusieurs fois, d’abord dans l’actuelle rue Gambetta puis place de la République. C’est devenu ensuite le bar et la salle de spectacle CHARREIX.
Pratiquement deux fois par mois des pièces de théâtres sont présentées aux nexonnais
Même pendant la guerre des concerts sont donnés :
5 avril 1942
24 avril 1943
La salle est également utilisées pour des réunions, des assemblées, des mariages et des bals.
C’est aussi l’atelier de Monsieur Henri CHARREIX, plombier, zingueur, couvreur… Ils sont apparentés aux PERRIARD de la rue Gambetta.
Avec la construction de la salle des fêtes les salles de bal privées ont perdu de l’activité, le bar perd sa clientèle et l’ensemble n’est plus entretenu. Le bâtiment est acheté par M. David BONNEAU, entrepreneur de maçonnerie à Valeix sur la commune de Nexon. Après l’avoir rénové, le 1er janvier 2014 il y transfert le siège social de son entreprise qu’il cède en mai 2016 à Cédric RIMBAUX.
Entraid’service, entreprise de service à la personne s’installe également dans ces locaux et après son dépôt de bilan locaux de l’agence sont repris par le réseau Free Dom qui poursuivant son expansion en France ouvre en juin 2017 sa deuxième en Haute-Vienne.
Numéro 5
A l’origine c’est la maison de la famille JOUHAUD, marchand de petits cochons. Puis elle deviendra la poissonnerie de M. BREUIL et de son épouse, Bernadette LAGORCE, (fille des LAGORCE épiciers). Madame BREUIL y habitait jusqu’à son décès en 2020. Elle était alors la plus ancienne habitante de la Place.
A gauche, volet baissé l’ancienne poissonnerie, à droite la fenêtre du salon
En prolongeant, vers l’ouest, la maison contiguë est dans la rue des écoles. C’est une belle maison en pierres qui appartenait au baron de Nexon. C’est ici que logeaient les palefreniers, la cour arrière servait d’espace pour la saillie des juments du haras. Elle a été acquise par M. Robert FOUILLAUD, peintre, et son épouse Denise.
3 rue des Ecoles
L’entreprise est d’abord localisée au n°1 puis au n° de la rue des écoles
Numéro 6
C’est un très beau bâtiment du 19ème siècle se composant de deux maisons en équerre formant une cour intérieure bordée au sud par des communs qui longent la rue des écoles. Ceci explique les deux portes d’entrée sur la façade que l’on remarque sur les cartes postales anciennes. Aujourd’hui les deux maisons communiquent par le rez de chaussée et le deuxième étage.
La seconde porte a été transformée en fenêtre dont on voit l’assise. La glycine est toujours làLa glycine a été arrachée, le crépis enlevé et les pierres mises en valeur
Le Docteur THOMAS et sa famille habitaient dans cette belle demeure. Sa petite fille Claude était dans la même classe que Rose VIGNERON, épouse FORGERON, à l’école libre.
Après le Docteur THOMAS la maison a été vendue à la famille JOUHAUD,marchand de petits cochons. Ensuite, c’est le docteur Thierry LE BRUN qui a acheté la maison, au début des années 2000. Il quitte Nexon en 2008 et M. Jean Pierre BEL et son épouse achètent la maison. Elle est mise en vente à la fin de l’année 2019.
Au numéro 7 il y avait la boulangerie PRESSICAUD.
Il y a du monde !
Elle figure déjà dans les annuaires de 1897 mais elle doit dater de 1891. En effet Louis PRESSICAUD, âgé de 29 ans et de son état boulanger avec ses parents à Saint Just, épouse le 2 décembre 1890 à Nexon, Marguerite AUDEVARD dont les parents possèdent un café. On peut supposer que le café a été remplacé par la boulangerie que son mari a créé.
Acte de mariage de Louis PRESSICAUD et Marguerite AUDEVARD à Nexon le 2/12/1890
Louis PRESSICAUD n’a pas exploité la boulangerie pendant de longues années. Il la cède à Aristide MARTIGNE. En décembre 1924, celui-ci le revend à la société anonyme « L’Avenir du Centre Ouest » dont le siège social était au 63 rue François Chénieux à Limoges. Le directeur était M. BERLAND et à cette adresse la société exploitait une épicerie. L’acte spécifie que la boulangerie est connue sous le nom de « Boulangerie PRESSICAUD ».
En 1934 le fond est de nouveau vendu à M. Léon BOUBY (1902 – 1962) qui, né à Saint Cyr, a épousé le 7 décembre 1928 une nexonnaise, Marguerite BONNET dont les parents étaient aubergistes à la Croix de Valette à Nexon.
De grands travaux sont réalisés et à la place de la vieille bâtisse un immeuble moderne est construit. La boulangerie est devenue le Café Moderne, tenu par M. GIBAUD. Dans le « Tout Limoges et Limousin » on lit « Café Moderne- F. GIBAUD, place du Champ de Foire, consommations de marque, concert-dancing, pick-up, brasserie, bar, Noces et Banquets, Billard.
La famille MASSY a succédé aux GIBAUD, et après transformations, le café est devenu l’Hôtel-Café-Moderne.
Carte postée le 26 juin 1940En 1943Le Moderne au début des années 1950
Au premier étage la grande salle était utilisée pour les banquets, les mariages et pour les bals.
M. CHAULET a repris le commerce dans les années 1950.
Passionné par le football il est devenu dirigeant de l’A.S. Nexonnaise. Les banquets étaient toujours l’occasion de réunir joueurs, dirigeants et élus municipaux.
Au milieu, chemise foncée, J. Crouzillac, présidentA droite, L.J. Pradeau, maireEn 1961 ou 62 chez CHAULET, banquet de l’Amicale Sportive
Comme d’autres à Nexon, l’hôtel a été fermé et le nom a disparu de l’enseigne qui est devenue « Le Moderne ».
En 2002 le Moderne est repris par Nathalie HYVERNAUD, née DESBORDES. L’établissement cesse son activité en juin 2007. M. Alain RATIER rachète l’établissement et crée LE NOCTAMBULE.
Le Noctambule
Au numéro 8 se trouvaient autrefois les écuries de l’Hôtel de la Poste qui était contiguë. Cet hôtel était tenu, dans les années 1910, par la famille DEFAYE puis dans le courant des années 1920 par la famille LEYMARIE. A la fermeture de l’hôtel de la Poste la famille LEYMARIE a exploité l’hôtel du Nord.
A gauche les usagers potentiels des écuries
Après la démolition des vieilles écuries, un immeuble moderne a été construit. Il appartenait à la famille Jean PRADEAU, propriétaire de la maison d’à coté.
Numéro 8, maison PRADEAU
C’est le fils, Louis Jean PRADEAU (1909 – 2012), huissier de justice et maire de Nexon de 1946 à 1965 qui s’y installa.
Après l’arrêt de l’activité de M. PRADEAU, le rez de chaussé a été transformé en magasins qui ont connus plusieurs gérants.
On y trouve les Ambulances Nexonnaises. Ces dernières gérées par Agnès BRUZAT puis par Catherine DUMAIN s’y sont installées en juillet 2000. Après le dépôt de bilan en novembre 2018, les Ambulances ont été reprises au début de l’année 2019 par la Société PIRONNEAU dont le siège social est à Saint Yrieix la Perche et deviennent les Taxis Nexonnais.
Du coté droit de l’immeuble il y avait la boutique de Tapisserie d’ameublement de M. Philippe MONAQUE dont l’atelier était à Bel Air. Ouvert en juillet 2012 la boutique a été transférée à Limoges, avenue Georges Dumas, en septembre 2019.
Le tapissier a été remplacé par Marylène RAMBERT qui pratique l’hypnose, le reiki…Son atelier s’appelle L’Etoile à 7 branches.
Au numéro 9 se trouve une maison que nous avons rencontré plusieurs fois (voir le chapitre « Place de la République »). C’est une des cartes postales les plus connues de Nexon car elle est très largement illustrée de personnes en costumes d’époque.
L’hôtel de la Poste et l’épicerie.
L’Hotel de la Poste a été créé au début des années 1930. Il été fermé et transformé par M. Jean PRADEAU en un commerce de vente de produits agricoles.
Sur la porte : Pâtes 1F63 – Beurre 2F75
Puis c’est M. BOUNY qui a pris la suite. Il a fait éditer quelques cartes postales. Ensuite du début des années 1960 jusqu’à la fin des années 1970 ce fut l’épicerie CELERIER.
L’épicerie est devenue ensuite dans les années 1980 une boutique de confection tenue par Madame MAZEAU.
En 1984 le docteur FARRANDO qui exerçait avec ses confrères vétérinaires ATZEMIS et CONORD avenue du général de Gaulle, a acheté l’immeuble et l’a transformé en « Clinique Vétérinaire Saint Ferréol ».
La clinique décorée pour les Ostensions de 2002
Le docteur Joël BESSERON lui a succédé. La clinique a été fermée le 31 octobre 2013.
La clinique est fermée et un panneau « A Louer » est affiché sur la vitrine
Après quelques mois de fermeture, la clinique est transformée en établissement de vente de produits alimentaires.
Travaux avant l’ouverture
La Fromagerie-Épicerie Fine « Crèmerie de Jadis » créée par Gwenaëlle GAUDIOZ a ouvert le samedi 17 décembre 2016. Après quelques mois d’activité la couleur des boiseries a changé.
La place a retrouvé un commerce d’alimentation, comme cela avait été le cas pendant plus de 100 ans.
La façade a changé de couleur
Autrefois se tenait un marché le vendredi. Certains commerçants faisaient de la publicité pour leur stand, comme M. REBEYRAT :
Rebaptisée le 17 juillet 1997, place Annie Fratellini, elle est la deuxième place la plus importante après celle de l’église. Connue au début du XXème siècle comme « place du champ de foire » ou « place du petit marché » ou « place de la mairie » ou encore « place de la fontaine ».
Place du Champ de Foire
Il y a plus de trente ans d’écart entre la première carte, éditée par Desprats vers 1910 et la troisième, éditée par Labidoire en 1939.
Place du Petit Marché
Deux clichés, le premier vers 1908, le second vers 1914. Cette carte postale est intéressante car dans le coin droit, en bas on aperçoit le coin de la fontaine de la Mazerole avec une brouette remplie de linge.
Place de la Mairie
Sur cet angle de prise, à droite de l’épicerie, on voit, à droite, l’ancienne mairie qui sera démolie en juillet 1919. De nombreuses personnes la confondent avec la nouvelle mairie devenue le centre Agora. C’est la proximité cette ancienne mairie qui amène certains à la baptiser « place de la mairie.
Ce qui surprend c’est que la seconde carte postale, éditée par Bouny, lui donne encore ce nom car le cliché a été pris après la démolition de la boulangerie Pressicaud qui a eu lieu au début des années 1930.
A droite l’ancienne mairie
Place de la Mairie
Sur cet angle de prise, à droite de l’épicerie, on voit, à droite, l’ancienne mairie qui sera démolie en juillet 1919. De nombreuses personnes la confondent avec la nouvelle mairie devenue le centre Agora. C’est la proximité cette ancienne mairie qui amène certains à la baptiser « place de la mairie.
Ce qui surprend c’est que la seconde carte postale, éditée par Bouny lui donne encore ce nom car le cliché a été pris après la démolition de la boulangerie Pressicaud qui a eu lieu au début des années 1930.
Pour terminer ce chapitre deux croquis de la place réalisés par Jacques CELERIER qui était professeur au Collège. Au grès de ses promenades dans la commune, M. CELERIER a croqué des paysages, des monuments pour lesquels il a eu un coup de cœur. Parmi ceux-ci l’Office de Tourisme du Pays de Nexon en a retenu trente qui ont fait l’objet d’une édition en 1999.
Voici deux d’entre eux montrant la place Annie FRATELLINI sous deux angles différents.
A venir, un chapitre sur les commerces et leur évolution autours de cette place.
Qui était Annie FRATELLINI ? Comment se fait-il quelle soit venue à Nexon ? Le 9 août 1997, une place de Nexon porte son nom.
I- Qui était Annie FRATELLINI ?
Annie FRATELLINI est une artiste aux talents variés, née à Alger le 14 novembre 1932 elle décède à Neuilly-sur-Seine le 1er juillet 1997.
Son père, Victor FRATELLINI (1901 – 1978) était clown et trapéziste. Sa mère, Suzanne ROUSSEAU (1913 – 1999) était la fille de Gaston Rousseau, dernier directeur du « Cirque de Paris », cirque en dur situé près des Invalides qui a été détruit le 15 janvier 1932. Elle est née à Alger car son père y était en engagement.
« Elle est élevée à la dure par son père qui l’enfermait dans sa chambre pour qu’elle travaille la musique. Quand il entendait le métronome s’arrêter, il ouvrait la porte. Il la surveillait. Il fallait qu’elle apprenne le métier et elle a commencé à travailler et à gagner de l’argent dès l’âge de 13-14 ans. Tous ses cachets étaient remis à la famille. Annie voulait aller à l’école, étudier, être comme toutes ses amies… » (Entretien avec Valérie FRATELLINI dans Hommes & Migrations 2017/4, pages 155 à 157). Elle va à la fois à l’école communale du Perreux et commence à apprendre les métiers du cirque : acrobatie, danse, musique.
En 1948 elle entre en piste pour la première fois à Medrano.
Annie Fratellini intervient en seconde partie
Mais Annie se sentait comédienne et chanteuse et elle a fui le poids de la famille, entièrement engagée dans le monde du cirque. Elle rencontre Philippe BRUN. Il est né en 1908, c’est un grand trompettiste de Jazz qui a monté un orchestre avec Django REINHARDT et Stéphane GRAPPELLI. Elle l’épouse en premières noces, le 13 Avril 1953. Il a 45 ans, elle en a 21. Ils se produisent ensemble dans un numéro musical à l’Olympia en 1955 et 1956. Elle chante dans son orchestre qui joue dans des boites de jazz et des cabarets, en France et en Suisse. Il la fait travailler et, avec son orchestre, elle enregistre ses premiers disques.
1er 45 Tours en 1957
1er Album 33 Tours en 1958
A partir de 1958 elle n’enregistre plus avec Philippe BRUN mais avec une section rythmique composée par Kenny CLARKE ou Sacha DISTEL est à la batterie. Elle chante des chansons écrites par Charles AZNAVOUR, Gilbert BECAUD, Georges GERSHWIN, Charles TRENET, Henri SALVADOR, Boris VIAN…
Annie FRATELLINI accompagnée de Kenny CLARKE à la batterie, Raymond FOL au piano, Pierre MICHELOT à la contrebasse, Roger GUERIN à la trompette et Sacha DISTEL à la guitare.
Elle rencontre en France un petit succès aussi, en 1965, elle part en Roumanie effectuer une tournée ou elle remportera un grand succès.
Rentrant en France elle décide de monter un orchestre de dixieland et passe avec succès à Bobino en 1970, puis entame des tournées dans les cabarets et les boites de jazz… Elle enregistre chez Decca ou chez Ducretet-Thomson de nombreux disques
Au total elle a enregistré 37 disques : 3 albums, 32 disques 45 tours et 2 compilations.
En même temps que sa carrière de chanteuse elle tente sa chance au cinéma. En 1957 elle tourne dans un film en noir et blanc, « Rascel-Fifì » de Guido LEONI dans lequel elle est Barbara, une ballerine de boite de nuit. Puis en 1958 elle est la chanteuse dans « Miss Pigalle » de Maurice CAM et Jeannette dans « Et ta sœur » de Maurice DELBEZ.
Elle rencontre Pierre GRANIER-DEFERRE qui est assistant réalisateur de Marcel CARNE et elle l’épouse. Il lui donne son unique fille Valérie, qui nait le 2 janvier1960. Aujourd’hui Valérie a pris la suite de sa mère et dirige l’Académie FRATELLINI.
Annie continue à tourner. Elle est Mado dans « Zazie dans le métro » de Louis MALLE (1960), Rose dans « Tout l’or du monde » de René CLAIR (1961), et la servante du duc dans « Le Pas de trois » d’Alain BORNET (1964). En 1965, dans le film de son mari, « La Métamorphose des cloportes », elle joue le rôle de Léone, une prostituée.
En 1969 elle est Florence, l’épouse délaissée, dans « Le Grand Amour », que réalise Pierre ETAIX (1928-2016). Passionné par le cirque il connait toute l’histoire de la famille FRATELLINI et tombe vite amoureux d’Annie et il l’épouse.
Dans ce film, Pierre et Florence se marient et vivent une vie douillette chez les parents de Pierre, propriétaires d’une tannerie prospère jusqu’au jour ou la secrétaire de Pierre, la vieille Mme Louise est remplacée par Agnès, une ravissante jeune fille de 19 ans (Nicole CALFAN).
On peut en voir un extrait ici :http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19119172&cfilm=53540.html
Durant l’été 1969, Pierre ETAIX réalise « Pays de cocagne ». Il suit la tournée estivale du Grand Podium d’Europe 1 à laquelle sa femme, Annie FRATELLINI participe. Il recueille le témoignage des participants sur la société dans laquelle ils vivent : les vacances, l’érotisme, le succès artistique, la publicité, la musique, le mariage … et en creux, il dessine le portrait de la France de l’après-Mai 68.
Le film n’est pas apprécié par la critique qui lui reproche sa vulgarité et sa méchanceté et il est boudé par le public.
On peut voir quelques images sur cette vidéo :
https://www.youtube.com/watch?v=1VwN5vXlhUA
A cause du manque de succès de son film il pousse son épouse Annie à revenir vers le cirque. Il lui a dit un jour : « Tu es une Fratellini, tu ne peux qu’être clown. » Pierre outre la réalisation cinématographique était clown, magicien, dessinateur… C’est lui qui a créé les gags de Jacques TATI dans « Mon Oncle ». Il va alors revêtir les habits de clown et devenir un admirable clown blanc sur la piste du cirque Pinder lors de la tournée de 1971 avec son épouse Annie.
Au cours de cette tournée Annie et Pierre remarquèrent qu’il y avait de moins en moins d’artistes français sur les pistes des cirques. Une fois la tournée terminée ils prennent rendez-vous avec Jacques DUHAMEL, alors ministre des Affaires Culturelles. Tous les trois conclurent que le cirque était bien vivant dans les pays où il y avait des écoles. Il était donc urgent de concevoir une école française de cirque.
Pendant ce temps Pierre et Annie continuent à travailler pour le cinéma. En 1971 ils sont acteurs dans le film de FELLINI, « les clowns. Le film provoque la colère d’ÉTAIX : « C’est une vision tellement misérabiliste. Pour FELLINI, les clowns sont soit des alcooliques, soit des débiles… »
Ni lui, ni Annie n’abandonnent totalement le cinéma. En 1990, Pierre joue l’ami d’Henry MILLER et Annie FRATELLINI la patronne d’une maison close dans le film de Philip KAUFMAN, « Henry et June ». Ils ont des second rôles. Ce sera le dernier film d’Annie.
Pendant plus de 10 ans, à la suite d’un imbroglio juridique, les films de Pierre ETAIX ont été bloqués et interdits de diffusion. De nombreuses pétitions ont circulé pour mettre fin à cette absurdité. Parmi elles, celle de Laurent RUQUIER qui a invité Jean-Claude CARRIERE et Pierre ETAIX qui a invité dans son émission, On n’est pas couché, le 2 février 2008 :
En 1973 Jacques DUHAMEL, malade, quitte la politique. Pierre et Annie tentèrent de convaincre les différents directeurs de cirque de soutenir leur projet d’école du cirque. Seul Jean Richard adhère à l’idée et propose même de l’accueillir chez lui à Ermenonville. Mais Pierre et Annie souhaitent installer cette école à Paris.
Pour se rappeler leur talent on peut revoir un duo intemporel sur You Tube ou sur Daily motion : Annie FRATELLINI joue sur un concertina (mini accordéon) un Prélude de Bach que Pierre ETAIX en clown ouvrier vient perturbateur puis il termine en l’accompagnant avec son concertina
Après deux ans de démarches et de nombreux revers, la première école Fratellini-Etaix ouvre dans une Maison pour les Jeunes à Paris. En octobre 1975 un chapiteau, ayant pour nom “Le nouveau Cirque de Paris” est planté dans le 14ème arrondissement ce qui allait devenir le cirque de l’Ecole Nationale.
En 2003 l’École Nationale de cirque devient l’Académie FRATELLINI et s’installe à Saint Denis. L’académie porte aujourd’hui un centre de formation supérieure aux arts du cirque (CFA), qui délivre le Diplôme national supérieur professionnel d’artiste de cirque (niveau licence) après trois années de formation. En plus d’être un lieu de transmission et de formation, l’Académie est un centre de création et de diffusion de spectacles ainsi qu’un pôle d’action artistique et culturelle à l’échelle du Grand Paris. La direction générale est assurée par Stéphane SIMONIN et Valérie FRATELLINI est directrice adjointe et pédagogique.
Et parmi toutes ses activités Annie FRATELLINI a trouvé le temps de passer par Nexon …
II-Comment Annie FRATELLINI est-elle arrivée à Nexon ?
À l’automne 1986, en visite au Salon du Cheval à Paris, Robert LECOMTE, président du comité départemental du tourisme et son directeur, Jacques BOUCHET, s’étaient rendus au stand de l’Ecole Nationale du Cirque Annie Fratellini où se trouvait Jacques GRALL*, enseignant à l’école du Cirque et également éleveur et dresseur de chevaux à Champsac (Haute-Vienne) les présentent à Annie FRATELLINI. Elle leur parle des stages d’été qu’elle organise dans la vallée du Rhône et leur indique qu’elle ne serait pas hostile à l’idée de changer de région.
*Ses deux enfants sont dans le cirque, Luc est acrobate et Yann, directeur de cirque.
En rentrant à Limoges les deux hommes se sont dit qu’il serait intéressant de proposer à Annie FRATELLINI un site en Haute-Vienne, où elle pourrait planter un chapiteau et organiser ses stages dès 1987. Ils ont pensé à Nexon, la commune ayant acquis le château et son parc fin 1983.
Ils ont fait part de cette idée à René REBIERE alors maire de NEXON et Conseiller Général. Il saisit cette opportunité et la présente au Conseil municipal. Après plusieurs réunions au cours desquelles ont été abordés tous les problèmes posés : hébergement des stagiaires, des parents, vente des stages, subventions, partenariats, etc., le conseil municipal décida de s’engager dans l’aventure.
Annie Fratellini découvrit le site de Nexon en février 1987, sous une couche de neige d’environ dix centimètres. Le site lui plut et les négociations sont rapidement engagées. Deux stages sont prévus pour l’été 1987 mais il y a eu tout juste assez de candidats pour un seul stage. René REBIERE souhaitait alors rompre le contrat qui liait la commune avec Annie FRATELLINI mais finalement un arrangement est trouvé et les stages continuèrent l’année suivante.
L’aventure continue, le succès est grandissant, nous y consacreront un chapitre plus tard.
Pendant 10 années Annie FRATELLINI vient à Nexon. Dans un entretien avec Carlos PAREDES publié dans le Magazine INFO du 15 juin 1997 elle parle de sa venue à Nexon du 15 Juillet au 22 août et annonce qu’elle présentera un nouveau spectacle musical qu’elle a travaillé avec l’ensemble de percussions de l’orchestre symphonique régional du Limousin…
1992
1994
Annie FRATELLINI avec René REBIERE (1992) et Daniel FAUCHER, Pierre ETAIX, Patrick VOISIN, Marc DELHIAT, et René REBIERE (1994)
Mais elle n’aura pas le temps de réaliser son projet, Annie FRATELLINI décède le 30 juin 1997. Les nexonnais sont tristes et pour lui rendre hommage, le conseil municipal présidé par Madame Liliane JAMIN décide de donner son nom à la place du marché qui accueillait autrefois les cirques de passage à Nexon.
Au revoir…
III- La place du marché devient la Place Annie FRATELLINI.
La cérémonie a lieu le 9 août 1997, dans l’après-midi, en présence de Valérie FRATELLINI, sa fille.
Liliane JAMIN, qui a succédé à René REBIERE à la tête de la commune, entourée de Valérie, de rené REBIERE, vice président du du Conseil général, des organisateurs du festival, Guiloui KARL et Marc DELHIAT donne les raisons de cette manifestation et le choix de cette place. Une foule nombreuse était présente pour rendre hommage à celle qui a permis à Nexon d’être reconnue dans le monde du cirque, des loisirs et du tourisme.
Centre France Dimanche 10 août 1997Le Populaire lundi 11 août 1997Le Populaire 11 août 1997l’Echo 11 août 1997
Dès le triomphe de la République en 1879 et jusqu’en 1914 des sociétés de Libre pensée se sont créées un peu partout en France. Le Limousin n’a pas échappé à ce mouvement et l’histoire des Libres-Penseurs en Limousin est bien connue grâce aux travaux de Louis PEROUAS.
Les premières sociétés apparaissent à Limoges en 1880 puis en Creuse, dans le Lot et la Charente. Elles sont actives pendant quelques années avant de connaitre une léthargie dont elles sortiront avec le début de l’affaire DREYFUS (1894-1906). L’Association Nationale des Libres-Penseurs de France se constitue en 1902, restructurant une ancienne fédération de 1890. En 1905 un second groupement voit le jour, la Fédération française de la Libre-Pensée. C’est à cette fédération que va se rattacher la fédération régionale créée à Limoges en 1904 à l’occasion du premier congrès régional qui une centaine de délégués de Corrèze, Creuse, Dordogne et Haute-Vienne. La jeune fédération est animée par Emile NOEL, ouvrier imprimeur arrivé à Limoges au milieu des années 1890, très engagé dans l’action syndicale mais aussi politique. Il parcourt la région en donnant de nombreuses conférences et se démène pour créer un périodique. Il y réussira en lançant « Le Libre Penseur du Centre » le 29 octobre 1905. Sa devise est « Tout pour la laïcité par la laïcité ».
*Publié à Limoges, Le Libre Penseur du Centre devient en 1908 Le Libre Penseur du Centre et du Centre Ouest puis en 1910 Le Libre Penseur de France et de Libre Pensée Universelle, sous-titré Journal anticlérical de défense socialiste, républicaine et laïque. Bimensuel. Il réapparaît à Tours de 1920 jusqu’en 1938, à la mort de son principal animateur Emile Noel.
Bandeau du premier numéro
En lisant ce journal on trouve les traces d’un groupe de libre penseur dans le canton de Nexon actif jusqu’au début de la guerre en 1914 grâce au dynamisme de Paul NONATEL de Saint-Hilaire-les-Places (I). Partout la guerre a conduit à la mise entre parenthèse de l’activité de ces groupes. Leur réveil en 1919 a été lent, d’autant plus à Nexon que Paul NONATEL avait été tué au front en 1915. On retrouve une activité dans les années 1930 avec la montée du fascisme en Europe (II).
I-Le Libre penseur du Centre et le canton de Nexon jusqu’en 1914
C’est en parcourant les numéros de ce périodique que l’on peut se faire une idée de l’importance de ce mouvement de pensée dans les différentes régions. Le principal rédacteur du journal était Emile NOEL lui-même pour les articles de portée nationale. Les chroniques locales étaient alimentées par un réseau de correspondants dont la plume était plus ou moins féconde.
Pour le canton de NEXON, le correspondant était un feuillardier de Saint-Hilaire les Places, Paul NONATEL, qui a joué un rôle important dans la création du syndicat de cette profession.
Comme dans la plupart des communes ce sont les relations entre le curé de la paroisse et les libres-penseurs qui font l’essentiel des chroniques, les libres penseurs militant pour les cérémonies laïques, qu’il s’agisse du baptême ou du mariage. Dans les villages les affrontements verbaux sont fréquents mais NONATEL reproche à ses adversaires de ne pas venir en discuter dans les réunions publiques.
Dans une chronique de novembre 1905 il rappelle qu’il a déjà organisé deux conférences aux quelles il avait invité Emile NOEL en personne mais qu’aucun des adversaires de la Libre Pensée n’était intervenu.
Le Libre Penseur du Centre , 12 novembre 1905
Dans le même numéro il est fait référence à une conférence qu’il donnera à la Grènerie le 19 novembre 1905 à l’occasion d’une fête laïque.
Le Libre Penseur du Centre, 12 novembre 1905
La fête du mois de novembre annonçait un prochain mariage civil à Saint-Hilaire -les-Places. Le 27 janvier 1906, Pierre LAVAUD et Marie PONCET se sont mariés et NONATEL a prononcé une allocution dans laquelle il félicite les jeunes mariés d’avoir bravé les critiques pour être les premiers dans la commune à s’unir sans passer par l’église.
Le Libre Penseur du Centre, 10 février 1906
Avant sa chronique sur le mariage civil à Saint Hilaire les Places, Paul NONATEL a écrit un long article demandant une réforme du Code du mariage qui est toujours le même depuis Napoléon. Il demande une plus grande liberté pour les futurs mariés, contraints pour le moment de se soumettre à l’autorité des parents et il souhaite une juste indemnité de l’épouse en cas de divorce.
« CHOSES A RÉFORMER
Chaque jour, nous, habitants des campagnes assistons au
départ de quelques jeunes filles lesquelles contrariées dans l’affection très
chère de l’amour, le désir du mariage, voient s’en produire la rupture, parce
que souvent cela ne plaît pas aux familles. Quittant, son pays, la jeune fille
suivant en cela ce qu’elle a appris chez elle, se dirige vers la grande ville
et une fois arrivée rentre comme domestique, si elle trouve, au service de la
bourgeoisie, et a défaut de cela, ne pouvant pas faire autre chose, se loue’
comme bonne ou servante de cabarets, de brasseries. Celles oui tombent mal en
place, et je dis cela pour faire une exception vont grossir les rangs des sans
pain, des sans-logis, et finalement voient inscrire leurs noms sur les
registres tenus par la police des mœurs, elles sont à jamais perdues ; et nos
campagnes perdent en elles leurs plus robustes auxiliaires féminins.
Il y a un remède à cela, dans la faible mesure de mes
connaissances, je vais en parler.
Depuis un siècle, nous jouissons d’un code dont les lézardes
se montrent et s’effritent de plus en plus. Construit dans l’esprit romain, le
code Napoléon n’est plus en rapport, ni avec nos mœurs, ni avec le régime
politique qui doit faire éclore les légitimes aspirations de demain.
La nécessité de le transformer, de l’adapter aux exigences
de la société est déjà reconnue. De tous côtés en ce moment des voix généreuses
s’élèvent proclamant le besoin d’un tel progrès. De toutes les lois dont est
chargé le chantier parlementaire, celle de la réforme du code, touchant si près
la famille par la voie du mariage, s’impose au premier chef. Décrétons le
mariage laïque affranchi de ce restant d’empire et de l’église, la société s’en
portera bien mieux.
Une des premières modifications à apporter au mariage sera
d’en abréger la formalité paperassière et administrative, et nul doute aussi
que l’autorité parentale, abusive de nos jours, en sortirait fortement
restreinte, car il n’est pas admissible que l’homme atteignant 25 ans, la femme
21 ans, soient, tenus à accomplir toutes sortes de formalités pour s’unir. Je
sais qu’on a déjà réduit à un, les actes respectueux, mais pourquoi laisser, au
moins pour cet âge, le droit, inique d’opposition, je sais qu’il découle de
tout ceci des procès onéreux et toujours, ou à peu près, des brouilles
méchantes et parfois éternelles dans les familles. Je demande qu’on déblaie la
porte d’entrée du mariage ; cela fait, on en aura élargi l’accès en supprimant
tout un tas de choses à réformer et ridicules.
Ensuite, on poursuivra le texte du régime de la communauté,
celui de la séparation de biens, on introduira, on imprimera dans les
obligations réciproques des époux le mot « Amour », celui tout au moins d’«
affection », qui dégrade la femme, et de « fidélité », qui ne tiennent toujours
pas certains hommes ; alors, à quoi servent tous ces mots ?
Le mariage s’établira sur le consentement mutuel des
individus. Leur séparation de biens ne pourra pas être l’objet d’une
spéculation malhonnête ; le divorce établissant la faute de l’homme, les juges
puniront ce dernier en le condamnant au paiement d’une indemnité envers la
femme, la famille, basée sur ses revenus annuels.
Les juges, qui n’en souffrent pas, ne devraient pas avoir le
droit de différer un divorce en maintenant rivés à la chaîne deux êtres qui se
haïssent. Je sais que l’Eglise désapprouve le divorce, parce que souvent elle a
à ratifier l’union, et qu’en se rompant, elle prouve le peu d’importance de
l’Etre suprême, qui a présidé à la cérémonie religieuse ; que de ce fait sa
nullité apparaît éclatante.
Pourquoi, les élections approchant, n’obligerait-on pas les candidats à donner leur opinion sur les réformes dont je viens de parler ; s’ils restent muets, que les électeurs leur en parlent, et je dis que si les villes n’y perdraient rien, les campagnes y gagneraient. NONATEL. Le Libre Penseur du Centre 10 février 1906.
Mais NONATEL ne se limite pas à écrire sur le mariage. Il intervient sur tous les sujets qui intéressent les habitants comme ici, le 14 avril 1906, au sujet de la distribution du courrier à la Grènerie.
Le Libre Penseur du Centre, 14 avril 1906
Il a également défendu le repos hebdomadaire sans que ce repos soit nécessairement pris le dimanche, ce qui lui a valu les foudres de ses amis socialistes de Limoges. Il leur répond en expliquant que le paysan qui ne va pas à la messe le dimanche va à Limoges se promener et faire des emplettes. Il faut bien alors que les magasins soient ouverts ! La question de l’ouverture des commerces le dimanche n’est donc pas nouvelle.
Le Libre Penseur du Centre 26 août 1906
Une autre fois il s’indigne de la vétusté des écoles et l’absence de « fosses d’aisance » et il met en parallèle les travaux dans les églises
Le Libre Penseur du Centre , 9 mars 1907
Le 4 avril 1909, à la salle Charreix à Nexon, NONATEL avait organisée une réunion à laquelle il avait invité Emile NOEL. qui pendant une heure présente son rêve d’une République dans laquelle le peuple aurait de larges pouvoirs. cette fois-ci c’est un long compte rendu qui est publié dans le Populaire du Centre.
Le Populaire du Centre 15 avril 1909
Au total, de 1905 à 1909, NONATEL exprime ses convictions en
plus de 25 articles ou chroniques dans le Libre-Penseur du Centre. Mais il dut
attendre 1908 pour fonder une section, bientôt étendue, du moins
officiellement, à l’ensemble du canton.Grace à sa ténacité, Paul NONATEL
sera élu en 1910 président de l’Union syndicale des feuillardiers du Centre.
Soldat de 2ème classe au 327e Régiment d’infanterie, il trouvera la mort sur le champ de bataille le 10 juin 1915 à Colincamps dans la Somme. Il avait 40 ans.
2 – Les libres penseurs à Nexon dans les années 1930.
Avant la première guerre
mondiale c’est la personnalité de Paul NONATEL qui domine les actions de la
libre pensée dans le canton. Après la guerre, du fait du décès de NONATEL, Le
Libre Penseur ne relate plus les actions de la section nexonnaise. On en trouve
une référence dans le numéro du 15 décembre 1920. Du fait de l’absence de trésorerie il devait être
le dernier publié. Mais un vaste mouvement de solidarité des militants s’organise
et de nombreux dons arrivent au journal. Emile Noel écrit : « Ce numéro devait être celui
de la disparition du Libre Penseur mais les invitations pressantes, les promesses
faites, me font un devoir de tenter l’impossible afin que j’en sorte la
possibilité de sauver notre journal. »
Il publie sur plusieurs pages les mots d’encouragement accompagnés de
dons qu’il a reçus parmi lesquels j’ai relevé celui d’un nexonnais, PIQUET :
« Mon cher Noël,
Malgré la
destinée qui s’obstine à me serrer de son frein,
elle ne m’empêchera pas d’arriver pour déposer un peu de baume bienfaisant sr
la plaie saignante de notre cher organe, car plus que jamais, c’est le moment
qu’il vive. La religion catholique, c’est inouï ! a une recrudescence de vie,
mais je crois que semblable au moribond qui se cramponne,
elle crèvera tout de même, si les nôtres sont courageux. Je vous adresse 5
francs et je consens à faire partir mon réabonnement
du 1er janvier. Au revoir, mon cher Noël, comptez sur moi.
PIQUET, Nexon (Haute-Vienne) »
Pour autant
les libres penseurs n’avaient pas disparu. Un groupe qui a pris comme nom « L’Aurore »
se réuni. On les retrouve dans les
années 1930, principalement au travers d’articles dans le Populaire.
Ainsi ils sont invités à participer au banquet
du vendredi saint de 1933 organisé par la section socialiste de Nexon. Sans
doute que la personnalité de son secrétaire, la pharmacien PIALLOUX, avait
amené un plus grand nombre de militants vers les socialistes que vers la libre pensée.
« Banquet
du vendredi-saint. — Les libres penseurs de Nexon et des environs, désirant
assister au banquet du vendredi-saint sont priés, le nombre des places étant
limité, d’envoyer leur adhésion à M. Pialloux, à Nexon, avant le mercredi soir
13 avril, dernier délai.
Ce banquet,
dont le prix a été fixé à 15 francs, aura lieu vendredi 14 avril, à 20 heures,
au restaurant Autier
Le Populaire
du Centre 1 avril 1933 »
A la fin de l’année
1933, alors que le parti communiste n’a pas encore abandonné la politique de
non-coopération avec les sociaux-démocrates des comités antifascistes se créent
un peu partout en France dont un à Nexon. Il organise un meeting le 12 décembre
1933 dont le Populaire rend ainsi compte :
« Meeting
antifasciste. — La réunion organisée salle Paul-Faure, par le comité
antifasciste de Nexon (cellule communiste, groupe de libre pensée, section
socialiste), a obtenu le plus vif succès.
Les membres
des trois organisations adhérentes et de très nombreux sympathisants se
trouvaient dans la salle avant l’heure indiquée et c’est finalement devant plus
de 200 personnes que notre ami Laplaud, président, assisté des citoyens Autier
et Fâcherie, ouvre la séance. En termes très heureux, il indique dans quelles
circonstances cette, réunion avait été organisée, demande à l’assistance de
respecter la liberté de parole et de contradiction et donne la parole au
citoyen Pialloux, représentant du groupe de libre pensée « l’Aurore ».
Pialloux
explique les raisons de son intervention et lit la copie d’une lettre
recommandée, par lui adressée à M. Meynier, principal avocat de la Ligue des
contribuables dans le département, lettre où il invitait ce dernier à venir
défendre la cause de l’organisation qu’il représente. M. Meynier, dans une
réponse qui voudrait être ironique, mais dont les termes trahissent l’embarras,
se dérobe et se refuse à toute discussion. Pialloux constate que M. Meynier,
brillant (??) avocat ne condescend pas à venir s’expliquer devant des
prolétaires. (Il serait certainement plus à son aise dans un salon de
douairières, parmi ses amis les Chevaliers de la Matraque.)
Après avoir
fait en termes cinglants le procès annoncé de la Ligue des contribuables,
l’orateur conclut, aux applaudissements de l’auditoire, que cette association
sera énergiquement combattue par la classe ouvrière et paysanne, dont elle est
en réalité l’adversaire irréductible. Il termine en déclarant la guerre au
fascisme sous toutes ses formes.
Le citoyen
Charlet, du Parti socialiste, lui succède. Après avoir remercié le comité
antifasciste d’avoir bien voulu l’associer à cette manifestation do front
Unique, il fait l’historique du fascisme en Italie, puis en Allemagne, indique
dans quelles conditions il a pris naissance et dégage les responsabilités de la
France depuis le Traité de Versailles jusqu’à nos jours, il montre ensuite sous
quels masques divers le fascisme pourrait se développer dans notre pays. Très
applaudi, avec une belle éloquence, il tient pendant près d’une heure toute
l’assistance sous le charme de sa parole, dénonçant toutes les menaces de guerres
et de dictatures qui pèsent sur le monde.
Il exhorte,
dans une vibrante péroraison, tous les travailleurs présents à oublier leurs
querelles intestines pour lutter, sans défaillance, contre les dangers
terribles d’une guerre imminente ; « Soyez unis, soyez persévérants et ayez
confiance », conclut-il, sous un tonnerre d’applaudissements.
Après lui, le
citoyen Texier, représentant le parti communiste, se déclare particulièrement
heureux du rapprochement opéré à Nexon pour la lutte contre la guerre et le
fascisme, entre deux groupements politiques différents. Il définit le rôle du
comité d’Amsterdam, explique son action contre la guerre, fait le procès du
chauvinisme, du pangermanisme et de tous les nationalismes qui conduisent
inévitablement à la guerre. Il trace rapidement le tableau de toutes les
calamités effroyables que déchainerait une nouvelle guerre, essentiellement
chimique et bactériologique. Il démontre que les haines entre races ou peuples
différents proviennent toujours de l’incompréhension mutuelle. Il termine très
applaudi, apportant son adhésion sans restriction à la lutte engagée contre le
fascisme et la guerre.
Le citoyen
Laplaud, après avoir fait un vain appel à la contradiction, remercie
l’assistance pour sa bonne tenue et la sympathie profonde qu’elle n’a cessé de
témoigner aux orateurs. Il met aux voix l’ordre du jour ci-dessous qui est
adopté à l’unanimité et par acclamations.
Il est plus
de 23 heures quand cette magnifique réunion prend fin. Tous les assistants se
retirent enthousiasmés, beaucoup exprimant le désir de voir se renouveler
pareille manifestation et commentant de diverses façons la dérobade des
marquis, des comtes, des barons et de M. Meynier.
Texte de
l’ordre du jour adopté à l’issue de cette réunion :
« Les
travailleurs de tontes tendances, réunis salle Paul-Faure, à Nexon, le samedi
25 novembre, sur appel du comité antifasciste, après avoir entendu Pialloux, de
la libre pensée ; Charlet, du Parti socialiste, et Texier, du parti communiste,
et constaté la défaillance des contradicteurs, dénoncent les organisations
telles que la Ligue des contribuables ou la Fédération agraire comme des
organisations essentiellement fascistes.
S’engagent à
rester unis pour mener sur le terrain de la lutte des classes une action
énergique contre la poussée du fascisme dans leur propre pays.
Et devant toutes
les menaces de guerre qui assombrissent l’horizon mondial, se déclarent plus
que jamais partisans d’un désarmement général, simultané et contrôlé par le
prolétariat, seul et unique moyen d’empêcher une conflagration générale où
sombrerait la civilisation. »
L’année suivante le Populaire publie une invitation du groupe « L’aurore » à une réunion ordinaire.
Le Populaire du Centre 20 juillet 1934
Depuis mai
1934 le parti communiste a abandonné la politique de non-collaboration avec les
sociaux-démocrates aussi communistes, socialistes, libres-penseurs peuvent siéger
dans une même organisation.
A Nexon, un Comité
antifasciste réorganisé a été constitué le 30 décembre 1934. Y sont
représentés, à raison de trois délégués chacun, les groupements suivants :
sections socialistes de Nexon, Saint-Hilaire-les-Places, La Meyze et La
Roche-l’Abeille ; cellule communiste de Nexon ; Groupe de Libre-Pensée de Nexon
; Section du Secours Rouge de Nexon. Le Syndicat des feuillardiers de
Saint-Hilaire-les-Places sera invité à se faire représenter au Comité
Un bureau,
comprenant un secrétaire général, deux secrétaires-adjoints et un trésorier a
été élu.
Des réunions
d’information et de propagande sont prévues dans toutes les communes du canton
et, si le temps le permet, dans certaines communes des cantons voisins.
La première réunion a lieu à Nexon, salle Paul Faure, le dimanche 27 janvier. Le populaire en rend compte la semaine suivante.
Le Populaire du Centre 6 janvier 1935
André LORULOT, délégué à la propagande de la Fédération nationale des libres penseurs de France, devant être de passage dans la Haute-Vienne fin janvier, tous les groupements libres penseurs ou antifascistes sont invités à se mettre en relations avec M. PIALLOUX, pharmacien à Nexon et secrétaire de la section socialiste.
Le Populaire du Centre , 5 janvier 1935
A. LORULOT (1885-1963)
est une figure de la Libre pensée. Libre-penseur antireligieux et anarchiste
individualiste il est directeur de la revue L’anarchie de 1909 à 1911, puis il
fonde L’Idée libre en 1911 et La Calotte en 1930. Nommé au Comité directeur de
la Fédération nationale de la Libre Pensée en août 1921 et en devient le délégué
à la propagande. Il est un brillant orateur et parcourt toute la France, l’Afrique
du Nord, la Belgique, la Suisse pour donner des conférences au cours desquelles
il aime affronter ses adversaires, en particuliers les grands orateurs comme le
chanoine DESGRANGES, l’abbé VIOLLET… Son livre le plus célèbre, « Pourquoi
je suis athée » est paru en 1933. En
août 1958 il est élu président de la Fédération nationale des Libres penseurs
de France.
Pour cette année 1935, une réunion commune du secteur A qui comprend les communes de Nexon, Meilhac, Rilhac-Lastours et Saint-Hilaire-les-Places est prévue le 9 novembre 1935.
Le Populaire du Centre 1935
C’est le dernier article sur la Libre-Pensée à Nexon.
Sources : Le Libre Penseur du Centre, Louis PEROUAS, Limoges une capitale régionale de la Libre-Pensée à l’orée du XXe siècle, dans : Annales du Midi : revue archéologique, historique et philologique de la France méridionale, Tome 91, N°142, 1979. pp. 165-185
Pour aller plus loin : Jacqueline Lalouette, La
Libre-pensée en France, 1848-1940, Albin Michel 2001
Dominique DANTHIEUX, Le département rouge : république,
socialisme et communisme en Haute-Vienne (1895-1940). Pulim 2005
Autrefois, a l’occasion du 1er avril, on envoyait
des cartes postales ornées d’un poisson et richement décorées pour se souhaiter
amour, amitié et bonheur !
J’en ai trouvé deux, oblitérées du 30 mars 1913 avec le cachet ambulant apposé dans le train Nexon-Brive.
L’hypothèse la plus couramment avancée fait remonter la
tradition du poisson d’avril à l’Édit de Roussillon pris en le 9 aout 1564 par
le roi Charles IX. Par cet édit l’année débute désormais le 1er janvier, au
lieu de commencer, comme c’était le cas au Moyen Age, le 1er avril,
voir le 25 mars, jour de l’Annonciation à Marie. Le pape Grégoire XIII étend
cette mesure à l’ensemble de la chrétienté avec l’adoption du calendrier
grégorien en 1582.
A cette époque beaucoup de personnes conservèrent la date du
1er avril pour débuter l’année, soit par habitude, soit par
ignorance. Ils continuèrent donc à s’offrir des cadeaux et des étrennes le 1er
Avril. La légende dit que c’est pour se moquer d’elles qu’on leur offrait de
faux poissons correspondant à la fin du carême. Ainsi serait né le poisson
d’avril, le jour ou l’on ne distingue pas la réalité des faits.
Pour d’autre l’origine viendrait du fait que dans certains pays la pêche ouvrait le 1er avril tandis que dans d’autres elle fermait. Ce jour-là on offrait aux pêcheurs un poisson, soit pour se moquer des pêches faciles du fait de l’abondance le jour de l’ouverture, soit pour compatir à leur peine de ne pas pouvoir continuer à pratiquer leur passion le jour de la fermeture. Un habitude serait alors née d’accrocher subrepticement un vrai poisson dans le dos des gens qui ne s’en apercevaient pas tout de suite, de sorte que le poisson commençait à sentir et on se moquait d’eux.
On n’envoie plus de cartes aujourd’hui mais jusqu’en 1914 il y avait un choix très important de modèles. Beaucoup se ressemblaient mais il y avait quelques originalités.
Les plus classiques représentaient des enfants ou des femmes avec des poissons.
Parfois c’est un homme qui offre un poisson :
On peut aussi ne voir que des poissons pour offrir l’amour ou l’amitié :
Le poisson est parfois accompagné de fleurs :
Il est rare qu’il n’y ai pas de poisson, comme ici ou ce sont des petits cochons :
Quelques illustrateurs célèbres, comme Xavier SAGER. On ne sait pas grand chose de ce peintre et illustrateur. Dans son atelier qui comptait 6 ou 7 artistes il a été dessiné une grande quantité de cartes dont la plupart illustrent la vie mondaine à Paris. La plupart des cartes ont été dessinées autours des années 1910.
Il y a des cartes humoristiques
On trouve également quelques caricatures politiques:
Emile COMBES, président du Conseil en 1902 met en oeuvre une politique anticléricale
En continuant le tour de la place, en longeant la rue pasteur nous arrivons au numéro 7. S’y trouve un immeuble dont j’ai déjà parlé car c’était celui de mes grands-parents. Ma mère n’a pas vécu dans celui que nous voyons aujourd’hui puisqu’il a été construit au début des années 1950 et qu’à cette époque elle était mariée. Mais elle a passé sa jeunesse dans la vieille maison qui existait alors. C’était une petite maison à un étage avec la boutique au rez de chaussée et le logement à l’étage.
La maison en 1943
Ma mère à la fenêtre en 1943
La maison a été achetée par mon grand-père, Henri MALARDEAU, au début des années 1930. Il était arrivé à Nexon en 1931 après que sa filature, au pied du village d’Aurin sur la commune de Bussière Galand ait été détruite par un incendie causé par un orage. Il ne reste aucune trace de cette filature mais je ne désespère pas d’en trouver un jour !
Le Populaire du centre 15 mars 1929
Le stock de laine et la voiture qui étaient dans un bâtiment
annexe n’ont pas été touché. Ceci permis la continuation de l’activité en
attendant que tout soit réglé avec l’assurance ce qui a pris plus d’un an.
Finalement la filature ne sera pas reconstruite. Aussi en 1931 Henri MALARDEAU
décide de déménager et d’aller s’installer à Nexon. Il choisit ce bourg car il
est connu pour son dynamisme économique et la qualité de ses foires, élément
essentiel du commerce de la laine.
Il loue une maison rue Pasteur, juste après la boulangerie et poursuit son commerce de laine. Mais cela ne lui suffit pas. Mon grand-père est un manuel, très adroit de ses mains, il va donc créer une teinturerie. Pour cela il lui faut un grand local pour y installer des cuves. En 1935 la maison du maréchal-ferrant qui possède un grand garage à l’arrière est en vente. Il l’achète. Cette maison appartenait à Mr SANCIAUD. Elle n’a pas changé entre 1900 et 1930, seul l’environnement a évolué. Sur les cartes postales suivantes on constate l’arrivée de l’électricité avec le poteau au beau milieu de la carte postale, avec aussi le trottoir de rue Pasteur et enfin, sur la troisième carte le trottoir vautours de la place. On remarque également que la maison mitoyenne a été totalement refaite avec 2 étages.
Lorsque mon grand-père achète la maison, le sol de l’atelier
est en terre battue. Il le fait cimenter et transforme le rez de chaussée en
boutique de teinturier, nettoyage et vente de laine. Dans le garage, situé à
l’arrière du magasin, il fait monter, sur des foyers en brique, trois cuves en
cuivre utilisées chacune pour une couleur différente. La teinture impliquait
une série d’opérations que devaient subir les écheveaux de laine : bain
colorant, rinçage, essorage et séchage. Le nettoyage s’effectue à la benzine
dans un gros tambour qui tourne comme une machine à laver.
Avec l’énorme tas de fagots pour la boulangerie
Devant la maison on voit toujours l’énorme tas de fagots qui alimente le four du boulanger, de l’autre côté de la rue. Mais le feu frappe une nouvelle fois mon grand-père. Un incendie éclate, le 22 octobre 1941, dans l’atelier de la teinturerie et se repend rapidement à la toiture et gagne la maison voisine.
Le Populaire 30 octobre 1941
Dès la guerre terminée mon grand-père fait entièrement reconstruire sa maison. Elle a maintenant deux étages et la boutique occupe la totalité du rez de chaussée. Mais surtout il fait poser en grandes lettres rouges, le mot « Laines » au fronton.
Pendant les années 1950-1960 l’activité est variée. Dans l’atelier qu’il a acheté à la sortie du bourg, route du moulin Trouly, il a monté une filature pour retrouver le métier de sa jeunesse. Il est secondé par deux de ses gendres, René PEYRICHOUX et Marcel JEUDY. En même temps il sillonne les foires des environs pour acheter de la laine brut et vendre des pelotes tout en continuant a nettoyer et teindre les vêtements. A l’époque il est indispensable de respecter les codes et après un décès le deuil doit être porté par les proches pendant plusieurs mois. Aussi après un décès il fallait en quelques heures, l’engagement était de 8 heures, teindre en noir toute la garde-robe des parents du défunt. L’en tête de la facture résume cette activité variée.
Lorsqu’Henri MALARDEAU a pris sa retraite son gendre René PEYRICHOUX et son épouse Marie-Thérèse ont repris le commerce en le faisant évoluer. Le développement du prêt à porter a réduit les ventes de laine, le nettoyage était devenu la spécialité des « pressings » aussi c’est vers les vêtements de confection qu’ils se sont orientés.
En octobre 1989 le fond est repris par Mme Catherine DEBORD COUQUET. Elle baptisé son commerce « Cathy Boutique ».
L’immeuble du numéro 8 a lui aussi beaucoup changé au cours du siècle précédent. En 1900 c’est une petite maison d’un étage avec un grenier mansardé. Au rez de chaussée il y a deux commerces dont l’un, à droite, était une épicerie qui si je déchiffre bien l’enseigne était l’épicerie BREIX, l’autre l’atelier d’un peintre-vitrier.
Quelques années plus tard la vieille maison est remplacée par un immeuble de 2 étages avec au fronton, en grosses lettres « Horlogerie Bijouterie ».
Cette construction a été faite par M. Henri DESPLANCHES qui y a transféré la boutique qu’il avait, rue Pasteur, à côté de la pharmacie. Sa première boutique était située rue Victor Hugo.
Les anciennes boutiques
Henri DESPLANCHES était né à Nexon le 12 juillet 1873. De son mariage avec Louise GRANGER le 24 juin 1900 à Nexon il a eu deux enfants, Alice née en 1906 et René, né en 1909.
Henri et Louise le jour de leur mariage
Avec l’année 1900 le monde occidental et la France en particulier, ont connu jusqu’en 1914 des années heureuses que l’on a appelé « La belle époque ». Le 14 avril 1900, jour de l’inauguration de l’Exposition Universelle Paris est le centre du monde. Les nouveaux bâtiments comme le Grand et le Petit Palais, la gare d’Orsay ou le pont Alexandre III font briller Paris. La première ligne de métro est ouverte le 19 juillet 1900, l’électricité commence à éclairer les rues de celle qui est alors appelée la « Ville lumière ». A Nexon aussi règne une certaine joie de vivre. On déjeune sur l’herbe le dimanche et on va à la pêche en famille.
Pique-nique au bord de l’eau et partie de pêche en famille.
Les jours de fête, pour aller à la frairie les femmes revêtent leurs plus beaux habits.
les femmes portent le barbichet et les hommes le canotier ou le chapeau melon
Après la difficile période de la guerre ce sont de nouvelles
années d’effervescence, « Les années folles ». Les bijoutiers sont un
passage obligé pour chaque fête et à chaque évènement. Pour la naissance et le
baptême des enfants on offre des médailles et des chaines en or ou en argent,
des gobelets, des ronds de serviettes… Pour la communion solennelle les garçons
reçoivent leur première montre, en or pour les familles aisées, et les filles
une croix avec sa chaine. Il y a les boucles d’oreilles pour les filles, et les
chevalières pour les garçons, puis vient le mariage avec les bagues et les
alliances et l’incontournable ménagère en argent…
Comme horloger M. DESPLANCHES vendait pendules et horloges
qu’il réparait.
En 1944 Henri DESPLANCHES transmet son commerce à son fils René-Jean DESPLANCHES.
Le Populaire 7 décembre 1944
L’horlogerie-bijouterie va petit à petit connaitre la concurrence des bijoux fantaisie et des montres bon marché. Dès 1955 le géant américain Timex s’associe à un fabricant de montre de Besançon pour produire des montres a bas cout sous le nom de TIMEX. La marque innove dans le choix de son réseau de distribution en ciblant les bureaux de tabac, les papeteries, les stations-service, les drugstores et les grands magasins. KELTON devient une marque emblématique avec son slogan « Vous vous changez, changez de KELTON ». Elle vend plus de 4 000 000 de montres au début des années 70. Au début des années 80, une nouvelle technologie arrive du Japon avec les montres à Quartz…
Françoise, la fille de M. et Mme DESPLANCHE n’a pas choisi
de suivre la voie de ses parents et s’est orientée vers la coiffure. Elle a
ouvert son salon dans la maison d’à coté et quand ses parents ont pris leur
retraite la bijouterie a fermé.
C’est Michel CROZET-ROBIN qui a ouvert un salon de coiffure le 1er janvier 1979. Jeune et dynamique il choisit d’appeler son salon « Attitude coiffure ».
Le salon de coiffure au numéro 8
Il est le premier salon du groupe que M. CROZET-ROBIN va ensuite constituer. Il donnera à ce groupe le nom de sa fille Laurie. De ce fait, derrière le salon, un immense espace de travail réuni ceux qui gèrent la quinzaine de salons du groupe « Holding Laurie ». Attitude Coiffure et Studio M sont les deux enseignes de ce groupe dont les salons sont implantés à Nexon, Limoges, Boisseuil, Montluçon – Domérat, Saint-Étienne – Villars, Moulins.
L’immeuble situé au numéro 9 était le plus imposant au début des années 1900. Deux commerces sont abrités sous le même toit, la bijouterie PAROT et une épicerie-poterie-buvette.
L’immeuble en 1900
La bijouterie est tenue par Eugène PAROT. Marié avec Emilie NOUHAUD, ils auront 2 garçons, François né le 22 août 1905 et René, né le 9 mai 1907 qui travailleront comme horlogers avec leur père.
Lorsque la famille PAROT a cessé ses activités, Melle Renée
MOUNIER qui habitait à Valette installa son atelier de modiste à la place de la
boutique. Puis Mme CLERMONTEIL dite « Nénette » lui a succédé en
ouvrant une épicerie-primeurs.
Chaque matin elle se rendait aux halles, à Limoges, pour s’approvisionner en fruits et légumes. Elle partait avant le jour afin d’être de retour à Nexon pour servir ses clients à partir de 8 heures. Très courageuse, très avenante pour ses clients, elle était très appréciée de ses clients. Son mari, Martial CLERMONTEIL avait été fait prisonnier et sans nouvel de lui après l’armistice son épouse a publié, comme plusieurs autres femmes, un avis de recherche dans la presse :
Le Populaire 28 juillet 1945
Martial CLERMONTEIL était également pompier volontaire. Il a
terminé son engagement avec le grade de sergent.
Au 1er étage se trouvait, pendant quelques années, le cabinet dentaire de M. et Mme DURENGUE. Ils avaient, depuis 1933 un cabinet place de l’église et ils travaillaient également dans des cabinets secondaires à Châteauneuf la Foret et à La Meyze. Ils ont ensuite transféré leur cabinet avenue de la gare. Au 2ème étage habitait M. Henri FOUILLAUD et sa famille. Lui était peintre mais il n’était pas associé à son frère Louis. A la Libération, du fait d’un engagement dans la milice et d’une collaboration active toute la famille a disparu et n’a plus jamais donné de nouvelles.
Quand l’épicerie a fermé, Françoise CONORT, a ouvert un salon de coiffure qui a très vite acquis une excellente réputation. Fille de M. et Mme DESPLANCHES, les bijoutiers de l’immeuble contiguë, elle est avait épousé Jean Pierre CONORT, fils du vétérinaire de Nexon. Leur fille Sophie est devenue coiffeuse. Elle a travaillé avec sa mère puis elle lui a succédé.
Aujourd’hui c’est Stéphanie TABESSE qui tient ce salon à l’enseigne « Art Coiff’»
Au numéro 10, au début des années 1900 il y avait une épicerie-buvette -poterie. C’était la maison de Mme Marie Christine HAUTIN. Ses parents étaient commerçants à Limoges mais sa mère, comme cela se faisait fréquemment à l’époque, est venue accoucher, le 18 juin 1883, chez son frère Jean VILLOUTREIX, épicier à Nexon. Puis le commerce a disparu et le rez de chaussée a été transformé en appartement. C’est ce que l’on constate sur cette photo de 1943.
La maison a été achetée au début des années 1950 par M. et Mme BOSBATY. En 1947 ils avaient acheté le fonds de commerce de boucherie-charcuterie de François LELONG. Ils l’ont d’abord installé 2 rue Michelet puis quand l’immeuble HAUTIN a été libre à l’achat ils y ont installé leur boucherie-charcuterie.
Le Populaire 27 novembre 1947
La boucherie-charcuterie a rapidement acquis une bonne clientèle, à la fois grâce à la qualité des produits et à la qualité de l’accueil.
Monsieur Emile BOSBATY
faisait également preuve d’un fort engagement citoyen. Caporal du Corps des
pompiers de Nexon en 1961 il en est promu chef de corps le 15 juin 1970 avec le
grade de sous-lieutenant. Il quitte son commandement le 11 juin 1978 après 27
ans de services.
En 2005, quand ils ont pris leur retraite les BOSBATY ont été remplacés par la société GUINARD-RATIER dont le siège était à Saint Paul et le gérant M. Alain RATIER. La boucherie a fermé en 2007 et M. RATIER a alors créé Le Noctambule, place Fratellini.
Aujourdh’hui le rez de chaussée n’est pas occupé.
La dernière maison de la place, au numéro 11, abritait autrefois un restaurant. L’immeuble appartient à M. et Mme Henri DESBORDES. C’est Mélanie DESBORDES qui tenait le restaurant tandis que son époux était camionneur. Il avait un attelage à cheval et c’est lui qui faisait office de corbillard.
L’attelage conduit par René LASPOUGEAS
Madame le docteur FORGERON se souvient que lorsqu’elle était petite fille Mme Desbordes élevait des oies en toute liberté. Elles étaient agressives et menaçaient ses mollets quand elle apportait une lettre à la Poste.
Après la retraite de Mme DESBORDES le restaurant est devenu bistrot, tenu par Mme Ginette BANCAUD puis ce fut une annexe de la boulangerie DIVRY. Au début des années 2000 une brasserie au nom ironique « Aux vers de vin » s’est installée. Elle vendait également du vin. La brasserie a fermé en 2006 et « Aux vers de vin » a déménagé pour s’établir 1 bis rue saint Ferréol.
Il y eu ensuite une boutique d’informatique puis pendant quelques mois David MAURY y a installé son entreprise de plomberie avant de la transférer rue Gambetta.
Le 1 mars 2017, Mme ISABELLE AUMAITRE a créé un salon original, un bar à ongle, qu’elle a appelé « Mad Nails ».
Aujourd’hui la place de la république recouvre 4 espaces différents qui, autrefois, ne portaient pas tous le même nom. Le numéro 1 se trouve au coin de la place FRATELLINI et de l’ancien champ de foire, sur la rue qui s’appelait autrefois la rue de la Poste. La numérotation s’effectue en se déplaçant dans le sens des aiguilles d’une montre.
Numéro 1. Les cartes postales du début du siècle montrent que la grande maison faisant l’angle était l’Hôtel de la Poste, tenu par M. DEFAYE. C’était l’un des 8 hôtels qui existaient à Nexon en 1905. On peut être surpris par ce nombre sachant qu’il n’y a plus d’hôtel aujourd’hui à Nexon !
L’hôtel de la poste en 1900L’hôtel de la Poste et la maison mitoyenne, futur n° 1 et n° 2 de la place de la République
En 1900, date de la photographie de cette carte postale on remarque qu’un mur prolonge l’hôtel de la poste, la poste actuelle n’est pas encore construite. On voit également l’ancienne mairie, un bâtiment vétuste qui a été démoli après une décision du conseil municipal du 20 avril 1919.
Certains nexonnais pensent que le bâtiment qu’ils voient sur la droite de cette carte postale est l’ancienne mairie devenue le Centre Agora. Il n’en est rien. Un regard attentif permet de constater qu’il n’y a pas de marches pour accéder au rez de chaussée et que le bâtiment est très proche de la route. Il s’agit de la vieille mairie qui a été démolie en 1919.
Sur la carte postale suivante on voit à gauche la vieille mairie et à droite le bâtiment dans lequel a été installée la nouvelle mairie en 1920. Elle remplira cette fonction jusqu’en 1986.
Vers 1910, à gauche la mairie et à droite la future mairie
Progressivement l’hôtel a laissé la place à l’épicerie PRADEAU. Avec le temps elle s’est développée et a proposé des articles de poterie et de vannerie.
L’hôtel est encore actifPoterie et vannerie sont ajoutésDe nouveaux commerces et la poste
Après M. PRADEAU, la grande épicerie a été tenue par M. BOUNY. Il a édité plusieurs cartes postales. On remarque la pompe à essence mécanique.
Lorsque l’épicerie a fermé l’immeuble est devenu un cabinet
vétérinaire dans lequel Yves FARRANDO a exercé seul puis associé à Joel
BESSERON.
L’immeuble a été rénové et en 1984 a été créée la « Clinique vétérinaire St Ferréol ». Elle a fermé le 31 octobre 2013.
L’entrée du numéro 1, nouvel appartement
La clinique vétérinaire a été remplacée par une fromagerie-crèmerie. Le local au numéro 1 de la place de la République est depuis 2017 la permanence parlementaire du député Jean-Baptiste DJEBBARI et de son suppléant, Pierre VENTEAU.
Jean-Baptiste DJEBBARI devant sa permanence le 13 octobre 2017
Au numéro 2, lorsque l’épicerie n’a plus occupé l’ensemble de l’immeuble, un magasin vendant de la vaisselle a ouvert. Ce fut par la suite, le bureau de tabac tenu par M. DESBORDES et M. CADIN.
Après le transfert du bureau de tabac la Caisse d’Epargne s’y est installée. La façade a changé avec l’évolution de son logo et de sa signalétique.
En 1984En 2020
Au numéro 3, on trouvait l’un des nombreux café de Nexon, particulièrement fréquenté les jours de foire. Il était tenu par M. Pierre JOUHETTE qui était en même temps tailleur. Les deux activités se déroulaient dans la même salle.
Le bar de la Poste en 1984
Avec la retraite de M. JOUHETTE le bar a fermé.
Le bar de la poste en 2019
Au numéro 4 se trouve le bureau de poste construit en 1930-1931.
Au début du XIXe siècle la poste fonctionnait mal en Limousin, en grande partie du fait du mauvais état de la voirie restée sans entretien jusqu’à la restauration. Sous le règne de Louis Philippe (1830-1848) de nouvelles routes sont créées. La route Limoges Poitiers, achevée en 1843, avec les relais de Conore, Bellac, Bussière-Poitevine et Lussac-les-Eglises. Celle d’Angoulême à Nevers, traverse le nord du département avec des relais à Confolens, Champeaux, Bellac, Saint-Sornin-Leulac et la Souterraine. La liaison Limoges -Périgueux se faisait par Aixe, Chalus et Thiviers. Il n’était pas nécessaire d’en établir une autre par Saint-Yrieix. Mais un personnage important, le maréchal BUGEAUD, né à Limoges, s’était retiré dans sa propriété de La Durantie à Lanouaille. Il obtint la création d’une ligne de poste avec les relais de la Plaine (la liaison avec Nexon se faisait par un facteur à pied), Saint-Yrieix et Lanouaille à deux kilomètres de son domaine.
Le 2 mai 1830 le conseil municipal de Nexon proteste contre
la lenteur du courrier. En effet une lettre postée à Limoges n’arrive à Nexon
que 4 ou 5 jours après car le service est fait par un piéton qui va de Limoges
à St-Yrieix tous les 2 jours. Il demande la création d’un bureau de poste à La
Plaine ou au Plantadis où la commune ferait prendre son courrier à ses frais.
Ce n’est que le 4 mai 1846 que Jacques PENICAULT, Maitre de Poste est installé
au relais de Poste de La Plaine, par arrêté du Roi, avec engagement d’avoir de
nombreux postillons, chevaux et équipages nécessaires et prescrits par le
service.
Le 10 mars 1929
décision est prise de construire l’actuel Hôtel des Postes. M. SAUTERAUD est
désigné comme architecte. Il réalise les plans suivants :
Le 25 janvier 1931 le chauffage central est posé. Au milieu de l’automne le bâtiment est terminé et il est réceptionné le 7 novembre 1931.
Le Procès verbal de réception de la Poste
Lorsque le bureau de poste ouvre ses portes le receveur est M. LACOUR. Son fils, André LACOUR dit « Dédé » sera médecin à Nexon ; Un vieux garçon au verbe haut et au langage truculent toujours disponible. Je me souviens de l’avoir vu arriver chez mes parents à 10 heures du soir au moment des grippes. Il n’avait pas mangé et il avait encore des patients à voir.
A cette époque le monument aux morts se trouve en face de la Poste. Il sera déplacé en 1950 pour permettre d’agrandir le champ de foire sur lequel seront alors installées des barres pour attacher le bétail.
On remarque la Peugeot 402, sans doute celle du Dr Jumeaux-Lafond
Les Postes, télégraphes et téléphones, les fameux PTT, changent de nom et deviennent Postes et télécommunications à partir de 1959. Au fur et à mesure des réformes de l’État la poste et les télécommunications sont séparés en deux sociétés de service public, France Télécom en 1988 et La Poste en 1991.
En 2019En 2019
Au numéro 5, s’élève une belle villa dans le style Art-Déco qui appartenait au docteur JUMEAUX-LAFOND.
la villa du Dr JUMEAUX-LAFOND
Après le décès de Monique JUMEAUX-LAFOND en mars 2018, la
maison a été mise en vente.
A côté se trouve la maison la plus récente de la place. Elle a été construite en 1954 sur un terrain qui appartenait à M. PAPEL, terrain sur lequel sera également construite la salle des fêtes.
Sur la carte postale suivante reproduisant une cérémonie de mars 1941 un grand mur longe la place . Mme le docteur FORGERON se rappelle que lorsqu’elle était encore la petite Rose VIGNERON, les carrioles des gitans stationnaient devant le mur, et,comme tous les enfants elle en avait peur. C’est aussi devant ce mur que certains jours de frairies, les montgolfières gonflées à l’air chaud s’envolaient devant une foule admirative.
Ayant acheté le terrain M. LONGEQUEUE demande au Conseil municipal l’autorisation d’ouvrir un portail dans le mur qui sépare son terrain de la place. Cette ouverture entraînant l’enlèvement d’une barre les conseillers ont délibéré à huis clos et malgré la diminution de la taille du champ de foire qui allait en résulter, « considérant que M. LONGEQUEUE allait construire un immeuble important qui allait embellir la place, ont donné leur accord.
En 1984En 2019
En continuant vers la droite on arrive au numéro 6 où il y avait autrefois un atelier de cordonnier, d’abord M. CLERMONTEIL puis M. ROUSSE. On voit la boutique avec le pare soleil baissé sur cette vue des années 1950.
La rue Pasteur longe la place de la République jusqu’à l’immeuble « MALARDEAU » au rez de chaussé duquel se trouve le magasin de vêtements « Cathy Boutique » avec son entrée au n° 7 place de la République. Catherine COUQUET y a débuté son activité en octobre 1989.
Le numéro 2 de la rue Pasteur est une petite entré du garage
de l’immeuble « MALARDEAU ».
Le numéro 4 fait l’angle avec la rue Michelet.
Angle rue Pasteur et rue Michelet
Dans la rue Michelet il n’y a pas de boutique. Sur la droite on est à l’arrière des commerces de la place de la République. Un immense espace de travail abrite les bureaux de la société « Holding Laurie ». Créée par M. Michel CROZET-ROBIN, la société gère la quinzaine de salons de coiffure qu’elle possède.
Les bureaux de la holding Laurie
Autrefois on trouvait dans cette rue les écuries des maisons situées de part et d’autre. A droite on remarque la terrasse de la maison DESPLANCHES à l’endroit de laquelle se trouvent aujourd’hui les bureaux de la « Holding Laurie ».
La rue Michelet avant 1914.
Au numéro 4 de cette rue, M. Gilles GAUTHIER exerçait une
activité d’électricien à l’enseigne « CON-SER-VAT ».
Au numéro 2, une belle maison donnant sur la place, appartenait à Madame LESTRADE. Au rez de chaussée il y avait la pâtisserie-bar JOUANINE, dont la réputation était excellente. Puis M. GRIMPERELLE a été pâtissier et à son décès seul le bar a continué son activité. Pendant quelques temps M. BOSBATY y avait son commerce de boucherie, jusqu’à ce qu’un local se libère place de la République. Aujourd’hui il n’y a plus de commerce.
Il n’y a plus de commerce au 2 rue Michelet
Revenons à la rue Pasteur.
Au numéro 4 il y avait l’épicerie DOC. Lorsqu’elle a déménagé rue Victor Hugo un horloger s’est installé. D’abord M. COMBACAL dans les années 1960 puis M. FORTIER. Aujourd’hui l’immeuble abrite trois appartements.
Au numéro 6, il y eu autrefois, pendant peu de temps, un magasin de cycles appartenant à M. DUGENET.
Au numéro 8 c’était la pâtisserie CROUZILLE. Elle faisait également bar. Les voisins n’étaient pas réveillés par le coq mais par la forte voix du fils, Alfred CROUZILLE qui égrenait les belles chansons d’autrefois dès 5 heures du matin parmi lesquelles revenait inlassablement la chanson d’André DASSARY, « Les blés d’or ».
La pâtisserie ne fut pas reprise et à la place, madame Léonie ADAM y ouvrit un restaurant-bar. Il y avait également quelques chambres.
Les repas étaient copieux et goûteux ce qui donna à la maison une solide réputation, aussi bien pour les repas ouvriers que pour les banquets. Les joueurs du club de foot aimaient y venir « boire un coup » et s’y retrouver lors des banquets d’autant plus que le mari de Léonie, Léon ADAM, était vice-président de l’ASN et que leur second fils, « Jeannot », fit les belles heures du club comme joueur (il signait sa première licence à 13 ans) puis comme éducateur et comme dirigeant.
Après la retraite de Mme ADAM, M. J.M. DEXET lui a succédé. Pendant quelques année la même fibre sportive vibrait dans l’établissement. Mais l’espace trop limité ne permettait pas le développement de l’affaire et M. DEXET la transféra rue du général de Gaulle.
Après le déménagement du restaurant il y eu une sophrologue.
Actuellement, c’est le siège d’une association, LES TÉMOINS DU FUTUR, déclarée le 1 février 2019 à la Préfecture de la Haute-Vienne pour promouvoir les arts et la culture.
L’ancien café-restaurant ADAM puis DEXET
Au numéro 10, la maison était autrefois le siège de la boucherie Eugène LELONG. Cette famille n’est pas apparentée aux LELONG, bouchers de la place de l’Eglise mais aux SANCIAUD. M. et Mme LELONG avaient une fille, Bernadette, employée à la Poste centrale à Limoges. C’était une bonne boucherie qui, du fait de l’évolution du commerce, a sans doute pâti du fait d’être excentrée.
En 1943
En 1984
A côté de la boucherie il y avait l’abattoir et derrière la
boucherie, un très beau jardin avec un accès rue Michelet. Dans un petit
appartement à l’arrière de la maison est venu s’installer la famille PICAT et
leur fils Bernard après qu’ils eurent quitté leur logement de la rue Pierre et Marie
Curie. Quand M. LELONG a pris sa retraite la boucherie n’a pas été reprise. Mme
Emilie TABARAU-ROUFFY s’y est installée en 2012 pour y exercer la profession de
praticienne en énergétique traditionnelle chinoise. Elle a présidé l’épicerie
associative Vl’a aut’chose, de 2015 à 2017.
Aujourd’hui la façade a été entièrement refaite par les nouveaux propriétaires et on ne distingue plus la vitrine du boucher.
Il n’y a plus de trace de la boucherie LELONG
Au numéro 12 se trouve une belle petite maison avec grange. Elle était la propriété de M. MERLE qui était chef d’atelier à la Manufacture de chaussures ADAM. Décédé sans enfant, la maison a été achetée par M. CROZET-ROBIN. Sur le linteau de la grange on lit la date 1821.
A gauche la grange de 1821
La grange et la date gravée
Au numéro 14 c’est la grande maison ou habitaient les « demoiselles BONNET », Louise, l’aînée et Germaine sa cadette, dernières descendantes de la bourgeoisie nexonnaise. Elles vivaient de leurs rentes, possédaient des fermes et des métairies, notamment à Champagnac et à St Maurice les Brousses.
Leur maison était meublée à l’ancienne, avec de belles boiseries et une grande cheminée. A l’arrière de la maison s’étant un magnifique parc qui possède une entrée rue d’Arsonval.
Les demoiselles BONNET se déplaçaient en voiture hippomobile, l’écurie et la grange étaient de l’autre côté de la rue.
Elles n’avaient pas d’héritiers directs, seulement de lointains parents. A leur décès leur maison a été achetée par la famille CROZET-ROBIN.
Nous arrivons ensuite à la maison d’angle de la rue d’Arsonval. Elle appartenait à M. BECHADE, menuisier, ainsi que celle d’en face. Il avait son atelier au numéro 27.
Les maisons à l’angle de la rue d’Arsonval
En remontant la rue on longe le mur de soutènement des jardins avant d’arriver au passage Pocheros. On a alors une vue inhabituelle sur l’église qui se dégage sur un premier plan de verdure.
Une vue inhabituelle de l’église se détachant sur un premier plan de verdure.
La Compagnie Pocheros (prononcer peau-chair-os) a été co-fondée en 1993 par Adèll Nodé-Langlois, Gulko, Titoune Krall, Mads Rosenbeck et a monté son premier spectacle dans la rue. La troupe est composée d’anciens élèves du centre national des arts du cirque. C’est sa venue en 2000 qui est commémorée par le nom de la rue.
Ce passage était utilisé par les chevaux du château pour rejoindre les près sur lesquels le lotissement a été réalisé.
Le passage Pocheros et la vue sur le château et l’église
En continuant vers la rue Victor Hugo, la rue Pasteur longe toujours un mur qui abrite de grands jardins et par-dessus lequel on aperçoit le clocher de l’église.
Un porche sépare les immeubles des numéros 13 et 15.
Au numéro 15 il y a eu pendant de très nombreuses années une boulangerie. Elle a été tenu pendant de nombreuses années par les MEYNIER, une famille de boulangers descendant de Jean MEYNIER né à la Meyze en 1831. Ces trois garçons furent tous les trois boulangers, à La Meyze puis à Nexon pour l’un, Pierre -Buffière et Coussac – Bonneval pour les deux autres. Le troisième, Martial MEYNIER a dû arriver à Nexon vers 1890, commune dans laquelle son premier fils Jean Martial est né en 1895. Son troisième fils, Martial Adrien, né en 1900 a pris sa suite comme boulanger. Dans la famille un des fils MEYNIER est transporteur et pendant la seconde guerre mondiale il est l’un des rares à posséder un camion. Aujourd’hui c’est le Docteur Marie-Claude FURELAUD-MEYNIER qui a vissé sa plaque à la place de l’ancienne boulangerie. Dans le même immeuble, Thierry FURELAUD exerce le métier d’architecte. On accède à son cabinet en passant par le porche. L’immeuble appartient toujours à la famille MEYNIER.
La boulangerie avant 1914.
Après la guerre de 1939-1945, la boulangerie a été tenue par MM. ANDRIEUX, puis GROLLAUD pendant les années 1960 et Michel BARNABET. Il a ensuite transféré sa boulangerie dans la rue Gambetta
Monsieur FURELAU s’y installe comme architecte et son épouse, le docteur FURELAU-MEYNIER comme médecin.
-L’immeuble situé au numéro 17 appartenait à M. et Mme AYMARD. Après avoir créé son usine électrique M. AYMARD et son épouse ont acquis plusieurs maisons à Nexon. L’avantage des propriétés situées sur la droite en descendant la rue Pasteur, qui à l’époque s’appelait rue du nord, c’est qu’elles donnaient sur la rue de l’usine électrique où Monsieur AYMARD avait son usine électrique et son garage. Après son décès accidentel la maison appartint à sa veuve et à sa fille qui avait épousé M. LENOIR, électricien à Nexon jusqu’au début des années 1930. La famille LENOIR et Mme veuve AYMARD sont parti à Excideuil. En 1939 ils ont vendu leur immeuble à M. et Mme CHIROL.
Cet immeuble est ainsi décrit dans l’acte : « Immeuble situé à NEXON (Haute Vienne) rue du Nord et rue de l’Electricité, comprenant : Maison à usage d’habitation, en façade sur la rue du Nord, composée de rez de chaussée, cellier à coté, premier étage, grenier mansardé au-dessus ; derrière la maison cour avec petites dépendances et Jardin faisant suite au tout et dans son prolongement, bâtiment à usage de garage, cour au-devant sur ladite rue de l’Electricité. »
Après le décès accidentel de Louis AYMARD, Louis VALETTE qui était son mécanicien a pris sa suite.
Il loge dans l’immeuble et expose les modèles des nouvelles
voitures au rez de chaussée.
M. Henri DENIS (1889 – 1950) était locataire de la maison et propriétaire du chais qui donne sur la rue Pierre et Marie Curie. Né à Saint Martin le Vieux, il est rappelé sous drapeaux en 1915 et affecté au 20ème dragon. A la fin de la guerre il devient commis voyageur puis, excellent cavalier, il s’engage dans la gendarmerie à cheval. La vie de gendarme ne convient pas à son caractère alors il change de métiers. Il achète le garage VALETTE et y installe un chais. Il crée un commerce de vin en gros et en en détail. Son fils Maxime DENIS (1914 – 1987) le fera prospérer.
Dans le chais il y a toujours les traces de l’ancien garage avec en particulier le logo CITROËN gravé dans le ciment.
Le logo Citroën dans le chais de M. Denis
Lorsque madame CHIROL vend son immeuble Maxime Denis et son épouse l’achètent. Ils y créent des chambres pour l’hôtel et transforment le magasin en studio. Il sera loué, au début des années 1980 il l’est au docteur Marie Claude PEYRICHOUX qui y installera, jusqu’en 1985, son cabinet médical.
L’immeuble, entièrement rénové, est la résidence nexonnaise de M. et Mme LEOBON.
Le numéro 17 en 2020
-Numéro 19.
C’est un immeuble d’habitation qui appartenait à Mlle
CHARREIX, employée à la Poste à Limoges.
Il y avait au rez de chaussée un bureau de tabac tenu par M.
DESBORDES, mutilé de la guerre de 1914-1918. Il le transfèrera par la suite rue
Gambetta.
Monsieur PERRIARD qui était plombier s’y installa puis M. F. ERBAULT qui fabriquait des moules en porcelaine. Il y eu ensuite, à la fin des années 1960, la Maison du Meuble de Mme ADAM.
Ensuite M. Raymond FONCHY achète l’immeuble et passe son activité d’électricien et son commerce d’appareils de radio et de télévision du n° 8 au n° 19 de la rue Pasteur.
Par la suite le magasin a été supprimé et n’est plus qu’un immeuble d’habitation appartenant à la famille FONCHY.
le numéro 19 en 2020.
-Au numéro 21, il y avait un
restaurant et une habitation, propriété de de M. et Mme François AUTHIER.
François AUTHIER, né à Nexon en 1878, a épousé en 1902, Joséphine AYMARD, la
sœur de Louis AYMARD, le futur créateur d’une usine électrique à Nexon. Ils
avaient acquis ce bien en 1907 de M. et Mme Pierre BRAGARD.
M. AUTHIER, au moment de son
mariage en 1902, était tailleur d’habit et son épouse couturière. Ils sont
devenu restaurateurs en 1906, peu de temps avant d’acheter l’immeuble. Ils l’ont
vendu en février 1941 à M. et Mme PEYNICHOU.
L’acte notarié décrit ainsi
l’immeuble ; « Une maison à usage d’habitation et de restaurant situées Nexon,
rue du Nord et rue de l’Electricité, composée au rez de chaussée d’une salle de
restaurant d’une cuisine et d’une salle à manger, cave sous le tout, au premier
étage, quatre pièces et grenier au-dessus ; attenant à la maison, une cour dans
laquelle se trouve un puits avec pompe, waters closets, deux petites étables,
hangar et remise en façade dans la cour, le tout d’un seul tenant, figurant au
plan cadastral de la commune de Nexon, sous les numéros 47- 48 et 45p de la section
A, pour une contenance totale de deux cent vingt mètres carrés environ et
confrontant dans son ensemble à la rue du Nord, aux immeubles Dudognon et
Estier à la rue de l’Electricité, aux immeubles restant appartenir aux vendeurs
et par eux réservés et aux immeubles de Mademoiselle Charreix. »
Après le décès de son père, Marthe PEYNICHOU, épouse de Maxime DENIS, hérite de l’immeuble et de ses dépendances. Elle développe le restaurant. Utilisant son prénom comme enseigne M. DENIS, le dénomme « Chez Maxime ». Mais il n’y avait alors pas besoin d’enseigne. Les jours de foire le restaurant était complet du matin au moment du casse-croûte jusqu’à la fin de l’après-midi. Les repas pour les fêtes de famille, les baptêmes, les communions, les fiançailles, les mariages s’y tenaient régulièrement. Les touristes aimaient y séjourner, des chambres avaient été aménagées au numéro 17.
Madame DENIS, à gauche, avec ses employées et sa fille Rachel au premier rang.
Le restaurant « Chez Maxime » deviendra une table recherchée pour les événements familiaux, baptêmes, communions et mariages mais aussi pour les repas copieux servis les jours de foire.
Il ne manque plus que les mariés
Pendant les congés, l’hôtel reçoit de nombreux vacanciers, souvent des habitués. Les voyageurs de commerces font partie des clients réguliers.
Des parisiens en vacances à Nexon.
La réputation de la maison résulte non seulement des talents de cuisinière de madame Marthe DENIS mais aussi de la qualité des vins que commercialise Maxime DENIS et que l’on retrouve sur la carte du restaurant. Nous consacrerons un prochain article à un extrait de sa carte.
Après sa retraire Madame DENIS louera son commerce à différents restaurateurs. Le premier d’entre eux fut M. Christian MARSAC au milieu des années 1970.
La publicité pour le restaurant en 1985 et 1986
En 2005 le restaurant devient « Le Petit Chef ». Il est tenu par Bruno ROYER qui le fera prospérer jusqu’en 2010 avant de partir s’installer à Glandon.
Il est remplacé par Cyril TRILLAUD et son épouse. Ils exploitent le restaurant pendant quelques années et en novembre 2015 ils vendent le fond.
Mme Roselyne ROMANO achète le fond et transforme le restaurant en un « bar-crêperie » à l’enseigne « Les deux anges » dont la salle avait été entièrement redécorée.
Le restaurant fonctionne quelques mois et cesse son activité.
Pour ne plus avoir à subir la succession de plus en plus rapide des gérants, Mme LEOBON rachète le fond et vend l’ensemble de l’immeuble. Il est acheté par un couple d’enseignants qui maintenant y habite.
-Au numéro 23 s’élève une des plus ancienne maison de Nexon. On y accède par un escalier qui descend au rez de chaussé, en contrebas du trottoir. L’immeuble appartenait à M. DESPLANCHES et pendant les années 1945 – 1970, M. et Mme DUDOGNON y sont coiffeurs. Germaine DUDOGNON a son salon installé au 1er étage tandis que se mari, Albert, coupe les cheveux au rez de chaussé. Il tient également, dans l’angle de la maison avec la rue Pierre et Marie Curie, une petite poissonnerie.
L’immeuble en 1984
Le numéro 23 en 2020
Après avoir traversé la rue Pierre et Marie Curie on longe un pré. Il appartenait à Baptiste LELONG dont la boucherie était située en face de l’église. Il a été amputé de quelques mètres pour faciliter la prise du virage par les camions qui venaient de La Plaine ou de La Meyze. Au belles heures du haras les chevaux du baron étaient conduits régulièrement.
Au numéro 23 bis se trouve
l’entrée dans cet ancien pré devenu un parc au fond duquel un pavillon a été
construit.
Au numéro° 25 il y avait autrefois un garagiste, M. GUYONNAUD, le frère du coiffeur de la rue Gambetta. Puis l’épicerie de Mme HELION, dont les crayons de couleur faisaient envie à tous les jeunes écoliers et écolières. Maintenant c’est une habitation.
En remontant vers Cornedie on passe devant les numéro 27 et 27 bis, puis on arrive à la Rue René Cassin qui a été ouverte pour permettre l’accès au lotissement construit sur les prés du baron.
Vue sur le lotissement
Au numéro 29 une belle petite maison avec jardin qui étaient avant-guerre la propriété de Mme Saint-Ange. Elle les a légués à l’Eglise et pendant quelque temps le curé LATZARUS y a habité. Par le suite la propriété a changé de main et appartient à Mme BILLAT.
Sur le côté droit de la maison, juste au-dessus du volet droit quand il est ouvert, une pierre de taille porte gravée l’année 1759.
Au numéro 31 une ancienne grange a été transformée en habitation. Dans les années 1930-1960 y habitait le garde champêtre, M. NARDOT et sa famille. Jusque vers la fin des années 1950 il battait le tambour et lisait, à forte voix, sur les places du bourg et dans les villages, les avis officiels.
Au numéro 33, une belle maison aux volets rouges et dans le coin droit du mur une croix avec gravé : JEAN guyo 1774 -.
Arrivé au bout de la rue, et avant de repartir pour parcourir le côté pair, je remercie une nouvelle fois Madame le docteur FORGERON dont la mémoire parcourt sans fatigue les rues de Nexon, me dressant une trame que je n’ai plus qu’à approfondir. Merci également à Madame LEOBON, redevenue la jeune Rachel DENIS pendant plusieurs heures que nous avons passées à faire revivre le Nexon de notre jeunesse.