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La rue Pasteur, côté impair de 1 à 13.

Prolongement direct de la rue Gambetta, elle descend jusqu’à son intersection avec la rue Pierre et Marie CURIE puis remonte ensuite vers Cornedie, le plus vieux quartier de Nexon.

Jusqu’au numéro 21 inclus, les maisons sont traversantes et ont une sortie rue Pierre et Marie CURIE, ancienne rue de l’usine électrique.

La Rue Pasteur

Autrefois la rue Pasteur prolongeait la Rue du Nord, rue Gambetta aujourd’hui. C’était la rue principale de Nexon et les premières automobiles ne passaient pas devant l’ancienne Mairie.

Elle débute à partir du porche situé à gauche de la pharmacie. Il donne donne accès aux remises et aux jardins communs aux trois maisons, avec un accès à la rue Pierre et Marie Curie comme plusieurs des maisons de cette rue.

La pharmacie NOUHAUD en 1905. La rue est empierrée, les automobiles sont très rares à Nexon.
Vue sur les jardins et à droite le laboratoire de la pharmacie NOUHAUD

Numéro 1- C’est l’ancienne pharmacie NOUHAUD. Elle appartenait d’abord à Louis NOUHAUD (1855-1922) puis à son fils Charles NOUHAUD né à Nexon le 28 décembre 1886. A côté de l’officine la pharmacie Louis NOUHAUD qui était également chimiste, exploitait un laboratoire pharmaceutique spécialisé dans les produits vétérinaires. Les locaux ou travaillaient une dizaine de personnes sont à l’arrière de la pharmacie et on accède par le porche.

Le laboratoire

M. NOUHAUD vendait ses produits dans toute la France et en Algérie. Il avait déposé sa marque le 30 octobre 1888.

La marque déposée le 30 octobre 1888
Une facture pour des produits expédiés dans les Vosges

A la mort de Louis NOUHAUD, le 17 octobre 1922, sa veuve a continué à exploiter le laboratoire de produits vétérinaires et habite seule au n°3 de la rue Pasteur tandis que son fils Charles NOUHAUD prend sa suite à la pharmacie.

André LONGEQUEUE achète la pharmacie en 1944. Son frère Louis LONGEQUEUE, également pharmacien fut maire de Limoges de 1956 à 1990.

Monsieur Longequeue n’était pas originaire de Nexon, mais de Saint Léonard de Noblat ou son père était instituteur. Né le 22 aout 1911 il avait trois ans de plus que son frère Louis. Il s’est marié à Nexon, le 10 août 1940 avec Marthe Frida RICHERT. Il habitait au 1er étage de la pharmacie avant de faire construire sa maison en 1954, en bordure de l’ancien champ de foire.

Très investi dans la vie de la commune André LONGEQUEUE a été adjoint au maire de Nexon.

En 1979 M. et Mme POURET succèdent à M. LONGEQUEUE.

En 2000 M. Daniel DESMOULIN et Mme Christiane MERIGOUS achètent la pharmacie et lui donnent le statut de société d’exercice libéral à responsabilité limitée sous le nom de « Pharmacie Saint Roch ».

La Pharmacie Saint Roch

Numéro 3 – C’était la maison d’habitation de M. et Mme. Charles NOUHAUD. Après le décès de son mari Mme NOUHAUD a habité seule cette maison puis elle l’a vendue à M. René REBIERE, maire de Nexon de 1965 à 1995, qui y habitait avec ses trois filles.

La maison du n°3 à l’époque ou René Rebière y habitait

Il y exerçait la profession d’assureur comme agent de la société Trieste et Venise. Créée en 1831 en Italie elle ouvre sa première agence en France, à Bordeaux en 1832. Elle a été remarquée en 1963 en créant Europe Assistance, service encore inédit dans le monde. Dans les années 1980 R. REBIERE représentait le groupe « Concorde ».

Numéro 5 – Il y avait autrefois, ici, une boucherie. On la voit bien sur cette carte postale dont la photo date de 1910.

La photo a été prise un dimanche, les personnes sont en habits de fête.

A gauche de la boucherie, la porte donne sur un couloir au fond duquel se trouvait une boulangerie. Le dernier boulanger a été M. BORUEL. Il n’y avait pas d’enseigne ce qui ne l’empêchait pas d’avoir une bonne clientèle.

La boucherie était celle de Léon Baptiste GUYOT, frère de Jean Baptiste GUYOT, boucher rue Gambetta.

M. Léon Baptiste GUYOT était également marchand de bestiaux. Il avait possédait un pré et une grange sur la route de la Barrière et une autre grange dans la rue des écoles, touchant le mur du collège.

La grange de Jean baptiste GUYOT.

Dans les années 1950 la boucherie a fermé mais a conservé la devanture d’origine puis celle-ci a été supprimée et la façade a été transformée.

Au début des années 1960 la boucherie est fermée mais la devanture est encore présente.

La façade a été refaite, la devanture a disparu mais on en devine les contours.

Numéro 7 – Il y avait ici un commerce de tissus et de nouveautés tenu par Mme GROSPAS.

Puis ce fut une mercerie et nouveautés avec Madame PRADEAU. Cette boutique fait partie des nombreux commerces de bonneterie, draperie, mercerie, tissus qui existent alors à Nexon. Il faut rappeler que le « prêt à porter » est né dans les années 1950.

C’est lors de la Première Guerre mondiale que l’armée américaine qui devait habiller ses soldats le plus rapidement possible standardisa les tailles afin de gagner du temps de fabrication. On parlait alors de la « confection ». Jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, la confection ne représente qu’un quart de la production de vêtements, le reste est fait à la maison ou par une couturière. C’est en 1948 que le terme « prêt-à-porter » est progressivement à ces vêtements produits en série. Ils vont s’imposer du fait de leur prix avantageux par rapport à un vêtement fait sur mesure. On ne vendra pratiquement plus de tissus dans les villages et petit à petit les couturières disparaitront, leur commerce ne trouvant de repreneur lorsqu’elles prendront leur retraite. C’est ce qui va se passer à Nexon.

C’est un marchand de vélos qui va s’installer à la place de la mercerie. Au début des années 1960, Monsieur Roger FAUCHER transfert son atelier de la rue Gambetta à la rue Pasteur. Il devient agent Peugeot.

La vitrine de la boucherie n’a pas été encore enlevée et la boutique de cycles est juste repeinte

La réparation et la vente de vélos se réduisent, il faut élargir la gamme de produits. M. FAUCHER ajoute à son activité, les articles de chasse et de pêche mais aussi les tronçonneuses, les tondeuses et les motoculteurs.

Pour autant les artisans se heurtent à la concurrence des grandes surfaces spécialisées. Il ferme son commerce. La boutique reste inoccupée pendant quelques années.

M. FAUCHER a fermé son commerce

La pharmacie qui s’est agrandie comme nous le verrons plus loin, s’y installe pendant quelque mois pour y exposer des matériels.

La vitrine est occupée pour exposer du matériel médical.

Vers la fin de l’année, M. Michel ROCHE, y transfère son commerce de vin « « Ô CHAPITEAU DES VINS » qu’il exploitait rue Gambetta.

Au numéro 9 on trouvait une pharmacie. Depuis 1878 elle appartenait à M. BONNEL.

Le Courrier du Centre – 17 octobre 1878

M. BONNEL est pharmacien chimiste et médecin. Il fabrique des médicaments dont il fait la publicité dans les journaux. Il a plusieurs pharmaciens dépositaires de ses produits dans le département de la Haute-Vienne et un droguiste à Paris. Il produit un Élixir reconstituant et une poudre qui redonne de la vigueur aux animaux fatigué.

Le Courrier du Centre – 29 décembre 1889
Le Courrier du Centre – 21 mars 1890
Le Courrier du Centre – 16 octobre 1889

M. BONNEL est également pharmacien des chemins de fer, qualité qu’il met en avant dans ses factures et dans ses publicités.

Notez l’écriture de la date : 22 Xbre 1883. C’est un reliquat du calendrier JULIEN. Ce calendrier a été mis en place par Jules César pour remplacer le calendrier romain républicain basé sur la Lune. De fait il y avait des décalages avec l’année solaire qu’il fallait régulièrement rajouter des jours pour être en concordance avec le soleil. Le nouveau calendrier entra en application en l’an 45 avant JC. Et fut appelé JULIEN en hommage à Jules César. Avec le développement des instruments de mesure les astronomes se rendirent compte que le calendrier Julien était en retard par rapport au temps astronomique. En 1582, le Pape Grégoire XIII promulgue le calendrier GREGORIEN. Il fut rajouté 10 jours et le jeudi 4 octobre 1582 fut immédiatement suivi par le vendredi 15 octobre. En France Henri III l’adopta le 9 décembre 1582 et de ce fait le lendemain devint le 20 décembre 1582. Ce calendrier ne fut adopté par les pays de tradition orthodoxe qu’au XXe siècle.

Il resta cependant des reliquats du calendrier JULIEN pour lequel l’année commençait le 1er mars. De ce fait le mois de septembre était le septième mois (7bre), octobre le 8 ème (8bre), novembre le 9ème (9bre) et décembre le 10ème (Xbre). Les autres mois s’écrivent normalement.

Le Courrier du Centre 16 et 17 août 1889

Ab la fin des années 1920 la pharmacie est achetée par M. Auguste PIALLOUX.

Annuaire DUMONT 1928

Son épouse, institutrice, est nommée à Nexon à la rentrée de septembre 1930.

Le Populaire 5 octobre 1930

A l’époque, la jeune Rose VIGNERON, était fascinée par les deux énormes flacons de verre emplis de liquides de couleurs vives qui trônaient dans la vitrine. Il y avait aussi les publicités très colorées pour Aspro (aspirine), Kalmine (antalgique), la ouate Thermogène, symbolisée par un diable qui crache une flamme rouge et préconisée pour remplacer les cataplasmes à la moutarde comme « traitement » des bronchites.

Monsieur PIALLOUX était également très engagé dans la politique. Il représentait la section de Nexon à la Fédération socialiste de la Haute-Vienne. Il animait les débats dans les réunions organisées dans les cantons voisins.

Le Populaire, 7 mai 1934

En 1937 M. PIALLOUX part à Limoges et s’installe « Au Mortier d’Or », 33 Boulevard Louis Blanc à Limoges.

e Populaire, 15 août 1937

Il est remplacé par M. Jean SOULIER qui restera quelques années à Nexon.

Il vend sa pharmacie à M. LAMOURE qui va rester à Nexon jusqu’à sa retraite. M. et Mme LAMOURE habitent au 1er étage, au-dessus de la pharmacie, puis ils font construire une maison aux Garennes où ils iront habiter. Leur fils Jean Paul LAMOURE est photographe à Limoges.

Madame NOUILLAS succède à M. LAMOURE. Son mari est dentiste, rue Pierre et Marie Curie. Elle profite de la fermeture de la boulangerie voisine, installée au n° 11, pour acheter les murs et agrandir sa pharmacie. En 1983 l’adresse devient 9-11 rue Pasteur. Puis au début des années 1990 Mme NOUILLAS s’associe avec M. Stéphane LABARRE . Cette association prendra fin en mars 2011. M. LABARRE continue seul à exploiter la pharmacie.

Les évolutions de la pharmacie
La pharmacie après son agrandissement

Le 20 février 2014 M. LABARRE demande l’autorisation de transférer sa pharmacie sur le parking du Super U, route de La Meyze. Un longue procédure va s’ensuivre dont on peut suivre la chronologie :

Le 3 juin 2014, L’Agence régionale de Santé (ARS), après enquête, refuse ce transfert en jugeant qu’il ne répond pas aux besoins de la population résidente et qu’il serait en contradiction avec les lois et règlements en vigueur

Après ce refus, la Pharmacie LABARRE dépose en juin 2014 un recours hiérarchique direct auprès du Ministère de la Santé, visant à faire annuler la décision de l’ARS. En décembre 2014, le Ministère de la Santé annule l’arrêté de l’ARS.

En février 2015, plusieurs pharmacies rurales voisines demandent au tribunal administratif de Limoges de se prononcer sur la légalité de l’arrêté ministériel.

En décembre 2015, fort de l’annulation de l’arrêté de l’ARS par le Ministère, M. LABARRE transfert son officine sur son nouvel emplacement.

Le 28 septembre 2017, le tribunal administratif de Limoges déclare l’arrêté ministériel illégal, jugeant que le Ministère avait fait une erreur d’appréciation. Par conséquent, le nouvel emplacement devient non conforme aux lois et règlements en vigueur. Le 28 octobre à minuit, l’officine ne peut plus délivrer de médicaments et le Conseil de l’ordre des pharmaciens a radié son titulaire Stéphane LABARRE .

Un fort mouvement de soutien se manifeste alors : Le 17 novembre 2017, une manifestation organisée par le groupe « Sauvons la pharmacie LABARRE » est organisée à Limoges devant le siège du Conseil régional de l’ordre des pharmaciens de Haute-Vienne.

La Pharmacie LABARRE et le Ministère de la Santé font appel de ce jugement devant la cour administrative d’appel de Bordeaux qui, le 8 février 2018, confirme complètement le jugement du tribunal administratif de Limoges.

Le 24 mars 2018, un rassemblement de soutien de 250 personnes se rassemble devant l’ancienne pharmacie dans le but de mobiliser les élus.

24 mars 2018

En avril 2018, la SARL Pharmacie LABARRE dépose une nouvelle demande de transfert sur le même lieu. Le 29 juin 2018 un arrêté de l’ARS Nouvelle-Aquitaine autorise ce transfert.

La nouvelle pharmacie implantée sur le parking du Super U

Au numéro 11 il y avait une boulangerie. Elle a été tenue par Jean SAUVAGE dans les années 1920-1930, puis par M. BESSE et ensuite M. BARBE.

Sur cette carte postale on voit le déchargement d’une charrette de bois devant la boulangerie. Jusqu’à la guerre de 1939-1945 la plupart des fours étaient chauffés au bois. Le plus souvent il était entreposé devant la boulangerie, comme ici.

Dans les locaux laissés libre par le départ de la pharmacie LABARRE, l’épicerie associative, « V’la aut’chose » quitte la rue Gambetta pour le vaste espace constitué de la réunion des anciens commerces des numéros 9 et 11.

Au numéro 13, il y avait au début des années 1900 une épicerie à l’enseigne des « Économats du centre ». C’est une Société anonyme française, constituée en 1910 pour la création et l’exploitation de fonds de commerce d’épicerie, vins et spiritueux, charcuterie, mercerie, bonneterie, chaussures, etc… Les entrepôts sont à Saint-Etienne, Montpellier, Decazeville, Montluçon, Brive. Le social est à Clermont-Ferrand.

Un jour de fête en 1943

En passant sous le porche on accède à l’hôtel du Faisan tenu par M. Louis DESMAISON.

Au 1er étage habite M. et Mme Louis BRUGEAS (1895 – 1964). M. BRUGEAS a épousé en juillet 1925 une jeune fille de Nexon, née au Plantadis.  Leur fils, Jean Marie, naît le 24 juillet 1926 ; Il se marie avec Yvonne MASSALOUX, qui travaillait dans une usine de pantoufle à Aixe sur Vienne. Dès que l’épicerie ferme elle s’y installe et crée un atelier de pantoufle qu’elle appelle « la Nexonnaise ».

Monsieur BRUGEAS décède le 12 mars 1980, ses fils trouverons tous les deux une mort tragique. Le magasin est fermé, Madame Brugeas vit seule avec ses souvenir au 1er étage.

Comme pour la rue Gambetta, la trame est due à la mémoire fidèle de Madame FORGERON. Elle se souvient de tout ce qu’elle a vu lorsque, jeune fille, elle habitait chez ses parents, M. et Mme VIGNERON, les commerçants, ses petites camarades, les événements… Merci mille fois.

Connaissez vous le village de Gardenéchat à Nexon ?

Le Registre de l’Etat Civil de la commune de Nexon a enregistré plusieurs naissances au village de Gardenéchat ? En particulier en 1905, 1906 et 1904. En voici une concernant Maurice Fernand QUEYROIS :

Je n’ai trouvé aucune trace de ce village dans les différents documents que j’ai consulté. Qui pourrait me dire ou était situé ce village ou lieu-dit ?

J’ai la même question pour Le Communal, La Croix des quatre chemins, le Moulin de la Rose.

Dans le bourg où se trouvait la rue du Midi, le quartier des Grands Près, la Place Fontaine Bidet ?

Merci de votre contribution.

Jean François NYS

Une Caisse de retraite pour les pompiers volontaires dès 1958 ?

Les Sapeurs-pompiers sont des bénévoles. Ils sont défrayés lors des interventions mais aucune cotisation sociale n’est retenue sur cette indemnité.

En 1958, le chef de bataillon CONSTANT, Inspecteur départemental des services d’incendie de la Haute-Vienne, s’investi pour que soit créée une Caisse de retraite pour les sapeurs-pompiers volontaires. Dans un courrier adressé aux maires du département il leurs faisait part de ce projet et leur demandait de participer au financement de cette caisse. La plupart des maires ont répondu que leurs finances communales ne leur permettaient pas de participer à un tel financement mais ils suggéraient que celui-ci soit assuré au plan départemental ou au plan national.

Lettre du chef de Bataillon CONSTANT

Un vœu demandant le financement par l’Etat d’une telle caisse présenté au Conseil général de la Haute Vienne le 28 octobre 1958 par le Docteur BARRIÈRE, maire de Saint Léonard et conseiller général, a été adopté à l’unanimité.

Vœux du Docteur BARRIÈRE

De la création d’une allocation de vétérance à la prestation de fidélisation et de reconnaissance.

Un arrêté du 18 août 1981 permettait le versement d’une allocation de vétérance aux anciens sapeurs-pompiers non professionnels ayant accompli en cette qualité vingt années de service effectif et qui avaient atteint la limite d’âge de leur grade (60 ans pour les officiers, 55 ans pour les non-officiers, la condition de limite d’âge étant ramenée à 50 ans pour les sapeurs-pompiers reconnus médicalement inaptes au service).

Le montant maximum de cette allocation annuelle, actualisé chaque année, était de 1.871 F pour 1995 soit l’équivalent de 383 euros en 2019.

Dans la pratique, les conditions d’attribution et les montants effectivement versés variaient suivant les départements et certains n’attribuaient pas cette allocation.

La loi n° 96-370 du 3 mai 1996 relative au développement du volontariat dans les corps des sapeurs-pompiers a entendu remédier aux disparités dans le versement de cette allocation et unifier les conditions de son financement. Son article 12 a généralisé l’allocation de vétérance en rendant son versement obligatoire en faveur de tous les sapeurs-pompiers volontaires dont l’engagement prend fin lorsqu’ils atteignent la limite d’âge de leur grade, après avoir effectué au moins vingt ans de service.

Les deux conditions, avoir accompli vingt années de service et s’être engagé jusqu’à la date de la limite d’âge, n’étaient pas remplies par tous les volontaires. Aussi en 2004 les conditions d’obtention de cette allocation ont été modifiées et une nouvelle prestation créée.

La loi du 13 août 2004 relative à la modernisation de la sécurité civile crée la Prestation de Fidélisation et de Reconnaissance. Pour la percevoir il faut avoir au moins 20 ans de service à la date de cessation d’activité et entre 55 et 65 ans

Le montant de la PFR résulte d’une participation financière à part égale du Service départemental d’incendie et de secours (SDIS) et de l’Etat abondée par la cotisation obligatoire du sapeur-pompier volontaire à partir de sa 6ème année d’engagement et éventuellement de la majoration facultative de sa cotisation.

Une Nouvelle Prestation de Fidélisation et de Reconnaissance (NPFR) a été publié par le décret n° 2017-912 du 9 mai 2017 pris en application de la loi du 27 décembre 2016 relative aux sapeurs-pompiers professionnels et aux sapeurs-pompiers volontaires.

Pour la percevoir il faut avoir accompli au moins 20 ans de services (15 ans en cas d’incapacité opérationnelle reconnue médicalement), à partir de 55 ans en cas de cessation d’activité. Il n’y a plus de cotisations personnelles des sapeurs-pompiers volontaires, ni obligatoires ni facultatives.

Les prestations sont financées par les SDIS (avec une participation de l’État à hauteur de 50 %), les communes ou EPCI concernés.

Le Décret n° 2019-691 publié au journal officiel du 3 juin 2019 apporte essentiellement des ajustements rédactionnels et techniques permettant de clarifier le dispositif NPFR.

Les indemnités versées au sapeur-pompier volontaire au titre de l’exercice de ses fonctions et de ses activités au sein des services d’incendie et de secours définies par l’arrêté du 5 juillet 2019 et appliquées à compter du 1er août 2019 sont de 11,77 € pour les officiers ; 9,49 € pour les sous-officiers ; 8,40 € pour les caporaux et 7,83 € pour les sapeurs.

Les pompiers volontaires de la Haute-Vienne ont une section syndicale. C’est ce qui ressort de l’entretien de Bernard Buisson, pompier volontaire à Saint-Yrieix-la-Perche, et secrétaire de cette section syndicale le 14 novembre 2017 avec les journalistes de France Bleu Limousin. Cette création s’appuie sur un Arrêt du Conseil d’Etat du 12 mai 201 confirmant son avis de 1993 et réaffirmant la notion d’agent public contractuel des pompiers volontaires.

Bonne année 2020

Que cette nouvelle année soit une année de bonheur pour tous les lecteurs de ce blog. Que l’intérêt pour notre histoire, nos racines ne faiblisse pas car si « tu ne sais pas d’où tu viens comment savoir où tu vas? »

N’hésitez pas à écrire des commentaires, à me proposer des sujets….

Rue Gambetta n° 28 à 38

Autrefois, entre l’actuelle rue Lafontaine et la rue Jean Jacques Rousseau, il y avait un grand mur derrière lequel se trouvaient deux institutions religieuses. Il s’agissait de deux écoles, l’une pour les filles, l’autre pour les garçons. L’école des filles, la première en venant du bourg et en allant vers la gare, dépendait des Sœurs de l’enfant Jésus, congrégation née au Puy au XVIIe siècle. Celle des garçons située après correspondant aux numéros 32 à 38 actuels, dépendait des Frères du Sacré Cœur, congrégation fondée à Lyon en 1827 par le Père André COINDRE. L’école de garçon, comme celle des filles, a été créée par la volonté du baron Astolphe de NEXON qui a mis à disposition le terrain et apporté un financement. L’histoire de ces institutions figure sur ce blog au chapitre « Les écoles religieuses à Nexon ».

Les cartes postales anciennes montrent le long mur mais, à ma connaissance, il n’y a de vues en gros plan sur les écoles.

Le premier bâtiment en allant vers la gare abrite l’école de filles, le suivant l’école de garçons.

N° 28 -30 : ce sont les bâtiments qui correspondent à l’ancienne école de filles.

Les bâtiments du pensionnat de jeunes filles ont été vendus à Monsieur Paul BITAUD. Il a fait démolir le mur et agrandir l’aile gauche où il a transféré son commerce de quincaillerie. Il l’a baptisé « SAM SUFFY », nom que l’on peut lire aujourd’hui encore sur le mur du magasin d’optique.

On trouvait de tout chez M. BITAUD. Les marchandises sont exposées jusque sur le trottoir et la cour sert également de dépôt.

La boutique est trop petite, le trottoir sert d’étal…
Monsieur Bitaud devant sa camionnette abondamment chargée !

Après le décès de M. Paul BITAUD en 1950, son épouse Marie BITAUD avec sa fille et son gendre M. Armand DENARDOU ont dirigés l’affaire.

M. DENARDOU qui était électricien a ajouté son métier à celui de ses beaux-parents.

Puis c’est M. F. LE GUEN, fille DENARDOU qui a dirigé les galeries nexonnaises de 1981 à 2002.

Le commerce change ensuite de nature. Pendant quelques mois un commerce de fleurs a pris la suite, MILLE FLEURS GALERIES NEXONNAISES, un établissement secondaire de Mme E. FORINO. Ensuite un opticien M. Lionel BERTRAND – GERBAUD à ouvert NEXON OPTIQUE.  

Dans le prolongement de Nexon Optique on trouve d’autres commerces.

On trouve d’abord un salon de toilettage pour animaux. Il y eu A QUAT PAT puis Mme Romane CORRET a ouvert PILS POILS.

A côté on trouve une supérette. Elle fut d’abord ouverte à l’enseigne SITIS, un groupe de supérettes indépendantes de proximité puis à l’enseigne VIVAL du groupe CASINO.

Aujourd’hui la cour est moins encombrée de marchandise, elle sert de parking pour les clients.

De l’autre côté de la cour, dans un grand local qu’il a fait construire, Georges DENARDOU a créé un commerce de meuble que gère son épouse et sa fille tandis qu’il s’occupe de l’installation d’appareils de chauffage, de plomberie, d’électricité…

Quand on remonte la rue on arrive au deuxième bâtiment, celui qui abritait à l’origine l’école de garçon.

Après la fin de la guerre de 1939-1945 l’école de filles a rejoint celle des garçons. L’école était dirigée par Mlle ARCHAMBAUT. On voit sur cette carte postale le groupe des jeunes filles avec leur maîtresse.

Aujourd’hui le mur est toujours là mais l’école a disparu.

Au numéro 30 M. Jean Pierre BOULESTEIX ouvre un atelier de plombier-zingueur.

Numéro 32 : L’école a été fermée en 1953 et les bâtiments vendus. Ils ont été achetés par M. C. REALLE. Il a fait construire des logements à gauche de la cour et a rénové l’ancien bâtiment.

Son fils Robert y a transféré une partie de l’activité de l’activité produits du sol et depuis 1982 le siège de l’entreprise de transport.

Au numéro 34 on trouve des logements de particuliers

N° 36, ce sont également des appartements de particuliers.

Avec le numéro 38 on termine le coté pair de la rue Gambetta. La porte donne sur un jardin qui permet d’accéder au coté du bâtiment.

Syndicat des usagers de la route du canton de Nexon

Le 28 février 1931, le syndicat des usagers de la route du canton de Nexon est créé avec comme signataires des statuts: Adrien DESPLANCHES, marchand de bois à Saint Hilaire les Places comme secrétaire, Fernand QUEYROI, marchand de boissons à Nexon comme secrétaire adjoint et Marcel COMBROUSE marchand de bière à Nexon comme trésorier.

Les signataires ont choisi de ne pas avoir de président et par analogie avec les syndicats ouvriers, le responsable est le Secrétaire (article 5), mais il n’est pas Secrétaire général.

Ce syndicat a pour but de réunir les propriétaires de véhicules routiers et d’organiser des achats groupés pour les fournitures et d’agir auprès des pouvoirs publics et des administrations afin d’améliorer l’état des routes, la signalisation…

Parmi les autres objectifs on remarque  » la suppression des passages à niveau et des croisements dangereux ».

On pourrait pratiquement reprendre ces mêmes objectifs aujourd’hui. On ne créerait sans doute pas un syndicat mais une association !

Je ne sais pas combien de personnes ont adhéré à ce syndicat, sans doute peu. Les trois responsables du syndicat exerçaient des professions qui nécessitaient l’usage d’un véhicule routier mais ils n’étaient pas nombreux dans le canton. Si la France compte aujourd’hui plus de 40 millions d’automobiles il n’y en avait que 2,3 millions en 1950 et 1,4 million en 1930.

De la vinaigrerie au moulin et à la boulangerie du Courdein.

La propriété du Courdein sur le terrain de laquelle se trouvaient les bâtiments à usage industriel appartenait à Charles de VIGNERAS, avocat, demeurant à Angoulême. Il s’agissait d’un moulin qui a du fonctionner grâce à la chute d’eau de l’étang de La Lande. Il n’y a pas de traces écrites de son existence mais Camille LARCHER dans son ouvrage « Les anciens moulins du pays de Nexon » aux éditions Les Monédières écrit « qu’un moulin de première génération a bien existé sur ce site ».  M. de VIGNERAS a vendu ce bien à Martial Antoine MORTEROL par acte du 17 novembre 1860 chez Me PEYROT notaire à Chalus.

1- La Société anonyme des Distilleries du Limousin (1881 – 1896)

A la mort de Martial Antoine MORTEROL en 1881, son fils Antoine Ernest MORTEROL hérite de la propriété du Courdein. Il en fait apport à la Société anonyme des Distilleries du Limousin qui a été constituée suivant acte reçu par Me Thézard, notaire à Limoges, le 30 Juin 1887.

Cette société a été dissoute par délibération de l’assemblée générale des actionnaires en date 21 octobre 1889 à Limoges qui a nommé Me COUTY comme liquidateur. Celui-ci a fait publier cette dissolution dans le Courrier du centre.

« Le Courrier du Centre » du 10 novembre 1889.

La Société générale des distilleries agricoles de France dont le siège était à Paris au 51 de la rue de la Chaussée d’Antin puis au 5 rue de Provence a fait l’acquisition de la propriété au terme d’un acte du 7 novembre 1893. Cette acquisition a eu lieu au prix de 16 000 francs. Moins de deux ans plus tard cette société a été admise au bénéfice de la liquidation judiciaire par jugement du tribunal de commerce de la Seine du 12 juin 1895 et dissoute par l’assemblée générale des actionnaires tenue à Paris le 24 aout 1895.

2- La propriété de Henry DELATY (1896 – 1923)

Une vente aux enchères a été organisée pour les biens ainsi désignés : « Divers immeubles situés au Courdein, commune de Nexon, autrefois à usage de distillerie et de vinaigrerie consistant en divers bâtiments, celliers, hangars atelier magasins bureaux, un hectare environ de terrain avoisinant les bâtiments suivant bornes plantées contradictoirement avec Monsieur MORTEROL, un étang de trente ares environs ensemble tous les objets mobiliers, immeubles par destination autrefois à l’usage de la distillerie qui se tenait encore dans le dit immeuble à titre de matériel fixe ou roulant sans aucune exception ni réserve. »

Une première enchère, avec mise à prix à 10 000 francs, le 8 février 1896 avait été infructueuse. Une seconde a eu lieu le 9 avril 1896 au cours de laquelle Henry DELATY, plombier demeurant à Nexon a, pendant que les bougies brûlaient, élevé le prix principal à 7000 francs et lorsque toutes les bougies ont été éteintes il a été déclaré adjudicataire de la Société générale des distilleries agricoles de France.

Henri DELATY qui écrit son prénom parfois Henry avec un y et d’autre fois Henri avec un i était un artisan inventif ce qui lui a valu de nombreuses récompenses dans diverses expositions et en particulier la croix de chevalier du Mérite agricole qui lui a été remise à l’Exposition d’Angoulême par M. le ministre des colonies le 13 mai 1893.

Cette distinction honorifique est la juste récompense des inventions de notre compatriote, pour le progrès de l’industrie, du commerce et de l’agriculture, et pour lesquelles il avait obtenu de nombreuses récompenses dans les diverses expositions.

Monsieur DELATY n’a sans doute pas développé l’activité de distillerie et il a cherché à louer les locaux comme on le constate sur cette annonce publiée dans le Courrier du Centre le 25 mai 1905.

Le Courrier du Centre 25 mai 1905

On ne trouve pas beaucoup de traces de la vinaigrerie, si ce n’est une carte postale éditée par M. LABIDOIRE, avec comme légende « Sous-bois près de l’Etang de la Vinaigrerie ». Au travers des arbres on distingue l’étang, bien mieux visible sur une autre carte postale, plus ancienne, éditée par CHAMPEAU-TERRASSON.

Cet étang est antérieur à 1829 car il figure sur la carte de CASSINI. Il n’a pas changé sinon qu’il ne sert plus à alimenter la turbine. Son ouverture sur la chaussé n’a été conservée qu’à titre de souvenir.

L’ouverture de la turbine, aujourd’hui désaffectée.

A quel moment un moulin et une boulangerie ont remplacé la vinaigrerie ?

3- La minoterie des frères SEGURE (1923 – 1935)

Dans l’acte de vente du 30 avril 1923 par M. DELATY aux frères SEGURE la désignation des biens est ainsi rédigée : « Une usine dite du Courdein comprenant une maison d’habitation avec grenier et fournil, étables, hangar avec appartement servant de bureau, un chai, un bâtiment servant de cave, un groupe de bâtiment ayant servi de distillerie avec grande cheminée et roue hydraulique, un étang, jardins et prés le tout pour une contenance de un hectare et vingt-neuf ares et un centiare environ ».

Pour la première fois il fait état d’un fournil mais on ne trouve pas, à cette date, de boulangerie située au Courdein dans les commerces à Nexon.

Par contre ce sont les frères SEGURE qui ont transformé la distillerie en minoterie et lui ont redonné l’activité qu’elle avait avant 1887. Les deux frères Pierre et Henri SEGURE étaient tous les deux minotiers à Saint Yrieix. Ils ont acheté la propriété en indivision pour moitié entre eux au prix de 50 000 francs payables en 10 ans avec un taux d’intérêt de 5%. Ils ont équipé leur moulin de matériel moderne, ils ont abandonné la turbine à eau et utilisé l’électricité faisant de leur moulin un des plus moderne et des plus important des environs.

4 – La boulangerie et la minoterie GIRARDY (1935 – 1945)

En 1935 les frères SEGURE vendent leur propriété à M. Georges GIRARDY. L’acte signé chez Me A. GARRAUD, notaire à Nexon, spécifie dans la désignation des biens : « Deux petites maisons d’habitation, toits, écuries, remises. Un corps de bâtiment dans lequel existent trois fours de boulanger et un garage. Un groupe de bâtiments dans lequel est exploité un moulin à farine, garage avec quai, hangar, autres dépendances diverses. Cour, jardins, terre, bruyère, étang et taillis pour une contenance de un hectare cinquante-sept ares quarante et un centiare. » La vente est effectuée pour le prix de 70 000 francs payables en quatre ans au taux de 5,5%.

On constate dans ce descriptif que la boulangerie arrive avant le moulin. Elle comporte trois fours ce qui fait d’elle une importante boulangerie. Ce n’est pas étonnant car M. GIRARDY est boulanger. C’est ce qu’indique sa fiche militaire. Minotier a été rajouté après qu’il a acheté le moulin du Courdein.

Livret militaire de Georges GIRARDY

Cette fiche est intéressante car elle retrace son parcours. Au moment du recensement il est boulanger à la Geneytouse. Il est incorporé le 18 avril 1917, il a presque 19 ans. Il est donné comme « disparu au combat de Tilloloy dans la Somme le 28 mars 1918 ». Le 27 mars les allemands ont lancé une offensive vers Montdidier et prennent plusieurs villages dont Tilloloy. M. GIRARDY est « rapatrié à Limoges le 11 décembre 1918. Libéré le 6 mai 1920 il se retire à La Geneytouse ou il est boulanger.

En mars 1926 il a un accident de voiture en effectuant sa tournée comme le relate Le Populaire du 24 décembre 1926.

Le Populaire du Centre 24 décembre 1926.

En 1931 il part à Issy les Moulineaux ou il reste jusqu’en 1935, puis il revient à Saint Denis des Murs ou il reste quelques mois avant d’acheter la boulangerie du Courdein.

Livret militaire de G. GIRARDY

Bien que boulanger, M. GIRARDY ne néglige pas le moulin, d’autant plus qu’il bénéficie d’un droit de moudre de 10 579 quintaux de blé, ce qui en fait un moulin important dans la région. En effet depuis l’arrêté du 8 juin 1937 pris pour lutter contre la surproduction de farine, chaque moulin dispose d’un plafond d’activité, appelé « contingent », qui ne peut être dépassé.

Attestation du contingent autorisé

Un ouvrier minotier qui loge sur place s’occupe du moulin. Le papier à entête est établi au nom de la minoterie ainsi que les étiquettes pour l’expédition.

Pendant la deuxième guerre mondiale la famille GIRARDY se déclare prête à accueillir des jeunes enfants réfugiés.

En 1945, Georges GIRARDY vend son affaire. Mon grand-père, Arthur NYS, meunier de profession avait quitté le moulin familial en Belgique et il exploitait une ferme dans le Cher. La nostalgie du moulin était forte aussi quand son fils Lothaire a été libéré après presque 5 ans de captivité, Arthur a souhaité reprendre son métier de minotier. Leur recherche d’un moulin les amène à Nexon. Ils sont séduits par le site et le potentiel d’activité, un moulin et une boulangerie cela fait du travail pour deux ! Son fils Lothaire, mon père, n’est pas boulanger mais malgré ses 26 ans il était hors de question de discuter les propositions du père. Elles étaient claires : je m’occupe tu moulin et toi de la boulangerie. Tu n’auras qu’à apprendre sur le tas.

La décision est prise, et le 31 octobre 1945 l’acte de session du moulin et de la boulangerie est signé chez Maître GARRAUD, notaire à Nexon.

5 – Minoterie-Boulangerie NYS et fils (1945-1972)

Mon grand-père, Arthur NYS, son épouse Marguerite et leur fils Lothaire s’installent au Courdein en novembre 1945. Arthur retrouve avec bonheur son métier de meunier et son fils commence, sans enthousiasme, son apprentissage de la boulangerie. Il rencontre vite une jeune fille de Nexon, Andrée MALARDEAU. Ils se marient le 27 juillet 1946 et comme dans les belles histoires, ils auront beaucoup d’enfants !

La famille habite dans la vieille maison ou naîtront les trois premiers enfants de la famille.

La maison en 1948. Je suis sur les marches.
Quelques personnes viennent chercher du pain mais l’essentiel est vendu en tournée.

Au moulin mon grand-père travaille avec un ouvrier, Raoul VOISIN qui était déjà employé par M. GIRARDY. Puis ce sera Léon ADAM.

Présentant que la famille allait grandir mon grand père a fait construire une nouvelle maison sur la boulangerie. la vieille maison servait de grenier, de cave, de débarras…

La boulangerie…

Mon père doit s’occuper le la boulangerie. Ce n’est pas son métier. Il est agriculteur et travailler la nuit ne lui convient pas. Il va cependant passer des nuits à la boulangerie afin de connaitre le métier auprès d’un ouvrier boulanger qualifié, un brigadier, d’abord Adrien FRUGIER, puis Léon DUREISSEIX … Mais mon père va s’attacher à organiser les tournées pour porter le pain à domicile. Il n’y a pas de magasin et toute la production est vendue à la porte des clients. La fourgonnette passait trois fois par semaine dans le bourg de Nexon et dans celui de La Meyze et deux fois par semaine dans les campagnes de Saint-Hilaire les Places à l’Aiguille, de Rilhac Lastours à Saint Maurice les Brousses. Une tournée moyenne, celle de La Meyze durait 3h30, le livreur parcourait 33 km et emportait 30 mêlées de 2 kg, 120 pains d’un kilo dont quelques un sans sel, certains étaient dits « tournés », les autres « lamés », et 25 baguettes. A cela s’ajoutaient des biscottes, des gâteaux secs et plus tard des tartes. Mais il y avait aussi de la farine, du son …

Le pain tourné est une spécialité courante du Limousin, en particulier de la Haute-Vienne. Il doit son nom à sa forme de torsade. on appelle encore « pains tordus » ou « pain rond ». Sa croûte dorée est croquante et épaisse, ce qui lui assure une conservation assez longue. Sa mie est très alvéolée. Le pain lamé est également appelé « pain plat »

Il n’était pas rare de livrer 5 mêlées, voire plus, dans certaines fermes. Le pain a été la base de l’alimentation dans les campagnes. En 1900 chaque français consommait en moyenne 900 grammes de pain par jour. En 1950 la consommation était tombée à 350 grammes et elle n’a pas cessé de baisser passant à 200 grammes en 1970 et 120 grammes en 2016.

Les paysans qui produisaient du blé sur leurs terres pratiquaient presque tous l’échange blé-pain. Cet échange était un droit qui mettait en relation le paysan producteur de blé, le meunier et le boulanger. En pratique l’agriculteur livrait son blé chez le meunier de son choix qui le transformait en farine et la livrait chez un boulanger désigné par l’agriculteur.

Ayant passé mon permis poids lourd je vais chercher le blé dans les fermes…
Arrivé au moulin déchargement avec mon ami Patrice

Pour livrer la farine au boulanger le meunier devait, en partant du moulin, rédiger un acquit pour le transport des farines panifiables en indiquant le jour et l’heure de départ du moulin, le boulanger destinataire, le moyen de transport, la durée du transport, la nature des marchandises et leur poids.

Ces deux acquits du 1er septembre 1944, concernent dix sacs de dix quintaux de farine que sont venus chercher les deux boulangers du bourg de Nexon, MM. ANDRIEUX et BESSE, tous les deux en voiture hippomobile. Le premier est parti à 15h15 et le second à 15h30 pour une durée de transport d’une heure. Le transport de farine était très contrôlé et les gendarmes vérifiaient fréquemment que ce document était bien en possession du conducteur du véhicule transportant la farine.

Dans le cas du Courdein, la boulangerie et le moulin appartenant à la même personne, les relations étaient plus simples. Les sacs de farine traversaient la cour mais un acquit devait cependant être rédigé.

Avec l’échange, pour chaque sac de blé de 80 kg rendu au moulin l’agriculteur recevait, au début des années 1960, 30 bons pour une mêlée de 2 kg ou 60 bons pour un pain d’un kilo. L’augmentation régulière des coûts, tant pour le meunier que pour le boulanger, a conduit d’abord à une baisse du poids du pain car les pouvoirs publics ne voulaient pas que le prix du pain augmente afin de préserver le pouvoir d’achat des consommateurs. Ainsi la mêlées est progressivement passée de 2 kg à 1,7 kg, le pain de 1 kg à 700 puis 600 grammes. En même temps le paysan ne recevait plus 30 bons mais 29 puis 28.  

L’augmentation des coûts de transport touchait d’autant plus les boulangers qu’ils vendaient une part importante de leur production en tournée, pour la boulangerie du Courdein c’était l’intégralité.

Le syndicat des boulangers a proposé de faire payer ce service en majorant de 3 centimes le prix de la mêlée et de 2 centimes celui du petit pain. Cette décision syndicale a été entérinée lors d’une réunion organisée à Nexon le 8 décembre 1963 pour les boulangers de Nexon et des environs. Les quatre boulangers de Nexon, BARBE, BARNABET, NYS et TEXEROT étaient présents.

Le 25 juillet 1967, le Syndicat des boulangers, arguant de l’augmentation des taxes, décidait de réduire le poids de pain fourni. Les représentants agricoles et les boulangers ne purent pas s’entendre et l’échange blé-pain fut supprimé. Mais avec amertume les agriculteurs constatèrent qu’en achetant leur pain ils n’obtenaient que 16 pains pour le prix d’un sac de blé !

le Populaire 6 aout 1967

La Fédération des syndicats d’exploitants de la Haute-Vienne et d’autres organisations agricoles décidèrent de créer leur propre boulangerie sous forme coopérative. Deux ont vu le jour, l’une la Boulangerie Coopérative de la Valoine (BOCOVAL) à Limoges, dans la zone industrielle de Magré, l’autre la Société Coopérative Briance-Breuilh à Magnac-Bourg.

La BOCOVAL ouvre un magasin à Nexon, rue Victor Hugo. Cela se traduit par une diminution sensible de l’activité de la boulangerie du Courdein.

Mon frère Daniel qui a choisi le métier de boulanger, après un apprentissage chez BARBE à Nexon, vient travailler au Courdein ou il prendra la responsabilité de la fabrication du pain. Il y a deux fours, le plus utilisé un four a vapeur à deux étages et un vieux four à chauffe directe, pour un usage moins fréquent.

Michel Buisson devant le four à vapeur en 1963
Mon frère Daniel en 1967 défournant des mêlées cuites dans le vieux four.

En 1968 Daniel effectue son service militaire et c’est Maurice BAZERT qui le remplace.

Revenu de l’armée Daniel reprend sa place jusqu’en aout 1972. Il part alors à Paris pour suivre sa future femme, mes parents décident alors de fermer la boulangerie.

Le moulin…

Le moulin, quant à lui, a fonctionné avec mon grand-père Arthur aidé de Léon ADAM et de mon père. Pendant les années d’après-guerre il fallait bien être trois pour en assurer la bonne marche. Après cinq années de guerre la France manquait de tout, en particulier de céréales. Elle en importait des Etats-Unis, du Canada mais aussi d’URSS. Tous les mois ou presque un wagon de céréale, blé ou maïs, arrivait en gare de Nexon. Il fallait le décharger, moudre les céréales et expédier la farine, toujours par wagon vers le Midi ou le Nord de la France.

Sur la lettre de l’Agence Générale de Navigation annonçant l’envoi d’un wagon de 150 sacs de maïs on peut lire que ses sacs sont arrivés sur le cargo Thimoni et qu’un autre bateau est attendu le lendemain, toujours en provenance d’Amérique puis un autre venant de Tunisie.

livraison de 150 sacs de maïs en provenance des Etats-Unis déchargés au port de Sète.

Le commerce du blé et celui de la farine ont toujours été étroitement contrôlés par les pouvoirs publics. Dans l’Ancien Régime l’objectif était d’éviter les famines, au XXème siècle c’était pour garantir un juste prix du blé pour les agriculteurs et maintenir le pouvoir d’achat des consommateurs en fixant le prix du pain. Le débat a toujours existé entre les partisans de la liberté du commerce et ceux qui prônent son contrôle. Le contrôle redevient la règle avec le gouvernement de Léon Blum qui, pour lutter contre la surproduction de farine, crée en juin 1936 l’Office du Blé. Il deviendra l’Office National Interprofessionnel des Céréales (ONIC) par la loi du 17 novembre 1940.

Pour lutter contre les excédents une partie du blé est « dénaturée ». ce blé est alors utilisé pour l’alimentation des animaux.

Les politiques interventionnistes se traduisent toujours par des taxes à payer, des limitations dans les productions. Il en résulte des contrôles pour en vérifier la bonne application. Le fait d’exercer à la fois sur le même lieu les métiers de minotier et de boulanger incitait l’administration a effectuer de fréquents contrôles. Combien de fois étant enfants avons-nous vu « débarquer » des contrôleurs arrivants avec deux voitures, l’une par la route, l’autre par le chemin du moulin, entrant dans toutes les pièces de notre maison pour vérifier qu’il n’y ait pas de sacs de farine entreposés…C’était presque caricatural !

Pendant les années 1950 le moulin continue à produire de la farine pour les besoins locaux mais aussi pour des expéditions dans toute la France. On expédie également du blé, comme on le constate sur le récépissé d’une expédition de 250 sacs de blé à la Coopérative agricole de Puiseaux dans le Loiret le 19 décembre 1958.

Le début des années 1960 sont celles d’une vie intense. Nous sommes 7 enfants et avec nos parents nous sommes toujours 9 à table. Souvent un des boulangers est nourri et logé. Il y a de quoi nourrir tout ce monde, non seulement avec le pain mais dans la cour du moulin courent des poules, des canards, des dindes. Le pigeonnier compte plusieurs couples de pigeons, la vache nous garantit le lait et le jardin les légumes.  

Au début des années 1960, mon plus jeune frère dans la cour du moulin.

Après la mort de ma grand-mère en décembre 1958 Arthur a été moins présent et en aout 1959 il est parti habiter à Nexon chez Marie BITAUD qu’il a épousée. Léon ADAM assure seul la marche du moulin dont l’activité s’est réduite du fait de la concurrence des grands moulins de Paris, de Pantin, de Corbeil…Il n’y a plus d’expéditions par wagon entiers loin du Limousin. Les seuls clients sont les boulangers, les pâtissiers et quelques charcutiers dont plusieurs de Limoges. Le principal acheteur, la boulangerie du Courdein ayant cessé son activité le moulin tourne au ralenti.

Une très forte baisse d’activité à partir du 2ème semestre 1972.

On est loin des 10 579 quintaux autorisés. Il faut arrêter la production et vendre le contingent. Mais le nombre des acheteurs se réduit car le nombre de minotiers diminue.

Cette baisse s’inscrit dans un vaste mouvement séculaire. Au début du XIXe siècle la France a compté près de 100 000 moulins, mais avec la diffusion de la machine à vapeur, les petits moulins vont rapidement disparaitre si bien qu’au début du XXe siècle on ne compte plus que 30 000 minoteries. La chute va s’accélérer et le nombre de moulins tombe à 1 200 en 1985 et à moins de 300 en 2019.

Finalement le contingent est vendu à la coopérative du moulin de Batardeau à Auxerre et l’activité de minoterie cesse au 1er janvier 1974.

6- Le Courdein après la fermeture du moulin et de la boulangerie (1974 – 2019)

La vie continue aussi active. Les enfants ont grandis, ils sont devenus parents et souvent le dimanche la salle à manger retrouve les grandes tablées des années 1960.

Peu à peu le lierre envahi les murs, la toiture prend l’eau… Mon père démonte toutes les machines du moulin et les fours de la boulangerie.

Mais il y moins de mouvements, la nature s’impose, l’herbe pousse dans la cour, le lierre grimpe après les murs, mon père démonte les machines dans le moulin et les fours dans la boulangerie.

Le 31 janvier 1997 mon père est victime d’un AVC qui le laisse hémiplégique. Pendant presque 10 ans il consacrera son énergie à garder le maximum d’autonomie. Il décède le 18 septembre 2007. Ma mère vivra seule dans ce domaine qui a connu une intense activité. Elle ne voulait pas entendre parler de maison de retraite, elle était heureuse au Courdein avec ses chats, sa petite chienne, l’âne Bambou et les ponettes et surtout ses fleurs.

La vieille maison et les fleurs qu’entretenait maman.

Elle a vécu 70 ans au Courdein et elle est partie le 6 septembre 2015.

Nous avons gardé la propriété, nous avons pris soin de notre âne Bambou et du poney Pompon mais il a fallu nous rendre à l’évidence, nous ne pouvions pas laisser sans vie cette propriété. Nous avons décidé de vendre.

Le 6 juillet 2019 nous avons vendu la propriété du Courdein.

7 – Le 6 juillet 2019 une nouvelle vie commence au Courdein…

Constatant le mauvais état du bâtiment qui abritait le moulin les nouveaux propriétaires ont décidé de le faire écraser. J’ai pu assister à ce travail impressionnant par la facilité avec laquelle la puissante pelle mécanique arrachait les pans de murs, créant un trou béant qui laissait apparaître ce qui avait été les entrailles du moulin. A chaque mouvement les vieilles pierres mêlées aux poutres centenaires s’effondraient. Et à la fin, comme par pudeur, c’est caché par un immense nuage de poussière que les derniers pans ont été arasés.

Je n’ai pas éprouvé de tristesse à voir disparaître ce témoin de ma jeunesse. Les souvenirs sont gravés dans ma mémoire, l’odeur de la farine fraîchement moulue, le bruit des cylindres et surtout celui du planchistère, les 80 kilos des sacs de blé qui semblaient légers à nos épaules de 18 ans, un peu moins les 100 kg des sacs de farine, que Léon s’amusait à faire « bon poids » quand nous les prenions sur le dos pour aller du moulin à la boulangerie, le pain chaud qui sort du four…

Autrefois, il y avait un moulin ….

Une fois partis tous les murs l’espace semble réduit. Il est difficile d’imaginer qu’un imposant moulin s’élevait à cet endroit. Seule la mémoire en garde le souvenir et ce blog est le moyen de la faire vivre.

Une nouvelle vie va se développer au Courdein et nous souhaitons aux nouveaux propriétaires d’y trouver le même bonheur que celui que nous avons connu.