Dans les documents qui ont été donnés à la commune de Nexon il y a quelques peintures, des livres, du matériel de scrulpture, des morceaux de bois qui devaient servir à élaborer une oeuvre…
Je n’ai pas trouvé de photos d’elle à Nexon mais, en 2012, à l’occasion d’une exposition de ses oeuvres à Vence elle a été prise en photo avec Jean Jacques CARY, sculpteur.
Les éléments de sculptures ne sont pas très photogéniques, je présente donc les peintures cédées à Nexon. Ce sont des peintures sur papier signées ANATOLE, non datées.
Terminons les courriers adressés à Annelies par des artistes reconnus.
3- Les sculpteurs, peintres…
Marc CHAGALL est un peintre et graveur né le 7 juillet 1887 en Biélorussie (alors Empire russe), naturalisé français en 1937 et mort le 28 mars 1985 à Saint-Paul-de-Vence où il est enterré. Outre la peinture et la gravure il a réalisé de la sculpture et de la céramique…
Parti aux Etats-Unis pendant la Deuxième guerre mondiale afin d’échaper aux arrestations de Juifs il rentre en France en 1948 et s’installe à Vence. Il y rencontre Annelise et son mari, Vincent de CROZALS.
En 1951 CHAGALL lui adresse une carte postale qui reproduit une de ses oeuvres.
Cette année 1951 ils sont photographiés chez CHAGALL et il leur dédicace un ouvrage qui lui est consacré.
Livre dédicacé
Annelies et son mari Vincent étaient amis avec Henri LAURENS, sculpteur, peintre, dessinateur… Il était né le 18 février 1885 à Paris où il est mort le 5 mai 1954 alors qu’il n’avait que 59 ans. Il avait été amputé d’une jambe en 1909 à la suite de la tuberculose. Très grand sculpteur il a travaillé avec Vincent de CROZALS.
Une photo les montre ensemble en 1951.
Une lettre d’Henri est adressée au couple le 16 fevrier 1954, moins de trois mois avant son décès.
Après le décès de son mari, Marthe LAURENS entreprend d’écrire sa biogaraphie. Vincent CAZALS lui confie des photos. Marthe leur écrit pour leur donner des nouvelles et parle des photos qu’elle voudrait integrer dans la biographie de son mari. Les lettres qu’elle écrit ne sont pas datées mais son postérieures au décès de son mari.
Une dernière lettre figure dans la donation, celle d’Henry MOORE (1898-1986), célèbre sculpteur britannique.
Je terminerai cette serie consacrée à Annelies par les documents qu’elle a donné à Nexon.
Après les lettres de MATISSE le leg comportait des lettres de DUBUFFET.
Jean DUBUFET ( 1901-1985) est né dans une famille aisée de négociants en vin du Havre. Après son Bac, peu attiré par les études, il se disperse entre la littérature, la musique et les voyages tout en revenant travailler avec son père. Ce n’est qu’au cours de la Deuxième Guerre Mondiale qu’il décide de se consacrer totalement à la peinture. Il manifeste une volonté « anti-culturelle » et qualifie ses oeuvres d' »Art brut ». Il acquiert une certaine notoriété et en 1955 il part s’installer à Vence. C’est là qu’il va se lier d’amitié avec Annelies et son mari.
Dans les lettres qui s’échelonnent de 1967 à 1976 on remarque l’évolution de DUBUFFET vers la sculpture, les oeuvres volumineuses et aussi son mauvais caractère. On note aussi la séparation d’Annelies avec Vincent de CROZALS puis sa rencontre avec Andrée SABKOWSKI
2 – Les lettres de Jean DUBUFFET
La première lettre donne le ton ! DUBUFFET l’invite à continuer à peindre sans s’interdire quoi que ce soit…
Lettre du 8 juin 1957
La date de la lettre suivante n’est pas précise, 1957 ou 1958 . Elle montre qu’il a visité le galeriste qui expose Annelies. Et il annonce sa visite avec son épouse…
La lettre suivante est adressée à Vincent de CROZALS qui lui a offert une statuette ce qui incite DUBUFFET à se lancer dans la sculpture. Il lui demande comment le voyage à Paris de son épouse c’est passé.
Lettre du 25 juin 1959
Une lettre pour souhaiter une bonne année …
Lettre du 3 janvier 1961
Cette lettre est illustrée d’un dessin caractéristique de l’évolution de DUBUFFET avec ses travaux sur « L’Hourloupe » commencés en 1962, ensemble d’huiles sur toile, de dessins, d’assemblages, de sculptures, de constructions, avec trois couleurs et des rayures : rouge, bleu et blanc. Ici il n’y a pas de bleu mais du vert, sans doute parce qu’il n’avait pas de stylo bleu sous la main…
Lettre du 19 janvier 1963
Le lendemain une invitation à diner pour le couple…
Lettre du 20 janvier 1963
L’épouse de DUBUFFET est dépréssive et il ne supporte pas cette situation.
Lettre 19 avril 1966
Lettre non datée mais de 1966 ou 1967 dans laquelle il explique qu’il a mauvais caractère , qu’il est un « notoire mauvais-coucheur ». Il passe presque tout son temps dans son atelier « absorbé à chercher mon chemin dans le labyrinthe de L’Hourloupe ».
Annelies n’est pas séparée de Vincent mais il fréquente Hannelore qu’il épousera en 1972. Lili ( Emilie CARLU) l’épouse de DUBUFFET est toujours souffrante tandis qu’il est très occupé par les problèmes techniques que posent ses créations…
Lettre du 21 juillet 1968
En 1969 DUBUFFET va moins souvent à Vence car, pour sa santé, son épouse a besoin de vivre près de Tubersent dans la Pas de Calais ou elle est née, près des plages du Touquet à quelques kilomètres.
Lettre du 16 octobre 1969
Annelies est seule et DUBBUFET lui dit qu’il aime la familiarité de ses lettres alors qu’il trouve le respect détestable. Une belle interrogation sur le bonheur : que veut dire « heureux » ?
Lettre du 26 décembre 1969
DUBUFFET ne va plus à Vence, il a vendu sa villa. Annelies est avec une amie, Andrée SABKOWSKY, et DUBUFFET en est heureux.
Lettre du 8 juin 1972
DUBUFFET donne l’adresse à Cannes d’une artiste avec laquelle il lui conseille d’entrer en relation.
Lettre du 14 juin 1975
DUBUFFET lui parle de sa collection d’oeuvres « Art Brut » qui est maintenant à Lausanne, agassé par les tracasseries de l’administration française pour créer son musée à Paris. Il lui demande des nouvelles d’Andrée. Il espère qu’elle « se tire d’affaire » car l’art n’est pas très rémunérateur !
Lettre du 27 mai 1976
Il n’y a pas de lettres postérieures à celle-ci. les relations se sont peut-etre distendues avec DUBUFFET ?
Madame André SABKOWSKI est arrivée à Nexon où elle a acheté la maison du 20 rue Victor Hugo au début des années 2000. dans cette maison avait vécu le docteur A. LACOUR, un médecin dont je parlerai plus tard. Mme SABKOWSKI a acceuilli son amie Annelise et elle a passé les dernières années de sa vie dans cette maison où elle est décédée le 22 août 2014. Je n’ai pas rencontré cette dame car j’ignorai son existence jusqu’à ce qu’après le décès de Madame SABKOWSKI le 20 octobre 2023, son testament lèguait à la commune les oeuvres d’Annelise NELCK qui étaient dans sa maison. Je sais que les deux femmes ne restaient pas cloitrées chez elles, elles faisaient leurs courses et parlaient facilement aux commerçants et aux personnes qu’elles rencontraient. Si quelqu’un peu témoigner de ces rencontres c’est bien volontiers que je lui ouvrirai ce blog.
Après l’analyse de ce legs et l’expertise des objets qu’il contenait la commune de Nexon l’a accepté par délibération en décembre 2023.
J’ai pu consulter les documents et oeuvres léguées à la commune. En voici quelques éléments.
I- Les lettres autographes d’artistes
Lettres de MATISSE
Lettre du 24 juin 1944
Lettre du 25 novembre 1948
Annelises est mariée et habite avec son mari CROZAL. MATISSE lui rappelle son adresse avec un dessin de fleur.
Lettre du 26 janvier 1949
MATISSE a décoré la chapelle du Rosaire à Vence. Il a pris CROZAL comme modèle pour dessiner le Christ en croix.
Pour les voeux de 1953 Matisse lui adresse une carte d’un de ses tableaux
Annelies NELCK, puisque c’est d’elle dont il s’agit, est arrivée à Nexon avec Andrée SABKOWSKI qui avait acheté la maison du 20 avenue Victor Hugo. Annelies est décédée le 22 aout 2014 et son amie Andrée le 20 octobre 2023. Elle a fait donnation des oeuvres d’Annelies à la commune et a légué sa maison à une oeuvre.
Je n’ai pas eu l’occasion de rencontrer l’une ou l’autre de ces deux femmes et je ne suis pas le seul à Nexon. Mais si des lecteurs de ce blog les ont rencontrés je serai très heureux d’en parler avec eux. J’ai lu les corresponaces léguées à commune, de nombreux articles écrits sur Anne NELCK et surtout la biographie qu’elle a écrite sur la première partie de sa vie. Ce livre, édité à compte d’auteur en 1999, raconte les premières années de sa vie, sa rencrontre avec MATISSE, l’apprentissage dont elle bénéficie à ses côtés, les rencontres qu’elle fait grace à lui, CROZALS qui deviendra son mari posait pour le Christ de la chapelle de Vence. On trouve ce livre en occasion sur Internet et un résumé illustré sur le site bibliophile Heurtebise : http://bibliophileheurtebise.com/2022/01/souvenirs-du-dernier-modele-de-matisse.un-livre-l-olivier-du-reve.html
Annelies NELCK est née à Nice le 26 juillet 1925. D’une famille très ouverte sur les arts et la culture, plutot contestatrice, elle avait un père qui passa sa vie à construire des carrosseries d’automobile préfigurant nos camping-cars. Ayant bénéficié d’un héritage il acheta un grand terrain près de Vence. En 1938 Annelies parti en Hollande dans sa famille maternelle. Elle y appris la musique dans l’école de musique de son oncle, rencontra un jeune violoncelliste et eu un fils. La guerre frappa durement les Pays Bas et Annelies rentra à Vence en 1943 ou naquis son fils Serge. Pour vivre elle faisait des dessins et des gravures mais avait du mal à les vendre. Ayant appris qu’un peintre de renom était venu à Vence, c’est avec culot qu’elle alla frapper à sa porte. D’abord éconduite elle revint et fut reçue par MATISSE à qui elle présenta ses dessins. Une amitié va naître qui dura jusqu’à la mort du Maître le 3 novembre 1954 à Nice.
I Anelies NELCK modèle de MATISSE.
Elle décrit les séances de pose d’abord pour le dessin au fusin entreposées de poses ou elle boit un thé avec la fidèle Lydiâ. Puis le passage du fusain au dessin au trait (crayon, encre de chine, plume, pinceau. Une interessante reflexion sur la question de la ressemblance du portrait à son modèle. La ressemblance n’est pas la similitude, » elle n’était pas académique, ni photographique ou caricaturale » (page 21). S’y ajoute l’expression et le cadre.
Annelies par MATISSE aout 44
La première peinture faite avec Annelies en 1944 était : Tulipes Jaunes, Fond Violet . Elle explique le lien de Matisse avec la couleur, la réalité lui « servait seulement de tremplin, après qu’il eût choisi ce qui pouvait lui etre utile » (page 29). Dans cette toile domine le contraste entre le jaune et le violet et le trait noir épais contribue à valoriser les masses de couleur en les isolant.
Le deuxième tableau est Annelies, tuliples et anémones. Ici le blanc domine et le fond bleu est éclairci par un graphisme géométrique.
Le 3eme tableau s’intitule Liseuse à la table jaune. Il se traduit dans un contraste bleu-jaune. Le trait, plus fin, efleure les formes.