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Les gendarmes à Nexon : 1945 – 2020 (III)

A la fin de l’année 1944, 11 gendarmes sont présents à Nexon :

-Joseph GRANET, Maréchal des logis chef arrivé le 5 mai 1944 en remplacement du chef MAGNOL. Il fera 8 mois à Nexon qu’il quittera en janvier 1945.

-Dans l’ordre de leur arrivée à Nexon, Louis BERTHOUX,1er juin 1941; André CELERIER, 15 avril 1941; Emile FAYE, 1er juin 1941; Joseph OLMEN, 27 décembre 1940; Paul GAUDY, 9 octobre 1942; Jean GAUTHIER, 1er avril 1942; Roger MANDET, 8 mars 1943; Gaston PRILLEUX, 12 novembre 1943; Fernand DEMICHEL, 19 janvier 1944; René DUCOURTIEUX, 11 mai 1944;

Au cours de l’année 1944 les mouvements ne sont pas nombreux dans la gendarmerie à Nexon. Ils vont s’accélérer en 1945 avec huit départs.

I- La gendarmerie à Nexon de 1945 à 1958

Au plan national l’année 1945 va voir la publication de nombreux textes qui ramènent progressivement la gendarmerie à son organisation de 1939 et qui intègrent les évolutions internationales : création d’un corps de gendarmerie d’occupation déployé en Allemagne, des conséquences. La brigade de Nexon n’est pas impactée par ces évolutions.

Dès le 9 janvier 1945, le chef GRANET quitte Nexon. Puis ce seront les gendarmes OLMEN le 2 mars, PRILLEUX le 30 avril, FAYE le 9 mai, BERTHOUX et MANDET le 9 aout, GAUTHIER le 11 aout et DEMICHEL qui, partant le 31 octobre, aura passé un peu plus d’un an à Nexon. Ces huit départs vont, en partie, être compensés par cinq arrivées : le maréchal des logis chef Gustave DEVERNAY arrive le 9 février 1945 puis les gendarmes Pierre VILLARD le 1er juin, Lucien DUPLANT le 11 juillet, Henri RICARD le 17 septembre et Georges PECOUX le 13 septembre. De onze gendarmes au début de l’année 1945, la brigade de Nexon n’en compte plus, à la fin, que huit.

L’existence du camp d’internement à Nexon explique, en partie, la présence de gendarmes en nombre supérieur à celui d’une commune de même taille. Il y avait à la fois une brigade motorisée et une brigade territoriale; Ainsi les gendarmes CELERIER et GAUDY sont passés de la brigade motorisée de Nexon à la brigade territoriale.

Les évolutions constitutionnelles de l’année 1946 ne vont pas non plus impacter la brigade, sauf à lui donner beaucoup de travail du fait des nombreuses consultations politiques qui se succèdent depuis le référendum du 21 octobre 1945, par lequel, en votant « oui » à 96 %, les français et les françaises, celles-ci votaient pour la première fois, ont mis fin à la Troisième République et mis en place l’Assemblée Constituante élue le même jour. Il y eu le référendum du 5 mai 1946 qui a rejeté le projet de Constitution, les élections constituantes le 2 juin, un nouveau référendum le 13 octobre qui approuve le projet de Constitution dont le texte sera promulgué le 27 octobre 1946 devenant la Constitution de la Quatrième République et les élections législatives du 10 novembre.

En 1946 , la brigade a connu moins de mouvements que l’année précédente. Il n’y a pas eu d’arrivée mais 3 gendarmes sont partis ce qui a ramené les effectifs à six.

Lucien DUPLANT, en quittant Nexon, a effectué la suite de sa carrière dans l’Indre, son département de naissance, avec une interruption de 2 ans, de février 1947 à mars 1947, à la 3ème Légion de Garde Républicaine Mobile (GRM) en Indochine. Pour sa retraite il est venu habiter à Nexon ou il est décédé en mars 2012, dans sa 92ème année .

Pendant l’année 1947 il n’y a pas de mouvement à la brigade. Elle compte toujours six gendarmes.

En 1948, Paul GAUDY quitte la brigade ainsi que René DUCOURTIEUX, ce dernier y reviendra en 1952. Deux arrivées compensent ces deux départs, celle du Maréchal des logis chef, Louis DEBERNARD et celle du gendarme Georges DOUSSAUD.

Du fait de ces mouvements, à la fin de l’année 1948, la brigade compte toujours six gendarmes.

Il n’y a pas de mouvement en 1949 ni en 1950 et 1951. Pendant ces trois années la brigade de Nexon était ainsi composée:

En 1952 le chef PIERRE quitte Nexon et le gendarme DUCOURTIEUX y revient. Il y restera jusqu’à sa retraite en 1970.

En 1953 le chef DEBERNARD part à la retraite, et la commune de Nexon lui rend un bel hommage dans la presse. Il est remplacé par le chef RICHEMOND.

Le Populaire-29 janvier 1953

De 1953 à 1958 il n’y a pas mouvement à la brigade.

Au cours de l’année 1958 les gendarmes RICARD et VILLARD ont quitté Nexon. Est arrivé le gendarme François BOURBOULOU et sans doute Gabriel VIDEAUT mais je n’ai trouvé la date de son arrivée ni celle de son départ.

II- La gendarmerie à Nexon de 1958 à 1980

En 1959 François BOURBOULOU quitte Nexon où il sera resté moins d’un an et aussi André CELERIER. Ce gendarme était présent à Nexon depuis 1941 où il a donc passé 18 ans et un mois. Il connaissait tout le monde et tout le monde le connaissait. Il n’est pas le seul à être resté aussi longtemps dans la brigade comme nous le verrons plus loin mais une telle durée n’est plus possible aujourd’hui. Les missions des gendarmes ont changé, ils n’ont plus en charge la connaissance de la population et de toute façon ils ne pourraient pas le faire tant leurs zone d’exercice c’est étendue.

Le gendarme André CELERIER à Nexon de mars 1941 à mai 1959.

Pendant les années cinquante et soixante il y eu pratiquement toujours trois gendarmes présent depuis au moins six ou sept ans dans la brigade. Ceci explique le faible nombre de mouvements au cours de cette période. Une seule arrivée a eu lieu en 1959, celle du gendarme Maurice FERRET qui remplace BOURBOULOU. Pendant près de cinq ans il n’y aura pas de mouvement et la brigade ne changera pas.

Le 7 janvier 1964 le commandant de brigade, Jean Lucien RICHEMOND part à la retraite qu’il passera dans sa Corrèze natale. Il est remplacé par le chef André RIVET qui arrivant à Nexon le 1er février y restera 5 ans avant de partir à Chalus et de terminer sa carrière en 1978 à Limoges avec le grade de Major. Il revient alors à Nexon avec son épouse Renée pour y passer sa retraite. Il est décédé le 20 mars 2016 à 92 ans.

Le major André RIVET

En 1965 et en 1966 il n’y a aucun mouvement à la brigade que commande le maréchal des logis chef RIVET.

En 1967, le 9 juillet, c’est le départ du gendarme DOUSSEAUD qui a passé 18 ans et 7 mois à Nexon. C’est le plus long séjour en continu d’un gendarme à Nexon. Il est remplacé par René PICHON qui arrive à NEXON le 15 octobre 1967.

En 1968 il n’y a aucun mouvement de personnel par contre en 1969 le commandant de brigade change : le chef RIVET part commander la brigade de Chalus et l’adjudant Charles MEIRAUD le remplace.

Arrivent également deux gendarmes, Claude PEYRELADE et Désiré MEYNIEUX. La brigade est ainsi composée:

En 1970 on note deux départs et deux arrivées. Le premier départ est celui de René DUCOURIEUX. En deux séjours il aura passé 21 ans et 4 mois à Nexon et il y restera pour passer sa retraite. Décédé le 7 mars 1985 à 70 ans, il n’a pas vu mourir son Jean Pierre, emporté par la maladie à 58 ans le 12 aout 2004. Nous nous connaissions bien, il avait un an de plus que moi et nous étions collègues à l’Université de Limoges ou il enseignait la Mécanique. C’était un garçon brillant, calme, discret et serviable.

Le second départ a été celui de René PICHON qui aura passé presque trois ans à Nexon.

La première arrivée est celle de Roland PINTEAUX le 16 mars suivi le 16 septembre de celle de Raymond FAYE.

Pendant les deux années 1971 et 1972 il n’y a aucun mouvement de personnel. En juillet 1973 arrive le gendarme André FARGEAS qui restera un an tandis que part Maurice FERRET. Le 1er novembre 1974 Dominique LENOIR est nommé à Nexon et le 16 juillet 1975 Claude PEYRELADE part pour la brigade de Grand Bourg en Creuse puis celle de Pierre Buffière qu’il commandera avec le grade d’adjudant. Il reviendra à Nexon pour y passer sa retraite. Le 1er septembre 1975 Raymond DESBORDES est nommé à Nexon.

Dominique LENOIR

Dominique LENOIR se souvient d’un fait récurrent des années 70 et plutôt gênant pour la tranquillité des familles : « Pratiquement tous les samedis soirs, se tenait un bal à NEXON (parquet-salon ou salle des fêtes). Et lors de ces soirées « parfois trop arrosées », le commandant de brigade planifiait systématiquement une patrouille pour veiller au grain. Notre intervention était alors régulièrement sollicitée pour des accidents plus ou moins graves, parfois mortels, survenant à la fin de ces bals et souvent à plusieurs reprises. Les accidents étaient malheureusement beaucoup plus nombreux qu’aujourd’hui. La caserne des pompiers étant contiguë à la brigade, c’était le planton de la brigade qui recevait les appels à destination des soldats du feu et qui déclenchait la sirène installée… sur le toit de la gendarmerie pour les alerter puis leur remettre la fiche d’intervention et les clés de leurs locaux. Par conséquent, le sommeil était plutôt chaotique pour les familles des gendarmes… »

Après ces départs et arrivées, pendant près de cinq ans la brigade ne va connaitre aucun mouvement.

Désiré MEYNIEUX au bureau et Roland PINTEAUX au téléphone. Photo Dominique LENOIR

III- La gendarmerie à Nexon de 1980 à 2020

Le 15 septembre 1980 l’adjudant Pierre COEUR arrive à Nexon et le 31 décembre c’est Dominique LENOIR qui s’en va.

Le 17 avril 1981, jour de ses 55 ans, Charles MEIRAUD, commandant la brigade, titulaire de la Médaille Militaire, prend sa retraite. Il reste à Nexon où il va s’investir dans l’Association des Anciens Combattants dont il deviendra président. Il décède le 10 octobre 2014.

Pour compenser les départs il faut des arrivées et le 12 fevrier 1981, Roland PEDELACQ est nommé à Nexon.

Le 31 aout 1984 Raymond FAYE fait valoir ses droits à la retraite après 14 ans et 1 mois de présence à la brigade de Nexon. Il choisit d’y passer sa retraite, pas loin de sa commune de naissance, Saint Hilaire les Places, et très près de sa fille Martine qui a connu Nexon avant d’y travailler, ayant vécu avec ses parents dans la caserne qui était alors rue Champlain. C’est avec l’aide de Martine que tout le monde a reconnu, oui Martine qui accueille tous ceux qui viennent à la mairie avec une grande gentillesse , qui connait tout le monde et qui m’aide beaucoup pour la réalisation de ce blog, en particulier pour ce chapitre. Son papa m’a aidé à comprendre l’évolution de la gendarmerie, à préciser les dates d’arrivées et de départ de certains. Parmi ses occupations de retraité il y a l’association des anciens combattants qu’il préside. Merci aussi à Dominique LENOIR qui m’a raconté quelques souvenirs de son passage à Nexon et qui a réalisé un beau parcours en terminant commandant de la brigade de Nantiat.

De 1981 à 1984 la brigade va rester avec la même composition :

Le 1er mars 1985 Pierre COEUR quitte Nexon pour Aixe sur Vienne. Au cours de son séjour de moins de cinq ans il a été promu Adjudant puis Adjudant chef. Il a été remplacé par l’adjudant René MAYERAS.

Bulletin Municipal d’Information n° 129, juin 1985

Le 1er janvier 1985, Alain COMBEAU est arrivé à la brigade. Dans la brigade il y un sixième gendarme, Jean Marie POLO dont je ne connais pas les dates d’arrivée et de sortie.

La brigade est ainsi composée:

En 1986 Désiré MEYNIEUX quitte la brigade pour prendre sa retraite après presque 17 ans passés à Nexon. Il a été remplacé par le gendarme André CRUGNAUD qui passera lui aussi près de 18 ans à Nexon. Pendant son séjour il a cherché à reconstituer la liste de ses anciens. C’est grâce à son travail que je peux écrire cette histoire des gendarmes à Nexon.

En 1987 arrive Jean Marc ROUDIER tandis que Jean Marie POLO quitte Nexon.

En 1988, après un peu plus de 13 ans passés à Nexon, Raymond DESBORDES quitte la brigade. Il est remplacé par le gendarme Gérard GIRODIAS.

En 1989 l’adjudant MAYERAS fait valoir ses droits à la retraite et l’adjudant CHEVALLIER prend le commandement de la brigade.

L’année 1989 a été marquée par le départ de l’Adjudant MAYERAS, admis à faire valoir ses droits à la retraite à compter du 10 octobre. Dès le 1er octobre il est remplacé dans ses fonctions de Commandant de Brigade par l’Adjudant CHEVALLIER. Le 29 décembre, c’est le Gendarme Roland PINTEAUX qui après un tout petit peu moins de 20 ans de présence à Nexon, accéda également à la retraite. Il sera remplacé dès le 16 janvier 1990 par le Gendarme Pascal PRUVOT .

Il n’y a pas de mouvement en 1991 et en 1992 le gendarme PRUVOST quitte la brigade et arrive le maréchal des logis chef JACQUET.

Le 1er avril 1993 le maréchal des logis chef Marc CLAISSE est nommé commandant de la brigade de Nexon en remplacement de l’Adjudant chef CHEVALLIER qui a fait valoir ses droits à la retraite. Il est décoré de la Médaille militaire par décret du 21 avril 1993. En 1994 on note le départ du gendarme CRUGNAUD et l’arrivée du maréchal des logis chef Maurice ROUX-DURRAFFOUR. La médaille militaire lui a été décernée lors de la promotion du 31 décembre 2010 alors qu’il avait atteint le grade de Major.

Il n’y aura pas de mouvement pendant les années 1995, 1996 et 1997.

En 1998 le Maréchal des logis chef ROUX-DURRAFFOUR quitte Nexon et arrivent les gendarmes FERRER et LAURENT, ce dernier étant gendarme adjoint volontaire (GAV).

En 1999 il n’y a pas de mouvement et en 2000, au début de l’année le gendarme COMBEAU quitte la brigade et il est remplacé par Roland PEDELAC qui revient à Nexon avec son séjour au début des années 1980. A la fin de l’année l’adjudant chef CLAISSE quitte Nexon pour Limoges. Il sera remplacé au début de l’année 2001 par l’adjudant WOZNY.

En 2001, 2002 et 2003 il y a peu de mouvement sinon la fin du contrat du GAV LAURENT et la structure de la brigade est la suivante :

Au début de l’année 2004 les gendarmes CRUGNAUD et PEDELAC quittent Nexon. Ils sont remplacé par les gendarmes Rodolphe DUMAS et Christophe LINGLIN.

En 2006 arrivent le maréchal des logis chef Mathieu LE BAUZEC qui prendra le commandement de la brigade en 2011 et le gendarme Régis LAINE tandis que Jean Marc ROUDIER quitte Nexon.

En 2007 le maréchal des logis chef RIPOLL est nommé à Nexon où il restera jusqu’en 2012. Cette année là, la brigade comptera pour la première fois une femme, Anne Lise LUCAS, gendarme auxiliaire volontaire.

En 2008 arrive le gendarme Benoit BOUCHOT qui restera à la brigade jusqu’en 2012.

En 2009 le gendarme JACQUET quitte Nexon.

Le 1er février 2011 l’Adjudant-chef Alain WOZNY quitte Nexon pour Uzerche. Le 1 septembre 2011 il est promu au grade de Major.

Le 1 mars 2011, le Maréchal des logis chef Matthieu LE BAUZEC prend le commandement de la brigade. Il est promu adjudant le 1 septembre 2011. Cette même année, la brigade accueille sa deuxième gendarme, Nadège LACHAUD. Depuis le décret du 10 février 1983 qui autorisait l’entrée des femmes dans la gendarmerie en limitant leur nombre à 5% du corps, la féminisation s’est faite lentement. A partir de 1985 ce pourcentage a augmenté d’un demi point par an. En 1993 a lieu la nomination de la première femme commandante de brigade à Saint-Mamet-la-Salvetat (Cantal). Le 21 novembre 1996 la diffusion du premier épisode de la série Une femme d’honneur, sur TF1, qui raconte les missions d’une dynamique commandante de brigade, interprétée par la comédienne Corine TOUZET, rencontre un grand succès avec 11,5 millions de téléspectateurs. En 2020 la part des femmes dépasse les 20% et à Nexon ce pourcentage est largement dépassé.

Le gendarme Oualid CHAMI arrive à Nexon en septembre 2012, il est promu au grade de maréchal des logis chef le 1er mai 2013.

Le 30 juin 2014, lorsque l’adjudant LE BAUZEC quitte le commandement de la brigade de Nexon pour celle de la Coquille, c’est le maréchal des logis chef CHAMI qui assure le commandement de la brigade jusqu’à l’arrivée de l’adjudant FLOC’H, le 16 mars 2016.

L’adjudant Matthieu Le Bauzec au centre avec son épouse entouré à gauche du maire de Nexon, Fabrice Gerville Reache,
et de son supérieur hiérarchique , à droite du maréchal des logis chef CHAMI. Photo Le Populaire 4 juillet 2014.
Le Populaire 4 juillet 1914

Le maréchal des logis chef, Oualid CHAMI, qui assura la suppléance du commandant de brigade a été promu adjudant le 1 octobre 2016.

Le 16 mars 2016, l’adjudant Yannick Le FLOC’H prend le commandement de la brigade. En 2017 elle est ainsi composée :

En 2021, dans la brigade commandée par l’adjudant FLOC’H, il y a trois femmes sur les six membres qu’elle compte.

Bulletin municipal janvier 2021

IV – Les commandants de brigade depuis 1946

Depuis 1946 la brigade a connu 13 commandants. Les durées de commandement varient de 3 ans et 3 mois (LE BAUZEC) à 12 ans (MEIRAUD), 11 ans (RICHEMOND), 10 ans (WOZNY).

En moyenne les commandants de brigade restent 5 ans en poste. Les longues durées étaient fréquentes jusqu’au début des années 1980. Elles sont plus rares par la suite et si l’Adjudant-chef WOZNY est resté en poste 10 ans « on dit » que c’est parce que son épouse travaillait à la poste à Nexon. Il m’étonnerait que le commandement de la gendarmerie soit sensible à ces situations !

Pour certains des commandants de brigade Nexon a été un poste de fin de carrière, pour d’autres une étape vers le grade de Major. Ce grade ayant été créé en 1972, cette remarque ne vaut que pour ceux qui ont commandé la brigade après cette date.

V- Les activités de la brigade hier et aujourd’hui.

Il saute aux yeux que depuis le début des années 2000 il y a une rotation plus rapide des personnels. Comme dans toutes les professions l’organisation du travail évolue et les missions changent.

Les gendarmes sont des militaires, profondément attachés à ce statut que la réforme de 2009, en les rattachant au Ministère de l’Intérieur, n’a pas modifié. La condition militaire en 1950 et celle de 2021 sont différentes en termes de disponibilité et de congés en particuliers, dans la manière de travailler… Les casernes qui n’étaient pas toujours très confortables ont le plus souvent été transformées en pavillons individuels. Les astreintes qui revenaient très souvent, les amplitudes de travail qui dépassaient souvent 12 heures, les réveils en pleine nuit… sont des conditions que ne connaissent pas celles et ceux pour qui le règlement actuel précise que, dans toute la mesure du possible, la journée de travail doit se dérouler entre 7 heures et 18 heures, et la durée hebdomadaire moyenne du travail ne doit pas excéder trente-huit heures. De même le mode de calcul des 45 jours de permissions annuelles, calculé sur une semaine de cinq jours (hors samedi et dimanche), a pour effet d’octroyer 9 semaines de vacances.

Sil est militaire et qu’à ce titre le gendarme rempli des missions militaires (police militaire, concours aux autorités militaires, renseignement, protection…) il remplit deux autres missions : celle de police judiciaire qu’il effectue sous le contrôle du parquet et des juges d’instruction et celle de police administrative sous l’autorité du préfet et des autorités administratives.

La recherche et l’exploitation du renseignement est présente dans les trois missions mais elle ne s’effectue plus tout à fait de la même manière. La numérisation de l’information a fait de l’ordinateur l’outil quotidien du gendarme des années 2000. Il suit les déplacements des suspects en « épluchant » les listings des fournisseurs d’accès au téléphone ou les images des nombreuses caméras installées dans les rues et les magasins. Le développement du numérique, qui n’en est encore qu’à ses débuts, s’il est une source d’information est également, et de plus en plus, une source d’agression, d’attaques avec la cybercriminalité.

Le gendarme des années 1950 devait interroger les gens d’où sa présence longue sur un territoire « où le gendarme savait tout » comme me le disait un ancien gendarme. Rien de ce qui se passait à la campagne n’échappait à la vigilance des habitants. Dans un village où tout le monde se connaissait, où les mêmes familles vivaient depuis des décennies le moindre évènement était noté, rapporté…

Ajoutons depuis le début des années 1960, l’accroissement considérable de la circulation automobile avec les infractions et les accidents qui en découlent a induit une mission d’assistance et de secours nouvelle . Dans certaines zones elle qui a nécessité la création d’unités spéciales comme les Pelotons de Gendarmerie en Haute-Montagne (PGHM).

Du fait du niveau scolaire plus élevé des gendarmes, tous bacheliers, la hiérarchie monte en grade. Pendant les années 1950-1960 le commandant de brigade était maréchal des logis chef, depuis 1970 il est adjudant ou adjudant-chef.

Dans un monde qui bouge rien n’est jamais fini et de nouveaux dangers apparaissent comme la drogue dans les plus petits villages de nos campagne, certains comportements cachés ou ignorés ne le sont plus comme les violences aux femmes, les abus sexuels… Ceci a donné de nouvelles taches d’investigation et d’enquête et des nouvelles missions comme la sensibilisation des collégiens mais aussi des familles.

Le gendarme des années 1950 n’avait pas le baccalauréat alors qu’il est exigé pour le jeune qui veut passer le concours d’entrée en gendarmerie ( ce qui n’est pas le cas pour les gendarmes auxiliaires volontaires). M. FAYE m’a expliqué qu’après une période dans l’armée où il était sergent il s’est présenté à la brigade d’Eymoutiers et après un entretien avec le commandant il a eu à faire une dictée, des exercices de mathématiques et une rédaction. La moralité des candidats était plus importante que leurs connaissances littéraires ou scientifiques et comme on connaissait non seulement les parents mais aussi les grands parents, les amis, la compagne il était facile de se faire une idée des qualités ou des défauts du jeune qui se présentait.

Il était courant de dire, jusqu’aux années 1970, que la famille du gendarme était la gendarmerie. Certains comparaient leur métier à une vocation. En dehors des engagements religieux on le disait d’autres métiers comme ceux de médecin ou infirmière… mais ce n’est plus le cas aujourd’hui. mais être gendarme n’est pas un métier comme les autres, c’est un engagement.

Pour avoir une idée de l’activité de la brigade de Nexon je reprends les grandes lignes du procès verbal publié dans le bulletin municipal pour les années 1988, 1989 et 1991.

  • ACTIVITES DE LA BRIGADE DE GENDARMERIE DE NEXON EN 1988

Effectif moyen : 3,2 / 6

Nombre d’heures d’activité journalière : 8,14

Crimes et délits de police judiciaire constatés : 116 dont 86 élucidés

Personnes mises en cause par indices de culpabilité : 61

Personnes présentées au Parquet et écrouées : 2

Personnes recherchées, découvertes par l’unité : 12

Vérification d’identité de personne : 686

Vérification de véhicules : 205 dont faisant l’objet de recherches : 9 personnes – 3 véhicules

Infractions au Code de la Route constatées : 7 délits – 49 contraventions dont 11 étaient susceptibles de donner lieu à retrait de permis de conduire

Enquêtes traitées : 245 judiciaires – 241 administratives – 83 militaires pour un total de 569 enquêtes.

Kilomètres parcourus : 28.004

Accidents corporels constatés : 11

37 usagers impliqués : 9 blessés graves – 19 blessés légers – 9 indemnes.

causes : 1 vitesse excessive – 2 circulation à gauche – 1 influence de l’alcool – 2 changements de direction sans précaution – 1 dépassement dangereux – 2 autres causes infractionnelles : 1 dû aux intempéries – 1 causes indéterminées.

Nombre d’heures consacrées à la sécurité publique générale : 4.489 dont 1.126 de nuit

Il est à noter une recrudescence assez importante des vols et plus particulièrement dans les résidences secondaires et maisons d’habitation.

  • ACTIVITES DE LA BRIGADE DE GENDARMERIE DE NEXON EN 1989

Au cours de l’année 1989, la Brigade a constaté par procès-verbal :

1 crime au sens donné par le Code Pénal (tentative de hold-up à la Caisse d’Epargne le 13 octobre). L’enquête se poursuit pour retrouver le ou les auteurs de ce méfait ;

68 délits dont 62 ont été solutionnés (vols – escroqueries, abus de confiance, etc…) ;

102 délits et contraventions au Code de la Route et notamment 5 délits de fuite, tous solutionnés et 5 conduites sous l’empire d’un état alcoolique ;

145 procédures dites de renseignements judiciaires, soit d’initiative pour relater des faits particuliers à porter à la connaissance du Procureur de la République, soit sur réquisitions de ce magistrat ;

20 accidents corporels de la circulation routière qui ont fait 27 blessés, ce qui double les accidents par rapport à 1988. Il est à noter – une étude approfondie a été faite – que 14 de ces accidents mettent en cause des conducteurs de la circonscription ou des communes environnantes et que leur responsabilité semble être engagée. Je nommerais cela le « délit d’habitude ou de routine ».

Le total des procédures est de 420.

  • ACTIVITES DE LA BRIGADE DE GENDARMERIE DE NEXON EN 1991

En 1991, 48 vols se décomposant en 1 vol avec violences, 18 cambriolages et 29 vols divers ont été constatés. La première affaire (qualifiée « crime » par le Code Pénal) n’a pas été solutionnée à ce jour. 11 cambriolages et 11 vols divers ont eu une issue favorable. Par ailleurs 3 affaires de recel consécutives à des vols ont vu leurs auteurs découverts. Si les vols de toute nature se maintiennent au même niveau, les cambriolages continuent à progresser. Ils sont le fait de bandes organisées sévissant sur plusieurs départements. Les unités de recherches du groupement de la Haute-Vienne poursuivent les investigations sans relâche, en collaboration avec les brigades.

(1990 : 56 vols dont 14 cambriolages – 38 solutionnés dont 8 cambriolages).

54 autres délits (121 en 90) dont un éventail comprenant les escroqueries, les abus de confiance, des faux et usages de faux, le non-paiement des appels téléphoniques anonymes, des outrages, des coups et blessures volontaires, des violences sur des citoyens chargés d’un Ministère, défaut de carnet de circulation, ont été constatés. 60 ont été solutionnés (différence provenant du traitement d’affaires avec origine en dehors du canton).

Seulement une vingtaine de chèques sans provision ont été traités par la Brigade, le Parquet du Procureur de la République recevant maintenant directement les plaintes qui transitaient auparavant par la Gendarmerie.

279 procès-verbaux de renseignements judiciaires ont été établis (261 en 90). Il s’agit de procédures faites sur demande directe des Magistrats du Parquet mais aussi d’initiative.

8 accidents de la circulation routière ont nécessité l’intervention de la Brigade. Ils ont fait 3 blessés graves et 9 blessés légers. (En 90 : 13 accidents : 10 blessés graves et 6 blessés légers).

1 seul accident dû à l’alcoolémie, 2 à la vitesse, 3 à la non observation de la signalisation STOP, 1 à l’état de l’usager (malaise) et enfin 1 pouvant être imputé à un refus de priorité mais tous mettent en cause des conducteurs du canton ou des communes limitrophes, responsables de l’accident. Si une diminution des accidents est constatée, l’action de la Brigade n’y est certainement pas étrangère avec une chasse impitoyable des mauvais conducteurs notamment au niveau de l’alcoolémie. (21 infractions relevées en 90, 8 en 91) entraînant des suspensions de permis de conduire pour des durées relativement longues.

160 infractions ont été relevées (169 en 90).

Quelques anecdotes, à poursuivre …

Il arrive qu’au cours de leur carrières les gendarmes aient à gérer des situations qui n’existent plus ou qu’ils aient à intervenir pour des faits divers amusants.

Ainsi Dominique LENOIR, à Nexon de 1974 à 1980, se souvient du rituel d’ouverture des foires pour lesquelles les gendarmes devaient veiller à ce que les transactions ne débutent pas avant la sonnerie de la cloche.

Toujours a l’occasion d’une foire, un taureau qui au sortir de la bascule s’échappe au lieu de monter dans la bétaillère. Il fallut aller chercher le vétérinaire, Jean ATZEMIS, pour qu’avec une fléchette tirée avec son fusil à air comprimé il endorme l’animal.

Une autre fois, les gendarmes interviennent pendant la messe que célébrait l’abbé REDOR ayant été prévenus du cambriolage qui se déroulait dans le presbytère. Mais la vigilance du garagiste LASPEYRAS avait permis l’interpellation du voleur avant que curé et gendarmes arrivent sur les lieux du délit.

Les gendarmes à Nexon : De 1830 à 1914 (I)

La gendarmerie a été créée par la loi du 16 février 1791 en remplacement de la maréchaussée. Loi relative à l’organisation de la Gendarmerie nationale est promulguée le 29 avril 1792.

La loi prévoit la création de 1560 brigades et leur répartition sur le territoire. La Haute-Vienne est dotée de 15 brigades et de 9 officiers. Nexon ne figure pas dans la liste, Saint-Yrieix, avec un lieutenant, et Chalus sont les brigades de l’arrondissement.

La loi du 28 germinal an VI (17 avril 1798) précise que « le corps de la Gendarmerie nationale est une force instituée pour assurer dans l’intérieur de la République le maintien de l’ordre et l’exécution des lois ».

Durant tout le Premier Empire, la Gendarmerie, en manque d’effectifs et mal formés, impose difficilement son autorité. Épurée sous la Restauration, elle est réorganisée par l’ordonnance du 29 octobre 1820, en 24 légions divisées en compagnies.

Un arrêté ministériel du 20 mars 1832 rend le port de la moustache obligatoire pour tous les militaires mais deux mois plus tard cette obligation ne s’applique plus aux gendarmes. Cette décision est très mal perçue et soulève un véritable tollé. Cependant il faudra attendre 1841 pour que les gendarmes aient de nouveau l’obligation de porter la moustache. Cette obligation perdurera jusqu’en 1933. Cette moustache, comme le bicorne, a contribué à fixer l’image des gendarmes dans l’imaginaire des français.

Le Petit Journal, 13 septembre 1896.

Quand a été crée la brigade de Nexon ? L’Établissement central d’administration et de soutien de la gendarmerie nationale (ESCAGN) interrogé n’a pas trouvé les documents créant la brigade de Nexon. La loi du 29 juillet 1850 fixant l’objectif d’une brigade par canton il est certain qu’au moins à cette date Nexon disposait d’une brigade.

En fait c’est bien plus tôt que la gendarmerie a été installée à Nexon. En effet les archives départementales de la Haute-Vienne possèdent les listes nominatives des recensements de la population depuis 1836. En recherchant dans ces listes j’ai trouvé les noms des gendarmes de Nexon et de leur famille dans le registre de 1836 et dans les suivants. J’en donnerait les noms un peu plus loin. On a donc la preuve que la brigade de gendarmerie de Nexon a été crée avant 1836 mais il manque encore la date précise de sa création.

La chaine hiérarchique entre le Ministre et les brigades a changé au rythme des réformes ministérielles. Ainsi la brigade de Nexon a été rattachée à Saint-Yrieix, Rochechouart et Limoges.  

Ainsi par la loi du 24 juillet 1873 qui divisait la France en 18 régions, la Haute-Vienne appartenait à la 1ère subdivision de la XIIe Région et Nexon à la 1ère subdivision.

Les débuts de la Troisième République sont surtout marqués par la question du maintien de l’ordre et la Gendarmerie a fortement été mobilisée lors des grèves et des inventaires des biens du clergé.

Le 21 mars 1904, une petite révolution dans l’uniforme du gendarme : le képi remplace le bicorne.

Quelques interpellations et actes de courage des gendarmes de Nexon entre 1860 et 1900.

La presse rend compte des nominations des officiers généraux mais rarement des gendarmes. Aussi la gendarmerie a créé ses propres journaux. Le Gendarme (1897-1913), Journal de la Gendarmerie, L’Écho de la Gendarmerie (1887 -), L’Avenir de la Gendarmerie, Le phare de la gendarmerie (1909), Le progrès de la gendarmerie, organe de défense des intérêts de la gendarmerie et de la garde républicaine. (1911-), Journal de la gendarmerie de France (1839-1849), Gendarmerie nationale et De la gendarmerie, 1839-1920…

Une tâche importante des gendarmes est la recherche des délinquants et leur interpellation. En juillet 1883 un hommage est rendu aux gendarmes de Nexon pour avoir arrêté un voleur à Charroux à partir d’un simple signalement.

Le Courrier du Centre 28 juillet 1883

L’année suivante, les 4 mars et 5 avril 1884 Le Courrier du Centre rend compte de deux arrestations de deux inculpés :

Le Courrier du Centre, 4 mars et 5 avril 1884

En 1891, c’est la perspicacités des gendarmes de Nexon qui fait avancer l’enquête sur le crime de Gorsas :

Mais les missions de la gendarmerie ne se limitent pas à la recherche et à l’arrestation des délinquants. Le décret du 1er mars 1854, indique que le devoir de l’Arme est d’agir envers « toute personne qui réclame son secours dans un moment de danger » et précise que « l’une de [ses] principales obligations : veiller à la sûreté individuelle » et ajoute, notamment en cas d’incendie.

La plus grande partie des chroniques d’actualité du Journal de la Gendarmerie, lancé en 1839, est consacrée au récit des « belles actions » de gendarmes sauveteurs. Sur les 400 militaires, qui, en moyenne, sont cités à l’ordre de la légion, un tiers environ sont récompensés pour des enquêtes menées à bien, des arrestations dangereuses et des opérations de maintien de l’ordre difficiles. Les autres, une grosse majorité, sont distingués pour des actions de secours, parmi lesquelles la maîtrise d’animaux emballés devance largement le sauvetage des noyés et la lutte contre l’incendie.

C’est ainsi qu’a Nexon, le dimanche 30 décembre 1860, un cheval qui mangeait de l’avoine a été affolé par la foule qui sortait de l’église. Il s’est enfui au risque de blesser beaucoup de monde aussi le gendarme RAMA s’est élancé sur lui et lui saisissant la tête il a pu l’attacher.

Le Courrier du centre 31 décembre 1860

Mais si des animaux peuvent s’échapper et des chevaux s’emballer, les incendies sont une menace permanente dans une société où les murs sont en torchis et beaucoup de toitures en chaume. Vite prévenus par les habitants les gendarmes sont les premiers représentants de l’autorité arrivés sur les lieux. Leur rôle est d’autant plus important que les pompiers restent très rares dans les campagnes, mal formés et inégalement équipés. Leur mission, telle que la définit le décret de 1854 récapitule « [ordonner] toutes les mesures d’urgence », « sauver les individus en danger », « requérir le service personnel des habitants », « empêcher le pillage des meubles et effets évacués », enquêter sur les causes du sinistre, arrêter les suspects éventuels.

Le Petit Journal 19 janvier 1896

Lors d’un incendie qui a éclaté à Nexon dans la nuit du 7 janvier 1876, le gendarme à cheval GODON Jean Baptiste de la brigade de Nexon et trois autres collègues ont fait preuve de courage pour sauver une petite fille âgée de 2 ans qui était couchée dans son berceau, et pour retirer une somme de 800 francs enfermée dans un meuble d’une chambre en feu dont le plafond était près de s’effondrer.

Cet acte de bravoure leur a valu plusieurs citations.

Le Courrier du Centre 11 janvier 1876

Une demande de médaille d’honneur faite en faveur du gendarme GODON a été transmise par le ministre de la guerre à son collègue de l’intérieur. — Cette médaille lui a été accordée avec une citation à l’ordre du corps d’armée « pour le courage qu’il a déployé dans un incendie, à Nexon, et dans lequel il a, au péril de sa vie et en se blessant lui-même, sauvé un enfant de deux ans, abandonné par sa mère malade, et être retourné un instant après dans la même chambre pour sauver une somme de 800 fr. qui était tout l’avoir de celle pauvre femme. »

GRADEPOST, gendarme à Bort (Corrèze), le 20 janvier 1875 est mis à l’ordre de la légion et du 12° corps d’armée pour s’être signalé par son énergie, son entrain et son intelligence dans un incendie qui a eu lieu à Nexon (Haute-Vienne), où il se trouvait en permission.

DEFRENE, gendarme à Nexon, est le 31 juillet, mis à l’ordre de la légion pour le zèle et le grand dévouement qu’il a déployés dans un incendie qui a éclaté à Nexon et qui aurait causé de grands ravages sans l’activité, l’énergie et le courage qu’on a mis à le circonscrire. — GODON et DUCLOUX, gendarmes, même citation.

En avril 1882 les gendarmes de Nexon interpellent arrêtent l’auteur de l’incendie d’une maison à Saint Priest Ligoure :

Le Courrier du Centre 12 avril 1882

Noms de quelques gendarmes en poste à Nexon de 1836 à 1914

En 1836, le recensement révèle qu’il y a 3 gendarmes à Nexon. Le commandant de brigade, Jean GAUTHIER, 53 ans, est brigadier. Il vit à la caserne avec son épouse Justine SARAZIN, 38 ans, et leurs cinq enfants, Olimpe, 17 ans, Estelle 10 ans, les jumeaux Henry et Victor, 6 ans, et Barbe Corinne 3 ans.

Il y a quatre gendarmes :

-Antoine CHEVALIER, 45 ans et son épouse Françoise TIONET, 45 ans.

-Vincent FLOIRAT, 45 ans et Scolastique CHAUMARD, 45 ans, son épouse.

-Louis THIRION, 56 ans et son épouse Marie LESCURAS, 50 ans.

-François MATHIEU, 35 ans, son épouse Joséphine GAUDIER, 28 ans et leurs deux filles Aménoïde 10 ans et Victorine 5 ans.

Recensement général 1836 – Archives départementales de la Haute-Vienne

La moyenne d’age de la brigade est élevée, le commandant à 53 ans, un gendarme à 56 ans, deux ont 45 ans et le plus jeune a 35 ans soit une moyenne de 46 ans et 10 mois.

Le 26 septembre 1839 se présente un sieur MATHIEU Jean, gendarme à cheval qui déclare fixer sa résidence à NEXON et vouloir acquérir la Nationalité Française, étant né en Bavière. Le Brigadier de Gendarmerie de Nexon se nommait LACROIX, la brigade était pourvue de chevaux.

En 1841, le brigadier est Henry LACROIX, 42 ans. Il est avec son épouse Jeanne MUSMEURE, 41 ans, leur fils Victor, 9 ans et leur nièce Françoise JENNE âgée de 11 ans.

Il y a trois gendarmes à la brigade :

-Jean François MATHIEU, son épouse Marie Joséphine GAUDIER et leurs deux enfants, Aménaide, 14 ans, et Julie, 10 ans.

-Antoine CHEVALIER, 48 ans, et son épouse Françoise TIONNET, 52 ans.

-Louis LIMOUSY, 29 ans.

Recensement général 1841 – Archives départementales de la Haute-Vienne

De 1841 à 1886 les listes nominatives des recensements de la population ne sont pas conservées aux Archives départementales de la Haute-Vienne. Cependant on peut suivre quelques gendarmes de Nexon au travers des articles de la presse qui en relatent les actes de courage, les décorations ou les nominations.

En 1866, la presse rend hommage au brigadier REBOUL, décédé encore jeune…

Le Courrier du Centre 9 aout 1866

En 1876 on retrouve les noms des gendarmes qui sont intervenus lors de l’incendie du 7 janvier de cette année évoqué plus haut : les gendarmes DEFRENE, DUCLOUX, DUPUY et GODON et le brigadier RASTOUIT.

On trouve également les noms des gendarmes récompensés par la Société des chasseurs de la Haute-Vienne. Celle-ci honore les gendarmes et les gardes champêtres qui ont œuvré en faveur de la chasse. Les chasseurs sont particulièrement reconnaissants aux gendarmes pour les interpellations de ceux qui chassent sans permis ; ces délits sont fréquemment rapportés par la presse.

En 1882 :

Le Courrier du Centre 26 aout 1882

En 1886, le commandant est le brigadier Jean ESCURE, âgé de 40 ans. Il est avec son épouse Marguerite BELLIGOU, 35 ans, et leurs deux enfants, Jean, 12 ans et Marie Louise 4 ans.

Il y a, à la brigade, quatre gendarmes :

  • Louis GODON, 38 ans, son épouse Marie CAMBREZY, 30 ans et leur fille Marie, 6 ans.
  • Antoine FROMENTIN, 35 ans, son épouse Marie MICHELOT, 29 ans et leurs deux filles Alphansa 7 ans et Marie 5 ans.
  • Pierre ROIG, 30 ans, son épouse Josèphe PARES, 21 ans, et leur fille Marie Jeanne, 16 mois.
  • Georges MARTINET, 35 ans, Marie Louise ARNAUD son épouse, 27 ans, et leur fille Marie âgée de 8 ans.

La moyenne d’âge est de 35,6 ans.

Pendant son affectation à Nexon, Pierre ROIG a eu un fils, Joseph, né le 27 juillet 1889. Il fut un héros de l’aviation pendant la première guerre mondiale et un pionnier de l’Aéropostale. J’ai publié son histoire le 7 novembre 2018 ici : https://etsinexonmetaitconte.fr/wp-admin/edit.php?s=Roig&post_status=all&post_type=post&action=-1&m=0&cat=0&paged=1&action2=-1

Le 24 mai 1889, l’Assemblée générale de la Société des Chasseurs de la Haute- Vienne décerne sa médaille d’argent au brigadier Jean ESCURE et aux gendarmes François DECHAMBRE et Pierre ROIG de Nexon. Le gendarme Georges MARTINET recevra la médaille de bronze.

La brigade en 1891.

Le brigadier est toujours Jean ESCURE et il est avec son épouse et ses deux enfants.

Il y a quatre gendarmes :

  • Antoine FROMENTIN, âgé de 40 ans avec son épouse Marie MICHELET âgée de 34 ans et leurs trois enfants Alphonse 12 ans, Marie 10 ans et Albert 2 ans.
  • François DECHAMBRE, 35 ans, avec son épouse Anne FRUGIER, 26 ans, et quatre enfants, Camille-Françoise, 8 ans, Alice 4 ans, Hippolyte 3 ans et Noémie 1ans.
  • Jean BONET, 35 ans et son épouse Marie CONSTANT, 27 ans.
  • Léonard BREILLOUX, 33 ans, son épouse Jeanne BAYLE, 27 ans, et deux enfants Joseph, 7 ans et Rose, 3 ans.

La moyenne d’âge est de 36,6 ans.

Le 28 décembre 1891 le brigadier à pied DUPUY, de Ruffec (Charente) est nommé à Nexon.

Le 3 juin 1892 les gendarmes Jean BONNET et Léonard BREILLOUX reçoivent la médaille de bronze de la Société des Chasseurs de la Haute-Vienne

Mutations du 28 décembre 1894 : Le brigadier à pied DUPUY quitte Nexon pour Allassac en Corrèze, brigade créée le 15 février 1895 ; Le gendarme à pied MOREAU est nommé brigadier à pied à Nexon.

Par décision ministérielle du 9 juin 1894, Léonard BREILLOUT, gendarme à pied à Nexon, est nommé brigadier à pied à Barbezieux, en remplacement du brigadier DESFARGES, décédé.

La Charente, 22 juin 1894

Mutations d’octobre 1895 : Le maréchal des logis à pied DELAGE, de Saint-Laurent-sur-Gorre à Nexon, devenu poste de maréchal des logis.

La brigade en 1896 : le commandant de la brigade est le maréchal des logis Louis DELAGE, 46 ans avec son épouse Marie DUFOUR et trois enfants Clémence 17 ans, Ferdinand 11 ans et Raoul 9 ans.  

Il y a quatre gendarmes :

  • Antoine FROMENTIN qui était déjà dans la brigade en 1891avec son épouse et leurs trois enfants.
  • François DECHAMBRE également présent en 1891 avec son épouse et leurs quatre enfants.
  • Léonard LAFON, 46 ans, son épouse Anne SATO, 38 ans et leurs deux enfants Blanche 16 ans et Françoise 5 ans.
  • Jean BONNET, 40 ans, et son épouse Marie CONSTANT, 31 ans.

La moyenne d’âge de la brigade a augmenté et passe à 43,4 ans.

Décret du 8 juillet 1896 : Le gendarme GODON, 27 ans de service, est retiré à Nexon.

20 juin 1900 : Le brigadier à pied GAUTHIER, maréchal des logis à pied, est nommé à Nexon.

25 juin 1900 : le maréchal des logis à pied PAULY, de Carlux (Dordogne), passe à Nexon

La brigade en 1901 : le commandant de brigade est le maréchal de logis Lucien PAULY. Il est âgé de 43 ans et habite avec son épouse, Louise BARD âgée de 38 ans.

Il y a dans la brigade 4 gendarmes :

  • Antoine FROMENTIN, déjà présent en 1891 et 1896 avec son épouse et deux enfants, Marie qui a 20 ans et qui est couturière et Albert 12 ans.
  • François DECHAMBRE, 45 ans, avec son épouse Anne FRUGIER, 36 ans et 3 enfants, Françoise, 14 ans, Hippolyte 13 ans et Renée 11 ans.
  • Léonard LAFON, déjà présent en 1896 avec son épouse Anne et leur fille Françoise.
  • Jean BONNET et son épouse Marie CONSTANT, présents en 1896.

La moyenne d’âge de la brigade a encore augmenté pour s’établir à 48 ans ; ceci est dû au fait que deux gendarmes ont plus de 50 ans et que deux gendarmes sont présents depuis au moins dix ans à la brigade.

Recensement de 1901, Source : Archives départementales de la Haute-Vienne

En 1903 la Société des chasseurs de la Haute-Vienne récompense les gendarmes Jean FEVRIER et Pierre CHEVALIER de la médaille de bronze. GORDON, l’ancien gendarme qui a pris sa retraite, est devenu garde à Nexon. Il reçoit la médaille de bronze. (Le Courrier du Centre 14 aout 1903).

Pour les exercices 1905-1906 la Société centrale des chasseurs décerne la médaille d’argent 2eme classe au maréchal des logis BREILLOUT et aux gendarmes FEVRIER et QUILLARD.

En 1906 le commandant de brigade est le maréchal de Logis Léonard BREILLOUT, 48 ans, avec son épouse Jeanne BAYLE, et 43 ans et leur nièce Marguerite, 5 ans.

Il y a toujours quatre gendarmes :

  • Léonard MARQUET, 42 ans et son épouse Jeanne DOUDET, 42 ans avec leur fils Maurice, 4 ans.
  • Louis QUILLARD, 26 ans, et son épouse marie GUILLIN, 22 ans. Ce sont les plus jeunes gendarmes que la brigade de Nexon a connu.
  • Louis CALES, 41 ans et son épouse Marie MERLE, 38 ans.
  • Jean FEVRIER, 33 ans, son épouse Jeanne BLANCHER, 27 ans et leurs deux enfants, René, 4 ans et Germaine, 1 an.

Par rapport à 1901 la brigade a été totalement renouvelée et la moyenne d’âge tombe à 36,6 ans.

Le Courrier du Centre 22 aout 1905

Pour l’année 1907, la Société centrale des chasseurs décerne au gendarme FEVRIER la médaille argent 1ere classe et au gendarme LALOI la médaille argent 2eme classe.

Par décision du Ministre de l’agriculture en date du 9 avril 1907, une plaquette et un diplôme sont attribués aux agents de l’autorité qui se sont spécialement distingués par leur zèle dans la recherche et la constatation des délits de chasse et de pêche. A Nexon sont honorés BREILLOUT, maréchal des logis de gendarmerie, et FEVRIER, gendarme.

Tableau d’avancement aout 1908 : Comme brigadier à pied le gendarme FEVRIER.

23 juin 1909, la Médaille de bronze de la société des chasseurs de la Haute-Vienne est décernée au maréchal des logis BREILLOUT, à Nexon.

En 1911 le chef est le maréchal de Logis Anatole LARGE, 41 ans, son épouse Joséphine LARGE et leur fille Adrienne 10 ans.

La brigade compte toujours quatre gendarmes :

  • Paul LANTINIER, 32 ans avec son épouse Marie Louise, 28 ans, et leur fille Odette 3 ans.
  • Léonard GENET, 32 ans, son épouse Françoise, 29 ans, et leur fils André, 5 ans.
  • Martial MAGNONAUD, 31 ans, son épouse Marie, 28 ans et leur fille Rachel, 3 ans.
  • Albert AGLAURE, 31 ans et son épouse Valérie, 31 ans.

Comme en 1906, la brigade est entièrement renouvelée et la moyenne d’âge baisse encore à 33,4 ans.

Recensement de 1911. Source : Archives départementales de la Haute-Vienne

En 1913, par décision du 9 novembre, le ministre a conféré des récompenses honorifiques pour les soins ou les médicaments donnés gratuitement, soit aux militaires de la gendarmerie et à leurs familles, soit aux chevaux de l’arme. Parmi les médecins récompensés on relève le nom du Dr. THOMAS à Nexon qui reçoit la Médaille de vermeil (délivrées après 25 années de soins gratuits).

A suivre…

Recherche d’informations sur la famille BALAIZE.

Claude BALAIZE qui a 85 ans et habite Senlis cherche des informations sur ses arrières grands parents qui ont vécu à Nexon.

Yrieix Balaize, son arrière grand-père est né le 27-05-1849 à Le Chalard et décédé à Nexon le 12-10-1908. Il a été inhumé dans le cimetière communal (concession 289).

Quant à son arrière-grand-mère, veuve Balaize, elle est née Marie Eléonore Léonard le 21-03-1849 à Rochechouart et décédée à Nexon le 20 janvier 194. Il n’y a pas de registre des inhumations qui remontent a cette date donc on ne sait pas si elle est inhumée dans ce caveau.

Ces deux personnes se sont mariées le 09-05-1871 à Rochechouart. Ils ont eu une fille, Balaize Marie Louise, née le 11-04-1872, veuve en 1ères noces de Gabriel Meunier-Quinsac, veuve en 2èmes noces de François Lelong, maire de Nexon. Elle est décédée le 21-07-1960 à Tulle. François Lelong est mort à Nexon le 27-03-1925.

Balaize Yrieix a d’abord été instituteur et ensuite Agent voyer et il aurait été un citoyen « actif » à Nexon !

Merci à tous ceux et celles qui pourront apporter des informations.

Hommage au Docteur Rose FORGERON (1926-2020)

Quelle ne fut pas ma stupeur en lisant mon journal de voir l’avis d’obsèques de Rose FORGERON. Depuis quelques semaines je sentais bien que la fatigue prenait le dessus mais j’étais loin de penser à une fin aussi rapide.

J’ai pris contact avec Rose FORGERON à la suite de ses commentaires sur mon site. J’ai découvert alors une personne passionnée par l’histoire de Nexon, soucieuse de l’exactitude des faits et attachée à la « vérité historique ». Après quelques échanges par mail et par téléphone elle m’a invité à lui rendre visite, chez elle, à Limoges.

C’était un véritable plaisir de passer quelques heures avec elle. Lors de ma première visite je n’ai pas été surpris lorsque je l’ai vue. La ressemblance avec sa mère était frappante, même physique, même autorité naturelle. L’autorité de sa maman avait marqué tous les gamins de Nexon qui, quelques sous en poche, allaient faire un tour dans le bazar de Madame VIGNERON, véritable caverne d’Ali Baba dans laquelle on trouvait toujours quelque chose, ne serait-ce que quelques minutes de rêve. L’autorité de sa fille se lisait dans son regard et dans ses mots. Elle était le fruit de ses connaissances et de sa mémoire. Plusieurs fois elle a corrigé des erreurs que j’avais faites dans les prénoms de personnes qu’elle connaissait bien ou lorsque je lui posais une question et qu’elle me répondait « je vous l’ai déjà dit ».

J’ai aimé ces moments où, assis dans la cuisine plutôt que dans le salon pour profiter de la table ou il était facile d’étaler cartes postales, photos et vieux papiers. A chacune de mes visites elle avait préparé des documents. Conservatrice elle avait de nombreux albums, boites, cartons remplis de documents hérités de sa famille et enrichis par ses soins. Sa maman était une des rares nexonnaise qui dès les années 1930 possédait un appareil photo. Dépositaire de presse elle avait fait éditer des cartes postales et conservait des clichés des événements marquants comme les ostensions, les fêtes et bien sur la Libération. Je n’ai pas eu le plaisir de tout voir car elle en a beaucoup prêté, en particulier les ostensions et elle ne les pas tous revus. Cela la contrariait beaucoup.

Le temps passait toujours trop vite mais la pause-café était toujours la bienvenue au cours de ces moments studieux, elle me permettait de changer de sujet.

Désireuse de perpétrer la mémoire des anciens commerçants de Nexon elle a retracé toute l’histoire des commerces dans les rues principales de Nexon. Je n’avais plus qu’à illustrer, compléter. Ses lettres étaient toujours d’une belle écriture, très lisible, au contraire des ordonnances de beaucoup de médecins aujourd’hui, sans ratures tellement elle avait cherché avant d’écrire. Elle a commencé par la rue Gambetta, ancienne rue du Nord, la rue ou elle est née en 1926. Elle commence par dire qu’elle est heureuse d’être née à Nexon et cela se sentait dans ses propos. Elle voulait que Nexon soit mise en valeur et pour elle mon blog y contribuait. Mais elle ne recherchait rien pour elle, elle me disait « ne parlez pas de moi ». Par contre elle aimait dire des personnes qu’elle connaissait « c’était ma petite camarade ». Elle a insisté pour que la municipalité rende hommage à l’une d’entre elles, Lucienne LELONG. A son décès, comme elle n’avait pas eu d’enfant, elle a fait don de son patrimoine à la commune qui parlait alors de l’héritage MARCOFF. Elle n’aimait pas que seul le nom du Docteur MARCOFF soit associé à la médiathèque construite grâce à ce don. Elle m’a demandé d’utiliser mon site et de contacter le maire pour que le nom de Lucienne LELONG soit associé au nom de son mari puisque la plus grosse partie de leur fortune immobilière venait des propriétés dont elle avait hérité de son père, le docteur LELONG. Elle a été satisfaite lorsque la réalisation de l’« Espace LELONG-MARKOFF » a rétabli ce qu’elle considérait comme la vérité historique. C’est ce côté « battante » qui m’a beaucoup frappé et qui m’a rappelé sa mère, une des rare femme résistante à Nexon.

Depuis quelque temps je lui avait dit qu’en 2020 j’écrirai sur la période 1940-1945, 80 ans s’étant écoulés depuis les événements dont il a toujours été difficile de parler à Nexon. Elle a donc commencé à rassembler ses souvenirs mais dans son dernier mail, le 9 août, elle m’écrivait « J’ai essayé d ‘écrire quelques pages sur la guerre 1939-1945, je n’y arrive pas, çà me rappelle trop de mauvais souvenirs ». C’est en pensant à elle et à tous ceux qui ont vécu ces moments douloureux que j’écrirai sur cette période.

Au début de l’année 2018 une chute ayant entraîné une fracture du col du fémur elle a du être hospitalisée. Cet accident a modifié le style de nos rencontre. Nous correspondions surtout par mail et elle espérait que je puisse rapidement reprendre le rythme de mes visites. Elle ne pouvait plus conduire et venir à Nexon comme elle le faisait régulièrement. Je devais visiter ce qui fut le café de La Promenade et sa grande salle de théâtre, y sentir l’atmosphère des années 1900, parcourir les vieux journaux mais cet accident a changé sa vie…

Elle qui était médecin a très mal vécu son séjour à l’hôpital. Très soucieuse de la relation à l’autre elle a souffert de n’être considérée que comme un cas et non comme une personne. Elle a été choquée que l’on ne voit que la personne âgée alors qu’avant sa chute elle ne pensait pas à son âge tant elle était dynamique et active. Lorsqu’elle m’a écrit : « C’est lamentable ; le manque d’empathie de tout le personnel hospitalier me désespère, on ne voit pas votre maladie, on voit votre âge », elle devait se revoir, jeune médecin de santé scolaire faisant passer les visites médicales aux jeunes élèves. J’ai passé trois visites à Nexon à ce moment là et elle prenait le temps de réaliser un examen complet et pourtant nous étions nombreux, nous les enfants du « baby-boom ». Elle était admirée car, à cette époque, il n’y avait pas beaucoup d’enfant né à Nexon qui soit devenu médecin. Si pour la suite de sa carrière elle a choisi la voie de l’administration de la santé elle restait très attachée à la relation humaine.

Mon carnet de santé avec les visites médicales par le Docteur VIGNERON

Avant d’aller au lycée et de poursuivre ses études en faculté de médecine elle avait fréquenté l’école religieuse. Elle se souvenait de ma mère plus âgée qu’elle de deux ans. Elle m’a donné une photo de sa classe, une des rares ou on la voit car elle n’aimait pas être photographiée. Elle gardait de son éducation religieuse un attachement à l’Eglise. Elle m’a montré des prières que sa mère écrivait pour les cérémonies en l’honneur des soldats américains qui stationnaient à Nexon en 1918 dont certains logeaient chez ses grands parents.

Nexon 15 novembre 1931. Rose Vigneron avec le nœud blanc dans les cheveux

Son parcours scolaire et universitaire a été brillant, comme son parcours professionnel. Il l’a conduit à diriger la Direction Départementale des Affaires Sanitaires et Sociales, la fameuse DDASS dont elle devait être l’une des rare femme directeur. Elle n’aurait pas aimé que j’écrive « directrice », fidèle à la tradition dans laquelle elle a été élevée.

A la tête de la DDASS je suis certain qu’elle a toujours cherché à garder au même niveau le coté sanitaire et le coté social de cette institution. Une fois à la retraite elle a toujours suivi les activités des associations qui s’occupent des « enfants de la DDASS » et assistait à leurs assemblées générales.

Le docteur Rose Forgeron chez elle ( Merci à sa fille, Pascale Forgeron – Sirieix)

Son départ rapide a surpris tout ceux qui la connaissaient. Elle laisse un grand vide et pour paraphraser l’écrivain et historien malien, Hamadou Hampâté Bâ, je dirai qu’avec sa mort c’est une bibliothèque qui a disparu.

Mes condoléances à sa fille Pascale et ses petits-enfants Clément et Eloi.

La Place Annie FRATELLINI et ses commerces, hier et aujourd’hui.

Sur le coté Est , faisant l’angle avec la rue Victor Hugo, autrefois rue du Centre, se trouvait l’Hotel de France. Depuis la place on ne voyait son nom que sur l’écurie – remise. Jusqu’aux années 1920 la plupart des voyageurs venaient en train ou en voiture attelée. D’un côté il fallait loger les hommes, de l’autre les chevaux. Dans les hôtels de luxe les écuries étaient comparables à celles des châteaux.

Après l’Hotel de France le rez de chaussée de l’immeuble a été transformé en épicerie à l’enseigne DOC, succursale des Docks de France puis en agence d’assurance. Nous verrons ceci avec la rue Victor Hugo

-Numéro 1, place Annie Fratellini

C’était autrefois la maison d’habitation des propriétaires de l’Hotel de France, la famille BOURDEIX. Le rez de chaussée a été transformé en cordonnerie. Elle était tenue par M. Henri DUDOGNON (1907-1989). Il habitait au premier étage avec sa femme Germaine, née PIQUET (cousine de Mme VIGNERON) et leurs trois enfants Yvonne, Jean et Marie (dite Ninou).

Après la fermeture de la cordonnerie la maison a retrouvé sa fonction initiale et est redevenue maison d’habitation.

Le numéro 1 redevenu maison d’habitation.

Numéro 2

A la fin des années 1920, un salon de coiffure pour hommes à été créé à cet endroit par M. Jean DEBORD (1904-1977). En 1967 Marie Noëlle DEBORD le transforme en salon de coiffure pour femme et le baptise « Salon Gisèle », son troisième prénom. . Elle va le tenir pendant 50 ans et cesse son activité le 31 décembre 2016. En janvier 2017, Mme Mireille BONNETAUD-AUVERT ouvre son salon qui devient Naturel Coiff’.

Numéro 2 bis

C’étaient autrefois les écuries de l’Hotel de France.

En 1942, les lettres de l’enseigne se sont estompées mais l’allure n’a pas changée.

Puis quand le lavoir de la fontaine a été démoli il ne resta plus qu’un robinet. L’enseigne pour la remise n’était presque plus lisible.

Au début des années 1950

Aujourd’hui c’est une maison d’habitation et la fontaine est à peine visible de la place, cachée qu’elle est par les voitures.

Numéro 2 ter

Cette maison, faisant l’angle avec la rue Saint-Ferréol, est l’ancienne maison de Louis FOUILLAUD, peintre, associé à son frère, Henri. Ils avaient pris la suite de leur père dans leur entreprise de peinture. Robert FOUILLAUD a continué le métier de son père Louis.

De leurs fenêtres du premier étage les FOUILLAUD pouvaient regarder le lavoir.

Le lavoir de la Mazerole à l’angle de la place et de la rue Saint Ferréol

Coté sud de la Place

De ce coté de la place, on se trouve dans le prolongement de la rue Saint Ferréol.

Numéro 3.

On est face à un bel immeuble, avec deux parties séparées par un porche.

La partie gauche abritait, depuis le début des années 1900, l’Hôtel du Champ de Foire tenu par M. GUYOT. Je ne sais pas s’il est de la famille des bouchers ? Par la suite il fut tenu par la famille NOUAILHAS et leurs deux filles, Marthe et Marcelle Monsieur NOUAILHAS était également laitier.

L’Hotel du Champ de foire en 1942

C’est bien parce que les foires se déroulaient sur cette place que l’hôtel a pris ce nom. Les foires ce sont déplacées sur la place de la République après la démolition de l’ancienne mairie. Le monument aux morts y a été érigé et après son déplacement à côté du cimetière, après la Deuxième Guerre Mondiale les foires y ont eu lieu.

Aujourd’hui il n’y a plus d’hôtel, c’est une maison d’habitation.

A gauche débute la rue saint Ferréol

Au numéro 4 actuel c’était la Poste. Celle ci a déménagé plusieurs fois, d’abord dans l’actuelle rue Gambetta puis place de la République. C’est devenu ensuite le bar et la salle de spectacle CHARREIX.

Même pendant la guerre des concerts sont donnés :

5 avril 1942
24 avril 1943

La salle est également utilisées pour des réunions, des assemblées, des mariages et des bals.

C’est aussi l’atelier de Monsieur Henri CHARREIX, plombier, zingueur, couvreur… Ils sont apparentés aux PERRIARD de la rue Gambetta.

Avec la construction de la salle des fêtes les salles de bal privées ont perdu de l’activité, le bar perd sa clientèle et l’ensemble n’est plus entretenu. Le bâtiment est acheté par M. David BONNEAU, entrepreneur de maçonnerie à Valeix sur la commune de Nexon. Après l’avoir rénové, le 1er janvier 2014 il y transfert le siège social de son entreprise qu’il cède en mai 2016 à Cédric RIMBAUX.

Entraid’service, entreprise de service à la personne s’installe également dans ces locaux et après son dépôt de bilan locaux de l’agence sont repris par le réseau Free Dom qui poursuivant son expansion en France ouvre en juin 2017 sa deuxième en Haute-Vienne.

Numéro 5

A l’origine c’est la maison de la famille JOUHAUD, marchand de petits cochons. Puis elle deviendra la poissonnerie de M. BREUIL et de son épouse, Bernadette LAGORCE, (fille des LAGORCE épiciers). Madame BREUIL y habitait jusqu’à son décès en 2020. Elle était alors la plus ancienne habitante de la Place.

A gauche, volet baissé l’ancienne poissonnerie, à droite la fenêtre du salon

En prolongeant, vers l’ouest, la maison contiguë est dans la rue des écoles. C’est une belle maison en pierres qui appartenait au baron de Nexon. C’est ici que logeaient les palefreniers, la cour arrière servait d’espace pour la saillie des juments du haras. Elle a été acquise par M. Robert FOUILLAUD, peintre, et son épouse Denise.

3 rue des Ecoles

Numéro 6

C’est un très beau bâtiment du 19ème siècle se composant de deux maisons en équerre formant une cour intérieure bordée au sud par des communs qui longent la rue des écoles. Ceci explique les deux portes d’entrée sur la façade que l’on remarque sur les cartes postales anciennes. Aujourd’hui les deux maisons communiquent par le rez de chaussée et le deuxième étage.

La seconde porte a été transformée en fenêtre dont on voit l’assise. La glycine est toujours là

Le Docteur THOMAS et sa famille habitaient dans cette belle demeure. Sa petite fille Claude était dans la même classe que Rose VIGNERON, épouse FORGERON, à l’école libre.

Après le Docteur THOMAS la maison  a été vendue à la famille JOUHAUD, marchand de petits cochons. Ensuite, c’est le docteur Thierry LE BRUN qui a acheté la maison, au début des années 2000. Il quitte Nexon en 2008 et M. Jean Pierre BEL et son épouse achètent la maison. Elle est mise en vente à la fin de l’année 2019.

Au numéro 7 il y avait la boulangerie PRESSICAUD.

Il y a du monde !

Elle figure déjà dans les annuaires de 1897 mais elle doit dater de 1891. En effet Louis PRESSICAUD, âgé de 29 ans et de son état boulanger avec ses parents à Saint Just, épouse le 2 décembre 1890 à Nexon, Marguerite AUDEVARD dont les parents possèdent un café. On peut supposer que le café a été remplacé par la boulangerie que son mari a créé.

Acte de mariage de Louis PRESSICAUD et Marguerite AUDEVARD à Nexon le 2/12/1890

Louis PRESSICAUD n’a pas exploité la boulangerie pendant de longues années. Il la cède à Aristide MARTIGNE. En décembre 1924, celui-ci le revend à la société anonyme « L’Avenir du Centre Ouest » dont le siège social était au 63 rue François Chénieux à Limoges. Le directeur était M. BERLAND et à cette adresse la société exploitait une épicerie. L’acte spécifie que la boulangerie est connue sous le nom de « Boulangerie PRESSICAUD ».

En 1934 le fond est de nouveau vendu à M. Léon BOUBY (1902 – 1962) qui, né à Saint Cyr, a épousé le 7 décembre 1928 une nexonnaise, Marguerite BONNET dont les parents étaient aubergistes à la Croix de Valette à Nexon.

De grands travaux sont réalisés et à la place de la vieille bâtisse un immeuble moderne est construit. La boulangerie est devenue le Café Moderne, tenu par M. GIBAUD. Dans le « Tout Limoges et Limousin » on lit « Café Moderne- F. GIBAUD, place du Champ de Foire, consommations de marque, concert-dancing, pick-up, brasserie, bar, Noces et Banquets, Billard.

La famille MASSY a succédé aux GIBAUD, et après transformations, le café est devenu l’Hôtel-Café-Moderne.       

                                                        

Carte postée le 26 juin 1940
En 1943
Le Moderne au début des années 1950

Au premier étage la grande salle était utilisée pour les banquets, les mariages et pour les bals.

M. CHAULET a repris le commerce dans les années 1950.

Passionné par le football il est devenu dirigeant de l’A.S. Nexonnaise. Les banquets étaient toujours l’occasion de réunir joueurs, dirigeants et élus municipaux.

Comme d’autres à Nexon, l’hôtel a été fermé et le nom a disparu de l’enseigne qui est devenue « Le Moderne ».

En 2002 le Moderne est repris par  Nathalie HYVERNAUD, née DESBORDES. L’établissement cesse son activité en juin 2007. M. Alain RATIER rachète l’établissement et crée LE NOCTAMBULE.

Le Noctambule

Au numéro 8 se trouvaient autrefois les écuries de l’Hôtel de la Poste qui était contiguë. Cet hôtel était tenu, dans les années 1910, par la famille DEFAYE puis dans le courant des années 1920 par la famille LEYMARIE. A la fermeture de l’hôtel de la Poste la famille LEYMARIE a exploité l’hôtel du Nord.

Après la démolition des vieilles écuries, un immeuble moderne a été construit. Il appartenait à la famille Jean PRADEAU, propriétaire de la maison d’à coté.

C’est le fils, Louis Jean PRADEAU (1909 – 2012), huissier de justice et maire de Nexon de 1946 à 1965 qui s’y installa.

Après l’arrêt de l’activité de M. PRADEAU, le rez de chaussé a été transformé en magasins qui ont connus plusieurs gérants.

On y trouve les Ambulances Nexonnaises. Ces dernières gérées par Agnès BRUZAT puis par Catherine DUMAIN s’y sont installées en juillet 2000. Après le dépôt de bilan en novembre 2018, les Ambulances ont été reprises au début de l’année 2019 par la Société PIRONNEAU dont le siège social est à Saint Yrieix la Perche et deviennent les Taxis Nexonnais.

Du coté droit de l’immeuble il y avait la boutique de Tapisserie d’ameublement de M. Philippe MONAQUE dont l’atelier était à Bel Air. Ouvert en juillet 2012 la boutique a été transférée à Limoges, avenue Georges Dumas, en septembre 2019.

Le tapissier a été remplacé par Marylène RAMBERT qui pratique l’hypnose, le reiki…Son atelier s’appelle L’Etoile à 7 branches.

Au numéro 9 se trouve une maison que nous avons rencontré plusieurs fois (voir le chapitre « Place de la République »). C’est une des cartes postales les plus connues de Nexon car elle est très largement illustrée de personnes en costumes d’époque.

L’hôtel de la Poste et l’épicerie.

L’Hotel de la Poste a été créé au début des années 1930. Il été fermé et transformé par M. Jean PRADEAU en un commerce de vente de produits agricoles.


Sur la porte : Pâtes 1F63 – Beurre 2F75

Puis c’est M. BOUNY qui a pris la suite. Il a fait éditer quelques cartes postales. Ensuite du début des années 1960 jusqu’à la fin des années 1970 ce fut l’épicerie CELERIER.

L’épicerie est devenue ensuite dans les années 1980 une boutique de confection tenue par Madame MAZEAU.

En 1984 le docteur FARRANDO qui exerçait avec ses confrères vétérinaires ATZEMIS et CONORD avenue du général de Gaulle, a acheté l’immeuble et l’a transformé en « Clinique Vétérinaire Saint Ferréol ».

La clinique décorée pour les Ostensions de 2002

Le docteur Joël BESSERON lui a succédé. La clinique a été fermée le 31 octobre 2013.

La clinique est fermée et un panneau « A Louer » est affiché sur la vitrine

Après quelques mois de fermeture, la clinique est transformée en établissement de vente de produits alimentaires.

Travaux avant l’ouverture

La Fromagerie-Épicerie Fine « Crèmerie de Jadis » créée par Gwenaëlle GAUDIOZ a ouvert le samedi 17 décembre 2016. Après quelques mois d’activité la couleur des boiseries a changé.

La place a retrouvé un commerce d’alimentation, comme cela avait été le cas pendant plus de 100 ans.

Autrefois se tenait un marché le vendredi. Certains commerçants faisaient de la publicité pour leur stand, comme M. REBEYRAT :

Rue Gambetta côté impair de 21 à 29.

Au numéro 21, faisant l’angle avec la rue Lavoisier se trouve une belle bâtisse qui abritait autrefois l’hôtel du Nord.

L’hôtel du Nord vers 1906. L’électricité n’est pas encore distribuée partout.
L’hôtel du Nord après 1910. Les poteaux électriques sont maintenant nombreux.
L’hôtel du Nord en 1984

En 80 ans on ne constate pas de changements notables dans la rue si ce n’est les poteaux électriques .L’hôtel du Nord est tenu par la famille de Pierre LAUZEILLE avant la guerre de 1914-1918. Il est en même temps marchande de vin. Leur fils Jean Baptiste, né à Nexon le 16 mai 1875 épouse Marie Thérèse CHARRIER le 11 janvier 1906 à Meilhac. le père est donné hôtelier et marchand de vin et le fils seulement marchande de vin.

A la famille LAUZEILLE a succédé Henri ROUSSEAU puis, quand l’hôtel de la Poste a fermé, la famille de Jean LEYMARIE. Il exerce plusieurs métiers: hôtelier, maçon, transporteur. C’est son épouse qui tient le bar. Leur fille Georgette épousera M. DUDOGNON et ne prendra pas leur suite.

A la fermeture de l’hôtel un salon de coiffure va s’ouvrir tenu par M. et Mme ROCHE. C’est un salon mixte, homme et femme. Ils ont également un salon de coiffure à Cauterets (hautes Pyrénées) qu’ils ouvrent pendant la saison thermale. Les Roche vendent leur fonds de coiffure à M. ERNY et partent s’installer à Limoges.

A la fermeture du salon de coiffure, Dominique BAGUR transforme les locaux en cabinet dentaire. En janvier 2007 M. David MAURY qui a acheté la maison y installe son entreprise de plomberie, chauffage et sanitaire. En septembre 2019 il choisit une autre orientation en devenant enseignant et choisi Alexandre HANGANU de l’entreprise ACPS 87 comme successeur.

Le Populaire 13 septembre 2019

En continuant la rue vers la gare on longe un long et haut mur que surplombe des jardins et en face de la rue La Fontaine, ancienne rue du Pont de la Grange, on tombe sur une borne kilométrique Michelin.

Dès les 1908 André MICHELIN, s’inspirant de l’Angleterre, propose aux communes des panneaux signalant l’entrée dans la commune, qui sont également une publicité pour sa marque.

Dès la fin de la guerre , en 1918, Michelin propose également des bornes d’intersection indiquant les directions et les kilométrages. Pour les fabriquer il utilise des plaques de lave émaillée posées sur un pied en béton armé. Leur production prendra fin en 1971. Beaucoup ont été détruites mais elles méritent d’être conservées comme élément du patrimoine et entretenues.

Juste après la borne , après être passé à coté du magnifique araucaria, on arrive au garage fondé au début des années 1930 par Fernand CHIBOIS, né en 1896 à Saint Yrieix la Perche. Il l’exploite avec son épouse Marguerite qui lui donnera 8 enfants. Yvette est la camarade de Rose FORGERON, née VIGNERON, dont la mémoire sans faille lui permet de retracer l’histoire des commerces que j’enrichi de quelques photos. Parmi les garçons citons Robert, plus jeune et Bernard que les élèves du collège appelaient « Billoux ».

Après M. CHIBOIS plusieurs garagistes se sont succédés, en juillet 1996 c’est Daniel GOSSELIN qui s’est installé et au début de l’année 2017 il a été remplacé par MJ. AUTO.

La rue ne s’appelle plus rue du Nord mais Avenue de la Gare. Dans la grande maison du numéro 25 il y une boutique, manifestement fermée, mais je ne l’ai pas identifiée. La maison appartenait à Mme PRUNET et après la fin de la guerre de 1914-1918 la boutique est supprimée. A la place il y des chambres qui sont louées . Mme PRUNET était veuve et tenait une épicerie dans le bourg. Elle a fait éditer plusieurs cartes postales comme celle ou il y les croix sur sa maison. Elle possédait à Limoges, rue Beyrand une fabrique de chapeaux en feutre.

La vue a été prise avant 1905, on voit la boutique.
Cette carte est éditée par la Vve Prunet. Elle est écrite par 2 sœurs qui travaillent dans le bâtiment de la perception. Elles ont marqué de croix l’endroit où elles habitent. On voit encore sur le mur les traces de l’ancienne boutique.

Ce fut ensuite le cabinet dentaire de M. BOISSEUIL. C’était un cabinet secondaire, le cabinet principal était à Limoges, place Jourdan ou il habitait.

En 1985 EUROP’AMBULANCE s’y installe.

Publicité de 1986

Puis M. Bernard PRADEAU y transfère ses bureaux de Montezol. Les compagnies représentées évoluent avec les restructuration que connait le secteur pendant les années 1970 -2000. Un long parcours a débuté en avril 1998, après la prise de contrôle des AGF par Allianz pour aboutir en 1998 à la fusion des AGF avec Athena et Allianz France. Cela se traduit par le passage, en mars 2000, à des enseignes communes, puis au lancement, courant 2000, de gammes communes de produits. En 2009, la marque commerciale AGF disparaît au profit d’Allianz France.

Publicité de 2006

Christophe et Aurore BONNEVAY sont actuellement agents généraux Allianz à Nexon et à Limoges.

La maison du numéro 27 ne ressemble plus à celle des années 1900. En 1905 comme en 1920 on voit une boutique à laquelle on accède par trois marches. C’était une modiste qui fabriquait des chapeaux pour femme, le terme chapelier étant réservé à la fabrication de chapeaux pour homme. Avant la guerre de 1939-1945 les femmes devaient absolument avoir un chapeau, en feutre l’hiver, en paille l’été. Les hommes portaient un chapeau l’hiver et l’été un canotier et en toute saison une casquette. la dernière modiste dans cette boutique a été Mme FOUILLAUD et avant elle Mme JOFFRE.

Les numéros 25 et 27. De la boutique de modiste on voit encore les trois marches. le garage a été rajouté.

Ensuite il y avait autrefois un vaste terrain à l’état de prairie qui appartenait à M. PRADIER. La partie la plus proche du cimetière était clôturée et louée au Dr. JUMEAUX-LAFOND qui y menait son cheval. Pendant la guerre, étant donné la pénurie d’essence , les médecins se déplaçaient ou à pied, ou à cheval, le Dr JUMEAUX-LAFOND en selle et le Dr LELONG en voiture légère à 2 roues.

C’est sur ce grand terrain, acheté par la commune qu’a été construite la gendarmerie. Elle porte le numéro 29.

La gendarmerie au 29 rue Gambetta.

A coté de la gendarmerie a été construit le centre de secours des pompiers. Il a été inauguré le 17 juin 1972 par M. Olivier PHILIP, préfet de région.

En longeant le mur du cimetière et sa rangée de tilleul on arrive à la chapelle des garennes, dédiée à Notre-Dame des Garennes. La statue est atypique, la vierge tient l’enfant Jésus de la main gauche et une quenouille de la main droite.

La chapelle et au fond, à gauche, le monument aux morts.

La rue Lavoisier

Elle s’appelait « Casse-toupie » à cause d’un jeu traditionnel qui s’y déroulait les jours de fêtes. Il consistait à casser avec un bâton, les yeux bandés, une toupie qui contenait un prix.

Particulièrement pentue elle était utilisée par les plus casses-cou d’entre nous pour la descendre en vélo ou en traîneau fabriqué avec une planche et quatre vieux roulements à bille.

En remontant vers la rue Champlain, dans la rue Lavoisier on ne trouve des immeubles que sur le coté droit. A gauche il y a un mur qui longe la propriété BONNAFY.

A droite, faisant l’angle avec la rue Gambetta, se trouve l’immeuble qui abritait autrefois l’hôtel de Nord. C’est aujourd’hui une habitation

L’entrée de la rue Lavoisier

En montant la rue on constate que plusieurs maisons ne sont plus occupées. Au numéro 6 il y a une grande maison dont la porte est occultée par une abondante végétation. C’est une très vieille demeure qui mériterait d’être entretenue. Quand j’étais à l’école primaire j’allais prendre des cours de piano chez Mlle MALISSEN qui habitait dans cette maison. Elle était aveugle et tout était noir dans la pièce. L’odeur de fumée était tenace. C’était une bonne pianiste qui tenait l’harmonium à l’église. Elle suivait les morceaux sur une méthode écrite en braille. Je n’ai pas pris de plaisir dans cet apprentissage du piano !

La porte du numéro 6 est inaccessible

Rue Gambetta, coté impair n° 11 à 19

Au numéro 11 se trouve la maison la plus récente de ce côté de la rue, ce qui explique le recul du 1er étage par rapport au rez de chaussée. A l’étage se trouve un appartement et au rez de chaussé une boucherie tenue par Jean Gabriel GUYOT, né à Châlus le 27 août 1890, décédé à Nexon le 23 juin 1972. Garçon boucher il avait épousé Eugénie DESPLANCHES le 18 décembre 1919 à Nexon. Leur fils, Albert Charles GUYOT et son épouse Yvette GRANET ont pris leur suite.

Acte du mariage de Jean Baptiste Gabriel GUYOT avec Eugénie DESPLANCHES

A leur retraite la boucherie a été reprise successivement par plusieurs bouchers. Le Grillon Limousin a fonctionné pendant une dizaine d’année avant de déposer son bilan en juin 2005.

Le fond a été repris par M. Jérôme CHABAUDIE et Mme Virginie VILLEMONTEIX puis a été vendu en 2012 à la société LES DÉLICES DE LIONEL dont le siège était à Payzac en Dordogne. Elle exploitait la boucherie de Nexon comme établissement secondaire. Dans le cadre d’une procédure de redressement judiciaire la boucherie a été cédée à Gregory MICHAS. Il a commencé l’exploitation en décembre 2013 et a cessé son activité en septembre 2019. Le fonds n’a pas été repris.

Le numéro 13 était la maison d’habitation de la famille de Jean Baptiste Gabriel GUYOT. Le rez de chaussée a été transformé en magasin dans les années 1960. Ce fut d’abord M. LABORIE qui y installa un studio de photographe annexe de celui d’Aixe sur Vienne. En juin 1982 M. Francis Mazars y a créé son bureau d’étude en architecture.

Une publicité en 1985

Au numéro 15 il y avait un magasin de chaussure et une cordonnerie. Il sont tenus par la famille MARQUET qui partira ensuite à Limoges. C’est la famille ROUSSEAU qui pris la suite, madame ROUSSEAU au magasin et monsieur ROUSSEAU ressemelait les chaussures. A l’époque les chaussures étaient solides, ne se démodaient pas et on les faisait ressemeler deux ou trois fois.

La famille ROUSSEAU avec leur fille Camille.

Au départ des ROUSSEAU ce sont M. et Mme BUISSON qui ont repris le commerce. M. Emile BUISSON fabriquait des galoches qu’il assemblait avec le concours de M. ROUSSE, préposé à la Poste, qui venait quelques heures par jour l’aider pour le cloutage.

Publicité pour la manufacture de galoches en 1965
M. BUISSON travaille sous le regard de M. ADAM,
On ne parle plus de galoches mais de chaussures …

Après la retraite de M. BUISSON, en janvier 1997, M. Jean Michel LADRAT y a installé son magasin et atelier photo et vidéo. Trois vitrines occupent le rez de chaussé de cette maison.

Au numéro 17, il y avait autrefois une pâtisserie. Elle était tenue par M. BESSE dont le frère était boulanger rue Pasteur. Madame le docteur Rose FORGERON garde le souvenir du délicieux pain de mie qu’il vendait pendant la guerre, et sans ticket ! C’était seulement un peu cher et donc réservé aux dimanches. C’est ensuite un pressing puis une auto-école qui s’y est installée, c’est l’une des quatre agences de l’auto école MOREAU.

L’auto école au numéro 17

Au 17 bis, situé dans le même immeuble, plusieurs salons de coiffure se sont succédé, le dernier, tenu par Mme GUYONNAUD, était un salon pour femmes. C’est maintenant le cabinet des infirmières libérales.

A coté du salon de coiffure il y avait, comme chez de nombreux coiffeurs, une buvette. Il fallait bien faire patienter les clients car les coiffeurs pour hommes ne donnaient pas de rendez vous. le salon de coiffure était alors un lieu de rencontre ou l’on discutait car on prenait le temps. Le tout appartenait à M. Albert GUYONNAUD dont le frère Alexandre était garagiste rue Pasteur. Albert était né en mars 1895, son frère Alexandre, né le 29 juin 1904, a trouvé la mort enseveli sous une maison le 15 juin 1940 à Tonnerre dans l’Yonne. Il était brigadier au 308e régiment d’artillerie lourde.

Le cabinet des infirmières au 17 bis rue Gambetta

Le 19 devait abriter une parfumerie et une chapellerie si on en croit l’inscription que l’on pouvait encore lire sur l’avant toit pendant les années 1960. La parfumerie devait être également un salon de coiffure.

Pendant la guerre de 1940-1945 M. et Mme REBEYROL ont pris la suite. Et depuis la fin de l’année 1985 Mme Nathalie BURBAUD y a créé un institut de beauté.

Une publicité de 2006
L’institut de beauté Nathalie

Avant d’arriver à la rue Lavoisier que l’on appelait « casse-toupie » il y avait un hangar. Il a abrité pendant la fin des années 1950 et le début des années 1960 l’atelier de réparation de vélos et vélomoteurs de M. FAUCHER. Il l’a ensuite transféré rue Pasteur. Aujourd’hui une partie a été aménagée. Le grand mur contre lequel cette construction s’appuie soutient le parc des BONNAFY dont on aperçoit la cime des magnifiques arbres.

En haut, les arbres du parc BONNAFY.

Un photographe de Limoges, M. Giroux qui avait son studio à la marque Photo-Lux, rue Haute-Vienne, vient à Nexon régulièrement pour des photos de mariage. A partir du 1er avril 1939 il ouvre un atelier rue du Nord, les jours de foire à Nexon. En 1940 il ajoute le 2 mai, jour de communion. Je ne sais pas ou était installé son atelier.

Le Populaire 26 mars 1939
Le Populaire 26 avril 1940

C’est lui qui a réalisé les photos du mariage de mes parents, le 27 juillet 1946.

La fille d’un nexonnais, Antoine Félix GIZARDIN, patronne du magasin de chaussures « A la Grâce de Dieu ».

M. Louis Félix BERTRAND est né le 18 mai 1824 à Saint-Ciers-sur-Bonnieure en Charente de parents cultivateurs.  Marchand de chaussures à Périgueux il épouse 11 janvier 1854 à Mansle (Charente) Marguerite « Elise » PIRET. L’année suivante il ouvre à Limoges un magasin de chaussures à Limoges, place Saint-Martial, à l’angle de la rue Pont-Hérisson, la rue du Clocher n’était pas encore percée. Il le nomme « A la Grâce de Dieu ».

On remarque sur cette carte postale que la rue Jean Jaurès n’est encore réalisée. La photo est prise de la Place saint Martial, future rue Jean Jaurès à la fin de la guerre en 1919.

L’idée d’utiliser des chromos pour faire de la publicité est venue d’Aristide Boucicaut, propriétaire des grands magasins parisiens, « Au Bon Marché ». En 1850, tous les jeudis, il donnait personnellement aux enfants venus avec leur mère, une image. Ainsi ils étaient incités à revenir au magasin le jeudi suivant pour avoir une autre image.

Il va rapidement être imité et dans toutes les grandes villes des commerçants se mirent à distribuer des images au verso desquelles se trouvait leur publicité. M. BERTRAND a utilisé cette méthode pour faire connaitre ses produits et leur prix.

Chromo « Berlin – Le palais Royal » avec au verso quelques tarifs des articles du magasin « A LA GRACE DE DIEU » F. BERTRAND toujours situé Place St Martial à Limoges

Avant d’utiliser la Presse, lue par petit nombre des clients des magasins qui cherchent à avoir une large clientèle, les commerçants vont avoir recours à d’autres supports. En particulier des pièces de monnaies « privées », les jetons de nécessité, crées pendant les périodes de crise et les jetons de transport.

Une trentaine de compagnies de tramways électriques ont émis des jetons de transport : Paris, Lyon, Marseille, Strasbourg … et Limoges. La ville de Limoges a confié la concession des transports par tramway à MM. Grammont et Faye le 13 février 1897. Ils créèrent la Compagnie des Tramways Electriques de Limoges (T.E.L.). L’exploitation débuta avec cinq lignes de 12 km au total, avec une trentaine de motrices Grammont.

La compagnie a émis des jetons de transport d’une valeur de 10 centimes.  L’originalité est que sur l’autre face il y avait de la publicité, à l’époque on disait « réclame ». Pour les pièces en aluminium c’était soit l’Atelier de construction Grammont, soit la pharmacie Brunot et pour la pièce en laiton, les chaussures Bertrand.

De son mariage Louis Félix Bertrand aura cinq enfants trois garçons et deux filles. Les garçons vont tous embrasser des carrières qui les éloigneront du commerce de chaussures.

L’ainé, Pierre BERTRAND (1855 – 1902), sera magistrat et après avoir commencé sa carrière comme substitut à Tulle il la terminera comme Avocat général près la Cour d’Appel de Douai. Ulric « Joseph » Pierre BERTRAND (1870 – 1926), ingénieur des Arts et manufactures, créera une entreprise de papiers peints à Paris. Louis Marie Henri BERTRAND (1878 – 1915), Saint Cyrien est morts pour la France le 15 octobre 1915. Il était capitaine. Les trois fils ont été décorés de la Légion d’Honneur.

Angèle Marie BERTRAND, née à Périgueux le 7 avril 1860 épouse un négociant, Jean Paul ROBIN et ils s’installent à Agen. Marie Berthe BERTRAND (Elisabeth Bertrand), née le 25 septembre 1864 épouse le 31 mars 1883 à Limoges, « Antoine » Félix Frédéric GIZARDIN, né à Nexon.

Les GIZARDIN sont une vieille famille nexonnaise. Mathurin GIZARDIN (1692 – 1762) était notaire comme son fils Nicolas. Ce dernier a eu six enfants, certains sont restés à Nexon comme Gabriel (1789- 1866) cafetier place de l’église ; d’autres comme Léonard, né en 1771, s’installa à Vialotte sur la commune de Saint Hilaire les Places où il fut adjoint au maire.

La maison des GIZARDIN à Saint Hilaire les Places

Antoine est né le 5 septembre 1849 au bourg de Nexon ou son père possède une auberge.

Lorsqu’Antoine épouse Berthe BERTRAND son père est décédé et c’est sa mère qui fait part du mariage de son fils.

Celui-ci a lieu à Limoges où il est célébré par Marcelin BECHADE, adjoint au maire de Limoges.

Les témoins pour le marié sont Albert THOMAS docteur en médecine âgé de 26 ans demeurant à Nexon et Ferdinand GIZARDIN, propriétaire âgé de 40 ans demeurant aussi à Nexon. Pour la mariée son frère Pierre, substitut du procureur à Tours, âgé de 28 ans et Gustave GENEIX, agent d’assurance, âgé de 30 ans et demeurant à Limoges.

L’acte de mariage précise qu’Antoine est « sans profession » ce qui est étonnant pour un garçon de 34 ans. Son épouse à 15 ans de moins que lui et elle aussi est « sans profession ».

Antoine ne va pas rester longtemps sans avoir un métier. Il ouvre un magasin de chaussure place Saint Michel et il cherche à louer l’hôtel que possède ses parents à Nexon.

Le Courrier du Centre des 18 avril et 2 mai 1886

Le magasin qu’il ouvre va prendre comme nom « A Saint Michel ». On voit ici la ressemblance qu’il y a avec le magasin de ses beaux parents : « A la Grâce de Dieu ». Il va faire de la publicité dans la presse, en particulier dans Le Courrier du Centre, adaptant son message à la période de l’année : Noel, Chasse…

Lors de la Foire de la saint Loup, est une foire créée en l’honneur de Loup, évêque de Limoges, qui existe depuis le XIV e siècle. Elle est devenue progressivement la plus importante foire de Limoges et du Limousin. Généralement organisée le 22 mai, elle a lieu maintenant le dernier weekend de mai. L’activité des commerces est fortemnt liée au temps qu’il fait au moment de la foire.

On constate que même lorsque le temps n’est pas clément, le magasin de chaussure d’Antoine GIZARDIN réalise de bonnes affaires. c’est ce qui se passe en 1898. Le journaliste du Courrier du Centre qui fait le reportage constate que malgré le mauvais temps M. GIZARDIN est l’un des rares commerçnts à avoir fait de meilleures affaires qu’en 1897.

Le Courrier du Centre 25 mai 1898

Moins d’un an après le mariage d’Antoine et Berthe, le 10 janvier 1884 naît une petite fille que les parents appellent Agnès. Elle sera le seul enfant du couple GIZARDIN. On peut supposer qu’elle a eu l’éducation classique des jeunes filles de la bourgeoisie limousine. S’il fallait une preuve on la trouverait dans la cérémonie religieuse de son mariage avec Pierre Paul LATHELIZE, fabricant de chaussures. La cérémonie civile a lieu à la mairie de Limoges le 19 juillet 1904.

On peut remarquer la belle signature de Pierre Paul ce qui permet d’imaginer qu’il avait le même sens de l’esthétique pour dessiner ses modèles de chaussures.

La cérémonie religieuse à lieu le lendemain en l’église Saint Michel. Les deux familles faisaient partie de la bourgeoisie commerçante de Limoges et Le Courrier du Centre ainsi que le magazine Limoges illustré en rendent compte signalant les prestations de la chanteuse Louise RUBEN, du violoniste Léon FURELAUD, de l’organiste PERMANN ….

Le Courrier du Centre 21 juillet 1904
Limoges illustré 1er aout 1904

De ce mariage naitront trois enfants : Maurice LATHELIZE (1905-1981), André LATHELIZE (1908 – x) et Joseph LATHELIZE (1913-1987).

Assez rapidement Paul LATHELIZE va prendre les rênes du magasin. Le nom de BERTRAND disparait et celui de LATHELIZE lui est progressivement substitué.

Paul développe l’affaire en recourant à la publicité. Avant 1914 on pouvait lire sur un dépliant « Chaussures pour hommes cousues mains à 14,95 F pour le modèle Derby en veau suiffé ou 22 F pour le modèle Alpin en veau blanc double semelle ou à 15,95 F les bottines en chevreau glacé ». Le magasin se définissait comme « maison de premier ordre, la plus ancienne de la région ».

En 1911 les deux noms, BERTRAND et LATHELIZE figurent sur les documents. Paul LATHELIZE précise qu’il est le petit-fils du fondateur.

Après la guerre seul le nom de LATHELIZE apparaît.

Publicité pour la saison 1934

En 1943 le style des chaussures a changé. le magasin met en avant une création des chaussures HEYRAUD.

Magazine « Notre Province 1943 »

dans les années 1960 les devantures des magasins vont changer de style. La rue du clocher est une des plus commerçante de Limoges et l’enseigne « A la grâce de Dieu » est toujours la même. Elle n’a pas changé depuis plus de 100 ans.

Aujourd’hui le magasin « ELLES » a laissé la place à un fast-food mais en face c’est toujours un commerce de chaussure et si l’enseigne a changé la façade au premier étage conserve le nom d’origine …

La rue Gambetta, ancienne rue du Nord. Le côté pair de 16 à 20 bis.

La rue du Nord vers 1905

Au numéro 16 il y avait un bureau de tabac. Il a d’abord été tenu par M. PRUNY puis par M. LABIDOIRE. Tous les deux ont édité ou fait retirer des cartes postales. M. Pierre LABIDOIRE était blessé de guerre. Amputé d’une jambe il marchait péniblement avec un pilon et une grande béquille en bois. Les buralistes occupaient des « emplois réservés ».

Outre le tabac avec de nombreuses variétés à chiquer et à priser, ils vendaient les timbres quittances et les timbres pour les vélos. En effet on ne pouvait rouler à bicyclette, y compris les enfants, qu’en payant une vignette annuelle de circulation à fixer sur le cadre du vélo.

L’origine de la plaque de vélo française est la loi du 28 avril 1893. Cette plaque a été émise sans discontinuer de 1893 à 1958. Les modèles changeaient chaque année, a l’exception des années 1900-1907. Les plaques émises annuellement étaient tour à tour en laiton jaune pour les années paires et en métal blanc pour les années impaires.

En 1942, la plaque fut imprimée sur du carton comme fac-similé de la plaque en métal. En 1943, la plaque de vélo a été émise sous la forme d’un timbre.

A partir de 1949, le timbre sera remplacé par un formulaire nominatif qui gardera le nom de « plaque de vélo ». Toujours vendu dans les bureaux de tabac il sera émis en cinq couleurs différentes. Puis ce sera une vignette. Le dernier formulaire a été émis pour l’année 1959, un arrêté ministériel du 30 décembre 1958 ayant supprimé l’impôt français sur les vélocipèdes.

Monsieur LABIDOIRE était assis à son comptoir caisse et, dans l’autre moitié de la boutique, Mme LABIDOIRE tenait un bar. M. LABIDOIRE était secrétaire de la fanfare.

M. LABIDOIRE est décédé dans sa 55 ème année au début du mois de février 1947.


Le Populaire, Mardi 4 Février 1947

Cette carte postale, prise sous le même angle que celle de 1905 a été éditée par M. LABIDOIRE.

On remarque que maintenant, juste avant la guerre de 1939-1945, les trottoirs sont faits, les façades ont changé et on commence à voir des automobiles et des motos.

Après M. LABIDOIRE, pendant plusieurs années M. MORTALLIE y avait son magasin d’appareillage électriques et électroménager puis il l’a transféré au 20 bis quand M. PERRIARD a pris sa retraite.

Publicité de 1965

Une boulangerie l’a remplacé, d’abord tenue par M. BOUCHER pendant quelques mois puis M. Michel BARNABET a transféré dans la rue Gambetta sa boulangerie qui était rue Pasteur, à quelques mètres de la boulangerie BARBE.

Après la retraite de Michel BARNABET la boulangerie sera reprise par MM. Christian TANTY, Firmin BOUCHET puis Jérôme et Julie LECONTE.


En 2014 Jérôme et Julie LECONTE continuent l’exploitation de la boulangerie dont ils font refaire la vitrine.

Au numéro 18 il y avait un hôtel, l’hôtel du Commerce. Au début des années 1900 M. PRUGNY en est le propriétaire puis c’est Prosper LAPLAUD qui l’exploite en même temps qu’il est sellier-bourrelier.

Puis dans les années 1920 l’hôtel du Commerce est tenu par François GOURINCHAS.

 Il exploite en même temps une épicerie au nom du « Planteur de Caïffa ». A chaque achat on reçoit un « ticket prime » qui par la suite se transforme en cadeaux. M. GOURINCHAS faisait des tournées dans la campagne en fourgonnette. Elle fonctionnait au gazogène pendant la guerre de 1939-1945.

Il y avait trois filles dans la famille GOURINCHAS, Thérèse était couturière et avait son atelier, au fond à droite, les deux autres s’occupaient de l’hôtel et du bar. Elles resteront célibataires.

Le commerce est tenu ensuite par M. VERGONZANE qui, au début des années 1960, vend son affaire à Monsieur Pierre MAPAS qui arrive d’Issoudun. Il tient à la fois une épicerie, une buvette et une mercerie. L’épicerie était à l’enseigne du Disque bleue. C’était une société familiale de grossiste en épicerie intégrant des détaillants, dirigée par Charles et Jean Valentin, fondée à Limoges en 1954. En 1968 le groupe Disque bleu deviendra DB et ouvrira le premier super marché à Limoges, rue Wagner. En 1989, le Groupe Disque Bleu associé à Euromarché se composait de 7 hypermarchés et de 60 supermarchés localisés dans le Centre et le Sud-Ouest.

L’essor fulgurant de la grande distribution que l’on constate alors mets à mal une grande partie du monde des petits commerçants. Déjà au milieu des années 1950, emmené par Pierre POUJADE (1920-2003), l’Union des commerçants et des artisans (UDCA) secouait le pays. A la fin des années 1960, une autre personnalité, Gérard NICOUD fonde le Comité d’information et de défense (CID) et s’associe à l’Union nationale d’action des travailleurs indépendants pour protéger les commerçants et artisans en s’opposant à l’État et aux magasins de grandes surfaces. Le 27 décembre 1973, Jean Royer (1920-2011) maire de Tours et ministre de l’Industrie, du Commerce et de l’Artisanat, fera voter une loi réglementant l’urbanisme commercial. L’activité des épiciers traditionnel diminue et M. MAPAS le ressent. Il cessera son activité le 31 mars 1991.

Depuis il n’y a plus de commerce au numéro 18 et l’immeuble a été transformé en appartements.

Au numéro 18 il n’y a plus de boutique.

Au numéro 20 il y avait un commerce de grains, semences et produits du sol tenu par la famille de Marcel ALIPHAT.

Après 1945, M. Claude REALLE a développé une activité de matériaux de construction tout en conservant la vente de graines fourragères et potagères et de produits du sol.

Son fils Robert a continué ces activités en y ajoutant le commerce des engrais.

M. REALLE a par la suite développé une entreprise de transport au n° 30 de cette rue.

Ensuite c’est Alain FAVARD qui continue le commerce de grains et engrais avant de la transformer en boutique de fleurs..

Pendant quelque temps Martine PRADEAU a dispensé des cours de yoga au numéro 20 puis au 20 bis de ce fait il n’y a plus ni commerce ni activité de service dans l’immeuble du numéro 20.

Au numéro 20 bis il n’y avait au début des années 1900 qu’un bâtiment sans étage qui servait de remise.

Après la guerre, Monsieur PERRIARD a fait construire un immeuble de deux étages. Au rez de chaussée il y avait un magasin ou étaient exposés les chaudières et les équipements pour salles de bain qu’installait M. PERRIARD. Avant cela le magasin se trouvait juste en face, route de la barrière devenue rue gay-Lussac, comme on le voit sur cette photo prise le 8 mai 1945. Henri PERRIARD travaillait avec ses trois fils, Georges, Henri et Pierre.

En 1945, le 8 mai…
Il n’y a plus de commerce au numéro 20, et au 20 bis c’est un salon de coiffure

Juliette PERRIARD a épousé René Pradeau qui a travaillé dans l’entreprise de son beau-père. Elle habite toujours au 20 bis de la rue Gambetta.

La famille PERRIARD ayant pris sa retraite, M. MORTALLIE a occupé le magasin. Il a par la suite été transformé en boutique de vêtements de sport puis en salon de coiffure, aujourd’hui à l’enseigne « Connivence ».