L’histoire de Nexon vue à travers les délibérations du conseil municipal : V -la Révolution AN III et An IV (22 septembre 1794 – 21 septembre 1796)

– AN III (22 septembre 1794 – 22 septembre 1795)

Le 4 Vendémiaire il est procédé à l’enlèvement du bois et du charbon se trouvant dans la forêt de Mr de Nexon pour être conduit à la maison commune dans l’intérêt de la Nation, les habitants de La Bergère persistants dans leurs exploits, mais pendant cette opération il se présenta le commissaire député Pierre SAZERAT et deux forgerons de Limoges, qui interdirent l’enlèvement, disant que ce charbon de bois avait été acquis par eux et payé aux habitants de la Bregère.

Le Conseil se transporta sur place et il fut décidé d’en référer au Directoire à Limoges.

L’éducation des filles

Le décret du 26 octobre 1793 déclarait que « les filles s’occupent des mêmes objets d’enseignement et reçoivent la même éducation que les garçons, autant que leur sexe le comporte, mais qu’elles s’exercent particulièrement à la filature, à la couture et aux travaux domestiques qui conviennent à leur sexe »

Le 7 Vendémiaire le Conseil s’est réuni pour discuter sur le mode d’instruction à donner aux jeunes personnes du sexe féminin de la commune confiées au sieur LALANDE, car les mères de famille n’ont pu se mettre d’accord sur leur tour de rôle pour assister à cette instruction conformément à l’arrêté du 16 Thermidor. Il fut procédé à une réunion des mères de famille et celles-ci après avoir entendu l’Agent National décidèrent de confier provisoirement l’éducation des jeunes filles à la citoyenne Magdeleine GIZARDIN, conformément à la Loi.

Le même jour, la municipalité fut informée que lors de l’adjudication du domaine de Biard, bien des émigrés, il avait été omis une châtaigneraie, et qu’il y avait lieu de la vendre aux enchères. Il fut fait annonce par la Garde et les habitants rassemblés à la maison commune à 17 heures. L’enchère eut lieu et c’est le citoyen François DUVERNEIX du Village de Biard qui en devint propriétaire pour la somme de 22 livres.

Le 7 vendémiaire il fut décidé d’aller chercher le blé attribué à la commune, savoir 10 sur JANAILHAC, 10 sur LA MEYZE, 20 sur LA ROCHE L’ABEILLE, 25 sur celle de LADIGNAC.

Le 12 Vendémiaire an 3, se présenta à la maison commune TOUSTAIN, représentant du peuple dans le département de la Dordogne et autres circonscriptions, pour faire le triage et la répartition des objets réquisitionnés par divers arrêtés précédents. Le Maire et l’Agent National lui firent connaître qu’il ne se trouvait pas de forte romaine dans la commune. Le Représentant TOUSTAIN leur donna un délai de deux jours pour s’en procurer une.

4 brumaire an IV (26 octobre 1795) : Début du Directoire

19 Brumaire, dénonciation par DESBORDES contre le sieur GIZARDIN qui détenait 6 000 livres appartenant aux émigrés. Ce même jour recensement de tous les bestiaux de la commune. Du même jour règlement du litige opposant Mathurin BONNET, secrétaire de la municipalité, qui avait mal tenu les registres. Il fut décidé de ne lui donner que le tiers de ce qu’il avait droit.

Réquisition du foin et interdiction de servir du pain dans les auberges

Le 30 brumaire, réquisition de 750 quintaux de foin et des bouviers nécessaires pour la conduite au magasin central de Limoges, sous la surveillance de François TARRADE LAVERGNE, membre du Conseil, commissaire à qui tous pouvoirs de réquisition sont donnés avec l’assistance de la Garde Nationale.

Le même jour Pierre SAZERAT est chargé d’établir le tableau des secours dus aux parents des défenseurs de la Patrie, ainsi qu’à celui des pensions dues aux défenseurs mis hors d’état de service. Le même jour défense est faite à tous les aubergistes sous peine de 50 livres d’amende de donner du pain dans leurs auberges à qui que ce soit de la commune, même de leur donner à boire et à manger pendant les séances de la Société Populaire ou du Conseil.

Le 12 Nivôse répartition entre les propriétaires des impositions de seigle et blé noir à fournir au Directoire de Limoges, ce même jour arrive le soldat Léonard JOUHAUD, malade, avec repos de 3 mois.

Le 18 Nivôse enrôlement forcé par le Comité Révolutionnaire de St YRIEIX des sieurs Jean CONSTANT de Lage, Léonard DENIS de Sazerat, Pierre CANARD du Bourg, Jean PORTEFAIX des Vanneaux, Léonard JOUHAUD de Lavaud, Jean VEDRENNE de Combrouse, Jean CHEMINAUD de Valeix, Pierre DUPUYTREN du Bourg et le domestique d’ARRAGON de Sallas.

Le 2 Pluviôse, fin de la détention de Jean Baptiste GAY de Nexon et de son épouse.

Le 30 pluviôse (19 février 1796) après que le Directoire eu décidé de supprimer l’assignat, les planches et poinçons sont solennellement détruits place Vendôme. L’assignat de 100 francs ne valait plus alors que 30 centimes. L’inflation était arrêtée mais il fallait maintenant retirer de la circulation cette masse énorme de papier monnaie.

Le 12 pluviôse, arrivée du soldat Pierre DUPUYTREN, sergent au 3ème bataillon de la Haute-Vienne, en congé de 3 mois pour soigner ses différentes blessures qu’il a reçues en combattant nos ennemis.

Le 19 ventôse un inconnu accoste le Maire et lui dit que par charité il veuille bien l’autoriser à enterrer dans le cimetière de Nexon, son fils mort au Pont de Solignac. Le maire lui répondit qu’il fallait connaître l’identité du défunt et de savoir de quel accident il était mort. L’inconnu prit la fuite, le Maire lança la Garde Nationale à sa poursuite avec mission de ramener et lui et le mort. C’est Pierre LELONG, capitaine de la Garde qui le captura au lieu dit les quatre chemins avec deux autres personnes et le mort. Ils furent ramenés à la maison commune où ils furent interrogés, le plus vieux a dit se nommer Raymond CATALIFAUD du village de Bon commune de LADIGNAC, et que les deux autres étaient ses deux fils. Que le mort était son fils ainé nommé Jean, âgé de 42 ans, marié à Pétronille CELERIER du village des Combes commune de LASTOURS. Ils déclarèrent qu’en revenant de LIMOGES au lieu dit Ventraud, ils rencontrèrent des bouviers conduisant de l’eau de vie et que l’un d’eux, PALLAT de LA MEYZE, leur offrit de cette eau de vie qu’ils en acceptèrent et qu’ils en burent tellement qu’ils s’enivrèrent tellement qu’ils furent obligés de se dévêtir dans l’auberge de la Veuve SAMIE au pont Rompu, qu’ils en furent très incommodés toute la nuit et que le matin l’ainé des fils avait perdu totalement connaissance et qu’il ne put dire que l’eau de vie lui bouillait les entrailles qu’il agonisa toute la journée et mourut sur le coup de minuit. Et qu’ils ne purent le faire enterrer à Solignac car il n’avait pas d’argent.

Sur quoi le Maire fit faire l’autopsie du cadavre dans la chapelle du cimetière par le chirurgien TARRADE, qui après avoir ouvert le ventre, constata une grande quantité d*alcool qui avait provoqué la mort. Il fut aussitôt enterré sans cercueil, mais pour l’authenticité le Maire lui appliqua le sceau de la Mairie sur le front.

Le 22 ventôse visite du citoyen CLIDET délégué du département de la Creuse qui modifia la municipalité comme suit :

Gabriel BEAUNE BORIE remplace Pierre SAZERAT la JONCHERE pour cause de parenté. Pierre FAYARD remplace Pierre VALETTE comme étant illettré.

Notables : Pierre SAZERAT la JONCHERE remplace BEAUNE BORIE, Martial DUMOULIN remplacera BONNET comme Secrétaire Greffier.

Le 14 Floréal, arrivée du soldat THOMAS Jean du 5ème bataillon de la Haute-Vienne en congé absolu de réforme.

Les Loups font des ravages

Le 15 Floréal fut une date importante. Les loups causaient des dégâts et ravages très importants, plusieurs habitants prétendaient que certains étaient enragés. La garde rassembla tous les hommes valides qui armés de fourches, de piques, de bâtons, de fusils et autres instruments se rendirent dans les forêts de Nexon et St-Hilaire et des Farachas le dimanche suivant pour y faire chasse aux loups sous, la direction de DELIGNAT et de DECOULHAC.

Il était fait défense de tirer autre gibier que les loups sous peine de 3 jours de prison et 50 livres d’amende. Le dimanche 300 habitants de Nexon était sur place avec ceux de St-Hilaire, et la chasse commença par chiens et par rabatteurs. 20 loups furent aperçus, une véritable bande, et il en fut abattu six adultes de forte taille et cinq petits louveteaux.

Le 15 Messidor, serment de Jean BEGOGNE comme prêtre du culte catholique dans la commune de NEXON ; mais le 21 il fut rappelé dans la commune de St-GENCE d’où il était parti, les habitants de cette commune ayant menacé plusieurs officiers municipaux et des troubles sérieux s’étant produit à la suite de son départ.

Le 24 Messidor, c’est Joseph D’ARSONVAL qui prêta serment comme prêtre curé de Nexon.

Ce même jour moyennant 2425 livres marché est passé avec les sieurs Guillaume ROUGERIE et François MEUNIER menuisiers à Limoges faubourg St-Antoine pour le rétablissement du principal autel de l’Eglise.

Le 1er Thermidor serment de Pierre ROCHE comme curé de Nexon et son traitement est fixé à 6 000 livres pour sa nourriture, son entretien, celui d’un domestique et d’un cheval. Il sera logé au presbytère. Le même jour pétition pour un bureau d’enregistrement à Nexon, pétition qui sera adressée à la convention.

Le 21 Fructidor arrivée du soldat Pierre DUPUYTREN bénéficiaire d’un congé de 3 mois pour soigner et guérir ses blessures. Ce même jour élection du bureau de l’assemblée en vue des élections mais très peu d’électeurs, les commissaires sont désignés pour parcourir les villages et rappeler aux intéressés leur devoir électoral.

 

– An IV (23 septembre 1795 – 21 septembre 1796).

 

1er vendémiaire (23 septembre 1795) : Début de l’an IV. Décret portant la proclamation de l’acceptation par le peuple français de la Constitution.

Le 11 vendémiaire, le Conseil charge Léon Baptiste MARTIAL de confectionner la matrice des rôles des impositions de la commune.

Le 1er Brumaire, serment des Élus et Notables de tout le canton, serment de fidélité à la République.

Vente au prochain jour de foire de Nexon de bestiaux, charrettes, outils du domaine de Bosvieux.

François GAY de NEXON est élu Secrétaire de l’Assemblée Cantonale et nomme comme garde champêtre pour Nexon, Jean MARQUET de Mamondeix;  pour Rilhac DESCHAMPS LAPARADE de Gorsas;  pour St-Hilaire, Antoine ARRAGON du Village de La Cosse.

Le 8 Brumaire perception dans les communes du canton de la Taxe de guerre par les officiers municipaux,

Ce même jour défense est faite à toute personne de venir troubler les séances et réunions du Conseil, les pétitionnaires doivent s’adresser au secrétaire qui enregistrera leur demande.

Le 9 Brumaire, comparait devant le Conseil Pierre ROCHE de NEXON qui déclare « Je reconnais que l’universalité des citoyens Français est le Souverain, et je promets soumission et obéissance aux lois de la République »

Le 27 Brumaire le sieur GUYOT déclare être atteint d’un mal de jambe et de tête et il donne sa démission de secrétaire. Il est remplacé par Louis GUYOT notaire Public.

Le 5 Nivôse, le sieur GAY de NEXON reprend possession de ses biens.

Le même jour le citoyen CAZE est désigné pour la vente des biens d’émigrés et les baux à ferme.

Le 30 Nivôse recensement sur la place publique de Nexon de tous les chevaux, juments, milles, mulets du Canton où ils avaient été réunis.

Le 10 Germinal, jour de foire à NEXON, les sieurs Gabriel LA VAREILLE et Pierre MONTAZEL étaient venus acheter des bœufs pour l’approvisionnement de l’armée d’Italie, bien entendu sans aucun argent. Les paysans refusèrent de livrer les bêtes sans être payés et reconduisirent ces dernières aux étables, malgré les protestations des acheteurs, qui promettaient paiement sous un mois. Ce même jour rectification des côtes mobilières par abaissement du taux. On y voit les motifs suivants : J.B. Ferréol de NEXON; aucune ressource pour vivre est réduit à une grande disette ; J. FAYE est paralysé ; GIZARDIN a une hernie ; Jean RAFFARD nombreux enfants de deux lits ; AUDONNET a eu beaucoup de pertes.

Le 20 Germinal, prestation de serment des élus « Serment de haine à la Royauté ». En effet la loi du 20 ventôse an IV (10 mars 1796) oblige les fonctionnaires publics des différents cantons (présidents, officiers municipaux, agents de commune, adjoints, juges des tribunaux civils et criminels, et de police criminelle, juges de paix, accesseurs, notaires, etc.) et tous les employés du gouvernement, soit tous ceux qui étaient salariés par la république à déclarer, en présence du peuple, qu’ils étaient attachés à la République et qu’ils haïssaient la royauté, en répétant les mots suivants : « Je jure haine à la royauté, attachement et fidélité à la République et à la Constitution de l’an III. » Ceux qui ne le prêtaient pas étaient arrêtés. Les religieux (prêtres, curés…) étaient aussi tenus de prêter ce serment s’ils voulaient exercer leurs fonctions.

Le recensement donna 21 chevaux, 130 juments, 60 mules ou mulets, 40 poulains, 2 étalons.

Le 2 Floréal, DESVALOIS est nommé Commissaire du Pouvoir exécutif de l’administration municipale du Canton de Nexon en remplacement du sieur GUYOT démissionnaire.

Ce même jour il est décidé que tous les prêtres qui pourraient être revenus sur leur serment de fidélité seraient à nouveau entendus.

Le 24 Germinal le Sieur MAUD Curé de St-Martinet envoi une lettre au Conseil s’excusant de ne point comparaître mais rappelant qu’aimant trop son pays, il renouvelle sa soumission aux lois de la République.

Le 5 Floréal le conseil décrète que tous les soldats qui sont revenus dans leur foyer feront la déclaration de leur habillement, armements ou équipements qui peuvent appartenir à la République ainsi que de ceux qu’ils pourraient avoir vendus ou aliénés.

Le 5 Floréal, tous hôtes, aubergistes, traiteurs et vendant du vin ne pourront recevoir et donner à coucher à aucun voyageur sans s’être préalablement assuré que son passeport a été visé par l’Agent National de la commune.

Ce même jour il a été rendu aux individus qui avaient été reconnus suspect, leurs armes et effets saisis.

Ce même jour il est décidé de dresser une liste exacte des jeunes gens de la première réquisition de 18 à 25 ans, et de ceux qui auraient abandonnés leur drapeau pour se retirer dans leur maison.

Le 26 Floréal, sont conduits à l’hôpital de Limoges deux nouveaux nés, au service des enfants pauvres, un enfant male de la Veuve JOUHAUD et une fille de 3 mois dont les parents Jean PERRIER et Anne DES­BORDES sont décédés subitement tous les deux.

Le 7 Prairial, le Conseil Cantonal renvoie le rôle des impositions dressé pour l’an 3 par la Municipalité de NEXON, s’élevant à 45.916 Livres, comme exorbitant et surtout pour violation des lois constitutionnelles. Les acomptes perçus furent remboursés.

Ce même jour répartition des impôts entre les acquéreurs des biens des émigrés vendus au profit de la Nation.

Le 30 Messidor, le Commissaire exécutif DESVALLOIS réunit toutes les municipalités du canton et leur fait de violents reproches de la part du Directoire Départemental, car ils négligeaient l’application des décrets et arrêtés et que rien n’était fait. Notamment il mis en demeure les Municipalités de fournir dans le plus bref délai le tableau civique du Canton, le tableau des parents des défenseurs de la Patrie, le tableau de la Population et des Animaux du Canton, l’Organisation de la Garde Nationale Sédentaire, la liste des citoyens pouvant remplir les fonctions de jurés, le rôle de l’emprunt forcé avec les sommes payées et à payer, l’état des rôles de 1791-92-93 et 94 pour les contributions directes, le tableau des dépenses locales, l’exécution de la contribution personnelle et somptueuse.

L’assemblée constata encore que l’administration est obligée de faire des dépenses soit pour un courrier, un garde bureau, du papier, de l’encre, des plumes, de la lumière, du bois, etc. qu’il n’y a aucun argent pour ces dépenses qui sont utiles à la chose publique qui en souffre, la salle des séances n’étant pas balayée depuis 3 mois et étant d’une saleté repoussante.

*Les assemblées primaires de chaque canton ou section forment un tableau des citoyens du canton ou de la section, et y inscrivent chaque année à un jour marqué, tous ceux qui ont atteint l’âge de 21 ans, après leur avoir fait prêter serment de fidélité à la constitution et aux lois. Nul ne peut être électeur et n’est éligible dans les assemblées primaires, lorsqu’il a accompli sa vingt-cinquième année, s’il n’a été inscrit sur ce tableau civique.

Le 25 Fructidor l’assemblée décide d’affecter les presbytères de Nexon et Rilhac au logement des instituteurs et pour y faire la classe.

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.