Les 8 et 9 mai 1945 à Nexon

La signature de la capitulation de l’Allemagne

Le 7 mai 1945, à 2 h 41, l’armée allemande signe sa reddition à Reims, dans l’actuel lycée Roosevelt qui abritait alors le Quartier général des Forces alliées (Supreme Headquarters Allied Expeditionary Force). La reddition allemande est signée par le maréchal JODL en présence des généraux américains SMITH et EISENHOWER (resté dans son bureau à l’étage), du général français SEVEZ et du général soviétique SOUSLOPAROV, les combats devant cesser le 8 mai à 23 h 01. L’acte signé est purement militaire.


Reims le 7 mai 1945. Le Général JODL signe les documents de la capitulation pour le Haut Commandement de la Wehrmacht. À sa droite, le Major OXENIUS; à sa gauche l’amiral FRIEDEBURG, commandant en chef de la Kriegsmarine ; derrière lui supervisant les signatures, le Major Général STRONG, du SHAEF ; au fond de face, le colonel ZENKOWITCH, aide de camp, Union soviétique.

En face, assis de gauche à droite, Gal. MORGAN, Gal. SEVEZ, Amiral BURROUGH, Gal. BEDELL-SMITH, Lt. CHERNIAEV (interprète), Gal. SOUSLOPAROV, Gal. SPAATZ, Gal. ROBB, Gal. BULL, colonel ZENKOWITCH. Debout derrière le général Sevez et l’amiral Burrough, Cdt. BUTCHER.
La chaise vide située entre le général Bedell-Smith et le général Sousloparov, était celle du général STRONG. Il est resté debout durant toute la cérémonie de la signature. Il a servi d’interprète auprès des plénipotentiaires allemands et leur a présenté l’acte de capitulation à signer. Il est présent sur la photo précédente, debout derrière le général JODL.

 À aucun moment, à Reims, les Français n’ont été associés aux préliminaires qui ont débouché sur la signature de l’acte de capitulation : pas de drapeau français, pas de version française de l’acte de capitulation.

Le général SEVEZ, adjoint du général JUIN, chef d’État-major de l’armée française, qui se trouvait alors aux États-Unis où il représentait la France à la Conférence de San Francisco réunie pour adopter la Charte des Nations-unies, a été convoqué à Reims à la dernière minute. Introduit au dernier moment dans la salle des cartes, le général SEVEZ est invité à signer comme simple témoin ; son nom a été ajouté en bas de l’acte, tapé en hâte avec une autre machine à écrire.

Cette signature provoque la fureur de Staline qui veut que la capitulation allemande soit signée à Berlin, occupée par l’Armée rouge.

Une nouvelle signature a donc lieu dans la nuit du 8 au 9 mai à 0 h 16 heure russe soit à 23 h 16 heure de l’Ouest et donc le 8 mai. La cérémonie se déroule dans une villa de la banlieue Est de Berlin, à Karlshorst, quartier général du maréchal JOUKOV.  L’acte de capitulation a été signé par l’amiral Von FRIEDEBURG et le maréchal KEITEL.

Le maréchal Keitel signe l’acte de capitulation

Cette fois-ci la France était représentée par le chef de la 1ère Armée française, le général de LATTRE de TASSIGNY. En arrivant à Karlshorst, il exige qu’un drapeau français soit joint aux drapeaux américain, soviétique et britannique dans la salle de capitulation. Puis il dut convaincre les Alliés anglo-saxons de le laisser signer au nom de la France. Il fut finalement admis à signer comme témoin, à la demande des Soviétiques, permettant de faire reconnaître la France au rang des pays vainqueurs. L’honneur était sauf.

Le général de Lattre de Tassigny à gauche du général Spaatz,commandant la 8e US Air Force

L’annonce de la capitulation par le Populaire

Les nexonnais qui lisent le journal apprennent que la capitulation sera annoncée ce jour par les chefs alliés, c’est à dire le 8 mai. Les habitants commencent à sortir les drapeaux bleu, blanc, rouge et les accrochent aux fenêtres, ils sortent dans les rues mais c’est surtout le lendemain, le 9 mai, que la foule va envahir les rues…

Le Populaire du mai annonce que la capitulation sera annoncée ce jour.

Le matin du 9 mai la radio d’abord et le journal ensuite, quand il arrive chez les marchands de journaux et encore plus tard chez les abonnés, annoncent que la capitulation allemande a été signée.

Le Populaire du 9 mai annonce que les hostilités ont pris fin à 0h01.

Les délais entre la signature de la capitulation peut sembler long, mais il était nécessaire pour que les ordres soient donnés à toutes les troupes en Europe avant de l’annoncer à la population.

La réaction des nexonnais.

Les enfants se déguisent et défilent dans les rues, les gens se rassemblent discutent, deux petits canons sont amenés devant la mairie et la victoire va être annoncée par des tirs d’allégresse, un bal est organisé sur l’esplanade de la gare.

Mais on peut être surpris de l’absence de manifestation officielle. En fait l’élection du nouveau conseil municipal a eu lieu le 29 avril. Ont été élus :  ABEILLON, BECHADE, BECHADE Germain, BREIX, BUISSON, CHABRIER, CHAUVIER, DESMOULIN, DUDOGNON, LALLET, LARCHER, LATHIERE, MAGNAUD, MENICOT, MOURIER, MONTY, NARDOT, PAULIAT, PERRIARD, PRADEAU, RIVIERE.

Le maire en poste, Roger GAUMY, élu le 22 septembre 1944 après la victoire de la résistance ne se représentait pas et le nouveau conseil ne s’était pas encore réuni pour élire le nouveau c’est lui qui exerce officiellement la fonction de maire.  C’est donc d’une manière spontanée que les choses se passent et que la fête s’organise. Le nouveau conseil se réunira le 18 mai et Mathurin PAULIAT sera élu Maire.

Les drapeaux sortent, les maisons sont décorées, les enfants se déguisent, le canon est sorti et gronde, on danse… LA GUERRE EST FINIE, C’EST LA VICTOIRE…

Madame VIGNERON a réalisé une série de photos qui retracent cette journée.

Ce sont les enfants qui réagissent les premiers. Il n’y a pas encore de drapeaux aux fenêtres qu’ils se déguisent et défilent dans les rues.

Très vite des cortèges se forment. Partant de la gare les enfants suivent l’attelage de René LASPOUGEAS dit « La Gazette » ou « Fléfette ».

Au départ de la gare

Dans le bourg les gens sont sortis et se rassemblent.

A l’angle de la rue Gambetta et de la rue Gay Lussac, la famille PERRIARD.
En face de l’Hotel du Commerce, au bout de la il y a du monde
Place de la République il y a des drapeaux partout, mais pas encore la foule.
devant la mairie, on a trouvé le canon. Il va annoncer la Victoire.

Il n’y a pas de fête sans un bal populaire. Les jeunes en ont été privés puisqu’ils furent interdits. Alors ils se regroupent sur l’esplanade de la gare. On tire également au canon et un bal est improvisé.

Dans les communes voisines c’est la même liesse populaire, comme ici à Meilhac ou s’est rendue une délégation nexonnaise.

Des nexonnais en délégation à Meilhac

A Saint Hilaire les places c’est également la joie de la Victoire.

Le canon tonne aux Places
Autours du monument aux morts

Le 8 mai jour férié et chômé en France depuis 1981

Dès 1946, la France choisi de commémorer la fin des combats de la Deuxième Guerre Mondiale, le 8 mai de chaque année (loi du 7 mai 1946). En 1947 et jusqu’en 1951, la commémoration perd de son importance. Mais les associations d’anciens combattants réclament la reconnaissance du 8 mai comme jour férié et chômé et elles organisent ainsi leur propre manifestation.

L’adoption de la loi du 20 mars 1953 clarifie la situation : le 8 Mai est déclaré jour férié mais non chômé.

En 1959 (décret du 11 avril 1959), dans une logique de réconciliation avec l’Allemagne, le Général de Gaulle supprime le caractère férié de ce jour et fixe la date de la commémoration au deuxième dimanche du mois de mai. Puis le décret du 17 janvier 1968 décrète que le 8 mai sera commémoré chaque année, à sa date, en fin de journée.

En 1975, le président Giscard d’Estaing, dans la lignée du général De Gaulle de se réconcilier avec les Allemands, supprime la commémoration de la victoire alliée de 1945. Cette décision suscite un tollé des associations d’anciens combattants.

En 1981, le président Mitterrand prend le contre-pied de son prédécesseur. Il rétabli la commémoration de la victoire de 1945 le 8 mai de chaque année et en fait du un jour férié et chômé.

On peut noter que ni les Anglais, ni les Américains ne chôment le 8 mai bien qu’ils aient de bonnes raisons pour commémorer cet anniversaire. Quant aux Russes, c’est le 9 mai qu’ils célèbrent la capitulation de l’Allemagne, la cessation des combats ayant été enregistrée ce jour-là à Moscou.

Une réflexion sur « Les 8 et 9 mai 1945 à Nexon »

  1. Forgeron Rose

    Certes,le 8 Mai est le jour de la Victoire,mais, en Limousin,nous avions retrouvé la Liberté le 21 Août 1944,jour de la Libération de Limoges par Georges Guingouin,chef des maquisards du Limousin.Hélas! il y eut en Limousin les massacres de Tulle le 9 Juin et d’Oradour sur Glane le 10 Juin 1944,mais ensuite tout au long de l’été 1944,le Limousin s’est progressivement libéré du joug de l’occupant nazi et des forces de la collaboration. La reddition de Limoges s’est faite sans massacre,et a été signée dans les salons de l’Hôtel de la Paix,place Jourdan.Il faisait beau,c’était un jour de joie,et la défaite allemande était inéluctable. Nos jeunes maquisards,on les voyaient partout,et on sympathisait avec eux : c’était ma génération,ils avaient notre âge. Et c’est alors que mères et filles ont confectionné les drapeaux français,anglais et américains,que nous avons mis aux fenêtres le 8 Mai..

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