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Les BONNAFY-FRUGIER deux familles qui ont marqué Nexon pendant près de deux siècles.

La famille BONNAFY a été alliée aux FRUGIER.

II- Les FRUGIER alliés aux BONNAFY

Les FRUGIER dont est issue Léontine FRUGIER, épouse d’Arsène BONNAFY, ont pour origine des meuniers que l’on trouve au moulin de Biard et au Moulin des Moulins à Nexon. Ils vivaient confortablement sous l’Ancien Régime et ils ont pu se constituer un patrimoine terrien. Au cours des siècles, les moulins furent vendus, pour certains dans la deuxième moitié du XXème siècle, aux métayers. Au dix-neuvième siècle, les jeunes générations devinrent notaires, avocats, ingénieurs, médecins … La Grande Guerre a contribué à diminuer leur patrimoine mais il restait, à la fin du XXe siècle, encore de beaux domaines comme ceux de Nouailhaguet, de Betour (très belle ferme-auberge ancienne vendue en 1990), le Moulin des Moulins à Nexon (toujours à des descendants Frugier), Le Moulin de Biard devenu gîte, Ladignac-le-Long, Meilhac, La Thomazie à La Meyze (héritée de REYDY-TEXEROT des Places avec des blasons des Texerot) toujours à des descendants des Frugier.

Les FRUGIER étaient réputés habiles, l’esprit inventif, aimant la vie et ses plaisirs, mais les pieds sur terre, et, dans l’ensemble, ne gaspillant pas le patrimoine familial. Le nom, surtout porté en Haute-Vienne et en Dordogne, aurait une origine germanique, Frudegarius ou Frodegarius (frod = avisé, prudent et gari = lance). On rencontre la forme similaire Frogier en Poitou-Charentes. Mais comme il n’y a pas eu d’influence allemande dans notre région au cours des XVème ou XVIème siècles, je penche plutôt sur une origine latine liées à la déesse FRUGIFERA, déesse qui fait croître les moissons.  Lié aux moissons le nom conduit aux meuniers dont plusieurs exerçaient cette profession dans la famille dont je parle.

Martial FRUGIER né en 1739 et Jeanne DAUDET se sont mariés à Nexon le 1er février 1763, commune de naissance de Jeanne. Ils ont eu 5 enfants, 4 garçons et une fille. Deux des garçons portent le même prénom, Léonard.

Léonard FRUGIER, l’ainé, est né le 19 avril 1769 à Biard, commune de Nexon. Comme c’était la coutume à cette époque, il a été baptisé le même jour par l’abbé DOUILHAC, vicaire à Nexon. Il est meunier au moulin de Biard et il épouse le 22 février 1791 Marie LASPOUGEAS, fille de Jean LASPOUGEAS, meunier, et de Marguerite GLANDUS du village des Moulin. Ils ont six enfants, quatre filles et deux garçons Jean FRUGIER né le 4 octobre 1803 et Martial né le 7 septembre 1811 qui n’aura pas d’enfant.

Jean FRUGIER , meunier propriétaire à Biard épouse le 17 février 1824 à Meilhac, Marie DESBORDES. Le 14 janvier 1825 nait leur fils Léonard dit Léon FRUGIER et Jeanne FRUGIER. Nous avons déja rencontré Jeanne qui a épousé Gilles BONNAFY d’où est isuue la lignée d’Arsène BONNAFY. Léonard dit Raymond épouse le 11 avril 1853 à Jourgnac, Marie Joséphine DUVERGER, fille du maire de Jourgnac. Ils auront trois enfants: Henri (1854-1920), René (1858-1944) et Prosper (1859-1899). Je reviendrai sur ces trois personnes.

Revenons à Léonard FRUGIER, le second, né le 7 janvier 1776 et baptisé le même jour. L’acte de baptème indique qu’il est né au village de Biard, fils légitime de Martial FRUGIER et de Jeanne DAUDET. Il épouse Catherine LASPOUGEAS, la soeur de Marie, le 22 février 1791. Ils ont eu 4 enfants, 2 garçons Jean FRUGIER et Léonard FRUGIER, et deux filles. La première, Marguerite est décédée le 11e jour, sa soeur, née deux ans plus tard, a gardé le prénom de Marguerite. Elle n’a pas eu d’enfant.

Jean FRUGIER est né le 15 frimaire an VII, 5 décembre 1798, au Moulin des Moulins, commune de Nexon, où son père était meunier.

Acte de naissance de Jean FRUGIER 15 frimaire an 7

Le 27 janvier 1818, à La Meyze, il a épousé Marie REYDY, fille mineure de feux Guilhaume REYDY décédé le 28 mai 1814 et de Catherine TEXEROT des PLACES, décédée le 15 germinal l’an 13. Catherine TEXEROT des PLACES descend des seigneurs des Places. Ils ont eu six enfants, cinq garçons et une fille.

Jean FRUGIER 1798 1870

Jean FRUGIER est décédé le 3 juillet 1870 à La Meyze à l’âge de 71 ans.

La branche FRUGIER-BRAGARD

Parmi les enfants de Jean FRUGIER, sa fille Catherine, née à Nexon le 19 mars 1826, épousa toujours à Nexon, le 27 mai 1847, Martial BRAGARD (1816-1859), un garçon de Janailhac, plus agée qu’elle de 10 ans, dont les parents étaient propriétaires. Ils eurent deux enfants, Marie BRAGARD (1846-1909) qui n’eut pas d’enfant et Henri Pierre BRAGARD (1847-1926) qui devint marchand de vin en gros à La Plaine et expert agricole.

Catherine BRAGARD et ses deux enfants (cliché G. Ruhla)

Henri-Pierre BRAGARD eut deux enfants, Léon BRAGARD (1870-1948) qui continua l’affaire de son père à La Plaine. Il n’eut pas d’enfant. Sa soeur Catherine devint religieuse.

Une autre branche BRAGARD n’a pas de lien direct avec les BONNAFY mais elle a marqué l’histoire de Nexon. En effet Martial BRAGARD avait un frère plus jeune qui s’appelait également Martial (1823-1916). Marié avec Anne GUITARD ils ont eu deux enfants : Pierre BRAGARD et Marie. Pierre qui était instituteur a épousé Alice LAPLAUD. Leur fils Martial »Arsène » BRAGARD (1890-1938) était marchand de vin et expert agricole à la Plaine. Pendant la Première Guerre Mondiale qu’il a effectué comme maréchal des logis, il a été décoré de la croix de guerre. Il a été fait Chevalier de la Légion d’Honneur le 25 fevrier 1932.

Il est décédé le 7 octobre 1938 à l’agge de 38 ans. Marié à Marie BEYNETOUT ils avaient eu trois enfants : Paulette (1922-2012), Fernand (1924-1977) et Marcel (1927-2010). Ce dernier fut PDG de la compagnie des trolleys bus de Limoges de 1974 à 1984 puis directeur général des Transports en commun de Limoges, jusqu’en 1989.

Léonard FRUGIER, le frère de Jean, né en 1803 a été marié trois fois. D’abord avec en 1826 avec Anne LIMOUSIN dont il a eu deux enfants morts en bas age. Après le décès de son épouse en 1832 il épousa Andrive LASPOUGEAS (1811-1856). Ils eurent quatre enfants dont Michel FRUGIER (1838-1916) qui fut Juge de Paix à Chalus. Il était l’oncle d’Arsène BONAFY, juge de Paix comme lui.

De la branche aînée des FRUGIER, Léonard né en 1769 a eu deux enfants, Léonard et Jeanne. Nous avons déja rencontré Jeanne (1827-1883) qui a épousé Gilles BONNAFY ( 1817-1885) et de ce mariage est né Arsène BONNAFY, juge de Paix à Nexon. Son frère ainé, Léonard dit Léon FRUGIER, né le 4 janvier 1825 au moulin de Biard à Nexon, a épousé à Jourgnac, Marie DUVERGER le 11 avril 1853. Ils eurent trois enfants Henri (1854-1940), René (1858-1944) et Prosper (1859-1899).

1-Henri, Marie,-Jean-Baptiste, Joseph FRUGIER (1854 -1940) .

Il est né à Nexon le 20 mars 1854 et il y est décédé le 25 janvier 1940 à l’âge de 85 ans. Il effectue ses études de médecine à Limoges et à 20 ans il est convoqué pour effectuer son service militaite. Affecté à la 14e section d’infirmiers militaire il obtient un sursis d’un an pour ses études. Il effectue sa période obligatoire du 5 novembre 1875 au 5 novembre 1876. Une fois soutenue sa thèse de doctorat en médecine il est affecté comme médecin militaire dans la réserve. Il sera rayé des cadres avec le grade de médecin major de 2e classe, ce qui correspond au grade de capitaine.

Il se marie le 7 janvier 1884 à Saint-Yrieix-la-Perche avec Thérèse ARDILLER (1862-1835) dont les parents étaient négociants. Plus jeune que son mari elle décèdera avant lui en ayant deux enfants, Jeanne (1884-1980) et Edouart (1886-1918).

Le docteur FRUGIER a exercé à Nexon pendant près de 40 années. Il était très aimé de ses patients.

Ordonnace du Dr. Frugier du 19 juin 1899

Il a habité d’abord avenue de la gare, dans la maison qui est devenue ensuite la gendarmerie et aujourd’hui le restaurant Massy. Il est ensuite allé rue du Nord, rue Gambetta actuelle dans la grande maison a gauche en allant vers l’église après la boulangerie.

Pour plus de 40 années consacrées à la médecine tant civile que militaire le Docteur FRUGIER a été fait Chevalier de la Légion d’Honneur par décret du Président de la République du 9 juillet 1931. Pour lui remettre cette décoration qui faisait état de son grade de médecin militaire il a choisi le médecin militaire chef de l’Hopital de Limoges.

Il a eu la douleur de perdre son fils Edouart. Brillant étudiant fit des études de notariat et obtint un doctorat en droit. Sa mère lui acheta une étude en 1913 et lui fit construire une belle grande maison à Limoges. Il était le « fils chéri » de sa mère. Dès la déclaration de la guerre en 1914 il s’engagage pour la durée de celle ci. Brigadier au 213e régiment d’Artillerie, il est tué lors des combats de juin 1918, à Silly la Poterie le 3 juin 1918. Il avait 31 ans.

Jeanne, soeur ainée d’Edouard, est née le 30 septembre 1884. Elle a 22 ans lorsqu’elle épouse à Nexon, le 2 février 1907, Paul DENIS un homme de 36 ans, industriel dont le père est notaire à Séreilhac.

Acte de mariage – ADHV

Jeanne etait une femme de caractère, redoutable en affaires. Elle contrastait avec son mari qui était plutôt réservé. Ils eurent un fils, Maurice, né le 7 fevrier 1908 à Limoges. Il fit des études d’ingénieur et parti dans la banlieu parisienne diriger une entreprise. Son père Paul est mort jeune, à 41 ans.

Paul DENIS (G. RULHA)

2- Gilbert Marie « René » FRUGIER (1858-1954)

Il est né le 20 mai 1858 à Nexon. C’est le deuxième enfant de Léonard FRUGIER et de sa femme Marie DUVERGER. A l’état civil il est déclaré s’appeler Gilbert Marie René mais, comme souvent, c’est le troisième prénom qui devient usuel.

Acte de naissance 1858- ADHV

Brillant élève, déjà au lycée qui ne s’appelle pas encore Gay Lussac il obtient des prix, par exemple en calcul, en classe de 5ème :

Le Courrier du Centre 13 aout 1872

Chercheur dans l’âme, il faiasait des expériences de chimie chez ses parents. Il a fait plusieur fois sauter le kiosque dans le parc de la maison de Nexon.

Il sera diplomé ingénieur de l’ École centrale des arts et manufactures en 1882.

Le 24 novembre 1891à Limoges René FRUGIER a épousé Valentine Marie ROUGIER (1872-1952), fille d’un banquier de Guéret, agée de 20 ans de moins que lui. Le 8 mai 1893 naissait leur fille Yvone Marie Louise (1893-1972).

René Frugier fonda en 1896 sa propre société. Il fit de nombreuses recherches sur le kaolin, modifia les proportions des composants de la pâte à porcelaine. Il mit au point un nouveau mélange composé à 65% d’argiles et de kaolin soit 15% de plus que dans la porcelaine traditionnelle. Grâce à ces proportions, la porcelaine devenait plus réfractaire, pouvait résister au feu tout en conservant l’aspect d’un produit traditionnel. Cependant un tel procédé exigeait une cuisson à une température plus élevée à 1430°. Il breveta son procédé lui donna un nom: ALUMINITE. Cette technique permit à l’entreprise FRUGIER de se spécialiser dans les ustensiles de cuisine et de laboratoire.

M. FRUGIER avait transformé son entreprise en Société Anonyme en 1910.

En 1958 la manufacture fut rachetée par le société Haviland. L’Aluminite n’est plus fabriquée, le respect des données techniques et notamment la haute température de cuisson en font une matière d’un prix de revient prohibitif.

On trouve aujourdhui sur les sites de vente par Internet et dans les brocantes des pièces en bon état :

A coté de son activité dans la porcelaine il se lança dans la fabrication de tuiles et de briques sur sa proprété de Bostrichard. Le village est situé sur la commune de Meilhac mais pour la publicité René FRUGIER indiquait « près de Nexon ». La terre glaise était extraite aux Blas et elle était acheminée par des charettes tirées par des chevaux et des wagonnets sur rails.

Réné Frugier était un entrepreneur insatiable. Il voulait maitriser toute la chaine de production de sa porcelaine. Pour cela il a acheté des carrières de kaolin dans les Cotes d’Armor et dans la région de Béziers.

Marc LARCHEVEQUE

Pour autant René FRUGIER ne néglige pas ses propriétés. Ainsi il obtint des prix lors des concours d’élevage :

René FRUGIER décède le 11 fevrier 1944 à 85 ans. On notera que l’acte de décès utilise son prénom officiel « Gilbert » et non le prénon usuel « René »:

Ses héritiers n’ont ni ses compétences scientifiques ni managériales. La fabrique de porcelaine fut reprise par Haviland et la tuilerie périclitera. Les cheminées seronr démolies, le terrain nettoyé …

3-Prosper FRUGIER (1859-1899)

Le troisième enfant de Léon FRUGIER et de Marie DUVERGER, Pierre « Prosper » FRUGIER est né le 21 mai 1859.

1874 8 8 Le Courrier du Centre

A19 ans il effectue une année de service militaire au 25e Régiment de Dragons ou il arrive le 8 novembre 1878. Ile quitte le 8 novembre 1879.

Régistre militaire Pierre Prosper FRUGIER

Il se présente aux élections dépertementales et il est élu conseiller d’arrondissement pour le canton de Nexon avec Louis BONNAFY.

1895 1er aout Le Courrier du Centre

Il meurt brutalement le 25 novembre 1899 à 40 ans. Il n’était pas marié.

Hommage à Guy BARJOU (1931-2023)

J’ai parlé de Guy BARJOU sur ce blog lors de mes souvenirs d’école. Guy BARJOU est l’instituteur qui m’a le plus marqué pendant l’école élémentaire. J’ai eu l’occasion de le retrouver à Limoges alors qu’il était à la retraite lors de conférences auxquelles nous assistions.

Nous avons échangé des courriers dans lesquels il me donnait les noms de mes camarades de classe car il avait gardé toutes les listes de ses élèves. Je lui avait proposé de venir partager un repas de classe avec les anciens de Nexon que j’aurai pu réunir mais le Covid n’a pas permis cette réalisation.

Son souvenir de Nexon était d’autant plus fort qu’il a épousé Suzanne MONTITIN qui à l’époque, habitait à la gare.

Sur les photos de classe que je poste à nouveau certains ont quitté cette terre avant notre maître. Mais les souvenirs de jeunesse ne s’oublient pas.

Le Populaire samedi 1er juillet 2021

Je ne suis pas sur cette photo, c’est la génération juste avant la mienne, ceux des années 1945 et 1946. Guy BARJOU avait 23 ans, il portait la cravate et comme les élèves il avait une blouse.

Je suis sur cette photo de CE1-CE2. Certains de la photo précédente sont en CE2 les autres sont passés au CM1. Nous étions 35 dans la classe. Nous rentrions en rang et en silense. Le maitre porte toujours la cravate et la blouse.

Guy BARJOU était arrivé à Nexon en mai 1954 après avoir terminé son service militaire en Algérie. Il a remplacé Michel BOUCHAREISSAS qui partait effectuer son service militaire en Algérie.

Après Nexon, Guy BARJOU a été nommé à Limoges. Ses compétences et sa rigueur dans le travail lui ont permis de devenir conseiller pédagogique auprès le l’Inspecteur de l’Education Nationale. Il a été décoré des palmes académiques, d’abord chevalier puis officier et enfin commandeur, grade le plus élevé de cet Ordre.

Il était membre de l’Association des Membres de l’Ordre des Palmes Académiques de la Haute Vienne dont il a été Vice Président.

Les BONNAFY-FRUGIER, deux familles qui ont marqué Nexon pendant près de deux siècles.

BONNAFY est un dérivé de Bonnefe, Bonnefoi, Bonnafis, Bonnafous… Ce sont des gens de confiance, de « bonne foi »… La terminaison en « y » est typique de la Haute Vienne. La famille dont je vais parler est originaire de Chateau Chervix, La Roche-l’Abeille, Pierre-Buffière, Saint-Priest Ligoure, Janailhac et Nexon. Des mariages ont été célébrés entre les BONNAFY et le FRUGIER. Suivons d’abord le parcours des BONNAFY.

I- La famille BONNAFY

C’étaient des personnes cultivées et aisées qui savaient faire fructifier leurs biens. A table on parlait latin de façon à ce que les domestiques ne puissent pas comprendre.

1- Léonard BONNAFY (1784-1831)

Le premier de la lignée dont je vais parler, Léonard BONNAFY, est né à Chateau-Chervix le 15 mars 1784. Il a épousé le 12 octobre 1808 à Janailhac, Marie Marguerite BARRIERE. Propriétaire terrien, il fait partie des notables de sa commune, comme les parents de son épouse, propriétaires du domaine de Betour. Par les mariages les BONNAFY ont accru leur patrimoine. A cette époque les parents choisissaient avec soin le conjoint de leur enfant. Chez les BONNAFY une enquête était faite sur la parenté, la bonne renommée, la santé, le caractère ; le bien venait en dernier, sans pour cela être négligé. En effet, malgré l’esprit d’entreprise qu’ils possédaient qui leur permettait d’accroitre le pécule hérité des parents. Mais certains jouissaient avec nonchalance de la fortune héritée et pour continuer à vivre de la même manière ils recherchaient une jeune fille à dot qui leur permettrait de vivre sans soucis et sans fatigue, ou se faisaient entretenir par la parenté la plus argentée.

La famille BONNAFY aura neuf enfants. La plupart resteront dans les environs de Chateau-Chervix vivant sur les domaines comme La Trappe à Saint Priest Ligoure ou à Janaillhac comme Jean Baptiste (1813-1884) qui en deviendra maire en 1870-1871 puis 1876-1884. Un seul quitta le Limousin pour aller à Paris tout en gardant un domaine à Chateau Chervix, Louis BONNAFY (1826-1895). Il se lança dans le commerce en gros de cognac et de spiritueux dans lequel il réalisa de bonnes affaires. N’étant pas marié il s’est interréssé au sort de ses concitoyens chatelaux. Lassé de les voir peiner le long d’un chemin escarpé et difficile pour se ravitailler en eau, il fit capter une source qui fut raccordée à une fontaine construite sur la place. Pour cela il offrit 50 000 francs or à la commune qui fit apposer sur la colonne du bassin un portrait moulé en bronze pour honorer son bienfaiteur.

Parmi les enfants de Léonard c’est avec le second, Gilles Gilbert, que les BONNAFY mirent les pieds à Nexon.

La descendance de Jean BONNAFY aurait pu etre plus nombreuse s’il n’était par mort jeune. En effet il décède le 12 mai 1831 à Château-Chervix, 87039 à l’âge de 47 ans

2- Gilles Gilbert BONNAFY (1817-1885)

Gilles Gilbert est né le 19 mars 1817 à Chateau-Chervix. Il gère son domaine à Champagnac, commune de Saint Priest Ligoure. Le 4 juillet 1848 il épouse à Nexon Jeanne FRUGIER, dont le père était meunier à Biard et propriétaire. On constate que les mariés et les témoins ont tous signés ce qui était très rare à l’époque.

Du mariage naitra le 4 octobre 1852 un fils, Pierre Arsène BONNAFY.

Gilles Gilbert BONNAFY a su faire fructifier ses propriétés si l’on en juge par le portrait qu’il a fait faire chez André BASTIER (1841 -1907), photographe au 33 Bd Louis Blanc à Limoges. Ce photographe a ouvert son studio en 1869 et il est vite reconnu pour ses photos artistiques et ses reportages sur les monuments historiques.

Gilles-Gilbert décède à Nexon, le 5 juin 1885 à l’age de 68 ans, dans la maison de son épouse, maison qui est passée par son mariage du patrimoine des FRUGIER à celui des BONNAFY.

3- Pierre Arsène BONNAFY (1852-1937)

Il est le premier des BONNAFY à naitre à Nexon. Il n’ a pas fait d’études au dela du certificat d’études primaire si l’on en croit son livret militaire. En effet il est déclaré comme agriculteur avec un niveau d’instruction générale 3. Celui-ci est évalué par un code composé d’un chiffre entre 0 et 5 :  0 : ne sait ni lire ni écrire ; 1 : sait lire seulement ; 2 : sait lire et écrire ; 3 : possède une instruction primaire plus développée ; 4 : a obtenu le brevet de l’enseignement primaire ; 5 : bachelier, licencié, etc. (avec indication de diplôme).

Il est appelé sous les drapaeaux le 29 juin 1874. On est dans la période de réorganisation de l’armée après la cuisante défaite de 1870. Le service militaire est obligatoire mais la durée varie selon le tirage au sort. Le minimum est de 6 mois. C’est ce qu’effectuera Pierre BONNAFY avec son retour à la disponibilté le 31 décembre 1874.

De retour à Nexon il sera greffier de la justice de paix à Nexon, fonction qu’il exerce au moment de son mariage. Celui-ci a lieu le 18 mars 1885 à Nexon, date à laquelle il épouse Léontine (Jeanne) FRUGIER. Elle est la fille de Jean FRUGIER, marchand de vin en gros et maire de Janailhac.

De ce mariage naitront trois enfants :

– Gilbert BONNAFY 1886-1961

– Jeanne, Marcelle BONNAFY 1890-1988

-Louis BONNAFY, 1894-1917

Arsène BONNAFY de greffier devint Juge de Paix à Nexon.

Journal Officiel 15 janvier 1910

Cette justice gratuite a été créee par la Constituante en 1790, loi des 16 et 24 aout, pour mettre à la disposition des citoyens une justice de proximité simple, rapide, gratuite et équitable. Il y a un juge par canton, au départ élu par les citoyens puis à partir de 1830 nommé par le roi sur proposition du procureur général de la cour correspondant. Il réglait les litiges de la vie quotidienne par une démarche conciliatrice : petites affaires personnelles et mobilières, reconnaissances en paternité, conflits entre particuliers, le plus souvent entre propriétaires et locataires, litiges entre voisins, contraventions de simple police, levée ou maintien de scellés (lors des règlements de successions en cas d’héritages). L’accès à la fonction ne nécessitait ni diplôme, ni qualification particulière en droit. Il devait avoir du bon sens, connaître parfaitement les mœurs en vigueur et juger de manière raisonnable.

Arsène BONNAFY correspondait parfaitement à ce profil. Il jouissait d’ une excellente réputation d’honneteté, de bonté et de désinteressement. Il gérait ses propriétés en respectant ses métayers, ce qui ce savait dans le canton. Son arrière petite fille qui garde précieusement les Chroniques BONNAFY rappelle quelques annecdotes à ce sujet :  Un jour, se rendant à sa propriété de Nouailhaguet à cheval en coupant à travers bois, un bandit de grand chemin, masqué, surgit « La bourse ou la vie ». D’un coup, il dévisagea Arsène et s’exclama : « Monsieur le juge de Nexon ? Oh, Monsieur, gardez votre gousset, vous êtes si bon ! » . Il devait surtout avoir peur d’être reconnu !

Plusieurs photos, confiées par son arrière petite fille, montrent Arsène BONNAFY, d’abord devant sa maison en robe et toque de magistrat puis avec ses collègues et enfin en famille.

Arsène BONNAFY, juge de paix à Nexon, devant sa maison en 1910

Les délégués au Congrès des juges de Paix de la Corrèze, de la Creuse et de la Haute-Vienne le 22 mai 1913. Arsène BONNAFY est au dernier rang, le premier en partant de la droite. Le 4ème en partant de lui, se tournant vers la droite avec une grosse barbe blanche est Michel FRUGIER, juge de paix à Chalus et oncle d’Arsène BONNAFY.

La photo est prise en 1915 à Nexon. Assise au centre, au milieu de ses enfants, Léontine devant son mari, Arsène BONNAFY, et leurs enfants : à gauche Gilbert avec son chapeau melon, Jeanne et Louis.

Ils sont devant la porte de la maison qui se situe aujourd’hui en haut de l’impasse de la Barre. Cette maison a été construite en deux fois. La partie gauche, la plus ancienne, a été construite au XVIIe siècle, sous Louis XIII, sur ce qui étaient des remparts. Elle appartenait à la famille GUYOT, notaire et maire de Nexon jusqu’en 1824. la partie de droite (un étage +un grenier) est moins haute et plus longue. Il y a une grande cave sous les deux maisons. Elles ont des portes donnant sur une courette entre les deux maisons. On la remarque bien sur la plan cadastral napoléonien de 1817.

Dans le pré, à gauche, il y a un puit bien matérialisé par un point rouge sur le plan. Un souterrain en partirait, communiquant avec le château de Nexon. Vers 1876, Jean FRUGIER a fait construire près du puit, perché sur un rocher, un joli kiosque aux murs roses et au toit bleu, dominant le bourg. Il l’avait fait pour sa femme et sa fille afin que, se reposant les après midi, elles puissent voir passer le train tout en prenant le thé, brodant ou lisant. René FRUGIER, ingénieur dont je parlerai plus loin, l’a fait sauter plusieurs fois en réalisant ses expériences de chimie.

La maison BONNAFY au début des années 1900

Tableau peint par Jeanne BONNAFY

Le Kiosque

Pierre Arsène BONNAFY fait partie des notables de Nexon. Il a 62 ans au moment ou éclate la guerre de 1914-1918. Il n’y participe pas directement mais elle le touchera profondemment puisque son troisième enfant, Louis y perdra la vie.

Journal Officiel 18 janvier 1929

Il décède à l’age de 84 ans, le 20 septembre 1937. Il est inhumé dans le caveau familial à Nexon.

Retrouvons les enfants d’Arsène BONNAFY.

4- Gilbert BONNAFY (1886-1961)

Gilbert est né le 10 juillet 1886. Après sa scolarité primaire à Nexon il entre au lycée Gay Lussac ou il est bon élève. Ainsi, en cinquième, il obtient le premier prix de mathématiques .

Le Courrier du Centre 1er aout 1899

A la fin de ses études il passe le concours d’entrée au Trésor. Il obtient un poste de commis principal mais il faut effectuer le service militaire. Dans cette période ou la France est toujours marquée par la défaite de 1870 et dans l’espoir d’une revanche le service militaire dure 2 ans. Il appelé à l’activité le 7 octobre 1907 à la 12e Section des secrétaires d’Etat Major. Le 28 avril 1909 il passe au 107e régiment d’infanterie qu’il quitte le 25 septembre 1909.

Au moment ou éclate la première guerre mondiale il est à Orléans. Comme tous les hommes de moins de 40 ans il est mobilisé dès le 3 aout 1914. Il restera sous les drapeau en campagne contre l’Allemagne jusqu’au 17 juillet 1916. Du fait d’une forte myopie son service sera interrompu a partir de cette date.

Il reprend son emploi au Trésor ou il est nommé percepteur. Il est en poste à Autoire lorqu’il se marie le 6 avril 1926 à Figeac avec Adrienne LAVERGNE.

L’Auvergnat de Paris 17 avril 1926

Il passe ensuite à Castelnau-Montratier

L’Auvergnat de Paris 23 juillet 1927

Il retrouve sa région lorsqu’il est nommé percepteur à Pierre Buffière en 1929. Il partira ensuite dans le Loiret.

Journal Officiel 16 janvier 1938

Il n’y reste qu’un peu plus d’un an pour revenir en Limousin, à la perception de Treignac.

Journal Officiel 15 juillet 1939

Il termine ensuite sa carrière à Nexon où il décède le 28 décembre 1961.

Gilbert BONNAFY

 

Gilbert BONNAFY a eu deux fils Pierre et Claude.

Pierre BONNAFY (1927-2000) a fait des études de droit et il est entré au Trésor. En 1953 il a épousé Ilse SEIGFRIED.

Revue du Trésor 1er septembre 1953

Il était Trésorier payeur général, en particulier de la Gironde et de la région Aquitaine. C’est dans cette fonction qu’en janvier 1991, au moment où le club de footbal des Girondins de Bordeaux devait une importante somme d’argent à l’Etat. Sur ordre du Ministre des finaces il bloque les comptes du club. malgré l’intervention de Jacques Chaban Delmas, maire de Bordeaux le club fut relégué administrativement en Division 2. Il a été promu Officier de la Légion d’Honneur le 14 juillet 1988. Il a une fille qui vit en Allemagne et un fils qui est en Suisse.

Le Monde 8 mai 2001

Claude BONNAFY (1931-2020) était médecin anesthésiste à Niort. Il a eu un fils, Jean-Philippe, pharmacien près de Nantes.

Les deux frères Pierre et Claude avaient hérités chacun d’une partie de la maison, Pierre la partie gauche et Claude la droite. Du fait de l’héritage la cour a été séparée en deux. Les héritiers de Pierre ont vendu leur propriété à M. Zedde, ancien garagiste à Nexon. La partie droite appartient à Jean Philippe BONNAFY qui est très attaché à cette maison.

5- Jeanne, Marcelle BONNAFY (1890-1988)

Elle est née à Nexon le 5 décembre 1890. Elle y passe sa jeunesse à Nexon où elle obtint le certificat d’études primaire. Elle se marie le 8 aout 1920 à Nexon avec Pierre Henri BESSE (1890-1967).

Mariage Pierre Besse -Jeanne Bonnafy (ADHV)

Son mari étant nommé professeur au collège de Libourne, Jeanne va le suivre. Elle aura 3 enfants qui exerceront des professions loin de Nexon. Mais Jeanne passait toutes les vacances avec ses enfants à Nexon auprès de ses parents. Elle n’a pas hérité de Nexon qu’elle aurait voulu et chérissait tout particulièrement. Elle hérita d’autres domaines, immeubles. Elle a reçu une médaille et un diplôme pour son aide comme infirmière bénévole pendant la grande guerre.

Jeanne BONNAFY

Le fils ainé de Jeanne, Pierre Edouart Louis Besse est né à Nexon le 29 mai 1922, sa mère comme c’était souvent le cas à cette époque étant venue chez ses parents pour accoucher. Il gardera le prénom Louis future. Chirurgien dentiste il exerça à Dakar puis à Cannes ou il mourut le 20 mai 1997.

Il venait souvent à Nexon avec sa mère et il écrivit ses souvenirs des moments passés dans la maison de ses grands-parents, confiés par sa nièce.

 » La maison Bonnafy à Nexon qui domine la rue principale, comprend deux ailes. La plus ancienne à un étage s’enorgueillit de traces de mâchicoulis datant du XIII siècle, construite sur les anciens remparts et de caves qui s’enfonçaient en grottes incertaines jusqu’aux abords du cimetière. Elle s’ouvrait sur un parc avec à son sommet un kiosque, fantaisie de la mère de mon grand-père (pour admirer les nouveaux trains à vapeur qui enfumaient au loin la vallée). La deuxième aile face au chemin qui menait au bourg partageait la même cour d’entrée mais du côté nord, dominant l’horizon, une terrasse aux tilleuls taillés en brosse accueillait dès les premières chaleurs le fauteuil de mon grand-père.

Un grand jardin potager, au fond des écuries pour les chevaux et une grange servant de remise à un break de prestige et une charrette anglaise pour les déplacements rapides à la propriété de Nouailhaguet …

Bouleversée par la mort glorieuse de leur fils Louis, la vie continua cependant à la maison Bonnafy.

La cuisinière, Marie, conservait jalousement son autorité sur son domaine que lui abandonnait volontiers ma grand-mère Léontine, assez allergique à ces occupations culinaires.

Arsène Bonnafy, grande allure, toujours droit, presque raide, col dur et lorgnon, barbichette à la Napoléon III, restait intransigeant sur l’application de la Loi, fidèle à sa parole, intraitable sur la morale. Il fut élu conseiller général sous l’étiquette radicale. Républicain bon teint ; jamais il n’oubliait d’accrocher le drapeau national au magnolia de la terrasse les jours du quatorze Juillet…

L’eau se tirait au puits par une longue chaîne. A la fontaine de la rue principale en face de la terrasse on remplissait les carafes. Les services municipaux installèrent une alimentation à domicile dans les années 1934. L’électricité sous baguette de bois, une des premières dans le bourg n’éclairait que les pièces principales, de pauvres ampoules à la lumière blafarde. Dans les chambres annexes, des chandeliers de cuivre aux bougies baveuses servaient de luminaire comme la lanterne à pétrole pour gagner les cabinets à siège double…au fond de la terrasse.

Des tables de toilettes à la cuvette et pot à eau en porcelaine de Limoges et dans la cheminée des poêles Mirus ou Gaudin représentaient le summum du confort.

La maison Bonnafy n’avait pas le goût des meubles anciens, elle préférait le pratique à l’esthétique.

La longueur des hivers obligeait à se calfeutrer autour du foyer de la salle à manger. Arsène Bonnafy s’y installait pour lire le Courrier du Centre et à sa parution mensuelle : Le Chasseur Français.

Jusqu’à un âge avancé, il parcourut le fusil à la bretelle les taillis de la Lande et la forêt de Lastours ; chasse à la bécasse, aux lièvres et aux perdreaux.

Les jours de foire ! les métayers qui amenaient les bêtes à la vente, cassaient une croûte à la cuisine avant de regagner à pied la propriété située à vingt-sept kilomètres. La famille recevait ce jour-là les cousins : Albert et Marie de Beaune de Beaurie. Venus en voiture à cheval, de leur domaine de Betour sur la route de Saint Yrieix. D’une dizaine d’années plus jeunes, ils apportaient à la maison Bonnafy leur dynamisme et leur bonne humeur. (Ils eurent une fille: Madeleine de Beaune de Beaurie qui épousa plus tard un de mes professeurs du collège de Libourne: Emile Lencou).

Pendant les grandes manœuvres d’été au camp de La Courtine, le bourg était occupé pour un soir d’étape par l’armée : régiment d’artillerie attelée dont les chevaux laissaient leurs crottins sur la chaussée. La maison recevait un officier qui logeait dans la chambre d’amis de la maison haute, le cheval à l’écurie avec l’ordonnance. »

6- Louis BONNAFY (1894-1917)

Louis BONNFY est né à Nexon le 30 juillet 1894. Il est étudiant lorsque la guerre éclate. le 5 septembre il est appelé au 68 RI. Il est nommé caporal le 10 décembre 1914 et promu sergent le 13 mai 1916.

Dévoué, il se distingue comme chef de patrouille en dégageant ses camarades ensevelis et en ramenant ses soldats bléssés dans les lignes françaises.

Le 10 janvier 1917 il est tué par une balle qui le touche à la tête.

7- Gabriel BONNAFY (1840-1921)

Dans la famille BONNAFY un des cousin a marqué les esprits, Gabriel BONNAFY. Il est né le 13 septembre 1840 à Château-Chervix. Il Il était le fils de Pierre Emille BONNAFY (1816-188) et de Marguerite DEBREGEAS ( 1815-1879).

Il fit ses études de médecine à la faculté de Limoges et devin médecin de la marine. Il sillonna les mers, séjourna à TAHITI où la reine POMARE donna en l’honneur des officiers une soirée royale. Ces derniers lui avaient offert une robe non doublée en dentelle, œuvre d’ouvrières françaises ; La souveraine, ravie, l’étrenna pour le bal en omettant tout sous-vêtement. Cela se passait au dix-neuvième siècle et les marins s’amusèrent énormément à cette réception.

Le 25 juillet 1878, à San Francisco, il épousa une Américaine fortunée fille d’un riche belge, Léopoldine VAN BEVER (née en1853), rencontrée lors d’une escale.

San Francisco Chronicle 21 juillet 1878

Parmi ses voyages il alla au iles Fidji et étudia une maladie qui n’était pas connu en france. Il décrit ainsi les choses : « Envoyé en service aux îles Fidji en 1890, j’ai passé dix-huit jours dans ces îles. Grâce au bienveillant accueil du gouverneur, Son Excellence J.-B. Thurston et à de charmantes relations avec le Dr B.-G. Corney, chef du service de santé, j’ai eu toutes les facilités désirables pourvoir et étudier sur place une maladie parasitaire inconnue dans nos régions et qui porte aux Fidji le nom de Tokelau. De retour en France, j’ai pu, à l’Institut Pasteur, dans le laboratoire de M. Chamberland, continuer mes études sur le parasite du Tokelau. »

Convaincu par le docteur BONNAFY de la vie misérable et de l’abandon moral des marins de la grande pêche, Bernard Bailly, avec l’aide de ses deux frères, le père Vincent de Paul Bailly, fondateur et directeur de la Maison de la Bonne Presse et le père Emmanuel Bailly, créa en décembre 1894 la “Société des Œuvres de mer” qui avait pour objet  » de fournir une assistance matérielle et morale aux marins français, à leur famille » et dont le vice-amiral Lafont accepta la présidence. Le premier acte de cette nouvelle Société fut d’ouvrir une “Maison de famille” à Saint-Pierre : dès 1895, un ancien pensionnat inoccupé fut loué et devint rapidement le havre des équipages des goélettes. L’année suivante, le succès était tel qu’il fallut en agrandir les salles, le nombre total des visiteurs dépassant 28 000 pour les sept mois de la campagne de pêche.

Plusieurs communications du Dr BONNAFY s’appuyaient sur les études faites sur les marins pécheurs de morue à terre Neuve, en Islande …

Journal de Monaco 26 juillet 1898

Cette Société des Oeuvres de Mer lui a également permis de publier un bel article sur cette société dans la prestigieuse revue des Deux Mondes de 1900

L’année suivante il publiait sur le même sujet un travail sur les navires hopitaux.

Il a également travaillé sur la santé des soldats qui intervenaient en Indochine, Cochinchine…

Pour son action il a d’abord été décoré de la Légion d’Honneur comme chevalier le 6 juillet 1881.

Le Courrier du Centre 10 juillet 1881

Puis il a été élevé au grade d’Officier le 28 décembre 1894.

En uniforme et avec ses décorations il se fait faire une photo:

Il décède à Paris le 23 avril 1921.

Il eut deux fils :    – Léon qui était promis à sa cousine Jeanne Bonnafy mais celle-ci n’en voulait pas. Il fut alors fiancé à Lucie DUC, petite fille PERIGAUD, (par la suite Lucie DAUTRY) , mais il mourut à trente ans de la tuberculose en 1909. Il avait une magnifique voix de ténor.

                              – Le second fils, Maurice, épousa sur le tard une Belge et passa ses dernières années à MONACO. Il a des descendants à Monaco.

Merci à Ghislaine RULHA, petite fille du Juge Pierre Arsène BONNAFY pour toute la documentation qu’elle m’a fourni.

Les 14 objets religieux de Nexon les mieux protégés (III)

II- Les statues

1Sainte Catherine d’Alexandrie

C’est une petite statue en bois peint polychrome du XVe siècle.

Le dos de la statue est plat et sa base est est absente. Elle repose sur un socle moderne. Sainte Catherine est vêtue d’une robe rouge dont la couleur a perdu de sa teinte au cours du temps. Elle porte un surcot orné en son milieu d’un orfroi. Elle a sur les épaules un grand manteau bleu au revers orange.

Elle tient de sa main droite un livre ouvert qu’elle lit en penchant légèrement la tête vers la gauche.

Sur la tête elle porte une couronne. A ses pieds, appuyée sur son manteau une partie de roue. C’est le signe qui permet de la reconnaitre. Vivant au IVe siècle à Alexandrie, très belle et intelligente elle refusait les avances du consul romain en invoquant sa foi en Jésus Christ. Après plusieirs refus elle avait été condamnée à avoir le corps déchiqueté par 4 roues dentées. Mais grace à ses prières les roues ont été en partie détruites. Elle fut alors décapitée.

La roue cassée et sa couronne sont les signes qui la font reconnaitre. Il y a habituellement une épée mais elle est absente ici. Elle devait la tenir dans sa main gauche qui, ici, a été coupée.

Haute de 83 cm dans sa heuteur maximale, large de 30 cm elle est profonde de 14cm.

On la célèbre le 25 novembre en couronnant les jeunes filles de plus de 25 ans qui, à cette date ne sont pas encote mariées, les catherinettes. Son nom avait été supprimé du calendrier romain en 1969 mais le pape jean paul 2 l’a rétabli en 2002.

2 Saint Roch

Située à gauche, face à l’autel dans le transept, c’est une statue en bois taillé et peint polychrome. Elle est datée du 16e ou 17e siècle.

Saint Roch est debout, la jambe gauche en avant. Il porte des guêtres. Il est vetu d’une tunique blancheque recouvre une robe marron. Un grand manteau bleu à revers rouge fermé au col enveloppe ses épaules. Son avant bras droit est dégagé par le rejet de son manteau sur son épaule et sa main retient le bas de sa robe. Il porte un chapeau noir à larges bords retournés. Une abondante barbe noire ceint son visage dont les yeux regardent vers le bas. De la main gauche il tient son baton de pélerin.

A ses pieds, du coté gauche un ange aux cheveux blonds s’appuie sur sa jambe . A gauche un chien blanc et gris est assis et lève la tête vers le saint. Il tient dans la gueule un pain. Il porte au cou un grelot auquel est accroché un grelot.

La statue repose sur un socle de forme ovale. Elle mesure 123cm de haut, 37 cm de large et 24 cm de profondeur.

La statue a été nettoyée en 1956.

On reconnait Saint Roch par son chapeau, son baton, l’ange et le chien qui le nourrit. Ces attributs sont liés à sa légende.

né à Montpellier vers 1350 il connu dans ses jeunes années les épidémies de peste. Orphelin à 17 ans il distribua sa fortune et pris, en habit de pélerin, la route vers Rome. En chemin il obtint plusieurs guérisons de malades. Après quelques années passées à Rome ou il rencontra le Pape, il décida de rentrer chez lui. Mais, en route, il fut frappé par la peste et pour ne contaminer personne il s’arreta dans un bois pensant y mourir. Mais une source jaillit, il fut soigné par un ange et un chien lui amenait tous les jours un pain. Il guérit et repris sa route mais en arrivant près de Milan il fut bloqué par la guerre qui opposait le Duc de Milan et le Comte de savoie. Il fut pris pour espion et mis en prison ou il mourut en 1379.

Vite reconnu comme un Saint par le peuple il fut canonisé en 1629. Son culte s’est développé dans toute l’Europe. Il est le patron des pélerins et de nombreuses professions : chirurgiens, dermatologues, pharmaciens mais aussi des paveurs de rues, des fourreurs … Il est aussi le protecteur des animaux de compagnie.

3- La Vierge à l’Enfant tuant le serpent

Statue en bois du 17 ou 17e siècle.

La Vierge est assise sur un banc et avance la jambe gauche. Elle tient l’enfant Jésus debout sur la cuisse gauche de sa mère. Elle porte une robe recouverte d’un large manteau et un voile est posé sur sa tête. L’enfant est vétu d’un drap qui part de son épauche gauche et entoure sa taille. Il tien dans ses mains une lance qu’il dirigige vers la tête d’un serpent sculpté sur la base.

Cette présentation de la Vierge est peu fréquente. Elle symbolise la lutte de l’enfant contre le serpent qui a séduit Eve ce qui a engendré le péché originel.

La statue a été restaurée en 1997-1998 mais le bois s’altère( photo de droite) et une nouvelle restauration est necéssaire.

4- Notre Dame des Garennes

Cette satue est dans la chapelle des Garennes, dans une niche au dessus de l’autel.

C’est une statue en bois peint et doré, datant du 17e ou du 18e siècle. La vierge est debout et tient l’enfant Jésus dans son bras gauche et une quenouille dans sa main droite. L’enfant tend sa main gauche vers les fidèles et sa main gauche va vers le visage de sa mère.

La statue a sans doute été mutilée au moment de la Révolution. Les visages, le bras gauche de l’enfant, le pied gauche, la main droite et la quenouille de la Vierge ont été reconstitués.

Symbole traditionnel dans le passé du travail féminin, présente dans chaque foyer, la quenouille jouait également un rôle dans la relation conjugale et était souvent remise à la mariée à l’église. Nul doute que cet objet, à la fois symbolique et familier, était destiné à magnifier l’image de Notre-Dame des Garennes dans son rôle d’épouse et de mère auprès des habitants.

Elle fait partie de la famille des « Vierges à la cravate » dont on trouve plusieurs modèles en Haute Vienne, en particulier à Bellac, Blond, sauviat sur Vige…

Nodre Dame de Blond

Les 14 objets religieux protégés de Nexon (II)

I- Ceux qui sont conservés dans la vitrine sécurisée.

2- La chasse reliquaire

Il existe environ 700 châsses reliquaires limousines. Elles étaient destinées à conserver les reliques des saints. Celle de Nexon est en cuivre émaillé du XIIIe siècle en forme d’église. Elle est large de 22 cm, haute de 27 cm et profonde de 9,2cm.

Elle a la forme d’une église à transept central, au toit saillant surmonté d’une crête ajourée de 17 motifs en entrée de serrure, 13 sur la longueur et 4 sur la largeur. Aux extrémités de la crête deux pommettes sont rapportées. Elle repose sur quatre pieds droits.

L’âme de bois est recouverte de plaques de cuivre. A l’avers, le flanc majeur est composé de deux registres séparés par un bandeau émaillé. Sur la caisse, 3 figures émaillées sont entourées de 14 cabochons de pierre ou de pate de verre sertis dans des montures à bâte. Sur le rampant 2 figures, l’une et l’autre de chaque côté de l’abside. La grande figure est supposée etre celle du Christ qui serait entouré des 4 évangélistes.

Sur le revers une porte avec 2 quadrilobes émaillés et sur le toit 3 médaillons émaillés, à gauche un quadrilobé, au centre un petit médaillon circulaire décoré d’une rosace et à droite, un plus grand qui représente un ange.

Quand la porte est ouverte elle laisse apparaitre l’emplacement réservé aux reliques.

Sur les pignons sont clouées des plaques émailées qui représentent sans doute un apotre décorés de rinceaux, ces branches courbées muniés de feuilles ou de fleurs.

La châsse a été restaurée en 1962 par Lucien Toulouse.

Dans le vitrine sécurisée sont exposés deux ostensoirs en or. Ils ne sont pas classés parmi les 14 objets religieux retenus par les monuments historiques.

classés parmi les 14 L’origine des ostensoirs remonte au XIIIe siècle lors de l’instauration de la Fête-Dieu. Celle-ci trouve son origine dans la vision de Julienne de Cornillon à partir de 1209 dans son couvent à Liège en Belgique. Elle convainquit le pape Urbain IV, ancien évêque de Liège qu’il fallait adorer l’Eucharistie pour faire croitre la foi. Peu à peu les processions aucour desquelles l’Eucharistie était montrée furent organisées et la Fête-Dieu officialisée en 1264 par Urbain IV.

La « présence rélle » du corps du Christ a donné lieu à de nombreuse discussion depuis les premiers siècles du Christianisme. Elle n’a pas la même signification au sein du christianisme entre les catholiques et les protestants.

Les ostensoirs doivent etre dignes de recevoir l’ostie c’est pour cela qu’ils sont généralement en or, en laiton ou en métal doré. Il le plus souvant rayonnants, on parle d’ostensoir soleil. une croix peut etre placée au milieu des rayons lumineux et des pierres precieuses peuvent l’orner.

Celui qui est situé à droite, au dessus du buste de sant ferréol est un ostensoir soleil, plus petit que celui de gauche

Maurice de NEXON et Adrienne CHANEL : un article du Populaire du Centre du dimanche 7 mai 2023

Le titre de cet article est accrocheur puisqu’il met en avant Coco Chanel et l’aide de la famille de Nexon mais il montre en fait que c’est la famille Wertheimer qui a aidé Coco.

Voici l’article mais vous trouverez dans ce blog beaucoup plus de renseignements. Si vous ne les avez pas lus voici les 3 articles qui traitent de ce sujet :

-Un très bel article sur le baron Robert de Nexon dans la revue BeBridge de Novembre Décembre 2020. publié le 22 novembre 2020

-Robert de NEXON, un homme aux multiples talents. Publié le 18 juin 2018

-Adrienne CHANEL, baronne Maurice de Nexon. Publié le 31 mai 2018

Le titre en première page du Populaire :

Les 14 objets religieux protégés de Nexon (I)

Un objet est protégé par l’Etat s’il est inscrit ou classé monument historique du fait de son intérêt historique, artistique, scientifique ou technique. Cette protection est encadrée par le Code du patrimoine. A Nexon 14 objets religieux bénéficient de cette protection.

I – Ceux qui sont conservés dans la vitrine sécurisée.

La vitrine sécurisée

1- Le chef reliquaire de Saint Ferréol

Il s’agit de la relique le plus connue de l’église de Nexon. Elle renferme le sommet du crane de saint Ferréol, évêque de Limoges au VIe siècle. La première description en a été faite par Felix de VERNEILH (1820-1864), figure emblématique de l’archéologie française du milieu du XIXsiècle. Son frère Jules (1823-1899) éminent dessinateur a reproduit un grand nombre des objets et monuments décrit par son frère. Ils sont les arrières petits enfants de Jean Baptiste de VERNEILH, notaire royal à Nexon. Comment cette relique et le reliquaire qui la protège sont-ils arrivés à Nexon ? Felix de VERNEILH l’explique et décrit très précisement le buste que son frère déssine. Cette description a été publiée dans la Revue archéologique et historique du Limousin en 1863. Pour éviter le pillage lors des multiples guerres qui ravageainet la France les reliques n’étaient pas conservées dans les églises mais dans les chateaux les plus forts du pays. C’est ainsi que le seigneur de Lastours eu la garde du chef de saint Ferréol. Après plusieurs dizaines d’années passées loin de Nexon, les descendants des Lastours le donnèrent à l’église de Nexon, église plus importante que celle de Saint Martin le Vieux dans leur barronie.

Felix s’etant rendu à Nexon pour examiner la petite chasse dont je parlerai plus loin, son oeil fut attiré par un buste au fond d’une armoire. Il remarque au revers une plaque gravée que sans doute peu de personnes avaient lue.

 Un nom apparait deux fois, surligné en jaune, GUIDOIS DE BRUGERIA. C’est le nom de celui a fait réaliser cette pièce et le texte explique qui il est, qui a réalisé ce buste en cuivre et à quelle date. Pour lire il faut se rappeler que pour gagner de la place les graveurs utilisent de nombreuses abréviations. En les faisant disparaitre le texte devient :

D[OMI]N[U]S : GVIDO : DE : BRVGERIA : P[A]RO/CHIA : S[AN]C[T]I : MARTINI : VET[ER]IS : CA/P[E]LL[- ANU]S : ISTI[US] : ECC[ES]IE : DE ANEX/O[N]IO : FECIT : FIERI : LEM[OVICIS] : HOC/CAPUT : IN HONORE : B[EAT]I FERR/EOLI : PONTIFICIS + EGO : AY/MERICUS XPI[STI]ANI : AVRIFA/BER : DE CASTRO : LEM[OVICIS] : FECI/HOC OPVS : ANNO : D[OMI]NI/M[I]LL[ESIM]O : CCCXL SEXTO DE/P[RE]CEPTO : D[I]C[T]I : D[OMI]NI GVIDO[N]IS/DE BRVGERIA

Le seigneur Guido de Brugières, de la paroisse de Saint-Martin-le-Vieux, chapelain de l’église de Nexon a fait faire ce chef à Limoges en l’honneur du bienheureux pontife Ferréol. Moi, Aymeric Chrétien orfèvre du château de Limoges, ai fait ce travail à Limoges en l’an de notre Seigneur mille trois cent quarante-six sur la commande de Guido de Brugières

Qui se lit : Le seigneur Guido de Brugières, de la paroisse de Saint-Martin-le-Vieux, chapelain de l’église de Nexon a fait faire ce chef à Limoges en l’honneur du bienheureux pontife Ferréol. Moi, Aymeric Chrétien orfèvre du château de Limoges, ai fait ce travail à Limoges en l’an de notre Seigneur mille trois cent quarante-six sur la commande de Guido de Brugières.

C’est donc le curé de saint Martin le Vieux qui a commendé ce travail à Aymeric Chrétien, orfèvre à Limoges en 1356. C’est donc un objet qui a 667 ans et qui est très bien conservé.

Le cartel au dos

Contnuons la descrption qu’en fait Felix de VERNEILH.  « La tête de saint Ferréol ressemble plutôt au portrait de quelque jeune évêque, un peu mondain, du XIXe siècle qu’à l’image idéale d’un saint. Ses moustaches sont retroussées , et sa barbe frisée avec trop de recherche. La figure me paraît courte, et la physionomie singulière. Mais le buste est modelé ou repoussé avec beaucoup de précision, et retouché au ciselet avec une grande finesse. Il faut louer aussi la forme originale du plateau sur lequel repose le chef de saint Ferréol : elle serait digne d’être imitée, car elle s’adapte parfaitement à l’ovale de la poitrine, et ne manque pas d’élégance. On remarquera que la croix pectorale du saint évêque s’étale sur une des ogives saillantes du plateau. »

La chevelure du saint, comme sa barbe, est très abondante et ondulée.

Le chef est formé par deux feuilles de cuivre repoussées, soudées entre elles au revers de la pièce, derrière les oreilles.

La mître est composée de trois plaques de cuivre. Elle s’assemble à la tête par emboîtage.

La mitre est bordée dans sa partie inférieure d’un orfroi, broderie exécutée en fil d’or ou d’argent ou en lamelles d’or, d’argent ou de soie.  Un autre orfroi divise la mitre dans sa partie verticale. Ils sont décorés de rinceaux, ces tiges végétales qui s’enroulent et forment des frises. De nombreuses pierres semi précieuses en forme de cabochons, c’est à dire polies et non taillées, ornent les orfrois.  Il en manque une dizaine.

Deux quadrilobes émaillés ornent chaque face de la mitre. Ils représentent des anges à l’avers et des paires d’oiseaux affrontés au revers. Les fonds de ces quatre-feuilles sont de couleur verte, avec quelques points rouges noyés dans la pâte.

L’avers

 Les deux pans de la mitre sont bordés d’une rangée de petits cercles. Pour certains ces deux pans symboliseraient l’Anciens Testament à l’arrière et le Nouveau devant.

L’amict, rectangle de toile fine muni de deux cordons que l’officiant passe autour du cou avant de revêtir son aube, est orné d’un large bandeau à décor de rinceaux agrémenté de cabochons. Il est fait d’une feuille mise en forme et rivetée sur l’encolure, le cartel étant riveté au dos de l’amict.

L’amict

Le reliquaire repose sur un plateau horizontal formant la base. Il est monté sur quatre pieds à griffes de lion. La croix pectorale de Ferréol repose sur la base.

La mitre est amovible pour laisser voir le crane de saint Ferréol. Mais celui ci n’est pas conservé dans ce reliquaire, mais dans un autre plus rustique.

Ce reliquaire de saint Ferréol, bien qu’appartenant à un large groupe d’oeuvres limousines en cuivre doré, est le seul qui soit daté et signé par l’artiste qui le fabriqua. C’est l’oeuvre la plus tardive conservée aujourd’hui parmi les sculptures sur cuivre réalisées à Limoges pendant la période gothique.

Les Ostensions de 2023

Samedi 1er avril 2023 a été officiellemnt ouverte la période des ostensions de Nexon par l’office présidé par Mgr Bozo puis par la montée du drapeau ostentionnaire par les pompiers de Nexon. C’est parapluie ouvert et sous les rafales de vent que fidèles et spectateurs y ont assisté.

Les 2 photos sont de la municipalité de Nexon

Deux jours plus tard, avec moins de pluie mais avec toujours un vent soufflant du Nord il est difficile d’obtenir un drapeu immobile…

On remarque que le drapeau ne porte la croix que du coté Sud, vers le chateau.

Le drapeau de 2003 est différent de celui de 2016. Non seulement la croix ne rejoignait pas les bords du drapeau mais la croix figure sur les deux cotés du drapeau.

La couleur verte en liturgie est symbole d’espoir, d’espérance. Elle évoque la nature. la chasuble de couleur verte est celle du Temps ordinaire qui va du lendemain de la fête du baptême du Seigneur au mardi gras inclus puis du lendemain de la Pentecôte à la veille du premier dimanche de l’avent. La couleur rouge est celle de l’amour, du sang et du feu de l’Esprit. La chasuble rouge est portée le vendredi saint, le jour de la Pentecôte et pour la fête de tous les saints martyrs ainsi que le 14 septembre pour fêter la Croix glorieuse .

Une question est souvent posée: que devient le drapeau à la fin des ostensions? Dans certaines paroisse il est laissé à flotter au vent jusqu’à ce qu’il soit totalement déchiqueté. Dans d’autres paroisses il est brulé et les cendres jetées au vent, ailleurs il est découpé en petits morceaux qui sont distribuées aux participants et enfin il est souvent conservé pour etre utilisé pour les ostensions suivantes. C’est le cas à Nexon ou il y a en général une alternance, le drapeau est utilisé une fois sur deux. La raison en est en partie le cout. Le darpeau est fabriqué par une entreprise spécialisée et pour en réduire le prix la croix n’est brodée que sur une seule face. Sous les coups de vent, de plus en plus violents, le drapeau s’use, en particulier les anneaux pour l’accrocher à la hampe.

Pour un rappel sur les ostensions lisez mon ancien article : https://etsinexonmetaitconte.fr/les-ostensions/

Décès des réfugiés espagnols au camp de Nexon (1940-1945)

On a tendance à considérer que seuls des personnes de religion juive sont décédées au camp de Nexon entre 1941 et 1945. Si ces personnes représentent la très grande majorité des décès au camp au cours de cette période elles ne sont pas les seuls. Des militants communistes sont décédés au camp en 1941 (Georges MOREAU Georges décède le 15 novembre 1941 à 76 ans), d’autres à l’hopital de Limoges où ils ont été envoyés par le médecin du camp ( Antoine GINOUVES le 6 avril 1941; Aron WEILL le 4 juin 1941; Régis AMBROIS le 23 septembre 1941). Et il y des réfugiés espagnols qui ont été internés car susceptibles de troubler l’ordre public.

Au cours de l’année 1941 aucun réfugié espagnol ne décède à Nexon. Les premiers décès ont lieu au cours du terrible hiver 1942-1943.

Le premier décès est celui d’Andrès SOLER MINOVAS le 23 novembre 1942. Né à Barcelone le 2 février 1883, il avait alors 59 ans. Il était célibataire. Je n’ai rien trouvé sur sa vie.

Trois jours plus tard, le 26 novembre son compatriote Miguel LOPEZ FERRANDEZ décède à quelque jours de ses 61 ans. Il était né à Madrid le 29 novembre 1881. Il était marié à Elisa MARTINEZ PEREZ ( 1891 -1985) avec qui il a eu 5 enfants. Il était comptable dans une banque.

Sur son acte de décès la mairie de Nexon l’avait enregistré avec le nom de FERNANDEZ. Une rectification par décision du procureur de la République de Limoges en date du 13 novembre 1970 a fait rectifier FERNANDEZ en FERRANDEZ.

ADHV

Le 2 décembre 1942 José GARCIA CASSEL décédait au camp de Nexon. Il était né le 15 septembre 1888 à Villarcayo et avait donc 54 ans. Il était marié et était chaudronnier.

Le 8 décembre Francisco VELA NAVARETTE était le quatrième espagnol à mourir au camp. Il était né dans la ville balnéaire d’Andalousie, Velez-Malaga, le 1er juin 1880. Il était célibataire et exerçait la profession de chaudronnier.

Le 17 décembre Marcelino AIHAYADO-ESCODAR décédait à l’age de 68 ans. Il était né le 16 juin 1874 à Carpio de Tajo dans la province de Tolède. Il était agriculteur et célibataire.

Les fetes de fin de l’année 1942 n’ont mis fin ni au froid, ni ralenti la mortalité. Le 9 janvier 1943, décédait Paul FONTAN. Il était né à Saint Sébastien le 15 mars 1876 et avait donc 66 ans. Il était employé d’assurance et célibataire.

Deux jours plus tard, le 11 janvier, Candide GARCIA HERNANDEZ décédait à l’age de 62 ans. Il était né le 4 septembre 1880 à San Miguel de Corneja. Il était manoeuvre et veuf. Le même jour que lui décédait un mineur Italien de 59 ans, Simon BERTOLO.

Le 20 janvier Cionnez BLANCO décédait à l’age de 63 ans. Elle était née le 21 avril 1879 à Ourense. Elle était mariée à Raymond NIETTO. C’est la seule femme espagnole décédée au camp de Nexon.

Le 27 janvier c’est José CID-ALOMA, un forgeron de 53 ans, qui décédait. Il était né à Amposta le 13 septembre 1889. Il était marié à Cinta MORALES.

Le 1er février, le 10ème et dernier espagnol mourait au camp de Nexon. Enrique GIL-FONTANET avait 51 ans. Il était né à Valderrobres le 2 janvier 1892. Il était agriculteur et célibataire.

Le tableau suivant montre la concentration dans le temps de ces 10 décès en deux mois et demi. Le plus vieux avait 68 ans et le plus jeune 51 ans.

Ces personnes ont été inhumées dans le cimetière de Nexon, sur la partie gauche en entrant dans un espace pour les catholiques. Les tombes étaient numérotées. le tableau suivant recense 18 tombes de catholiques dont les 10 internés espagnols auxquels s’ajoutent 2 italiens, 1 belge et 1 français catholiques et 3 russes orthodoxes et 1 protestant anglais.

Les ressortissants espagnols sont surlignés en jaune

Les tombes des catholiques et celles des israélites ont été relevées en 1951 dans le but initial de déposer les corps au cimetière national de Chasseneuil sur Bonnieure (16).

Dans le cimetière il n’y a aujourd’hui qu’une seule tombe de réfugié espagnol, celle de Miguel LOPEZ FERRANDEZ. Mais la plaque ne tient pas compte de la rectification du nom et porte FERNANDEZ.

Hommage à Didier LABASSE, Kader pour les anciens joueurs et supporteurs de l’ASN

Kader, car c’est comme cela que nous l’appelions à Nexon. Il est arrivé en 1959 et pendant quelques années il a fait le bonheur de l’ASN. Il jouait avant centre, il avait une parfaite maitrise du ballon, il était vif et précis. Il logeait à l’hotel chez Léonie Adam, rue Pasteur. Il était peintre et je me souvient du plaisir que nous avons eu lorsqu’il est venu chez mes parents repeindre la cuisine. A cette époque Henri Phelipeaux, un autre très bon joueur mais plus agée que Kader, était employé chez mes parents. C’était un plaisir d’aller aux matchs tous les dimanches.

L’équipe 1 en 1959-60

Toujours joyeux il aimait s’amuser et les soirs de banquet il n’étaut pas le dernier à faire la fête.

Puis en 1964 il est parti à Cussac pour jouer à la JSC. Il en est devenu l’entraineur. Il a trouvé un emploi, il s’est marié, a eu des enfants et des petits enfants mais il n’a jamais oublié Nexon. Sur les terrains on ne l’appelait plus Kader mais Didier et le plus souvent « Didi ».

La dernière fois que je l’ai vu à Nexon c’était le samedi 15 juin 2019, pour les 70 ans du club. Il a joué avec les anciens. Il retrouvé avec plaisir tous ceux qu’il connaissait. Nous avons longuement parlé du passé mais aussi de sa vie à Cussac, de sa famille…

Les dernières photos que j’ai faites le 25 juin 2019.

Ce soir en rentrant chez moi, en lisant le journal comme je le fais tous les jours, j’ai découvert avec tristesse l’annonce de son décès. Des souvenirs de plus de 60 ans son immédiatement revenus à mon esprit. Repose en paix cher Didier et nous n’oublierons pas Kader.