Les ostensions
Les 72èmes Ostensions du Limousin se déroulent en 2016. Elle débutent traditionnellement le lundi de Pâques à Rochechouart et à Esse, en Charente. En plus d’Esse et Abzac en Charente limousine, deux communes de la Creuse, Crocq et Guéret organisent des ostensions, toutes les autres communes organisatrices sont situées en Haute-Vienne. Elles ont été solennellement ouvertes à Limoges le dimanche 3 avril 2016. Elles ont eu lieu à Nexon le 17 avril.
Date des Ostensions de 2016 , Ville ostensionnaire et Saints honorés:
28 mars 2016, lundi de Pâques à Rochechouart le matin et Abzac l’après-midi : Saints Lucius et Emerite
Samedi 2 et dimanche 3 avril à Limoges ouverture diocésaine : Saint Martial (1er évêque de Limoges), Saint Aurélien (son successeur), saint Loup (évêque de Limoges) et sainte Valérie.
10 avril à Saint-Just-le-Martel: Saint Just.
17 avril à Nexon : Saint Ferréol évêque de Limoges du VIe siècle.
24 avril après-midi à Saint-Victurnien : Saint Victurnien, ermite venu d’Écosse.
5 mai à Javerdat : Saint Blaise.
7 mai à Aixe-sur-Vienne : Notre-Dame d’Arliquet et son saint patron Alpinien, compagnon de saint Martial.
8 mai à Saint-Léonard-de-Noblat : Saint Léonard, ermite du Ve siècle
15 mai à Rochechouart : Saint Julien de Brioude, soldat romain martyrisé en 304.
16 mai Esse (Charente) Saint Étienne.
22 mai au Dorat : Saint Israël et saint Théobald, chanoines du XIe siècle.
29 mai à Charroux : Saint-Sauveur et Notre-Dame.
5 juin à Saint-Yrieix : Aredius ermite du VIe siècle, futur Saint-Yrieix.
12 juin à Chaptelat : Saint Éloi, conseiller du roi Dagobert, fondateur de Solignac en 632.
19 juin à Eymoutiers Saint Psalmet
26 juin à Saint-Junien : Saint Junien et son maître Saint Amand de Coly
Samedi 2 juillet à Limoges clôture des Ostensions.
3 juillet après-midi à Aureil : Saint Gaucher et Saint Faucher.
10 juillet à Crocq: Ssaint Éloi
2 octobre à Pierre-Buffière : Saint Côme et saint Damien.
9 octobre à Guéret : Saint Pardoux, Saint Valéric et Saint Roch.
13 novembre Clôture des Ostensions limousines
L’origine des ostensions.
Ces fêtes religieuses seraient nées en 994, alors que le Limousin, comme d’autres provinces du royaume, se trouvait aux prises avec le mal des ardents, ou ergotisme. Cette épidémie causée par la consommation de pain de seigle contaminé par un champignon parasite, l’ergot de seigle, se déclenche à la fin des moissons. Elle provoque d’atroces brûlures d’où l’appellation « ardent », du latin ardere, brûler auxquelles s’ajoutent des crises de convulsions, des maux de tête, des vomissements. Dans les cas les plus graves les membres noircissent, se nécrosent et tombent. L’origine de ce mal a été ignoré pendant tout le Moyen-âge et jusqu’au XVIIIème siècle. Ce n’est qu’en 1776, grâce aux travaux de l’abbé Tesier, que la responsabilité de l’Ergot de seigle a été établie.
En 994, cette maladie comme toutes les épidémies est perçue comme un châtiment de Dieu. Des cérémonies sont organisées dans les églises pour implorer Dieu de faire cesser le mal. Et comme on ne s’adresse pas directement à Dieu on passe par l’intermédiaire des saints, les saints les plus honorés localement et bien sur la Vierge Marie.
A Limoges Monseigneur Hilduin, évêque, et son frère Geoffroy, abbé de Saint Martial décident d’organiser une grande cérémonie au cours de laquelle seront exposées les reliques des saints limousins. C’est ainsi que le 12 novembre 994, après trois jours de prières et de jeûne, le corps de saint Martial, premier évêque de Limoges, est sorti de son tombeau et déposé dans une châsse d’or. Elle sera portée en procession jusqu’au mont Jovis (Montjovis). De nombreux prélats sont venus des provinces voisines ainsi que Guillaume IV, duc d’Aquitaine, ainsi qu’une foule de pèlerins. Le 4 décembre, alors que le corps de saint Martial est ramené jusqu’à son tombeau, l’épidémie a cessé de sévir. Les chroniques de l’époque font état de plus de sept mille guérisons.
Cette manifestation a été la première ostension, nom que lui donna Bernard Itier, moine bibliothécaire de l’abbaye Saint-Martial en 1211en tirant ce nom du verbe latin ostendere, qui signifie montrer, exposer.
Développement du rite
Le récit du miracle des Ardents se répand dans le royaume grâce aux manuscrits de l’abbaye Saint-Martial. Mais la pratique des Ostensions n’est qu’occasionnelle. Les reliques sont exposées lors de la venue à Limoges du Roi ou d’un personnage important ou en cas de catastrophe. Ce n’est qu’à partir des XVe-XVIe siècles qu’elles vont devenir régulières en ayant lieu tous les sept ans.
Les dernières ostensions de l’ancien régime eurent lieu en 1792. Elles ont été interrompues, pour cause de révolution en 1799 et reprirent en 1806.
Les ostensions de 1862 à Limoges décrites dans un article du courrier du Centre, le Lundi 28 avril 1862
« La cérémonie de l’ostension des reliques des saints a eu lieu hier dimanche, par le temps le plus magnifique.
Tout s’est passé, du reste, selon le programme arrêté par Mgr l’évêque de Limoges et avec le plus grand ordre.
La messe a été chantée à Saint-Michel par Mgr Desprez, archevêque de Toulouse, et l’homélie a été faite par Mgr Cousseau, évêque d’Angoulême, qui a développé, avec un rare bonheur, ce texte des paroles de Jésus-Christ à se s Apôtres: pax vobis.
A l’issue de la messe, la procession, partie de la cathédrale à dix heures, s’est remise en marche et a parcouru successivement les rues et boulevards désignés dans le programme . Elle n’a pas duré moins de quatre heures sous un soleil brûlant. Rien n’était intéressant à voir comme celte longue file de jeunes filles vêtues de blanc, de jeunes enfants portant des oriflammes aux diverses couleurs et de membres des diverses congrégations et confréries religieuses. Les reliques renfermées dans de riches châsses portées par des personnes de tout âge et de toutes conditions, et les bannières occupaient le milieu de la colonne; puis venaient la musique de notre nouveau régiment de hussards et NN.SS. les évêques, précédés du clergé. Des arcs-de-triomphe, des couronnes et des guirlandes de verdure, étaient placés de loin en loin, et les maisons étaient pavoisées, souvent avec beaucoup d’élégance et de goût, sur tout le parcours de la procession.
Mais le moment le plus solennel a été celui où, de retour sur la place d’Aisne, le cortège s’est massé, après diverses évolutions faites avec ordre. NN.SS. de Toulouse, d’Angoulême, de Tulle et de Limoges sont alors montés sur l’estrade élégante dressée sur les marches du palais de justice, et ont béni le peuple avec les reliques des saints.
Il y avait à ce moment, en cet endroit, un coup d’œil magnifique : toutes les châsses des saints, les bannières, les oriflammes, les diverses communautés, les confréries, etc., avec leurs costumes variés, formaient un ensemble pittoresque et grandiose, que terminait heureusement le reposoir qui venait se marier harmonieusement avec la façade du palais de justice.
La cérémonie était alors en quel que sorte achevée, car la procession, reprenant sa marche, est rentrée définitivement à la cathédrale. »
Les Ostensions de 1946 marquaient, à peu de chose près, le 950e anniversaire du miracle des Ardents. Aussi, tant pour célébrer cet anniversaire que pour donner aux Ostensions une note plus missionnaire, Mgr l’Évêque de Limoges eut l’idée d’organiser le Grand retour de saint Martial. Précédée d’équipes de missionnaires (quarante au total, Dominicains et Oblats de Marie), la châsse de saint Martial, à partir du 14 avril 1946 et durant sept semaines, a parcouru les deux départements de Haute-Vienne et de Creuse et visité plus de deux cents paroisses, où ont eu lieu des cérémonies solennelles
Les Ostensions au XXIème siècle
Les Ostensions limousines sont des manifestations qui mêlent la foi catholique, la tradition, le patrimoine et le tourisme. Leur organisation mobilise de nombreux bénévoles qui fabriquent des milliers de fleurs en papier plusieurs mois avant, décorent les rues et les façades des maisons. Des confréries y participent, en particulier à Limoges et à Saint Junien.
La 8ème session du Comité intergouvernemental de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO, qui s’est déroulée à Bakou (Azerbaïdjan), du 2 au 7 décembre 2013, a voté l’inscription des Ostensions septennales limousines sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’UNESCO.
La justice a été saisie à propos des subventions
De nombreuses collectivités territoriales interviennent pour subventionner ses manifestations considérées comme appartenant au patrimoine local. Ainsi, pour l’organisation des Ostensions 2009, le Conseil général avait versé 26 360€, le Conseil régional 41 497€ et toutes les communes concernées sauf une avaient octroyé aux comités ostensionnaires des subventions d’un moment variable de 2 000 à 20 000€.
En mai 2009, 21 Laïques et Libres penseurs de Haute-Vienne et de Creuse ont demandé au Tribunal Administratif de Limoges de juger l’illégalité de subventions publiques aux ostensions et ainsi de faire respecter la loi de 1905 sur la séparation des Églises et de l’État.
Par un jugement en date du 24 décembre 2009 le Tribunal administratif de Limoges a donné raison aux plaignants. Suite à ce jugement, les sommes versées aux confréries et comités coorganisateurs des ostensions ont été restituées aux collectivités publiques.
Cette décision du Tribunal a été contestée devant la Cour Administrative d’Appel de Bordeaux en 2010 par 6 confréries et comités, par la commune du Dorat et par le Conseil Régional du Limousin. Celle-ci, par des arrêts rendus le 21 décembre 2010, a confirmé le jugement du Tribunal administratif de Limoges.
Quelques photos des ostensions passées …
1953
L’auteur de ces pages participe aux ostensions avec l’un de ses frères
1960
Un de mes frères au fond, à peine visible
1967
Mes sœurs et mon plus jeune frère
1995
La décoration du parcours mobilise de nombreux bénévoles qui pendant plusieurs semaines confectionnent des milliers de fleurs en papier.
Josette Dugot en plein travail
De Notre Dame des Garennes à l’église…
La gendarmerie aussi est décorée!
Le buste de Saint Ferréol est exposé dans plusieurs autres communes, comme ici à Aixe sur Vienne, le 27 mai 1995.
2002
2009
Dimanche 17 avril 2016
Les ostensions se déroulaient le dimanche 17 avril sous un ciel couvert et quelques averses. les reliques étaient protégées sous des housses en plastiques et les parapluies étaient de sortie.
La procession a s’est mise en route à partir de la Chapelle des Garennes pour rejoindre le parc du château où Mgr Kalist, le père Pierre Kiedrowski, curé de Nexon, accompagnés de plusieurs prêtres ont célébré une messe.
Plusieurs photos proviennent du site de la confrérie de saint Loup et ont été réalisée par Marie Alice Foucher.
https://confreriedesaintloup.wordpress.com/category/ostensions-2016/
Départ de la chapelle des garennes
La traversée du bourg sous la pluie
Les représentants de la Confrérie de Saint Loup n’avaient pas oublié leurs parapluie
Une éclaircie pour Aredius
La pluie n’épargne pas le clergé
Arrivés devant l’église la pluie n’a toujours pas cessé…
Monseigneur Kalist arrive au château
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