Le Populaire du Centre a été fondé le 29 octobre 1905 à Limoges par Léon Betoulle et Pierre Bertrand. En feuilletant les journaux de la fin décembre on peut analyser l’évolution des étrennes et des vœux .
Constatons d’abord que le Journal parait le 1er janvier 1906 sans que la rédaction ne souhaite une bonne année à ses lecteurs. Il faut dire qu’un évènement fait la une du Journal : la démission du maire de Limoges !
Le 27 décembre 1905, lors du vote du budget par le conseil municipal, les élus socialistes voulant protester contre l’attitude de la police à l’égard des ouvriers lors des grèves de 1905 et contre le statut de la police qui, payée par la commune, était en réalité à la disposition du préfet, décidèrent de refuser les crédits qui lui étaient affectés. Le maire, Emile LABUSSIERE démissionna.
On ne trouve des références aux étrennes que dans les publicités. Elles sont peux nombreuses et concernent des produits utilitaires, de la lingerie et de l’horlogerie. Les bijouteries mettent l’accent sur les montres plus que sur les bijoux. Un peu étonnante est la publicité faite pour l’« Histoire de la Révolution française par Louis Blanc ». Le Prix de la version reliée est de 36 francs, soit plus que le salaire moyen hebdomadaire d’un ouvrier, mais il est possible de la payer en plusieurs fois, à raison de 5 francs par mois.
Il n’y a pas deux semaines de congés pour les élèves et ce n’est que le 28 décembre que le préfet de la Haute-Vienne accorde un jour de congés supplémentaire. A l’époque le jour de repos des écoliers est le Jeudi. Aussi pour éviter « les ponts » le cours du mercredi sont reportés au jeudi, les élèves n’ont donc pas classe les lundi 1, mardi 2 et mercredi 3 janvier.
Le 1er janvier 1906, le Populaire consacre encore une grande partie de ses pages à la suite de la démission du maire.
Dans le journal une seule publicité concerne les étrennes, la bijouterie REYCAGNE, rue des Taules. Cette rue a été élargie et mise en ligne droite avec les rues du Verdurier, des Suisses et des Poulaillères
Le 31 décembre 1906, un plus grand nombre de publicités invite aux achats pour les étrennes. La boutique « A la Ville de Paris » située Place Saint Martial, au débouché de la rue du clocher et de la rue des Taules, qui sera intégrée dans la future rue Jean Jaurès. Juste en dessous la Maison LAGUENY invite à offrir aux musiciens des instruments de musiques et des albums…
Pour la première fois on peut lire une publicité pour les Nouvelles Galeries ouvertes à Limoges en 1900.
Elle est accolée à la Publicité de la Maison Evras, qui vend des tapis et des petits meubles.
Avec moins d’espace puisqu’inscrite dans une seule colonne du Journal la publicité de la Société du Meuble, située au 8 rue Prépapaud, la rue des maisons closes devenue aujourd’hui rue Baudelaire.
La Bijouterie Artistique fait également de la publicité pour ses produits. On remarque qu’il n’y a pratiquement pas de bijoux mais des brosses, des canifs, des tire-boutons, sorte de crochet emmanché avec lequel on tire le bouton afin de le faire entrer plus facilement dans la boutonnière, notamment pour les bottines et les guêtres, objets que l’on n’offrirait pas aujourd’hui.
Cette publicité est renouvelée dans le journal du 1er janvier 1907. Ce sera la seule référence au Nouvel An dans ce journal. La rédaction ne présente pas ses vœux aux lecteurs, ne fait pas de bilan des événements de l’année 1906, c’est pratiquement un journal ordinaire.
Le 31 juillet 1908 le Populaire rend compte d’un jugement du Tribunal civil de la Seine qui donne raison aux facteurs qui réclamaient que le partage des étrennes entre les facteurs desservant un même secteur se fasse au prorata du temps de travail sur le secteur. Cette question se posait chaque fois que des facteurs étaient mutés en cours d’année, les anciens demandant leur part aux nouveaux.
Dans le journal du 1er janvier 1909 on voit apparaître les premières publicités pour les bonbons, les vins et les alcools,
Au mois de décembre 1910, dès le 26 décembre plusieurs publicités pour les étrennes sont publiées.
En 1911 on voit les premières publicités pour les jouets. Les Nouvelles Galerie publient leur annonce le 25 décembre et informent que leur magasin sera ouvert le dimanche 24 décembre !
Le 25 décembre 1913 les Nouvelles Galeries mettent principalement en avant les jouets comme cadeaux. Le mouvement de glissade des étrennes vers les cadeaux de Noël s’amorce.
Le 8 janvier 1913, Le Populaire publie un petit article sur les « ÉTRENNES ROYALES ». « Elle est fort ancienne, la coutume des étrennes dans les Cours. Elle est même réglée par le protocole.
Henri IV recevait de son ministre, en plus de ses vœux de nouvel an, de nombreuses bourses de jetons d’or ou d’argent afin qu’il les distribuât à la reine, au dauphin, aux femmes de chambre et aux invalides, qui, ce jour-là, accouraient aux portes du Louvre.
C’est en Angleterre que, de nos jours, la tradition des étrennes reste le mieux observée. Le feu roi Edouard VII offrait chaque année à sa femme une merveilleuse fourrure, des bijoux et une douzaine de flacons d’eau de lavande, qui était son parfum favori. A son neveu l’empereur d’Allemagne, il adressait généralement une caisse d’épices, un plum-pudding et une hure de sanglier. Guillaume répondait par l’envoi de sa photographie ornée d’une amicale dédicace.
Les étrennes que distribue l’empereur de Russie sont pour les personnes de sa famille, les fonctionnaires et employés du palais, mais le nombre en est grand : bagues, bijoux et cadeaux de toutes sortes atteignent environ le chiffre de cinq mille. »
En 1914 la guerre qui vient d’éclater va changer l’état d’esprit pour les fêtes de Noel et du Nouvel An.
Dans le journal du 16 décembre 1914, le Populaire fait part d’une proposition des facteurs parisiens : « Un groupe de facteurs parisiens soumet à l’Homme Enchaîné cette idée généreuse : « Pourquoi, disent’ils, demander des étrennes, lorsque beaucoup de nos camarades sont dans les tranchées pour défendre la France. Et puis, est-ce un beau geste que de tendre la main à une mère de famille dont le mari est au feu ? Sans doute, elle prendra sur ce qui lui est nécessaire pour nous offrir les étrennes traditionnelles, mais n’aurions-nous pas honte d’accepter une somme, même petite, qui pourra réduire ses modestes ressources ?
Et, comme conclusion, les facteurs de Paris demandent la suppression des étrennes. »
Malgré cet appel, le 25 décembre on retrouve la publicité des Nouvelles Galeries pour les jouets. Plus surprenante est la publicité pour des étrennes socialistes en offrant aux enfants des militants le livre de Jean LORRIS et P. GRADOS, « Petit-Pierre sera socialiste » publié en mai 1913. Cette offre sera renouvelée jusqu’à la fin de l’année.
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Pendant la guerre les étrennes ne sont plus la priorité. L’éditorial du 1er janvier 1915 est empreint de tristesse mais aussi de l’espoir d’une paix prochaine.
LE JOUR DE L’AN
1er Janvier ! Comme cette date évoque en nous de doux et précieux souvenirs : fêtes de famille, orgies de bonbons chez les petits, échanges de vœux cordiaux, lettres inattendues et charmantes d’amitiés lointaines qui ne meurent pas, branchette de gui porte-bonheur qu’une main chère vous offre, toute notre génération n’a connu ce jour-là que des renouveaux de tendresse et des joies pures, comme si, au contact de « l’an neuf », êtres et choses rajeunissaient tout à coup et retrouvaient l’éclat des fraîcheurs premières.
Quel contraste avec cette fois, hélas ! Les yeux sont rougis, les fronts soucieux, et dans les foyers attristés que de places vides déjà dont les occupants d’hier ne reviendront plus !
Les fils, les frères, les époux, les amants ont été pris, happés par la guerre sauvage. Les uns sont morts et dorment à jamais, on ne sait où, pêle-mêle, au bord des routes ou sous les bois profonds ; d’autres sont blessés, d’autres ont disparu, d’autres luttent encore dans la permanence terrible des périls suprêmes…
Aussi quand ce n’est pas le deuil, c’est l’angoisse qui règne au sein des familles, dans la crainte perpétuelle que l’heure qui va sonner n’apporte la nouvelle de quelque coup du sort dont on sent rôder autour de soi l’imminence tragique…
Paul FAURE.
Le Populaire 1er janvier 1915
Pendant toute la guerre on ne voit pas paraître de publicité pour les étrennes, si ce n’est un rappel, le 1er janvier 1916, disant que les soldats ne seront pas oubliés.
Ainsi les soldats « français » recevront chacun 100 grammes de jambon, 75 de confiture, une orange, deux pommes, un cigare à dix centimes et un quart de bouteille de vin mousseux.
Pour les troupes indigènes, quelques variantes ont été apportées puisque le cigare sera remplacé par deux paquets de cigarettes algériennes et le vin mousseux par 48 grammes de café et 84 grammes de sucre ; au lieu de jambon, les soldats indigènes recevront une indemnité de 35 centimes, avec laquelle ils achèteront leur mets préféré.
En plus 800.000 bouteilles de vins de toutes provenances : Champagne, Anjou, Albi, Carcassonne, Lons-le-Saunier, Dijon, Bordeaux, Privas, Touraine et Paris.
Pour le 1er janvier 1918 l’éditorial est nostalgique de la Paix et se termine par l’évocation du débat qui oppose les défaitistes aux pacifistes, débat qui nous renvoie à 1940 …
« Salut aux lecteurs
L’année 1917 se termine, comme les trois précédentes, dans la souffrance et dans le deuil, avec davantage de souffrance et de deuil puisque chaque jour qui passe ajoute son anneau à la chaîne de misère qui interminablement se déroule.
Que dire à nos lecteurs au seuil de 1918 ?
Naguère, c’était le temps des souhaits joyeux ; les affections se faisaient plus tendres, les sentiments se revivifiaient, la vie, un instant, semblait, plus belle.
Aujourd’hui, la joie a déserté nos cœurs, et l’espérance elle-même, par quoi l’existence est supportable, ne nous visite plus que par intermittences.
Nos foyers, les foyers amis ont des places d’êtres chers à jamais vides ; d’autres de ces places sont occupées par de pauvres mutilés bannis pour toujours de l’activité fécondante et nécessaire à l’équilibre moral autant que physique de l’individu ; sur d’autres, vides aussi, plane sans cesse l’angoisse d’un péril permanent.
C’est la guerre !
Quand ne sera-ce plus la guerre ?
Est-il seulement permis de poser la question sans encourir le risque d’être accusé de vouloir une paix prématurée, ou de défaitisme ? Expressions absurdes ou odieuses, car une paix qui assure l’indépendance et la dignité de la nation — celle que nous avons toujours réclamée — ne saurait être prématurée, elle vient, au contraire, avec toujours trop de retard ; et le défaitisme n’a jamais été qu’une imbécile et misérable calomnie, dirigée le plus souvent contre les patriotes les plus sincères et les plus clairvoyants, par de véritables défaitistes dont l’histoire flétrira les fautes graves et les erreurs néfastes… »
Le 1er janvier 1917 l’éditorial est censuré. Quel message contenait-il pour ne pas passer le contrôle de la censure ? Sans doute le même débat qu’évoqué précédemment entre le souhait d’une fin de guerre rapide au risque d’une accusation de défaitisme et le rêve d’un pacifisme unifiant tous les prolétaires du monde.
Le 1er janvier 1920 les vœux protocolaires reprennent leur rythme…Le Président de la République reçoit ceux du Sénat et de la Chambre des députés, les souverains échangent les leurs …
En 1923 un ancien soldat de 1914 qui se donne le titre de « rescapé », écrit une lettre aux Journaux dans laquelle il appelle les mères de famille à ne pas offrir de jouets guerriers afin de ne pas favoriser un esprit belliqueux qui pourrait conduire ces enfants, lorsqu’ils auront 20 ans, à devenir à leur tour des guerriers ! C’est l’âge qu’ils auront en 1940 !
« Propos d’un rescapé
AUX MÈRES…
Voici venir le moment, des étrennes.
C’est à vous que je m’adresse, les mères heureuses dont les enfants, chaque année, espèrent des étrennes nouvelles ; Ne songez pas — cela gâcherait votre joie — aux milliers de petits Français qui doivent se contenter, en fait d’étrennes, d’un demi-bâton de chocolat ou d’une poignée de noisettes … Que votre pensée ne s’arrête pas, non plus, sur les milliers de petits enfants d’Angleterre, dont les pères chôment « depuis un an ou deux, ni sur les millions « de petits Allemands qui passeront leur Noël ou leur Premier Janvier devant un poêle « sans « charbon et un buffet sans pain.
Quelle misérable vie mènerait-on, n’est-ce pas, si on devait penser si souvent aux autres et jamais aux siens I
Voyons, qu’achèterez-vous, cette année, à votre fils ? Oh ! le choix ne manque pas ! Feuilletons ensemble ce catalogue du « Meilleur Marché ». Voici de belles boîtes do soldats en- plomb, en bois ou en carton-pâte. Il y en a à tous les prix, pour toutes les bourses. Voici des sacs, des équipements, des armes qui sont de véritables petits bijoux. Admirez cette panoplie à 29 fr. 95. Vous voulez quelque chose de mieux ? Qu’à cela ne tienne : fusil-mitrailleur en miniature, petite mitrailleuse, avion blindé, cuirassé armé de petits canons… Et ce tank à 95 francs ! quelle merveille de, construction !…
Il y a aussi de beaux uniformes, avec casque imitation garantie ; il y a même des costumes d’infirmières pour vos filles.
J’oubliais ; voici qui est très curieux : un beau jouet articulé, avec soldat français et soldat « boche » (sic). Un de ces bonshommes reçoit de l’autre de furieux coups de matraque ; vous avez deviné, n’est-ce pas, que celui qui reçoit les coups c’est le « boche » ! Il parait qu’à regarder marcher ce jouet il y a de quoi se tordre !
Allons, faites votre choix, et une fois vos bambins équipés, armés, apprenez-leur, à se servir de tout cela, faites des jouer à la guerre ! Initiez-les à l’art de s’entre-tuer I Que, si vous êtes embarrassées, il y a bien de jolis livres d’étrennes reliés de rouge — couleur de sang — qui vous racontent toute l’histoire de la Grande -Guerre, en insistant sur les atrocités. Il y a aussi — mais ça c’est pour les grands — un certain ouvrage très en vogue à l’Ecole de gymnastique de Joinville, où l’on apprend les meilleures manières ide se débarrasser proprement de quelqu’un qui vous gêne.
Allons, les mères, n’hésitez pas !
Mais si un jour, quand ils auront vingt ans ou trente ans, vos petits partent pour la vraie guerre, s’ils font un jour pour tout de bon ce dur métier que l’enfant joue, que le sang qu’ils verseront vous retombe sur les têtes !
J. PALUAUD. (Du Limousin Mutilé). 8 décembre 1923
Quant aux publicités elles ont retrouvé leur place. A coté de celles déjà rencontrées une nouvelle catégorie apparaît, les voitures automobiles ! Bien sur on n’imagine pas que ce puisse être un cadeau de Noel ou des étrennes. On peut être surpris d’y trouver les américaines de chez Ford, mais à cette époque c’est la seule marque à avoir adopté la production à la chaîne, première étape de la mondialisation.
En 1927 les premiers nuages se lèvent sur l’Europe. A l’insouciance des « Années folles » va succéder la crise économique et la montée du fascisme.
Ainsi dans le Populaire du 28 décembre 1927 apprend à ses lecteurs qu’en Italie Mussolini a interdit de souhaiter la bonne année le 1er janvier et a décidé de faire commencer l’année le 28 octobre, date à laquelle il est entré dans Rome avec ses « chemises noires ».
« Souhaits de Nouvel An
Combien de gens redoutent les approches de la nouvelle année à cause des cartes de visite que l’on doit envoyer, des lettres de compliment que l’on doit écrire, des embrassades que l’on doit donner et des dépenses que les étrennes occasionnent ; malgré cela, la tradition reste solidement implantée et, bon gré mal gré, chacun accomplit les gestes habituels. Toutefois, ceux qui aiment ardemment quel qu’un, attendent avec frémissement l’occasion de le lui prouver car, tant qu’une amitié sincère subsiste, c’est un plaisir qui confine à la sublimité de la manifester.
Or-donc, malgré les grincheux Intraitables et les misanthropes endurcis, les souhaits s’échangent et les étrennes se donnent. II en sera de cette année comme de toutes les autres ; pas un révolutionnaire de France n’osera changer un iota à l’ordre protocolaire du commencement d’année. Mais en Italie, mes amis, il n’en sera pas ainsi. M. Mussolini, qui par l’exercice du pouvoir a pu approfondir ce qu’était la comédie humaine ; qui a vu, à ses pieds, se courber de lâches fonctionnaires et d’arrogantes gens, a exprimé le désir qu’aucune dépêche, aucun message contenant des félicitations, des vœux, à l’occasion du Nouvel An, ne lui soit adressé. C’est inutile, dit-il à tous ses valets, à ses flagorneurs et, dans son immense orgueil, il rappelle à toute l’Italie que le Jour de l’An n’a plus de signification pour lui, puisque, l’année fasciste proprement dite, commence le 28 octobre, date-anniversaire à laquelle il entra à Rome, à la tête de ses bandits.
Afin de ne recevoir aucun message de nouvelle année, Mussolini est bien dans le cas de donner une sévère consigne aux concierges de ses palais et de les faire bâtonner ou purger très fortement, au cas où ils l’enfreindraient. Car cet homme a de la poigne, de la volonté et pas de sensibilité. Beaucoup de gens seront donc dans l’impossibilité de faire parvenir jusqu’à Mussolini le moindre de leurs hommages ; de cette façon, le dictateur ne sera point obligé de hausser les épaules à la lecture de certaines platitudes, ni de plisser les lèvres dédaigneusement en voyant le nom et le titre de l’envoyeur. Certains d’entre nous regretteront le cercle d’isolement dans lequel Mussolini se sera volontairement placé ; cela l’empêchera de connaître les bons sentiments qui sont dans les cœurs des socialistes français. Par suite de sa décision, il ne saura jamais en quelle grande estime nous le tenons. Ah ! certes, nous ne sommes point de ces phraseurs qui, pour décrire leurs pensées, usent de périphrases pédantes et précieuses. Nous n’avons point recours aux artifices de littérature, car nous sommes des simples, nous, des gens du peuple, aux expressions sommaires mais sincères, des hommes qui serrons vigoureusement les mains et qui, des fois, par un seul mot, traduisons bien des choses. Eh ! bien, si son concierge avait consenti à porter à Mussolini notre message, si Sa Grandeur avait bien voulu le recevoir, nous lui aurions expédié une carte, une unique carte ; dessus, il y aurait eu un mot, un unique mot, celui qu’en toutes langues on comprend et qu’on trouve suave, celui qui illustra un jour notre valeureux Cambronne, enfin le mot magique, le mot final : M ! Mais, hélas ! le cruel, il ne le recevrait pas.
CAMILLE. »
A la session extraordinaire de la Chambre d’Agriculture de la Haute-Vienne réunie le Jeudi 15 mars 1928, à la Maison de l’Agriculture, une question a été débattue concernant les étrennes dans les foires.
De longues discussions s’engagent au sujet de la suppression des étrennes dans les foires, demandée par certaines communes. Le débat porte sur l’importance des us et coutumes entrés dans la tradition et pour la clarté des marchés et pour éviter tout malentendu, la Chambre engage tous les agriculteurs « à se mettre d’accord sur les étrennes comme sur les pièces avant que le contrat soit conclu. »
Pour les vœux du 1er janvier 1930 le Populaire présente à tous des vœux de bonheur et de prospérité et il invite chacun à ne pas attendre le salut d’en haut et à se mettre au travail immédiatement pour faire triompher les idées socialistes.
Et, d’abord, à tous nos amis, à tous nos lecteurs, aux membres du Parti Socialiste et à tous ceux qui sympathisent à son action, nous adressons nos meilleurs vœux de bonheur et de prospérité pour l’année qui commence aujourd’hui.
Nous souhaitons que ce que chacun désire et qui peut être réalisé, sans porter tort à un parent, à un ami, à un voisin et à quiconque, soit obtenu par tous, dans le courant de l’année 1930.
Nous souhaitons pour la classe ouvrière une plus grande amélioration de son sort en attendant sa libération définitive de l’exploitation dont elle est l’objet.
Nous souhaitons aux organisations de la classe ouvrière, à ces instruments de son émancipation, que sont ses syndicats, ses coopératives et son Parti socialiste ; action féconde, développement et succès.
XXX
Mais, comme il ne suffit pas de souhaiter et d’attendre d’une providence, plus ou moins capricieuse, la réalisation de nos vœux les plus légitimes et les plus chers, rappelons à notre mémoire un proverbe des plus véridiques parmi ceux que la sagesse des nations nous a légués. Ce proverbe, c’est : Aide-toi, le ciel t’aidera !
Oui, aidons-nous nous – même ; pensons que l’immense effort que la classe ouvrière doit accomplir pour son affranchissement est fait de la somme des menus efforts, que chacun de nous doit se sentir capable d’accomplir.
N’attendons pas le salut d’en haut l
Notre chant immortel « l’Internationale » nous la redit chaque fois que nous l’entonnons ; Il n’est pas de sauveur suprême. « Ni Dieu, ni César, ni Tribun.. »
N’espérons pas en ce qui est à côté ou au-dessus de nous, en ce qui est lointain et que nous ne voyons pas, ou que nous voyons mal ; espérons en nous.
Disons-nous bien que tant que nous serons immobiles et, inactifs, il est peu probable, que quelqu’un ou quelque chose bougera pour nous.
… XXX
Donc au travail et plus que jamais.
Travaillons à développer nos Fédérations socialistes. Elles peuvent être déjà puissantes et capables, elles n’auront jamais trop de force pour la tâche qui leur reste à accomplir.
Que chacun de nos adhérents, dès le début de l’année, se hâte de renouveler sa feuille de cotisation, de payer ses timbres, et puis, qu’il se hâte, aussi, de regarder autour de lui, s’il n’y a pas un citoyen, un travailleur, qu’il doit amener à prendre sa place dans nos rangs.
Menons activement la propagande en faveur de nos idées et de nos groupements. Il y a les réunions à organiser et, aussi, les conversations quotidiennes, avec les parents, les amis, les voisins ; on peut en profiter pour leur faire partager nos convictions.
Les articles et les renseignements des journaux fournissent à cet égard une documentation sûre et abondante, dont chacun peut faire son profit.
…
XXX
A chaque renouvellement de l’année juive, les Israélites, après avoir échangé leurs vœux, terminent par la formule : « L’an prochain à Jérusalem », Ils indiquent ainsi, qu’ils y croient ou non, ce qui doit être leur souhait ultime.
Si nous étions sûrs que pendant l’année qui commence, les travailleurs seront fermement décidés à s’entendre, à s’organiser et à travailler pour leur libération, nous pourrions dire : « L’an prochain dans une société meilleure, où le bien-être, la justice et l’équité Régneront, puisqu’il n’y aura plus ni exploités ni exploiteurs. »
Eugène GAILLARD.
1 janvier 1930
Le 1er janvier 1939 le Populaire souhaite une bonne année à ses lecteurs. Il rappelle que les facteurs ont beaucoup de travail car il faut distribuer un volume important de courrier puisqu’à cette époque on envoie de nombreuses cartes de vœux. De son coté, le Président de la République, André Lebrun se réjouit devant les diplomates que le spectre de la guerre se soit éloigné !
Le 1er janvier 1940 pas de souhaits de bonne année à la une du Populaire mais des interrogations sur la suite des évènements..
Et une surprise en dernière page, une invitation à acheter « Mein Kampf », l’Evangile d’Hitler afin de comprendre sa politique…
Pendant la guerre et les premières années de la reconstruction, pas de vœux ni de publicités pour les étrennes. Avec l’arrivée de 1948 les choses changent.
Le 30 décembre les restaurants invitent les lecteurs a venir réveillonner chez eux.
Jean Le Bail, député de Limoges signe l’éditorial invitant les français à croire en la grandeur de la France et à en être fier. La photo d’un étal de volailles abondamment garni laisse présager un réveillon loin de ceux des années de guerre…
La croissance économique que va connaitre notre pays au cours des 30 années 1945-1975 que Jean FOURASTIE a appelé « Les Trente Glorieuses » va nous faire entrer dans la société de consommation. Les étrennes du Nouvel An vont perdre de l’importance par rapport aux cadeaux de Noel. Sans doute pour oublier les privations qu’ils ont connus mais aussi parce que le pouvoir d’achat a augmenté les parents n’ont plus offerts des bonbons ou des oranges a leurs enfants. Au pied du sapin de Noel couvert de guirlandes les chaussures sont trop petites pour recevoir les cadeaux, elles disparaissent sous un amoncellement de de jeux et de jouets sans oublier les chocolats…