LE HARAS DE NEXON.
Des papiers de famille de Nexon établissent que l’on s’occupait d’élever des chevaux de luxe à Nexon dés le commencement du 17° siècle. Ainsi en 1602 un habitant reconnaît tenir de M. de Gay une polène de l’âge de 18 mois. Même déclaration en 1603 pour une pouliche à Damoyselle Barbe de Chenaud, veuve de M. de Gay.
En 1656 François de Gay vend à M. de Lescurs, seigneur de Puy Galhard à Oradour sur Vayres un cheval moyennant 1000 livres. Celui-ci le trouvant trop cher, le vendeur lui répond que ce cheval de 6 ans est un coureur et le plus rapide de la province et qu’il vendait ses chevaux jusqu’à 2000 livres.
En 1634, inventaire du Château : 1 cheval d’aratz (étalon originaire du pays basque espagnol), 1 cheval de service, 2 juments et une poulaine.
Au 18ème siècle un grand nombre de poulinières existait à Nexon et presque tous leurs produits étaient vendus pour les écuries du Roi et pour les officiers supérieurs de l’armée. Les haras de Pompadour en achetèrent plusieurs.
On trouve ainsi en 1734, 24 chevaux recensés dans un inventaire des différentes fermes. En 1750 achat d’un étalon. Le roi donne le privilège de le tenir à titre de garde étalon pour le service des juments de son Canton.
En 1786, lettre du régisseur du Comte des Cars offrant les services d’un cheval Limousin de Pompadour qu’il détient.
Lorsque furent importés les chevaux d’orient on leur livre un grand nombre de juments. Un de ces étalons se distingue par la supériorité de ses produits. M. de Nexon se le procure.
Au moment de la révolution le haras possède une trentaine de poulinières dont presque tous les produits sont achetés par la maison du roi et pour les officiers supérieurs de l’armée. Les chevaux d’une bonne conformation, issus d’étalons arabes, étaient conservés comme producteurs et certains étaient achetés par les haras de Pompadour. Mais pendant la Révolution les chevaux furent vendus ou pris pour la remonte de l’armée. Le cheval de » remonte » remplace celui qui est jugé inapte à la mission et au travail demandés (âge, maladie, blessures etc.). La remonte du cheval de selle à toujours été un gros problème. Les chevaux étaient achetés dans des régions bien spécifiques. La Normandie fournissait des montures pour les cuirassiers, les dragons et les lanciers; la Bretagne les montures de trait destinées à l’artillerie et au train des équipages et le Sud-Ouest les chevaux de la cavalerie légère (hussards, chasseurs à cheval).
Ferréol de Gay de Nexon se plaint au Directoire de St Junien. Dès l’an VII on retrouve des chevaux à la Sélive. Trois juments échappèrent aux ravages de la Révolution et c’est avec elles que Mr de Nexon reconstitua sa race.
L’ancienneté de l’écurie et le titre de vraie race limousine qu’elle avait mérité ont donné à Mr de Nexon l’avantage de choisir au Haras de Pompadour, parmi les chevaux arabes, les étalons qui lui convenaient le mieux. En 1813 le directeur de Pompadour acquiert un cheval 2024 francs à M. de Nexon.
Celui-ci réorganise son haras avec les poulinières récupérées dont « L’Andalouse », fille d’un cheval andalou, don du Roi d’Espagne au roi de France.
Depuis 1821 le registre des poulinières a été tenu sans discontinuer.
Le premier baron de Nexon dont le nom figure sur les listes d’engagement pour les courses en limousin est Astolphe (1817-1876). En 1841 il achète au haras de Pompadour, Koeyl, un étalon arabe dont la descendance sera nombreuse et durable Amine, Gamba, Moheleda, Garba…
Dès 1840 le Baron importa d’Angleterre deux juments de race pure et il commença à faire courir. Chaque année, par la suite, il continua à importer des juments poulinières et des étalons dont les plus marquants ont été Weathergage, Malton et Pyrrhus the first, gagnant du Derby à Epson en 1846, chevaux qui furent tous achetés par l’Administration des Haras et qui contribuèrent grandement à l’amélioration de la race pure en France.
Ce n’est qu’après avoir fait réaliser un piste d’entrainement que les couleurs des de Nexon vont briller sur les champs de course. Le baron adopte définitivement la souche anglaise et il n’hésite pas à envoyer ses juments à la saillie en Angleterre.
La liste des principales juments présentent en 1839 (Seine, Lionne, Colombe…) figure dans l’ouvrage du Comte Achille de Montendre « Des institutions hippiques et de l’élève du cheval dans les principaux États de l’Europe », Tome II, Paris 1840 pages 337-338.
Il poursuivi dans cette voie avec ses fils Armand (1847-1912) qui épousa Marie Antoinette de Chérade de Montbron (1872-1934), et Auguste (1853-1932) qui épousa Gertrude Hainguerlot (1859-1886) dont il eut deux enfants, Maurice né en 1884 et Alice née en 1885 ; après son décès, il épouse en seconde noces, le 30 novembre 1889, une anglaise, Gertrude Ricardo.
A la mort de son père, survenue en 1878, le baron Armand de Nexon dirige le haras ses deux avec ses deux frères, Félix et Auguste. A la mort de Félix, en 1898, il continue avec Auguste seul, et, à partir de 1910, avec le fils de celui-ci, Maurice, qui continuera les grandes traditions sportives de la famille. Ses couleurs — casaque grise, toque cerise — étaient populaires dans le Sud-ouest où elles triomphèrent six fois dans le Derby de Bordeaux, avec Loustic {1810), Lutine (1873), Marquis (1875), Mascaret (1878), Loterie (1881), et Weber II (1908).
Au 31 décembre 1910 le haras comptait : 6 chevaux de service, 12 juments de pur sang et leurs 7 poulains de l’année, plus 18 nés en 1909 et 17 en 1908.
Les petits fils Maurice, né en 1884, Robert (1892-1967) et Georges vont poursuivre l’œuvre de leur grand père. Ferréol de Nexon héritier du domaine et des terres, abandonne peu à peu l’élevage chevalin devenu peu rentable. Après avoir cédé le château à la municipalité en 1983, il vend sa dernière poulinière en 1990 et met fin, à 500 ans d’histoire de sa famille et de l’élevage du cheval dans le bourg de Nexon.
La casaque gris perle, toque cerise du Baron de Nexon était l’une des trois couleurs les plus anciennes de France.
Sources :
Philippe Grandcoing « Le cheval en limousin dans la première moitié du XIX siècle » page 216 in « Cheval Limousin, chevaux en Limousin » sous la direction de Bernadette Barriere et Nicole de Blomac. Pulim, Limoges 2006.
Comte Achille de Montendre « Des institutions hippiques et de l’élève du cheval dans les principaux Etats de l’Europe », Tome II, Paris 1840.
Un ouvrage du baron d’Etreillis publié en 1873 consacré à la « Physionomie des écuries de courses françaises » analyse la situation dans les écuries de Province et décrit celle du baron de Nexon auquel il rend un brillant hommage.
Pour que les non spécialistes du cheval comprennent la description des chevaux quelques précisions.
Les deux couleurs de robe des chevaux du haras de Nexon sont alezan ou bai:
Alezan est une couleur très fréquente, caractérisée par un pelage composé de poils roux à brun plus ou moins foncés, les crins et les extrémités étant de la même couleur ou d’une nuance plus claire que la robe, mais jamais plus foncés que celle-ci. On distingue plusieurs types de robes alezanes, d’alezan clair à alezan brûlé, couleur du café torréfié, quasiment marron.
Bai est également une couleur fréquente. Le pelage est dans les tons roux, marron à chocolat. La crinière, la queue, le contour des oreilles et le bas des membres sont noirs.
Il y a aussi des robes blanches, grises ou noires.
Le cheval peut présenter diverses marques en tête, suivant leur taille et forme, ces marques blanches portent un nom différent :
L’en-tête est une tache de poils blancs sur le front du cheval.
La pelote est une tache ronde ou ovale sur le front.
La liste est une marque verticale généralement située au milieu de la tête, qui descend sous la ligne des yeux.
Différentes possibilités de marques en tête :
Fortement en tête prolongé par liste
Faiblement en tête prolongé par fine liste
En tête prolongé par liste, boit dans son blanc et ladre
En tête irrégulier et mélangé prolongé par liste irrégulière déviée à gauche et boit dans son blanc
Liste interrompue
Belle-face
Petite pelote en tête
Pelote en tête
En tête en losange prolongée par fine liste
En tête irrégulier à droite
Grisonné
Boit dans son blanc
Les membres peuvent eux aussi présenter différentes marques, suivant la taille et forme, elles portent un nom différent.
La balzane est une tache de poils blancs sur les jambes. La balzane chaussée monte jusqu’au-dessous du genou (membre antérieur) ou du jarret (membre postérieur), la balzane haut chaussée englobe le genou ou le jarret.
Différents cas de balzanes :
Balzane chaussée
Grande balzane
balzane
petite balzane
principe de balzane
trace de balzane.
PHYSIONOMIE DES ÉCURIES DE COURSES FRANÇAISES
PROPRIÉTAIRES – ENTRAINEURS – JOCKEYS
PAR LE BARON D’ÉTREILLIS (NED. PEARSON)
PARIS J. ROTHSCHILD, ÉDITEUR 13, RUE DES SAINTS-PÈRES, 13
1873
Deux chapitres concernent les écuries de Nexon. Le premier, « Les écuries en Province. Circonscription du Midi », pp. 425-429, rend hommage aux propriétaires du Midi pour leur action en faveur du cheval malgré des conditions moins favorables que pour les élevages du Nord.
Le second, «Écurie de M. le baron de Nexon », pp. 430 – 434, présente l’élevage du baron de Nexon et décrit 18 de ses chevaux.
LES ÉCURIES EN PROVINCE CIRCONSCRIPTION DU MIDI
Le mouvement fiévreux des courses, leur concentration de plus en plus accentuée sur les hippodromes de Paris et de Chantilly, et peut-être aussi les tendances un peu trop exclusivement spéculatives du public ordinaire, empêchent pendant le cours de la saison de prêter aux écuries de province toute l’attention qu’elles comportent. Au point de vue général et sérieux, leur importance est cependant plus réelle que celle de bon nombre d’établissements sans physionomie bien définie, nés d’hier pour mourir demain et dont le rôle parasite se borne à glaner toujours sur un champ qu’ils n’ensemencent jamais. Les courses ont une raison d’être justifiée, à la condition de demeurer l’expression de doctrines se rattachant à une idée pratique, applicable aux besoins généraux du pays. Réduites à un spectacle ou une occasion de jeu, elles ne tarderaient pas à perdre le caractère qu’il est indispensable de leur conserver. Les éléments qui tentent de les entraîner dans cette voie seraient impuissants à les alimenter, et réussiraient seulement à convertir en une industrie douteuse une œuvre féconde et utile. L’influence des propriétaires de province est sous ce rapport beaucoup plus directe. Occupant tous une position considérée dans le pays qu’ils habitent, vivant au milieu des éleveurs, ils sont mieux à même de les familiariser avec cette idée de course appliquée à la production générale et presque toujours si mal comprise dans notre pays. Des hommes comme MM, de Nexon, Vanteaux et de Beauregard, par exemple, ont beaucoup plus fait pour l’amélioration générale, que des réunions de courses isolées, ayant lieu annuellement dans des localités où le lendemain de la solennité on ne se préoccupe plus de ces questions.
La circonscription du Midi est surtout, sous ce rapport, digne d’intérêt et d’encouragements. Non seulement c’est un des centres d’élevage de pur sang les plus considérables et les plus intelligents, mais encore une des rares contrées où on ne se contente pas de faire des chevaux, et l’on forme en même temps des hommes de chevaux. Presque tous les propriétaires de la division MM. de Vanteaux, Nexon fils, de Beauregard, Prat, s’ils ne président pas exclusivement à la préparation de leurs chevaux, y prennent part activement ; tous montent ou ont monté leurs produits en public, chaque fois qu’ils en ont eu l’occasion ; ils les appliquent à tous les usages des réunions ordinaires. Il est aisé de comprendre l’influence d’un semblable exemple ; aussi le Midi est-il de toute la France le pays où le cheval de pur sang est le plus et le mieux apprécié en dehors de sa spécialité de coureur. Ce résultat est en grande partie dû aux écuries résidant sur les lieux mêmes et à l’intelligente direction de leurs propriétaires…
Les propriétaires du Midi ne sauraient affronter la concurrence des écuries du Nord dans des conditions d’égalité indispensables pour y courir équitablement leur chance. Non pas que la production soit intrinsèquement partout inférieure à celle du Nord, mais ils manquent, pour la préparation de leurs chevaux, des ressources que l’on trouve sans peine à Chantilly et à Compiègne. Il leur faut suppléer à cette insuffisance par des dépenses et des soins qui n’atteignent encore le but qu’imparfaitement. M. le baron de Nexon a dû faire préparer une piste d’entraînement de 2,000 mètres, sur sa propriété même. De semblables moyens sont à la portée de peu de personnes, et ne compensent pas d’ailleurs les avantages d’une préparation comme celle que les chevaux du Nord sont à même de recevoir. Les écuries du Midi disparaîtraient donc forcément, si de justes et sages restrictions ne leur garantissaient pas les moyens de se soustraire à une aussi redoutable concurrence. L’avantage de décharge accordé aux chevaux divisionnaires a justement été supprimé. Il est contraire au principe même de grandes courses caractéristiques, qui doivent toujours être gagnées par le meilleur cheval, en dehors de toute autre considération. Mais nous regrettons de ne pas voir les intérêts de la division du Midi mieux sauvegardés par un plus grand nombre de prix réservés exclusivement aux chevaux de cette provenance, et d’autres courses où les chevaux du Nord seraient admis avec une surcharge. Le Midi est sous ce rapport à peu près abandonné à sa propre initiative, et on ne saurait le blâmer d’appliquer la plus grande partie de ses ressources à ses intérêts directs, dont personne ne prendrait souci, s’il ne s’en préoccupait lui-même.
C’est à ces mesures protectrices que l’élevage du Midi doit d’avoir pu conserver son homogénéité, malgré la tourmente que nous venons de traverser. Si elles étaient étendues davantage, on pourrait donner une juste satisfaction à de légitimes intérêts. Telles qu’elles sont constituées, l’ensemble des écuries du Midi constituent cependant un précieux auxiliaire pour le développement de la race de pur sang en France et la propagation des doctrines dont elle est l’expression.
ÉCURIE DE M. LE BARON DE NEXON
– ENTRAINEUR: W. SARGANT
– JOCKEYS GREEN ET W. COOPER
La plus importante des écuries de la circonscription est celle de M. le baron de Nexon. Elle est constituée sur les bases d’une existence qui, malheureusement, tend tous les jours à disparaître de notre organisation sociale. M. le baron de Nexon habite la terre de son nom ; il dirige lui-même son haras et la préparation de ses chevaux. L’un et l’autre, annexés à une grande exploitation agricole, en sont en quelque sorte la conséquence. M. de Nexon élève dès chevaux à peu près depuis sa naissance ; mais, en 1840 seulement, il a eu l’idée de joindre à son haras un certain nombre de poulinières, qu’il est allé chercher lui-même en Angleterre. Depuis, l’accessoire a emporté le principal, c’est-à-dire que la production de pur sang est devenue la branche la plus importante du haras de Nexon, qui ne compte pas moins de soixante-dix animaux de toute provenance. Une prairie de cinquante hectares est uniquement réservée à cette destination, les chevaux peuvent à l’aise y galoper dans tous les sens.
M. le baron de Nexon porte un si constant intérêt à ses produits, qu’il n’a pu se résigner à les envoyer entraîner loin de sa surveillance. Depuis douze ans, ils reçoivent leur préparation à Nexon même, où leur propriétaire a fait disposer une piste de sable de 2,000 mètres et une de gazon de même étendue.
Le fils aîné de M. le baron de Nexon seconde activement son père dans un goût qui semble un don de famille ; il assiste à l’exercice et est connu sur tous nos hippodromes comme l’un des meilleurs gentlemen riders français. Il apporte dans ces luttes, assez rares aujourd’hui, l’avantage d’une, constante condition qui, généralement, fait défaut aux plus habiles cavaliers.
L’intervention de M. le baron de Nexon dans l’élevage de pur sang français s’est manifestée à tous les points de vue ; il a importé en France plusieurs étalons de mérite, entre autres Pyrrhus The First, que l’Administration des Haras s’est hâtée d’acheter dès qu’ils ont eu fait leurs preuves. Les constants succès de M. le baron de Nexon dans la division du Midi sont une juste récompense de longs sacrifices et d’une organisation complète et intelligente. On doit regretter qu’il ne se produise pas plus souvent sur les hippodromes du Nord, où tout le monde serait heureux de voir M. de Nexon gagner une grande course. Ce serait la légitime consécration d’une longue carrière, consacrée à l’une des principales industries du pays qu’il habite, et d’un constant dévouement aux doctrines dont la propagation de la race pure est l’expression.
CHEVAUX DE CINQ ANS
Princeps.– Par Zouave et Princess. Alezan brulé ; balzane postérieure gauche, petite lisse en tête, très gros, grand et fort.
Kaolin. — Par Zouave et Dainty. Bai ; balzane herminée postérieure.
Royale. — Par Zouave et Auréole. Baie ; petite en tète, très grande.
CHEVAUX DE QUATRE ANS
Francœur. – Par Zouave et Day Spring. Alezan ; deux balzane postérieure gauche haut chaussées, une antérieure droite, une grande tache blanche aux sangles du côté gauche, buvant dans son blanc. Très régulier, très joli cheval mais un peu petit.
Monaco II. — Par Zouave et Ada Mary. Bai; petite balzane postérieure gauche; quelques poils blancs en tête.
La Mouette. — Par Zouave et Reine de Naples. Alezan doré ; balzane postérieure gauche haut chaussé ; lisse blanche en tète.
CHEVAUX DE TROIS ANS
Gringalet. — Par Marengo et Mico. Alezan ; balzane antérieure gauche, demi-lune blanche en tête, petit cheval régulier.
Volontaire. — Par Marengo et Smala. Alezan ; petite balzane postérieure gauche, quelques polis blancs en tète. Grand, très élégant cheval.
Moblot. — Par Marengo et Pierrette. Alezan. Petite balzane antérieure droite, trace de lisse en tête. Grand poulain, très décousu, ayant besoin de prendre de la force
Lutide. — Par Zouave et Eming. Brun zain. Grande pouliche, avec beaucoup de sang, sœur de Loustic.
Mauviette. — Par Zouave ou Marengo et Misadventure. Baie zain, Petite jument très régulière, sœur de Cantinière.
CHEVAUX DE DEUX ANS
Archiduc. — Par Zouave et Reine de Naples. Alezan brulé; quelques poils blancs en tête. Joli poulain élégant et fort sans être très grand.
Le Chambigier — Par Marengo et Vesta. Alezan; petite pelote en tête. Régulier mais petit cheval.
Aventurier. — Par Zouave et Day Spring. Bai; balzane postérieure gauche, lisse en tête. Assez grand, bien membré.
Ludonnais. — Par Bagdad et Equation. Alezan ; deux balzanes postérieures, grande lisse en tête. Très régulier, élégant, un peu court, très fort.
Chambord. — Par Zouave et Auréole. Alezan brulé rubican; deux balzanes postérieures ; deux lisses en tête. Très grand poulain, très fort de membres, frère de Glaïeul.
Dragée. — Par Tourlourou et Zizi. Baie ; deux balzanes postérieures, grande lisse. Petite pouliche très compacte.
Pistache. — Par Marengo et Espérance, Baie ; petite pelote en tête, pouliche très réguliers, assez grande.
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Un peu plus tard, en 1906, une prestigieuse revue, Le SPORT UNIVERSEL ILLUSTRE , a également consacré un article au haras de Nexon.
Le premier numéro de SPORT UNIVERSEL ILLUSTRE a été publié le 1er Octobre 1895. Son objectif était d’informer le public sur » tous les sports et l’élevage, en conservant la plus large part au cheval et au cycle, qui se partagent actuellement le gout du public. » Si la rédaction écrit ceci c’est qu’en 1895 le cheval est encore le premier moyen de locomotion. Paris en compte plus de 80 000. Toutes les grandes familles possèdent des chevaux et elles aiment se faire photographier avec leurs plus beaux spécimen. Ce journal, publié deux fois par mois met l’accent sur la photographie « dont l’absolue exactitude écartera les erreurs qui proviennent souvent de l’interprétation » écrit le rédacteur en chef dans le premier numéro. Ce numéro est le produit de la fusion avec la luxueuse revue La Photographie hippique fondée par Jean Louis Delton et ses fils Louis Jean et Georges. Le père, Jean Louis Delton, ancien officier de cavalerie avait créé en 1862 un studio de photographie où toute l’aristocratie et la bourgeoisie se faisait photographier. Il a ainsi fait poser, montés sur leurs chevaux préférés, posant devant de gigantesques toiles peintes la famille impériale, le roi de Prusse…Du studio ils sont passé à l’extérieur et en 1884 réalisent les premières photos de chevaux en mouvement.
En décembre 1906 un long article est consacré au Haras de Nexon. Il sera publié en 3 fois dans les numéros du 16 décembre, du 23 décembre et du 30 décembre.
Le baron Armand de Nexon à coté de la tribune au milieu de la piste que le baron a fait construire sur sa propriété
Vue de la piste avec au centre la tribune pour observer les galops
E-H BRIDGELAND : brillant jockey puis entraineur.
Élevé à l’école d’Henri Jennings, après avoir passé chez M. Lupin et chez Jack Cunnington qui entraînait les chevaux du vicomte de Trédern, Bridgeland a débuté sur les hippodromes en 1879, portant la casaque de M. Fould. Il resta attaché à cette écurie jusqu’à la fin de 1887.
Bridgeland (n°4) avec les meilleurs jockeys de France en 1890
L’année suivante, il devenait premier jockey du baron de Soubeyran. Jean-Marie Georges Girard, baron de Soubeyran (1828-1897) fait des études de droit et effectue une carrière de Haut fonctionnaire dans les ministères puis au Crédit Foncier de France. Homme politique il est réélu sans interruption député de la Vienne entre 1863 et 1893. Fortuné, il rachète en 1873 le quotidien Le Soir, fondé en 1869 par le banquier Merton, et impose une ligne éditoriale plus conservatrice. Il crée la Banque d’Escompte de Paris ainsi que différents établissements financiers ou d’assurances. Entre 1881 et 1890, il dirige les haras de Saint-Georges, près de Moulins dans l’Allier, qu’il a rachetés avec le vicomte d’Harcourt et le duc de Castries. Bridgeland est l’un des quatre jockeys du baron. Quatre années de suite il est arrivé premier sur la liste des jockeys gagnants en portant la casaque blanche.
À la suite d’irrégularités, le Tribunal de commerce de la Seine prononce la faillite de la Banque d’Escompte de Paris en février 1894. Le baron de Soubeyran est d’abord arrêté puis libéré. Ses biens sont liquidés. Ruiné, il meurt trois ans plus tard.
Le vicomte d’Harcourt se l’ait attaché lorsque l’association d’Avermes fut dissoute. Et le brave jockey a défendu vaillamment les intérêts de son propriétaire jusqu’au moment où la monte américaine s’est imposée.
Bridgeland (n°21 ) avec les meilleurs jockeys de France en 1895
Les vingt -deux meilleurs jockeys de plat et d’obstacle en 1895 sont , comme en 1890, en majorité des anglais. 1 Edward Watkins – 2 Wycherley – 3 Tom Lane – 4 Kearney – 5 Hartley – 6 Belle – 7 Hunter – 8 A. Newby- 9 J. Watkins –10 Dodd – 11 Storr – 12 T. Franch – 13 Rolfe – 14 J. Childs – 15 Collier – 16 Barlen – 17 W. Pratt – 18 J. Cooke — 19 Dodge– 20 Albert Johson – 21 Bridgeland – 22 Boon
Bridgeland pèse 47 kilos. Il fait partie des jockeys de poids moyen (moins de 50 kilos). Les lourds pèsent entre 50 et 55 kilos. On y trouve Dodge (55) T. Lane (53,5). Les légers pèsent moins de 45 kilos. Les jockeys sont jeunes et doivent faire attention à ne pas grossir. Ils ne montent en général pas plus de 10 années.
A. Richard Penart dans LES COURSES RAISONNÉES GUIDE DU PARIEUR publié en 1895 décrit Bridgeland ainsi :Bridgeland « est ce qu’on peut appeler un bon jockey ; généralement monte bien, mais s’il s’entend bien avec certains chevaux, il en est d’autres aussi avec lesquels il fait très mauvais ménage. Je n’aime pas beaucoup Bridgeland dans les courses de fond. On a dit, l’année dernière, que Bridgeland avait perdu plusieurs courses, de sa faute, par suite de manque d’énergie à l’arrivée. Cette faiblesse de sa part était très excusable, car Bridgeland passait la plupart de ses nuits en chemin de fer, sur la route de Moulins, et rien ne fatigue davantage que cette déambulation perpétuelle »
A Limoges, sur l’hippodrome de Texonnieras, en mai 1904, à la troisième course, Bridgeland, montant Malakoff, au baron de Nexon, est tombé au dernier tournant et s’est fracturé la clavicule. C’est la fin de sa carrière de jockey. Comme un certain nombre d’entre eux il devient entraineur. Il reste au service du baron de Nexon.
Carte postale postée le 4 décembre 1904 signée par E. Bridgeland et adressée à l’entraineur Flatman pour lui demander s’il a bien reçu les châtaignes qui lui ont été envoyées.
L’effectif de l’écurie de courses de Nexon atteignait, au début de 1907, plus de cinquante têtes, exactement 54. Pour la campagne de 1908, Bridgeland n’a plus que deux chevaux de 5 ans, quatre chevaux de 4 ans sous sa direction ; en revanche il n’a pas moins de quinze trois ans et trente-trois poulains de 2 ans. Ce dernier chiffre excède de beaucoup celui de la production du haras, même en y comprenant les élèves de Combas, que M de Neuville envoie régulièrement essayer à Nexon, car il possède une part d’associé dans l’écurie. Le surplus est formé par les yearlings de M. Cornet, à Bagnères-de-Bigorre et du marquis d’Ambelle, dans la Dordogne.
Bridgeland devant sa maison d’habitation à Nexon
Barthélémy BOUTINAUD : un amoureux des chevaux
A peine âgé de 16 ans le jeune Boutinaud s’engage comme palefrenier – cavalier chez M. de Rovira qui possède un haras dans son domaine de Capeillans à Saint Cyprien.
Il y reste deux ans et quitte cette maison au grand regret du propriétaire. Le 30 mars 1921 il lui écrit une lettre de recommandation et espère qu’après son service militaire il reviendra travailler chez lui.
C’est un jeune homme élégant qui pose en tenue de gentleman farmer
Il effectue son service militaire, mais sans doute que les chevaux lui manque car la joie ne se lit pas sur son visage ni sur celui de ses camarades.
Son service effectué, la passion des chevaux ne quitte pas le jeune Boutinaud. Il commence une carrière de jockey et sa licence de jockey de 1936 atteste qu’il a déjà gagné 15 courses..
Sur la photo suivante c’est lui qui monte le cheval en train de gagner la course.
Les parcours son particulièrement bien étudiés ainsi qu »en témoigne le schéma suivant:
Puis il entre en contact avec le baron de Nexon et c’est ainsi qu’il va pendant plusieurs dizaines d’années s’occuper des chevaux à la fois comme palefrenier, jockey et homme de confiance. Il conduit les chevaux sur les champs de course…
…et prend soin d’eux a l’écurie…
…et avec sa famille il prend quelques moments de repos dans le parc du château…
…et son épouse apprécie les fleurs des parterres.
La famille Boutinaud logeait dans une des maison du parc, a proximité des chevaux qui ont été à la fois une passion et un travail.
Cet article fait suite a ma rencontre avec la petite fille de Barthélémy Boutinaud. Les documents qui l’illustrent sont sa propriété.
Bonjour!quelle bonne surprise!je suis la petite fille de Barthélemy Boutinnaud jockey du baron de Nexon j’ai des cartes postales et autres documents si cela vous intéresse…