La Place de l’Eglise (I) Le côté nord n° 1 à 4

L’Eglise Saint-Jean-Baptiste de Nexon, est au cœur de cette place à laquelle elle a donné son nom.  

La place est délimitée à l’ouest par la rue d’Arsonval. Cette rue a été tracée à la fin du XIXe siècle et s’appelait alors rue Nouvelle. De même la rue Victor Hugo qui traverse la place n’existait pas. La traversée de Nexon s’effectuait par la rue Gambetta et son prolongement la rie Pasteur L’accès à la place de la république n’était possible qu’à pied, une construction, le numéro 100 du plan napoléonien (croix rouge sur le plan), était au milieu de l’actuelle rue. Sur le plan Napoléonien ci-dessous, les deux voies de circulation anciennes sont en bleu et les voies nouvelles en jaune.

Sur la place les maisons sont numérotées de 1 à 12 en partant de la rue d’Arsonval et en tournant dans le sens des aiguilles d’une montre pour revenir en face de la rue d’Arsonval.

Le numéro 1 a été attribué à la maison située à l’entrée de la place en venant du bourg. Cette maison n’existe pas sur le plan napoléonien. Les visiteurs pensent souvent qu’il s’agit de l’ancien presbytère ; Il n’en n’est rien, même si l’histoire dit que cette maison aurait été construite par un riche curé et qu’il l’aurait léguée à ses deux nièces…

Dans les années 1930 elle était habitée par la famille PINGARD, Victor PINGARD étant inspecteur à la Compagnie Paris-Orléans.

Recensement de 1936

En 1942 ou 1943 une photo prise pendant une fête religieuse la montre sans éclat, les volets non peints contrairement à ceux de la maison voisine, rue d’Arsonval.

Après la deuxième guerre Mme PINGARD vit avec les BRIDGELAND, la maison ne change pas d’aspect et elle est très souvent fermée.

Rachetée dans les années 1980 par la famille PAUZET, la maison a été remarquablement restaurée.

N° 1 place de l’église en 2020

Le numéro 2, se situe de l’autre coté de l’église. L’accès se situe entre la sacristie et la maison des n°3 et 4.

Les bâtiments du n° 2 encadrés en jaune

En 1896 y est installé François COUVIDOU (1839-1915) qui est marchand de bois et son épouse Babet FAUGERE (1844-1918) déclarée aubergiste au recensement de 1896. A cette date 4 enfants vivent avec eux, Simon (1862-1908), marchand de bière, Anna, Marie et Emile.

Recensement de 1896

En 1901 et en 1905 François et Simon sont toujours présents et exercent les mêmes activités. Une des filles COUVIDOU, Marie, épouse Jean QUINQUE (1861-1942) et après avoir habité au Courdein ils s’installent place de l’église où Jean va exercer son métier de tonnelier.

En 1911 Jean QUINQUE et son épouse sont installés avec leurs fils Edmond et Simon, tous les deux tonneliers avec leur père. Ils vivent avec une partie de la famille COUVIDOU. François a 72 ans et il est toujours marchand de bois, sa fille Amélie est couturière et son fils Emile est sellier, son épouse aubergiste. Simon COUVIDOU qui était marchand de bière est décédé en 1908 à l’âge de 46 ans.

Recensement de 1911

Jean QUINQUE a eu deux enfants, Edmond (1886-1975) et Simon (1890-1957). Edmond est resté à Nexon ou il a ouvert un commerce de bière et charbon et Simon qui était tonnelier est parti à Paris puis en Belgique comme représentant.

Le 5 octobre 1911 à Nexon, Edmond QUINQUE a épousé Marie BEYRAND (1892-1985).

Mariage d’Edmond Quinque et Marie Beyrand. Les parents du marié, Jean et Marie Quinque sont à droite, ceux de la mariée à gauche. Simon, le frère du marié, est debout, derrière sa mère. [Geneanet arbre Pascal LEMERCIER (gropif)]

Comme tous les garçons nés entre 1870 et 1896 ils ont fait leur service militaire d’une durée de deux ans et ils ont été rappelés en 1914. Edmond a effectué son service militaire du 7 octobre 1907 au 25 septembre 1909 qu’il a terminé comme brigadier. Rappelé le 3 aout 1914, il est fait prisonnier le 23 aout. Rapatrié d’Allemagne le 3 janvier 1919 il est démobilisé le 15 avril 1919. Son frère Simon a été appelé le 9 octobre 1911 pour rejoindre la 20e section de commis et ouvriers d’administration (20e SCOA) en Algérie. Il termine son service en novembre 1913 avec le grade de sergent. Rappelé le 4 aout 1914 il est revenu à la vie civile le 21 aout 1919 avec le grade d’adjudant. En 1939 il a été rappelé le 1er septembre 1939 et renvoyé dans ses foyers le 28 octobre 1939. On mesure les perturbations que plus de 6 ans passés sous les drapeaux, dans des conditions souvent très difficiles, entrainent pour la vie personnelle, familiale et professionnelle.

Edmond a eu deux enfants , Aimé (1913-1985) et Simone (1919-2013). Simone a épousé Jean Alfred COMBEAU et a effectué un beau parcours comme cadre supérieur à la Banque de France. Aimé est resté à Nexon et a travaillé avec son père.

Au recensement de 1936 , Jean QUINQUE et son épouse, son fils Edmond et son épouse, ses petits enfants Aimé et Simone ainsi que les beaux-parents d’Edmond vivent ensemble.

Recensement de 1936

Jean QUINQUE est décédé en 1942 et son épouse en 1945.

Le Populaire 9 novembre 1945

En 1942 également, le 24 octobre, Aimé QUINQUE a épousé Maria DESMOULIN (1919-1990 ). De ce mariage naitra leur fille Marie Françoise.

Edmond a développé son activité de brasseur et de marchand de charbon avec le concours de son fils Aimé.

Quand Edmond a pris sa retraite Aimé à continué uniquement le commerce de la bière.

L’immeuble qui abrite les numéros 3 et 4 actuels n’a pas toujours eu la même physionomie. On peut suivre son évolution sur les différentes cartes postales qui ont été publiées.

Agrandissement d’une carte postale postée le 27 novembre 1901

Sur cette agrandissement on voit qu’à la maison a été adossé un appentis. De droite à gauche on trouve une épicerie, tenue par Léonard DELIRAND, un tailleur et un zingueur, Henry CHARREIX.

Recensement de 1896

En 1905 la structure de l’immeuble n’a pas changé mais à la place d’Henry CHARREIX, zingueur, on trouve un sellier-bourrelier Emile COUVIDOU.

Vers 1910 l’appentis est démoli et l’ensemble de l’immeuble va être modifié.

La démolition de l’appentis et la reconstruction de l’immeuble.

Le nouvel immeuble est plus imposant que le précédent et il y a toujours trois activités mais seulement deux vitrines. A gauche le coiffeur et la buvette et à droite l’épicerie est toujours là.

Le coiffeur est François DEBORD, né à Nexon le 4 janvier 1892. Lorsqu’il épouse Marguerite PORTEFAIX il est déjà coiffeur. On notera que dans l’immeuble loge une infirmière, Marie CHABAUD, âgée de 60 ans.

Recensement de 1921

Pour le recensement de 1926 deux enfants sont nés dans la famille DEBORD, André en 1921 et Jean en 1923. Un autre coiffeur arrive, logé chez les DEBORD, Emile GOURINCHAS né en 1899. En 1931 il est rayé des listes électorales mais son épouse est recensée comme coiffeuse. Un garçon coiffeur, JANIN, est logé dans l’appartement.

Recensement de 1931

Un peu avant la seconde guerre mondiale l’épicerie devient buvette. Il y a ainsi deux buvettes pratiquement l’une à coté de l’autre.

Au numéro 3, lorsque le commerce a fermé l’immeuble est resté la propriété de la famille DEBORD dont le fils Jean était mécanicien chez M. LASPERAS.

Recensement de 1936

Dans les années 1960-70 le logement a été occupé par différentes personnes, en particulier l’entreprise de taxi qui a pris la suite de Bernard LASPERAS qui exerçait son activité au n° 11 de la place. L’entreprise CTRE AMBULANCIER ET FUNERAIRE LIM PERIGO était situé à Solignac a fonctionné de mai 1997 à octobre 2002.

En janvier 2008 la société Puissance Analyse y a exercé son activité du commerce de gros de composants et d’équipements électroniques et de télécommunication. En 2021 elle est installée à la ZA des Gannes.

Le numéro 4 . Un jeune coiffeur arrivé de Creuse, Georges ANDRE, le 10 septembre 1934 épouse une jeune nexonnaise, Marie Madelaine BONNAUD âgée de 20 ans.

Recensement de 1936

Georges et Marie Madelaine que les clients appelleront vite « La Madelon », vont travailler ensemble. Le salon et la buvette passent à droite de l’immeuble, Georges coupe les cheveux, son épouse fait les barbes.

Georges ANDRE à un banquet du foot;

Comme tous les salons à cette époque il n’y avait pas de rendez-vous. On attendait souvent une heure, surtout quand nous étions enfants, les adultes étaient prioritaire et le coiffeur s’arrêtait de temps en temps pour aller trinquer avec ses clients. Le charme résultait des discussions sur tous les sujets, chasse, pêche, mais surtout foot dont Georges était un inconditionnel et un dirigeant fidèle. Son épouse servait les clients qui attendaient leur tour à la buvette. La pause casse-croute du coiffeur vers 16h30 était sacrée ce qui permettait aux clients en attente de prendre une nouvelle consommation et pour ceux qui ne buvaient pas, comme mes frères et moi quand nous étions gamins, l’attente s’allongeait et nous plongions alors dans la lecture des Mickey et autres journaux pour enfants qui s’empilaient sur la table. Pour nous la coupe était simple, une brosse et les trois garçons nous avions la même tête!

Avec mas frères Daniel et Michel, Alain derrière à gauche, tous la même coupe de cheveux. 3 mai 1959

Lorsque Georges André a pris sa retraite il a été remplacé par Marc.

Puis par les Ambulance-Taxi BARRAUD Père et fils. Aujourd’hui il n’y a plus de commerce au numéro 4.

La ruelle qui fait l’angle du salon de coiffure était principalement empruntée par les chevaux qui sortant des écuries de la cour du château descendaient dans les près devenus aujourd’hui des lotissements. Elle a été baptisé au début des années 2000 « passage Pocheros » (prononcer peau-chair-os) du nom la Compagnie Pocheros fondée en 1993et composée d’anciens élèves du Centre national des arts du cirque. Elle est venue à Nexon plusieurs fois.

Le Passage Pocheros de la place de l’église vers la rue Pasteur.

Le long du mur, en allant vers le château une belle fontaine où s’abreuvaient les chevaux.

Les chevaux s’abreuvent en descendant au pré. Au premier plan la bascule.

Au milieu de la place, devant la sacristie se tenait la bascule publique. Le mécanisme était abrité dans une construction en pierre de forme carrée, coiffée d’un toit à quatre pans couvert en ardoises surmonté d’un épis en zinc. le fonctionnement de la bascule était assuré par M. et Mme QUINQUE.

Merci à Marie Françoise QUINQUE-GRIZON pour les souvenirs échangés et les précisions apportées.

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