La décision de créer une ligne de chemin de fer entre Limoges et Agen passant par Nexon et Périgueux a été prise par décret impérial le 21 avril 1853. Elle est considérée comme prolongement de Paris – Limoges vers Périgueux et Agen, puis ultérieurement les Pyrénées et s’inscrit dans la politique de Napoléon III de développer l’économie par une politique de grands travaux, confiés à l’initiative privée.
Le premier train est arrivé à Limoges le 2 juin 1856, c’était un train de marchandises, les voyageurs arriveront 2 semaines plus tard. Il était logique de poursuivre la ligne vers le Sud. La concession a été accordée à la Compagnie du chemin de fer Grand-Central de France. Ce choix résultait de la volonté de fractionner le réseau en plusieurs compagnies pour éviter qu’elles deviennent plus puissantes que l’Etat. Mais très vite la Grand-Central connaît des difficultés financières qui conduisent à sa dissolution. La concession est alors transférée à la Compagnie du chemin de fer de Paris à Orléans le 19 juin 1857.
Les travaux, commencent en 1856 mais le tracé n’est pas encore définitif. A Nexon la compagnie exproprie les terrains au cours de l’années 1859. On évite les villages et le tracé de la ligne ne doit pas comporter de pentes trop importantes et pour cela elle va contourner Nexon comme on le voit sur le plan cadastral de 1817.
Les expropriations ont touchés des centaines de propriétaires, le plus souvent pour des parcelles de quelques dizaines d’ares et rarement de plus d’un hectare. Le journal « Le 20 décembre » publie dans son numéro du 6 octobre 1859 la liste des parcelles expropriées sur la commune de Nexon.
La manchette du journal du 6 octobre 1859 comporte deux encadrés , surlignés en jaune, avec les heures de départ et d’arrivée des trains pour Paris. Les trois trains qui partent de Limoges pour Paris sont à 7 heures, 11h.40 et 4h. 40 le soir.
On note ici qu’une terre de plus de 2 hectares est expropriées à M. Jean DUCOUILLAC. Au total ce sont plus de 5 hectares qui lui sont expropriés. On peut également noter que l’une de ses terres se nomme ‘de la vigne », nom que l’on retrouve plusieurs fois, ce qui montre qu’il y a eu des vignes à Nexon. Toutes les parcelles expropriées sont des terres, des prés, des châtaigneraies et parfois des pâturages ou des vergers.
Une enquête publique est ouverte du 1er au 9 mai 1860 sur l’emplacement des gares de Nexon, Saint-Hilaire-Lastours ( cette commune est devenue Saint-Hilaire-les-Places par le décret du 27 mars 1905) et Bussière-Galant.
Il n’a pas toujours été nécessaire d’exproprier les propriétaires, des acquisitions ont également eu lieu. Elles ont pris du temps puisque la liste en a été publiée dans Le Courrier du Centre du 19 fevrier 1861 avec le nom, la nature des parcelles, leur surface et le prix payé. Incontestablement ils sont moins nombreux que ceux qui ont été expropriés. A Nexon seul M. DECOULAC, meunier au moulin de l’Etang, devenu étang Barlet a vendu une parcelle mais a été exproprié pour une plus grande superficie.
Au mois de mai 1861 la ligne Limoges – Périgueux est terminée. Le 13 mai 1861, un train avec les ingénieurs de la Compagnie Paris Orléans effectue un premier voyage de Périgueux à Limoges sans encombre.
Le 22 aout le journal annonce l’ouverture de la ligne Limoges – Périgueux pour le lundi 26 aout et donne les horaires pour chacune des gares du parcours. On constate que le train met 40 mn pour aller à Limoges en effectuant un arrêt à Beynac. Cette gare n’était pas prévue à l’origine du projet mais le Conseil général, dans sa séance du 28 aout 1858 a souhaité que la ligne ait un arrêt proche d’Aixe sur Vienne :
La logique de la proximité l’a emporté sur celle de la vitesse, ce qui ce comprend pour cette époque. le trajet de Périgueux à Limoges s’effectue en 3h.22 ce qui la première marche dans l’accélération de la vitesse des déplacements dans le monde.
Le lundi 26 aout, jour d’ouvrir de la ligne entre Limoges et Périgueux il n’y a pas d’article dans la presse mais la manchette du Courrier du Centre ajoute aux horaires des trains pour Paris ceux des deux trains pour Périgueux.
Le journal rendra compte de cette ouverture dans son édition du 28 aout en décrivant en détail le parcours de Limoges à Périgueux.
Très vite l’impact de la gare va se faire sentir. Pour les courses de Périgueux du 1er septembre la compagnie PO met en place un train spécial au départ de Limoges avec arrêt à toutes les gares, quelques jours plus tard une importante vente de chevaux a lieu à Nexon…
… et à Saint Yrieix on se plaint de manquer de déserte et en attendant le train la ville souhaite un accroissement des transports par route…
La gare va progressivement devenir un quartier vivant de Nexon. Les employés de la compagnie et leur famille formeront un groupe d’une trentaine de personnes, les voyageurs entraineront l’ouverture d’un hôtel puis un deuxième jusqu’à trois après la guerre de 1914 – 1918. La construction de la ligne vers Brive va favoriser le commerce vers Saint Yrieix… Toute la commune va profiter des activités engendrées par la gare et la population de Nexon va régulièrement augmenter jusqu’à la Première Guerre Mondiale passant de 2 648 habitants en 1866, à 2954 en 1881 et 3 135 en 1911.