Industrie et commerces : les hôtels

Au 17ème et au 18ème siècles il ne devait pas y avoir d’hôtel à Nexon, seulement des auberges. En effets on ne voyage pas beaucoup à cette époque car les seuls moyens de déplacement sont la marche à pied ou le cheval.

On se déplace pour aller aux foires et aux marchés ou pour des pèlerinages comme celui de Saint Jacques de Compostelle. L’hébergement des gens qui se déplacent est, soit le résultat de l’hospitalité, une valeur fort développée alors, soit un gite offert par le clergé dans les monastères, soit par des commerçants qui exploitent des auberges le long des routes pour que les voyageurs puissent faire reposer leurs chevaux. Les relais de poste s’échelonnent tous les vingt kilomètres entre les grandes villes. Rien de tout cela à Nexon.

1-Les hôtels avant 1861

On a une idée de la manière dont on se logeait juste avant la Révolution française grâce au récit de M. de VERNEILH-PUIRASEAU. Né à Nexon le 29 juillet 1756 dans une famille de l’aristocratie, il sera député de la Dordogne et préfet de la Corrèze et du Mont Blanc. Il a écrit « Mes souvenirs de 75 ans » publiés en 1836 où Il raconte sa vie. Il fit ses études de droit à Toulouse et chaque année jusqu’à la fin de ses études il fit les voyages de Nexon à Toulouse et retour. Il faisait le trajet en partie à pied et en partie à cheval, faisant étape dans des auberges et des hôtels ou bien il frappait à la porte d’une congrégation religieuse ou chez un ami de sa famille. Les lignes qui suivent décrivent quelques-uns de ses voyages au cours desquels il fut amené à coucher à l’hôtel.

Le premier voyage à Toulouse s’effectue avec cinq autres étudiants au départ de Saint Yrieix avec un messager chargé de ramener les montures. Il écrit : « Au moment de notre séparation, après m`avoir donné de sages conseils, il [mon père] me remit quinze louis d’or et quelques écus pour le voyage, puis les yeux gonflés de larmes, il me serra tendrement dans ses bras en me comblent de ses vœux. Mon bon oncle me donna ses pistolets, et déjà je portais un couteau de chasse ; enfin nous voilà partis. Cette nombreuse cavalcade, dans des chemins de traverse, ne manquait pas de faire une certaine sensation, flatteuse surtout pour des écoliers. Nous cheminâmes ainsi, à petites journées, en passant d’abord près du château d’Hautefort… L’hôte de cette dernière ville fut un peu embarrassé pour nous recevoir, pour nous donner à souper et surtout à coucher. Le lendemain nous fûmes dédommagés par un beau jour : en traversant le vaste plateau qui sépare Gourdon de Pont-de-Rodes, où nous allions rejoindre la grande route de Paris à Toulouse, nous apercevions dans le lointain, au sud-ouest, la chaine imposante des Pyrénées, couvertes de neiges. […] En arrivant à Toulouse, la jeune cavalcade descendit un peu au-delà de la porte Matabiau, devant un petit hôtel, déjà connu de presque tous mes compagnons de voyage. Il était tenu par une bonne vieille appelée madame Laurelian. C’était la pension la plus ordinaire des étudiants limousins ». (Pages 37-38)

Le retour de Toulouse à Nexon

« Nous voilà désormais tous trois, nos épées en bandoulière, cheminant à pied vers Montauban ; et c’était aux premiers jours de juillet. Nous n’y pûmes arriver que le lendemain, de grand soleil, bien poudreux et bien fatigués. Notre premier soin fut de nous mettre au lit, après avoir commandé un bon souper pour les six heures du soir, et prie notre hôte de s’informer si nous pourrions trouver une voiture d’occasion pour Cahors.

Notre hôte n’avait pu découvrir aucune voiture d’occasion ; le service des diligences n’était pas connu encore ; il fallut nous remettre à cheminer comme la veille, marchant la nuit et dormant une partie du jour. La seule bonne fortune que nous eûmes durant ce pénible voyage, ce fut une voiture de retour, à vide, dans laquelle nous fîmes quelques dix lieues : et cela n’avait fait que nous gâter. Etant parvenus au pénultième relais, en deçà de Brive, par un temps chaud et lourd, l’idée nous vint de prendra la poste à franc étrier ; et bien vite, chacun de nous enjamba son bidet. Ainsi nous courions la poste en culottes courtes, sans bottes ni éperons, nos épées en bandoulière et bien halés par le soleil. Au bout du second relais, nous voilà enfin aux portes de Brive. C’était le soir, il faisait beau ; au lieu d’aller modestement descendre chez notre hôte ordinaire (hôtel de Toulouse), nous eûmes la fantaisie de vouloir faire au galop tout le tour des boulevards de cette jolie ville… J’avais trouvé à l’hôtel le cheval de mon père : il m’y attendait depuis trois ou quatre jours, et le domestique s’en était retourne. Je me séparai à regret de mes deux amis, après les avoir bien remerciés de leur extrême complaisance. » (Pages 44-45)

Nexon n’est pas un lieu de passage, la grand route de Limoges à Saint Yrieix passe à La Plaine. Il n’y a donc pas de relais de poste, mais des auberges ou les gens se retrouvent les jours de marché et les jours de fête.

2- Les hôtels de 1861 à 1925.

Pourquoi cette date ? parce que le 26 aout 1961 la ligne de chemin de fer Limoges-Périgueux est inaugurée. Les premiers voyageurs arrivent à la gare de Nexon. Le 20 décembre 1875 c’est autour de la ligne Limoges-Brive d’entrer en service.

Le train est la cause de la première révolution dans les déplacements. Il entraine un très important développement des échanges en permettant le transport de marchandises lourdes et volumineuses et il permet aux gens d’aller rapidement d’un point à un autre. Nexon a la chance qu’une gare ait été construite, certes en dehors du bourg, mais le trafic ferroviaire va générer une nouvelle activité qui va profiter à la fois au quartier de la gare et au bourg.

Le premier document que j’ai trouvé faisant référence à un hôtel à Nexon est une annonce publiée le 23 août 1884 dans le Courrier du Centre : « A LOUER, le Grand Café de la Patrie, Nexon (Haute-Vienne) ; immense matériel. Ce vaste établissement, le mieux situé de la ville, se compose de nombreux Appartements et peut servir pour un hôtel. — S’adresser à M. Boutaud-Lacombe, notaire à Nexon. » Le propriétaire du Grand café de la Patrie pense donc que son établissement peut devenir un hôtel.

En 1886 il y a le Grand Hôtel de Nexon dont le propriétaire est A-F RABY.

L’activité de l’hôtellerie va connaitre un développement rapide puisqu’en 1905 il y avait 8 hôtels à Nexon : l’hôtel de la gare, l’hôtel de France, l’hôtel des Voyageurs, l’hôtel de la Poste, l’hôtel du Faisan, l’hôtel du champ de foire, l’hôtel du Nord et l’hôtel du Commerce.

-Jean BONNET est le propriétaire de l’hôtel de la gare ; La famille BONNET développe un commerce de produits du sol, principalement des pommes de terre et des céréales.

Les hôtels de la gare

– Mme Vve BOURDEIX, hôtel de France ;

L’hôtel est situé rue du centre, actuelle rue Victor Hugo. La famille Bourdeix tient une pâtisserie, alors réputée et l’hôtel de France. Elle est également connue pour ses conserves de gibiers.

Cette photographie ainsi que la vignette datent d’avant 1914, époque ou il n’y a que très peu d’automobiles. Les gens se déplacent en calèches aussi il faut que l’hôtel possède une écurie et une remise pour les voyageurs. Ces mentions sont peintes sur la façade et figurent sur l’étiquette de promotion.

– François CHATARD, hôtel des Voyageurs ;

-DEFAYE, hôtel de la Poste ;

– L. DESMAISON, hôtel du Faisan ;

– GUYOT, hôtel du champ de foire ;

– LAUZEILLE, hôtel du Nord. En 1900 Madame Lauzeille, dont le mari est marchand de vin à la même adresse, est la patronne de l’Hôtel du Nord, puis c’est son fils Jean Baptiste qui en devient le patron en 1905.

-Au début des années 1900 M. PRUGNY est propriétaire de l’hôtel du Commerce, rue du Nord, actuelle rue Gambetta puis c’est Prosper LAPLAUD qui l’exploite en même temps qu’il est sellier-bourrelier.

3- Les hôtels de 1925 à 1970.

Une nouvelle révolution a eu lieu en matière de transport : le développement de l’automobile. La combinaison du train et de l’automobile favorise le développement de l’activité économique et le nombre d’hôtels augmente. L’annuaire DUMONT de 1934 en recense 12 : Louis BEYRAND, hôtel de la Gare ; Raymond BOURDEIX, hôtel de France ; Jean CHAMBON, hôtel de l’avenue de la gare ; Jean COUDERT, hôtel des Voyageurs ; Pierre DESCUBES ; Louis DESMAISON, hôtel du Faisan ; François GOURINCHAS, hôtel du Commerce ; GUYOT ; LEYMARIE, hôtel du Nord ; Paul MORELLO, route de Biard ; Jean NOUAILHAS, hôtel du champ de foire ; Emile LATHIERE, Buffet de la gare. 9 ont un nom d’hôtel et 3 un nom de personne. Il s’agit sans doute de quelques chambres disponibles dans une maison de maitre comme celle de Paul MORELLO, marchand de vin en gros route de Biard dont le commerce sera repris par A. REBIERE.

L’hôtel du Nord est maintenant la propriété de Monsieur Leymarie qui est en même temps entrepreneur de travaux publics et transporteur.

L’hôtel du Commerce est tenu par François GOURINCHAS qui exploite en même temps une épicerie au nom du « Planteur de Caïffa ».

L’hôtel de l’avenue de la gare fait une publicité dans l’annuaire Dumont de 1934 ou il met en avant sa salle des fêtes, son cinéma, son salon particulier et son billard russe.

Juste à la fin des années 1930 l’hôtel de la Poste disparaît et l’ensemble du bâtiment devient une grande épicerie. Sur la place, la boulangerie Pressicaud a été démolie et à la place un nouveau bâtiment abrite le « café Moderne » qui fait également hôtel et restaurant. Il est tenu par la famille MASSY.

 

Après la fin de la guerre l’hôtel de France ferme ainsi que l’hôtel de l’avenue de la gare et le mouvement va s’accélérer à partir de 1950. Les voyageurs, qu’ils soient des professionnels ou des touristes veulent retrouver dans l’hôtel où ils séjournent le confort qu’ils ont chez eux.   Très peu de patrons d’hôtels ruraux ont pu réaliser les investissements nécessaires à obtenir un classement tel qu’il est défini par l’arrêté du 24 juin 1950. En effet à partir de cette date, pour la première fois, les hôtels pouvaient se voir attribuer entre une et quatre étoiles selon la présence de salle de bain ou de toilettes dans les chambres, la qualité des installations, les équipements (ascenseur, téléphone…). L’hôtel du Nord, l’hôtel du commerce… vont fermer.

A la gare la fin des foires et la diminution du trafic de marchandises à la gare du fait du développement des transports par camions font perdre de l’activité. La SNCF en avait bien conscience puisqu’elle créait en 1970 le Service National de Messagerie (SERNAM) qui devint une filiale en 2002 avant d’être privatisé en 2005. Les hôtels de la gare périclitent et ferment les uns après les autres. Dans le bourg l’activité hôtelière baisse également, comme dans toutes les communes rurales.

Il ne reste aujourd’hui aucun hôtel à Nexon. Le gout des consommateurs a changé. L’hôtellerie de plein air, c’est-à-dire les campings sont devenus la première forme d’hébergement touristique. Les communes ont aménagé des huttes sur les campings, les chambres d’hôtes, les gites ont remplacés les vieux hôtels…

des professionnels ou des touristes veulent retrouver dans l’hôtel où ils séjournent le confort qu’ils ont chez eux.   Très peu de patrons d’hôtels ruraux ont pu réaliser les investissements nécessaires à obtenir un classement tel qu’il est défini par l’arrêté du 24 juin 1950. En effet à partir de cette date, pour la première fois, les hôtels pouvaient se voir attribuer entre une et quatre étoiles selon la présence de salle de bain ou de toilettes dans les chambres, la qualité des installations, les équipements (ascenseur, téléphone…). L’hôtel du Nord, l’hôtel du commerce… vont fermer.

A la gare la fin des foires et la diminution du trafic de marchandises à la gare du fait du développement des transports par camions font perdre de l’activité. La SNCF en avait bien conscience puisqu’elle créait en 1970 le Service National de Messagerie (SERNAM) qui devint une filiale en 2002 avant d’être privatisé en 2005. Les hôtels de la gare périclitent et ferment les uns après les autres. Dans le bourg l’activité hôtelière baisse également, comme dans toutes les communes rurales.

Il ne reste aujourd’hui aucun hôtel à Nexon. Le gout des consommateurs a changé. L’hôtellerie de plein air, c’est-à-dire les campings sont devenus la première forme d’hébergement touristique. Les communes ont aménagé des huttes sur les campings, les chambres d’hôtes, les gites ont remplacés les vieux hôtels…

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