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En 1897 une jeune fille est relaxée après avoir défiguré au vitriol le garçon qui lui a fait un enfant et ne l’a pas épousée…

Le 14 septembre 1996 la presse limougeaude rendait compte de ce fait divers :

Le Courrier du Centre 14 septembre 1896

Le procès qui va se dérouler quelques mois après va révéler toute la complexité de cette affaire. Le garçon et la jeune Catherine étaient amoureux mais le père de la jeune fille trouvait que le garçon n’était pas un bon parti. Il a interdit à sa fille de le revoir… et bien sur celui-ci a rencontré quelqu’un d’autre ce que la jeune fille n’a pas supporté, d’où sa vengeance.

Dans un premier temps elle a été mise en prison et son enfant est né pendant son incarcération.

La Charente 17 octobre 1896

Le procès à lieu le 16 février 1897 devant la Cour d’Assise de Limoges. La salle est comble et la tribune des dames est complète.

Le Courrier du Centre 16 février 1897

La presse a donné une large place à ce procès. Voici le compte rendu publié dans le Courrier du centre du 17 février 1897 :

COUR D’ASSISES DE LA HAUTE—VIENNE

Audience du 15 février 1897

Affaire Catherine Pradaud (Coups et blessures)

Catherine Pradaud. 21 ans, est originaire de Nexon, où elle est née le 6 octobre 1873 ; elle est cultivatrice a Sazerat. C’est une jeune femme aux traits réguliers, vêtue de noir. Un fichu de même couleur lui couvre la tête.

Elle tient entre ses bras un mignon bébé de quatre mois, joufflu et bien portant, une petite fille qui ne demande qu’à vivre et regarde de ses grands yeux étonnés cette foule qui se presse dans l’auditoire.

M. Debay, greffier, donne lecture de l’acte d’accusation, et, pendant cette lecture, l’enfant, dont l’heure du goûter est arrivée, saisit avidement l’extrémité d’un biberon que lui tend sa mère et tète.

Acte d’accusation

Le 11 septembre 1896, vers midi, la fille Catherine Pradeau se rendit dans un champ où travaillait le sieur Jean Denardou et lui lança par surprise le contenu d’une fiole d’acide nitrique. Gravement atteint au visage, à la poitrine et à l’œil droit, Denardou, malgré des soins immédiats et un long traitement, a complètement perdu l’usage de l’œil.

La victime de cet attentat avait entretenu, pendant longtemps, des relations intimes avec Catherine Pradeau.

Mais le père de la jeune fille, ne voulant pas la donner en mariage à un jeune homme sans fortune, avait fait interdire a Denardou l’entrée de sa maison.

Apprenant que, malgré sa défense, les deux amants continuaient à se voir, il avait proféré des menaces de mort contre le jeune homme, disant qu’il le tuerait, s’il le surprenait avec sa fille. L’état de grosses de cette dernière n’aurait pu modifier de si hostiles dispositions et, au mois d’août, le sieur Pradeau déclarait encore qu’il ne consentirait jamais à accepter Denardou pour gendre.

Celui-ci cependant, désespérant de le faire revenir sur sa détermination, avait cessé depuis quelque temps de fréquenter Catherine Pradeau lorsqu’il fit, à Aixe, le 15 août 1896, la connaissance d’une jeune fille qui lui plut et qu’il fit demander en mariage. Sa demande avant été favorablement accueillie, le mariage fut fixé au 19 septembre et les publications furent faites à Nexon.

Catherine Pradeau, à la nouvelle de cette union, qui ruinait ses dernières espérances, se rendit auprès de Denardou, le 8 septembre et le supplia de revenir à elle, lui disant qu’il n’avait plus à craindre le refus de ses parents. Mais le jeune homme lui répondit que son mariage avec Maria Denis était trop avancé, à l’heure actuelle, et qu’il ne pouvait le rompre.

Malgré ce refus, le sieur Pradeau fit faire le lendemain par l’entremise du voisin, une démarche auprès de Denardou dans le but de le décider à épouser sa fille.

C’est à la suite de l’insuccès de cette dernière tentative que Catherine Pradeau se porta, le 11 septembre, à la rencontre de son amant et lui jeta au visage le liquide corrosif que, dès le 8 septembre, elle avait acheté chez un pharmacien de Nexon, dans un but de vengeance.

En conséquence, la fille Catherine Pradeau est accusée d’avoir, au mois de septembre 1896, en la commune de Nexon, volontairement fait des blessures au nommé Jean Denardou, avec, ces circonstances :

1° Que lesdites blessures ont été suivies de la perte d’un œil ;

2°Que ladite Catherine Pradeau avait, avant l’action, formé le dessein d’attenter à la personne dudit Jean Denardou.

L’interrogatoire

M. le président procède à l’interrogatoire de l’accusée.

Celle-ci se lève et, pour apaiser son enfant qui commence â s’impatienter, elle le berce doucement ; vainement, car les cris continuent ; il faut que Camille, le garde du palais, le prenne dans ses bras et l’emporte chez lui avec son biberon.

L’interrogatoire commence ; elle répond d’une voix faible aux questions préliminaires qui lui sont posée. Elle avoue avoir jeté à la figure de son amant un bol d’acide azotique et avoir causé la perte d’un œil.

— Et pourquoi avez-vous commis cette action lui demande le président.

C’est un garçon que j’aimais beaucoup et que J’aime encore, répond l’accusée, il m’avait promis le mariage et m’avait juré de ne m’abandonner qu’a la mort. Il venait chez moi, à la veillée, c’était un camarade de mon frère. Après la départ de mon frère pour le service, Denardou n’est pas revenu, mon père le lui avait défendu. Nos rapports ont duré trois ans, ils ont cessé trois mois après que je me suis reconnue enceinte.

D. Denardou est-il le père de votre enfant ?

R. Monsieur le président, il en est le père comme j’en suis la mère.

D. Ce n’est pas ce que dit votre victime. Vous a-t-il demandée à votre père ?

R. Non, monsieur, mais la première fois que j’eus des rapports avec Denardou, c’est après une promesse formelle de sa part de me prendre pour femme.

D. Voire père ne voulait pas de ce mariage, il ne vous l’avait pas caché.

R. C’est vrai, mais j’aimais Denardou et lui m’avait promis de ne me quitter qu’a la mort.

D. A quelle époque vos parents se sont-ils aperçus de votre état de grossesse ?

R. Six ou sept mois après.

D. A ce moment, dites-vous ils ont déclaré ne plus voir d’obstacles à votre mariage avec Denardou. Eh bien ! il parait qu’il n’en est rien. A quelle époque avez-vous appris le projet de mariage entre Denardou et Mlle D.… ?

R. Vers le mois de septembre, alors je suis allé trouver mou amant et lui ai demandé si la nouvelle que je lui répétai était exacte. Il m’a répondu affirmativement, et a déclaré qu’il ne pouvait pas m’épouser puisque mes parents ne le voulaient pas. Je lui ai répondu que c’était faux.

D. Et c’est le 8 que vous avez acheté de l’eau forte chez M. Bonnel, pharmacien à Nexon, sous prétexte que vous en aviez besoin pour faire disparaître des verrues.

R. C’est exact.

D. Était-ce bien pour en faire l’usage que vous disiez ?

R. Non, monsieur. J’étais affolée et je voulais me venger.

D. Le 11 septembre, vous avez eu un second entretien avec Denardou ?

R. Oui, je suis allée le trouver et une fois de plus Je lui ai demandé s’il voulait m’épouser ; il m’a répondu non ; alors je lui ai jeté un bol d’acide à la figure.

L’audience est suspendue à 11 heures1/4.

Audience du soir

L’audience est reprise à une heure un quart. La salle est comble, la tribune des dames est au grand complet.

L’accusée est introduite et s’assoit à son banc ; elle tient toujours entre ses bras son enfant qui dort doucement sur le sein de sa mère.

Les Témoins

L’audition des témoins commença.

— Denardou, la victime de cette affaire passionnelle, raconte la scène au cours de laquelle il reçut au visage le liquide corrosif.

Il prétend que s’il n’a pas voulu se marier avec la fille Pradaud, c’est, qu’on lui avait dit que le père de celle-ci voulait le tuer s’il devenait son gendre.

Le président lui demande s’il est certain d’avoir été le seul à entretenir des relations avec Catherine Pradaud.

Le témoin dit qu’elle se rencontrait souvent avec plusieurs d’e ses amis et qu’il était bien possible qu’elle se fût donnée à d’autres que lui.

A une question catégorique du président sur ce point, Denardou répond « qu’il croit qu’il pourrait bien y en avoir eu d’autres, mais qu’il ne peut l’affirmer ».

Sur la demande du défenseur, Denardou reconnaît implicitement qu’il avait entamé des démarches en vue d’un mariage avec une autre jeune fille avant de savoir quelle était l’attitude des parents de Catherine Pradaud à son égard.

Il reconnaît également avoir objecté à la malheureuse jeune fille qui le suppliait de l’épouser, « qu’il était décidément trop tard, que les habits de sa noce avec Mlle D.… étaient achetés et qu’enfin il n’y avait plus rien à faire ».

Cet aveu cynique soulève un murmure dans l’auditoire.

— François Pradaud, 30 ans, cultivateur à Nexon, avait eu des idées matrimoniales sur la fille Catherine Pradaud, mais ayant appris que cette dernière était enceinte, il changea d’avis.

— M. Firmin-Barthélemy Tarrade, 65 ans, propriétaire à La Plaine, reçût la visite de la mère de l’accusée, trois ou quatre jours avant l’affaire qui amène Catherine Pradaud devant les assises.

Le témoin se chargea de faire une démarche auprès, de Denardou. Cette démarche n’aboutit pas et M. Tarrade le fit savoir au père de la jeune fille. Cet homme se mit alors à pleurer pendant une demi-heure, ajouta le témoin.

— Mme Bonnel, femme de M. Bonnel, pharmacien à Nexon, a délivré sur sa demande à l’accusée, du l’acide nitrique pour brûler des verrues.

— Jean Pradaud, 27 ans, employé de commerce, a assisté un jour à un entretien qu’avait à l’auberge le père de l’accusée avec une autre personne. Il était question de Denardou. « Il ne se mariera pas avec ma fille, dit le père Pradaud, je les tuerai plutôt tous les deux ». Ceci se passait le 1er août.

— M. le docteur Escorne a examiné Denardou aussitôt après le jet d’acide azotique dont il a été victime. L’honorable témoin explique d’une façon très précise les constatations qu’il a faites et termine en déclarant que l’œil droit de Denardou est complètement perdu, sans espoir de guérison.

— M. Gabriel Thomas, maire de Nexon, donne d’excellents renseignements sur la famille Pradaud, et en particulier sur l’accusée, fille très honnête et très sage. I

De son côté, Denardou est un excellent garçon qui n’avait jusqu’alors jamais fait parler de lui.

Le témoin a vu Catherine Pradaud à la gendarmerie après son arrestation, elle a regretté son acte de désespoir et a ajouté : j’aime toujours Denardou, et fut-il aveugle, s’il me voulait encore, je suis prête à l’épouser.

On est ému dans l’auditoire.

Le Réquisitoire et la Plaidoirie

M. Barnardbeig, substitut de l’avocat général, prononce un réquisitoire où perce une certaine émotion sympathique en faveur de l’accusée.

Néanmoins, se basant sur le principe qu’on ne doit pas se faire justice soi-même, l’honorable organe du ministère public conclut à l’application d’une peine mitigée par l’admission de Iarges circonstances atténuantes.

Le rôle de M. Nicard des Rieux est singulièrement facilité ; autant on est touché de la situation pénible dans laquelle se trouve sa cliente, autant Denardou est indifférent a tous.

Et avec son éloquence habituelle, le sympathique avocat rappelle tout ce qui a précédé la scène du 11 septembre, il montre le désespoir de la Jeune fille enceinte et l’égoïsme du séducteur.

Il insiste sur son cynisme lorsqu’il lui objecta qu’il ne pouvait l’épouser, ses habits de noces étant acheté pour une autre.

Me Nicard termine en demandant un acquittement.

Le jury se retire pour délibérer et rapporte le verdict que tout le monde attendait, un verdict négatif, un verdict d’acquittement.

Et dans la salle on applaudit lorsque lecture en est donnée à l’accusée.

L’audience est levée à 4 heures 1/2, une foule sympathique s’était massée au pied des escaliers du palais de justice pour voir sortir Catherine Pradaud que l’on a accompagnée jusqu’à la prison où a eu lieu la levée d’écrou.

Le Courrier du Centre 1897/02/17

Que déciderait un jury aujourd’hui ? Le respect de la parole donnée est la base de la société et c’est un déshonneur pour un garçon de ne pas épouser la fille qu’il a mise enceinte. Et pourtant, à Nexon comme dans toutes les communes, les enfants naturels n’étaient pas rares.

En 1887 une épidémie de rougeole a fait des ravages à Nexon, 21 jeunes de moins de 10 ans décèdent entre le 6 janvier et le 21 mai, les écoles ont été fermées …

Nous vivons l’épidémie liée au Coronas virus mais dans le passé nos anciens ont connus de violentes épidémies. Sans remonter à la peste ou au choléra, la rougeole faisait régulièrement des ravages. Ce fut le cas à Nexon au début de l’année 1887.

Le 6 janvier 1887 la jeune Marie GUYONNAUD, âgée de 14 mois, décède à la petite Bouène. Le lendemain Marguerite CHARRIER n’a que 6 mois lorsqu’elle meurt. Ce sont ensuite des jeunes hommes qui décèdent, Jean LAPLAUD a 17 ans, Jean baptiste ADAM 26 ans, Charles LENFUME 27 ans …

Mais c’est au mois de mars que l’épidémie s’emballe. Le 14 mars Marie SABOURDY décède après quelques heures de vie, puis c’est Marie Lucie VERNEUIL qui a 4 mois. Et la famille VERNEUIL va être cruellement frappée avec le décès, le lendemain, de leurs deux autres filles, Jeanne âgée de 2 ans et demi et Gabrielle Marie qui a 6 ans.

Marie Lucie Verneuil

Pour enrayer l’épidémie, aujourd’hui comme hier, le confinement est la solution.

Avec l’accord du préfet le Maire ferme toutes les écoles pour 3 semaines. L’émotion est vive dans la commune.

Le Gaulois, 28 mars 1887.

Jusqu’au 24 avril douze enfants de moins de 10 ans vont perdre la vie. Après une accalmie en juin, une seconde vague, moins violente, va de nouveau frapper en juillet. le 14 juillet Françoise AUZEMERY est emportée alors qu’elle n’a que 6 mois puis, le 18, Pierre MASSALOUX qui a 14 ans et le 23 c’est François JOUHAUD âgé de 2 mois et le 25 Henri SAZERAT, un bébé de 15 jours.

Au cours de cette année terrible, 27 jeunes enfants de moins de 10 ans ont perdu la vie, 3 enfants sont nés sans vie. La commune a enregistré 70 décès dont 43 de moins de 40 ans. Les années précédentes, comme les années suivantes, le nombre des décès était compris entre 45 et 58.

Après l’épidémie le Gouvernement a interrogé l’Académie de Médecine afin de définir la durée de la mise à l’écart des élèves touchés par une maladie contagieuse, la quarantaine apparaissant trop logue pour certaines maladie et trop perturbante pour les études. Pour la rougeole, l’Académie de médecine propose un isolement de 25 jours.

Le Courrier du Centre 13 mars 1888

La circulaire du Ministre aux recteurs précise également les mesures de désinfection à appliquer.

Liste des personnes de moins de 40 ans décédées en 1887.

Trois enfants sans vie : les 20 avril, 21 mai et 19juin.

Pour ces enfants il n’était pas délivré d’acte de naissance mais un acte de présentation et il ne leur était attribué ni nom ni prénom.

La Place de la République n°7 à 11.

En continuant le tour de la place, en longeant la rue pasteur nous arrivons au numéro 7. S’y trouve un immeuble dont j’ai déjà parlé car c’était celui de mes grands-parents. Ma mère n’a pas vécu dans celui que nous voyons aujourd’hui puisqu’il a été construit au début des années 1950 et qu’à cette époque elle était mariée. Mais elle a passé sa jeunesse dans la vieille maison qui existait alors. C’était une petite maison à un étage avec la boutique au rez de chaussée et le logement à l’étage.

La maison en 1943

Ma mère à la fenêtre en 1943

La maison a été achetée par mon grand-père, Henri MALARDEAU, au début des années 1930. Il était arrivé à Nexon en 1931 après que sa filature, au pied du village d’Aurin sur la commune de Bussière Galand ait été détruite par un incendie causé par un orage. Il ne reste aucune trace de cette filature mais je ne désespère pas d’en trouver un jour !

Le Populaire du centre 15 mars 1929

Le stock de laine et la voiture qui étaient dans un bâtiment annexe n’ont pas été touché. Ceci permis la continuation de l’activité en attendant que tout soit réglé avec l’assurance ce qui a pris plus d’un an. Finalement la filature ne sera pas reconstruite. Aussi en 1931 Henri MALARDEAU décide de déménager et d’aller s’installer à Nexon. Il choisit ce bourg car il est connu pour son dynamisme économique et la qualité de ses foires, élément essentiel du commerce de la laine.

Il loue une maison rue Pasteur, juste après la boulangerie et poursuit son commerce de laine. Mais cela ne lui suffit pas. Mon grand-père est un manuel, très adroit de ses mains, il va donc créer une teinturerie. Pour cela il lui faut un grand local pour y installer des cuves. En 1935 la maison du maréchal-ferrant qui possède un grand garage à l’arrière est en vente. Il l’achète. Cette maison appartenait à Mr SANCIAUD. Elle n’a pas changé entre 1900 et 1930, seul l’environnement a évolué. Sur les cartes postales suivantes on constate l’arrivée de l’électricité avec le poteau au beau milieu de la carte postale, avec aussi le trottoir de rue Pasteur et enfin, sur la troisième carte le trottoir vautours de la place. On remarque également que la maison mitoyenne a été totalement refaite avec 2 étages. 

Lorsque mon grand-père achète la maison, le sol de l’atelier est en terre battue. Il le fait cimenter et transforme le rez de chaussée en boutique de teinturier, nettoyage et vente de laine. Dans le garage, situé à l’arrière du magasin, il fait monter, sur des foyers en brique, trois cuves en cuivre utilisées chacune pour une couleur différente. La teinture impliquait une série d’opérations que devaient subir les écheveaux de laine : bain colorant, rinçage, essorage et séchage. Le nettoyage s’effectue à la benzine dans un gros tambour qui tourne comme une machine à laver.

Avec l’énorme tas de fagots pour la boulangerie

Devant la maison on voit toujours l’énorme tas de fagots qui alimente le four du boulanger, de l’autre côté de la rue. Mais le feu frappe une nouvelle fois mon grand-père. Un incendie éclate, le 22 octobre 1941, dans l’atelier de la teinturerie et se repend rapidement à la toiture et gagne la maison voisine.

Le Populaire 30 octobre 1941

Dès la guerre terminée mon grand-père fait entièrement reconstruire sa maison. Elle a maintenant deux étages et la boutique occupe la totalité du rez de chaussée. Mais surtout il fait poser en grandes lettres rouges, le mot « Laines » au fronton.

Pendant les années 1950-1960 l’activité est variée. Dans l’atelier qu’il a acheté à la sortie du bourg, route du moulin Trouly, il a monté une filature pour retrouver le métier de sa jeunesse. Il est secondé par deux de ses gendres, René PEYRICHOUX et Marcel JEUDY. En même temps il sillonne les foires des environs pour acheter de la laine brut et vendre des pelotes tout en continuant a nettoyer et teindre les vêtements. A l’époque il est indispensable de respecter les codes et après un décès le deuil doit être porté par les proches pendant plusieurs mois. Aussi après un décès il fallait en quelques heures, l’engagement était de 8 heures, teindre en noir toute la garde-robe des parents du défunt. L’en tête de la facture résume cette activité variée.

Lorsqu’Henri MALARDEAU a pris sa retraite son gendre René PEYRICHOUX et son épouse Marie-Thérèse ont repris le commerce en le faisant évoluer. Le développement du prêt à porter a réduit les ventes de laine, le nettoyage était devenu la spécialité des « pressings » aussi c’est vers les vêtements de confection qu’ils se sont orientés.

En octobre 1989 le fond est repris par Mme Catherine DEBORD COUQUET. Elle baptisé son commerce « Cathy Boutique ».

L’immeuble du numéro 8 a lui aussi beaucoup changé au cours du siècle précédent. En 1900 c’est une petite maison d’un étage avec un grenier mansardé. Au rez de chaussée il y a deux commerces dont l’un, à droite, était une épicerie qui si je déchiffre bien l’enseigne était l’épicerie BREIX, l’autre l’atelier d’un peintre-vitrier.

Quelques années plus tard la vieille maison est remplacée par un immeuble de 2 étages avec au fronton, en grosses lettres « Horlogerie Bijouterie ».

 Cette construction a été faite par M. Henri DESPLANCHES qui y a transféré la boutique qu’il avait, rue Pasteur, à côté de la pharmacie. Sa première boutique était située rue Victor Hugo.

Henri DESPLANCHES était né à Nexon le 12 juillet 1873. De son mariage avec Louise GRANGER le 24 juin 1900 à Nexon il a eu deux enfants, Alice née en 1906 et René, né en 1909.

Henri et Louise le jour de leur mariage

Avec l’année 1900 le monde occidental et la France en particulier, ont connu jusqu’en 1914 des années heureuses que l’on a appelé « La belle époque ». Le 14 avril 1900, jour de l’inauguration de l’Exposition Universelle Paris est le centre du monde. Les nouveaux bâtiments comme le Grand et le Petit Palais, la gare d’Orsay ou le pont Alexandre III font briller Paris. La première ligne de métro est ouverte le 19 juillet 1900, l’électricité commence à éclairer les rues de celle qui est alors appelée la « Ville lumière ». A Nexon aussi règne une certaine joie de vivre. On déjeune sur l’herbe le dimanche et on va à la pêche en famille.

Les jours de fête, pour aller à la frairie les femmes revêtent leurs plus beaux habits.

Après la difficile période de la guerre ce sont de nouvelles années d’effervescence, « Les années folles ». Les bijoutiers sont un passage obligé pour chaque fête et à chaque évènement. Pour la naissance et le baptême des enfants on offre des médailles et des chaines en or ou en argent, des gobelets, des ronds de serviettes… Pour la communion solennelle les garçons reçoivent leur première montre, en or pour les familles aisées, et les filles une croix avec sa chaine. Il y a les boucles d’oreilles pour les filles, et les chevalières pour les garçons, puis vient le mariage avec les bagues et les alliances et l’incontournable ménagère en argent…

Comme horloger M. DESPLANCHES vendait pendules et horloges qu’il réparait.

En 1944 Henri DESPLANCHES transmet son commerce à son fils René-Jean DESPLANCHES.

Le Populaire 7 décembre 1944

L’horlogerie-bijouterie va petit à petit connaitre la concurrence des bijoux fantaisie et des montres bon marché. Dès 1955 le géant américain Timex s’associe à un fabricant de montre de Besançon pour produire des montres a bas cout sous le nom de TIMEX. La marque innove dans le choix de son réseau de distribution en ciblant les bureaux de tabac, les papeteries, les stations-service, les drugstores et les grands magasins. KELTON devient une marque emblématique avec son slogan « Vous vous changez, changez de KELTON ». Elle vend plus de 4 000 000 de montres au début des années 70. Au début des années 80, une nouvelle technologie arrive du Japon avec les montres à Quartz…

Françoise, la fille de M. et Mme DESPLANCHE n’a pas choisi de suivre la voie de ses parents et s’est orientée vers la coiffure. Elle a ouvert son salon dans la maison d’à coté et quand ses parents ont pris leur retraite la bijouterie a fermé.

C’est Michel CROZET-ROBIN qui a ouvert un salon de coiffure le 1er janvier 1979. Jeune et dynamique il choisit d’appeler son salon « Attitude coiffure ».

Le salon de coiffure au numéro 8

Il est le premier salon du groupe que M. CROZET-ROBIN va ensuite constituer. Il donnera à ce groupe le nom de sa fille Laurie. De ce fait, derrière le salon, un immense espace de travail réuni ceux qui gèrent la quinzaine de salons du groupe « Holding Laurie ».  Attitude Coiffure et Studio M sont les deux enseignes de ce groupe dont les salons sont implantés à Nexon, Limoges, Boisseuil, Montluçon – Domérat, Saint-Étienne – Villars, Moulins.

L’immeuble situé au numéro 9 était le plus imposant au début des années 1900. Deux commerces sont abrités sous le même toit, la bijouterie PAROT et une épicerie-poterie-buvette.

L’immeuble en 1900

La bijouterie est tenue par Eugène PAROT. Marié avec Emilie NOUHAUD, ils auront 2 garçons, François né le 22 août 1905 et René, né le 9 mai 1907 qui travailleront comme horlogers avec leur père.

Lorsque la famille PAROT a cessé ses activités, Melle Renée MOUNIER qui habitait à Valette installa son atelier de modiste à la place de la boutique. Puis Mme CLERMONTEIL dite « Nénette » lui a succédé en ouvrant une épicerie-primeurs.

Chaque matin elle se rendait aux halles, à Limoges, pour s’approvisionner en fruits et légumes. Elle partait avant le jour afin d’être de retour à Nexon pour servir ses clients à partir de 8 heures. Très courageuse, très avenante pour ses clients, elle était très appréciée de ses clients. Son mari, Martial CLERMONTEIL avait été fait prisonnier et sans nouvel de lui après l’armistice son épouse a publié, comme plusieurs autres femmes, un avis de recherche dans la presse :

Le Populaire 28 juillet 1945

Martial CLERMONTEIL était également pompier volontaire. Il a terminé son engagement avec le grade de sergent.

Au 1er étage se trouvait, pendant quelques années, le cabinet dentaire de M. et Mme DURENGUE. Ils avaient, depuis 1933 un cabinet place de l’église et ils travaillaient également dans des cabinets secondaires à Châteauneuf la Foret et à La Meyze. Ils ont ensuite transféré leur cabinet avenue de la gare. Au 2ème étage habitait M. Henri FOUILLAUD et sa famille. Lui était peintre mais il n’était pas associé à son frère Louis. A la Libération, du fait d’un engagement dans la milice et d’une collaboration active toute la famille a disparu et n’a plus jamais donné de nouvelles.

Quand l’épicerie a fermé, Françoise CONORT, a ouvert un salon de coiffure qui a très vite acquis une excellente réputation. Fille de M. et Mme DESPLANCHES, les bijoutiers de l’immeuble contiguë, elle est avait épousé Jean Pierre CONORT, fils du vétérinaire de Nexon. Leur fille Sophie est devenue coiffeuse. Elle a travaillé avec sa mère puis elle lui a succédé.

Aujourd’hui c’est Stéphanie TABESSE qui tient ce salon à l’enseigne « Art Coiff’»

Au numéro 10, au début des années 1900 il y avait une épicerie-buvette -poterie. C’était la maison de Mme Marie Christine HAUTIN. Ses parents étaient commerçants à Limoges mais sa mère, comme cela se faisait fréquemment à l’époque, est venue accoucher, le 18 juin 1883, chez son frère Jean VILLOUTREIX, épicier à Nexon. Puis le commerce a disparu et le rez de chaussée a été transformé en appartement. C’est ce que l’on constate sur cette photo de 1943.

La maison a été achetée au début des années 1950 par M. et Mme BOSBATY. En 1947 ils avaient acheté le fonds de commerce de boucherie-charcuterie de François LELONG. Ils l’ont d’abord installé 2 rue Michelet puis quand l’immeuble HAUTIN a été libre à l’achat ils y ont installé leur boucherie-charcuterie.

Le Populaire 27 novembre 1947

La boucherie-charcuterie a rapidement acquis une bonne clientèle, à la fois grâce à la qualité des produits et à la qualité de l’accueil.

Monsieur Emile BOSBATY faisait également preuve d’un fort engagement citoyen. Caporal du Corps des pompiers de Nexon en 1961 il en est promu chef de corps le 15 juin 1970 avec le grade de sous-lieutenant. Il quitte son commandement le 11 juin 1978 après 27 ans de services.

En 2005, quand ils ont pris leur retraite les BOSBATY ont été remplacés par la société GUINARD-RATIER dont le siège était à Saint Paul et le gérant M. Alain RATIER. La boucherie a fermé en 2007 et M. RATIER a alors créé Le Noctambule, place Fratellini.

Aujourdh’hui le rez de chaussée n’est pas occupé.

La dernière maison de la place, au numéro 11, abritait autrefois un restaurant. L’immeuble appartient à M. et Mme Henri DESBORDES. C’est Mélanie DESBORDES qui tenait le restaurant tandis que son époux était camionneur. Il avait un attelage à cheval et c’est lui qui faisait office de corbillard.

L’attelage conduit par René LASPOUGEAS

Madame le docteur FORGERON se souvient que lorsqu’elle était petite fille Mme Desbordes élevait des oies en toute liberté. Elles étaient agressives et menaçaient ses mollets quand elle apportait une lettre à la Poste.

Après la retraite de Mme DESBORDES le restaurant est devenu bistrot, tenu par Mme Ginette BANCAUD puis ce fut une annexe de la boulangerie DIVRY. Au début des années 2000 une brasserie au nom ironique « Aux vers de vin » s’est installée. Elle vendait également du vin. La brasserie a fermé en 2006 et « Aux vers de vin » a déménagé pour s’établir 1 bis rue saint Ferréol.

Il y eu ensuite une boutique d’informatique puis pendant quelques mois David MAURY y a installé son entreprise de plomberie avant de la transférer rue Gambetta.

Le 1 mars 2017, Mme ISABELLE AUMAITRE a créé un salon original, un bar à ongle, qu’elle a appelé  « Mad Nails ».  

Une Caisse de retraite pour les pompiers volontaires dès 1958 ?

Les Sapeurs-pompiers sont des bénévoles. Ils sont défrayés lors des interventions mais aucune cotisation sociale n’est retenue sur cette indemnité.

En 1958, le chef de bataillon CONSTANT, Inspecteur départemental des services d’incendie de la Haute-Vienne, s’investi pour que soit créée une Caisse de retraite pour les sapeurs-pompiers volontaires. Dans un courrier adressé aux maires du département il leurs faisait part de ce projet et leur demandait de participer au financement de cette caisse. La plupart des maires ont répondu que leurs finances communales ne leur permettaient pas de participer à un tel financement mais ils suggéraient que celui-ci soit assuré au plan départemental ou au plan national.

Lettre du chef de Bataillon CONSTANT

Un vœu demandant le financement par l’Etat d’une telle caisse présenté au Conseil général de la Haute Vienne le 28 octobre 1958 par le Docteur BARRIÈRE, maire de Saint Léonard et conseiller général, a été adopté à l’unanimité.

Vœux du Docteur BARRIÈRE

De la création d’une allocation de vétérance à la prestation de fidélisation et de reconnaissance.

Un arrêté du 18 août 1981 permettait le versement d’une allocation de vétérance aux anciens sapeurs-pompiers non professionnels ayant accompli en cette qualité vingt années de service effectif et qui avaient atteint la limite d’âge de leur grade (60 ans pour les officiers, 55 ans pour les non-officiers, la condition de limite d’âge étant ramenée à 50 ans pour les sapeurs-pompiers reconnus médicalement inaptes au service).

Le montant maximum de cette allocation annuelle, actualisé chaque année, était de 1.871 F pour 1995 soit l’équivalent de 383 euros en 2019.

Dans la pratique, les conditions d’attribution et les montants effectivement versés variaient suivant les départements et certains n’attribuaient pas cette allocation.

La loi n° 96-370 du 3 mai 1996 relative au développement du volontariat dans les corps des sapeurs-pompiers a entendu remédier aux disparités dans le versement de cette allocation et unifier les conditions de son financement. Son article 12 a généralisé l’allocation de vétérance en rendant son versement obligatoire en faveur de tous les sapeurs-pompiers volontaires dont l’engagement prend fin lorsqu’ils atteignent la limite d’âge de leur grade, après avoir effectué au moins vingt ans de service.

Les deux conditions, avoir accompli vingt années de service et s’être engagé jusqu’à la date de la limite d’âge, n’étaient pas remplies par tous les volontaires. Aussi en 2004 les conditions d’obtention de cette allocation ont été modifiées et une nouvelle prestation créée.

La loi du 13 août 2004 relative à la modernisation de la sécurité civile crée la Prestation de Fidélisation et de Reconnaissance. Pour la percevoir il faut avoir au moins 20 ans de service à la date de cessation d’activité et entre 55 et 65 ans

Le montant de la PFR résulte d’une participation financière à part égale du Service départemental d’incendie et de secours (SDIS) et de l’Etat abondée par la cotisation obligatoire du sapeur-pompier volontaire à partir de sa 6ème année d’engagement et éventuellement de la majoration facultative de sa cotisation.

Une Nouvelle Prestation de Fidélisation et de Reconnaissance (NPFR) a été publié par le décret n° 2017-912 du 9 mai 2017 pris en application de la loi du 27 décembre 2016 relative aux sapeurs-pompiers professionnels et aux sapeurs-pompiers volontaires.

Pour la percevoir il faut avoir accompli au moins 20 ans de services (15 ans en cas d’incapacité opérationnelle reconnue médicalement), à partir de 55 ans en cas de cessation d’activité. Il n’y a plus de cotisations personnelles des sapeurs-pompiers volontaires, ni obligatoires ni facultatives.

Les prestations sont financées par les SDIS (avec une participation de l’État à hauteur de 50 %), les communes ou EPCI concernés.

Le Décret n° 2019-691 publié au journal officiel du 3 juin 2019 apporte essentiellement des ajustements rédactionnels et techniques permettant de clarifier le dispositif NPFR.

Les indemnités versées au sapeur-pompier volontaire au titre de l’exercice de ses fonctions et de ses activités au sein des services d’incendie et de secours définies par l’arrêté du 5 juillet 2019 et appliquées à compter du 1er août 2019 sont de 11,77 € pour les officiers ; 9,49 € pour les sous-officiers ; 8,40 € pour les caporaux et 7,83 € pour les sapeurs.

Les pompiers volontaires de la Haute-Vienne ont une section syndicale. C’est ce qui ressort de l’entretien de Bernard Buisson, pompier volontaire à Saint-Yrieix-la-Perche, et secrétaire de cette section syndicale le 14 novembre 2017 avec les journalistes de France Bleu Limousin. Cette création s’appuie sur un Arrêt du Conseil d’Etat du 12 mai 201 confirmant son avis de 1993 et réaffirmant la notion d’agent public contractuel des pompiers volontaires.

Rue Gambetta, coté impair, n°1 à 9

Le numéro 1 n’existe plus. Il a été démoli pour que le virage soit moins dangereux.

Au rez de chaussée de la maison il y avait un café dont l’entrée se trouvait rue Champlain.Il était tenu par M. et Mme Paul DESBORDES, dit « Paulou ».Il était pensionné de la guerre de 1914- 1918 pour une affection pulmonaire. Sa fille Marguerite a épousé Simon Desbordes. Le café s’appelait le Café de la Poste

Un jour de foire en 1914. On voit une colonne de soldats, fusil a l’épaule qui passe devant le café de la Poste.

Dans les années 1950 le café s’est appelé « Sporting Café ». Il était tenu par Mme CHIBOIS, dite « Coucou », fille du garagiste situé au n° 23 de la rue Gambetta. Ce fut ensuite monsieur R. ROBARD qui tint le café.

Le Sporting Café avant sa démolition

Le virage étant dangereux, surtout pour les poids lourds, la municipalité a décidé de racheter l’immeuble et de le faire démolir.La démolition a eu lieu en Juillet 1974. Elle a coûté 10 819 francs ( 8 500 € de 2019) et les aménagement 30 421 francs (24 000 € de 2019).

Les photos de la démolition m’ont été confiées par Madame le docteur Rose FORGERON, fille de M. et Mme VIGNERON qui habitaient aux numéros 3 et 5 de la rue Gambetta. L’essentiel de l’historique de cette rue est du à sa plume et à sa prodigieuse mémoire.

N°3-5-7

L’ancien numéro 1 devenu un petit square et le numéro 3, entrée de Jardi Flore

C’est la maison de Madame FORGERON. Elle a été construite par la réunion de plusieurs petites maisons, toutes communicantes. Plusieurs étaient à colombages et sont antérieures à 1830. mais c’est le cas de beaucoup de maisons de la rue.

Les grands parents de Mme FORGERON, Jean et Jeanne THOMAS ont acquis cette maison en 1919. Ils en étaient locataires depuis 1912.

Elle appartenait alors à M. et Mme PEYRAT, café, charron et forgeron.

A cette époque, au rez de chaussé des n°3 et 5, il y a le Café de la Promenade. Il comprend un café-restaurant, une salle de théâtre, des billards, une salle de tir et une salle de bal.La cuisine et une salle à manger sont au numéro 5. Le café de la Promenade a fermé en 1930.

Le café de la promenade est fermé mais Jean Thomas en utilise encore le papier à entête.

A l’étage il y a les appartements ou habitent M. et Mme THOMAS, leur fille Alice qui a épousé M. VIGNERON et leur fille Rose.

La cour est la cour de l’atelier qui est au fond. M. THOMAS est charron, forgeron et taillandier.

Après la fermeture du café le local a été loué à M. Paul BITAUD qui louait également le magasin situé juste en face , au numéro 6 de la rue.

En 1936, M. VIGNERON, une fois M. BITAUD parti installer son commerce dans l’ancien pensionnat, va ouvrir un magasin d’électricité et de radio. M. VIGNERON fait les installations électriques et son épouse tient le magasin. Elle ajoutera d’abord un rayon quincaillerie, puis papeterie-librairie, jouets, épicerie, parfumerie. Elle en fera un véritable bazar ou on trouve tout … ou presque. Quand j’étais enfants nous aimions y aller car on achetait aussi bien des « roudoudou » que des cages à hannetons! on attachait un fil à la patte d’une ces petite bête et on la faisait voler dans la classe…

Madame VIGNERON passe beaucoup de temps dans son magasin, elle a l’œil sur tous les faits et gestes des jeunes garnements que nous sommes. Elle décèle toute tentative que nous aurions eu de vouloir mettre dans notre poche un petit jeu ou une friandise !Elle tiendra son magasin même après le décès de son mari en 1970. Elle le quitte après une fracture du col du fémur pour le transférer au numéro 5 jusqu’à son décès en 1986.

Le « Bazar » de Mme VIGNERON en 1953

En 1987 le magasin est loué à Mme EYLIER qui en fait un commerce de bonneterie et layette.

En 1989 c’est Mme MOUGNAUD qui devient locataire et ouvre une boutique de fleuriste et en 1991 Mme Valérie DUBOISGACHET qui est la nouvelle locataire ouvre le magasin Jardi Flore.

Le numéro 5, ancienne cuisine et salle à manger du Café de la Promenade, a été transformé en magasin en 1930 et loué à M. et Mme Henri LENOIR pour un commerce de radio-électricité. Madame LENOIR était la fille de M. Louis AYMARD, le créateur de l’usine électrique . Voir l’article  » Une grande figure de Nexon : Louis AYMARD « 

Au départ de Henri LENOIR arrivent de Thiviers M. et Mme Jean BUSSIERE. Ils ouvrent un magasin à l’enseigne « A la Tentation » ou l’on trouve des tissus, de la confection,de la mercerie avec des articles de belle qualité. Madame BUSSIERE qui était couturière fait les retouches et son mari fait, avec sa fourgonnette, des tournées dans les campagnes. M. BUSSIERE, passionné par le football était vice président de l’Amicale Sportive Nexonnaise.

Après la retraite de M. et Mme BUSSIERE, Mme Vigneron y transfère les rayons papeterie, parfumerie, librairie et bijouterie fantaisie jusqu’en 1986. Le fonds est alors acheté par Mme Chantal PECOUT. En 1993 elle le transférera au n° 7.

Le magasin devient alors le cabinet des infirmières, puis il est loué à Mme DUBOISGACHET et le numéro 5 communique de nouveau avec le numéro 3

Les numéros 3 et 5 communiquent et forment une seule boutique « Jardi Flore »

La cour de l’atelier et l’atelier lui-même sont le fief de M. THOMAS puis de son gendre M. VIGNERON.

Au fond de la cour l’atelier avec tout son matériel . Les beaux colombages sont mis en valeur.

Au numéro 7, au 1er étage il y avait un grenier à bois, fermé par les seuls bois des colombages. Donnant sur la rue, une petite pièce où étaient stockées les pièces détachées : dents et lames de faucheuses, socs de charrue neufs, etc. C’est maintenant un appartement

Au rez de chaussée l’atelier a été transformé en magasin en 1982. Plusieurs commerces s’y sont succédés. D’abord le magasin des laines Phildar tenu par Mesdames GRAMAGNAT, RAINAUD puis DESROZIERS jusqu’en 1992.

Ensuite Madame PECOUT y transfère le commerce qu’elle tenait au numéros 5. Il fermera en 2006. Une boutique de sacs, petite maroquinerie et accessoires de modes tenu par Madame PERAIN restera en activité jusqu’en 2006.

C’est alors une épicerie associative, V’la Aut’Chose, qui s’y installe de 2011 à 2018.

Des nexonnais passionnés gèrent bénévolement l’épicerie et une personne salariée tient la boutique. Pour consommer, il faut être adhérent et s’acquitter d’une cotisation annuelle de 5€. 

Au numéro 9 il y avait dans les années 1930 l’épicerie CUBERTAFOND. Ensuite ce fut un salon de coiffure tenu par Mademoiselle FAUCHER devenue Madame ANGARD. C’étai une très bonne coiffeuse et le salon était réputé. C’est devenu ensuite un magasin d’électro-ménager et Télévision de M. et Mme J.C. FONCHY. Ensuite, pendant très peu de temps les Assurances AG2R s’y sont installées puis M. ROCHE a ouvert un commerce de vin et d’épicerie fine. Il est parti rue Pasteur en 2018. En 2019 le magasin n’est pas occupé.

Rue Gambetta n° 28 à 38

Autrefois, entre l’actuelle rue Lafontaine et la rue Jean Jacques Rousseau, il y avait un grand mur derrière lequel se trouvaient deux institutions religieuses. Il s’agissait de deux écoles, l’une pour les filles, l’autre pour les garçons. L’école des filles, la première en venant du bourg et en allant vers la gare, dépendait des Sœurs de l’enfant Jésus, congrégation née au Puy au XVIIe siècle. Celle des garçons située après correspondant aux numéros 32 à 38 actuels, dépendait des Frères du Sacré Cœur, congrégation fondée à Lyon en 1827 par le Père André COINDRE. L’école de garçon, comme celle des filles, a été créée par la volonté du baron Astolphe de NEXON qui a mis à disposition le terrain et apporté un financement. L’histoire de ces institutions figure sur ce blog au chapitre « Les écoles religieuses à Nexon ».

Les cartes postales anciennes montrent le long mur mais, à ma connaissance, il n’y a de vues en gros plan sur les écoles.

Le premier bâtiment en allant vers la gare abrite l’école de filles, le suivant l’école de garçons.

N° 28 -30 : ce sont les bâtiments qui correspondent à l’ancienne école de filles.

Les bâtiments du pensionnat de jeunes filles ont été vendus à Monsieur Paul BITAUD. Il a fait démolir le mur et agrandir l’aile gauche où il a transféré son commerce de quincaillerie. Il l’a baptisé « SAM SUFFY », nom que l’on peut lire aujourd’hui encore sur le mur du magasin d’optique.

On trouvait de tout chez M. BITAUD. Les marchandises sont exposées jusque sur le trottoir et la cour sert également de dépôt.

La boutique est trop petite, le trottoir sert d’étal…
Monsieur Bitaud devant sa camionnette abondamment chargée !

Après le décès de M. Paul BITAUD en 1950, son épouse Marie BITAUD avec sa fille et son gendre M. Armand DENARDOU ont dirigés l’affaire.

M. DENARDOU qui était électricien a ajouté son métier à celui de ses beaux-parents.

Puis c’est M. F. LE GUEN, fille DENARDOU qui a dirigé les galeries nexonnaises de 1981 à 2002.

Le commerce change ensuite de nature. Pendant quelques mois un commerce de fleurs a pris la suite, MILLE FLEURS GALERIES NEXONNAISES, un établissement secondaire de Mme E. FORINO. Ensuite un opticien M. Lionel BERTRAND – GERBAUD à ouvert NEXON OPTIQUE.  

Dans le prolongement de Nexon Optique on trouve d’autres commerces.

On trouve d’abord un salon de toilettage pour animaux. Il y eu A QUAT PAT puis Mme Romane CORRET a ouvert PILS POILS.

A côté on trouve une supérette. Elle fut d’abord ouverte à l’enseigne SITIS, un groupe de supérettes indépendantes de proximité puis à l’enseigne VIVAL du groupe CASINO.

Aujourd’hui la cour est moins encombrée de marchandise, elle sert de parking pour les clients.

De l’autre côté de la cour, dans un grand local qu’il a fait construire, Georges DENARDOU a créé un commerce de meuble que gère son épouse et sa fille tandis qu’il s’occupe de l’installation d’appareils de chauffage, de plomberie, d’électricité…

Quand on remonte la rue on arrive au deuxième bâtiment, celui qui abritait à l’origine l’école de garçon.

Après la fin de la guerre de 1939-1945 l’école de filles a rejoint celle des garçons. L’école était dirigée par Mlle ARCHAMBAUT. On voit sur cette carte postale le groupe des jeunes filles avec leur maîtresse.

Aujourd’hui le mur est toujours là mais l’école a disparu.

Au numéro 30 M. Jean Pierre BOULESTEIX ouvre un atelier de plombier-zingueur.

Numéro 32 : L’école a été fermée en 1953 et les bâtiments vendus. Ils ont été achetés par M. C. REALLE. Il a fait construire des logements à gauche de la cour et a rénové l’ancien bâtiment.

Son fils Robert y a transféré une partie de l’activité de l’activité produits du sol et depuis 1982 le siège de l’entreprise de transport.

Au numéro 34 on trouve des logements de particuliers

N° 36, ce sont également des appartements de particuliers.

Avec le numéro 38 on termine le coté pair de la rue Gambetta. La porte donne sur un jardin qui permet d’accéder au coté du bâtiment.

La rue Gambetta, ancienne rue du Nord. Le côté pair de 22 à 26.

N° 22 : Le bâtiment fait l’angle de la Rue Gambetta avec l’impasse Gay-Lussac.

N°22 Rue Gambetta

Le magasin qui donne sur la rue, bordé par une galerie en bois, a été occupé par l’épicerie LAGORCE. Puis ce fut le bureau de tabac tenu par M. Robespierre CADIN qui était chef de la Clique nexonnaise. Après le départ à la retraite de M. CADIN à la fin de l’année 1984, il y eu des occupations épisodiques et maintenant le magasin n’est plus utilisé.

L’épicerie Lagorce, Pâques 1964
La rue Gambetta vers le bourg en 1943

N° 24 : l’immeuble a été construit après la première guerre mondiale ; Sur les cartes postales anciennes il y a un grand jardin entre la maison à l’angle de la rue Gay Lussac et celle à l’angle de la rue Lafontaine

Il n’y a pas de construction entre les numéros 26 et 22 actuels mais un mur avec un jardin en contre-bas.

M. DUFROIS, sabotier fait construire une grande maison en deux parties semblables. A droite c’est son magasin et son habitation. Son gendre M. CHENAVIER y habite également avec sa fille Andrée, une camarade de Madame le docteur FORGERON lorsqu’elle était jeune fille et habitait chez ses parents, M. et Mme VIGNERON.

L’imposant immeuble du n° 24 avec ses deux magasins en 1984

La partie gauche était louée d’abord à M. LAMARCHE qui tenait une épicerie primeur puis à M. LAGORCE qui y transporta son épicerie. La caisse d’épargne y ouvrit son agence avant de la transférer au 2 place de la République.

Puis les deux magasins ont été réunis et une construction a été ajoutée sur la droite. Il y a un bar-tabac-journaux, L’EDEN, tenu par M. Jean-Yves FAYEMENDI jusqu’en mai 2005. Messieurs Rémy et Richard DIDIER lui ont succédé puis M. Richard DIDIER seul.

L’Eden au numéro 24. On remarque les modifications de la façade
Un agrandissement a permis de réaliser un vaste espace commercial Bar, Presse, Tabac…

A la fin de l’année 2018, L’EDEN a été repris par M.et Mme MASSY, propriétaires du restaurant situé 17 avenue Charles de Gaulle.

Un jardin en contre bas sépare l’Eden de l’immeuble du n°26.

N° 26 : le bel immeuble construit à la fin du 19ème siècle abritait la Poste jusqu’à la construction de la nouvelle poste, place de la République, autre fois le champ de foire.

Deux cartes postales, l’une éditée en 1908 par l’Hirondelle, plus haut dans le texte, montre tout le personnel devant la porte, les facteurs en uniforme et une femme portant un barbichet. La seconde, sans nom d’éditeur, date de la même époque mais avec un plan plus large elle permet d’apprécier à la fois les dimensions de l’immeuble et la perspective vers le centre du bourg.

A l’exception du personnel, absent sur cette carte postale, les deux clichés sont identiques et datent de 1907

Après le déménagement de la poste c’est la librairie -journaux de madame GRAMAGNAT qui s’y est installée. Puis ce fut Madame SENAMAUD et maintenant il n’y a plus de commerce.

Le 26 de la rue Gambetta en 1942
Les traces de la vitrine sont encore visibles à gauche de la porte

NEXON est aussi une marque internationale : La Tata Nexon

Tata est un important groupe industriel indien dont le nom provient de celui de la famille qui l’a fondé et le contrôle. Parmi les compagnies du groupe Tata, la plus connue en occident est Tata Motors anciennement TELCO (Tata Engineering and Locomotives Ltd) qui produit des automobiles pour le marché indien. Sa gamme de produits comporte des véhicules de tourisme, des véhicules utilitaires et la Nano, déclarée la voiture la moins chère du monde.

En mars 2008 la notoriété du groupe a touché l’Europe lorsqu’il a racheté les marques Jaguar et Land Rover (JLR) au constructeur américain Ford Motor Company qui était en difficulté financière. En moins de 10 ans JLR qui perdait de l’argent est devenu bénéficiaire et connait une croissance des ventes de 10% en moyenne.

Le groupe compte maintenant des usines au Brésil, en Inde, en Chine et en Slovaquie. En 2020, 40 % des Jaguar Land Rover devraient être fabriquées hors Royaume-Uni.

En 2014 Tata a présenté un modèle de petit SUV urbain, très court puisque mesurant tout juste 4 mètres. Le modèle a mis du temps à sortir mais en 2017 il a été présenté dans plusieurs salons internationaux, et ce modèle a pour nom NEXON. Le Tata Nexon abrite un moteur de 3 cylindres 1,2 litres turbo de 110 ch. accouplé à une boîte automatique de 5 rapports. C’est à la base une traction mais l’essieu arrière, couplé à un moteur électrique, peut le transformer en un 4×4 tout-terrain. Tata indique que la vitesse maximale est de 180 km/h et que sa consommation s’établit à 5,7l/100km.

Tata Nexon présentée au Népal

                                              

Au Salon de Genève en mars 2017

Owen Mahoney, Directeur Général en charge de la Tata Nexon

1849 les premiers timbres postes

Lettre écrite par Me Cubertafon, notaire, le 18 juin 1849, postée le 19 juin à Nexon, arrivée le 20 juin à Limoges.

Le 20 c Cérès noir a été mis en vente le 1er janvier 1849. Il a été dessiné et gravé par Jacques Jean Barre. C’est un timbre non dentelé. Chaque timbre était découpé aux ciseaux dans une feuille de 150 clichés. Selon l’habileté de la personne les marges étaient plus ou moins régulière, ce qui joue sur la sa valeur marchande, les collectionneurs recherchant les timbres aux marges équilibrées.

41 700 000 timbres ont été tirés sur les presses et 31 100 000 exemplaires ont été vendus au public. Le 20 c Cérès a été retiré de la vente des bureaux de poste entre juillet et fin octobre 1850. Il a été remplacé par le 25 c Cérès bleu, à la suite du changement de tarif postal du 1er juillet 1850.

Pour empêcher la réutilisation du timbre-poste les bureaux de poste l’oblitèrent avec une grille. Dans certains cas le matériel destiné à l’annulation du timbre-poste n’a pas pu être livré à temps. Dans ce cas les anciens cachets à date ont été utilisés donnant une valeur importante à l’ensemble timbre -oblitération. D’où l’importance de conserver les timbres sur leur enveloppe car, parfois, l’oblitération a plus de valeur que le timbre. La philatélie est l’étude et la collection des timbres ; la marcophilie est l’étude et la collection des marques et oblitérations postales.

Le pavillon de garde du château de La Garde

Une belle gravure en couleur du pavillon de garde situé à l’entrée du château de la Garde. Elle a été publiée dans la revue « L’Habitation pratique  » du 2 avril 1904.  Ce pavillon est l’oeuvre de l’architecte Louis Charles Geay.

 

Louis, Charles GEAY (1843 – 1898) est né à Saint-Georges de Didone (Charente-Maritime). Ingénieur des arts et manufactures il est architecte à Cognac à partir de 1868 ; Il est nommé inspecteur des édifices diocésains de Limoges par arrêté du 31 mars 188.

Il a construit des écoles et des chapelles en Charente, divers bâtiments en Charente-Maritime, Creuse et Haute-Vienne ; restauré les châteaux de Chesnel, Grandmoulin et Lafont en Charente ; construit l’église de Guéret, restauré comme inspecteur les églises du Chalard (Haute-Vienne), du Dorat et Solignac.

Son fils Louis-Charles-Henri GEAY (1875-1945) est également architecte. Il débute sa carrière en 1907 avec la réalisation de la Bourse et de la Chambre de commerce d’Angoulême.

De 1911 à 1929, il occupe le poste d’architecte des monuments historiques de la Haute-Vienne. On lui doit l’immeuble des PTT de l’avenue E. Vaillant mis en service en 1931. De style art déco il se caractérise par sa sobriété et par l’emploi de nouveaux matériaux tels que le béton moulé et la brique.

Le château de La Garde a été réalisé par Paul Blondel (1847 – 1897), Grand Prix de Rome en 1876. Paul Blondel est mort moins d’un an après la fin de la construction du château.