On trouve dans les anciens registres de la paroisse des actes faisant mention de sépultures dans les chapelles de l’église de Nexon. Par exemple celui-ci de 1652 indique une inhumation devant la Chapelle Ste-Catherine : « Le troiziesme jour du mois d’avril mil six cent cinquante deux est décédée en la Communion de nostre mère la Ste-Eglise Anne Moureau veufve Mr Jean de Verneilh notre royal du bourg âgée de quatre vingt ans estant par moy Confessée et Communiée dont le Corps repose en ladtte esglize devant lautel de Ste-Catherine dont nous avons Commandé une grande messe de Mort a diacre et Sous diacre. F. Tarade prbtre vicaire de Nexon ». Plus tard, en 1672 c’est devant la chapelle de Notre Dame que la personne est enterrée : « Le 17e Xbre 1672 le sieur des places mourut âgé de 28 ans et fut ensevelit dans lesglise de Nexon q/ tombeaux de ses feux prédécesseurs devant l’autel de nostre dame pnt Mr Clément et Mr Laurans prêtre de Nexon fait par moy vicaire de Nexon. Guyot vicaire dudt Nexon ».
Une page du registre pour montrer la difficulté de lecture …
Comme dans tout le Limousin, les notables avaient à l’église leur banc de famille, et sous ce banc était creusé leur caveau funéraire. Les registres paroissiaux ne relatent pas systématiquement ce détail mais on trouve des références à des inhumations devant le banc de la famille de Nexon, par exemple : « Le dix huitième jour du mois de Juin mil sept cent soixante sept est décédé au Château de Nexon et a été inhumé devant le Ban de la Sélive, Monsieur Claude DEGAY fils de messire Jean-Baptiste Féréol Degay Ecuyer signeur de Nexon. Et de Darne Anne Hebrard âgé d’environ neuf ans, ont assisté à son enterrement Mefsire françois Alexis Degay Ecuyer Cher de l’ordre royal militaire de St-Louis et Me Jean Baptiste Deverneilh notre royal qui ont soussigné avec Moy. Denexou – Deverneilh – Cosnac curé de Nexon ». La famille de Nexon a gardé son banc dans l’église jusqu’à la fin des années 1960, date à laquelle l’abbé Redor, curé de la paroisse, le fit enlever, les mauvaises langues disant que c’était pour se chauffer car le presbytère était froid et humide et ses revenus très faibles !
Un acte de 1760 nous apprend que les membres de la Fabrique avaient dans l’église un caveau spécial « Le vingt troisiesme jour du mois de juin mil sept cent soixante est décédé au bourg après avoir reçu les sacrements de l’église et est inhumé dans le tombeau de la fabrique, St Annet Tarrade âgé de soixante huit ans ou environ, Juge de Nexon, ont assisté à l’enterrement Jean Bte Deverneilh procureur d’office et François Guyot Controlleur des actes qui ont signé Deverneilh proc ; d’office – Guyot Controlleur„ « Cosnac curé de Nexon »
L’existence de plusieurs tombeaux dans les différentes chapelles de l’église montre que l’église de Nexon est une vaste nécropole. On y relève plus de cinq cents inhumations faites entre 1650 et 1778.
Les pierres tombales se voient encore très nombreuses dans les différentes parties de l’église mais la plupart ont été retaillées, divisées ou changées de sens, lorsque le pavé, fortement détérioré pendant la période révolutionnaire fut réparé de fond en comble en 1802 ou 1803, au moment du rétablissement du culte.
A côté des familles nobles et des prêtres qui avaient, d’une façon bien établie et admise par tous, un droit de sépulture dans l’église, beaucoup d’autres, bourgeois, artisans, gens aisés des villages … prétendaient jouir de cette même faculté sans y avoir droit. Dès le règne de Henri IV, ces prétentions non justifiées étaient la cause de procès dans la France entière. Aussi les curés, et ceux de Nexon en particulier, s’entourent de précautions minutieuses afin que leurs paroissiens ne puissent se prévaloir de l’inhumation d’un des leurs dans l’église pour en conclure à un droit dans l’avenir. Dans ce cas, qui devint le plus fréquent au XVIIIe siècle, l’enterrement était dit « sans conséquence », et les actes mortuaires étaient rédigés de façon à éviter toute réclamation ou prétention ultérieure.
En voici quelques exemples choisis parmi les plus caractéristiques :
1689 – Décembre. « Le vingtiesme jour du mois et an susdict a été inhumée dans Leglise de Nexon Gabrielle Bonnet veufve de feu léonard de Combrouse décédée dans le pnt bourg le jour d’hier âgée d’environ cinquante ans sans que pour raison de ce qu’elle a été enterrée dans Lad. Eglise Jean de Combrouse son fils, ni les siens puissent prétendre aucun droit de sépulture dans Lad, église auquel Led de Combrouse a déclaré renoncer sans quoi Led enterrement n’aurait été fait dans Lad. Eglise et le dit de Combrouse a signé avec moy. Juge curé de Nexon – J de Combrouse »
1694 – Novembre. « Le trenième du mène mois et an que dessus a été inhumée dans Leglise de Nexon Françoise DECOUILHAC fille de Pierre DECOUILHAC et de Peyronne Puidenus sa femme du village de Mazérieux décédée le jour précédent, âgée d’environ trois mois, Led. Enterremt a été fait dans Leglise sans tirer à conséquence moyennant quarante sols que le père a donné pour les réparations. Juge Curé de Nexon ».
1695 – Novembre. « Le vingt et troisième du même mois et an que dsssus jay ensevely dans leglise de Nexon Jean DEVERNEILH mort le jour précédent âgé de huit jours. C’est pourtant sans conséquence et sans qu’ils puissent prétendre de se faire ensevelyr dans la ditte église sans le consentement de Monsieur le Curé. Bouthet vicaire de Nexon ».
1714 – « Le deuxième jour du mois d’avril 1714 a esté inhumé dans l’église de Nexon sans tirer à conséquence et pour don fait à l’églize Marie DEGAY femme de Pierre DUPUITREN auprésent bourg ».
1714 – Novembre. « Le 17e dud mois et an a esté inhumé Me Thomas Berny sieur de Noyéras – Juge de Nexon dans l’église de nexon sans tirer à conséquence et pour don fait à l’église pour paver lad, église décédé dans le présent bourg, âgé d’envrion 80 ans ».
1725 – « Le premier Novembre mille sept cent vingt cinq Pierre GIZARDIN apothicaire âgé d’environ cinquante ans a été enterré dans l’église en payant les droits accoutumés en présence de sa famille ».
Il est difficile de dire à combien se montaient ces droits accoutumés. Il est souvent question de donner quarante sols, cent sols, dix livres mais il s’agissait là, plutôt d’une donation spéciale que d’un tarif déterminé. Quelquefois aussi l’enterrement dans l’église était un honneur décerné à ceux qui avaient rendu à la paroisse des services signalés. Ainsi en 1742, François TARRADE du bourg, est enterré dans l’église pour avoir été « Caille des âmes » pendant trente ans. Il s’agit d’une sorte de confrérie qui avait pour fonction de recueillir les offrandes pour les âmes des défunts ; il en existait également une à Limoges dans la paroisse de St-Michel. Bien que les confréries fussent nombreuses avant la Révolution, celle-ci est la seule que mentionnent les registres paroissiaux de Nexon
En 1776, les inhumations furent interdites dans les édifices religieux. A Nexon, cette interdiction ne fut observée que deux ans plus tard à la fin de 1778, le dernier enterrement fait dans l’église étant celui d’un domestique du Château des Pousses, le 23 Octobre 1778. Après cette date toutes les inhumations furent faites dans le cimetière.