Philippe de NEXON est né le 25 mai 1933 au château de la Garde. Il est le troisième enfant du baron Georges de NEXON et de son épouse Anne, née CESBRON-LAVAU.
Il a passé sa jeunesse entre le château de la Garde, une bâtisse que son grand-père Auguste de NEXON avait faite construire en 1897 et le château de Nexon. S’il n’a pas connu son grand père, décédé un an avant sa naissance, il a eu la chance de connaitre sa grand mère, née Gertrude RICARDO. Anglaise de naissance, elle a fait venir à Nexon des jeunes filles anglaises et l’anglais était concurremment parlé au château. Il fallait bien les 13 domestiques pour entretenir les 44 pièces et assurer le quotidien de la famille et des proches qui appréciaient la qualité de la vie à la Garde.
Le passé prestigieux de la famille en matière équestre impliquait que tous les enfants pratiquent l’équitation. Pendant les vacances scolaires, tous les matins, une sortie d’au moins deux heures était organisée sous la férule de leur père. C’est donc sans difficulté qu’il obtint son monitorat à l’Ecole Nationale des Haras.
Le gout de l’équitation n’a pas diminué avec le temps et il était fréquent de voir Philippe de Nexon parcours le parc du château de Nexon comme si c’était un parcours complet. On le voit ici en 1988 franchissant un obstacle.
Mais c’est dans l’agroalimentaire que Philippe de Nexon construit sa carrière. Elève de l’Ecole Supérieure d’Agriculture de Beauvais, il obtint son diplôme d’ingénieur. Il commence à Paris, au Centre français du commerce extérieur, chargé des missions agricoles. Puis il revient à Nexon et de 1970 à 1982 il reprend la gestion des terres familiales et chausse les bottes pour devenir agriculteur. Le couronnement de sa carrière fut les nombreux titres qu’il ,obtint avec Lascar un taureau de 1 331kg : Champion au Concours Spécial de Limoges en 1979 et au Concours Interdépartemental de Brantome, troisième au Concours Général à Paris.
Lorsqu’une partie des terres a été vendue, à 50 ans, Philippe de NEXON change de nouveau de métier. Il devient délégué régional au commerce et à l’artisanat, d’abord en Normandie, puis il est muté auprès du préfet de la région Limousin. A 60 ans, par arrêté du Premier ministre en date du 29 mai 1998, il est mis fin à ses fonctions. C’est maintenant l’âge de la retraite.
Il va passer plus de temps dans la villa de Varnet qu’il a achetée après la vente du château de La garde. Cette villa était la propriété de M Guy RICHARD D’AMARZIT et de son épouse Marie des COURRIERES.
Philippe de Nexon continue à s’intéresser aux chevaux et chaque année il est présent à Pompadour pour le prix du Baron de Nexon.
Le 28 Octobre 1961, Philippe de Nexon a épousé Anne-Laurence de Blonay, issue d’une vieille famille seigneuriale du pays de Vaud en Suisse. Elle lui a donné un fils, Frédéric.
Lorsqu’il a divorcé il n’est plus reçu au château par son père. Il épouse, en secondes noces Renate DIELS, de nationalité allemande, petite fille d’Otto DIELS, prix Nobel de chimie en 1950. De ce mariage sont nés trois enfants : Amaury, Constance et Stéphanie.
Dernier des Nexon à vivre sur la commune dont il porte le nom, Philippe de Nexon a répondu aux journalistes de France 3-Limousin dans l’émission Paroles d’anciens : » le Baron de Nexon, descendant d’une noble lignée ».
L’auteur du blog sur Saint Yrieix la Perche nous invite à regarder plusieurs sites qui traitent du barbichet, ceci pour actualiser le chapitre que j’ai consacré au barbichet le 6 novembre 2017 : https://etsinexonmetaitconte.fr/wp-admin/post.php?post=2363&action=edit
Un autre correspondant m’a envoyé des photos en me demandant si elles correspondaient au domaine de La Vigne appartenant à la famille MAZEAUD. Ayant eu par M. jacques MAZEAUD que certaines avaient bien été prise à La Vigne j’en extrait deux ou l’on voit le groupe des servantes en costume limousin, devant la maison, dans les années 1880-1890, les photos ayant été tirées de plaques photographiques.
L’article sur La Vigne et les MAZEAUD a été publié le 10 mars 2019 : https://etsinexonmetaitconte.fr/wp-admin/post.php?post=3213&action=edit
Claude BALAIZE qui a 85 ans et habite Senlis cherche des informations sur ses arrières grands parents qui ont vécu à Nexon.
Yrieix Balaize, son arrière grand-père est né le 27-05-1849 à Le Chalard et décédé à Nexon le 12-10-1908. Il a été inhumé dans le cimetière communal (concession 289).
Quant à son arrière-grand-mère, veuve Balaize, elle est née Marie Eléonore Léonard le 21-03-1849 à Rochechouart et décédée à Nexon le 20 janvier 194. Il n’y a pas de registre des inhumations qui remontent a cette date donc on ne sait pas si elle est inhumée dans ce caveau.
Ces deux personnes se sont mariées le 09-05-1871 à Rochechouart. Ils ont eu une fille, Balaize Marie Louise, née le 11-04-1872, veuve en 1ères noces de Gabriel Meunier-Quinsac, veuve en 2èmes noces de François Lelong, maire de Nexon. Elle est décédée le 21-07-1960 à Tulle. François Lelong est mort à Nexon le 27-03-1925.
Balaize Yrieix a d’abord été instituteur et ensuite Agent voyer et il aurait été un citoyen « actif » à Nexon !
Merci à tous ceux et celles qui pourront apporter des informations.
Nous vivons l’épidémie liée au Coronas virus mais dans le passé nos anciens ont connus de violentes épidémies. Sans remonter à la peste ou au choléra, la rougeole faisait régulièrement des ravages. Ce fut le cas à Nexon au début de l’année 1887.
Le 6 janvier 1887 la jeune Marie GUYONNAUD, âgée de 14 mois, décède à la petite Bouène. Le lendemain Marguerite CHARRIER n’a que 6 mois lorsqu’elle meurt. Ce sont ensuite des jeunes hommes qui décèdent, Jean LAPLAUD a 17 ans, Jean baptiste ADAM 26 ans, Charles LENFUME 27 ans …
Mais c’est au mois de mars que l’épidémie s’emballe. Le 14 mars Marie SABOURDY décède après quelques heures de vie, puis c’est Marie Lucie VERNEUIL qui a 4 mois. Et la famille VERNEUIL va être cruellement frappée avec le décès, le lendemain, de leurs deux autres filles, Jeanne âgée de 2 ans et demi et Gabrielle Marie qui a 6 ans.
Marie Lucie Verneuil
Jeanne Verneuil
Gabrielle Verneuil
Pour enrayer l’épidémie, aujourd’hui comme hier, le confinement est la solution.
Avec l’accord du préfet le Maire ferme toutes les écoles pour 3 semaines. L’émotion est vive dans la commune.
Le Gaulois, 28 mars 1887.
Jusqu’au 24 avril douze enfants de moins de 10 ans vont perdre la vie. Après une accalmie en juin, une seconde vague, moins violente, va de nouveau frapper en juillet. le 14 juillet Françoise AUZEMERY est emportée alors qu’elle n’a que 6 mois puis, le 18, Pierre MASSALOUX qui a 14 ans et le 23 c’est François JOUHAUD âgé de 2 mois et le 25 Henri SAZERAT, un bébé de 15 jours.
Au cours de cette année terrible, 27 jeunes enfants de moins de 10 ans ont perdu la vie, 3 enfants sont nés sans vie. La commune a enregistré 70 décès dont 43 de moins de 40 ans. Les années précédentes, comme les années suivantes, le nombre des décès était compris entre 45 et 58.
Après l’épidémie le Gouvernement a interrogé l’Académie de Médecine afin de définir la durée de la mise à l’écart des élèves touchés par une maladie contagieuse, la quarantaine apparaissant trop logue pour certaines maladie et trop perturbante pour les études. Pour la rougeole, l’Académie de médecine propose un isolement de 25 jours.
Le Courrier du Centre 13 mars 1888
La circulaire du Ministre aux recteurs précise également les mesures de désinfection à appliquer.
Liste des personnes de moins de 40 ans décédées en 1887.
Trois enfants sans vie : les 20 avril, 21 mai et 19juin.
Pour ces enfants il n’était pas délivré d’acte de naissance mais un acte de présentation et il ne leur était attribué ni nom ni prénom.
Robert de NEXON a non seulement été un grand joueur de bridge et sans doute le seul nexonnais à avoir conquis un titre de champion du monde mais il fut aussi un brillant officier et un chef d’entreprise performant. Marc MECHENOUA, qui a écrit l’article que lui consacre la revue BeBridge, a eu connaissance de mon blog et nous avons longuement échangé sur le sujet qu’il souhaitait traiter. Il m’a autorisé à mettre son article ainsi que le numéro de la revue sur mon blog, ce que je fais avec plaisir.
Que l’on soit ou non joueur de bridge on ne peut qu’apprécier la qualité de BeBridge. Cette revue a pris la suite du très ancien Le Bridgeur en le modernisant et en abordant des sujets comme la musique, le cinéma, la musique, la gastronomie …
A la suite de mon article sur les évacués de Buhl, Monsieur Robert BALL m’a envoyé un article qu’il a publié dans le Bulletin communal de Buhl pour l’année 2019. C’est l’histoire de son village pendant la deuxième guerre mondiale avec une première évacuation vers la Haute-Vienne, d’abord à Darnac puis à Nexon. Il décrit le choc que cet épisode a créée chez les 335 habitants du village, alertée par le tocsin le 1er septembre 1939 et recevant l’ordre d’évacuer en 2 heures en emportant 30 kg d’effets personnels. Après 8 jours de marche et d’arrêts plus ou moins longs c’est le départ en train, sans confort et sans hygiène. Puis c’est l’arrivée au Dorat et le choc des cultures. Un grand nombre des Alsaciens ne parlaient pas un mot de français ce qui fait qu’ils ont parfois été traités de « Boches ». Mais outre la langue tout les séparaient des Limousins: le paysage, le climat, l’habitat avec des fermes dispersées alors les fermes en Alsace sont toutes regroupées dans des villages, le travail des champs avec des bœufs alors que chez eux on utilise les chevaux, la nourriture, la boisson…
La photo est prise en haut de la rue Pasteur.
Avec l’armistice c’est le retour à la maison mais une maison sous occupation et une germanisation forcée accompagnée d’un endoctrinement. C’est particulièrement dur pour les jeunes de 17 à 25 ans soumis au service du travail, le « Reichsarbeitsdienst ». puis à partir du 26 aout 1942 l’incorporation de force dans la « Wehrmacht ». La fin de l’année 1944 a été très difficile. L’arrivée des troupes américaines à Buhl le 14 décembre 1944 ne donne pas lieu à une liesse débordante car ce qui reste de l’armée allemande se prépare à une vaste offensive contre les Alliés. Des combats violents opposent le 315e régiment d’infanterie US à la 21e Panzerdivision. le 14 janvier 1945 des bombes tombent sur Buhl. Les habitants évacuent pour la seconde fois leur village qu’ils retrouveront en partie détruit, à partir du 16 mars après que la grande offensive lancée par la 2ème DB du général Leclerc ait permis la libération des villages alsaciens. Cette fois ci c’était la joie et le début d’une nouvelle vie pour cette population qui en 75 ans a changé 4 fois d’appartenance politique.
J’avais une image imprécise de la ligne Maginot. J’ai découvert que Buhl se trouvait en plein milieu de ce qui n’est pas une ligne mais un couloir de plusieurs kilomètres de large avec des postes d’observation près de la frontière, puis, environ 5 kilomètres en arrière de la frontière, une ligne de points d’appui et d’avant postes avec des blockhaus antichars devant opposer une première résistance et, à 10 kilomètres de la frontière, la LIGNE PRINCIPALE DE RESISTANCE précédée d’un obstacle antichar, un champ de rails plantés verticalement. Celui-ci est combiné avec un obstacle anti-personnel fait de réseaux de fil de fer barbelé très dense et d’ardillons, petites pointes émergeant du sol. Des barrières routières antichars permettaient d’obstruer les routes aux points de passage dans le champ des rails. Les casemates sont armées de mitrailleuses et de canons antichars. Elles ont généralement 2 étages, un niveau de combat et un étage inférieur de repos et de services (groupes électrogènes, réserves d’eau, de carburant, de vivres, ventilation, etc.). Elles sont surmontées de 1 à 2 cloches de guetteur et leur équipage est de 20 à 30 hommes.
Hohwald
Schoenenbourg
rails antichars
Oberroerdern Nord
Buhl se trouvait entre les avant-postes et la ligne principale de défense.
es constructions ont été réalisées par les Sections Techniques du Génie (STG) ou par la Main d’Œuvre Militaire (MOM).
Voici les 20 pages du texte de Robert Ball. Elles nous permettent de comprendre les drames vécus par les habitants de cette région et, avec eux, militer pour que nos enfants et petits enfants vivent dans une Europe en paix qu’il nous faut consolider.
En France c’est Philippe Auguste qui en 1184 fut le premier roi à vouloir régler le problème de l’amoncellement des ordures et des boues dans Paris. Pour lutter contre la puanteur qui l’incommodait il ordonna le pavage des rues de Paris ainsi plus facile à nettoyer. Après lui tous les rois ont eu le soucis de faire « enlever boues et immondices des chaussées » mais les habitants rechignaient à faire ce travail.
Les quelques médecins qui pensent que les immondices jouent un rôle dans les épidémies comme celles de la peste ou du choléra ne sont pas écoutés. Il faut attendre 1506 pour que Louis XII décide la création d’un service d’enlèvement des boues de la capitale, ce service étant financé par une taxe. Les habitants n’ont plus la charge d’enlever leurs boues (c’était le nom alors donné aux ordures), les « boueux » allaient s’en occuper. Mais devant l’impopularité de la taxe l’ordonnance de 1506 ne fut pas appliquée. Les excréments sont toujours jetés dans les rues qui ne sont pas toutes pavées et il y a toujours beaucoup de boues puantes que les agriculteurs utilisent pour fertiliser leurs champs…
En 1515 François Ier reprend l’idée de son prédécesseur et demande aux parisiens de déposer leurs ordures dans des paniers qui seront ensuite enlevés par les boueux. Il demande également aux riverains de balayer devant leurs maisons avant le passage des tombereaux de ramassage, ancêtre du camion poubelle. Il exige également que les poules et les porcs ne soient plus élevées dans les villes.
Ainsi au fil du temps le ramassage des ordures est devenu un métier. Leur nom a souvent changé. Au XIIIème siècle c’était les loquetier, pattier, drillier, chiffonnier…, tous ces noms provenant du nom des étoffes usagées qui étaient ramassées : loques, pattes, drilles, chiffes… Au départ le chiffonnier collectait principalement des chiffons, mais peu à peu, il s’est mis à récupérer également des os, des vieux papiers, des métaux, des cuirs, des peaux, des cheveux. Le chiffonnier est souvent considéré comme le premier recycleur, car les matières récoltées sont transformées en de nouveaux objets.
Un pas décisif est franchi avec le nouveau préfet de la Seine. Eugène POUBELLE, à peine nommé, signe le 24 novembre 1883 un arrêté imposant aux propriétaires d’immeubles de fournir à leurs locataires des boîtes, munies de couvercles, pour recueillir les ordures ménagères. Les concierges doivent sortir ces boites quinze minutes avant le passage des tombereaux et les rentrer une fois la collecte terminée.
Le préfet Eugène POUBELLE (1831 – 1907)
Ce texte est mal accueillis par tous, surtout les chiffonniers,car ils ne peuvent plus fouiller dans les tas de déchets. Aussi le texte est révisé et les boîtes à ordures peuvent être sorties le soir laissant ainsi aux chiffonniers le temps de les fouiller avant le passage des tombereaux.
Les boîtes à ordures mettront du temps à entrer dans les mœurs et finalement elles prendront le nom de leur inventeur et les boites à ordure deviendront des poubelles.
Limoges a connue les mêmes déboires que Paris et donne l’image d’une ville sale. Les habitants déposes les immondices et les ordures dans la rue. Aussi, le 25 août 1908, le Conseil municipal adopte un arrêté obligeant les résidents à utiliser les boîtes à ordures qui seront installées dans chaque rue et qui porteront le numéro de la maison. Mais cet arrêté n’est pas respecté, les habitants utilisent des boites non réglementaires.
L’appel d’offre qui est lancé en 1912 a pour but d’organiser un nettoyage efficace. L’entreprise FARGEAUDOU qui est adjudicataire du marché de ramassage des boues et immondices ne dispose que des deux-tiers des attelages préconisés dans le cahier des charges (14 au lieu de 20 à 25). Les chevaux sont maigres et souvent blessés par les harnais, la moitié des tombereaux ne sont pas étanches et fuient… Le Maire reçoit de nombreuses plaintes mais M. FARGEAUDOU accuse les tramways départementaux de salir les rues…
Présentation des chevaux et tomberaux en 1912
Il aura fallu attendre près d’un siècle entre l’invention de la poubelle et la mise en place d’une véritable collecte et de lieux de stockage des déchets. En effet c’est la loi du 15 juillet 1975 qui confie aux collectivités locales la responsabilité d’organiser la collecte des déchets ainsi que leur traitement ou leur stockage dans un lieu agréé.
Comment les choses se sont passées à Nexon ?
A Nexon, comme partout en France dans les bourgs les gens déposaient devant leur porte tout ce qui les encombrait et à la campagne c’était mis dans un ravin, dans un taillis ou sur le tas de fumier. Si un conflit surgissait entre voisins c’était le maire qui était sollicité pour le régler.
Ainsi le 27 du mois de Mai 1790, le Maire étant absent, se présenta par devant les sieurs Annet TARRADE et Pierre SAZERAT, Officiers Municipaux, le sieur Jean Baptiste DUVERNEILH, notaire royal, habitant le bourg de Nexon, lequel a dit qu’il possédait au-devant de la Place Publique, une maison avec jardin entourée d’une muraille joignant un chemin public qui partait de la Place publique pour aller en Cornedie. Or un sieur GUYOT Laboine, huissier, était également propriétaire de l’autre côté du chemin. Le sieur DUVERNEILH exposa que GUYOT s’était approprié la moitié du chemin public et qu’en outre il avait déposé des tas de bois, de matériaux et du fumier. Il requit que la Municipalité fasse rétablir les lieux et condamner le sieur GUYOT à 30 francs de dommages intérêts pour les pauvres de la paroisse. A 14 heures le même jour, les Officiers Municipaux disponibles se transportèrent sur les lieux et dressèrent un procès-verbal constatant les litiges et entendirent contradictoirement les deux parties qui s’accusèrent de faussetés et qui requirent que lesdits officiers mesurent la longueur et la largeur du chemin, ce qui fut fait séance tenante. On ne retrouve pas trace de la décision rendue.
Le 13 mai 1813 le Maire prend un arrêté contre les sieurs Martial LIMOUSIN et Annet LELONG qui journellement se lancent des injures et en viennent à des voies de faits et encombrent de matériaux une partie de la voie publique qu’ils revendiquent. Par ces arrêtés il met en demeure les susdits de nettoyer et enlever à leurs frais tous matériaux, pierres, troncs d’arbre, bois, branches, fumier etc. qu’ils déposent ou ont déposé sur une partie de la voie publique, et leur fait défense d’en déposer à l’avenir, sous peine de poursuites devant les tribunaux de police.
Le 13 mars 1834 le conseil engage des poursuites contre SIRIEIX, aubergiste, et RICHARD, tailleur d’habits, qui se sont accaparé des terrains appartenant à la commune. Il désigne trois de ses membres pour surveiller tous nouveaux empiétements et ordonne l’enlèvement de tous fumiers, terreaux, immondices, bois et matériaux qui seraient déposés sur la voie publique.
Le 12 novembre 1854, le maire publie un arrêté interdisant de faire » tout dépôt ou amas de fumier, bois, immondices, pailles, feuilles, litières, décombres ou autres objets nuisibles à la salubrité publique dans les rues, places, chemins et autres voies publiques »(article 1). sans doute parce qu’il était mal appliqué il a été remis en vigueur en 1885.
En septembre 1911 un appel d’offre est lancé pour l’adjudication aux enchères publiques le 26 novembre 1911 pour un bail de 5 ans afin de ramasser les « balayures et autres immondices réunis en petits tas par les cantonniers et les habitants des rues et places de Nexon ».
Le 15 décembre 1956 le conseil municipal a décidé l’achat d’un camion pour le ramassage des ordures ménagères.
Les ferrailles, chiffons, peaux de lapins étaient récupérées par deux professionnels : un artisan, M. SAUVE et l’entreprise de M. MATHIEU dont le dépôt était à la ferme du Moulin Barlet, puis dans le quartier des Garennes dans ce qui est aujourd’hui la partie à deux niveaux de l’Espace Rousseau. La rampe d’accès à l’étage pouvait supporter le passage de camions de 20 tonnes de poids total.
Le père SAUVE était connu dans toute la campagne, les enfants l’appelaient « peaux de lapin », c’était le peilharot. La peau de lapin était principalement revendue aux chapeliers qui utilisaient les poils pour confectionner des chapeaux de feutre dont la France était le premier fabriquant. La peau servait à faire de la colle très prisée des artistes peintres.
Avec le développement des intercommunalités ce sont elles qui ont pris à leur charge le ramassage des ordures et leur traitement. En 2009 Nexon adhère au Syndicat Intercommunal de Collecte et de Traitement des Ordures Ménagères de Sud-Haute-Vienne (Sictom) qui avait été créé en 1981 et dont le siège était à Saint Yrieix la Perche. Un établissement secondaire est alors créé dont les bureaux son établis a Nexon, 6 place de l’église.
En 2014 le Sictom réuni 26 communes dont il collecte et le traite les ordures ménagères de leurs 27.900 habitants et gère 6 déchetteries. Après les élections municipales, les membres se sont réunis à Nexon et ont élu à la présidence Edmond LAGORCE, conseiller municipal de Saint Yrieix la Perche.
Les administrateurs du Sictom en 2014 à Nexon
À partir du 1er janvier 2020, le service de collecte des déchets a changé de structure en devenant commun aux 15 communes du Pays de Nexon et des Monts de Châlus et en adhérant au Syndicat Départemental pour l’élimination des Déchets ménagers et assimilés de la Haute-Vienne (SYDED). En novembre 2019, les nouvelles modalités de collecte ont été présentées lors d’une réunion animée par Stéphane DELAUTRETTE, président de la communauté de communes, Bernard DELOMENIE, maire de Saint-Priest-Ligoure et Fabrice GERVILLE-REACHE, maire de Nexon.
Quelle ne fut pas ma stupeur en lisant mon journal de voir l’avis d’obsèques de Rose FORGERON. Depuis quelques semaines je sentais bien que la fatigue prenait le dessus mais j’étais loin de penser à une fin aussi rapide.
J’ai pris contact avec Rose FORGERON à la suite de ses commentaires sur mon site. J’ai découvert alors une personne passionnée par l’histoire de Nexon, soucieuse de l’exactitude des faits et attachée à la « vérité historique ». Après quelques échanges par mail et par téléphone elle m’a invité à lui rendre visite, chez elle, à Limoges.
C’était un véritable plaisir de passer quelques heures avec elle. Lors de ma première visite je n’ai pas été surpris lorsque je l’ai vue. La ressemblance avec sa mère était frappante, même physique, même autorité naturelle. L’autorité de sa maman avait marqué tous les gamins de Nexon qui, quelques sous en poche, allaient faire un tour dans le bazar de Madame VIGNERON, véritable caverne d’Ali Baba dans laquelle on trouvait toujours quelque chose, ne serait-ce que quelques minutes de rêve. L’autorité de sa fille se lisait dans son regard et dans ses mots. Elle était le fruit de ses connaissances et de sa mémoire. Plusieurs fois elle a corrigé des erreurs que j’avais faites dans les prénoms de personnes qu’elle connaissait bien ou lorsque je lui posais une question et qu’elle me répondait « je vous l’ai déjà dit ».
J’ai aimé ces moments où, assis dans la cuisine plutôt que dans le salon pour profiter de la table ou il était facile d’étaler cartes postales, photos et vieux papiers. A chacune de mes visites elle avait préparé des documents. Conservatrice elle avait de nombreux albums, boites, cartons remplis de documents hérités de sa famille et enrichis par ses soins. Sa maman était une des rares nexonnaise qui dès les années 1930 possédait un appareil photo. Dépositaire de presse elle avait fait éditer des cartes postales et conservait des clichés des événements marquants comme les ostensions, les fêtes et bien sur la Libération. Je n’ai pas eu le plaisir de tout voir car elle en a beaucoup prêté, en particulier les ostensions et elle ne les pas tous revus. Cela la contrariait beaucoup.
Le temps passait toujours trop vite mais la pause-café était toujours la bienvenue au cours de ces moments studieux, elle me permettait de changer de sujet.
Désireuse de perpétrer la mémoire des anciens commerçants de Nexon elle a retracé toute l’histoire des commerces dans les rues principales de Nexon. Je n’avais plus qu’à illustrer, compléter. Ses lettres étaient toujours d’une belle écriture, très lisible, au contraire des ordonnances de beaucoup de médecins aujourd’hui, sans ratures tellement elle avait cherché avant d’écrire. Elle a commencé par la rue Gambetta, ancienne rue du Nord, la rue ou elle est née en 1926. Elle commence par dire qu’elle est heureuse d’être née à Nexon et cela se sentait dans ses propos. Elle voulait que Nexon soit mise en valeur et pour elle mon blog y contribuait. Mais elle ne recherchait rien pour elle, elle me disait « ne parlez pas de moi ». Par contre elle aimait dire des personnes qu’elle connaissait « c’était ma petite camarade ». Elle a insisté pour que la municipalité rende hommage à l’une d’entre elles, Lucienne LELONG. A son décès, comme elle n’avait pas eu d’enfant, elle a fait don de son patrimoine à la commune qui parlait alors de l’héritage MARCOFF. Elle n’aimait pas que seul le nom du Docteur MARCOFF soit associé à la médiathèque construite grâce à ce don. Elle m’a demandé d’utiliser mon site et de contacter le maire pour que le nom de Lucienne LELONG soit associé au nom de son mari puisque la plus grosse partie de leur fortune immobilière venait des propriétés dont elle avait hérité de son père, le docteur LELONG. Elle a été satisfaite lorsque la réalisation de l’« Espace LELONG-MARKOFF » a rétabli ce qu’elle considérait comme la vérité historique. C’est ce côté « battante » qui m’a beaucoup frappé et qui m’a rappelé sa mère, une des rare femme résistante à Nexon.
Depuis quelque temps je lui avait dit qu’en 2020 j’écrirai sur la période 1940-1945, 80 ans s’étant écoulés depuis les événements dont il a toujours été difficile de parler à Nexon. Elle a donc commencé à rassembler ses souvenirs mais dans son dernier mail, le 9 août, elle m’écrivait « J’ai essayé d ‘écrire quelques pages sur la guerre 1939-1945, je n’y arrive pas, çà me rappelle trop de mauvais souvenirs ». C’est en pensant à elle et à tous ceux qui ont vécu ces moments douloureux que j’écrirai sur cette période.
Au début de l’année 2018 une chute ayant entraîné une fracture du col du fémur elle a du être hospitalisée. Cet accident a modifié le style de nos rencontre. Nous correspondions surtout par mail et elle espérait que je puisse rapidement reprendre le rythme de mes visites. Elle ne pouvait plus conduire et venir à Nexon comme elle le faisait régulièrement. Je devais visiter ce qui fut le café de La Promenade et sa grande salle de théâtre, y sentir l’atmosphère des années 1900, parcourir les vieux journaux mais cet accident a changé sa vie…
Elle qui était médecin a très mal vécu son séjour à l’hôpital. Très soucieuse de la relation à l’autre elle a souffert de n’être considérée que comme un cas et non comme une personne. Elle a été choquée que l’on ne voit que la personne âgée alors qu’avant sa chute elle ne pensait pas à son âge tant elle était dynamique et active. Lorsqu’elle m’a écrit : « C’est lamentable ; le manque d’empathie de tout le personnel hospitalier me désespère, on ne voit pas votre maladie, on voit votre âge », elle devait se revoir, jeune médecin de santé scolaire faisant passer les visites médicales aux jeunes élèves. J’ai passé trois visites à Nexon à ce moment là et elle prenait le temps de réaliser un examen complet et pourtant nous étions nombreux, nous les enfants du « baby-boom ». Elle était admirée car, à cette époque, il n’y avait pas beaucoup d’enfant né à Nexon qui soit devenu médecin. Si pour la suite de sa carrière elle a choisi la voie de l’administration de la santé elle restait très attachée à la relation humaine.
Mon carnet de santé avec les visites médicales par le Docteur VIGNERON
Avant d’aller au lycée et de poursuivre ses études en faculté de médecine elle avait fréquenté l’école religieuse. Elle se souvenait de ma mère plus âgée qu’elle de deux ans. Elle m’a donné une photo de sa classe, une des rares ou on la voit car elle n’aimait pas être photographiée. Elle gardait de son éducation religieuse un attachement à l’Eglise. Elle m’a montré des prières que sa mère écrivait pour les cérémonies en l’honneur des soldats américains qui stationnaient à Nexon en 1918 dont certains logeaient chez ses grands parents.
Nexon 15 novembre 1931. Rose Vigneron avec le nœud blanc dans les cheveux
Son parcours scolaire et universitaire a été brillant, comme son parcours professionnel. Il l’a conduit à diriger la Direction Départementale des Affaires Sanitaires et Sociales, la fameuse DDASS dont elle devait être l’une des rare femme directeur. Elle n’aurait pas aimé que j’écrive « directrice », fidèle à la tradition dans laquelle elle a été élevée.
A la tête de la DDASS je suis certain qu’elle a toujours cherché à garder au même niveau le coté sanitaire et le coté social de cette institution. Une fois à la retraite elle a toujours suivi les activités des associations qui s’occupent des « enfants de la DDASS » et assistait à leurs assemblées générales.
Le docteur Rose Forgeron chez elle ( Merci à sa fille, Pascale Forgeron – Sirieix)
Son départ rapide a surpris tout ceux qui la connaissaient. Elle laisse un grand vide et pour paraphraser l’écrivain et historien malien, Hamadou Hampâté Bâ, je dirai qu’avec sa mort c’est une bibliothèque qui a disparu.
Mes condoléances à sa fille Pascale et ses petits-enfants Clément et Eloi.
Pendant presque un an, de septembre 1939 à septembre 1940, 67 000 Alsaciens originaires du Bas-Rhin ont vécu dans la partie rurale de la Haute-Vienne, Limoges ayant été exclue à cause du risque de bombardement qui pesait sur elle. En quelques jours la campagne limousine a vu sa population augmenter d’un tiers, ce qui n’a pas été sans poser des problèmes.
Les réfugiés n’ont pas toujours été accueillis à bras ouverts car les circonstances ne s’y prêtaient pas. Le 2 septembre est le premier jour de la mobilisation pour tout le territoire et en même temps c’est l’ordre d’évacuation pour la zone frontalière.
La guerre était déclarée mais c’était la « drôle de guerre », un grand nombre des réfugiés parlaient alsacien entre eux ce qui les faisaient prendre pour des allemands, comme ils répondaient souvent par « ya-ya », on finit par les appeler les : Ya-yas. Le confort qui leur était offert était souvent des plus spartiate : granges, salles de bal, pas toujours l’eau courante et souvent les WC au fond du jardin. Les réfugiés arrivaient fatigués par un long voyage qu’ils n’avaient pas choisi avec très peu d’affaires, 30 kg par personne. Compte tenu de la mobilisation la SNCF est obligée de mettre en service tout son matériel, y compris les wagons à marchandise. Les personnes s’entassent au milieu des bagages.
Il a fallu plusieurs mois pour apprendre à se connaitre, pour que tous les problèmes administratifs soient réglés, que les conditions de logement s’améliorent. Peu à peu la solidarité à pris le pas sur la méfiance. Des activités communes dans le sport et la culture se sont développées et parfois des amitiés durables sont nées.
Et pourtant l’hypothèse d’une arrivée massive de réfugiés en Limousin était prévue depuis 1933 !
Les préparatifs pour une évacuation en cas de guerre
La construction d’une ligne fortifiée, la ligne Maginot, à partir de l’année 1929, s’effectue à une dizaine de kilomètres de la frontière afin d’éviter un conflit diplomatique avec l’Allemagne. Mais de faisant plusieurs centaines de communes vont se trouver encastrée entre cette ligne et la frontière. Comme de leur côté les allemands ont construit une ligne de défense analogue, la ligne Siegfried, le seul type de guerre qui en résulte pour l’Etat-major est une guerre de position. On imagine la future guerre comme un Verdun bis ! Pour préserver la population de ces communes on va prévoir son évacuation dès les premières menaces.
Une circulaire du ministre de l’Intérieur d’août 1933 désigne la Haute-Vienne et la Dordogne pour accueillir le Bas-Rhin. Ces fiançailles sont confirmés par l’instruction générale du 18 juin 1935 et la Haute-Vienne est désignée pour recevoir les habitants des arrondissements de Wissembourg, Haguenau, Strasbourg-Campagne et Saverne du Bas-Rhin.
Les administrations des départements concernés planifient ce grand mouvement de population sous l’autorité du ministre de l’Intérieur et en relation avec l’Armée, sans savoir quand il aura lieu et peut-être avec l’espoir que ce ne soit jamais ! Les premières années les administrations travaillent sans pression excessive, la menace de guerre étant diffuse. Les choses changent à partir de 1936 lorsque l’Allemagne remilitarise la Rhénanie. Elles s’accéléreront avec le début de la guerre d’Espagne qui ouvre un nouveau front de réfugiés potentiels.
L’année 1938 voit la mise en forme d’un plan double : le plan d’évacuation appelé « plan de repliement de la population civile de la partie nord du département du Bas-Rhin » et celui de la réception dans la zone de repliement.
L’Armée délimite des zones militaires :
La zone avant, comprise entre la frontière et la ligne Maginot, doit être évacuée dès la déclaration de guerre.
La zone arrière qui sera évacuée en fonction des besoins de l’Armée.
La zone de repliement qui comprend les autres communes du département.
Le préfet du Bas-Rhin dresse la liste des communes de la zone avant avec le nombre potentiel d’évacués civils qu’il transmet au préfet de Haute-Vienne. 84 communes qui touchent la frontière seront évacuées dès l’ouverture des hostilités. 96 autres communes constituent la zone arrière dont la population sera évacuée selon les besoins.
Au début de l’année 1939 une carte prévoit la répartition de la population alsacienne évacuée dans les communes de la Haute-Vienne.
Source : D. Bernussou, Une saison d’Alsace en Limousin
Les quatre arrondissements alsaciens sont ainsi répartis : l’arrondissement de Saverne est rattaché à l’arrondissement de Bellac, celui de Wissembourg est partagé entre les cantons de de Laurière, Eymoutiers et Châteauneuf-la-Forêt), celui de Haguenau se retrouve sur l’ancien arrondissement de Saint Yrieix et l’arrondissement de Strasbourg-Campagne couvre celui de Rochechouart augmenté des cantons de Nieul, Aixe-sur-Vienne, Châlus. Nexon n’est pas désignée pour recevoir les évacués de l’avant mais doit être prête pour ceux de la zone arrière.
Partant d’un ratio d’accueil de 32% pour l’évacuation et de 50% si on ajoute le repli on a déterminé les capacités d’absorption des 4 zones.
2. L’arrivée des réfugiés
Dans les villages, chaque maison avait été répertoriée et dotée d’un numéro d’ordre. Toutes les caractéristiques de la famille étaient connues : nombre d’adultes, d’enfants ou de vieillards, d’infirmes, malades, … ainsi que les moyens de transport dont pouvait disposer la famille pour se rendre à la gare de rassemblement. La seule chose qu’ignoraient les personnes c’était leur destination.
Le 1er septembre, dans les villages concernés, une annonce de ce type est faite à la population :« dans une heure et demi, le village sera évacué, les villageois devront être prêts à partir sur …, vous emmenez une petite valise avec quelques effets personnels, les portes des étables devront être ouvertes et les animaux mis en liberté ».
Les premiers évacués alsaciens arrivent de Wissembourg par 2 trains dans la nuit du 3 au 4 septembre 1939 en gare de Saint-Sulpice-Laurière. Les 468 personnes du premier train sont dirigées sur Magnac-Laval et les 715 du second train vont vers le Dorat et Dinsac. Entre le 6 et le 16 septembre se sont en moyenne 4000 personnes qui arrivent chaque jour et au total, au 1er octobre l’administration a recensé 58 784 arrivants.
Leur voyage est décrit par Raymond STROH, évacué de Kilstett, comme située à 15 km au Nord de Strasbourg pour aller à La Roche l’Abeille. Ce voyage est transcrit dans le Bulletin Municipal de La Roche l’Abeille d’Août 2017 : «
Lucie et Ida KRESS, filles de Rosalie KRESS née Henninger, évacuées avec leur mère, le père étant mobilisé ; elles avaient respectivement 16 ans et 9 ans en 1939 : « Ma grand-mère attela deux vaches au chariot, en hâte ma mère ramassait quelques vêtements, le nécessaire, dans des sacs de toile, des taies d’oreiller, nous n’avions pas de valises. Une fois assis sur le chariot (…) grand-mère donnait le coup de fouet pour faire avancer notre attelage et nous partions avec tous les villageois. (…) deux jours plus tard, arrivés à Marlenheim, nous étions embarqués dans des wagons à bestiaux. Le cœur lourd, j’ai vu repartir ma grand-mère pour aller s’occuper des vaches. C’était le soir du 3 septembre que notre train s’ébranla et nous entraina vers l’inconnu.
Le voyage dura trois jours, nous étions trente, voire quarante personnes dans le même wagon, à même le plancher recouvert de paille (…). Aux arrêts du train, la Croix Rouge nous donnait à boire et à manger (…). Quand notre train s’arrêta une dernière fois, nous étions arrivés à La Meyze. On nous demanda de descendre avec nos affaires, pour aller rejoindre à pied notre village d’accueil, La Roche l’Abeille.
(…) Au milieu de la nuit, à notre arrivée sur la place du village, le maire a fait débarrasser les meubles, tables de la mairie et de l’école, de la paille fut étalée par terre, afin que nous puissions dormir. Nul n’était au courant de notre arrivée.
Source : D. Bernussou, Une saison d’Alsace en Limousin
Nexon n’est pas concernée par les premières arrivées et un plus grand nombre de communes que dans le plan initial sont dans la même situation. Cela ne va pas durer.
3. L’arrivée des réfugiés à Nexon
Darnac, dans le nord du département, a accueilli les évacués de Niedersteinbach auxquels se sont ajoutés ceux de Buhl soit 614 évacués pour 937 habitants ce qui constitue une charge très lourde de 65 % soit le double de la norme fixée à 32%. Très vite le maire de Darnac est confronté aux plaintes et aux revendications des évacués, insatisfaits des conditions d’accueil qui leurs sont faites. Par exemple les membres des familles nombreuses ne veulent pas être séparés et refusent les logements proposés, souvent trop petits. Malgré la médiation du sous-préfet toutes les difficultés ne peuvent pas trouver de solutions et le départ des habitants de Buhl est inéluctable.
Nexon n’a pas encore reçu d’évacués de la zone » arrière » aussi la commune va être désignée pour accueillir ceux de Buhl. Les 16 et 17 novembre 1939 les 335 évacués de Buhl quittent Darnac et prennent la route pour Nexon. Pour les 2580 habitants de Nexon c’est une charge de 13%, très en dessous de la moyenne théorique fixée par l’administration.
Buhl est une petite commune rurale qui compte en 1939 un peu plus de 400 habitants qui vivent en majorité de l’agriculture. En décembre 1944 de terribles combats opposèrent américains et allemands et le village, délivré le 16 mars 1945, fut détruit aux deux tiers.
Comment ont été logés ces personnes ? Il ne semble pas qu’il y ait eu des difficultés pour loger les 335 évacués de Buhl. 56 familles ont offert de 1 à 5 pièces et certains plus comme TREZEL avec 13 pièces dans lesquelles sont accueillis 16 adultes et 3 enfants, DUMONT qui offre une grande salle et 6 pièces et GUYOT 5 pièces et un immeuble.
Le témoignage de Raymond STROH montre la diversité des situation et la grande précarité de certains : » Dans le bourg de La Roche l’Abeille, par exemple, dix familles, soit 59 personnes ont été hébergées dans le presbytère. Comme il n’y avait pas de cuisine, cette dernière était faite collectivement à l’ancien café restaurant Barry, à côté de la mairie. L’approvisionnement en eau se faisait à la fontaine qui se trouvait près du Monument aux Morts. »
« Au village de Royères, les 26 membres de cinq familles « kilstetters » occupaient les vieux bâtiments en bordure de route et les granges de la ferme.
« Les conditions de logement étaient vraiment très précaires, Lucien Hommel ( famille Margraffs n° 170 a) raconte que, dans un premier temps, sa famille fut hébergée dans deux pièces pour 17 personnes, sans eau ni électricité »
Le plus souvent il n’y avait pas de moyens de chauffage, mais heureusement, selon les témoignages, l’hiver 39/40 ne fut pas très rigoureux.
Si elles avaient un toit, les familles manquaient d’équipements pour leur logement : matelas, draps, couvertures mais aussi vaisselle et vêtements…
Les feuilles d’attribution des logements indiquent les besoins en lits et les poêles apportés. Au total il faut 196 lits et petits lits. Une feuille isolée donne une liste de personnes ayant fourni matelas et couverture mais la liste est loin d’atteindre les 150 couvertures et les 20 matelas indiqués dans le titre ! On peut supposer qu’ils ont été trouvés.
Assez rapidement la presse locale relaye les appels aux dons lancés par les autorités ou les comités qui se sont constitués, comme celui des Limousins de Paris présidé par le général A. MARIAUX, alors Gouverneur des Invalides.
Le Populaire 1 décembre 1939
Le préfet organise le 17 décembre une « Journée alsacienne » dans toutes les communes. Au cours de cette journée des insignes sont vendues au profit des évacués.
Le Populaire 3 décembre 1939
Le Populaire 16 décembre 1939
Pour le canton de Nexon ce sont 1012 évacués qui étaient présents en avril 1940. Nexon, chef-lieu du canton et commune la plus peuplée en accueille le plus grand nombre,335, devant La Roche l’Abeille (263) et Janailhac (242). Trois communes n’ont reçu aucun alsacien : Meilhac, Rilhac-Lastours et Saint-Hilaire les Places.
Les trois communes ce Janailhac, La Roche l’Abeille et Saint Priest Ligoure ont accueilli ensemble 550 personnes. En 2004 elles se sont regroupées pour organiser un jumelage avec Kilstett, commune située à 15 km au Nord de Strasbourg dont les habitants avaient trouvé refuge dans ces communes en juin 1939.
4. La création de « villages alsaciens » pour résoudre les difficultés de logement
Fin septembre 1939, constatant que les capacités d’accueil existantes étaient insuffisantes pour faire face à l’arrivée probable d’une masse de réfugiés de la zone arrière les autorités limousines décident la création de plusieurs « villages alsaciens ». Il s’agit d’un ensemble d’une dizaine de bâtiments, à l’écart du bourg, avec cuisine, installations sanitaires, réfectoire et alimentation en eau potable. Cela devait ressembler aux villages limousins mais au lieu de constructions en pierre il s’agissait de baraques en matériaux légers avec couvertures fibrociment et tôle ondulée galvanisée avec une vie collective imposée. En fait de villages on a construit des camps avec des baraques. A la mi-octobre, les travaux sont commencés pour 7 communes : Le Dorat, La Meyze, Nexon, Saint-Germain-les-Belles, Saint-Junien, Saint-Paul-d’Eyjeaux et Séreilhac. Le tableau suivant donne le programme de construction en novembre 1939 et la réalisation en juillet 1940.
Avancement des travaux en juillet 1940
Au printemps 1940, les villages alsaciens projetés à l’automne 1939 ne sont pas terminés mais ils sont sortis de terre. Sur les 96 baraquements prévus, 18 sont réalisés et pourtant ils ne sont pas utilisés. Pour quelles raisons ? Il semble que très rapidement, au moins à la fin du mois de novembre 1939, l’idée de ce qui apparaît comme la création de camps d’hébergement n’entre plus dans les objectifs de l’administration centrale mais le préfet de la Haute-Vienne poursuit le programme afin de parer à un nouveau flux de réfugiés.
En septembre 1940 l’inventaire de l’Ingénieur des Ponts et Chaussées montre que le programme de novembre 1939 est globalement réalisé : 86 baraques sont construites pouvant héberger 4492 personnes auxquelles il faut ajouter les 6 baraques de Saint Germain les Belles qui ont été remises à l’autorité militaire. On peut se demander si le décompte de juillet traduisait exactement la réalité ? Comment en moins de 2 mois le programme a t’il pu être pratiquement réalisé en construisant 74 baraques ?
Inventaire dressé le 18 septembre 1940 par l’Ingénieur des Ponts et Chaussées des baraques construites. (ADHV 187 W 41)
Les craintes du préfet étaient fondées puisque l’offensive allemande du 10 mai 1940 conduit à une nouvelle vague d’évacuation : 33 000 Alsaciens quittent la région. Le 14 mai 1940 le préfet écrit au maire de Nexon pour lui annoncer l’arrivée probable de 343 nouveaux réfugiés.
Au moment ou il écrit sa lettre et annonce 343 réfugiés supplémentaires le préfet savait que le camp était sorti de terres et que des réfugiés pourraient y être logés puisque la veille, le 13 mai, il écrit au maire de Nexon pour lui demander de rechercher une famille de réfugiés pour garder les baraquements.
Sont-ils effectivement arrivés ? Je n’ai pas trouvé de traces dans les archives municipales. Les voisins du camps ont dit à Tessa RACINE lorsqu’ils ont été interrogés pour son documentaire « Le camp fantôme » qu’il n’y avait jamais eu de réfugiés au camp. Ce document et une lettre adressée à Madame LEDUC le 25 juillet 1940 porte comme adresse « Camp des réfugiés, baraquement 12 ». Il est donc probable que le camp ait accueilli des réfugiés.
5. La vie des réfugiés
A Nexon toute la population de Buhl était réunie et sa vie administrative dépendait de son maire, replié avec son conseil. Il continue à administrer la ville de Buhl comme si rien n’avait changé. De même les élèves retrouvent leurs professeurs, les pasteurs et les curés leurs paroissiens et les contribuables leur percepteur. A Nexon on trouvait, en plus, les bureau de poste de Mertzwiller et de Reischoffen avec leur personnel.
Un décret de décembre 1939 prévoit que les communes évacuées restent placées sous le régime en vigueur dans leur département. Le statut spécial qui a été accordé en 1919 avec les spécificités liées à l’école et à la religion sera parfois source de frictions.
Le Populaire 8 décembre 1939
Lorsque c’est possible, l’enseignement donné aux enfants évacués doit demeurer spécifique et doivent correspondre aux programmes spéciaux aux départements concernés. C’est facile lorsqu’il est facile d’organiser des classes autonomes mais c’est contraire au principe d’intégration. La solution est préconisée est d’organiser des classes communes mais se pose alors la question des locaux. des programmes de constructions avec des baraquements sont lancés mais les délais de réalisation dépassent parfois le temps de l’année scolaire. On a également utilisé le système de classes par demi journée. Le matin, de 8 heures à midi, un groupe est dans la classe et l’après midi il fait du sport ou des travaux pratiques. L’après midi, le second groupe classe prend le relais. Et pour permettre satisfaire la durée hebdomadaire des cours il y a classe le jeudi.
Pour renforcer les services municipaux le Préfet de la haute-Vienne écrit aux maires le 28 mai pour leur indiquer qu’avec les nouveaux évacués se trouvent des instituteurs sans emploi qui peuvent apporter leur concours aux communes dont les taches sont accrues du fait de la présence des réfugiés.
Les frictions qui ont existé étaient souvent liées à l’enseignement religieux. Au programme en Alsace-Lorraine il heurtait les enseignants des écoles publiques soucieuses du respect de la laïcité. L’Inspectrice alsacienne, après avoir visité 83 communes s’inquiète auprès de sa hiérarchie de l’activisme du clergé catholique et elle croit de son devoir » de faire connaître l’existence de deux courants contraires prêts à s’affronter; un courant d’anticléricalisme qui va s’exaspérant et une tendance marquée à abuser de la situation ».(Rapport de l’Inspectrice à l’Inspection générale, 2 novembre 1939. ADHV 3 R 16). Nexon n’était pas concernée car les évacués de Buhl n’étaient pas encore arrivés. Lorsqu’ils sont arrivés les élèves nexonnais avaient repris la classe depuis le 2 octobre. Je n’ai pas trouvé trace de la manière dont la question scolaire a été réglée.
Dans certaines communes le fait que des cérémonies religieuses soient faites en langue allemande a exacerbé les tensions entre les communautés. Maude WILLIAMS cite un certain nombre de cas mais pas en Haute-Vienne si ce n’est le peu d’empressement à prendre part à la création du Foyer alsacien comme il s’en crée dans toutes les communes ou se trouvent des évacués. Maude Willliams. La communauté catholique d’Alsace Lorraine face aux évacuations septembre 1939 – mai 1940. Annales de l’Est, Association d’historiens de l’Est, 2014, La Lorraine (1814-1940) Invasions et occupations, pp.203-226. ffhal-01740475f
Pour vérifier la qualité des logements offerts aux réfugiés des contrôleurs sont recrutés soit parmi les juges de paix en activité ou à la retraite, soit parmi les ingénieurs subdivisionnaires. C’est dans cette dernière catégorie que sera recruté le contrôleur pour Nexon. Mais il ne semble pas qu’il y ai eu de problèmes importants vu le ratio réfugiés/habitants de 13%, l’un des plus faible du département.
Les personnes logeant reçoivent une indemnité de un franc par jour pour un lit d’une personne et de 25 centimes s’il ne couche pas dans un lit fourni par le propriétaire.
Le Populaire 3 décembre 1939
Pour faciliter les relations entre les deux populations on incite les habitants des communes limousines à inviter les alsaciens aux fêtes et aux manifestations religieuses. Il y a bien parfois des incompréhensions entre les réfugiés en majorité protestants et les limousins catholiques. Mais Noel est une fête chrétienne et tous sont invités à participer aux différents arbres de Noel.
Le Populaire 27 décembre 1939
Le Populaire 21 décembre 1939
Des équipes de foot se rencontrent, des fêtes sont organisées mais le regard alsacien est relativement sévère sur les manières de vivre limousines. Dans de nombreuses lettres ils s’étonnent des conditions de vie frustes avec des toilettes au fond du jardin, de l’eau que l’on puise ou que l’on va chercher à la fontaine, l’électricité peu fréquente, la cheminée qui fume en guise de chauffage…
Pendant leur séjour en Limousin de nombreux évacués ont manifesté leur reconnaissance comme ici à Cognac la Foret :
Le populaire 25 octobre 1939
6. Le retour des évacués
Dès l’armistice du 22 juin 1940 les Allemands exigent le retour au pays des Alsaciens-Mosellans évacués en 1939. Ces retours ont ainsi été organisés :
– de fin juillet à début octobre 1940, 228 000 personnes, avec des trains spéciaux de rapatriement ;
– à partir de novembre 1940, 20 000 personnes par des liaisons ferroviaires régulières ;
– le restant de la population a emprunté les cars, voitures particulières, camions et autres moyens divers de rapatriement.
Les premiers à partir furent les réfugiés des communes du Sud et Sud-Est de la Haute-Vienne qui partirent dès le 2 août puis en remontant vers le Nord du département les départs se sont échelonnés jusqu’au mois d’octobre.
Pour Nexon les départs ont eu lieu du 12 au 21 août et du 11 au 30 septembre. Par exemple un train est parti le 1er septembre venant de Bussière Galant et 50 personnes à Nexon.
Un nouveau train doit partir de Nexon le 15 septembre à 11h02. le maire et le représentant des réfugiés ont reçu le télégramme annonçant ce départ la veille à 8h30.
Le voyage de retour ne se passe pas dans les meilleurs conditions si l’on en croit la lettre qu’adresse, le 9 septembre, le chef du convoi du train de réfugiés n°2 en provenance de Bergerac au Maire de Nexon. parti depuis le 6 septembre son train avec 712 voyageurs est bloqué en gare de Nexon. Il demande du ravitaillement en précisant que beaucoup n’ont pas d’argent et un local avec de la paille ou ils puissent dormir. Triste retour !
Mais tous les évacués ne sont pas retournés en Alsace, soit parce qu’ils ne voulaient pas être « germanisés », soit parce que les autorités d’occupation leur ont interdit le retour dans leur commune placée sous administration allemande. C’est ce qui c’est passé pour les Juifs, une circulaire du préfet de la Haute-Vienne aux maires datée du 29 juillet 1940 leur indique clairement que les Alsaciens israélites étaient interdits de retour.(ADHV 187 W 5).
A l’arrivée, tout ne se passe pas très bien, car beaucoup de maisons avaient été pillées malgré l’engagement des autorités de les surveiller.
Il faut dire un mot aussi des jeunes gens qui, réfugiés en Limousin, se sont trouvés, à leur retour, enrôlés dans l’armée allemande. certains sont morts au front, d’autres sont intervenu sur le territoire national et ont participé aux exactions des nazis, c’est la douloureuse histoire des « malgré nous ».
7. 80 ans après le retour
Dans certaines communes de solides liens d’amitié se sont noués pendant ces mois de cohabitation entraînant par la suite, parfois plusieurs dizaines d’années après. Ainsi en mai 1981 Bessines et Morterolles firent un voyage à Schoenenbourg et ses communes voisines qui déboucha par la suite sur un Jumelage. De même Saint Yrieix la Perche et La Wantzenau sont jumelées depuis 1971 et se visitent à raison d’une rencontre tous les quatre ans, la dernière ayant eu lieu à Saint Yrieix en 2018. Le Jumelage entre Le Dorat et Wissembourg a eu lieu en 1998-1999. Saint Hilaire Bonneval et Auenheim ont signé un pacte d’amitié en 2012 et se rencontrent régulièrement. Depuis 2016, Saint-Léonard de Noblat et Drusenheim, déjà jumelées, ont décidé que les deux harmonies ne forment qu’un ensemble baptisé « Orchestre Alsace Limousin ».
Dans le canton de Nexon, comme nous l’avons déjà indiqué, les trois communes de Janailhac, La Roche l’Abeille et Saint Priest-Ligoure sont jumelées avec Kilstett depuis 2004. Des échanges réguliers ont lieu et les manifestations du lien Alsace-Limousin sont visible des deux cotés. La Meyze, qui avait accueilli 70 évacués de Kilstett ayant quitté la Roche l’Abeille pour trouver mieux dans cette commune, participe aux échange avec ses communes voisines.
A Nexon il n’y plus de traces de ces 335 alsaciens de Buhl qui y ont passé près de 10 mois. Une volonté d’oubli ou un repli sur soi ?
Beaucoup d’autres points pourraient être abordés comme les indemnités aux évacués et aux loueurs , leur activité pendant cette période…
Cette lettre de Camille CHAUTEMPS, Vice Président du Conseil, radical socialiste au début de sa carrière puis soutien de Pétain en 1940, il pose des questions qui reviennent de manière récurrente chez les libéraux : est ce que les indemnités versées à une personne sans emploi sont un frein à la recherche d’un travail ? Quand une personne trouve un travail doit-il continuer à percevoir des indemnités ? Un demandeur d’emploi peut-il refuser une offre lucrative s’il est en mesure de s’acquitter de la tache qui lui est proposée …?
Pour en savoir plus : Daniel BERNUSSOU, UNE SAISON D’ALSACE EN LIMOUSIN, Septembre 1939 – Septembre 1940 http://bernussou.daniel.free.fr/
Le moulin de la Mazaurie figure sur le cadastre napoléonien de 1817, feuille H3, avec cette écriture mais également « Masorie » sur le plan d’assemblage de ce cadastre.
Cadastre napoléonien de 1817, feuille H3 (extrait)Cadastre napoléonien de 1817, extrait de la feuille d’assemblage
I- L’histoire du moulin
Le moulin de la Mazaurie appartenait à la famille Hébrard de Veyrinas. Il a été donné à bail à Jean VENTOUX le 13 septembre 1752.
En 1775 le Sieur de Veyrinas a vendu le moulin à Suzanne MESNIER, veuve de Jean PRADEAU qui devait être le meunier du moulin.
C’est ensuite Léonard PRADEAU, né vers 1770, qui est meunier à la Mazaurie. Marié avec Marguerite AUTHIER ils ont un fils, Jean PRADEAU qui naît le 25 novembre 1797. Il sera lui aussi meunier. Il épousera Marie BRAGARD (1809-1855) qui lui donnera un fils qu’ils prénommeront également Jean.
Jean PRADEAU naît à la Mazaurie le 23 avril 1836. Il y décédera le 29 janvier 1917 à 81 ans.
Acte de naissance de Jean Pradeau, 23 avril 1836. (Archives départementales de la Haute-Vienne)
Jean PRADEAU épouse, comme son père, une Marie BRAGARD qui lui donne quatre enfants : Augustine, Jean, François et Thérèse. Jean, le premier garçon a le même prénom que son père et que son grand père. Il est né le 7 octobre 1865 et il prendra la suite de son père au moulin.
Acte de naissance de Jean Pradeau, 7 octobre 1865. (Archives départementales de la Haute-Vienne)
De son mariage avec Catherine GUILHAT, naîtra le 6 novembre 1889 un garçon qu’ils appelleront Emile.
Acte de naissance d’Emile Pradeau, 6 novembre 1889. (Archives départementales de la Haute-Vienne)
Ce garçon ne prendra pas la suite de son père car l’activité du moulin a dû cesser au moment de la guerre de 1914-1918.
Après avoir épousé Louise CHATEAU à Quimper en 1912 Emile PRADEAU effectue une carrière militaire qu’il termine avec le grade de capitaine. En quittant l’armée il est nommé greffier en chef au Tribunal de Grande instance de Senlis. Le 10 mars 1933 il est nommé chevalier de la Légion d’Honneur. Il décède à Paris en février 1974.
Le Courrier de l’Oise, 26 mars 1933
Le moulin de la Mazaurie et les terres qui l’entourent étaient convoité depuis plusieurs générations par la famille Mazeaud. En effet l’emplacement sur lequel a été construit la villa de la Vigne a été choisi à cause de la vue qu’il offrait sur le moulin. La famille craignait que ce moulin soit un jour détruit et remplacé par un hangar ou une hideuse construction. C’en aurait été fini de la belle vue ! Mais Emile est-il décidé à le vendre ? A une date non indiquée, alors qu’il est greffier en chef au TGI de Senlis, il adresse une photo du moulin avec une demande d’insertion de celle-ci dans un journal dont nous n’avons pas le nom.
Vue depuis La Vigne
Emile Pradeau connaissait bien la famille Mazeaud et il ne pouvait pas oublier que les recommandations de Felix, alors Procureur de la République à Lyon, avaient facilité son intégration dans le corps des greffiers. Il consentit d’abord à louer le moulin puis, après bien des manières, il le vend en 1971 à Henri et à ses enfants.
C’est avec Jacques Mazeaud et son fils Denis que je me suis rendu au moulin de la Mazaurie, le 30 juillet 2020.
II- La visite du moulin
Le chemin débouche sur la digue de l’étang. A droite, en contrebas des écuries et le moulin.
Nous traversons et nous nous garons en face d »une grange ancienne avec, devant elle un four à pain en ruine, envahi par la végétation.
La grange
Le four en ruines
Malgré la sécheresse l’étang est bien rempli mais il n’y a plus les nénuphars qui se trouvaient sur la photo prise par Emile Pradeau.
30 juillet 2020
Pendant les années 1950
Nous entrons dans le moulin par la maison du meunier.
On pénètre dans la pièce principale avec sa grande table, une maie et la cheminée. A coté la pièce qui servait de chambre à coucher.
A droite de la cheminée un petit escalier mène au moulin. On arrive au dessus de deux paires de meules, signe que le moulin avait une certaine importance.
Chaque meule est composée de deux parties, une fixe, dite dormante et au dessus la meule tournante. En tournant les meules qui sont en granit ou en silex s’usent. Il faut alors les repiquer afin d’obtenir une mouture toujours aussi fine.
C’est le piquage ou le rhabillage de la meule. Si les meules tournent tous les jours il faut réaliser cette opération 2 ou 3 fois dans l’année. C’est un travail difficile car il faut d’abord lever la meule tournante et avec des marteaux et une boucharde frapper avec précision la pierre pour obtenir des sillons rectilignes et fins. Dans les petits moulins ce travail était effectué par le meunier lui-même mais dans les grands moulin c’était l’affaire de spécialistes dont c’était le métier.
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Au moulin Légaré au Québec ( 1 et 2) en Aunis (4). Une meule rhabillée en 5. Dans le Cantal vers 1920 (6)
Par l’œil, au centre de la meule tournante, le meunier versait le grain dans les meules et la mouture tombait dans le bac, plus bas. Le crochet servait pour lever la meule tournante.
La première paire de meules.
A coté des meules un système de poulies pour relever les meules tournantes.
On descend au rez de chaussée pour aller voir la roue.
Ce qui reste de la roue
La transmission du mouvement se fait par l’arbre qui pénètre dans le moulin, à gauche. Par un jeu d’engrenages, en bon état, la meule entre en mouvement. Sur l’arbre de la roue hydraulique est fixé un rouet muni d’alluchons, les « dents », qui entraînent les fuseaux de la lanterne fixée sur l’axe qui fait tourner la meule allante, tournante ou courante.
La transmission du mouvement de la roue hydraulique à la meule.
La lanterne à fuseaux
Le moulin en lui même n’occupe qu’une toute petite partie du bâtiment. Le vaste espace qui donne sur l’extérieur par le grand portail à deux battants servait à stocker les sacs de céréales, de son, de farine et ranger le matériel du meunier. Deux auges en bois pour la nourriture des cochons sont entreposés.
Les auges en bois
Vue sur le « magasin »
En sortant on a une vue magnifique sur La Vigne, d’où, le soir on peut admirer le moulin illuminé pendant une heure, pour la le bonheur de ceux qui passent sur la route entre Valette et La Mazaurie.
Pour connaitre les autres moulins du pays de Nexon il faut lire le livre très complet de Camille LARCHER, Les anciens moulins du pays de Nexon, Editions « Les Monédières », 2011.