André FURELAUD, une vie trop courte mais très riche pour ce passionné d’aviation.

En venant de Limoges par l’Aiguille on entre dans Nexon par la rue André FURELAUD. C’est sans doute un des rares nexonnais, mais à coup sûr un des plus jeune, à avoir une rue à son nom. Les informations fournies sous la plaque nous renseignent peu sur la vie de ce jeune garçon mort dans un accident d’avion en 1946.  Je suis allé voir sa cousine par alliance, Raymonde FURELAUD, qui ne l’a pas connu, son cousin Jean BARRET son cadet de deux ans qui a passé toute sa jeunesse avec lui. Nous avons beaucoup parlé, ils m’ont prêté des photos… Je les remercie vivement pour la confiance qu’ils m’ont accordé et c’est avec plaisir que je fais revivre la mémoire d’André, passionné d’aviation dès son plus jeune âge et emporté à l’amour des siens dans le crash de l’avion dans lequel il était radio après avoir survécu à l’horreur du camp de concentration de Buchenwald.

Plaque de la Rue André Furelaud à l’entrée de Nexon.

André FURELAUD est né le 18 avril 1922 au village d’Abjat sur la commune de Janailhac.  Ses parents sont fermiers. Ils vont y rester quelques années avant de partir dans leur ferme aux Réserves sur la commune de Nexon. A quelques centaines de mètres à vol d’oiseau, dans une ferme au village du Boucheron naitra en 1925 Jean BARRET dont la mère est la sœur de la maman d’André. Les deux jeunes André et Jean passeront de longs moments ensemble pendant toute leur jeunesse.

André est un beau garçon aux cheveux légèrement bouclés comme on peut le voir sur la photo de ses quatre ans.

André Furelaud à 4 ans.

Il va à l’école libre de Nexon où il se distingue aux cours de catéchisme que donne le curé Paul LATZARUS. Il obtient toujours la note « très bien ».

A peine arrivé à Nexon comme curé-doyen, Paul LATZARUS édite un Bulletin Paroissial. Il a du caractère et demande à ses paroissiens d’en avoir.

Pour lui, le catéchisme revêt une grande importance. Il publie les noms de ceux qui suivent les cours, distribue les bons et mauvais points, rayant du tableau d’Honneur ceux qui manquent la messe le dimanche sans raison.

Le Tableau d’Honneur publié en février 1933

Parmi ses camarades à l’école il a Gabriel « Gaby » Valette. Ils seront également ensemble pour faire de l’aéromodélisme, ils se retrouveront dans la résistance et il sera amoureux de de sa sœur Josette Valette, malheureusement il trouvera la mort quinze jours avant les fiançailles.

Contrairement à la plupart des enfants nés dans une ferme André ne s’intéresse pas aux animaux ni aux travaux des champs. Ce qui le passionne ce sont les avions.  Pourtant il n’en voit pas passer dans le ciel de Janailhac. Pour en voir il faut assister à un meeting à Limoges ou parfois dans une commune voisine. Les premiers avions à se poser le firent dès 1926 sur le terrain de manœuvre du Mas de l’Age sur la commune de Couzeix puis ensuite, à partir de 1933 à l’aérodrome de Feytiat.

Mais avant d’aller voir des avions à Limoges il en a vu à la grande fête aérienne de Nexon les 14 et 15 octobre 1933 sur le terrain de La Seyne à Nexon. Il a 11 ans et son cousin Jean 9. Ils ne ratent rien des démonstrations en vol, ils touchent les avions, parlent avec les pilotes.

Le Populaire 8 octobre 1933

1- André FURELAUD, un champion national en aéromodélisme.

Sa passion s’affermi encore. Il fabrique des avions, au départ des planeurs. Pour se procurer des planches avec son cousin Jean ils vont jusqu’à voler des planches de sapin sur un chantier de scieur de long près de chez lui. Plus tard ses parents lui achèteront des planches de balsa, un bois très léger d’Amérique du sud utilisé pour réaliser les maquettes.

Il va faire voler ses planeurs dans les près autours de la ferme du Mas.  Il va participer à des concours ou il va briller. Puis il va mettre d’abord un moteur à élastique puis un moteur à essence.

André Furelaud sur un près proche de la ferme de ses parents

Dès l’âge de 16 ans il participe à des concours de modèles réduits et figure parmi les meilleurs aéromodélistes du Limousin. Il aligne dans les concours aussi bien des planeurs que des avions. Les planeurs sont lancés au moyen d’un élastique et évoluent plus ou moins longtemps autours du terrain.

André Furelaud avec son planeur au milieu des spectateurs

Fin mai 1938 il se classe deuxième sur dix-sept concurrents au premier concours organisé par l’Aéro-Club du Limousin à l’Aéroport de Limoges-Feytiat.

Le Populaire 27 mai 1938

En 1939 le premier concours est organisé le dimanche 26 mars et pour la première fois la manifestation est radiodiffusée. Les prix offerts sont attractifs : 100 francs en espèces pour le 1er, 75 francs en espèces pour le 2ème, 50 francs en espèces, pour le 3ème, pour le 4ème, un baptême de l’air et un bon d’achat de 10 francs offert par M. Dubois, dépositaire de matériel de modèle réduit, au 5ème et 6ème prix, un baptême de l’air…

Ce jour-là, le jeune FURELAUD avec 4 autres camarades, reçoit le brevet d’aéromodéliste de l’Aéro-Club de France. Edmond CHARLES-LAVAUZELLE, président de l’Aéro-Club du Limousin en souligne l’importance puisqu’à ce jour, seuls 45 brevets ont été délivrés. A côté d’André FURELAUD on peut noter la présence de deux autres nexonnais, Jean CROUZILLAC et Gaby VALETTE.

Le Populaire vendredi 31 mars 1939

Le succès de l’aéromodélisme est tel qu’un deuxième concours est organisé le 30 avril 1939. Le jeune FURELAUD obtient le 6ème prix pour les planeurs avec un vol de 1 heure et 13 minutes. Il se classe 4ème pour les vols d’avions et le journaliste précise, qu’après la fin du concours, il a réussi un vol de plus de deux heures ce qui constitue le record du Limousin.

Le Populaire Mardi 2 mai 1939

Pendant l’été 1939, les jeunes aéromodélistes du Limousin disputent plusieurs concours organisés à Bergerac, Châteauroux, Saint Etienne…

A Bergerac, André prépare son avion à moteur
Les Ailes 3 aout 1939

Au 5e concours international organisé à la Banne d’Ordanche dans le Puy de Dôme en aout 1939 il est classé 1er de la catégorie avion.

Aéro Club de France, Bulletin officiel Novembre 1939
Le Populaire 10 aout 1939

En décembre 1939, devant l’affluence inattendue des jeunes gens désirant suivre les cours d’élèves mécaniciens, radioélectriciens et de constructions de modèles réduits, l’Aéro-Club a décidé de ne pouvant s’occuper des trois spécialités à la fois et d’ouvrir ces sections d’enseignement les unes après les autres. (Le Populaire samedi 2 décembre 1939)

Pendant l’année 1940 il n’y a pas de concours de modèles réduits mais en 1941 le gouvernement de Vichy relance cette activité et le commissariat général à l’Education générale et aux Sports décide d’organiser un grand concours national tandis que l’Aéro-club du Limousin prépare un concours régional.

Le Populaire samedi 29 mars 1941

Associé à PASALY, FURELAUD gagne le premier prix des planeurs lors du concours organisé le dimanche 5 octobre 1941.

Le Populaire 6 octobre 1941
Notre Province Juillet-Août 1942

Après le décès accidentel d’André FURELAUD, l’Aéro-club du Limousin n’oublie pas celui qui a porté haut les couleurs de l’aéromodélisme et en sa mémoire organise une Coupe qui porte son nom. Elle se disputera le dimanche 12 octobre 1947 et connaîtra un grand succès.

Le Populaire 15 octobre 1947

2 – L’école des mécaniciens de Rochefort pour devenir radio naviguant.

Le 9 juillet 1932, M. Albert LEBRUN, Président de la République, signe le décret portant création de « l’École des Apprentis Mécaniciens de l’Armée de l’Air de Rochefort ». Ouverte en 1933 l’école recrute sur concours des apprentis à former sur trois ans dont un an de spécialisation parmi mécanicien avion, électricien, mécanicien d’armement, photographe, radio… C’est cette dernière que choisira André.

Avec ses camarades à Rochefort
(2e rang, 2e en partant de la droite)
André Furelaud en uniforme de son école
Sur le Cap Blanc avec deux camarades le 20 novembre 1941

3- La résistance

Faisant partie de la classe 1942, André FURELAUD est appelé pour partir en Allemagne. En effet la majeure partie des jeunes hommes est mobilisée sur le front de l’Est du fait de la rupture du Pacte germano-soviétique avec l’invasion de l’Union soviétique par les troupes d’Hitler, le 22 juin 1941. Pour pallier ce manque l’Allemagne fait appel à des volontaires mais devant le faible succès de ce mécanisme elle met en place, le 22 aout 1942, un recrutement forcé, le Service du Travail Obligatoire ».

Comme de nombreux jeunes de son âge, André FURELAUD refuse de partir. Il se cache à Saint Hilaire Bonneval et petit à petit il s’engage dans le maquis. Dans un document écrit par sa maman celle-ci précise qu’il « a été engagé dans la résistance le 11 juillet 1943 à Lille par Monsieur Bugeac comme opérateur radio dans les transmissions avec Londres sous le pseudonyme de Arménien ». On peut s’étonner de cet engagement à Lille ? On voit mal par quel réseau il serait parti à Lille alors que dans la région sa compétence en radio lui ouvrait toutes les portes des différents maquis.

Quoi qu’il en soit André « Arménien » est opérateurs radio clandestins des réseaux ACTION de la France Combattante. Les postes radio étant facilement repérés par les soldats allemands il change de place tous les jours afin de ne pas émettre plusieurs fois de suite du même endroit.

Dans leur ouvrage sur la Résistance en Auvergne, Gilles LEVY et Francis CORDET décrivent l’arrestation d’André FURELAUD :

« De passage à Clermont-Ferrand, le 1er décembre, l’opérateur radio André Furelaud (Arménien) se rend à la station de départ de l’autobus pour Montluçon ou il doit rencontrer un agent de liaison. Le brigadier de police Robert l’arrête pour vérification d’identité. Profitant du mouvement de curiosité provoqué par l’ouverture de sa valise, André Furelaud réussit à s’enfuir et se rend rapidement chez Mme Gisele Borot ou il change de costume et décide de rejoindre Royat. La, le même brigadier l’arrête et le conduit au commissariat ou deux inspecteurs l’interrogent puis le remettent aux autorités allemandes.

L’arrestation et la saisie des plans et quartz des réseaux « Variétés », « Noir » et « Violet » et de deux postes émetteurs ne sont connues à Londres que le 14 décembre par un message d’Albert Meckies précisant qu’André Furelaud a été suivi alors qu’il se rendait chez Gisèle Borot ou se trouvaient plans et postes. Cette dernière, arrêtée à Bordeaux, sera matraquée 21 coups de nerf de bœuf et cravachée. Elle ne dira que le minimum pour s’en sortir. A peine libérée, Gisèle se rend auprès de ses chefs qu’elle met au courant de la situation. Découvrant la supercherie, les Allemands la recherchent de nouveau. Apres avoir mis sa fille à l’abri, Mme Borot prend le maquis. » ( Gilles Lévy et Francis Cordet A nous, Auvergne, Presses de la Cité, 1981)

Le récit de sa mère diffère sur les dates. Elle écrit « il a été arrêté le 8-11-43 à Clermont Ferrand par la police Française puis remis à la police allemande à la caserne du 92 renvoyé à la prison de Fresnes en février 1944 puis au camp de Compiègne en juin. »

Les archives nationales disposent du dossier de son arrestation à Clermont Ferrand « Information ouverte au parquet de Clermont-Ferrand contre André Furelaud, opérateur radio originaire de Haute-Vienne trouvé détenteur de matériel et de faux papiers, puis sur leur demande, remise de l’inculpé aux autorités allemandes. 13 décembre 1943-9 janvier 1944 » (2 BL 4893). Les dates sont plus conformes au récit de sa mère. Appareil radioélectrique émetteur-récepteur clandestin saisi à Clermont-Ferrand, en décembre 1943

4 – La Déportation (17 aout 1944 – 8 mai 1945)

Le matin du 17 aout 1944 a lieu le départ du dernier convoi pour Buchenwald.

Mémorial à la gare de Compiègne

 Les détenus ont quitté le camp de Compiègne en camion, munis d’une boule de pain et d’un colis de la Croix-Rouge pour deux. Le convoi traverse la ville de Compiègne et prend la direction de la forêt de Rethondes, près du passage à niveau de Vieux-Moulin, où un train de wagons de marchandises les attend. Le regroupement de l’ensemble des déportés se termine en début d’après-midi. Mais le transport ne part que le lendemain matin. Il effectue un premier arrêt à Soissons. En effet, le consul général de Suède à Paris, Raoul NORDLING, assisté du représentant de la Croix-Rouge, vient de signer un accord avec le commandement militaire allemand en France occupée. Celui-ci stipule que tous les détenus politiques des prisons et hôpitaux de Paris, ainsi que des camps de Compiègne, de Drancy et de Romainville passent sous sa responsabilité. La veille au soir déjà, il avait tenté d’empêcher le départ du transport. Cela se répète en gare de Soissons où les services policiers du Reich, la Sipo-SD, qui ont organisé cette déportation refusent d’appliquer les termes de l’accord et décident de poursuivre l’évacuation de ces détenus vers l’Allemagne. A Reims, une nouvelle tentative de la Croix-Rouge échoue, ses représentants n’arrivant même pas à distribuer de la nourriture aux déportés. Le transport quitte Reims dans la soirée. Dans la nuit, il effectue de nombreux arrêts en raison de tentatives d’évasion. Certains déportés sont alors abattus ; alors que d’autres sont poussés dans des wagons déjà occupés et surchargés. Le train franchit la frontière après Toul et opère un arrêt à Sarrebruck, un des derniers avant Weimar. Le convoi arrive au KL Buchenwald le 21 août 1944.André FURELAUD a le matricule 81304 au KL Buchenwald.

La section de Nexon du Mouvement de libération nationale donne la dernière adresse connue d’André Furelaud pour que des colis lui soient envoyés.

Les déportés de ce transport sont utilisés pour l’effort de guerre allemand, comme beaucoup de leurs camarades arrivés au KL Buchenwald depuis 1943.

Le 13 septembre 1944, à peine un mois après leur arrivée à Buchenwald, 458 Français dont André FURELAUD et 35 étrangers réfugiés en France, sont transféré au Kommando de NEU STASSFURT qui commence son activité. Il convient d’ajouter à cet effectif : 7 Kapos, 5 Allemands et 2 Polonais, détenus à Buchenwald depuis plusieurs années. Les déportés étaient de toutes origines sociales ou géographiques. 50% d’entre eux avaient moins de 25 ans. Ce Kommando se trouve à 8 km de Stassfurt et a environ 35 km au sud de Magdeburg. La mission est de transformer en usine une mine de sel située à 460 m sous terre.

Stassfurt : au premier plan « le block cuisine », au second plan les latrines avec un seul point d’eau et en arrière-plan, le puits VI où les Déportés descendaient pour travailler toute la journée ou des nuits entières.
Bloc de six lits en bois, disposés sur trois niveaux. Comme matelas de simples paillasses
dont l’enveloppe était en papier

Les déportés travaillaient en deux équipes, l’une de jour de 5 heures-17 heures et l’autre de nuit de 17 heures-5 heures.  Chaque semaine ceux de jour passaient de nuit et inversement. Pour ceux de jour le réveil était à 4 heures. La toilette était vite faite car l’eau était rare dans un premier temps, et inexistante par la suite en raison du gel. Tout le monde couchait tout habillé et personne ne se changeait !

Le matin soit en partant pour ceux de jour, ou en rentrant pour ceux de nuit, chacun avait une louche d’orge, de malt et de gland avec un bout de pain et de la margarine.  A la mine on distribuait à chacun un demi-litre de soupe de légumes, sans jamais de viande. Quand il y avait des pommes de terre, 5 ou 6…et pas très grosses, les déportés les mangeaient avec la peau. Ce jour-là, le demi-litre de soupe se transformait en quart de litre.

Avec un tel régime tout le monde avait faim mais il ne fallait pas réclamer du rab sinon c’était une punition par des coups. C’est ce qu’il fallait éviter à tout prix car l’accumulation de coups a bien souvent entraîné la mort.

Dans la mine il s’agissait d’installer une usine souterraine, et pour cela il fallait commencer par dégager les galeries afin de faciliter la circulation. La phase suivante consistait à bétonner de grandes salles destinées à recevoir des machines-outils. Plusieurs grandes firmes participaient aux travaux : Siemens était responsable de tout ce qui était électrique, Kalag s’occupait des machines, Preussag acheminait au fond le sable extrait par des déportés en surface et ce par tous les temps pour faire le béton etc… Ces firmes achetaient les déportés aux SS. Elles trouvaient leur main d’œuvre dans le camp de concentration. C’était un véritable marché d’esclaves, marché qui était inépuisable.

Pour fabriquer le béton il fallait prendre sur le dos un sac de ciment de 50 kg, seul, et le verser dans la bétonnière pendant que d’autres déportés la remplissaient de sable. Une fois le mélange à point il était déversé dans une sorte de benne avec des bras tel un pousse-pousse qu’il fallait tirer à deux sur des planches, jusqu’au point de bétonnage. Si les roues sortaient des planches elles s’enfonçaient dans le sel concassé et c’était la punition : les coups pleuvaient. Ce travail était épuisant et beaucoup y ont laissé la peau.

En surface le travail était aussi pénible puisqu’il consistait à creuser des tranchées de 2 mètres 50 de profondeur pour faire passer les canalisations. Si l’air n’était pas vicié comme au fond de la mine le froid était glacial et la capote militaire trouée dont chacun avait été doté n’était que d’une faible protection.

Ces conditions de vie sont rudes et les coups fréquents ont fait que 98 détenus décédèrent au camp. Ceux qui ont survécu expliquent que l’homme peut aller très loin dans l’épreuve avec la volonté et le moral, surtout le moral. Ceux qui ne l’avaient pas mouraient les premiers. Certes les constitutions des individus ne sont pas identiques, mais à choses égales, le moral prime toujours.

Le 11 avril 1945 les armées alliées approchent du camp. Tous les détenus sont mis sur la route encadrés par des SS. Ce fut une marche de la mort, la TODESMARCH . 138 d’entre eux décèdent et 38 ont disparus, probablement morts assassinés. Lors de cette marche beaucoup sont pieds nus car ils ont jeté leurs galoches et leur couverture pour s’alléger. Le 16 avril suppression des remorques : les malades qui ne peuvent suivre sont assassinés. Le 18 avril 20 détenus (Polonais, Russes et Français) qui avaient tenté de se cacher dans une grange sont repris et fusillés. Le dimanche 22 avril la neige fait son apparition et va tomber pendant 4 jours. La colonne fait une halte dans une ferme à Dittersbach du 26 avril au 7 mai. Ceux qui, à bout de forces ne peuvent repartir sont enterrés vivants devant l’entrée de la grange. Cette marche de plus de 360 kilomètres s’achève le mardi 8 mai en début d’après-midi entre Ansprung et Annaberg, près de la frontière tchèque où les 62 survivants du kommando de Neu-stassfurt dont André FURELAUD fait partie, sont libérés par les troupes Russes. Ils sont hébergés chez l’habitant et bien traités avant leur évacuation vers la France.

Carte de la TODESMARCH, 11 avril – 8 mai 1945.

Le convoi parti de Compiègne était composé de 1 249 Hommes. 653 sont rentrés de déportation (52,3%), 519 sont morts ou disparus (41,5%), 2 sont morts pendant le transport et un s’est évadé. 74 situations ne sont pas connues.

Outre le témoignage de la famille d’André FURELAUD, on trouve la description de la vie à Buchenwald et dans le Kommando NEU STASSFURT sur le site : https://sites.google.com/site/kommandodeneustassfurt/home/2-notre-histoire-1

On lira également avec intérêt « Le dernier convoi de déportés : Compiègne-Buchenwald (17 août-21 août 1944), CRDP de l’académie d’Amiens, CDDP de l’Oise. »

Le récit de la déportation de son fils par sa maman.

Sa maman a adhéré à l’association française Buchenwald-Dora et les camarades d’André lui ont manifesté sans discontinuer leur soutien ; Chaque année elle recevait les vœux de camarades déportés avec André en particulier Marcel Quille.

5 – Le retour à la maison le 10 juin 1945

Toute la famille est réunie ce 10 juin 1945 dans la ferme des Réserves pour accueillir André parti depuis juillet 1943, presque deux ans.  Pour sa maman c’est le plus beau jour de sa vie.

Des photos sont prises, elles figureront en bonne place dans la chambre de sa maman.

De gauche à droite Roger Furelaud, le grand père Pierre Berland, son père Marcelin, André, sa mère, Marguerite Berland sa grand mère.
De gauche à droite Roger, Marguerite, Marie, André, Marcelin, Pierre.

6- Le retour à la vie professionnelle et l’accident.

André FURELAUD est embauché à Air France ou il est radio naviguant. Il effectue les vols de l’Aéropostale et c’est sur l’un d’eux que le 22 juillet 1946, sur le vol Nice Paris que l’accident à lieu. Au moment d’atterrir il n’y a pas de piste libre, l’avion doit faire un tour mais il semble qu’une goupille de commande casse. L’avion tombe comme une flèche dans un champ de betteraves près de Pontarmé, une commune de l’Oise à 35 km au Nord de Paris.

Le pilote, Jean MOREAU et lui, radio naviguant sont tués. Sa mère est catastrophée, elle va à Paris chercher le corps de son fils et ramène une épave, une partie du moteur qui est toujours conservée par la famille.

Les obsèques ont lieu le 26 juillet à Nexon et l’inhumation dans le cimetière de Janailhac.

Le Populaire 25 juillet 1946

Ses amis ne l’oublieront pas. Nous avons déjà dit que les aéromodélistes de Limoges ont créé un prix André FURELAUD en 1947.

Plusieurs médailles ont été attribuées à André FURELAUD après son décès accidentel. D’abord la Médaille de l’Aéronautique par le Ministre de l’AIR :

Et la médaille des Postes, Télégraphes et Téléphones :

Ses amis de Nexon, Jean LASPOUGEAS et Maurice DUVERNEIX qui était son voisin et faisait avec lui le chemin pour aller à l’école, demandent à la municipalité de Nexon qu’une rue porte son nom. Leur demande est satisfaite et le 7 novembre 1992, le maire de Nexon René REBIERE, en présence de sa mère et de ses nombreux amis dévoile la plaque qui nomme André FURELAUD la rue qui donne l’entrée à Nexon à ceux qui viennent de Limoges par L’Aiguille.

Délibération du Conseil municipal du 24 mai 1991

La cérémonie est simple comme l’ont voulu ses amis Jean et Maurice. Ils s’adressent en ces termes à sa mère et à tous ces amis :

La Presse relate cette sobre et émouvante manifestation :

Chaque année, le dernier dimanche d’avril, lors de la Journée nationale du souvenir des victimes de la déportation une pensée va à André FURELAUD lorsque le cortège des participants va de la stèle érigée à l’entrée du camp, route André Furelaud et se dirige vers la gare d’où est parti un convoi vers Drancy après la rafle du 26 aout 1942.

Souvenons-nous de ce garçon courageux emporté trop tôt à l’amour des siens.

La journée des déportés à la gare de Nexon, 26 avril 2015
La journée des déportés à la gare de Nexon, 28 avril 2018

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