La Légion Française des Combattants à Nexon I – 1939-1941

Le 17 juin 1940, le maréchal Pétain dans son allocution pour annoncer son intention de demander l’armistice, dit sa certitude d’être soutenu par les anciens combattants qu’il avait commandés en 1918. C’est cette croyance qui l’amena à créer la Légion française des combattants (LFC) par la loi du 29 août 1940. Elle est issue de la fusion forcée des associations d’anciens combattants qui ont été dissoutes avec la création de la Légion. La plupart des associations étaient regroupées au sein de deux organismes, l’Union fédérale (950 000 membres) et l’Union nationale des combattants (860 000 membres). Leurs locaux, leurs fonds, leurs archives comme pour toutes les associations d’anciens combattants ont été transférés à la Légion. Pour autant tous les anciens combattants ne rejoignent pas la Légion. Cette organisation n’a pas été mise en place dans la zone occupée.

L’État français lui assigne comme mission de « régénérer la Nation, par la vertu de l’exemple du sacrifice de 1914-1918 ». Chaque membre prête un serment mais il n’est pas fait à la personne du maréchal mais à la France:

« Je jure de continuer de servir la France avec honneur comme je l’ai servie sous les armes. Je jure de consacrer toutes mes forces à la patrie, à la famille, et au travail. je m’engage à pratiquer l’amitié et l’entraide vis-à-vis de mes camarades des deux guerres, à rester fidèle à la mémoire de ceux qui sont tombés au champ d’honneur. J’accepte librement la discipline de la Légion pour tout ce qui me sera commandé en vue de cet idéal. »

La Légion est très hiérarchisée. Le maréchal PETAIN en est le président entouré d’un Directoire national.  Au niveau local il y a une « section communale » dans chaque commune  qui sont regroupées dans une Union départementales. Chaque union départementale comprend une série de divisions : propagande, services civiques, services sociaux, service d’ordre.

Contrairement aux associations les dirigeants ne sont pas élus mais choisis. Le Marechal choisi les responsables départementaux  qui à leur tour  nomment les responsables communaux.

Le Populaire 21 octobre 1940

A Limoges la L.F.C. a son siège 37 rue Montmailler dans les locaux qui appartiennent à l’Union Fédérale. Le président de l’Union Fédérale remet les locaux et le matériel mais refuse de transmettre les titres de propriété de l’immeuble ce qui conduit l’administration de Vichy à le mettre sous séqustre. En 1943 le siège de l’Union départementale de la L.F.C. sera déplacé au 10 bis rue Pétiniaud Beaupeyrat.

La direction de l’Union départementale est la suivante :

Président : Eloi DUSSARTRE

Vice-président : Léonard MENIEUX

Secrétaire générl : Léon BAZERT

Trésorier : René BOUGEAUD

Délégué à la Propagande : Léon PAROU

Sources : Archives départementales de la Haute-Vienne (185 W 1/95)

La Légion française des combattants à NEXON

Je n’ai pas encore trouvé la date à laquelle le comité communal a été constitué par Eloi DUSSARTRE. A la différence de ce qui a été fait dans les autres départements il n’y pas en Haute-Vienne de grande manifestations organisées par la légion. La raison tient en partie au fait que le président DUSSARTRE a été malade ; Il s’en excuse dans un message publié dans le Courrier du Centre du 19 décembre 1940. C’est donc au début de l’année 1941 que les comités sont nommés et qu’il vont se constituer.

Le président en est le docteur Gaston JUMEAUX LAFOND, médecin à Nexon depuis 1925, alors installé Place de l’église.

Si les anciens de la guerre de 14 – 18 constituaient la quasi totalité des membres des associations d’anciens combattants ce n’est plus le cas depuis 1939. Après l’armistice les soldats de 39 – 40 sont devenus des anciens combattants.

Le début de l’année 1941 va connaitre une intense campagne de recrutement. Elle sera favorisée par la création, le 8 février 1941, des Amis de la Légion. Cette création visait à encadrer ceux qui étaient trop jeunes pour avoir combattu en 18 ou en 40. Ils ne pouvaient pas faire partie de la Légion mais ils soutenaient le régime.

On trouve trace de la Légion le 1er mars avec l’installation du nouveau Conseil municipal. En effet la loi du 16 novembre 1940 modifie la loi électorale communale et dispose que le conseil municipal ainsi que le maire et les adjoints sont nommés. La loi donne également au préfet des critères à respecter pour choisir les membres d’un conseil municipal : au moins un père de famille nombreuses, un représentant d’un groupement de travailleur, un femme qualifiée pour s’occuper des oeuvres privées d’assistance et de bienfaisance.

Un arrêté du 21 février 1941 du Préfet de la Haute-Vienne nomme le maire et ses deux ajoints ainsi que les seize autres conseiller. M. Albert BOUTAUD LACOMBE, est nommé maire. Il occupait déja cette fonction depuis le 30 novembre 1919. On remarque que le premier adjoint, M. MOURET Jean est trésorier de la Légion des Combattants à Nexon et que le 3ème conseiller, le Dr. JUMEAUX LAFONT, est président de la Légion. Bien que les femmes n’aient pas encore le droit de vote, au moins une doit sièger au Conseil. C’est Mademoiselle Thérèse de NEXON qui a été nommée en sa qualité d’infirmière.

Journal des Délibération du Conseil Municipal

Le 22 mars 1941, un article du Bonhomme Limousin, journal hebdomadaire du Limousin, organe officiel de la colonie limousine de Paris depuis 1894, diffuse un communiqué du bureau de Nexon qui donne le montant de la souscrption réalisée au profit des prisonniers. On notera que le club de football a versé la moitié de la recette d’un match. Avec cette souscrption la Légion apportera un soutien aux prisonniers en leur envoyant des colis. Il y a plus de 70 prisonniers dont on ne connait pas toujours l’adresse. La légion va faire de l’aide aux Prisonniers un axe fort de sa politique.

Le même jour le journal rappelait qu’une séance de cinéma avait été organisée au bénéfice des prisonniers.

Le role de la Légion auprès des prisonniers a été précisé dans la presse le 26 février 1941.

Le Bonhomme Limousin 26 février 1941

Un nouvel appel aux familles est lancé par M. DURENGUE, responsable de la commission aux prisonniers, pour que les familles fassent passer l’adresse exacte des prisonniers afin que leur soit envoyé le colis de 5kg dont le contenu est décrit.

Le Bonhomme Limousin 7 juin 1941

Le 31 aout, de grandes manifestations sont organisées dans toute la zone occupée pour feter le 1er anniversaire de la création de la Légion.

Des courses au flambeaux ont été organisées dans le département, certains coureurs portant la flamme jusqu’à Limoges.

Ceux qui n’allèrent pas à Limoges participèrent à des manifestations à Nexon.

Le Bonhomme Limousin 30 aout 1941

La grande manifstation pour les membres de la Légion à Nexon a été la remises des fanions aux sections du canton, le 28 septembre 1941 .

La cérémonie était présidée par M. Pierre Jean BERGER, Préfet régional, accompagné de M. Barbier, secrétaire général ; MM. Dussartre, président départemental de la Légion et Bazert, secrétaire général, y assistaient ainsi que des délégations nombreuses des sections de la Meyze, Janailhac, Meilhac, la Roche-l’Abeille, Saint-Hilaire-les-Places, Saint-Priest-Ligoure et Rilhac-Lastours, ayant à leur tête les présidents communaux.

Une messe pour les prisonniers a été célébrée en l’église paroissiale par M. Doyen de Nexon et à l’issue de la messe, les légionnaires ont défilé jusqu’au Monument aux Morts. Sur la place ils ont formé le carré pour recevoir M. le Préfet régional. La fanfare du 16e Bataillon de Chasseurs à Pieds de Limoges rendait les honneurs.

Le président cantonal, le docteur JUMEAUX LAFFOND, a acceuilli M. le Préfet et après l’envoi des couleurs, il a déposé une gerbe de fleurs au Monument aux Morts et a procédé à la remise du fanion à la section de Nexon. Ensuite les présidents des sections communales ont reçu de M. Dussartre leurs fanions respectifs.

Après le discours du président départemental et celui du Préfet régional la cérémonie s’est terminée par un défilé de tous les légionnaires du canton.

Une foule nombreuse assistait à cette cérémonie.

Le Légionnaire la Haute-Vienne du mois de novembre 1941 a rendu compte de cette cérémonie en publiant deux photos et un article trés élogieux. La Presse locale a elle aussi rendu compte de la cérémonie.

La photo officielle est plus lisible que celle publiée dans le journal.

Le préfet régional devant le monument aux morts qui à l’époque était sur la place, en face de la Poste. Les chefs de la Légion portent tous le béret du Légionnaire.

L’après midi, un match de football a opposé l’A.S. Nexonnaise à l’A.S. du Palais sur le terrain de la Seyne.

En soirée un spectacle était donné salle Chareix. Il n’y a pas eu assez de place pour tous.

Les gains de la journée étaient destinés au prisonniers. Ils ont été tel qu’un envoi immédiat d’un colis a etre réalisé et qu’un second était prévu à l’occasion de Noël.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.