Déjà au cours de la première mondiale la Haute – Vienne avait accueilli des prisonniers de guerre allemands (PGA). Dès le début du conflit, bléssés et prisonniers arrivent à Limoges.
Leur nombre augmente à partir de l’été 1915 pour atteindre 6 000 hommes fin 1918 dans tout le Limousin. Ils sont employés là où il manque des ouvriers, partis au front. On les trouve dans les campagnes affectés aux travaux agricoles et forestiers par groupe de 10 ou 20, mais aussi dans les manufactures d’armes et de munitions. Il y avait un groupe de prisonnier à Gorre mais il ne semble pas y en avoir eu à Nexon.
À Limoges, les prisonniers allemands blessés, sont emprisonnés au Mas-Éloi. Un certain nombre sont morts et ont été enterrés dans les environs : 115 tombes allemandes au cimetière de Chaptelat et 142 au cimetière de Louyat.
I-La situation des prisonniers de guerre allemands à partir de 1943
Il n’y a jamais eu autant de prisonniers de guerre qu’à la fin de la seconde guerre mondiale. On estime leur nombre à plus de 10 millions. On est donc loin de la situation de 1918.
Après le débarquement en Normandie le nombre de prisonniers fait par les soldats américains et anglais augmente rapidement. Ils sont d’abord rassemblés dans d’immenses champs transformés en camps temporaires qui deviendront, à partir d’août 1944, des camps durables. Ils sont juste gardés et très mal nourris. le camp de Foucarville, près de Sainte Mère Eglise, un des plus important, pouvait accueillir jusqu’à 40 000 prisonniers. L’armée américaine ne peut pas gérer ce nombre imprévu et libère immédiatement, sur place, les civils récemment mobilisés. Elle accepte la demande de la France de lui céder une partie d’entre eux.
C’est après le débarquement en Afrique du Nord, le 8 novembre 1942, et les premières victoires que les forces françaises ont faits les premiers prisonniers allemands. Pour les gérer une Direction et Inspection des prisonniers de guerre (DIPG) est créé le 25 mars 1943 à Alger. Le 15 septembre 1944 le Service des PG de la zone avant de l’armée est créé pour gérer les 300 000 prisonniers qui sont sous l’autorité directe de la France. mais il faut une structure plus complexe pour faire face à l’arrivée des prisonniers que vont céder les américains. A partir du 1er août 1945, la DIPG devient la Direction Générale des Prisonniers de Guerre (DGPG) .
Devant la pénurie de main d’œuvre le général de GAULLE souhaite les faire participer à la reconstruction du pays et au titre des réparations, la France demande 1 750 000 prisonniers, les américains vont leur en fournir une partie et ainsi se libérer de la charge de leur entretien. De février 1945 à mai 1946, ils en transfèrent 740 000 et les britanniques 25 000. Les libérations sont largement accordées à tous ceux qui sont inaptes au travail, malades ou âgés.
Au total 907 000 prisonniers de guerre Allemands étaient présents en France entre 1945 et 1948. Ils ont travaillé à la reconstruction de notre pays dans les entreprises, les exploitations agricoles et les communes.
Source : Fabien THEOFILAKIS, Thèse doctorat 2010, p.23
L’utilisation de la force économique des PG repose sur trois principes : en obtenir le maximum pour les placer rapidement dans toutes les branches de l’économie; les utiliser comme main-d’œuvre de remplacement, non d’appoint, pour cela il faut les faire embaucher par des employeurs privés afin de les placer là où ils seront le plus utile à la reconstruction; il faut des PG immédiatement utilisables.
En accord avec l’article 34 de la Convention les PG perçoivent une rémunération. Les employeurs versent aux directions départementales du travail et de la main-d’œuvre une « indemnité compensatrice » correspondant au montant du salaire du prisonnier qui doit être identique à celui d’un Français de même qualification. Ainsi un ouvrier agricole embauché en mars 1946 coûte à son employeur 1 200 F par mois, plus 450 F de frais de garde et 250 F de prime. Une partie de cet argent est reversée au budget du ministère de la Guerre pour faire fonctionner les dépôts. Le prisonnier reçoit environ 250 F par mois dont la moitié est retenue par le dépôt pour lui être remise au moment de sa libération.
Pendant l’année 1947 les Etats Unis, sous la pression des églises qui acceptent mal qu’il reste des prisonniers une fois la guerre terminée, demandent à la France de libérer les prisonniers cédés par l’armée américaine. Le gouvernement français proteste vigoureusement mais accepte de libérer une partie de ses prisonniers et propose le maintien en France, comme travailleurs libres, des prisonniers de guerre volontaires conformément aux accords Caffery-Teitgen du 11 mars 1947. On passe donc d’une logique de réparations à celle de la reconstruction et d’une politique de captivité à une politique d’immigration.
Près de 140 000 prisonniers ont opté pour le statut de travailleur libre. A la fin de le leur contrat ils peuvent revenir en Allemagne ou rester en France. Au début du mois de décembre 1948, à l’exception des criminels nazi, la plupart des PG auront quitté le territoire français. Certains se sont engagés dans la Légion étrangère et ont combattu en Indochine car ils n’avaient plus rien en Allemagne, leur maison avait été détruite avec leur famille lors des bombardements, d’autres ne voulaient pas revenir dans les territoires occupés par les soviétiques, d’autres enfin ont fondé une famille en France. Christophe MOREIGNE* estime que 150 à 200 prisonniers sont restés en Creuse sur les 3 700 qui y avaient été transférés. la presse creusoise relate leur histoire comme La Montagne du 13 avril 2016 avec Claude, fils d’un prisonnier né en 1921 en Silésie et fait prisonnier dans la poche de La Rochelle en mai 1945. Au lieu de repartir il a fondé une famille en Creuse. Le 16 octobre 2019 le même journal publiait un reportage intitulé « Guéret doit son eau aux prisonniers allemands de l’après guerre ».
*Christophe MOREIGNE « Les prisonniers de guerre de l’Axe dans la Creuse. 1944 – 1948″, Mémoires de la Société des Sciences naturelles, archéologiques et historiques de la Creuse » Tome 51 -2005
II- Les prisonniers allemands en Haute-Vienne.
Les prisonniers qui travaillent en Haute-Vienne sont regroupés au dépôt 121 établi dans l’ancien camp de Saint Paul d’Eyjeaux qui avait accueilli les soldats allemands capturés lors de la libération de Limoges le 21 août 1944. Le camp est prévu pour gérer 4 500 prisonniers mais leur nombre sur place est très variable car ils sont groupés en commandos de travail et sont logés par leur employeur, à l’extérieur du camp pour des périodes plus ou moins longues.
La 12e Région Militaire dont fait partie la Haute-Vienne comptait 4 autre dépôts. Pour la Corrèze, le 123 à la Trémouille sur la commune de Chameyrat au nord-ouest de Tulle, pour la Creuse, le 124 à Guéret, pour la Dordogne, le 125 à Brantôme et pour l’Indre le 127 à Châteauroux.
Les relations avec la population ne sont pas toujours très favorables. certains les traitent d’assassins, de voyous, de bandits, de criminels, etc. On leur montre des photos du massacre d’Oradour et on les menace de vengeance.
Si la population accepte que les prisonniers travaillent, elle supporte mal de les rencontrer pendant les jours de repos. Ainsi à Eymoutiers les gens n’acceptent pas qu’un prisonnier employé par la dentiste soit en habit civil. Elle déclare que « en raison du métier que j’exerce … je ne tenais pas à ce que mes clients voient que j’occupe un PGA » (Haute-Vienne, 993 W 789). A Saint Sulpice -Laurière un habitant fait comprendre à un prisonnier qu’il n’a rien à faire à la fête du village.
Le Ministère du Travail a mis en place une logique d’attribution de la main-d’œuvre fournie par les PG en fonction du tort que l’ennemi a causé. Les paysans du Limousin considèrent qu’ils ont payé un lourd tribu et s’impatientent de la lenteur des arrivées. Le 12 avril 1945, le président du syndicat des agriculteurs de Bessines, ancien prisonnier, se plaint auprès du préfet du fait que les PG « promis » ne sont toujours pas arrivés, alors qu’arrive le moment de planter les pommes de terre.
Mais dans la plupart des cas les prisonniers allemands étaient bien traités. En effet des la fin de la guerre un mouvement humaniste et pacifiste c’est développé invitant les français à ne pas penser en termes de revanche et à considérer les prisonniers comme des hommes méritant le respect. Ce mouvement a été renforcé du fait d’une campagne qui dénonçait les conditions de logement et de nourriture dans les camps. le 1er octobre 1945, Jacques FAUVET intitule un article qu’il publie dans le Monde « Un prisonnier, même allemand est un être humain » dans lequel il écrit «
» Comme on parle aujourd’hui de Dachau, dans dix ans on parlera dans le monde entier de camps comme… «
Notre correspondant cite celui de Saint-Paul d’Egiaux. Mais il apparaît que ce jugement est valable pour beaucoup des camps ou des dépôts français de prisonniers de l’Axe.
C’est l’intendance qui a la charge de ravitailler les camps, les dépôts et les entreprises où les prisonniers sont en nombre important. Il existe une ration de base dont on s’accorde à dire qu’elle est juste suffisante pour ne point mourir trop vite… Les prisonniers meurent en trop grand nombre. Et non point de maladie, mais de faim. Ceux qui sortent des camps sont pour beaucoup inaptes au travail.
Le problème de l’alimentation supposé résolu, il reste celui de l’habillement. C’est à l’Allemagne qu’il incombe de vêtir les prisonniers. Mais il n’y a plus d’Allemagne. Des collectes vont être organisées outre-Rhin. A défaut d’autorités politiques, les évêques seront touchés par la voie du Vatican. Si ces démarches demeurent vaincs, des réquisitions seront ordonnées. Les couvertures enfin font défaut. Au seuil de l’hiver, il n’y en a pas une par homme. Et l’autorité militaire a peu d’espoir d’en obtenir.
Nos correspondants estiment n’avoir pas lutté et souffert pour que se perpétue l’offense faite à l’homme par des actes ou des faits qu’ils ont réprouvés en d’autres temps, en d’autres lieux. La loi du talion qui a pour nom moderne celui de représailles est étrangère à notre tradition.
Il est un dernier argument qui paraîtrait plus convaincant s’il n’était quelque peu entaché d’intérêt. Ces prisonniers, nous les avons demandés et obtenus pour nous aider à produire et à reconstruire. El pour cela seulement.
Le paysan, lui, sait qu’on n’obtient pas de travail sans nourrir la bête. On ne peut croire que l’État soit moins avisé lorsqu’il s’agit d’êtres humains. »
En Haute-Vienne, une visite du préfet au dépôt de Saint Paul d’Eyjeaux tente de relativiser, mais une note des renseignements généraux de Limoges du 12 octobre 1945 signale que « de nombreux prisonniers de guerre allemands en provenance du camp de Saint-Paul-d’Eyjeaux sont employés à Limoges à divers travaux…La maigreur et la faiblesse de ces prisonniers suscite parmi la population des commentaires assez acerbes à l’égard des autorités qui les ont en charge ». Le lendemain de cette visite, le quotidien l’Echo du 13 octobre 1945 écrit un simple calcul économique : il coute moins cher de bien nourrir un prisonnier qui pourra de ce fait travailler que de le soigner s’il est malade du fait de malnutrition.
Dans son rapport d’inspection du dépôt de Saint Paul d’Eyjeaux du 26 novembre 1945 le commissaire de la République indique que « depuis juillet 157 Allemands sont décédés dont 97 au camp même et 60 dans les divers Kommandos »
En Octobre 1945, la commune de Saint-Paul décide d’acheter un terrain contigu au cimetière pour enterrer les P.G. décédés : « L’assemblée exige que la parcelle soit clôturée le plus tôt possible pour éviter les risques d’accident par les tombes creusées à l’avance » (séance du conseil municipal du 7 octobre 1945) ce qui semble confirmer que l’on ne se fait guère d’illusions. Ainsi est créé ce qui deviendra dans la mémoire populaire « le cimetière des allemands » rapidement couvert de petites croix.
La Mairie enregistre 92 décès d’août à octobre 1945 dont 56 pour le mois de septembre ce qui suggère une épidémie. En fait la plupart des décès enregistrés depuis juillet 1944 serait du « à l’état d’extrême débilité physique des prisonniers livrés par les autorités américaines », insuffisante pour résister aux conditions de vie imposée par les Français. Le plus jeune P. G., Rudolf Naschbandt, est âgé de 17 ans lors de son décès le 10 septembre 1945, et Fritz Brockerman, un des plus âgé, décède le lendemain, 11 septembre, à l’age de 50 ans. (http://www.saint-paul.link/spip.php?rubrique21). Dans les années 1960, les sépultures des allemands ont été relevées et dirigées vers le cimetière militaire allemand de Berneuil en Charente Maritime.
Si les prisonniers ont été mal accueilli pendant l’été 1945 le climat a changé lorsqu’ils ont été employés, en particulier dans les fermes. Leur travail a forcé le respect, voire l’estime. En retour, ils étaient heureux de pouvoir manger à leur faim.
Près de 60% travaillent dans l’agriculture, les autres sont employés dans l’industrie, les travaux publics et tous les secteurs requérant de la main d’œuvre. Les prisonniers employés par des exploitants agricoles doivent être au moins 5 et doivent être placés sous la surveillance d’un gardien.
A coté des travaux agricoles les prisonniers sont employés à la réparation des dégâts causés par la guerre ou au développements d’installations pour les communes. Une brochure est adressée à tous les maires pour leur montrer toutes les opportunités qu’offre cette main d’oeuvre :
III- Les prisonniers allemands à NEXON
Le 31 mars 1946, le conseil municipal qui vient d’élire Louis Jean PRADEAU comme maire en remplacement de Mathurin PAULIAT qui avait démissionné, décide la création d’un commando de 10 prisonniers pour 6 mois pour « la remise en état et la construction des chemins, terrain de sport et à l’entretien des bâtiments communaux »
Les prisonniers seront « logés dans une annexe de la mairie ou ils pourraient faire eux même leur cuisine », « la garde sera assurée par une personne de la commune recrutée à cet effet », le coût prévu s’élèverait à 600 francs par jour pour la nourriture (350 francs), le salaire (100 francs) et le garde (150 francs) soit 109 800 francs pour 6 mois auxquels il faut ajouter 15 000 francs de matériel. Au total il est prévu une dépense de 124 800 francs. La prise en charge à 50% par l’Etat des dépenses liées aux prisonniers laisse 69 900 francs à la charge de la commune.
Le 12 avril 1946, le maire de Nexon signe la « Convention de louage de travail n° 121/N 586 » et les « Conditions générales d’utilisation des prisonniers de guerre ennemis ».
Comme le prévoit les conventions d’emploi des prisonniers, ceux ci peuvent être employé par des particuliers. Baptiste GUYOT est le premier à effectuer cette démarche.
Le 27 mai 1947 un prisonnier du commando est cédé à Baptiste GUYOT. Il reste donc 9 PG au commando communal.
Le 7 juin la commune reçoit 10 nouveaux prisonniers ce qui porte l’effectif du commando à 19.
Il ne semble pas que parmi les 19 membres du commando communal certains aient noué des relations amicales avec la population. Ceux qui, employés par des agriculteurs, sont nourris et logés ont des relations, souvent cordiales avec leur patron et surtout leurs enfants quand ils en ont.
Le 4 juillet M. le maire remet 4 PG à la disposition du dépôt (avenant 4) et 3 de plus le 7 août ce qui ramène l’effectif à 12 (avenant 5).
Chaque mois l’employeur doit déclarer le nombre de journée travaillé par chaque prisonnier et verser la somme correspondant au relevé liquidatif que lui adresse le dépôt. Les journées de maladie sont exonérées à condition qu’un certificat médical ait été transmis au dépôt dans les 24 heures.
Il arrive que la commune se trompe dans ses déclarations ou paye en retard, oublie un prisonnier… la commune reçois alors un avis signalant un oubli ou une erreur et lorsque le paiement n’est pas effectué dans les délais un avertissement.
Sur les fiches de rappel il est intéressant de noter la liste des dépenses non remboursables : vêtements de travail, sabots, linge, ressemelage, blanchissage, raccommodage, dentiste, nourriture , etc.
Les membres du commando communal ont principalement travaillé à la création du stade mais avant que l’arrêté autorisant sa construction soit publié les 10 P.G. du commando communal ont nettoyé et arrangé les chemins et les bâtiments communaux.
Le conseil municipal avait le 10 février 1946 une délibération autorisant l’achat d’un terrain destiné à l’aménagement d’un terrain de sport. L’obtention de l’accord par le préfet a été longue, en particulier à cause du prix du terrain, aussi le 16 janvier 1947, le maire écrivait au préfet pour lui demander de donner une suite favorable à l’acquisition, « voulant faire commencer les travaux par le commando de P.G. Allemands ».
L’arrêté préfectoral autorisant l’acquisition a été publié le 24 mars 1947. Le commando pouvait donc commencer les travaux de terrassement. c’est a partir de ce moment que la commune a demandé 10 prisonniers supplémentaires. ce sont donc 19 P.G. qui ont travaillé au terrassement du stade.
A coté de la commune plusieurs particuliers ont employé un prisonnier. les archives municipales conservent six copies de conventions mais toutes n’ont pas été enregistrées.
BRINGS Heinrich chez M. DEVAUX Léon la Sélive du 1er août 1947 au 31 juillet 1948
DICKMANN Günther chez M. GUYOT Albert du 10 septembre 1947 au 9 septembre 1948
KRONAUER Karl chez M. BRIDGLAND Marie à Lage, travailleur libre du 1er août 1947 au 31 juillet 1948
LUPPENS Anton chez M. TENOT André à la Sélive du 1er août 1947 au 31 juillet 1948
SCHAFF Wolfgang chez MARCOFF Boris, 1 avenue de la gare du 26 septembre 1947 au 25 septembre 1948
SCHMIDT Hermann chez M. GRATADE Henri au Moulin du 23 janvier 1948 au 22 janvier 1949
Tous ces prisonniers ont choisi le statut de travailleur libre ( circulaire n°186 du 30 mai 1947 – B.O.I. n°23 du 7 juin 1947). Ils recevaient une carte de séjour temporaire délivrée pour an après la constitution d’un dossier comprenant :
-Une demande sur papier timbré à 20 fr.
-un tilbre fiscal à 100 fr.
-deux photos de profil côté droitune copie du certificat de libération
-une copie du certificat de libération
-une fiche jaune et une chemise à bulle dûment remplies et assortie de l’avis du maire.
Les travailleurs libres sont autorisés a passer leur congé annuel en Allemagne. Ces voyages ne sont autorisés que pour les trois zones occidentales occupées a l’exclusion su secteur allié de Berlin et de la zone soviétique. La durée maximale du séjour est de 15 jours durée du voyage comprise.
Le 18 novembre 1947, M. DAURIAT à Noyéras a transféré au commando communal 2 prisonniers qu’il avait en compte. La Convention avec M. DAURIAT n’est pas aux archives et on ignore le motif de ce transfert.
Des différents rapports effectuées en Haute-Vienne il ressort que les prisonniers employés dans des fermes jouissent de conditions de travail et de séjour satisfaisantes. Souvent les prisonniers mangent avec leurs employeurs et les plus jeunes nouent des relations amicales avec les enfants de la ferme quand les ages sont pratiquement les mêmes. Par contre aucun prisonnier n’est resté à Nexon après sa libération.
Parfois les bonnes relations établies entre les prisonniers et leur employeur contribuaient à relâcher la surveillance ce que certains ont mis à profit pour s’évader. Ainsi les gendarmes de Nexon ont été amenés à enquêter après une évasion et leurs conclusions vont dans ce sens : André P. emploie depuis plus d’un mois un jeune PG de 19 ans. Il mange manifestement à la même table que ses patrons, partage la vie de famille et parvient à se créer un espace de liberté hors du contrôle de ses employeurs : André ne s’est jamais aperçu que depuis trois semaines Félix rencontrait un camarade employé dans une ferme voisine. Le soir de son évasion, ses deux fils, sortis avec lui prendre l’air dans la cour, vaquent bientôt à leurs occupations. « De ce fait ces deux derniers n’ont pas prêté attention au prisonnier qui était resté seul dans la cour ». PV de gendarmerie de Nexon n° 313 du 21/07/1945 sur « l’évasion du PG Kreutz du camp de St Paul d’Eyjeaux ».
Mais s’il y a eu quelques évasion de prisonniers employés dans les fermes, il y en a eu beaucoup moins que celles de prisonniers enfermés dans les camps. L’expérience a prouvé que le prisonnier qui s’intéresse à son travail éprouve des scrupules à quitter un employeur chez qui il loge et où il est considéré comme faisant partie de la maison, tandis tout le pousse à s’évader d’une enceinte où il est un simple numéro derrière des barbelés.
Pour aller plus loin :
Claude d’ABZAC-EPEZY « La France face au rapatriement des prisonniers de guerre allemands » Guerres mondiales et conflits contemporains 2009/1 (n° 233), pages 93 à 108
Christophe MOREIGNE « Prisonniers de guerre de l’Axe. Creuse et région administrative (1944-1948) », Mémoires de la Société des Sciences naturelles, archéologiques et historiques de la Creuse, tome 51 / 2005
Valentin SCHNEIDER « Un million de prisonniers allemands en France : 1944-1948 », Paris, Vendémiaire, 2011
Fabien THEOFILAKIS « Les prisonniers de guerre allemands en mains françaises (1944-1949) : captivité en France, rapatriement en Allemagne », Thèse de doctorat d’histoire contemporaine, Paris X Nanterre, 7 décembre 2010.
Fabien THEOFILAKIS « Les Prisonniers de guerre allemands. France, 1944-1949 », Fayard, 2014.
Archives Départementales de la Haute-Vienne, fond 186 W 1/135
Le film de Philippe TOURANCHEAU « Quand les Allemands reconstruisaient la France », un 52 min diffusé le 10 mai 2016 sur France 2 a été réalisé dans le même esprit que « Le camp fantôme » de Tessa RACINE. La bande annonce est ici :