Le Cercle de la Concorde

                   Les différentes catégories de cercles

Maurice Agulhon dans son étude « Le Cercle dans la France bourgeoise 1810-1848 » (1), montre que, dans la société bourgeoise de Louis-Philippe, entre 1830 et 1848, la fréquentation des cercles s’est progressivement substituée aux salons. Mais pour autant les grands salons mondains n’ont pas disparus des grandes métropoles, principalement Paris. Le Cercle de l’Union, le plus prestigieux, le Jockey club ou le Cercle de la Rue Royale comptent plus de 90% de nobles parmi leurs membres (2). On peut donc considérer que vont coexister deux catégories de cercles, les cercles aristocratiques et les cercles bourgeois.

Ces derniers se sont créés pour que leurs membres se rencontrent, lisent les journaux auquel le cercle est abonné, jouent aux cartes ou au billard mais aussi discutent de questions professionnelles et politiques. Ces cercles qui se développent rapidement à partir du milieu du XIXe siècle sont le produit de la culture bourgeoise, fondée sur l’égalité, la masculinité et la recherche de loisirs nouveaux. Avec la IIIe République ils vont devenir le creuset du renforcement du sentiment républicain, surtout au moment où le clergé et la bourgeoisie locale se déchireront à travers la querelle de l’école. Ces cercles ont contribué à la créations d’un « espace social » fraternel, solidaire et démocratique (3). Cela se traduit dans leurs noms : « de la concorde », « de l’union », « de la paix », « des travailleurs », « de l’avenir », « des démocrates », « des citoyens » …

1- Maurice Agulhon, Le Cercle dans la France bourgeoise 1810-1848, Cahiers des Annales, 36, Paris, Librairie Armand Colin, 1977, 105 p.

2- Bravard Alice, « Le cercle aristocratique dans la France bourgeoise 1880-1939 », Histoire, économie & société 1/2011 (30e année), p. 85-99

3- Bernard Traimond – Cercles et Sociabilité en Gascogne- Annales du Midi, n° 152-juin 1981).

Les cercles en Haute-Vienne

On ne connait pas de cercle purement aristocratique en Limousin. Le plus prestigieux et le plus ancien en Haute-Vienne, Le cercle de l’Union a été créé par la haute-bourgeoisie limougeaude en 1844. Il est né place Royale (aujourd’hui place de la République) en 1844 fondé par les industriels de la porcelaine et de la chaussure. A la création le droit d’entrée était de 125 F et la cotisation annuelle de 100 F. Elle baisse ensuite à 75 F en 1865. En 1878, les sociétaires déménagent pour se réunir dans le bâtiment qu’ils ont fait construire boulevard de Fleurus. En 1888 ils y ajoutent un jardin d’hiver abrité sous une somptueuse véranda jalonnée de vitraux réalisés par Chigot. Le cercle abrite alors 4 salons, une bibliothèque, 2 salles à manger et une salle de jeux.

C’est un cercle luxueux qui avec sa vie intellectuelle et sociale importante a marqué l’histoire de Limoges jusqu’à la fin du XXe siècle. A partit des années 1990 la fréquentation baisse régulièrement. La décoration a vieilli, les cuisines ne sont pas adaptées aux normes et aux exigences nouvelles aussi en 2003 les tableaux et les meubles sont mis en vente et le cercle ferme ses portes en 2007. La reprise du bâtiment par un établissement bancaire avait fait germer l’espoir d’une réouverture mais en août 2016 l’acheteur a renoncé à ce projet.

En 1865 le Cercle des jeunes gens a été créé avec les mêmes objectifs pour un public moins riche puisque la cotisation est de 25 F.

Bellac a un cercle en 1853, Saint Léonard en 1856 et celui de Saint Junien naît sous la république, en 1872.

Le Cercle de la Concorde à Nexon

Le cercle de Nexon, a été fondé en 1876, principalement par des commerçants et des membres des professions libérales.  Pour A. Corbin c’est un cercle politique, ce qui serait un cas unique dans le département (4). A ce sujet il cite un propos du sous-préfet de Saint Yrieix considérant le patron du café de l’Univers ou les membres se réunissent, comme étant « un rouge écarlate ». (Archives dep. M 972)

4 – Archaïsme et modernité en Limousin au XIXe siècle (1845-1880), nouvelle édition, Presses universitaires de Limoges, Limoges, 1999 (1re éd. 1975), 2 vol.

Les 13 membres fondateurs se réunissent le 20 septembre 1876 et, partant des statuts qu’ils viennent d’adopter, ils élisent le bureau suivant :

Président : Louis Boutaud-Lacombe, notaire à Nexon*

*Notaire à Nexon de 1864 à 1893, il assure la gérance de l’étude de Meilhac, du 24 décembre 1880 au 14 juillet 1881.

Secrétaire-trésorier : Joseph Faure

Membres : Crouzeau d’Azat, Frugier notaire, Bonnet J.B. et Eyssartier.

Commissaires : Michel Frugier, Eugène Cubertafond, Ludovic Guilhaumaud, Ferdinand Gizardin.

Trois journaux sont choisis : Le Temps, Le Courrier du centre et La Vie Parisienne.

création du cercle

Les statuts du cercle

statuts 1statuts 2statuts 3

statuts 4statuts5

L’année suivante les membres décident de supprimer l’abonnement à la Vie parisienne et prennent des abonnements d’essai pour 4 nouveaux journaux :  le Républicain, L’Union Conservatrice, Le Soleil et Le Figaro. L’Assemblée décide également de supprimer les quatre commissaires.

Le 10 mars 1878, deux membres, présentés, comme le stipulent les statuts, par deux membres sont cooptés : Messieurs Dupety, juge de paix et Deynat percepteur tous deux à Nexon.

Le 2 juin 1878 deux nouveaux membres sont admis : Messieurs Capel, employé des contributions indirectes et Alfred Desmaison, propriétaire à Nexon.

Lors de l’Assemblée générale de septembre 1878 la composition de la Commission a été modifiée à la suite de la démission du trésorier, Joseph Faure.

La nouvelle composition est alors :

Président : Boutaud-Lacombe

Secrétaire-archiviste : Ferdinand Gizardin

Trésorier : Deynat

Membres : J.B Bonnet, Eugène Cubertafond, Frugier notaire, Ludovic Guilhaumaud.

L’assemblée décide de renouveler les abonnements à 4 journaux : Le Temps, le Courrier du Centre, Le Soleil et le Monde Illustré.

Lors de l’Assemblée générale de décembre 1879 les comptes présentés laissent apparaître un excédent sur les deux derniers exercices. Six nouveaux membres sont admis : Bonnel, pharmacien, Nouhaud, pharmacien, Gabriel Thomas, aspirant au notariat, Joseph Tarrade, tous à Nexon et Gabriel Tarrade, bijoutier à Limoges. C’est la première personne n’habitant pas à Nexon à être admise.

Le 14 juin 1881 l’assemblée élit Joseph Tarrade, huissier, comme nouveau trésorier à la suite du départ de Nexon de M. Deynat. Elle coopte deux nouveaux membres : le Docteur Frugier, médecin et M. Dumas, nouveau percepteur à Nexon. Les quatre journaux choisis sont : Le temps, Le Soleil, La France Centrale et le Charivari.

Le loyer du cercle est de 400 francs, sans changement depuis la création ainsi que la cotisation fixée à 24 francs. Les abonnements coûtaient 51 francs pour La république, 48 pour Le temps, 30 pour Le Courrier du Centre, 14 pour le Monde Illustré.

En février 1882 trois nouveaux membres sont admis : Henri Lelong, René Tarrade et Laurent Lelong, propriétaires à Nexon.

Tous les candidats ne sont pas admis. Ce fut le cas pour M. Sallon en août 1882.

En octobre 1882 le cercle comptait 31 sociétaires. Leurs cotisations de 24 francs généraient une recette de 744 francs ne couvre pas totalement les dépenses du cercle qui s’élèvent à 766, 40 francs. Les principaux postes de dépense sont :

-loyer : 400

– abonnements 193,10 : Le Charivari (80,10 F.), Le temps (68 F.), Le Soleil (20 F) et la France centrale (20 F).

– Impôts : 130,50

-divers : 42,60 dont cartes du cercle (30 F.), affranchissement (7 F.)

L’équilibre de la trésorerie est assuré par l’excédent des recettes des années précédentes.

Pour l’année 1884-1885 le cercle compte 26 sociétaires, les abonnements sont les mêmes et le bureau est reconduit.

En octobre 1884 M. Suidureau, commerçant à Nexon a admis parmi les membres du Cercle et le 13 décembre trois nouveaux membres sont admis : Messieurs Raby, Laleu, Sergent.

Au début de l’année 1886, M. Raby, propriétaire du grand Hotel fait savoir au président qu’il ne pourra plus continuer à louer au cercle les appartements qu’il occupe.

raby denonce le bail 1885

Les membres décident de transférer le Cercle dans une grande salle , au premier étage d’une maison que possède M. Raymond Limousin. Un bail est établi le 3 février 1886.

bail 25 septembre 1875

En avril 1886 neuf demandes sont faites par MM. Bonnafy , Pierre et François Lelong, Georges Janety, Albert Bouteau-Lacombe, Antoine Tarrade, Henri Bragard, Raymond Limousin et Breguin. Ces admissions ont sans doute été réalisées pour compenser les démissions, en moyenne une chaque année. Monsieur Raymond Limousin, dès son admission est élu secrétaire en remplacement de Fernand Gizardin qui a démissionné.

Au cours de cette assemblée le trésorier signale que plusieurs membres, dont un fondateur, n’ont pas payé leurs cotisations depuis plusieurs années. Pourtant la cotisation est payable d’avance !  Négligence ? Dans plusieurs comptes rendus les membres se plaignent que des anciens membres ayant démissionné viennent dans les locaux du cercle lire les journaux ou jouer aux cartes. A chaque fois il est demandé aux membres du bureau d’être rigoureux dans les contrôles.

En mai 1886 trois nouvelles admissions : Léon Decoulhac et Antoine Thomas de Nexon, Augustin Fournier, maire de Meilhac, Philibert Beaufort, maire de La Roche l’Abeille. C’est la première fois que des maires de communes autres que Nexon sont admis es-qualité au sein du Cercle.

Le budget prévisionnel pour l’année 1886-1887 est établi sur la base de 35 cotisations à 24 francs soit une recette de 840 francs.

membres du cercle 1885

membres du cercle 1885 suite

Liste des membres à la fin de l’année 1886

En septembre 1887 est présentée la demande d’admission de M. Tremplin, directeur de la distillerie du Courdein. Cette distillerie est devenue ensuite un moulin, acheté par mon grand-père en 1945 et qui a fermé en 1974.

cotisation 1887

 

Les membres renouvellent les abonnements à l’Illustration, Soleil et le Temps.

abonnements 1887

Le 13 janvier 1889 M. Rebeyrolle, instituteur à Nexon est admis au cercle. Le trésorier encaisse 34 cotisations ce qui permet au Cercle de dégager, comme les années précédentes, un excèdent. Le président Boutaud-Lacombe est reconduit chaque année à la tête du cercle.

comptes 1888

Le 14 juillet 1892 le marquis de Bony, de Saint Priest Ligoure est admis comme membre du Cercle.

A partir de 1892 le nombre d’abonnements augmente et le cercle achète des livres que les membres peuvent emprunter.

le 18 septembre 1893, M. Chatelard, chef de district à Nexon est admis comme 35 ème membre du club.

cotisation 1895

En 1895 le cercle est abonné à 9 journaux :

L’autorité (25 F.), Le radical (25 F.), L’Illustration (36 F.), Journal amusant (17 F.), Petit centre (18 F), Chasseur français (1,50 F), Le fermier (24 F), Le Jockey (45 F), Le soleil du dimanche (14 F), Le courrier français (20 F).

Les cotisations ont généré des recettes de 716 francs auxquels se sont ajoutés les reliquats de l’année précédentes, 208 francs. Les 924 francs de recettes ont largement couvert les frais qui se sont élevés à 684,15 francs. Le cercle ne devait plus avoir de billard puisqu’une délibération du 18 septembre 1895 chargeait une commission de se renseigner sur le prix d’un bon billard, le propriétaire du café ne voulant pas en acquérir à ses frais. Une proposition est faite en octobre pour un billard à 460 francs. Pour financer cet achat le cercle décide de réduire les abonnements au seul journal l’illustration pour une année au moins et de procéder à une souscription. Celle-ci a rapporté 112 francs et ainsi le déficit de l’année 1896 a été limité à 56 francs.

achat billard

En 1898 les effectifs du Cercle sont de 36 membres. Les cooptations compensent largement les départs. Avec ce nombre de membres les comptes retrouvent leur équilibre et le Cercle reprend les abonnements aux journaux. Le trésorier indique que les impôts du cercle ont baissé du fait que chaque sociétaire qui était imposé précédemment à hauteur de 4 francs ne sont plus que de 2 francs ce qui fait que le cercle ne paye plus que 46,90 francs depuis 1891 contre 150,10 en 1890. L’assemblée décide de ce fait de réduire les cotisations à 22 francs pour les membres de Nexon et à 12 francs pour les extérieurs.

Le 28 septembre 1899 la réunion annuelle du Cercle n’a pu se tenir qu’à la troisième convocation, les 18 et 22 septembre le quorum n’était pas atteint.

1900 : le changement de siècle.

Au cours de l’année 1900 le cercle perd quatre membres : les démissions de MM. de Bony et G. Thomas, le décès de M. Frugier et le départ de Nexon de M. Vergnolle. Le Cercle ne compte plus que 30 membres.

le 6 janvier 1901 les membres examinent la demande de Léon Sazerat fils. Le procès verbal , comme tous ceux qui figurent dans le registre, rappelle fidèlement la procédure : présentation par deux membres, affichage dans les locaux, vote. le candidat ayant été admis les parrains sont chargés de faire connaitre la réponse du cercle au candidat.

cercle procedure admission 6 janvier 1901

Lors de l’assemblée du 18 septembre 1901 M. Bouteau-Lacombe a été réélu président. Il occupe ce poste depuis la création. Le secrétaire est Léonce Gizardin, M. Gourinchas, trésorier et Albert Thomas, Pierre Balaise, M. Suidureau père, Pierre Lelong, membres.

Cinq candidatures sont acceptées le 1er mai 1902 : le docteur Boutard, député de la circonscription, de Saint Yrieix ; M. Bridgland, entraîneur ; Armand Bonnet, propriétaire ; M. Chambon ; Guyonnet, percepteur tous les quatre de Nexon.

A la fin de l’année 1903, le cercle compte 37 membres, nombre le plus élevé depuis la création. Ce nombre élevé de membres permet au Cercle d’encaisser des recettes supérieures aux dépenses et ainsi, chaque année, de dégager un excédent. Parmi les recettes nouvelles le Cercle décide, lors de la réunion du 18 septembre 1906, de prélever 5% de la somme que le joueur de baccara annoncera mettre à la banque.

fournitures 1906

Le 1er mai 1907, M. Sazerat est élu trésorier à la place de M. Gourinchas qui a quitté Nexon. Au cours de cette même réunion, les membres proposent de faire éclairer le local du cercle à l’électricité ainsi que l’escalier qui y conduit. Un devis pour l’installation des lampes s’élève à 100 francs. Les membres le trouvent un peu élevé et chargent une commission d’obtenir une réduction et de suivre les travaux. Une souscription est lancée auprès des membres.

Décès du président fondateur.

Le 15 juin 1908 l’assemblée générale doit procéder à l’élection d’un nouveau président suite au décès de M. Bouteau-Lacombe. L’assemblée présidée par M. Balaize, doyen d’âge, élit M. Albert Bouteau-Lacombe (1864-1960) comme président du Cercle. Ainsi le fils succède au père. Les autres postes du bureau ne changent pas de titulaires. Les abonnements au matin, à La Vie au grand air, à l’Illustration, au Jockey et au Journal amusant sont renouvelés pour un montant de 146 francs.

En 1909 le nombre de membres est tombé à 31, de ce fait les recettes baissent. Les membres du Cercle choisissent de souscrire 4 abonnements, Le Matin, L’Illustration, Le Journal Amusant et de remplacer le Jockey par Paris Sport. Le montant total de ces abonnements s’élève à 92 francs.

Le 16 février 1910 le Cercle admet six nouveaux membres : Camille Bonnet, André Lelong, Isnard, percepteur, Jouhannetand, clerc de notaire, tous de Nexon ; Marc Guilhaumond de Lallet et Emile Bonnet d’Entraigas. Les effectifs augmentent et s’établissent à 36 membres. Trois journaux sont choisis : le matin (24 F.), L’Illustration (36 F.) et Tour du Monde (26 F.)

Le bureau est ainsi composé: Boutaud-Lacombe, président. Dr Ribière, trésorier; Gizardin, secrétaire ; Dr Thomas, Suiduiraud, Bragard et Papel membres.

En 1911 le Cercle enregistre 3 démissions. Les membres décident de souscrire 3 abonnements, Le matin, l’Illustration, Excelsior.

Le 22 octobre 1911 Paulin Laspougeas, industriel à Nexon et Jean Barret, propriétaire à Royer, commune de Jourgnac sont admis à l’unanimité des 14 membres présents. C’est une faible participation pour une réunion au cours de laquelle il doit être procédé à l’admission de nouveaux membres. La faible participation aux réunions a conduit presque systématiquement à reporter l’Assemblée générale. C’est encore le cas le 18 septembre 1912 ou l’assemblée a dû être reportée au 24 septembre. Le Cercle compte 32 membres, 22 habitent Nexon et 11 dans les communes voisines.

Le 5 octobre 1913 le cercle enregistre un déficit du fait d’une dépense imprévue de 130 francs pour une réparation du billard. Il est alors décidé de souscrire seulement deux abonnements, Excelsior et l’Illustration.

La guerre éclate, le cercle va perdre son rayonnement

Le 2 octobre 1914 a lieu l’Assemblée générale. Du fait du départ de plusieurs membres à la guerre il est décidé que l’assemblée délibérera quel que soit le nombre de présents. Le Dr Ribière étant mobilisé, Emile Suiduiraud est nommé trésorier adjoint pour le suppléer pendant son absence. Pour pallier l’absence de cotisation des membres éloignés les cotisations sont augmentées et passent à 24 francs pour les habitants de Nexon et à 14 francs pour les autres.

L’assemblée générale de 1915, après plusieurs reports du fait du petit nombre de présent du fait de la guerre a finalement lieu le 26 septembre. Devant l’incertitude sur l’avenir du cercle, M. Raymond Limousin, propriétaire du local, fait savoir qu’il ne demandera pas le loyer cette année et attendra la décision du cercle quant à son avenir. Le 10 octobre devant les faibles recettes enregistrées décident une nouvelle fois d’augmenter les cotisations et de les porter à respectivement à 30 francs pour les locaux et à 17 francs pour les extra-muros ; N’ayant pas de nouvelles de Léonce Gizardin les membres décident de nommer Raymond Limousin comme secrétaire jusqu’à nouvel ordre. Le cercle souscrit un seul abonnement, à l’Illustration.

Le 1er juillet est examiné la candidature de M. Beylier, agent d’assurance. Mais devant la faible participation des membres aux acticités du fait des mobilisations, le cercle décide de suspendre toute les admissions jusqu’à la fin des hostilités. Le 1er septembre 1916 l’assemblée décide de poursuivre les activités du cercle et de maintenir le montant des cotisations au montant fixé en 1915 et de souscrire un seul abonnement à l’Illustration.

En 1917 et 1918 les comptes font apparaitre un léger déficit que comblent les membres non mobilisés. Mais devant la hausse des prix du chauffage et de l’éclairage et de l’incertitude qui pèse sur le nombre de membres cotisants il n’y a pas de budget prévisionnel pour 1918 et pas d’abonnement souscrit.

L’assemblée du 18 septembre 1919 constate un déficit de 79 francs que comblent les membres présents. Le bureau est reconduit sauf le trésorier, M. Suiduiraud qui ne souhaite plus exercer cette charge. Il est remplacé par Camille Bonnet. A la demande des membres extérieurs leur cotisation est abaissée de 17 à 15 francs. Six nouveaux membres sont admis : M. Pradeau fils du Plantadis, Queyroi fils, Garraud, clerc de notaire, Bonnel fils, Marcel Rioblanc, Jouhaud, négociant en vin et Vignéras.

L’association compte 17 membres de Nexon et 11 extérieurs mais la fragilité des finances ne permet pas encore de renouveler les abonnements aux journaux.

membres 1919

L’assemblée du 18 septembre 1920 constate que les comptes font apparaitre un léger excédent, pour autant il est décidé de ne pas souscrire d’abonnement. Les recettes sont presque totalement absorbées par la location des pièces pour le cercle, par les impôts, le chauffage et l’éclairage. Les prix du charbon et du pétrole ayant augmenté M. Limousin, le propriétaire demande 200 francs de plus pour ces deux dépenses.

Le 16 février 1921, sept nouveaux membres sont admis : Etienne Thomas, capitaine à Limoges ; Rivaud, clerc de notaire à La Meyze ; Dr Jumeaux Lafond, médecin à Nexon ; Catinaud, secrétaire de mairie ; Bragard, propriétaire à Champsiaux ; Coulaud Dutheil, industriel à Limoges ; Debrégeas, conseiller général. Le 19 septembre, lors de l’assemblée général, M. Bonnafy remplace au bureau le Dr Thomas, décédé. Les comptes de l’année. Cette fois encore un déficit apparait, comblé par les membres. De ce fait les abonnements aux journaux ne sont pas encore renouvelés. Les membres viennent principalement pour jouer aux cartes et au billard et discuter entre eux.

L’assemblée du 3 octobre 1922 constate un excédent de trésorerie pour autant les abonnements ne sont pas encore renouvelés. En effet M. Limousin, propriétaire de l’immeuble dans lequel se réunit le cercle est décédé et ses héritiers l’ont vendu à Madame veuve Prunet. Il convient donc de négocier avec elle un nouveau bail ou une résiliation. D’autre part les héritiers acceptent de vendre au Cercle le matériel utilisé par les membres à savoir 9 tables, 26 chaises, 2 lampes et les queues de billard pour une somme de 300 francs. A cela s’ajoutent 70 verres à 1 franc pièce. Les membres acceptent ces achats et décident que si les recettes ne sont pas suffisantes ils organiseront une collecte entre eux.

Le 5 novembre 1922, quatre nouveaux membres sont admis.

Le 16 août 1923 le président lit un courrier par lequel Mme Prunet demande 500 francs pour le chauffage et l’éclairage du Cercle. En cas de refus elle donnerait congé au Cercle le 1er octobre. Devant le court délai courant jusqu’au 1er octobre, les membres décident de payer la somme demandée. Pour faire face à cette nouvelle dépense la cotisation des locaux est augmentée de 10 francs et de 5 francs pour les autres membres.

L’assemblée du 29 septembre 1923 constate un déficit de 172 francs. Elle décide de faire un appel aux membres pour le couvrir et ne renouvelle toujours pas les abonnements. Le Cercle verse 50 francs à un distributeur pour qu’il fournisse les journaux pendant 24 heures ;

Le 20 septembre 1924 malgré un léger excédent de trésorerie l’assemblé ne renouvelle pas les abonnements, verse 50 francs au distributeur de journaux et reconduit le bureau. M. Boutaud Lacombe est président ; André Lelong trésorier et secrétaire ; MM. Bragard, Suiduiraud, Papel et Bonnafy membres.

Le 16 octobre 1925 le bureau est reconduit; les abonnements aux journaux ne sont pas repris et le Cercle verse 50 francs à un distributeur.

Le 21 septembre 1926 l’assemblée note que les comptes font apparaître un excédent mais que l’équilibre est fragile. les membres reconduisent les décisions de l’année précédente. Le bureau est reconduit avec un seul changement, M. Bardin est élu comme membre à la place de M. Bragard. Le Cercle compte 19 membres locaux et 16 extérieurs.

Le 16 mars 1927 MM. Delage, directeur des écoles et Pialloux, ancien directeur sont admis comme membres.

Le 19 septembre, les comptes présentés par le trésorier font apparaitre un excédent de 106 francs. Cependant la fragilité des finances amène les membres à reconduire les mêmes décisions que les années précédentes. Le bureau est reconduit, M. Vergonjeanne remplaçant M. Bardin comme membre.

Le 13 octobre 1928 l’assemblée se réunit et comme souvent c’est à la seconde convocation qu’elle peut délibérer. L’année se termine avec un faible déficit de 3 francs. Les mêmes décisions sont reconduites. M. Lelong ne souhaitant plus remplir les fonctions de trésorier, M. Pierre Rioblanc est élu pour le remplacer. Le Cercle compte 34 membres, 16 locaux et 18 extérieurs. Pour la première fois les membres extérieurs sont majoritaires. Du fait du prix réduit de leur cotisation les recettes n’augmentent pas. On peut se poser la question de savoir pourquoi le Cercle n’attire pas les notables nexonnais ? M. de Nexon n’en fait plus parti, son départ a eu lieu pendant les années de guerre.

Le 6 octobre 1929 le trésorier présente une nouvelle fois des comptes en déficit. Le bureau est reconduit.

La dissolution

Le 22 juin 1930 l’assemblée réuni ne compte que 7 présents mais elle peut valablement délibérer puisqu’il s’agit d’une seconde réunion, la première, convoquée le 15 juin, n’avait réuni que 9 membres. Devant le désintérêt manifeste des membres les 7 présents décident la dissolution du Cercle à compter du 1er octobre 1930, date d’échéance du bail.

Étaient présent : Boutaud Lacombe, président ; Suiduiraud et Vergonjeanne, commissaires ; Vignéras, Thomas, Lelong et Garraud, membres.

dissolution du cercle

 

Madame Prunet prend acte de la résiliation du bail.

lettre Prunet fin du bail 1930

Le cercle de la Concorde aura vécu près de 54 ans. Il a été dirigé par 2 présidents, Messieurs Boutaud Lacombe, père et fils. Les membres se réunissaient pour lire, jouer et discuter. A-t-il été, comme l’écrit A. Corbin, une exception dans le paysage Limousin en étant un cercle politique ? A lire l’intégralité des comptes rendus rien ne permet de le penser. Dès sa création le baron Armand de Nexon en est membres et pourtant on ne peut pas le considérer comme un militant « rouge ». Les titres des journaux choisis ne révèlent pas non plus une orientation exclusivement Républicaine. Le Soleil était un quotidien monarchiste, plus modéré que les autres, qui certes a déconcerté ses lecteurs en choisissant de défendre le capitaine Dreyfus. De même Le Jockey, bi-hebdomadaire fondé en 1863, puis quotidien à partir de 1882 n’est pas connu pour ses engagements politiques ! Il était, avec le Sport, le premier journal sportif à être publié en France.

Avec le temps la fréquentation se réduit, les nexonnais sont de moins en moins nombreux à solliciter leur admission. La guerre, par la mobilisation d’un grand nombre de membres en a signé l’arrêt de mort. Le cercle n’a jamais pu équilibrer ses finances. Il a réduit ses dépenses en supprimant les abonnements. Venir au Cercle pour lire le journal, boire un verre, discuter perd de son intérêt, surtout s’il faut faire plus de 10 km pour cela. L’engagement citoyen s’est progressivement émoussé car il était pratiquement de réunir une assemblée générale avec un quorum suffisant pour délibérer valablement. Une seconde convocation était presque toujours nécessaire. Il y a rarement plus de 20 membres présents à ces assemblées générales, essentielles pour la vie démocratique de l’association.

J’en conclus que le cercle de la Concorde n’était pas un lieu très politisé. Comme tous les cercles il était un lieu de rencontre, de discussion dont la vie a été active pendant une trentaine d’années. Avec la Première guerre mondiale on est entré dans un autre monde et dans un autre siècle, les cercles ne correspondaient plus aux besoins d’une société qui changeait. Certes la question de la mixité n’était pas encore posée mais on peut imaginer que les notables et les commerçants préféraient le confort de leurs domiciles ou ils pouvaient lire le journal, écouter la radio et prendre l’apéritif sans avoir besoin d’aller à l’extérieur.

 

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