La rue Gambetta, ancienne rue du Nord. Le côté pair de 2 à 14.

Ce texte a été écrit à partir des notes de Madame le docteur Rose FORGERON, fille de Monsieur et Madame Vigneron. Elle est née au numéro 3 actuel, au 1er étage de la maison de ses parents. Sa mémoire fidèle lui permet de faire revivre la rue qu’elle a connu enfant, à une époque où celle-ci n’était pas goudronnée, où elle était en terre avec beaucoup d’ornières, plus ou moins profondes, creusées par les roues des charrettes et des tombereaux, et comblées régulièrement par les cantonniers. Les trottoirs étaient discontinus, réalisés par les propriétaires des maisons, parfois parés, très rarement cimentés. J’ai illustré son récit par des cartes postales et des photos et ajouté quelques précisions.

La ville de Nexon étant bâtie sur le flanc Nord de la colline, la plupart des maisons sont traversantes, d’une rue à l’autre. Ainsi le 1er étage des maisons situées sur le côté impair de la rue Gambetta ouvre sur l’impasse de la Barre. Du côté pair les maisons de la rue Gambetta et de la rue Pasteur ont une sortie sur la rue Gay-Lussac ou sur la rue Pierre et Marie Curie. Ainsi ces maisons ont des greniers, des hangars, des jardins qui en font des vastes demeures, pleines de surprises.

– Numéro 2. Il y avait autrefois, à une époque que je n’ai pas connue, une charcuterie. A droite, un porche qui donnait accès à des écuries et remises. Il y en avait plusieurs dans le bourg car ceux qui habitaient les villages venaient au bourg en voiture attelée à un cheval, cabriolet ou calèche pour les plus aisés. Il fallait remiser les attelages, attacher les chevaux et les nourrir pendant la durées des activités, marché, médecin, pharmacien… Il y en a justement un de l’autre côté du porche, c’est la pharmacie de M. Louis NOUHAUD qui sera député de la Haute-Vienne. Ces deux fils, Marcel qui était médecin et Charles pharmacien, s’installèrent dans la maison à la suite du décès de leur père en 1922. Le Docteur Marcel NOUHAUD dont on retrouve le nom dans le tout Limoges de l’époque est décédé jeune

Au dessus de la charcuterie, en haut du mur, on lit « Draperie et Nouveautés », commerce qui a dû exister dans les années 1880…

Charles NOUHAUD développa, à coté de sa pharmacie un important laboratoire vétérinaire. Il employait au moins une dizaine de personnes qui préparaient et envoyaient des produits dans toute la France et en Algérie.

Mme Charles Nouhaud, au décès de son mari continue à faire marcher le laboratoire et habite seule au n°3 de la rue Pasteur.

Mme Marcel Nouhaud, dont le mari était médecin, et est décédé jeune, habite au n°2 de la rue Gambetta avec sa fidèle femme de chambre Madame Dudognon et la fille de celle-ci Andrée. Ensuite, elle part habiter à Limoges et vend sa maison au Crédit Agricole.

Madame Marcel Nouhaud a vendu sa maison au Crédit Agricole qui s’implantait alors au centre du bourg.

Par la suite la maison a été achetée par M. et Mme Pierre Lacorre, électricien.

L’enseigne « Electricité générale » est encore visible, mais le nom s’éfface peu à peu.

Numéro 4. Les anciennes cartes postales montrent qu’il y avait à ce numéro un salon de coiffure. Mon grand-père ayant acheté cet immeuble en 1941, l’acte notarié qui retrace l’origine de propriété révèle que M. LAFFARET, coiffeur à Limoges, l’avait acheté le 10 novembre 1870 au baron Armand de Nexon, qui l’avait lui-même l’avait acquis de Laurent PRADEAU, curé de Nexon, le 21 juillet 1865. M. LAFFARET décède à Nexon le 4 juin 1874 et son épouse l’année suivante. N’ayant pas d’enfant c’est sa mère qui hérite et vend l’immeuble le 9 novembre 1905 à M. Marcellin TEXIER qui était coiffeur. Il décède le 20 mai 1914, son épouse et ses filles héritent de l’immeuble. Il est loué à partir du 1er novembre 1932 pour 9 ans à M. et Mme Louis LAGORCE pour y vendre des primeurs.

Au numéro 4, un coiffeur, à côté le ferblantier, M. DELATY.

Le 31 juillet 1941 l’immeuble est acheté par M. Henri MALARDEAU, mon grand père, négociant en laines. Après l’incendie de son atelier le jeudi 30 octobre 1941 il y transfert des marchandises et dès la fin de la guerre, pendant la construction d’un immeuble à la place de vieille maison et de l’atelier détruit il viendra y habiter et y ouvrira une boutique de laines. Le 19 janvier 1957 il vend l’immeuble à M. et Mme JARRY-LACOMBE qui y ouvriront une pâtisserie.

La pâtisserie JARRY-LACOMBE
Elle sera transformée en bar lorsque M. JARRY -LACOMBE achètera l’immeuble contiguë et y transportera sa pâtisserie.

Le numéro 6. A l’origine l’immeuble des numéros 4 et 6 actuels ne formait qu’un ensemble qui appartenait à Laurent PRADEAU, curé de Nexon puis à Armand de NEXON. Il en a vendu une moitié à M. LAFFARET et l’autre moitié à Jean CHARREIX, marchand drapier, le 10 novembre 1870.

A une date que je ne connais pas la maison a été acquise par M. Henry DELATY ainsi que celle située au numéro 8. Aux étages habitaient M. et Mme Georges PERRIARD et leur fille Raymonde, une des camarades de Mme le Docteur FORGERON lorsqu’elle était jeune et habitait de l’autre côté de la rue. M. PERRIARD était plombier et son épouse tricoteuse. Elle avait une grosse machine à tricoter d’autrefois, avec des contrepoids. Son atelier était au 2ème étage.

Le magasin, au rez de chaussée, ainsi que les hangars derrière la maison étaient occupés par les ateliers de M. DELATY, ferblantier et inventeur de machines, en particulier des producteurs d’acétylène, gaz inflammable et très explosif, mais indispensable pour la soudure autogène.

Le Courrier du Centre du 23 février 1901

Le magasin a ensuite été loué à M. et Mme Paul BITAUD qui y ont installé une quincaillerie doublée d’une épicerie et un bazar. C’est ce type de commerce multiple que les grandes surfaces ont développé au cours des années 1970-1980. Ils étaient en même temps locataires du numéro 3, de l’autre côté de la rue qui était moins fréquentée par les automobiles qu’aujourd’hui !   

Photo publicitaire fournie par M. Colmar

Quand M. BITAUD a déménagé pour s’installer dans une partie de l’ancien couvent, Mme PERRIARD a installé son atelier de tricot dans l’arrière-boutique et a ouvert un commerce de bonneterie-lainages dans le magasin. Les articles étaient très beaux et elle avait une bonne clientèle.

Après la retraite de Mme PERRIARD, M. JARRY-LACOMBE acheta l’immeuble et déplaça sa pâtisserie au numéro 6. Il transforma l’ancienne pâtisserie en bar.

Le bar est au numéro 4 et la pâtisserie au numéro 6.
A la retraite de M. JARRY-LACOMBE les deux immeubles seront transformés en appartements et les magasins en garages.

Le numéro 8 – C’est là qu’habitaient les époux DELATY. A leur décès M. Georges PERRIARD, leur neveu, hérita les deux maisons. Ils quittent leur appartement du numéro 6 pour habiter au numéro 8 jusqu’à leur retraite. Ils partiront ensuite dans la maison qu’ils avaient fait construire, route du Courdein.

Le numéro 10 – La maison au fond de la cour était la maison du jardinier du Docteur FRUGIER qui habitait dans la grande maison au numéro 12.

La propriété était close par un portail et une grille de fer.

Les trottoirs ne sont pas encore faits et la grille n’est pas en bon état…
Une belle glycine s’est développée …
Le jardin du Dr Frugier avec son magnifique magnolia, des althéas et une multitude de rosiers. Il y avait un jardin d’agrément, un jardin potager et un grand parc arboré avec une sortie sur la rue Gay-Lussac. La maison du jardinier est elle aussi très arborée.

Aujourd’hui la maison abrite des cabinets de plusieurs kinésithérapeutes.

La grille a été démontée et le mur abattu.

Le numéro 12 – C’est une maison ancienne qui appartenait à M. Léonard FRUGIER, greffier à Nexon de 1861 à 1867, date à laquelle il renonça à cette fonction et exploita ses propriétés. Son fils, le docteur Jean-Baptiste Henri FRUGIER y avait son cabinet de consultation. Il habitait à l’étage avec son épouse, née Marguerite ARDILLER, et ses deux enfants, un garçon Edouard étudiant en notariat et une fille, Madame DENIS, veuve de guerre. Édouard, brigadier au 213e RAC, a été tué à l’ennemi le 3 juin 1918 à La Ferté-Milon dans l’Aisne.

Edouard FRUGIER était un brillant étudiant en notariat et en droit. Le Populaire du Centre 1913/06/27

Il y avait autrefois trois mansardes…
Les mansardes ont été remplacées par des Velux.

Le numéro 14. C’est une maison plus récente, avec une grande entrée et de belles mansardes à clocheton. Elle appartenait à Madame Denis. Ses héritiers y viennent régulièrement en vacances. 

Les mansardes du numéro 14 ont été conservées.

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