Archives de catégorie : les métiers

Rue Gambetta n° 28 à 38

Autrefois, entre l’actuelle rue Lafontaine et la rue Jean Jacques Rousseau, il y avait un grand mur derrière lequel se trouvaient deux institutions religieuses. Il s’agissait de deux écoles, l’une pour les filles, l’autre pour les garçons. L’école des filles, la première en venant du bourg et en allant vers la gare, dépendait des Sœurs de l’enfant Jésus, congrégation née au Puy au XVIIe siècle. Celle des garçons située après correspondant aux numéros 32 à 38 actuels, dépendait des Frères du Sacré Cœur, congrégation fondée à Lyon en 1827 par le Père André COINDRE. L’école de garçon, comme celle des filles, a été créée par la volonté du baron Astolphe de NEXON qui a mis à disposition le terrain et apporté un financement. L’histoire de ces institutions figure sur ce blog au chapitre « Les écoles religieuses à Nexon ».

Les cartes postales anciennes montrent le long mur mais, à ma connaissance, il n’y a de vues en gros plan sur les écoles.

Le premier bâtiment en allant vers la gare abrite l’école de filles, le suivant l’école de garçons.

N° 28 -30 : ce sont les bâtiments qui correspondent à l’ancienne école de filles.

Les bâtiments du pensionnat de jeunes filles ont été vendus à Monsieur Paul BITAUD. Il a fait démolir le mur et agrandir l’aile gauche où il a transféré son commerce de quincaillerie. Il l’a baptisé « SAM SUFFY », nom que l’on peut lire aujourd’hui encore sur le mur du magasin d’optique.

On trouvait de tout chez M. BITAUD. Les marchandises sont exposées jusque sur le trottoir et la cour sert également de dépôt.

La boutique est trop petite, le trottoir sert d’étal…
Monsieur Bitaud devant sa camionnette abondamment chargée !

Après le décès de M. Paul BITAUD en 1950, son épouse Marie BITAUD avec sa fille et son gendre M. Armand DENARDOU ont dirigés l’affaire.

M. DENARDOU qui était électricien a ajouté son métier à celui de ses beaux-parents.

Puis c’est M. F. LE GUEN, fille DENARDOU qui a dirigé les galeries nexonnaises de 1981 à 2002.

Le commerce change ensuite de nature. Pendant quelques mois un commerce de fleurs a pris la suite, MILLE FLEURS GALERIES NEXONNAISES, un établissement secondaire de Mme E. FORINO. Ensuite un opticien M. Lionel BERTRAND – GERBAUD à ouvert NEXON OPTIQUE.  

Dans le prolongement de Nexon Optique on trouve d’autres commerces.

On trouve d’abord un salon de toilettage pour animaux. Il y eu A QUAT PAT puis Mme Romane CORRET a ouvert PILS POILS.

A côté on trouve une supérette. Elle fut d’abord ouverte à l’enseigne SITIS, un groupe de supérettes indépendantes de proximité puis à l’enseigne VIVAL du groupe CASINO.

Aujourd’hui la cour est moins encombrée de marchandise, elle sert de parking pour les clients.

De l’autre côté de la cour, dans un grand local qu’il a fait construire, Georges DENARDOU a créé un commerce de meuble que gère son épouse et sa fille tandis qu’il s’occupe de l’installation d’appareils de chauffage, de plomberie, d’électricité…

Quand on remonte la rue on arrive au deuxième bâtiment, celui qui abritait à l’origine l’école de garçon.

Après la fin de la guerre de 1939-1945 l’école de filles a rejoint celle des garçons. L’école était dirigée par Mlle ARCHAMBAUT. On voit sur cette carte postale le groupe des jeunes filles avec leur maîtresse.

Aujourd’hui le mur est toujours là mais l’école a disparu.

Au numéro 30 M. Jean Pierre BOULESTEIX ouvre un atelier de plombier-zingueur.

Numéro 32 : L’école a été fermée en 1953 et les bâtiments vendus. Ils ont été achetés par M. C. REALLE. Il a fait construire des logements à gauche de la cour et a rénové l’ancien bâtiment.

Son fils Robert y a transféré une partie de l’activité de l’activité produits du sol et depuis 1982 le siège de l’entreprise de transport.

Au numéro 34 on trouve des logements de particuliers

N° 36, ce sont également des appartements de particuliers.

Avec le numéro 38 on termine le coté pair de la rue Gambetta. La porte donne sur un jardin qui permet d’accéder au coté du bâtiment.

De la vinaigrerie au moulin et à la boulangerie du Courdein.

La propriété du Courdein sur le terrain de laquelle se trouvaient les bâtiments à usage industriel appartenait à Charles de VIGNERAS, avocat, demeurant à Angoulême. Il s’agissait d’un moulin qui a du fonctionner grâce à la chute d’eau de l’étang de La Lande. Il n’y a pas de traces écrites de son existence mais Camille LARCHER dans son ouvrage « Les anciens moulins du pays de Nexon » aux éditions Les Monédières écrit « qu’un moulin de première génération a bien existé sur ce site ».  M. de VIGNERAS a vendu ce bien à Martial Antoine MORTEROL par acte du 17 novembre 1860 chez Me PEYROT notaire à Chalus.

1- La Société anonyme des Distilleries du Limousin (1881 – 1896)

A la mort de Martial Antoine MORTEROL en 1881, son fils Antoine Ernest MORTEROL hérite de la propriété du Courdein. Il en fait apport à la Société anonyme des Distilleries du Limousin qui a été constituée suivant acte reçu par Me Thézard, notaire à Limoges, le 30 Juin 1887.

Cette société a été dissoute par délibération de l’assemblée générale des actionnaires en date 21 octobre 1889 à Limoges qui a nommé Me COUTY comme liquidateur. Celui-ci a fait publier cette dissolution dans le Courrier du centre.

« Le Courrier du Centre » du 10 novembre 1889.

La Société générale des distilleries agricoles de France dont le siège était à Paris au 51 de la rue de la Chaussée d’Antin puis au 5 rue de Provence a fait l’acquisition de la propriété au terme d’un acte du 7 novembre 1893. Cette acquisition a eu lieu au prix de 16 000 francs. Moins de deux ans plus tard cette société a été admise au bénéfice de la liquidation judiciaire par jugement du tribunal de commerce de la Seine du 12 juin 1895 et dissoute par l’assemblée générale des actionnaires tenue à Paris le 24 aout 1895.

2- La propriété de Henry DELATY (1896 – 1923)

Une vente aux enchères a été organisée pour les biens ainsi désignés : « Divers immeubles situés au Courdein, commune de Nexon, autrefois à usage de distillerie et de vinaigrerie consistant en divers bâtiments, celliers, hangars atelier magasins bureaux, un hectare environ de terrain avoisinant les bâtiments suivant bornes plantées contradictoirement avec Monsieur MORTEROL, un étang de trente ares environs ensemble tous les objets mobiliers, immeubles par destination autrefois à l’usage de la distillerie qui se tenait encore dans le dit immeuble à titre de matériel fixe ou roulant sans aucune exception ni réserve. »

Une première enchère, avec mise à prix à 10 000 francs, le 8 février 1896 avait été infructueuse. Une seconde a eu lieu le 9 avril 1896 au cours de laquelle Henry DELATY, plombier demeurant à Nexon a, pendant que les bougies brûlaient, élevé le prix principal à 7000 francs et lorsque toutes les bougies ont été éteintes il a été déclaré adjudicataire de la Société générale des distilleries agricoles de France.

Henri DELATY qui écrit son prénom parfois Henry avec un y et d’autre fois Henri avec un i était un artisan inventif ce qui lui a valu de nombreuses récompenses dans diverses expositions et en particulier la croix de chevalier du Mérite agricole qui lui a été remise à l’Exposition d’Angoulême par M. le ministre des colonies le 13 mai 1893.

Cette distinction honorifique est la juste récompense des inventions de notre compatriote, pour le progrès de l’industrie, du commerce et de l’agriculture, et pour lesquelles il avait obtenu de nombreuses récompenses dans les diverses expositions.

Monsieur DELATY n’a sans doute pas développé l’activité de distillerie et il a cherché à louer les locaux comme on le constate sur cette annonce publiée dans le Courrier du Centre le 25 mai 1905.

Le Courrier du Centre 25 mai 1905

On ne trouve pas beaucoup de traces de la vinaigrerie, si ce n’est une carte postale éditée par M. LABIDOIRE, avec comme légende « Sous-bois près de l’Etang de la Vinaigrerie ». Au travers des arbres on distingue l’étang, bien mieux visible sur une autre carte postale, plus ancienne, éditée par CHAMPEAU-TERRASSON.

Cet étang est antérieur à 1829 car il figure sur la carte de CASSINI. Il n’a pas changé sinon qu’il ne sert plus à alimenter la turbine. Son ouverture sur la chaussé n’a été conservée qu’à titre de souvenir.

L’ouverture de la turbine, aujourd’hui désaffectée.

A quel moment un moulin et une boulangerie ont remplacé la vinaigrerie ?

3- La minoterie des frères SEGURE (1923 – 1935)

Dans l’acte de vente du 30 avril 1923 par M. DELATY aux frères SEGURE la désignation des biens est ainsi rédigée : « Une usine dite du Courdein comprenant une maison d’habitation avec grenier et fournil, étables, hangar avec appartement servant de bureau, un chai, un bâtiment servant de cave, un groupe de bâtiment ayant servi de distillerie avec grande cheminée et roue hydraulique, un étang, jardins et prés le tout pour une contenance de un hectare et vingt-neuf ares et un centiare environ ».

Pour la première fois il fait état d’un fournil mais on ne trouve pas, à cette date, de boulangerie située au Courdein dans les commerces à Nexon.

Par contre ce sont les frères SEGURE qui ont transformé la distillerie en minoterie et lui ont redonné l’activité qu’elle avait avant 1887. Les deux frères Pierre et Henri SEGURE étaient tous les deux minotiers à Saint Yrieix. Ils ont acheté la propriété en indivision pour moitié entre eux au prix de 50 000 francs payables en 10 ans avec un taux d’intérêt de 5%. Ils ont équipé leur moulin de matériel moderne, ils ont abandonné la turbine à eau et utilisé l’électricité faisant de leur moulin un des plus moderne et des plus important des environs.

4 – La boulangerie et la minoterie GIRARDY (1935 – 1945)

En 1935 les frères SEGURE vendent leur propriété à M. Georges GIRARDY. L’acte signé chez Me A. GARRAUD, notaire à Nexon, spécifie dans la désignation des biens : « Deux petites maisons d’habitation, toits, écuries, remises. Un corps de bâtiment dans lequel existent trois fours de boulanger et un garage. Un groupe de bâtiments dans lequel est exploité un moulin à farine, garage avec quai, hangar, autres dépendances diverses. Cour, jardins, terre, bruyère, étang et taillis pour une contenance de un hectare cinquante-sept ares quarante et un centiare. » La vente est effectuée pour le prix de 70 000 francs payables en quatre ans au taux de 5,5%.

On constate dans ce descriptif que la boulangerie arrive avant le moulin. Elle comporte trois fours ce qui fait d’elle une importante boulangerie. Ce n’est pas étonnant car M. GIRARDY est boulanger. C’est ce qu’indique sa fiche militaire. Minotier a été rajouté après qu’il a acheté le moulin du Courdein.

Livret militaire de Georges GIRARDY

Cette fiche est intéressante car elle retrace son parcours. Au moment du recensement il est boulanger à la Geneytouse. Il est incorporé le 18 avril 1917, il a presque 19 ans. Il est donné comme « disparu au combat de Tilloloy dans la Somme le 28 mars 1918 ». Le 27 mars les allemands ont lancé une offensive vers Montdidier et prennent plusieurs villages dont Tilloloy. M. GIRARDY est « rapatrié à Limoges le 11 décembre 1918. Libéré le 6 mai 1920 il se retire à La Geneytouse ou il est boulanger.

En mars 1926 il a un accident de voiture en effectuant sa tournée comme le relate Le Populaire du 24 décembre 1926.

Le Populaire du Centre 24 décembre 1926.

En 1931 il part à Issy les Moulineaux ou il reste jusqu’en 1935, puis il revient à Saint Denis des Murs ou il reste quelques mois avant d’acheter la boulangerie du Courdein.

Livret militaire de G. GIRARDY

Bien que boulanger, M. GIRARDY ne néglige pas le moulin, d’autant plus qu’il bénéficie d’un droit de moudre de 10 579 quintaux de blé, ce qui en fait un moulin important dans la région. En effet depuis l’arrêté du 8 juin 1937 pris pour lutter contre la surproduction de farine, chaque moulin dispose d’un plafond d’activité, appelé « contingent », qui ne peut être dépassé.

Attestation du contingent autorisé

Un ouvrier minotier qui loge sur place s’occupe du moulin. Le papier à entête est établi au nom de la minoterie ainsi que les étiquettes pour l’expédition.

Pendant la deuxième guerre mondiale la famille GIRARDY se déclare prête à accueillir des jeunes enfants réfugiés.

En 1945, Georges GIRARDY vend son affaire. Mon grand-père, Arthur NYS, meunier de profession avait quitté le moulin familial en Belgique et il exploitait une ferme dans le Cher. La nostalgie du moulin était forte aussi quand son fils Lothaire a été libéré après presque 5 ans de captivité, Arthur a souhaité reprendre son métier de minotier. Leur recherche d’un moulin les amène à Nexon. Ils sont séduits par le site et le potentiel d’activité, un moulin et une boulangerie cela fait du travail pour deux ! Son fils Lothaire, mon père, n’est pas boulanger mais malgré ses 26 ans il était hors de question de discuter les propositions du père. Elles étaient claires : je m’occupe tu moulin et toi de la boulangerie. Tu n’auras qu’à apprendre sur le tas.

La décision est prise, et le 31 octobre 1945 l’acte de session du moulin et de la boulangerie est signé chez Maître GARRAUD, notaire à Nexon.

5 – Minoterie-Boulangerie NYS et fils (1945-1972)

Mon grand-père, Arthur NYS, son épouse Marguerite et leur fils Lothaire s’installent au Courdein en novembre 1945. Arthur retrouve avec bonheur son métier de meunier et son fils commence, sans enthousiasme, son apprentissage de la boulangerie. Il rencontre vite une jeune fille de Nexon, Andrée MALARDEAU. Ils se marient le 27 juillet 1946 et comme dans les belles histoires, ils auront beaucoup d’enfants !

La famille habite dans la vieille maison ou naîtront les trois premiers enfants de la famille.

La maison en 1948. Je suis sur les marches.
Quelques personnes viennent chercher du pain mais l’essentiel est vendu en tournée.

Au moulin mon grand-père travaille avec un ouvrier, Raoul VOISIN qui était déjà employé par M. GIRARDY. Puis ce sera Léon ADAM.

Présentant que la famille allait grandir mon grand père a fait construire une nouvelle maison sur la boulangerie. la vieille maison servait de grenier, de cave, de débarras…

La boulangerie…

Mon père doit s’occuper le la boulangerie. Ce n’est pas son métier. Il est agriculteur et travailler la nuit ne lui convient pas. Il va cependant passer des nuits à la boulangerie afin de connaitre le métier auprès d’un ouvrier boulanger qualifié, un brigadier, d’abord Adrien FRUGIER, puis Léon DUREISSEIX … Mais mon père va s’attacher à organiser les tournées pour porter le pain à domicile. Il n’y a pas de magasin et toute la production est vendue à la porte des clients. La fourgonnette passait trois fois par semaine dans le bourg de Nexon et dans celui de La Meyze et deux fois par semaine dans les campagnes de Saint-Hilaire les Places à l’Aiguille, de Rilhac Lastours à Saint Maurice les Brousses. Une tournée moyenne, celle de La Meyze durait 3h30, le livreur parcourait 33 km et emportait 30 mêlées de 2 kg, 120 pains d’un kilo dont quelques un sans sel, certains étaient dits « tournés », les autres « lamés », et 25 baguettes. A cela s’ajoutaient des biscottes, des gâteaux secs et plus tard des tartes. Mais il y avait aussi de la farine, du son …

Le pain tourné est une spécialité courante du Limousin, en particulier de la Haute-Vienne. Il doit son nom à sa forme de torsade. on appelle encore « pains tordus » ou « pain rond ». Sa croûte dorée est croquante et épaisse, ce qui lui assure une conservation assez longue. Sa mie est très alvéolée. Le pain lamé est également appelé « pain plat »

Il n’était pas rare de livrer 5 mêlées, voire plus, dans certaines fermes. Le pain a été la base de l’alimentation dans les campagnes. En 1900 chaque français consommait en moyenne 900 grammes de pain par jour. En 1950 la consommation était tombée à 350 grammes et elle n’a pas cessé de baisser passant à 200 grammes en 1970 et 120 grammes en 2016.

Les paysans qui produisaient du blé sur leurs terres pratiquaient presque tous l’échange blé-pain. Cet échange était un droit qui mettait en relation le paysan producteur de blé, le meunier et le boulanger. En pratique l’agriculteur livrait son blé chez le meunier de son choix qui le transformait en farine et la livrait chez un boulanger désigné par l’agriculteur.

Ayant passé mon permis poids lourd je vais chercher le blé dans les fermes…
Arrivé au moulin déchargement avec mon ami Patrice

Pour livrer la farine au boulanger le meunier devait, en partant du moulin, rédiger un acquit pour le transport des farines panifiables en indiquant le jour et l’heure de départ du moulin, le boulanger destinataire, le moyen de transport, la durée du transport, la nature des marchandises et leur poids.

Ces deux acquits du 1er septembre 1944, concernent dix sacs de dix quintaux de farine que sont venus chercher les deux boulangers du bourg de Nexon, MM. ANDRIEUX et BESSE, tous les deux en voiture hippomobile. Le premier est parti à 15h15 et le second à 15h30 pour une durée de transport d’une heure. Le transport de farine était très contrôlé et les gendarmes vérifiaient fréquemment que ce document était bien en possession du conducteur du véhicule transportant la farine.

Dans le cas du Courdein, la boulangerie et le moulin appartenant à la même personne, les relations étaient plus simples. Les sacs de farine traversaient la cour mais un acquit devait cependant être rédigé.

Avec l’échange, pour chaque sac de blé de 80 kg rendu au moulin l’agriculteur recevait, au début des années 1960, 30 bons pour une mêlée de 2 kg ou 60 bons pour un pain d’un kilo. L’augmentation régulière des coûts, tant pour le meunier que pour le boulanger, a conduit d’abord à une baisse du poids du pain car les pouvoirs publics ne voulaient pas que le prix du pain augmente afin de préserver le pouvoir d’achat des consommateurs. Ainsi la mêlées est progressivement passée de 2 kg à 1,7 kg, le pain de 1 kg à 700 puis 600 grammes. En même temps le paysan ne recevait plus 30 bons mais 29 puis 28.  

L’augmentation des coûts de transport touchait d’autant plus les boulangers qu’ils vendaient une part importante de leur production en tournée, pour la boulangerie du Courdein c’était l’intégralité.

Le syndicat des boulangers a proposé de faire payer ce service en majorant de 3 centimes le prix de la mêlée et de 2 centimes celui du petit pain. Cette décision syndicale a été entérinée lors d’une réunion organisée à Nexon le 8 décembre 1963 pour les boulangers de Nexon et des environs. Les quatre boulangers de Nexon, BARBE, BARNABET, NYS et TEXEROT étaient présents.

Le 25 juillet 1967, le Syndicat des boulangers, arguant de l’augmentation des taxes, décidait de réduire le poids de pain fourni. Les représentants agricoles et les boulangers ne purent pas s’entendre et l’échange blé-pain fut supprimé. Mais avec amertume les agriculteurs constatèrent qu’en achetant leur pain ils n’obtenaient que 16 pains pour le prix d’un sac de blé !

le Populaire 6 aout 1967

La Fédération des syndicats d’exploitants de la Haute-Vienne et d’autres organisations agricoles décidèrent de créer leur propre boulangerie sous forme coopérative. Deux ont vu le jour, l’une la Boulangerie Coopérative de la Valoine (BOCOVAL) à Limoges, dans la zone industrielle de Magré, l’autre la Société Coopérative Briance-Breuilh à Magnac-Bourg.

La BOCOVAL ouvre un magasin à Nexon, rue Victor Hugo. Cela se traduit par une diminution sensible de l’activité de la boulangerie du Courdein.

Mon frère Daniel qui a choisi le métier de boulanger, après un apprentissage chez BARBE à Nexon, vient travailler au Courdein ou il prendra la responsabilité de la fabrication du pain. Il y a deux fours, le plus utilisé un four a vapeur à deux étages et un vieux four à chauffe directe, pour un usage moins fréquent.

Michel Buisson devant le four à vapeur en 1963
Mon frère Daniel en 1967 défournant des mêlées cuites dans le vieux four.

En 1968 Daniel effectue son service militaire et c’est Maurice BAZERT qui le remplace.

Revenu de l’armée Daniel reprend sa place jusqu’en aout 1972. Il part alors à Paris pour suivre sa future femme, mes parents décident alors de fermer la boulangerie.

Le moulin…

Le moulin, quant à lui, a fonctionné avec mon grand-père Arthur aidé de Léon ADAM et de mon père. Pendant les années d’après-guerre il fallait bien être trois pour en assurer la bonne marche. Après cinq années de guerre la France manquait de tout, en particulier de céréales. Elle en importait des Etats-Unis, du Canada mais aussi d’URSS. Tous les mois ou presque un wagon de céréale, blé ou maïs, arrivait en gare de Nexon. Il fallait le décharger, moudre les céréales et expédier la farine, toujours par wagon vers le Midi ou le Nord de la France.

Sur la lettre de l’Agence Générale de Navigation annonçant l’envoi d’un wagon de 150 sacs de maïs on peut lire que ses sacs sont arrivés sur le cargo Thimoni et qu’un autre bateau est attendu le lendemain, toujours en provenance d’Amérique puis un autre venant de Tunisie.

livraison de 150 sacs de maïs en provenance des Etats-Unis déchargés au port de Sète.

Le commerce du blé et celui de la farine ont toujours été étroitement contrôlés par les pouvoirs publics. Dans l’Ancien Régime l’objectif était d’éviter les famines, au XXème siècle c’était pour garantir un juste prix du blé pour les agriculteurs et maintenir le pouvoir d’achat des consommateurs en fixant le prix du pain. Le débat a toujours existé entre les partisans de la liberté du commerce et ceux qui prônent son contrôle. Le contrôle redevient la règle avec le gouvernement de Léon Blum qui, pour lutter contre la surproduction de farine, crée en juin 1936 l’Office du Blé. Il deviendra l’Office National Interprofessionnel des Céréales (ONIC) par la loi du 17 novembre 1940.

Pour lutter contre les excédents une partie du blé est « dénaturée ». ce blé est alors utilisé pour l’alimentation des animaux.

Les politiques interventionnistes se traduisent toujours par des taxes à payer, des limitations dans les productions. Il en résulte des contrôles pour en vérifier la bonne application. Le fait d’exercer à la fois sur le même lieu les métiers de minotier et de boulanger incitait l’administration a effectuer de fréquents contrôles. Combien de fois étant enfants avons-nous vu « débarquer » des contrôleurs arrivants avec deux voitures, l’une par la route, l’autre par le chemin du moulin, entrant dans toutes les pièces de notre maison pour vérifier qu’il n’y ait pas de sacs de farine entreposés…C’était presque caricatural !

Pendant les années 1950 le moulin continue à produire de la farine pour les besoins locaux mais aussi pour des expéditions dans toute la France. On expédie également du blé, comme on le constate sur le récépissé d’une expédition de 250 sacs de blé à la Coopérative agricole de Puiseaux dans le Loiret le 19 décembre 1958.

Le début des années 1960 sont celles d’une vie intense. Nous sommes 7 enfants et avec nos parents nous sommes toujours 9 à table. Souvent un des boulangers est nourri et logé. Il y a de quoi nourrir tout ce monde, non seulement avec le pain mais dans la cour du moulin courent des poules, des canards, des dindes. Le pigeonnier compte plusieurs couples de pigeons, la vache nous garantit le lait et le jardin les légumes.  

Au début des années 1960, mon plus jeune frère dans la cour du moulin.

Après la mort de ma grand-mère en décembre 1958 Arthur a été moins présent et en aout 1959 il est parti habiter à Nexon chez Marie BITAUD qu’il a épousée. Léon ADAM assure seul la marche du moulin dont l’activité s’est réduite du fait de la concurrence des grands moulins de Paris, de Pantin, de Corbeil…Il n’y a plus d’expéditions par wagon entiers loin du Limousin. Les seuls clients sont les boulangers, les pâtissiers et quelques charcutiers dont plusieurs de Limoges. Le principal acheteur, la boulangerie du Courdein ayant cessé son activité le moulin tourne au ralenti.

Une très forte baisse d’activité à partir du 2ème semestre 1972.

On est loin des 10 579 quintaux autorisés. Il faut arrêter la production et vendre le contingent. Mais le nombre des acheteurs se réduit car le nombre de minotiers diminue.

Cette baisse s’inscrit dans un vaste mouvement séculaire. Au début du XIXe siècle la France a compté près de 100 000 moulins, mais avec la diffusion de la machine à vapeur, les petits moulins vont rapidement disparaitre si bien qu’au début du XXe siècle on ne compte plus que 30 000 minoteries. La chute va s’accélérer et le nombre de moulins tombe à 1 200 en 1985 et à moins de 300 en 2019.

Finalement le contingent est vendu à la coopérative du moulin de Batardeau à Auxerre et l’activité de minoterie cesse au 1er janvier 1974.

6- Le Courdein après la fermeture du moulin et de la boulangerie (1974 – 2019)

La vie continue aussi active. Les enfants ont grandis, ils sont devenus parents et souvent le dimanche la salle à manger retrouve les grandes tablées des années 1960.

Peu à peu le lierre envahi les murs, la toiture prend l’eau… Mon père démonte toutes les machines du moulin et les fours de la boulangerie.

Mais il y moins de mouvements, la nature s’impose, l’herbe pousse dans la cour, le lierre grimpe après les murs, mon père démonte les machines dans le moulin et les fours dans la boulangerie.

Le 31 janvier 1997 mon père est victime d’un AVC qui le laisse hémiplégique. Pendant presque 10 ans il consacrera son énergie à garder le maximum d’autonomie. Il décède le 18 septembre 2007. Ma mère vivra seule dans ce domaine qui a connu une intense activité. Elle ne voulait pas entendre parler de maison de retraite, elle était heureuse au Courdein avec ses chats, sa petite chienne, l’âne Bambou et les ponettes et surtout ses fleurs.

La vieille maison et les fleurs qu’entretenait maman.

Elle a vécu 70 ans au Courdein et elle est partie le 6 septembre 2015.

Nous avons gardé la propriété, nous avons pris soin de notre âne Bambou et du poney Pompon mais il a fallu nous rendre à l’évidence, nous ne pouvions pas laisser sans vie cette propriété. Nous avons décidé de vendre.

Le 6 juillet 2019 nous avons vendu la propriété du Courdein.

7 – Le 6 juillet 2019 une nouvelle vie commence au Courdein…

Constatant le mauvais état du bâtiment qui abritait le moulin les nouveaux propriétaires ont décidé de le faire écraser. J’ai pu assister à ce travail impressionnant par la facilité avec laquelle la puissante pelle mécanique arrachait les pans de murs, créant un trou béant qui laissait apparaître ce qui avait été les entrailles du moulin. A chaque mouvement les vieilles pierres mêlées aux poutres centenaires s’effondraient. Et à la fin, comme par pudeur, c’est caché par un immense nuage de poussière que les derniers pans ont été arasés.

Je n’ai pas éprouvé de tristesse à voir disparaître ce témoin de ma jeunesse. Les souvenirs sont gravés dans ma mémoire, l’odeur de la farine fraîchement moulue, le bruit des cylindres et surtout celui du planchistère, les 80 kilos des sacs de blé qui semblaient légers à nos épaules de 18 ans, un peu moins les 100 kg des sacs de farine, que Léon s’amusait à faire « bon poids » quand nous les prenions sur le dos pour aller du moulin à la boulangerie, le pain chaud qui sort du four…

Autrefois, il y avait un moulin ….

Une fois partis tous les murs l’espace semble réduit. Il est difficile d’imaginer qu’un imposant moulin s’élevait à cet endroit. Seule la mémoire en garde le souvenir et ce blog est le moyen de la faire vivre.

Une nouvelle vie va se développer au Courdein et nous souhaitons aux nouveaux propriétaires d’y trouver le même bonheur que celui que nous avons connu.

La rue Gambetta, ancienne rue du Nord. Le côté pair de 22 à 26.

N° 22 : Le bâtiment fait l’angle de la Rue Gambetta avec l’impasse Gay-Lussac.

N°22 Rue Gambetta

Le magasin qui donne sur la rue, bordé par une galerie en bois, a été occupé par l’épicerie LAGORCE. Puis ce fut le bureau de tabac tenu par M. Robespierre CADIN qui était chef de la Clique nexonnaise. Après le départ à la retraite de M. CADIN à la fin de l’année 1984, il y eu des occupations épisodiques et maintenant le magasin n’est plus utilisé.

L’épicerie Lagorce, Pâques 1964
La rue Gambetta vers le bourg en 1943

N° 24 : l’immeuble a été construit après la première guerre mondiale ; Sur les cartes postales anciennes il y a un grand jardin entre la maison à l’angle de la rue Gay Lussac et celle à l’angle de la rue Lafontaine

Il n’y a pas de construction entre les numéros 26 et 22 actuels mais un mur avec un jardin en contre-bas.

M. DUFROIS, sabotier fait construire une grande maison en deux parties semblables. A droite c’est son magasin et son habitation. Son gendre M. CHENAVIER y habite également avec sa fille Andrée, une camarade de Madame le docteur FORGERON lorsqu’elle était jeune fille et habitait chez ses parents, M. et Mme VIGNERON.

L’imposant immeuble du n° 24 avec ses deux magasins en 1984

La partie gauche était louée d’abord à M. LAMARCHE qui tenait une épicerie primeur puis à M. LAGORCE qui y transporta son épicerie. La caisse d’épargne y ouvrit son agence avant de la transférer au 2 place de la République.

Puis les deux magasins ont été réunis et une construction a été ajoutée sur la droite. Il y a un bar-tabac-journaux, L’EDEN, tenu par M. Jean-Yves FAYEMENDI jusqu’en mai 2005. Messieurs Rémy et Richard DIDIER lui ont succédé puis M. Richard DIDIER seul.

L’Eden au numéro 24. On remarque les modifications de la façade
Un agrandissement a permis de réaliser un vaste espace commercial Bar, Presse, Tabac…

A la fin de l’année 2018, L’EDEN a été repris par M.et Mme MASSY, propriétaires du restaurant situé 17 avenue Charles de Gaulle.

Un jardin en contre bas sépare l’Eden de l’immeuble du n°26.

N° 26 : le bel immeuble construit à la fin du 19ème siècle abritait la Poste jusqu’à la construction de la nouvelle poste, place de la République, autre fois le champ de foire.

Deux cartes postales, l’une éditée en 1908 par l’Hirondelle, plus haut dans le texte, montre tout le personnel devant la porte, les facteurs en uniforme et une femme portant un barbichet. La seconde, sans nom d’éditeur, date de la même époque mais avec un plan plus large elle permet d’apprécier à la fois les dimensions de l’immeuble et la perspective vers le centre du bourg.

A l’exception du personnel, absent sur cette carte postale, les deux clichés sont identiques et datent de 1907

Après le déménagement de la poste c’est la librairie -journaux de madame GRAMAGNAT qui s’y est installée. Puis ce fut Madame SENAMAUD et maintenant il n’y a plus de commerce.

Le 26 de la rue Gambetta en 1942
Les traces de la vitrine sont encore visibles à gauche de la porte

La fille d’un nexonnais, Antoine Félix GIZARDIN, patronne du magasin de chaussures « A la Grâce de Dieu ».

M. Louis Félix BERTRAND est né le 18 mai 1824 à Saint-Ciers-sur-Bonnieure en Charente de parents cultivateurs.  Marchand de chaussures à Périgueux il épouse 11 janvier 1854 à Mansle (Charente) Marguerite « Elise » PIRET. L’année suivante il ouvre à Limoges un magasin de chaussures à Limoges, place Saint-Martial, à l’angle de la rue Pont-Hérisson, la rue du Clocher n’était pas encore percée. Il le nomme « A la Grâce de Dieu ».

On remarque sur cette carte postale que la rue Jean Jaurès n’est encore réalisée. La photo est prise de la Place saint Martial, future rue Jean Jaurès à la fin de la guerre en 1919.

L’idée d’utiliser des chromos pour faire de la publicité est venue d’Aristide Boucicaut, propriétaire des grands magasins parisiens, « Au Bon Marché ». En 1850, tous les jeudis, il donnait personnellement aux enfants venus avec leur mère, une image. Ainsi ils étaient incités à revenir au magasin le jeudi suivant pour avoir une autre image.

Il va rapidement être imité et dans toutes les grandes villes des commerçants se mirent à distribuer des images au verso desquelles se trouvait leur publicité. M. BERTRAND a utilisé cette méthode pour faire connaitre ses produits et leur prix.

Chromo « Berlin – Le palais Royal » avec au verso quelques tarifs des articles du magasin « A LA GRACE DE DIEU » F. BERTRAND toujours situé Place St Martial à Limoges

Avant d’utiliser la Presse, lue par petit nombre des clients des magasins qui cherchent à avoir une large clientèle, les commerçants vont avoir recours à d’autres supports. En particulier des pièces de monnaies « privées », les jetons de nécessité, crées pendant les périodes de crise et les jetons de transport.

Une trentaine de compagnies de tramways électriques ont émis des jetons de transport : Paris, Lyon, Marseille, Strasbourg … et Limoges. La ville de Limoges a confié la concession des transports par tramway à MM. Grammont et Faye le 13 février 1897. Ils créèrent la Compagnie des Tramways Electriques de Limoges (T.E.L.). L’exploitation débuta avec cinq lignes de 12 km au total, avec une trentaine de motrices Grammont.

La compagnie a émis des jetons de transport d’une valeur de 10 centimes.  L’originalité est que sur l’autre face il y avait de la publicité, à l’époque on disait « réclame ». Pour les pièces en aluminium c’était soit l’Atelier de construction Grammont, soit la pharmacie Brunot et pour la pièce en laiton, les chaussures Bertrand.

De son mariage Louis Félix Bertrand aura cinq enfants trois garçons et deux filles. Les garçons vont tous embrasser des carrières qui les éloigneront du commerce de chaussures.

L’ainé, Pierre BERTRAND (1855 – 1902), sera magistrat et après avoir commencé sa carrière comme substitut à Tulle il la terminera comme Avocat général près la Cour d’Appel de Douai. Ulric « Joseph » Pierre BERTRAND (1870 – 1926), ingénieur des Arts et manufactures, créera une entreprise de papiers peints à Paris. Louis Marie Henri BERTRAND (1878 – 1915), Saint Cyrien est morts pour la France le 15 octobre 1915. Il était capitaine. Les trois fils ont été décorés de la Légion d’Honneur.

Angèle Marie BERTRAND, née à Périgueux le 7 avril 1860 épouse un négociant, Jean Paul ROBIN et ils s’installent à Agen. Marie Berthe BERTRAND (Elisabeth Bertrand), née le 25 septembre 1864 épouse le 31 mars 1883 à Limoges, « Antoine » Félix Frédéric GIZARDIN, né à Nexon.

Les GIZARDIN sont une vieille famille nexonnaise. Mathurin GIZARDIN (1692 – 1762) était notaire comme son fils Nicolas. Ce dernier a eu six enfants, certains sont restés à Nexon comme Gabriel (1789- 1866) cafetier place de l’église ; d’autres comme Léonard, né en 1771, s’installa à Vialotte sur la commune de Saint Hilaire les Places où il fut adjoint au maire.

La maison des GIZARDIN à Saint Hilaire les Places

Antoine est né le 5 septembre 1849 au bourg de Nexon ou son père possède une auberge.

Lorsqu’Antoine épouse Berthe BERTRAND son père est décédé et c’est sa mère qui fait part du mariage de son fils.

Celui-ci a lieu à Limoges où il est célébré par Marcelin BECHADE, adjoint au maire de Limoges.

Les témoins pour le marié sont Albert THOMAS docteur en médecine âgé de 26 ans demeurant à Nexon et Ferdinand GIZARDIN, propriétaire âgé de 40 ans demeurant aussi à Nexon. Pour la mariée son frère Pierre, substitut du procureur à Tours, âgé de 28 ans et Gustave GENEIX, agent d’assurance, âgé de 30 ans et demeurant à Limoges.

L’acte de mariage précise qu’Antoine est « sans profession » ce qui est étonnant pour un garçon de 34 ans. Son épouse à 15 ans de moins que lui et elle aussi est « sans profession ».

Antoine ne va pas rester longtemps sans avoir un métier. Il ouvre un magasin de chaussure place Saint Michel et il cherche à louer l’hôtel que possède ses parents à Nexon.

Le Courrier du Centre des 18 avril et 2 mai 1886

Le magasin qu’il ouvre va prendre comme nom « A Saint Michel ». On voit ici la ressemblance qu’il y a avec le magasin de ses beaux parents : « A la Grâce de Dieu ». Il va faire de la publicité dans la presse, en particulier dans Le Courrier du Centre, adaptant son message à la période de l’année : Noel, Chasse…

Lors de la Foire de la saint Loup, est une foire créée en l’honneur de Loup, évêque de Limoges, qui existe depuis le XIV e siècle. Elle est devenue progressivement la plus importante foire de Limoges et du Limousin. Généralement organisée le 22 mai, elle a lieu maintenant le dernier weekend de mai. L’activité des commerces est fortemnt liée au temps qu’il fait au moment de la foire.

On constate que même lorsque le temps n’est pas clément, le magasin de chaussure d’Antoine GIZARDIN réalise de bonnes affaires. c’est ce qui se passe en 1898. Le journaliste du Courrier du Centre qui fait le reportage constate que malgré le mauvais temps M. GIZARDIN est l’un des rares commerçnts à avoir fait de meilleures affaires qu’en 1897.

Le Courrier du Centre 25 mai 1898

Moins d’un an après le mariage d’Antoine et Berthe, le 10 janvier 1884 naît une petite fille que les parents appellent Agnès. Elle sera le seul enfant du couple GIZARDIN. On peut supposer qu’elle a eu l’éducation classique des jeunes filles de la bourgeoisie limousine. S’il fallait une preuve on la trouverait dans la cérémonie religieuse de son mariage avec Pierre Paul LATHELIZE, fabricant de chaussures. La cérémonie civile a lieu à la mairie de Limoges le 19 juillet 1904.

On peut remarquer la belle signature de Pierre Paul ce qui permet d’imaginer qu’il avait le même sens de l’esthétique pour dessiner ses modèles de chaussures.

La cérémonie religieuse à lieu le lendemain en l’église Saint Michel. Les deux familles faisaient partie de la bourgeoisie commerçante de Limoges et Le Courrier du Centre ainsi que le magazine Limoges illustré en rendent compte signalant les prestations de la chanteuse Louise RUBEN, du violoniste Léon FURELAUD, de l’organiste PERMANN ….

Le Courrier du Centre 21 juillet 1904
Limoges illustré 1er aout 1904

De ce mariage naitront trois enfants : Maurice LATHELIZE (1905-1981), André LATHELIZE (1908 – x) et Joseph LATHELIZE (1913-1987).

Assez rapidement Paul LATHELIZE va prendre les rênes du magasin. Le nom de BERTRAND disparait et celui de LATHELIZE lui est progressivement substitué.

Paul développe l’affaire en recourant à la publicité. Avant 1914 on pouvait lire sur un dépliant « Chaussures pour hommes cousues mains à 14,95 F pour le modèle Derby en veau suiffé ou 22 F pour le modèle Alpin en veau blanc double semelle ou à 15,95 F les bottines en chevreau glacé ». Le magasin se définissait comme « maison de premier ordre, la plus ancienne de la région ».

En 1911 les deux noms, BERTRAND et LATHELIZE figurent sur les documents. Paul LATHELIZE précise qu’il est le petit-fils du fondateur.

Après la guerre seul le nom de LATHELIZE apparaît.

Publicité pour la saison 1934

En 1943 le style des chaussures a changé. le magasin met en avant une création des chaussures HEYRAUD.

Magazine « Notre Province 1943 »

dans les années 1960 les devantures des magasins vont changer de style. La rue du clocher est une des plus commerçante de Limoges et l’enseigne « A la grâce de Dieu » est toujours la même. Elle n’a pas changé depuis plus de 100 ans.

Aujourd’hui le magasin « ELLES » a laissé la place à un fast-food mais en face c’est toujours un commerce de chaussure et si l’enseigne a changé la façade au premier étage conserve le nom d’origine …

La rue Gambetta, ancienne rue du Nord. Le côté pair de 16 à 20 bis.

La rue du Nord vers 1905

Au numéro 16 il y avait un bureau de tabac. Il a d’abord été tenu par M. PRUNY puis par M. LABIDOIRE. Tous les deux ont édité ou fait retirer des cartes postales. M. Pierre LABIDOIRE était blessé de guerre. Amputé d’une jambe il marchait péniblement avec un pilon et une grande béquille en bois. Les buralistes occupaient des « emplois réservés ».

Outre le tabac avec de nombreuses variétés à chiquer et à priser, ils vendaient les timbres quittances et les timbres pour les vélos. En effet on ne pouvait rouler à bicyclette, y compris les enfants, qu’en payant une vignette annuelle de circulation à fixer sur le cadre du vélo.

L’origine de la plaque de vélo française est la loi du 28 avril 1893. Cette plaque a été émise sans discontinuer de 1893 à 1958. Les modèles changeaient chaque année, a l’exception des années 1900-1907. Les plaques émises annuellement étaient tour à tour en laiton jaune pour les années paires et en métal blanc pour les années impaires.

En 1942, la plaque fut imprimée sur du carton comme fac-similé de la plaque en métal. En 1943, la plaque de vélo a été émise sous la forme d’un timbre.

A partir de 1949, le timbre sera remplacé par un formulaire nominatif qui gardera le nom de « plaque de vélo ». Toujours vendu dans les bureaux de tabac il sera émis en cinq couleurs différentes. Puis ce sera une vignette. Le dernier formulaire a été émis pour l’année 1959, un arrêté ministériel du 30 décembre 1958 ayant supprimé l’impôt français sur les vélocipèdes.

Monsieur LABIDOIRE était assis à son comptoir caisse et, dans l’autre moitié de la boutique, Mme LABIDOIRE tenait un bar. M. LABIDOIRE était secrétaire de la fanfare.

M. LABIDOIRE est décédé dans sa 55 ème année au début du mois de février 1947.


Le Populaire, Mardi 4 Février 1947

Cette carte postale, prise sous le même angle que celle de 1905 a été éditée par M. LABIDOIRE.

On remarque que maintenant, juste avant la guerre de 1939-1945, les trottoirs sont faits, les façades ont changé et on commence à voir des automobiles et des motos.

Après M. LABIDOIRE, pendant plusieurs années M. MORTALLIE y avait son magasin d’appareillage électriques et électroménager puis il l’a transféré au 20 bis quand M. PERRIARD a pris sa retraite.

Publicité de 1965

Une boulangerie l’a remplacé, d’abord tenue par M. BOUCHER pendant quelques mois puis M. Michel BARNABET a transféré dans la rue Gambetta sa boulangerie qui était rue Pasteur, à quelques mètres de la boulangerie BARBE.

Après la retraite de Michel BARNABET la boulangerie sera reprise par MM. Christian TANTY, Firmin BOUCHET puis Jérôme et Julie LECONTE.


En 2014 Jérôme et Julie LECONTE continuent l’exploitation de la boulangerie dont ils font refaire la vitrine.

Au numéro 18 il y avait un hôtel, l’hôtel du Commerce. Au début des années 1900 M. PRUGNY en est le propriétaire puis c’est Prosper LAPLAUD qui l’exploite en même temps qu’il est sellier-bourrelier.

Puis dans les années 1920 l’hôtel du Commerce est tenu par François GOURINCHAS.

 Il exploite en même temps une épicerie au nom du « Planteur de Caïffa ». A chaque achat on reçoit un « ticket prime » qui par la suite se transforme en cadeaux. M. GOURINCHAS faisait des tournées dans la campagne en fourgonnette. Elle fonctionnait au gazogène pendant la guerre de 1939-1945.

Il y avait trois filles dans la famille GOURINCHAS, Thérèse était couturière et avait son atelier, au fond à droite, les deux autres s’occupaient de l’hôtel et du bar. Elles resteront célibataires.

Le commerce est tenu ensuite par M. VERGONZANE qui, au début des années 1960, vend son affaire à Monsieur Pierre MAPAS qui arrive d’Issoudun. Il tient à la fois une épicerie, une buvette et une mercerie. L’épicerie était à l’enseigne du Disque bleue. C’était une société familiale de grossiste en épicerie intégrant des détaillants, dirigée par Charles et Jean Valentin, fondée à Limoges en 1954. En 1968 le groupe Disque bleu deviendra DB et ouvrira le premier super marché à Limoges, rue Wagner. En 1989, le Groupe Disque Bleu associé à Euromarché se composait de 7 hypermarchés et de 60 supermarchés localisés dans le Centre et le Sud-Ouest.

L’essor fulgurant de la grande distribution que l’on constate alors mets à mal une grande partie du monde des petits commerçants. Déjà au milieu des années 1950, emmené par Pierre POUJADE (1920-2003), l’Union des commerçants et des artisans (UDCA) secouait le pays. A la fin des années 1960, une autre personnalité, Gérard NICOUD fonde le Comité d’information et de défense (CID) et s’associe à l’Union nationale d’action des travailleurs indépendants pour protéger les commerçants et artisans en s’opposant à l’État et aux magasins de grandes surfaces. Le 27 décembre 1973, Jean Royer (1920-2011) maire de Tours et ministre de l’Industrie, du Commerce et de l’Artisanat, fera voter une loi réglementant l’urbanisme commercial. L’activité des épiciers traditionnel diminue et M. MAPAS le ressent. Il cessera son activité le 31 mars 1991.

Depuis il n’y a plus de commerce au numéro 18 et l’immeuble a été transformé en appartements.

Au numéro 18 il n’y a plus de boutique.

Au numéro 20 il y avait un commerce de grains, semences et produits du sol tenu par la famille de Marcel ALIPHAT.

Après 1945, M. Claude REALLE a développé une activité de matériaux de construction tout en conservant la vente de graines fourragères et potagères et de produits du sol.

Son fils Robert a continué ces activités en y ajoutant le commerce des engrais.

M. REALLE a par la suite développé une entreprise de transport au n° 30 de cette rue.

Ensuite c’est Alain FAVARD qui continue le commerce de grains et engrais avant de la transformer en boutique de fleurs..

Pendant quelque temps Martine PRADEAU a dispensé des cours de yoga au numéro 20 puis au 20 bis de ce fait il n’y a plus ni commerce ni activité de service dans l’immeuble du numéro 20.

Au numéro 20 bis il n’y avait au début des années 1900 qu’un bâtiment sans étage qui servait de remise.

Après la guerre, Monsieur PERRIARD a fait construire un immeuble de deux étages. Au rez de chaussée il y avait un magasin ou étaient exposés les chaudières et les équipements pour salles de bain qu’installait M. PERRIARD. Avant cela le magasin se trouvait juste en face, route de la barrière devenue rue gay-Lussac, comme on le voit sur cette photo prise le 8 mai 1945. Henri PERRIARD travaillait avec ses trois fils, Georges, Henri et Pierre.

En 1945, le 8 mai…
Il n’y a plus de commerce au numéro 20, et au 20 bis c’est un salon de coiffure

Juliette PERRIARD a épousé René Pradeau qui a travaillé dans l’entreprise de son beau-père. Elle habite toujours au 20 bis de la rue Gambetta.

La famille PERRIARD ayant pris sa retraite, M. MORTALLIE a occupé le magasin. Il a par la suite été transformé en boutique de vêtements de sport puis en salon de coiffure, aujourd’hui à l’enseigne « Connivence ».

Industrie et commerces : les hôtels

Au 17ème et au 18ème siècles il ne devait pas y avoir d’hôtel à Nexon, seulement des auberges. En effets on ne voyage pas beaucoup à cette époque car les seuls moyens de déplacement sont la marche à pied ou le cheval.

On se déplace pour aller aux foires et aux marchés ou pour des pèlerinages comme celui de Saint Jacques de Compostelle. L’hébergement des gens qui se déplacent est, soit le résultat de l’hospitalité, une valeur fort développée alors, soit un gite offert par le clergé dans les monastères, soit par des commerçants qui exploitent des auberges le long des routes pour que les voyageurs puissent faire reposer leurs chevaux. Les relais de poste s’échelonnent tous les vingt kilomètres entre les grandes villes. Rien de tout cela à Nexon.

1-Les hôtels avant 1861

On a une idée de la manière dont on se logeait juste avant la Révolution française grâce au récit de M. de VERNEILH-PUIRASEAU. Né à Nexon le 29 juillet 1756 dans une famille de l’aristocratie, il sera député de la Dordogne et préfet de la Corrèze et du Mont Blanc. Il a écrit « Mes souvenirs de 75 ans » publiés en 1836 où Il raconte sa vie. Il fit ses études de droit à Toulouse et chaque année jusqu’à la fin de ses études il fit les voyages de Nexon à Toulouse et retour. Il faisait le trajet en partie à pied et en partie à cheval, faisant étape dans des auberges et des hôtels ou bien il frappait à la porte d’une congrégation religieuse ou chez un ami de sa famille. Les lignes qui suivent décrivent quelques-uns de ses voyages au cours desquels il fut amené à coucher à l’hôtel.

Le premier voyage à Toulouse s’effectue avec cinq autres étudiants au départ de Saint Yrieix avec un messager chargé de ramener les montures. Il écrit : « Au moment de notre séparation, après m`avoir donné de sages conseils, il [mon père] me remit quinze louis d’or et quelques écus pour le voyage, puis les yeux gonflés de larmes, il me serra tendrement dans ses bras en me comblent de ses vœux. Mon bon oncle me donna ses pistolets, et déjà je portais un couteau de chasse ; enfin nous voilà partis. Cette nombreuse cavalcade, dans des chemins de traverse, ne manquait pas de faire une certaine sensation, flatteuse surtout pour des écoliers. Nous cheminâmes ainsi, à petites journées, en passant d’abord près du château d’Hautefort… L’hôte de cette dernière ville fut un peu embarrassé pour nous recevoir, pour nous donner à souper et surtout à coucher. Le lendemain nous fûmes dédommagés par un beau jour : en traversant le vaste plateau qui sépare Gourdon de Pont-de-Rodes, où nous allions rejoindre la grande route de Paris à Toulouse, nous apercevions dans le lointain, au sud-ouest, la chaine imposante des Pyrénées, couvertes de neiges. […] En arrivant à Toulouse, la jeune cavalcade descendit un peu au-delà de la porte Matabiau, devant un petit hôtel, déjà connu de presque tous mes compagnons de voyage. Il était tenu par une bonne vieille appelée madame Laurelian. C’était la pension la plus ordinaire des étudiants limousins ». (Pages 37-38)

Le retour de Toulouse à Nexon

« Nous voilà désormais tous trois, nos épées en bandoulière, cheminant à pied vers Montauban ; et c’était aux premiers jours de juillet. Nous n’y pûmes arriver que le lendemain, de grand soleil, bien poudreux et bien fatigués. Notre premier soin fut de nous mettre au lit, après avoir commandé un bon souper pour les six heures du soir, et prie notre hôte de s’informer si nous pourrions trouver une voiture d’occasion pour Cahors.

Notre hôte n’avait pu découvrir aucune voiture d’occasion ; le service des diligences n’était pas connu encore ; il fallut nous remettre à cheminer comme la veille, marchant la nuit et dormant une partie du jour. La seule bonne fortune que nous eûmes durant ce pénible voyage, ce fut une voiture de retour, à vide, dans laquelle nous fîmes quelques dix lieues : et cela n’avait fait que nous gâter. Etant parvenus au pénultième relais, en deçà de Brive, par un temps chaud et lourd, l’idée nous vint de prendra la poste à franc étrier ; et bien vite, chacun de nous enjamba son bidet. Ainsi nous courions la poste en culottes courtes, sans bottes ni éperons, nos épées en bandoulière et bien halés par le soleil. Au bout du second relais, nous voilà enfin aux portes de Brive. C’était le soir, il faisait beau ; au lieu d’aller modestement descendre chez notre hôte ordinaire (hôtel de Toulouse), nous eûmes la fantaisie de vouloir faire au galop tout le tour des boulevards de cette jolie ville… J’avais trouvé à l’hôtel le cheval de mon père : il m’y attendait depuis trois ou quatre jours, et le domestique s’en était retourne. Je me séparai à regret de mes deux amis, après les avoir bien remerciés de leur extrême complaisance. » (Pages 44-45)

Nexon n’est pas un lieu de passage, la grand route de Limoges à Saint Yrieix passe à La Plaine. Il n’y a donc pas de relais de poste, mais des auberges ou les gens se retrouvent les jours de marché et les jours de fête.

2- Les hôtels de 1861 à 1925.

Pourquoi cette date ? parce que le 26 aout 1961 la ligne de chemin de fer Limoges-Périgueux est inaugurée. Les premiers voyageurs arrivent à la gare de Nexon. Le 20 décembre 1875 c’est autour de la ligne Limoges-Brive d’entrer en service.

Le train est la cause de la première révolution dans les déplacements. Il entraine un très important développement des échanges en permettant le transport de marchandises lourdes et volumineuses et il permet aux gens d’aller rapidement d’un point à un autre. Nexon a la chance qu’une gare ait été construite, certes en dehors du bourg, mais le trafic ferroviaire va générer une nouvelle activité qui va profiter à la fois au quartier de la gare et au bourg.

Le premier document que j’ai trouvé faisant référence à un hôtel à Nexon est une annonce publiée le 23 août 1884 dans le Courrier du Centre : « A LOUER, le Grand Café de la Patrie, Nexon (Haute-Vienne) ; immense matériel. Ce vaste établissement, le mieux situé de la ville, se compose de nombreux Appartements et peut servir pour un hôtel. — S’adresser à M. Boutaud-Lacombe, notaire à Nexon. » Le propriétaire du Grand café de la Patrie pense donc que son établissement peut devenir un hôtel.

En 1886 il y a le Grand Hôtel de Nexon dont le propriétaire est A-F RABY.

L’activité de l’hôtellerie va connaitre un développement rapide puisqu’en 1905 il y avait 8 hôtels à Nexon : l’hôtel de la gare, l’hôtel de France, l’hôtel des Voyageurs, l’hôtel de la Poste, l’hôtel du Faisan, l’hôtel du champ de foire, l’hôtel du Nord et l’hôtel du Commerce.

-Jean BONNET est le propriétaire de l’hôtel de la gare ; La famille BONNET développe un commerce de produits du sol, principalement des pommes de terre et des céréales.

Les hôtels de la gare

– Mme Vve BOURDEIX, hôtel de France ;

L’hôtel est situé rue du centre, actuelle rue Victor Hugo. La famille Bourdeix tient une pâtisserie, alors réputée et l’hôtel de France. Elle est également connue pour ses conserves de gibiers.

Cette photographie ainsi que la vignette datent d’avant 1914, époque ou il n’y a que très peu d’automobiles. Les gens se déplacent en calèches aussi il faut que l’hôtel possède une écurie et une remise pour les voyageurs. Ces mentions sont peintes sur la façade et figurent sur l’étiquette de promotion.

– François CHATARD, hôtel des Voyageurs ;

-DEFAYE, hôtel de la Poste ;

– L. DESMAISON, hôtel du Faisan ;

– GUYOT, hôtel du champ de foire ;

– LAUZEILLE, hôtel du Nord. En 1900 Madame Lauzeille, dont le mari est marchand de vin à la même adresse, est la patronne de l’Hôtel du Nord, puis c’est son fils Jean Baptiste qui en devient le patron en 1905.

-Au début des années 1900 M. PRUGNY est propriétaire de l’hôtel du Commerce, rue du Nord, actuelle rue Gambetta puis c’est Prosper LAPLAUD qui l’exploite en même temps qu’il est sellier-bourrelier.

3- Les hôtels de 1925 à 1970.

Une nouvelle révolution a eu lieu en matière de transport : le développement de l’automobile. La combinaison du train et de l’automobile favorise le développement de l’activité économique et le nombre d’hôtels augmente. L’annuaire DUMONT de 1934 en recense 12 : Louis BEYRAND, hôtel de la Gare ; Raymond BOURDEIX, hôtel de France ; Jean CHAMBON, hôtel de l’avenue de la gare ; Jean COUDERT, hôtel des Voyageurs ; Pierre DESCUBES ; Louis DESMAISON, hôtel du Faisan ; François GOURINCHAS, hôtel du Commerce ; GUYOT ; LEYMARIE, hôtel du Nord ; Paul MORELLO, route de Biard ; Jean NOUAILHAS, hôtel du champ de foire ; Emile LATHIERE, Buffet de la gare. 9 ont un nom d’hôtel et 3 un nom de personne. Il s’agit sans doute de quelques chambres disponibles dans une maison de maitre comme celle de Paul MORELLO, marchand de vin en gros route de Biard dont le commerce sera repris par A. REBIERE.

L’hôtel du Nord est maintenant la propriété de Monsieur Leymarie qui est en même temps entrepreneur de travaux publics et transporteur.

L’hôtel du Commerce est tenu par François GOURINCHAS qui exploite en même temps une épicerie au nom du « Planteur de Caïffa ».

L’hôtel de l’avenue de la gare fait une publicité dans l’annuaire Dumont de 1934 ou il met en avant sa salle des fêtes, son cinéma, son salon particulier et son billard russe.

Juste à la fin des années 1930 l’hôtel de la Poste disparaît et l’ensemble du bâtiment devient une grande épicerie. Sur la place, la boulangerie Pressicaud a été démolie et à la place un nouveau bâtiment abrite le « café Moderne » qui fait également hôtel et restaurant. Il est tenu par la famille MASSY.

 

Après la fin de la guerre l’hôtel de France ferme ainsi que l’hôtel de l’avenue de la gare et le mouvement va s’accélérer à partir de 1950. Les voyageurs, qu’ils soient des professionnels ou des touristes veulent retrouver dans l’hôtel où ils séjournent le confort qu’ils ont chez eux.   Très peu de patrons d’hôtels ruraux ont pu réaliser les investissements nécessaires à obtenir un classement tel qu’il est défini par l’arrêté du 24 juin 1950. En effet à partir de cette date, pour la première fois, les hôtels pouvaient se voir attribuer entre une et quatre étoiles selon la présence de salle de bain ou de toilettes dans les chambres, la qualité des installations, les équipements (ascenseur, téléphone…). L’hôtel du Nord, l’hôtel du commerce… vont fermer.

A la gare la fin des foires et la diminution du trafic de marchandises à la gare du fait du développement des transports par camions font perdre de l’activité. La SNCF en avait bien conscience puisqu’elle créait en 1970 le Service National de Messagerie (SERNAM) qui devint une filiale en 2002 avant d’être privatisé en 2005. Les hôtels de la gare périclitent et ferment les uns après les autres. Dans le bourg l’activité hôtelière baisse également, comme dans toutes les communes rurales.

Il ne reste aujourd’hui aucun hôtel à Nexon. Le gout des consommateurs a changé. L’hôtellerie de plein air, c’est-à-dire les campings sont devenus la première forme d’hébergement touristique. Les communes ont aménagé des huttes sur les campings, les chambres d’hôtes, les gites ont remplacés les vieux hôtels…

des professionnels ou des touristes veulent retrouver dans l’hôtel où ils séjournent le confort qu’ils ont chez eux.   Très peu de patrons d’hôtels ruraux ont pu réaliser les investissements nécessaires à obtenir un classement tel qu’il est défini par l’arrêté du 24 juin 1950. En effet à partir de cette date, pour la première fois, les hôtels pouvaient se voir attribuer entre une et quatre étoiles selon la présence de salle de bain ou de toilettes dans les chambres, la qualité des installations, les équipements (ascenseur, téléphone…). L’hôtel du Nord, l’hôtel du commerce… vont fermer.

A la gare la fin des foires et la diminution du trafic de marchandises à la gare du fait du développement des transports par camions font perdre de l’activité. La SNCF en avait bien conscience puisqu’elle créait en 1970 le Service National de Messagerie (SERNAM) qui devint une filiale en 2002 avant d’être privatisé en 2005. Les hôtels de la gare périclitent et ferment les uns après les autres. Dans le bourg l’activité hôtelière baisse également, comme dans toutes les communes rurales.

Il ne reste aujourd’hui aucun hôtel à Nexon. Le gout des consommateurs a changé. L’hôtellerie de plein air, c’est-à-dire les campings sont devenus la première forme d’hébergement touristique. Les communes ont aménagé des huttes sur les campings, les chambres d’hôtes, les gites ont remplacés les vieux hôtels…

Industrie et commerce : manufacture et commerce de chaussures

La manufacture de chaussures ADAM

Jean Baptiste ADAM, né à Nexon le 1er mai 1872 était cordonnier rue du Nord (rue Gambetta aujourd’hui) à Nexon. Son fils, Albert ADAM, né à Nexon le 4 mars 1899, travaillait avec son père. Sa femme, Marie ROUDIER, tenait le magasin de chaussures qui était attenant.

A la fin de la guerre de 14-18, Jean Baptiste ADAM décide de créer un atelier de fabrication de galoches, chaussures dont le dessus est en cuir et la semelle en bois. Ce sont des chaussures modernes pour la campagne et elles vont progressivement remplacer les sabots en bois. Il crée son atelier au bas de l’avenue de la gare, en descendant à droite. Le magasin de chaussure est racheté par M. ROUSSEAU, puis par M. BUISSON qui lui aussi fabriquait des galoches et ensuite par sa belle-fille.

M. ROUSSEAU et sa famille devant son magasin

 

Albert ADAM était associé de son père et s’occupait de la partie commerciale. Il démarchait les commerçants en chaussures pour écouler la production, on disait alors qu’il était voyageur de commerce.

Le 6 janvier 1928, 18 paires de bottes sont envoyées à un sabotier en Dordogne 

L’entreprise débute avec deux ou trois salariés et très rapidement l’effectif augmenta pour atteindre une cinquantaine d’ouvriers avant la guerre de 39-45. Parmi les clients l’usine compte la maison Heyraud. Les cuirs étaient teintés et vernis, et ils séchaient au soleil, dans la cour entre le trottoir et le mur de l’usine.

M. Adam, père est à l’extrême droite et son fils au centre.

En 1937, un incendie provoqué par des braises tombées du foyer d’une cuisinière de l’appartement situé sur partie de l’étage détruisit entièrement l’usine. On voyait les flammes et la lueur de l’incendie de très loin. Il paraît que la lueur était visible de Limoges. La chaleur était telle que les glaces et vitre du café IMBAUD situé en face, de l’autre côté de l’avenue, avaient éclaté et fondu.

Devant l’usine, quelques employés. A gauche René Lagorce, coupeur.

 

L’activité reprit dès l’achèvement des travaux de reconstruction. Pendant la guerre de 39-45 l’activité se réduit du fait de la baisse des commandes et parce qu’un certain nombre d’ouvriers qui avaient été mobilisés ont été fait prisonniers. L’usine fabriquait des bottes en cuir sur semelle de bois et des galoches.

Le 29 novembre 1942, 25 paires de bottes sont envoyées en Dordogne

Après la guerre la désaffection du public pour la galoche se fait jour. Elles deviennent principalement des chaussures de travail portées par les commerçants des halles à Limoges et maintenant par les personnels soignants dans les hôpitaux. Pour compenser cette baisse de production l’usine fabrique des sandalettes. Malgré cela l’activité décline lentement mais inexorablement. L’usine a été fermée au début de l’année 1961 et a été transformée en appartements.

Ceux qui y ont travaillé ont gardé le souvenir de patrons humains et soucieux du bien-être de leurs salariés. Josette, dont les parents travaillaient à l’usine me racontait qu’un arbre de Noel était organisé chaque année pour les enfants des salariés et pour sa communion solennelle elle a reçu une paire de chaussures blanches et elle a été invitée à passer une semaine de vacances dans la villa de la famille ADAM à Royan


M.BUISSON dans son atelier sous le regard de M. ADAM

Cette photo est extraite d’un article publié dans LIMOUSIN MAGAZINE, n° 172 de mai 1976. L’article est reproduit ci après :

UN CORDONNIER S’IL VOUS PLAIT !

Un petit escalier de bois dans un vétuste bâtiment à deux pas de la mairie de Nexon. Deux billots couverts de chutes de châtaignier. Des sabots alignés comme à la bataille sur des étagères où trônaient autrefois des produits pharmaceutiques… Dans cet univers où l’odeur du cuir de vache se mêle aux relents de colle et de bois, le temps a, depuis belle lurette, suspendu son vol.
M. BUISSON, coiffé de son béret auréolé de poussière, le tablier bleu noué autour de la taille, fabrique encore une centaine de paires de galoches par mois. Tandis que sa femme tient le magasin de chaussures, l’artisan de Nexon réalise l’assemblage des galoches en compagnie de M.ROUSSE qui vient apporter son aide au clouage des souliers quelques heures par jour. Préposé au bureau des P. et T. de la localité, l’homme se tourne vers le travail manuel quelques heures par semaine.

Si M. BUISSON maintient la ligne des ventes tant bien que mal, le « patron » est conscient de la grande misère de sa corporation. Songez en effet que la cité a perdu ses derniers cordonniers. Mme BUISSON se contente d’expédier vers Le Vigen les chaussures destinées à être ressemelées…
Là-bas, M. SADARNNAC joue un perpétuel  » one man show ». Adjoint au maire, ce dernier est, en effet, aux dires de Mme BUISSON assureur, cordonnier et… propriétaire d’un bureau de tabac. A l’ère de cette fameuse revalorisation du
travail manuel. il serait temps d’étudier la question. Et de redonner vie à des métiers qui ont leur raison d’être.