Louis GUIBERT (1840-1940) était un érudit limousin qui a écrit une centaine d’articles sur l’histoire locale. Parmi eux j’ai trouvé ce texte ou il examine en 1898 un manuscrit provenant des archives du château de Nexon écrit par Jacques Sazerac, chirurgien et apothicaire à Nexon de 1675 à 1718, au moins.
A cette époque les chirurgiens et les médecins sont deux professions distinctes et ce n’est qu’après la révolution Française que la chirurgie deviendra une spécialité de la médecine. Quant aux apothicaires ils faisaient partie de la même corporation que les épiciers mais avec une supériorité car depuis l’ordonnance de Louis XII en 1514, « Qui est épicier n’est pas apothicaire, qui est apothicaire est épicier ». Grace aux drogues et poudres comme le tabac qu’il détenait l’apothicaire était considéré comme un notable bourgeois. En 1777 par un décret de Louis XVI, les apothicaires deviennent pharmaciens et obtiennent le monopole de la préparation des remèdes et de la vente des médicaments.
Le chirurgien de village de Pieter Jansz QUAST (1606-1647) école hollandaise au musée des Beaux-Arts de Dôle.
Médecin de campagne soignant le pied d’un vieil homme ; à l’arrière-plan, son assistant prépare une pommade avec un pilon et un mortier. Gravure d’Adolphe POTEMONT (188328–18), d’après David Teniers le Jeune (1610–1690).
Je reproduit l’article de Louis GUIBERT publié dans le Bulletin de la Société Scientifique, Historique et Archéologique de la Corrèze, Tomme XXe, janvier-mars 1898, pages 466-474.
« Un manuscrit provenant, comme tant d’autres, des archives du château de Nexon, et récemment communiqué, avec la plus bienveillante obligeance, à notre ami et collaborateur J.-B. Champeval, répond à ce desideratum
L’auteur du manuscrit en question est un chirurgien-apothicaire, dont une note écrite sur une des feuilles de garde de son manuscrit nous fait connaître le nom et la résidence : « Le presant livre apartien a Monsr Jaque Sazerac, appotiquere a Nexon »
Il a confié à son papier domestique la note des visites ou opérations faites par lui et des médicaments fournis à ses clients, pêle-mêle avec le mémento des événements survenus à son foyer, et des menus détails de la gestion de son petit domaine.
Les indications relatives aux visites, aux maladies ou blessures, aux médicaments administrés, sont peu explicites et peu variées, quoique nombreuses
Des pleurésies, des fièvres, des fractures ou des contusions ; quelques têtes assez sérieusement cassées ; voilà, avec deux accouchements et quelques dents arrachées, le bilan de notre chirurgien. Nous ne sortons pas de l’arsenal le plus élémentaire de la vieille médication : la saignée et le « lavement laxatif » en sont les agents les plus communs ; Sazerac y ajoute volontiers les ventouses, les emplâtres, le « julep cordial », la « potion émulsive », etc. Il a recours, sans beaucoup d’émotion, au trépan et aux plus énergiques procédés de la chirurgie du temps. Dans les cas graves, il n’opère qu’en présence d’un ecclésiastique et de témoins qu’il a bien soin de nommer à son livre. Souvent, il ne fait qu’assister le médecin et exécuter ses prescriptions : nous devons à ce concours la mention du nom de plusieurs médecins de la fin du XVIIème siècle, entr’autres de MM. Gondinet, de Saint-Yrieix ; Borie de Limoges ; de Malevergne, de La Meyze ; Chambon, qui pourrait bien être en résidence à Nexon même, mais dont notre manuscrit n’énonce pas le domicile.
Aucune note historique ; peu de détails autobiographiques : Sazerac nous apprend néanmoins que, marié le 6 août 1675 à Marguerite Desmoulins de Janailhac, il a, vingt et un jours après ses noces, conduit sa femme dans sa maison de Nexon.
Le jeune chirurgien avait, sans doute, fait déjà son apprentissage, mais il n’était pas encore pourvu de ses brevets et licences ; car on le voit partir pour Toulouse au mois d’avril suivant, entrer « en boutique », c’est – à – dire comme garçon, chez M. Maynier, apothicaire, Grand Rue. Il revient chez lui quatorze mois après et s’installe probablement alors d’une façon définitive. En 1691 il perd sa femme, qui lui laisse un fils et une fille ; cette dernière suit de près sa mère. Un an s’est à peine écoulé sur le veuvage du chirurgien, qu’il se remarie avec Catherine Devantière. Il a au moins un fils.
Sazerac vit encore en 1710 ; il semble même qu’on doive lui attribuer deux notes postérieures, dont la plus récente porte la date du 17 décembre 1718 ; mais la suite régulière des notes s’arrête en 1700 et la dernière que nous ayons relevée de cette année est du 22 août. Bien qu’on trouve à ce registre quelques mentions de faits d’une date plus ancienne, il a été certainement commencé à l’époque du mariage de Sazerac, 6 août 1675.
Le manuscrit du chirurgien de Nexon est un petit in-4° carré (190 mm. sur 138), en papier, de 96 pages, défendues par un parchemin doublé de carton. Sur une des feuilles de garde on lit trois couplets, fort effacés, d’une chanson sans intérêt d’ailleurs, où la versification et l’orthographe sont également maltraitées. — Quelques feuillets ont été déchirés
Inutile d’ajouter que le registre a été commencé par les deux bouts.
Louis Guibert. »
Notes pour comprendre le texte de Sazerac :
– Les prix dans l’Ancien Régime étaient calculés en livres, sous et deniers. Une livre vaut 20 sous ou 240 deniers. J’ai indiqué les livres monnaies avec une guillemet « , les sous avec un s et les deniers avec un d.
– L’unité de poids est la livre (489,5 grammes). Elle était divisée en 2 mars de 244,75 grammes. Chaque marc vaut 8 onces de 30, 59 grammes et chaque once était divisée en grains…
Quand Sazerac achète 12 livres de porc à 2 sous la livre cela lui coute 24 sous soit 1 livre et 4 sous.
-L’écriture a évolué en 350 ans ! La femme s’écrit « famme », fille est « fillie », épouser s’écrivait « espouzé », le veau est « velle » … Comment s’écrira le français en2350 ? Entre temps il y aura eu beaucoup de réformes de l’orthographe et on aura oublié le nom de leurs auteurs et les polémiques que ces réformes auront suscité.
Il pratique beaucoup de saignées à 5 sous la saignée et la pose de ventouses. Il ajoute le prix de la journée qui varie en fonction du déplacement. Comme il est apothicaire il fournit les médicaments qui ont été prescrit par les médecins et applique leur traitement comme les lavements.
REGISTRE DE NOTES DOMESTIQUES ET MEMENTO PROFESSIONNEL DE JACQUES SAZERAC, CHIRURGIEN ET APOTHICAIRE A NEXON (6 août 1675 — 22 août 1700) avec quelques notes de 1700 à 1718
« Le presant livre apartien a Monsr Jaque Sazerac, appotiquere a Nexon ».
Le sixsiesme août 1675, j’ay espouzé a Janeliac ma famme, Marguerite Desmoulins, fillie de Jan Desmoulins et Jullie de Combrouze, du lieu des Pras, susdite paroisse. Mr de Combrouze, curé, nous a espouzé. Nota que nostre contra de mariage a esté fait et passé par Mre Jan Glandus, notaire royal, Juge de Janeliac, le 18e juliet 1675. La-dite Jullie de Combrouze me doit rendre la moytiet des fres que je faire pour la despansse de nostre mariage, qu’elle m’a promis verballement.
Pour nostre faitte (sic), j’ay achepté un charge de vin : 9 » ; — plus, de viande de velle : 38″ à 2s : 3 « . 16 s.; — douze livres de porc (?) a 2s. :1″. 4s. ; — deux quartiers de mouton :18s. ; — quatre douzenes de pain : 4″. 16s. ; — plus, de sel, pour 5s. 6d.
Le 8° août 1675, Jan Bariere, du Pouret, a thué une porche dans son blet. Je suis esté a St Priet, faire informer a la requette de ma belle mère, et ay fourni pour les fres de la procédure, 9″.
Plus me doit ma belle mère un setier de segle du 9 aoûts 1675, que j’ay prins a Rongeras, a 2 ». 106. ; plus, de viande de boucher de Nexon, le 10e susdit jour (sic) et an, pour le commun de la maison, pour 17s.
Ay fourny, pour les journées et nouritures de trois focheur de Valette, pour Jullie de Combrouze, 18s, et 12s de vin, au 23 de julliet 1675….
Aujourdhuy, 27e août 1675, ma famme et moy nous sommes retirés a Nexon, ches moy…
Le 14 janvier 1676, j’ay payé au boulanger deux tourtes pour ma belle mère : 12 sols.
Le dix sept apvril 1676, je suis partit de Nexon pour aller avec Père (sic) Bellet, marchant voyturier, a Thoulouse, et y sont arivé le 26. Le 29 apvril 1676, je suis entré en bouptique a Toulousse, ché Mr Maynier, me appre, a la Grand’Rue.
Le 23e juin 1677, je suis arivé de mon voyage de Languedoc a Jeneliac. Le 26 susdit, ma famme s’en est retournée a Nexon, avec mon beu frère et ma seur.
La presante année, j’ay fait focher le prêt de ma belle mère…pour les journées ou nourritures des manœuvres : 5″. 10s.
Le 29 juliet 1686, j’ay mis ma petite a nourise ches Pierre Pouze… Je luy dois payer 35 sol tous les moys.
Le 19 7bre 1690, je suis esté appelé parle vallet de Barlet de Sazerac (aujourd’hui Sazerat) et Martialle Deguilhat, pour aller a Sazerac panser son beu frère François Sazerac, mre talieur d’abis, ou je l’ay trouvé alité avec fiebvre, esmoragie de sang, cauzée par deux grandes playes a la teste : une de la longueur d’un grand demy pied, et l’autre de cinq grand travers de doit, profondant jusques a l’os coronal et pariétal avec trois grandes fractures et embarures des os (on note qu’il n’écrit rien sur les causes de l’accident !).
- 1690. — Mr de la Jaye me doit, pour Jolet, 5 saigniées a bras et une au pied, des moys de 9hre et Xbre : 1″. 5s. : plus, pour luy, une saigniée au bras : 5s. ; pour onguent : 12s.
Previllie, de Pleuvier (Commune de Piegut), mre clotier, me doit, du 12 mars 1691, pour avoir esté voir sa fillie,ma journée : 1’ ; plus a luy ay faict prandre une prinze de confaiction… avec l’oppiate Solomonis (Le Sigillum Salomonis, vulg. Sceau de Salomon (Polygonatum vulgare), est une plante de la famille des Smilacées. « Sa racine est détersive et astringente ; on s’en sert pour les fleurs blanches des femmes, pour purifier le sang étant prise en décoction On attribue à ses bayes la vertu de purger par haut et par bas ». Nicolas Lemery, Traité universel des drogues simples, Paris, 1714) : 6s. Plus luy ay laissé pour luy faire prendre autres trois prinze desdits cardiaques pour trois matins consécutifs : 18s. Plus un emplâtre de gommes (Il est probable qu’il s’agisse ici d’un emplâtre de gomme-gutte. La gomme-gutte, gummigulla, était employée dans l’ancienne médecine « pour purger violemment par haut et par bas les humeurs séreuses et bilieuses » ; on s’en servait pour « l’hydropisie, pour la galle, pour la grosse vérole ». Nicolas Lemery, loc. cit.) préparé pour luy faire distiler les eaux et fluction de ses jambes : 5s. Plus, du 22 mars, une autre journée : 1″. Plus l’ay pansée d’une fistulle, etc
Le 4 may 1691, ma famme Marguerite des Moulins a fait son testemant: et donne vingt livres de messes, paya dans deux ans appres son deces, au Cordelier ; 5″ a la servante ; son prêt a son fils et le boys de La Vayse a sa fillie, en par sa filhe donner 90″ a Jan son frère,lorsqu’elle entrerat en posesion dudit boys, les substituant a moy; et me leigue les droits maternels : ledit testament receut par Mre Léonard Jourde, notaire…
Elle est decedée le samedi au soir, a unze heures, 13e may. Le 14″ dudit a esté inumé son corps dans mes tombes, proche le gran tombeu, ou j’ay faict a Mr Jobert, viquere, une nouvelle fondation de 5″ une foy payé, et une messe anuelle et perpétuelle, le jour de Ste Margueritte.
Le nebou de la Plasa me doit, pour luy, du 20 7bre, une médecine purgative : 1″. 10s.
Aujourdhuy, segond novembre 1691, est decedée ma fillie, Marie Sazerac, et de defuncte ma famme, Marie Desmolins, et esté inhumée dens mestumbeaux dans la grant esglize de Nexon, le mesme soir et an, par Mr Jobert, viquere dudit Nexon.
Le 20 9bre 1691, j’ay donné a sécher nos chatagnies a Pierre ches Catounaud du Plantadis, en nombre de 41 eminals. (L’émine ou éminal est une unité de mesure faisant la moitié d’un setier. Cette mesure était utilisée pour le grain et sa valeur variait d’une commune à l’autre et allait de 150 à 300 litres).
Memoyre du 10e juin 1692, par lequel j’ay passé contract de mariage avec damoyzelle Chaterine de Vantiere, ma famé, au Carts, Reseut par Vergniolle, notaire royal de Nexon.
…Monsieur de la Seyline doit, pour luy, du 4e juin 1693, a la Seyline, une saigniée, outre les trois dernières que je fit ches luy, pour luy, son frère et sa seur, don je reseut deux coupes de blet noir : 15s. Plus, du 5e, un lavement purgatif et compozé : 15s plus le voyage, plus une boutelle emulsion :
15s ; du 6e. pour luy, en compagnie de Mr Borie, médecin, une saigniée et le voyage : 15s ; du mesme soir, par ordre du médecin, un lavement purgatif et le voyage : 1″ ; plus, du 8, un lavement réitéré qu’il n’a volut prendre : 15s. — Reseut troys livres quatre sol.
La seur de Jan de la Leyre doit au 6e jun 1693, une saigniée que j’ay faict ches le couzint Laurant : 5s. — Elle m’a assi[s]té a fener, et l’ay croizée (C’est-à-dire rayé de la liste des débiteurs).
Le 3e août 1693, au raport de Jan (?), vallet de La Margot, elle a recolligé dens la terre de La Vignie soixante treize gerbes ; plus du 4, dans la terre des Couders, soixante et dix huy.
Ledit jour, j’ay faict batre la poincte de ving gerbes, et avet les engrains, j’ay faict vaner cuinq quartes de blet seigle, que j’ay reseut et ay resté compte avec la charget (?) de ma despansse, depuis dimanche au soir, a 31 sols.
Le Grand Peli doit, du 3e de 7bre 1693, une visite pour sa nore (sa bru), avec le sr de Malevergnie, médecin, 10s ; du 5 dudit, pour ladite nore, par ordre du sr médecin, une médecine laxative compozée et le voyage : 2″.
Le 10e 8bre 1693, j’ay vandu les chatagnies de Bomareche 12″ a Jan De Faye l’esné, et trente sol de vin qu’il doit payer.
Le 13 octobre 1693, j’ay vandu les chatagnies de Somier a Jan Fayette, dit le Renard, 1″ 10s.
Le 14 susdit, j’ay vandut les chatagnies de mon boys de Lavaysex a Jan Maziera, mersier, pour 12″ la moytié: il me doit amaser ma part, et mo.y luy payer un sol tous les jours pendant qu’il y seront deux, et 5 sous de paint toutes les sepmenes, réservé les jour de festes et dimanches.
Le 20e 8bre, a esté inumée dens l’esglise de Nexon, sr Simon Lymousy, sr de la Brugere, qui avoit decedé le jour de devant au lieu des Moulins, en qualité de fermier. (Jacques Sazerac nomme dans cette partie de son registre, plusieurs de ses confrères : M. Gondinet, médecin de Saint-Yrieix ; MM. de Malevergne, Borie, Chambon et d’autres) … Léonard, dit Rebiere, a La Brugiere, le 27 janvier 1694. Plus, j’ay esté ches luy le panser le 28, et aporté un pot onguent ; plus du 30, un voyage ; des 2 et 13, deux voyages, ou je luy ay sorti quatre pieses d’os de sa teste, de notable grandeur.
Peyrot, du Plantadis, pour avoir araché une dant a sa filie, du 12 février 94 : 5s.
Le sr de La Juinchere (sic,) me doit, pour Glandus son nepveu, du 21 apvril 1694, pour le fréter d’une pleurisie, un lavement purgatif compozé: 15s.
Plus une saigniée : 5s.
Du mesme jour, la saigniée réitérée et journée : 1″ 5s.
Plus,du 22, l’appliquation des vantouses sur son coté et ma journée : 1″ 10s.
Plus, du 23, une médecine purgative par ordre du sr Malevergnie, médecin de La Meyze, et ma journée : 2’’.
Plus, pour 8 sol de confection hiasaincte (« La racine de la jacinthe est détersive, astringente, agglutinante. Sa semence est apéritive, étant prise en poudre au poids de demi dragme ou d’une dragme » Nicolas Lemery, loc. cit.) pour l’usage de ses boulions : 8S. Plus, pour l’esprit de vitriol (« Le vitriol… est purgatif, il évacue par haut et par bas, si l’on en prend par la bouche depuis douze grains jusqu’à deux scrupules ; il est apéritif et il excite les urines, si l’on en prend douze grains dissous dans quatre livres d’eau commune, comme on prend une eau minérale ; on s’en sert aussi extérieurement en collyre pour les maladies des yeux ». Nicolas Lemery) et poudre (?) dans ses boulion, et pour le sudorifique animal du 24e : 15s.
Plus, pour ma journée : 1’.
Plus, du 30e, une médecine purgative et ma journée : 1’.10s.
Je luy ay aporté pour quinze sol de sucre fin, d’une piesse de trente deux sol 6d….
Le 26e julliet 1693, j’ay été appelle par Marie, fame de Martial Peret, tiserant au vilage d’Excepté, paroysse de Nexon, pour panser son mary, dont elle m’a repondut de me payer. Et j’ay faict insizion crusialle a la tête, en presances de M. Bouté, viquere de Nexon et me Pierre (le nom est resté en blanc) …me lalieur et autres ; ou j’ay trouvé une grande frature de la longeur de demy piet, occupant les os pariétal et coronal, avec enfonsure du test, ou j’ay apliqué le trepant le 27 dudit, en presance du sr Bouté et autres ; ou j’ay enlevé trois esquilies de desus la dure mère, qui estoy enfonsés. — Continué de le panser tous les jours.
Le vingt quatriesme septembre mil six centz nonante quatre, ma fame, Chaterine Devantiere c’et acouchée d’un fils malle, jour de vandredy, a dix heures de soir. Et a esté baptizé en l’eglize de Nexon, le dimanche, 26 dudit, par Mr Morin, viquere de Nexon. A esté son parin Mre Jan de Verneilh, pratisien, et marene, ma seur, Chaterine Sazera. — Dieu le fase sainct !
SAZERAC, peire.
Aujourdhuy, 20 mars 1695, je suis esté avec ma belle seur au Puytren, ches Mr du Gravier.
Le 2e apvril 1695, ma belle seur estant alictée et attainle d’une douleur de cotté avec fièvre continue, a faict donnation entre vif et irevocable a Chaterine de Vantiere, ma fame, reseue par Vergniolle, notaire royal de Nexon. Elle est decedée le 3e apvril 1695, a unze heures du soir, et a esté ensevelie le lundy au soir.
Pour l’année 1697, je suis talié (c’est-à-dire porté au rôle de la taille) de grande talie : 2″ 9E; pour l’ustansille : 1’ 5s; 2″ pour la capitation. J’ay payé a Jan Bonnet, talieur de Nexon, qui fait la levée, 4’ et 8 sol de despans. Apres, son fils m’a faict exsecuter pour le reste ; et a pris deux grand plat et deux escuelles d’estain.
Aujourdhuy 22me aouts 1700, j’ay achepté de Monsieur de Nexon son cheval d’Aras, le boyteux, la somme de soixante livres, que a luy doit payer dens un ant.
Sazerac