Archives de catégorie : cimetière et sépultures

Le 17 aout 1944, 28 jeunes maquisards sont massacrés par les soldats allemands entre Moissac et Jourgnac. Les 5 jeunes massacrés à le Chaume verte sur la commune de Jourgnac ont reçu un vibrant hommage à Nexon et l’un d’eux y a été inhumé.

C’est de ces cinq jeunes dont je parlerai plus particulièrement à l’occasion de l’hommage patriotique qui leur a été rendu à Nexon le 19 aout 1944 et le 18 aout 2024 à Jourgnac pour le 80ème anniversaire de ce triste évènement.

Replaçons cette journée du 17 aout 1944 dans le contexte de l’époque. Depuis le débarquement réussi du 6 juin 1944 en Normandie, le rapport des forces entre les Allemands et les Alliés a progressivement changé. Un nombre de plus en plus important de jeunes s’engagent dans la résistance. Les parachutages sont plus nombreux qui apportent à chaque fois des armes, des munitions, des postes de radio … et même de l’argent. En même temps le commandement des maquis va s’unifier. En Haute-Vienne le 25 juin 1944 Georges GUINGOUIN est nommé à la tête des maquis FTP et le 15 aout 1944 il devient chef de tous les maquisards de la Haute-Vienne sous la bannière des FFI.

Le Colonnel G. GUINGOUIN

Dès le début du mois d’août la décision est prise d’encercler la ville de Limoges. Les allemands ne contrôlent plus qu’une zone de 10 km autour d’elle. A partir du 12 août 1944 alors que les premiers signes d’un départ imminent des troupes allemandes et de leurs collaborateurs se précisaient, plusieurs maquis de la Haute-Vienne sur ordre du commandant départemental des FTP, Georges GUINGOUIN, vinrent s’établir autour de Limoges. La libération de la ville semblant proche.

Ces maquis s’installèrent à partir de la nuit du 13 au 14 août, dans les communes périphériques de Limoges, répartis en quatre secteurs : A pour l’est ; B pour le Sud avec deux bataillons de 900 hommes sous les ordres du commandant NELSON et la mission de bloquer les routes nationales 20 et 21 vers Toulouse ; C pour l’ouest avec quatre bataillons de 2050 hommes dirigés par le commandant BERNARD avec mission de contrôler la route d’Angoulême et le secteur C,  au Nord, avec trois bataillons de 1500 hommes pour contrôler les axes de Paris et Poitiers.

Les événement du 17 août 1944

Le 15 août, la 2408ème compagnie FTP placée sous les ordres du lieutenant Robert MARTY, alias Nitchevo, quitte Gorre en camion pour rejoindre Solignac, au sud de Limoges. Pendant la nuit l’un des groupes gagna le secteur du château de Plaisance sur la commune de Feytiat où il prit position.

Le 15 août 1944, au soir, une colonne d’Allemands passe au lieu-dit « Plaisance» de Moissac, commune de Feytiat, sur la route de Limoges à Saint-Yrieix. De nombreux consommateurs sont au café au moment où les  Allemands s’y arrêtent à la recherche du maquis. Les clients partent et la famille du patron, M. FAYE, est interrogée par les militaires. Devant la porte se trouve un vélo sur lequel un drapeau tricolore est peint sur le cadre. Les Allemands interrogent la famille pour savoir où se trouvent les résistants. Les allemands déploient une carte et indiquent les points où sont susceptibles de se trouver les maquisards. Mais le patron, Monsieur FAYE, affirme qu’il n’y a pas de maquis dans le coin. Les Allemands consomment, leur chef, un jeune officier S.S. entraîne ses hommes dans des chants et des danses puis ils quittent le café, sans payer leurs consommations. La famille FAYE est soulagée et pense avoir protégé les maquisards cachés dans les environs.

Deux jours plus tard, le 17 août, dans la matinée, un convoi allemand, composé de trois blindés escortés de chenillettes et d’automitrailleuses appartenant au 19ème Régiment de police SS, se dirige vers le sud en direction de Saint-Yrieix-la-Perche par la D 704.

 I -Feytiat-Solignac-Le Vigen

Des hommes de la 2408e compagnie FTP sont postés entre Feytiat et le Vigen à proximité de Bon-Abri, Plaisance et Moissaguet. Lucien MAILLARD, de son vrai nom Joseph-Louis LE POUPON, est à la tête d’un groupe de huit maquisards qui a pris position pour faire barrage aux troupes qui prendraient la route de Saint Yrieix. Ils sont chacun à son poste derrière les chênes, dans l’allée en face du château de Plaisance. Mais contrairement à l’ordre donné, lorsque le convoi allemand arrive à la hauteur de l’allée de chêne, l’un des maquisards ouvre le feu sur le dernier blindé. Le convoi stoppe, les soldats jaillissent des véhicules, ouvrent le feu. Sept maquisards sont abattus. Ils sont affreusement mutilés, ventres ouverts à la baïonnette, têtes écrasées. Tout leur sang s’est répandu sur la chaussée. Louis BUISSON, blessé, fut achevé, puis dépouillé de ses vêtements, de ses chaussures et de son portefeuille. Un seul, Louis CHAUPRADE, réussira à prendre la fuite.

Une quarantaine d’Allemands fouillent les environs, notamment le château de Monsieur de LA MOYNERIE, baïonnette au canon. Pendant ce temps un camion muni d’un drapeau blanc vient chercher les corps des victimes qui seront amenés dans une chapelle ardente installée à Boisseuil.

Une stèle érigée sur la D 704 à hauteur de Moissac comporte 6 noms. Ils ont entre 19 et 32 ans et seulement deux d’entre eux sont originaires de la Haute-Vienne.

Les six dont les noms sont gravés sur la stèle Feytiat-Plaisance :

  • BUISSON Louis, né le 31 mars 1922 à Dournazac (Haute-Vienne), cultivateur,
  • DESBORDES Jacques né le 28 avril 1922 à Angoulême (Charente),
  • DEVAUD Léon né le 25 juillet 1925 à Les Cars (Haute-Vienne), cultivateur,
  • LE POUPON Joseph né le 29 avril 1912 à Gourin (Morbihan), 32 ans, charpentier,
  • LIBOUTET Victorien né le 18 février 1923 à Mainfonds (Charente),
  • RENNER Lucien né le 3 octobre 1922 à Strasbourg (Bas-Rhin).  

Quelques centaines de mètres plus loin, au Bon Abri, de nouveaux maquisards vont être abattus. Parmi eux, Aimé PATAUD dit « Tarzan », âgé de 16 ans. Jean DELAGE qui n’était pas maquisard mais employé de la SNCF fut grièvement blessé par un éclat d’obus allemand. Transporté à l’hôpital de Limoges, il y décéda le 20 août 1944 à 23 heures. Les massacres vont se poursuivre sur la route 704 le long de laquelle ont été postés des maquisards, sans expérience militaire et dotés de simples fusils ou de mitraillettes face aux canons et aux mitrailleuses des allemands.

La stèle élevée au Mas-du-Puy commune du Vigen comporte huit noms. Le plus jeune a 16 ans et le plus âgé 31 ans.  Bien que non maquisard le nom de Jean DELAGE a été inscrit parmi les victimes. On ne trouve pas d’information sur les bases de données en ligne pour trois d’entre eux, sans doute parce qu’il y a eu des erreurs dans la transcription des noms.

Les huit noms inscrits sur la stèle de Puy Mery située sur le côté gauche de la route D 7004 en venant de Limoges dans la descente avant l’embranchement de la route menant au parc zoologie du Reynou :

  • Jacques BARRAGE 18 ans,
  • René BUGEAUD né le 30 juin 1917 à Saint-Yrieix-la-Perche (Haute-Vienne), 27 ans,
  • Jean DELAGE né le 30 janvier 1913 à Flavignac (Haute-Vienne), cantonnier SNCF, 31 ans,
  • Lucien MEILHARD,
  • Aimé PATAUD dit « Tarzan » né le 19 septembre 1928 à Chalus (Haute-Vienne), 16 ans,
  • Marcel THOMAS né le 16 novembre 1921 à Flavignac (Haute-Vienne), 22 ans, cultivateur,
  • Aimé VALADE dit « Nénou » né le 10 septembre 1925 à Bussière-Galant (Haute-Vienne), 18 ans, cultivateur,
  • Pierre CUISINIER, alias Georges, né le 25 février 1923 à Rochechouart,  21 ans.
Bulletin des Amis du musée de la résistance de Limoges n°89-2012

II- Jourgnac – La Chaume Verte

Un groupe de maquisards appartenant à la 2449ème compagnie FTPF (sous-secteur B) avait été placé en position défensive au lieu-dit La Chaume-Verte sur la commune de Jourgnac afin d’assurer la protection du poste de commandement du bataillon FTPF établi à Boissac sur la commune voisine du Vigen attenante à celle de Jourgnac.

Au cours de l’après-midi, l’unité allemande change de direction et quitte la D 704  à Saint Maurice les Brousses. Elle part vers l’Ouest et se dirige vers Jourgnac d’où elle rejoindra Séreilhac. Vers 17h30 la tête de la colonne arrive à la hauteur de La Chaume Verte, à moins d’un kilomètre de Jourgnac. Un groupe de FTP qui traversait à découvert un pré  en contre-bas de la route est surpris par cette arrivée des allemands. Ils n’ont pas le temps de se mettre à l’abris et malgré le courage de Fernand DUDOGNON qui, bien que blessé, continue à tirer avec son fusil mitrailleur jusqu’à l’épuisement de ses munitions, les cinq camarades sont tués. La colonne continue sa route et les corps restent exposés dans le pré.

Ce n’est que le soir que des paysans qui participaient à une batteuse dans le bourg de Jourgnac sont allés les chercher. Les corps étaient mutilés, les yeux crevés, les membres cassés (récit de Denise BONNET à partir de ce que son père lui a raconté). Ils ont été mis dans une charrette et conduits à l’église ou le curé, Pierre ROUGERIE les a accueillis. Les corps étaient tellement mutilés qu’il n’a pas été possible de les identifier. Pour rédiger le certificat de décès le maire les a désignés par la couleur de leurs cheveux, leur taille … et leur surnom de maquisard. Leur véritable nom a été transcrit sur le registre de l’Etat Civil après un jugement du Tribunal d’Instance de Limoges rendu le deux mai 1946.

Deux jours plus tard, malgré la proximité des troupes allemandes, un hommage patriotique fut organisé à Nexon en présence de plusieurs centaines de personnes et de contingents de maquisards. Un ordre de Mission est signé par AMAT Charles, Commandant de la 2453e Cie FTP-FFI bassée à Marval ( Monfréboeuf), en place pour la libération de Limoges. Il ordonne au soldat CHAMBON d’aller à Jourgnac en camion afin de ramener les cinq corps à Nexon pour leur inhumation.

A Nexon, les cinq cercueils sont alignés devant la mairie, à droite des escaliers. Cinq couronnes mortuaires ont  été confectionnées. Deux sont déjà dans les mains de ceux qui vont les porter, les trois autres sont encore sur la terrasse. A gauche une section de maquisards est alignée, derrière eux les enfants des écoles et les pompiers de Nexon dont on aperçoit le drapeau en bas à gauche de la photo. En face les familles et les amis. Entre les deux un camion gazogène attend que les cercueils soient chargés pour les amener au cimetière où ils seront inhumés. De l’autre côté de la route une foule nombreuse regarde.

Le cortège va se mettre en marche. Les enfants des écoles s’avancent en rang et se dirige vers le cimetière.

Le cortège avance, six maquisards sont de part et d’autre du camion qui est suivi par la section de 24 maquisards en arme. Derrière eux les pompiers de Nexon puis les les familles…Les corps furent inhumés provisoirement au cimetière de Nexon.

Le 8 septembre 1944, une nouvelle cérémonie eut lieu au cimetière de Louyat à Limoges à l’occasion du transfert des corps des deux inséparables camarades, Maurice BOISSARD et Lucien COURTIAUD.

Transfert des corps de Lucien COURTIAUD et Maurice BOISSARD à Louyat

Fernand DUDOGNON a été inhumé dans le vieux cimetière de Bussière-Galant, et Roger SAMUEL à Pageas puis transféré à la nécropole de Chasseneuil/Bonnieure.

Le Populaire 28 aout 1944

Seul Raymond LAPOUGE est resté à Nexon.

Au total les combats du 17 août entraînèrent la mort de 28 résistants FTP.

Bien que les allemands n’aient pas subis de pertes ils constatent que la résistance est solidement implantée et ils rentrent à Limoges. Dans le même temps les miliciens organisent leur départ faisant perdre à la garnison de Limoges une partie non négligeable de ses forces. Tout est prêt pour que les FFI qui encerclent la ville la fasse tomber. Elle le fera le 21 août 1944.

La stèle érrigée sur les lieux du massacre

Au début de l’année 1945 une stèle a été érigée sur les lieux du massacre, au bord du CD 11, au lieux dit la Chaume Verte, par M. REDON le maire de Jourgnac élu après la Libération. Elle a été inaugurée au printemps par le préfet Jean CHAINTRON.

Les cinq noms ne sont pas dans l’ordre alphabétique :

Fernand DUDOGNON né le 21 mars 1923 à Bussière-Galant (Haute-Vienne), 21 ans,

Maurice BOISSARD né le 30 mars 1924 à Limoges (Haute-Vienne), 20 ans, employé de banque,

Lucien COURTIAUD né le 14 février 1925 à Limoges (Haute-Vienne), 19 ans, étudiant,

Raymond LAPOUGE né le 3 mars 1910 à Angoulême (Charente), 34 ans,

Roger SAMUEL né le 29 octobre 1923 à Magnac-Laval (Haute-Vienne), 20 ans, ouvrier agricole.

Une importante commémorationa eu lieu pour les 50 ans du massacre avec la participation des familles des cinq victimes :

Pour commemorer les 80 ans de ce massacres une première cérémonie a eu lieu le 12 avril 2024. Les enfants de l’école de Jourgnac ont planté un chêne pour rapeller la mémoire du massacre.

Le chêne de la Mémoire

Le dimanche 18 aout 2024 une belle cérémonie eu lieu devant la stèle.

La plaque du « Chêne du souvenir a été dévoilée.Un hommage émouvant a été rendu par Lucien COURTIAUD, neveu qui porte leprénom de son oncle afin de perpétuer sa mémoire. Le proviseur du lycée Turgot était présent pour rappeler le sacrifice des deux amis, Lucien et Maurice, inséparables camarades étudiants dans ce lycée.

Raymond LAPOUGE le seul des cinq victimes a etre resté inhumé à Nexon

Raymond LAPOUGE avait 34 ans. Il avait 4 enfants et son épouse était enceinte d’un cinquième.

Raymond LAPOUGE

Au moment de son inhumation il n’avait pas encore été officiellement identifié. Sa reconnaissance par jugement a été transcrite sur le régistre des décès ou il était décrit par un signalement approximatif, le 24 septembre 1946.

Extrait du régistre de l’Etat Civil de la mairie de Jourgnac
Transcription du jugement du Tribunal Civil de Première Instance de Limoges

Sa tombe est demeurée longtemps abandonnée. Il semble cependant qu’une personne agée de Nexon venait assez régulièrement y déposer des fleurs.

Mais grace au travail effectué par Josette DUGOT et son époux Jean Claude, alors membres du Souvenir Français, les membres de la famille de Raymond LAPOUGE ont été retrouvés. Sa fille, née en novembre 1944, à peine trois mois après le décès de son père ne venait pas sur la tombe de son père. En effet le second mari de sa mère ne désirait pas que son épouse aille se receuillir à Nexon sur la tombe de son défunt mari.

La fille de Raymond LAPOUGE a permis que le corp de son père soit relevé et la tombe rénovée par le Secour Populaire. Au cours de cette opération la dépouille a été reconnue par la famille grace à la trace d’une ancienne fracture connue d’eux.

La tombe a été refaite et porte la cocarde du Souvenir Français

En 1994, pour les 50 ans du massacre, une cérémonie a été organisée à Nexon avec sa veuve entourée de ses enfants et petits enfants.

Mes remerciements à mon camarade Lucien COURTIAUD, Chirurgien dentiste honoraire, Colonel Honoraire qui m’a fourni de nombreux documents et aux anciens de Souvenir Français de Nexon.

Quand l’ancien cimetière se rappelle au bon souvenir des nexonnais à l’occasion de travaux …

M. et Mme CAUQUIL ayant acheté le garage attenant à l’ancien café de la poste pour le transformer en cabinet d’infirmière commencèrent à y réaliser des travaux au mois de novembre 2021. Après quelques coups de pioche pour refaire le sol des ossements apparaissent. M. CAUQUIL pense qu’il s’agit d’animaux qui auraient été enterrés par les vétérinaires. Mais l’œil d’une infirmière ne pouvait pas confondre des os d’animaux avec des os humains. Quand un fémur fut déterré il ne pouvait plus y avoir de doutes , il s’agissait bien d’ossements humains.

Le reflexe de Mme CAUQUIL a été de prévenir la gendarmerie de cette découverte. Les recherches ont consisté à savoir s’il n’y avait pas une disparition, un meurtre non élucidé à Nexon dans le passé.

Les gendarmes ont immédiatement déposés des scellés sur la porte de local interdisant toute entrée jusqu’à l’élucidation de l’origine des ces ossements.

Ayant appris qu’il y avait eu un ancien cimetière dans cette zone, l’adjudant chargé de l’enquête à la gendarmerie de Saint Yrieix m’a contacté afin que je lui communique les documents relatifs à ce cimetière.

Après quelques semaines de recherches la gendarmerie a conclu que les ossements provenaient bien de l’ancien cimetière. Les scellés ont été retirés et Mme CAUQUIL a pu continuer les travaux de création de son cabinet de soins infirmiers.

Le futur cabinet de soins infirmiers en avril 2022

Où se trouvait l’ancien cimetière ?

En 1651, les inhumations se faisaient à Nexon dans deux cimetières à la fois. Le plus ancien entourait en partie l’église et forme aujourd’hui la place qui s’étend jusqu’au portail du château. Le second, plus récent, occupait l’emplacement de l’ancien Champ de Foire, aujourd’hui place de la République, et fut utilisé jusqu’à la fin de 1817.

Le cimetière qui autours de l’église fut abandonné vers 1680 et il n’y eu alors qu’un seul cimetière, plus grand que le premier. Son emplacement était bizarrement choisi, sur un sol rocheux en forte déclivité ce qui facilitait le ravinement des eaux pluviales. Il fut assez vite entouré d’habitations si bien qu’à la fin du XVIIIe siècle il se trouvait à peu près au centre du bourg. Les registres municipaux de cette époque relatent à plusieurs reprises les inconvénients résultant de la présence de ce lieu de sépulture sur ce terrain et en cet endroit.

Ils signalent que les tombes se trouvaient presque à fleur de terre et que les chiens et les pourceaux y déterraient parfois les cadavres, « quelques précautions que l’on ait prises ». Il était cependant clôturé « de murs d’une hauteur suffisante » et deux portes y donnaient accès, l’une dite « supérieure » et l’autre « inférieure ». De gros noyers l’ombrageaient de leurs rameaux. A l’intérieur se trouvait une Chapelle dédiée à Saint Léonard dont l’existence nous est révélée par un acte de 1652 : « le troisième d’avril mil six cent cinquante deux est decede en la Communion de nostre mère la Ste Esglise Jacques marginier âge de cinquante ans et fust ensevely dans nostre Cymetiére proche la Chapelle de St-Léonard confefsé et communié par moi soubsigné. F. Tarade pbre vicaire a Nexon ».

La question de son transfert a été posée en 1807, sous le Premier Empire. Le 20 octobre 1807, lors d’une séance extraordinaire, le Conseil fut saisi de plusieurs plaintes de particuliers et examina la question du déplacement du cimetière. Il délibéra sur les questions suivantes :

1°Acceptation de la proposition faite par Gabriel THOMAS, adjoint, de fournir un local en ce quoi on lui laisse une petite portion de cimetière à côté de son jardin ?

2°Laissera-t-on pour une place de foirail l’emplacement de l’ancien cimetière, déduction faite de l’échange THOMAS ?

3°Quel est l’emplacement le moins coûteux et en même temps le plus commode pour un nouveau cimetière afin d’atteindre le but proposé ?

4°Le terrain proposé par TARRADE remplit il le vœu de la 3éme question ?

5°Quels sont les moyens à prendre pour trouver les fonds nécessaires aux fins de la clôture du nouveau cimetière ?

Les premières, secondes et quatrièmes questions ont été adoptées à l’unanimité. Quant à la proposition TARRADE, après une longue discussion, l’échange est accepté avec une délimitation très précise. Quant à la 5éme question (financement) le Conseil décide de vendre les noyers se trouvant dans le cimetière actuel et dans le jardin de la cure et, pour le surplus, imposer tous les contribuables au marc le franc. Le surplus de l’ancien cimetière serait transformé en foirail.

Le 15 décembre 1807, le Conseil délibère à nouveau sur le changement du cimetière et fait connaître à Monsieur le Préfet : 1° que l’ancien cimetière se trouvant placé presque au milieu du bourg entouré d’ailleurs des maisons d’habitation pourrait dans les chaleurs excessives corrompre l’air et occasionner une épidémie ? 2° qu’il est incommode pour les habitants du bourg en ce que l’espace qu’il renferme gène  considérablement leur sortie ce qui fait qu’on a vu de temps en temps quelques cadavres exhumés par des cochons, quelques précautions qu’on ait pu prendre; 3° que les particuliers les plus près ayant senti pendant l’été quelques odeurs infectes, on a entendu de temps en temps des plaintes; 4° que sa position est nettement contraire à la loi; 5° que le nouveau local choisi par la commune doit ne présenter aucun des inconvénients, ne peut en aucune façon nuire à la salubrité de l’air, étant placé à 112 mètres de la maison la plus près ; 6° qu’à la vérité ce nouveau local présenterait une distance un peu plus longue pour certains villages, mais que cet inconvénient, si cela en est un, ne saurait être mis en parallèle avec les dangers qui pourraient résulter de l’insalubrité de l’air si le changement réclamé par le Conseil n’avait pas lieu.

Le terrain proposé par TARRADE était éloigné du bourg mais il fallu plusieurs années de discussions avant que le projet avance.

Le 27 mai 1812 le Maire désigne le sieur Antoine GUYOT du village du Brouillet, expert de la commune pour procéder à la délimitation de nouveau cimetière, à l’estimation du terrain et au coût du mur de clôture. Il nomme les sieurs François LIMOUSIN et François TARRADE officier de santé pour voir si la parcelle acquise peut bien servir de cimetière et s’il se trouve bien à la distance requise et ne cause aucun inconvénient aux voisins.

Enfin le 10 janvier 1813 le Conseil Municipal valide toutes les opérations relatives au nouveau cimetière et décide son aménagement. Il en demande l’autorisation au gouvernement.

Par un décret du 11 novembre 1813, Napoléon autorise le maire de Nexon à échanger avec le sieur TARRADE le cimetière actuel d’une superficie de cinq ares soixante centiares estimé à trois cent francs contre un terrain de cinquante ares et cinquante centiares estimé à quatre cent francs. Le décret autorise la commune à augmenter les impôts pour couvrir les frais et elle ne pourra commencer les travaux que lorsque le devis sera approuvé par le ministre de l’Intérieur.

Afin de réaliser le transfert dans les meilleurs délais, la commune a fait réaliser un devis par Laurent GUILLAT, maitre maçon à Bosmarèche, commune de Nexon. Le montant s’élève à 1 222 francs. La délibération du Conseil de Fabrique et du maire a été enregistrée à la mairie le 8 novembre 1814 et approuvée par le préfet de la Haute-Vienne le 13 janvier 1815.

Dans cette délibération le conseil constate que le devis estimatif et descriptif de la clôture du nouveau cimetière coûtera 1 222 francs mais que la vente des noyers de l’ancien cimetière n’a produit qu’une somme de 480 francs. Il demande à l’Empereur de prendre en charge la différence, la commune étant déjà trop imposée.

Le 15 Mai 1818 le Conseil décide la restitution des pierres de taille provenant de l’ancien cimetière, pierres que diverses personnes se sont appropriées. Il autorise GIZARDIN à faire toutes poursuites contre les délinquants.

Sur le plan cadastral de 1823 la rue Victor Hugo n’existe pas encore, je l’ai tracée au Stabilo orange. La parcelle n° 11est notée « du cimetière » et est une terre, la n°12 est notée place « aux habitants propriétaires de la commune » ainsi que la n° 13 qui est « la cure » et la n° 14 qui est la petite chapelle qui se trouvait en haut du cimetière.

La croix verte marque marque l’emplacement du cabinet infirmierCadastre napoléonien 1817 – ADHV
Tableau indicatif des propriétaires, des propriétés foncières … Cadastre napoléonien 1823 – ADHH

Ainsi il arrive que le passé se rappelle à nous.. C’est une belle occasion pour le faire revivre.

Sépultures et cimetières hier et aujourd’hui : II- les sépultures en propriété privée

L’inhumation dans une propriété privée est exceptionnelle mais elle est possible. Elle est autorisée par le préfet du département où est située cette propriété sur attestation que les formalités prescrites par l’article R. 2213-17 du Code Général des Collectivités territoriales (constat du décès par l’officier d’état civil) et aux articles 78 et suivants du code civil (relatifs à l’acte de décès) ont été accomplies et après avis d’un hydrogéologue agréé. Il faut que la propriété soit hors de l’enceinte des villes et des bourgs et à la distance d’au moins 35 mètres.

Sauf modification notable du site et de ses environs, si plusieurs inhumations ont lieu sur le même terrain privé, l’administration considère qu’il n’est point besoin de solliciter un avis pour chacune d’elles, le premier avis étant suffisant.

A Nexon les seules inhumations sur terrain privé au cours des dernières décennies ont été effectuées dans la Chapelle de la famille de Nexon située dans le parc du château.

La chapelle dans le parc du château sous le soleil de juillet  

La Chapelle avant sa rénovation

CHAPELLE DU PARC DU CHÂTEAU DE NEXON

SÉPULTURE DE LA FAMILLE DE GAY DE NEXON

 

– Baronne Jean-Baptiste de GAY de NEXON, née Anne de VEYRINAS (1736 – 1806)

– Baron Jean Baptiste Ferréol de GAY de NEXON Dit Monsieur de Campagne (1761 – 1844)

– Baron François Alexis de GAY de NEXON Chevalier de Saint Louis (1769-1837)

– Général Marquis Félix de NARP, Maréchal de camp près l’armée Belge (1786- 1844)

– Abbé Luc de GAY de NEXON, Grand Vicaire d`Oloron (1754 – 1846)

– Marie Clotilde de GAY de NEXON (1849- 1849)

– Comte Maurice de NARP (1824 – 1851)

– Marquise Félix de NARP, Née Alix Zoé de ROUVROY (1796 1851)

– Baronne François Alexis de GAY de NEXON, née Amable de BERMONDET de CROMIERES (1780-1858)

– Baron Astolphe Hippolyte de GAY de NEXON (1817 – 1876)

– Baronne Astolphe de GAY de NEXON, née Alix Clothilde de NARP (1828 – 1881)

– Baron Félix de GAY de NEXON (1850 – 1909)

– Baron Armand de GAY de NEXON (1847 – 1912)

– Baron Auguste de GAY de NEXON (1853- 1932)

– Baronne Armand de GAY de NEXON, née Marie-Antoinette de MONTBRON (1873- 1933)

– Baronne Auguste de GAY de NEXON, née Gertrude RICARDO (1863 – 1941)

– Baronne Maurice de GAY de NEXON, née Adrienne CHANEL (1882 – 1956)

– Mademoiselle Thérèse de GAY de NEXON (1890 – 1961)

– Baron Maurice de GAY de NEXON (1884 – 1967)

– Baron Robert de GAY de NEXON (1892 – 1967)

– Baron Georges de GAY de NEXON (1900 – 1973)

– Baronne Georges de GAY de NEXON, née Anne Renée CESBRON-LAVAU (1902 – 2005)

– Madame Lieselotte DIELS, née DRABA (1919 – 2013)