En France c’est Philippe Auguste qui en 1184 fut le premier roi à vouloir régler le problème de l’amoncellement des ordures et des boues dans Paris. Pour lutter contre la puanteur qui l’incommodait il ordonna le pavage des rues de Paris ainsi plus facile à nettoyer. Après lui tous les rois ont eu le soucis de faire « enlever boues et immondices des chaussées » mais les habitants rechignaient à faire ce travail.
Les quelques médecins qui pensent que les immondices jouent un rôle dans les épidémies comme celles de la peste ou du choléra ne sont pas écoutés. Il faut attendre 1506 pour que Louis XII décide la création d’un service d’enlèvement des boues de la capitale, ce service étant financé par une taxe. Les habitants n’ont plus la charge d’enlever leurs boues (c’était le nom alors donné aux ordures), les « boueux » allaient s’en occuper. Mais devant l’impopularité de la taxe l’ordonnance de 1506 ne fut pas appliquée. Les excréments sont toujours jetés dans les rues qui ne sont pas toutes pavées et il y a toujours beaucoup de boues puantes que les agriculteurs utilisent pour fertiliser leurs champs…
En 1515 François Ier reprend l’idée de son prédécesseur et demande aux parisiens de déposer leurs ordures dans des paniers qui seront ensuite enlevés par les boueux. Il demande également aux riverains de balayer devant leurs maisons avant le passage des tombereaux de ramassage, ancêtre du camion poubelle. Il exige également que les poules et les porcs ne soient plus élevées dans les villes.
Ainsi au fil du temps le ramassage des ordures est devenu un métier. Leur nom a souvent changé. Au XIIIème siècle c’était les loquetier, pattier, drillier, chiffonnier…, tous ces noms provenant du nom des étoffes usagées qui étaient ramassées : loques, pattes, drilles, chiffes… Au départ le chiffonnier collectait principalement des chiffons, mais peu à peu, il s’est mis à récupérer également des os, des vieux papiers, des métaux, des cuirs, des peaux, des cheveux. Le chiffonnier est souvent considéré comme le premier recycleur, car les matières récoltées sont transformées en de nouveaux objets.
Un pas décisif est franchi avec le nouveau préfet de la Seine. Eugène POUBELLE, à peine nommé, signe le 24 novembre 1883 un arrêté imposant aux propriétaires d’immeubles de fournir à leurs locataires des boîtes, munies de couvercles, pour recueillir les ordures ménagères. Les concierges doivent sortir ces boites quinze minutes avant le passage des tombereaux et les rentrer une fois la collecte terminée.
Ce texte est mal accueillis par tous, surtout les chiffonniers,car ils ne peuvent plus fouiller dans les tas de déchets. Aussi le texte est révisé et les boîtes à ordures peuvent être sorties le soir laissant ainsi aux chiffonniers le temps de les fouiller avant le passage des tombereaux.
Les boîtes à ordures mettront du temps à entrer dans les mœurs et finalement elles prendront le nom de leur inventeur et les boites à ordure deviendront des poubelles.
Limoges a connue les mêmes déboires que Paris et donne l’image d’une ville sale. Les habitants déposes les immondices et les ordures dans la rue. Aussi, le 25 août 1908, le Conseil municipal adopte un arrêté obligeant les résidents à utiliser les boîtes à ordures qui seront installées dans chaque rue et qui porteront le numéro de la maison. Mais cet arrêté n’est pas respecté, les habitants utilisent des boites non réglementaires.
L’appel d’offre qui est lancé en 1912 a pour but d’organiser un nettoyage efficace. L’entreprise FARGEAUDOU qui est adjudicataire du marché de ramassage des boues et immondices ne dispose que des deux-tiers des attelages préconisés dans le cahier des charges (14 au lieu de 20 à 25). Les chevaux sont maigres et souvent blessés par les harnais, la moitié des tombereaux ne sont pas étanches et fuient… Le Maire reçoit de nombreuses plaintes mais M. FARGEAUDOU accuse les tramways départementaux de salir les rues…
Il aura fallu attendre près d’un siècle entre l’invention de la poubelle et la mise en place d’une véritable collecte et de lieux de stockage des déchets. En effet c’est la loi du 15 juillet 1975 qui confie aux collectivités locales la responsabilité d’organiser la collecte des déchets ainsi que leur traitement ou leur stockage dans un lieu agréé.
Comment les choses se sont passées à Nexon ?
A Nexon, comme partout en France dans les bourgs les gens déposaient devant leur porte tout ce qui les encombrait et à la campagne c’était mis dans un ravin, dans un taillis ou sur le tas de fumier. Si un conflit surgissait entre voisins c’était le maire qui était sollicité pour le régler.
Ainsi le 27 du mois de Mai 1790, le Maire étant absent, se présenta par devant les sieurs Annet TARRADE et Pierre SAZERAT, Officiers Municipaux, le sieur Jean Baptiste DUVERNEILH, notaire royal, habitant le bourg de Nexon, lequel a dit qu’il possédait au-devant de la Place Publique, une maison avec jardin entourée d’une muraille joignant un chemin public qui partait de la Place publique pour aller en Cornedie. Or un sieur GUYOT Laboine, huissier, était également propriétaire de l’autre côté du chemin. Le sieur DUVERNEILH exposa que GUYOT s’était approprié la moitié du chemin public et qu’en outre il avait déposé des tas de bois, de matériaux et du fumier. Il requit que la Municipalité fasse rétablir les lieux et condamner le sieur GUYOT à 30 francs de dommages intérêts pour les pauvres de la paroisse. A 14 heures le même jour, les Officiers Municipaux disponibles se transportèrent sur les lieux et dressèrent un procès-verbal constatant les litiges et entendirent contradictoirement les deux parties qui s’accusèrent de faussetés et qui requirent que lesdits officiers mesurent la longueur et la largeur du chemin, ce qui fut fait séance tenante. On ne retrouve pas trace de la décision rendue.
Le 13 mai 1813 le Maire prend un arrêté contre les sieurs Martial LIMOUSIN et Annet LELONG qui journellement se lancent des injures et en viennent à des voies de faits et encombrent de matériaux une partie de la voie publique qu’ils revendiquent. Par ces arrêtés il met en demeure les susdits de nettoyer et enlever à leurs frais tous matériaux, pierres, troncs d’arbre, bois, branches, fumier etc. qu’ils déposent ou ont déposé sur une partie de la voie publique, et leur fait défense d’en déposer à l’avenir, sous peine de poursuites devant les tribunaux de police.
Le 13 mars 1834 le conseil engage des poursuites contre SIRIEIX, aubergiste, et RICHARD, tailleur d’habits, qui se sont accaparé des terrains appartenant à la commune. Il désigne trois de ses membres pour surveiller tous nouveaux empiétements et ordonne l’enlèvement de tous fumiers, terreaux, immondices, bois et matériaux qui seraient déposés sur la voie publique.
Le 12 novembre 1854, le maire publie un arrêté interdisant de faire » tout dépôt ou amas de fumier, bois, immondices, pailles, feuilles, litières, décombres ou autres objets nuisibles à la salubrité publique dans les rues, places, chemins et autres voies publiques »(article 1). sans doute parce qu’il était mal appliqué il a été remis en vigueur en 1885.
En septembre 1911 un appel d’offre est lancé pour l’adjudication aux enchères publiques le 26 novembre 1911 pour un bail de 5 ans afin de ramasser les « balayures et autres immondices réunis en petits tas par les cantonniers et les habitants des rues et places de Nexon ».
Le 15 décembre 1956 le conseil municipal a décidé l’achat d’un camion pour le ramassage des ordures ménagères.
Les ferrailles, chiffons, peaux de lapins étaient récupérées par deux professionnels : un artisan, M. SAUVE et l’entreprise de M. MATHIEU dont le dépôt était à la ferme du Moulin Barlet, puis dans le quartier des Garennes dans ce qui est aujourd’hui la partie à deux niveaux de l’Espace Rousseau. La rampe d’accès à l’étage pouvait supporter le passage de camions de 20 tonnes de poids total.
Le père SAUVE était connu dans toute la campagne, les enfants l’appelaient « peaux de lapin », c’était le peilharot. La peau de lapin était principalement revendue aux chapeliers qui utilisaient les poils pour confectionner des chapeaux de feutre dont la France était le premier fabriquant. La peau servait à faire de la colle très prisée des artistes peintres.
Avec le développement des intercommunalités ce sont elles qui ont pris à leur charge le ramassage des ordures et leur traitement. En 2009 Nexon adhère au Syndicat Intercommunal de Collecte et de Traitement des Ordures Ménagères de Sud-Haute-Vienne (Sictom) qui avait été créé en 1981 et dont le siège était à Saint Yrieix la Perche. Un établissement secondaire est alors créé dont les bureaux son établis a Nexon, 6 place de l’église.
En 2014 le Sictom réuni 26 communes dont il collecte et le traite les ordures ménagères de leurs 27.900 habitants et gère 6 déchetteries. Après les élections municipales, les membres se sont réunis à Nexon et ont élu à la présidence Edmond LAGORCE, conseiller municipal de Saint Yrieix la Perche.
À partir du 1er janvier 2020, le service de collecte des déchets a changé de structure en devenant commun aux 15 communes du Pays de Nexon et des Monts de Châlus et en adhérant au Syndicat Départemental pour l’élimination des Déchets ménagers et assimilés de la Haute-Vienne (SYDED). En novembre 2019, les nouvelles modalités de collecte ont été présentées lors d’une réunion animée par Stéphane DELAUTRETTE, président de la communauté de communes, Bernard DELOMENIE, maire de Saint-Priest-Ligoure et Fabrice GERVILLE-REACHE, maire de Nexon.