Le moulin de la Mazaurie figure sur le cadastre napoléonien de 1817, feuille H3, avec cette écriture mais également « Masorie » sur le plan d’assemblage de ce cadastre.
I- L’histoire du moulin
Le moulin de la Mazaurie appartenait à la famille Hébrard de Veyrinas. Il a été donné à bail à Jean VENTOUX le 13 septembre 1752.
En 1775 le Sieur de Veyrinas a vendu le moulin à Suzanne MESNIER, veuve de Jean PRADEAU qui devait être le meunier du moulin.
C’est ensuite Léonard PRADEAU, né vers 1770, qui est meunier à la Mazaurie. Marié avec Marguerite AUTHIER ils ont un fils, Jean PRADEAU qui naît le 25 novembre 1797. Il sera lui aussi meunier. Il épousera Marie BRAGARD (1809-1855) qui lui donnera un fils qu’ils prénommeront également Jean.
Jean PRADEAU naît à la Mazaurie le 23 avril 1836. Il y décédera le 29 janvier 1917 à 81 ans.
Jean PRADEAU épouse, comme son père, une Marie BRAGARD qui lui donne quatre enfants : Augustine, Jean, François et Thérèse. Jean, le premier garçon a le même prénom que son père et que son grand père. Il est né le 7 octobre 1865 et il prendra la suite de son père au moulin.
De son mariage avec Catherine GUILHAT, naîtra le 6 novembre 1889 un garçon qu’ils appelleront Emile.
Ce garçon ne prendra pas la suite de son père car l’activité du moulin a dû cesser au moment de la guerre de 1914-1918.
Après avoir épousé Louise CHATEAU à Quimper en 1912 Emile PRADEAU effectue une carrière militaire qu’il termine avec le grade de capitaine. En quittant l’armée il est nommé greffier en chef au Tribunal de Grande instance de Senlis. Le 10 mars 1933 il est nommé chevalier de la Légion d’Honneur. Il décède à Paris en février 1974.
Le moulin de la Mazaurie et les terres qui l’entourent étaient convoité depuis plusieurs générations par la famille Mazeaud. En effet l’emplacement sur lequel a été construit la villa de la Vigne a été choisi à cause de la vue qu’il offrait sur le moulin. La famille craignait que ce moulin soit un jour détruit et remplacé par un hangar ou une hideuse construction. C’en aurait été fini de la belle vue ! Mais Emile est-il décidé à le vendre ? A une date non indiquée, alors qu’il est greffier en chef au TGI de Senlis, il adresse une photo du moulin avec une demande d’insertion de celle-ci dans un journal dont nous n’avons pas le nom.
Emile Pradeau connaissait bien la famille Mazeaud et il ne pouvait pas oublier que les recommandations de Felix, alors Procureur de la République à Lyon, avaient facilité son intégration dans le corps des greffiers. Il consentit d’abord à louer le moulin puis, après bien des manières, il le vend en 1971 à Henri et à ses enfants.
C’est avec Jacques Mazeaud et son fils Denis que je me suis rendu au moulin de la Mazaurie, le 30 juillet 2020.
II- La visite du moulin
Le chemin débouche sur la digue de l’étang. A droite, en contrebas des écuries et le moulin.
Nous traversons et nous nous garons en face d »une grange ancienne avec, devant elle un four à pain en ruine, envahi par la végétation.
La grange Le four en ruines
Malgré la sécheresse l’étang est bien rempli mais il n’y a plus les nénuphars qui se trouvaient sur la photo prise par Emile Pradeau.
30 juillet 2020 Pendant les années 1950
Nous entrons dans le moulin par la maison du meunier.
On pénètre dans la pièce principale avec sa grande table, une maie et la cheminée. A coté la pièce qui servait de chambre à coucher.
A droite de la cheminée un petit escalier mène au moulin. On arrive au dessus de deux paires de meules, signe que le moulin avait une certaine importance.
Chaque meule est composée de deux parties, une fixe, dite dormante et au dessus la meule tournante. En tournant les meules qui sont en granit ou en silex s’usent. Il faut alors les repiquer afin d’obtenir une mouture toujours aussi fine.
C’est le piquage ou le rhabillage de la meule. Si les meules tournent tous les jours il faut réaliser cette opération 2 ou 3 fois dans l’année. C’est un travail difficile car il faut d’abord lever la meule tournante et avec des marteaux et une boucharde frapper avec précision la pierre pour obtenir des sillons rectilignes et fins. Dans les petits moulins ce travail était effectué par le meunier lui-même mais dans les grands moulin c’était l’affaire de spécialistes dont c’était le métier.
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Par l’œil, au centre de la meule tournante, le meunier versait le grain dans les meules et la mouture tombait dans le bac, plus bas. Le crochet servait pour lever la meule tournante.
A coté des meules un système de poulies pour relever les meules tournantes.
On descend au rez de chaussée pour aller voir la roue.
La transmission du mouvement se fait par l’arbre qui pénètre dans le moulin, à gauche. Par un jeu d’engrenages, en bon état, la meule entre en mouvement. Sur l’arbre de la roue hydraulique est fixé un rouet muni d’alluchons, les « dents », qui entraînent les fuseaux de la lanterne fixée sur l’axe qui fait tourner la meule allante, tournante ou courante.
Le moulin en lui même n’occupe qu’une toute petite partie du bâtiment. Le vaste espace qui donne sur l’extérieur par le grand portail à deux battants servait à stocker les sacs de céréales, de son, de farine et ranger le matériel du meunier. Deux auges en bois pour la nourriture des cochons sont entreposés.
En sortant on a une vue magnifique sur La Vigne, d’où, le soir on peut admirer le moulin illuminé pendant une heure, pour la le bonheur de ceux qui passent sur la route entre Valette et La Mazaurie.
Pour connaitre les autres moulins du pays de Nexon il faut lire le livre très complet de Camille LARCHER, Les anciens moulins du pays de Nexon, Editions « Les Monédières », 2011.
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