A sa création la gare de Nexon était située sur une des lignes de la compagnie du chemin de fer de Paris à Orléans (P.O.). C’est l’une des cinq grandes compagnies privées de chemin de fer qui se partagent le réseau en France. Elle a été créé le 13 août 1838 pour exploiter la ligne de Paris à Orléans et ses embranchements que l’Etat a concédés à Casimir LECONTE (1796-1867) pour 70 ans.
I- De la Compagnie d’Orléans à la SNCF
La première mise en exploitation de la ligne date du 20 septembre 1840, mais elle ne dessert alors que Corbeil via Juvisy. La ville d’Orléans n’est atteinte que le 2 mai 1843.
En 1852, la Compagnie d’Orléans absorbe la Compagnie du chemin de fer de Tours à Nantes puis, par rachat et concessions, elle met en service les lignes Paris-Bordeaux en 1853, Paris-Clermont-Ferrand via Bourges en 1855 et rachète la Compagnie du Grand Central avec ses lignes du sud-ouest et du Massif central.
L’ouverture au trafic du tronçon Paris-Orléans fut suivie d’Orléans-Vierzon (20 juillet 1847), Vierzon-Châteauroux (15 novembre 1847), Châteauroux-Argenton-sur-Creuse (2 mai 1856) pour arriver à Limoges le 2 juin 1856.
La ligne Limoges-Périgueux par Nexon a été mise en service le 26 août 1861 et celle de Limoges à Brive via Nexon le 20 décembre 1875.
Du fait de la forte croissance du trafic, la première gare d’Austerlitz mise en service le 20 septembre 1840, va vite devenir trop petite. Elle est agrandie en 1846 mais rapidement il devient nécessaire d’en construire une nouvelle. Elle se caractérise par sa grande halle métallique dont les fermes reposent sur les principes de Camille Polonceau (1813-1859), ingénieur inventeur de l’architecture métallique qu’utilisera par la suite Gustave Eiffel.
Achevée peu avant le début de la guerre de 1870, la grande halle, désertée par les trains, sera utilisée comme atelier de fabrication de ballons à gaz.
La concurrence entre les Compagnies et celle de plus en plus forte de l’automobile va entraîner des déficits croissants. la crise économique qui a débuté en octobre 1929 ne va faire qu’accélérer le phénomène et laisser apparaître une faillite économique du système.
Le 31 août 1937, une convention crée la Société nationale des chemins de fer français (SNCF), société d’économie mixte dont l’Etat détient 51% du capital et les anciennes compagnies 49 %. La convention entre en vigueur le 1er janvier 1938. A partir de cette date la SNCF exploite toutes les lignes, celles appartenant jusque-là aux cinq grandes compagnies et celles du réseau d’Alsace-Lorraine et du réseau de l’Etat.
La Compagnie d’Orléans a transféré son réseau, dont elle reste toujours concessionnaire, à la Société nationale des chemins de fer français (SNCF) et devient une compagnie financière.
II – Le syndicalisme cheminot national
Avant la reconnaissance du droit syndical par la loi Waldeck-Rousseau du 21 mars 1884 avaient été créées des organisations comme la Société fraternelle des mécaniciens français ou l’Association des employés des chemins de fer français mais elles avaient du mal à se développer malgré l’appui de députés comme Charles Alfred de JANZE (1822-1892) qui menèrent une lutte contre les pratiques des compagnies de chemin de fer.
Le premier syndicat professionnel des employés des chemins de fer fut créé en 1884 par un chef d’exploitation, PETIT, qui en fut le président jusqu’en 1893. Opposé à la grève ce syndicat devint vite réformiste aussi le mécanicien GUIMBERT le quitte pour fonder en 1885 le Syndicat général professionnel des mécaniciens et chauffeurs, conducteurs de machines à vapeur.
En aout 1890 la création de la Chambre syndicale des ouvriers et employés de chemins de fer donna un véritable élan au syndicalisme cheminot. Elle élabore un programme revendicatif sur la réglementation et la durée du travail, les retraites, la nationalisation des chemins de fer… En avril 1895, elle changea de nom et devint le Syndicat national des chemins de fer qui rallia la CGT dès sa création au congrès constitutif de Limoges en septembre 1895.
Entre les deux courants opposés, l’un réformiste et l’autre révolutionnaire se développe une voie centriste qui conduit le Syndicat national à regrouper en 1909, près de 60 000 adhérents répartis dans environ 250 syndicats locaux.
Au cours de cette période de nombreux syndicats virent le jour, limités souvent à un métier, une région ou une compagnie.
Les conditions difficiles engendrées par la guerre de 1914 – 1918 conduisent à un regroupement qui s’opère en février 1917 et donne naissance à la Fédération nationale des travailleurs des chemins de fer de France, des colonies et pays de protectorat, affiliée à la CGT. Elle publie « la Tribune des Cheminots ».
Par la suite des scissions et de nouvelles créations virent le jour certains refusant l’adhésion à la CGT, d’autres choisissant une voie réformatrice, d’autres une vision catégorielle.
En 1920 un grève éclate pour un motif anodin : la mise à pied d’un cheminot qui était allé assister à une réunion syndicale pour laquelle il n’avait pas obtenu l’accord de sa direction. Le 19 février 1920, 1 600 cheminots de Villeneuve-Saint-Georges arrêtèrent le travail. En quelques jours la grève s’étend à tout le réseau PLM (Paris-Lyon-Méditerranée) et le 29 février elle devient une grève générale des chemins de fer qui cessera le 3 mars dans la majorité des régions tandis que les cheminots de Limoges la continuèrent jusqu’au 5 mars.
L’Union des syndicats de l’Orléans donne l’ordre aux syndiqués de la ligne de cesser immédiatement le travail. Cet ordre s’adresse, entre autres, au syndicat de Nexon.
La grève recommencera le 1er mai et se termina le 28 mai sur un échec, avec pour conséquence la révocation de 18 000 cheminots.
A Limoges, le Populaire soutien la grève et annonce qu’elle est suivie par 95% des cheminots tandis que le Courrier du centre publie une liste de trains qui circulent. La CGT annoncent que ces trains ne circulent pas et fustige Le Courrier du centre dans un communiqué que reprend Le Populaire.
III – Le syndicat des cheminots de Nexon
Lorsque le syndicat se crée à la gare de Nexon il prend le nom de « Syndicat des travailleurs des Chemins de fer de l’Orléans à Nexon ». Il adhère à l’Union des Syndicats des Chemins de fer de l’Orléans, à la Fédération Nationale des Travailleurs des chemins de fer et à l’Union des Syndicats de la Haute-Vienne.
Ses objectifs sont la défense des intérêts professionnels et économique des adhérents et notamment « la nationalisation des chemins de fer » (article 2).
Le syndicat se divise en sections techniques relatives à l’exploitation, la traction et la voie. A Nexon la section Traction n’est pas créée. Elles sont chargées d’élaborer les revendications propres à leur service et sont dirigées par un secrétaire et un secrétaire adjoint. Le syndicat est administré par un Comité élu en assemblée générale, celle-ci nommant son Secrétaire général. Ce comité se réunit une fois par mois.
Le document ne comporte pas la date de création du syndicat mais il comporte toutes les revendications portées par la Fédération nationale depuis 1920, on peut donc penser qu’il a été créé autours de 1920. La composition du bureau qui y est inscrite peut nous donner des pistes.
Les statuts types de la Compagnie d’Orléans prévoyait un Comité composé de 33 membres. A Nexon ce Comité a été réduit à 7 membres, sans doute pour tenir compte des effectifs affectés à la gare de Nexon qui sont d’environ 80 personnes.
Le Secrétaire, Pierre LAFLAGNIERE, est né en 1879. Il n’est pas le plus âgé , c’est le trésorier, Georges TRAPLOIR qui, né en 1868, est le doyen d’age. parmi les 7 membres du comité Jean MOUNOZ, né en 1874 est le plus âgé et Louis FOUJANET, né en 1882 est le plus jeune. Jean CELERIER est né en 1876, Justin BEAUPUY en 1877, Pierre GAUCHER est né en 1880 comme Pierre BEAUDOU et Antoine OUZEAU en 1882.
Le seul nexonnais est un des contrôleurs, Jean NOUAILHAS, né à Nexon le 6 octobre 1889 de parents cultivateurs à Biard. Il est le plus jeune de tous les membres du bureau. Les deux autres, Jean JAMET et est né en 1878 et Joseph LAFON en 1881.
Au total trois membres du bureau sont nés dans le canton de Nexon, deux sont nés en Haute-Vienne, quatre en Dordogne, un en Corrèze, un dans le Loir et Cher et un dans le Lot.