Les Lastours ou Las Tours sont la première baronnie du Limousin selon certains, la seconde selon d’autres [1]. Leurs armes sont « d’azur à trois tours d’argent, 2 et 1, cantonnées de cinq fleurs de lis d’or, 3, 2 et 1 ou d’argent à trois tours de sable accompagnées de 6 fleurs de lis de même, 3 en chef, 2 en fasce et 1 en pointe. Ces armoiries se voient à l’église, au dessus de la porte du fond de la nef. Après la première croisade ils prirent de gueules à un bras armé d’or, du côté senestre de l’écu, et tenant une épée nue d’argent en pal, la garde et la poignée d’or ».
Le blason des Lastours
La lignée des Lastours trouve sont origine, d’après les chroniques de Geoffroy de Vigeois, avec Gulferius de Lastours cité en 957, 962 et en 988, comme étant le compagnon de lutte et l’allié d’Archambault, vicomte de Comborn, dit « le Boucher » ou encore « Jambe Pourrie ». Gulferius se maria vers 970 et eut deux fils, Guy et Boson de Lastours. L’aîné, Guy de Lastours, surnommé « le Noir » à cause de la couleur de ses cheveux, jouissait d’un grand renom parmi les princes et les jeunes nobles du Limousin. Il était réputé pour sa bravoure entre tous les Seigneurs Limousins.
Son fils, Gouffier de Lastours dit le Grand ou le Vieux est né en 1080 et il est mort en 1135. Lors de la première croisade (1096 à 1099), aux cotés du comte de Toulouse, sa vaillance lui valut d’être considéré par les croisée comme « l’un des plus intrépides et des plus vaillants hommes de la terre » [2]. La chanson d’Antioche rapporte ses exploits [3].
Leur courage fut également mis en valeur lors des batailles contre les anglais où les limousins mettront en déroute les soldats de Richard « Cœur de Lion » après qu’il eu reçu la flèche qui lui fut fatale, le 26 mars 1199, sous les murs du château de Chalus, appartenant alors au vicomte de Limoges.
Au crépuscule du Xe siècle, les Lastours font déjà partie de la haute aristocratie limousine. Ils assoiront cette place privilégiée au sein de la noblesse limousine grâce à des mariages avec les familles de haut lignage. Cette place importante dans le paysage nobiliaire limousin leur vaut des conflits fréquents et parfois violents aux vicomtes de Limoges, qui voient en eux des vassaux quelque peu envahissants.
Durant la première moitié du XIIIe siècle, les querelles de légitimité et d’héritage au sein de la famille conduiront à la perte du prestige et au déclin des Lastours. En effet les représentants des branches indirects mais légitimes revendiquaient et obtenaient leur émancipation assortie d’une donation de parcelle territoriale.
Au XIIIe siècle un premier lien s’établit entre les familles de Lastours et de Nexon quand Agnès, fille de Séguin de Lastours, épousa Guy de Nexon.
En 1263 Ranulphe de Lastours, né vers 1200, chevalier et coseigneur de Lastours, fait dresser « les états et coutumes de la ville de Lastours avec les franchises des habitants portant qu’il était français (c’est à dire du côté du roi de France) et lesdits habitants anglais lesquels ledit seigneur recevra pour ses sujets et serviteurs». Il épousa vers 1270 Mademoiselle de Châteauneuf.
La maison des de Bourdeilles prétendait avoir des droits sur les domaines, suivant une transaction de 1266, passée entre Elbe de Bourdeilles et Ranulphe de Lastours, par médiation d’une vicomtesse de Limoges; mais cette médiation resta sans effet.
Le déclin se poursuit durant une grande partie du XIIIe siècle et la première moitié du XIVe. Vers 1330, Agnès de Lastours épousa Guy de Campagne. Ils eurent trois enfants, Geoffroy (1330-1374), Gouffier (1340-1425) et Guy (1350- ?). En 1354, Gouffier de Lastours, cinquième du nom, sera obligé, faute de descendant direct et légitime, de léguer les restes de la seigneurie à son neveu, le chevalier Geoffroy de Campagne. Ce neveu se verra par ailleurs contraint par les clauses du testament de son oncle à prendre le nom et les armes des « de Lastours » afin que ceux-ci ne disparaissent. Il est « sire de Lastours et de Nexon ».
En 1354 Jean de Gain, fils de Jeanne de Lastours et d’Aymery de Gain reçu la seigneurie de Linars et les dîmes de Nexon selon le testament de son oncle Geoffroy de Campagne, décédé le 3 juillet de cette année, qui était le fils de Guy de Campagne et d’Agnès de Lastours.
Mais au commencement du XIVe siècle, Nexon avait certainement changé de Maître, et appartenait aux vicomtes de Limoges, puisqu’en 1317, un de ces vicomtes donna à Gaucelin de Campagne «le droit de garenne et de Chasse aux faisans, bêtes fauves et autres animaux dans les bois du Chatenet près du bourg». Cet état de chose subsista pendant plus de 150 ans, et c’est durant cette période, en 1445, que fut terminée l’église de Nexon. A ce moment-là, le roi de France, Charles VII, avait déjà reconquis la plus grande partie de son royaume, grâce à Jeanne d’Arc.
Jean de Lastours, chevalier, baron de Lastours, premier baron du Limousin, seigneur de Champagne, Rilhac, Nexon…, conseiller du roi Charles VII en 1452 entra en conflit avec Gauthier des Cars et porta l’affaire devant le Parlement. Il obtint une sentence en sa faveur ainsi que des lettres royales en 1463 prononçant la mise sous séquestre de la seigneurie des Cars pour refus d’hommage. En 1479, Gauthier des Cars reconnaissait ses droits. Tous ces procès interminables qui se prolongeaient parfois sur des siècles entre les familles furent une des causes de la ruine de la noblesse et de l’enrichissement des nouvelles familles de robe.
Plusieurs membres de la famille de Lastours furent curés de Nexon. Jean de Lastours , bachelier en droit civil et canon, fut curé de Nexon, Bussière-Galant et Rilhac. Le 9 février 1496, il fit construire la nef de l’église de Nexon pour 400 livres et 400 setiers de froments. Il mourut vers 1511. Geoffroy, fils de Jean de Lastours, devint prêtre et doyen du Puy-en-Velay en 1501. Il présida en 1505 et 1508 l’assemblée des États du Languedoc tenue à Nîmes, il fut curé de Nexon et autres lieux de 1523 à 1527. Et aussi François de Lastours, protonotaire du Saint-Siège dès I534, abbé de Dalon (Dordogne), doyen du Puy-en-Velay, prévôt de St-Vaulry (Creuse) et curé de Nexon dès 1537. « Il fut frappé en juillet 1546 en revenant de N.D. de Rocamadour de certain coup de canon à St-Robert près de Vignoux duquel il mourut ».
En 1467, par contrat du 4 juin, Alain d’Albret et Françoise de Bretagne, sa femme, vendirent cette seigneurie à Gaucher de Pérusse des Cars, sous la réserve de la justice du bourg et de l’hommage, Au mois d’avril 1499, il en fut fait partage entre la maison des Cars et celle de Lastours. Après être ainsi rentrée dans la maison de Lastours, la terre de Nexon, passa par alliance dans celles d’Abzac et de Hautefort.
Le château de Lastours aujourd’hui
[1] Jean Ruchaud, «Généalogies limousines et marchoises» éditions Mémodoc.
[2] Son tombeau se trouvait dans l’église du Chalard. La pierre qui recouvrait le sépulcre, retrouvée en 1884, porte cette inscription : « Hie Jacet Dominus Golferius de Torribus et de Nexonio, et Dominus Guido, filius ejus, milites …….filia ejus et genus suum qui elegerunt ad opus sui et suorum hic sepulturam. Animoe eorum per misericordiam Dei requiescant in pace. Amen ». Ce qui signifie « Ici repose, le seigneur Gouffier de Lastours et de Nexon, et Gui, son fils, Chevaliers …… sa fille et sa famille qui avaient choisi ici leur sépulture, que leurs âmes, par la miséricorde de Dieu repose en paix. Ainsi soit-il. »
Abbé Lecler, Dictionnaire historique et géographique de la Haute-Vienne, Limoges, 2 vol 1920-1926. Article « Le Chalard».
[3] La Chanson d’Antioche est une chanson de geste en ancien français, qui relate les événements autour de la conquête d’Antioche par les Croisées en 1098. La version originale a été perdue. Elle aurait été composée par un témoin visuel, Richard le Pèlerin. Il aurait commencé l’écriture au cours du siège qui dura huit mois. Ce texte a été traduit en occitan et complété par Grégori Bechada vers 1125 et en latin par Albert d’Aix vers 1120.
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