1814 c’est la chute de l’Empire et la fin des guerres napoléoniennes ;
Après la désastreuse campagne de Russie de 1812, Napoléon du faire face à une nouvelle coalition regroupant l’Angleterre, la Russie, la Prusse et la Suède. Ayant refusé les propositions de paix de l’Autriche celle-ci rejoignit la coalition et Napoléon se retrouva avec toute l’Europe contre lui. Il perd la bataille de Leipzig (octobre 1813) et bat en retraite laissant 60 000 soldats sur le champ de bataille.
Dès janvier 1814 s’engage la campagne de France au cours de laquelle Napoléon tente d’empêcher l’invasion de la France. Malgré plusieurs victoires et après l’entrée des troupes prussiennes et russes dans Paris, napoléon abdique le 6 avril 1814 et part en exil à l’ile d’Elbe.
C’est la fin de 23 années de guerres qui ont mobilisé près de 2,8 millions de Français dans l’armée de terre et 150 000 sur mer.
Le Limousin a donné les généraux Jourdain, Brune, Souham et le futur Maréchal Bugeaud – présent comme caporal à Austerlitz. De nombreux jeunes garçons de Nexon ont parcourus l’Europe, soit avec les armées révolutionnaires soit avec les armées napoléoniennes.
1914 début de la première guerre mondiale
Cent ans plus tard débute ce qui sera le premier conflit mondial. Au cours de celui-ci la France aura mobilisé 7,8 millions d’hommes et perdu 1,4 de ses soldats. De nombreux jeunes de Nexon ont participé à ce conflit et 137, en moyenne 3 par mois, y ont perdu la vie.
2014…
La France vit la plus longue période de paix de toute son histoire. Le dernier jeune nexonnais mort au champ d’honneur a été tué en Algérie et depuis la loi du 28 octobre 1997 le service militaire est suspendu.
Nexon en 1814
Combien de jeunes ont été participés aux campagnes napoléoniennes. Le comptage n’est pas fait mais on sait combien étaient encore vivants en 1857. En effet, le 15 avril 1821, pendant son exil de Sainte-Hélène, Napoléon dicte son testament. Une partie concerne les soldats qui avaient combattu à ses coté a qui il lègue la moitié de son patrimoine privé, qu’il estime alors à 200 millions de francs. Mais ces biens ont été confisqués au bénéfice du trésor Royal en vertu du traité de Fontainebleau, du 11 avril 1814, qui avait décidé que les biens que l’empereur possédait encore, au moment de son abdication, revenaient à la Couronne.
Lorsque son neveu Napoléon III est devenu Empereur il a décidé d’honorer la parole de son oncle. Le 12 août 1857, un décret signé à Saint-Cloud, institue la médaille de Sainte-Hélène, destinée à « rappeler à tous ceux qui avaient servi dans nos armées, la dernière pensée de leur chef. »
Les archives ayant disparu dans l’incendie du palais de la Légion d’Honneur durant la Commune, on estime à environ 400 000 titulaires, en France et à l’étranger, le nombre de titulaires de cette médaille. Cette estimation résulte du travail de centaines de bénévoles qui ont dépouillé les archives. Le travail a été totalement réalisé pour la Haute Vienne. Il est disponible sur le site http://www.stehelene.org .
Les médaillés ont tous plus de 60 ans. Ils ont survécus à la violence des combats, à la fatigue des longues marches, aux blessures… . La première distribution a eu lieu le 15 août 1857. Le premier médaillé est Jérôme Bonaparte, le plus jeune frère de Napoléon, âgé de 75 ans. Le célèbre capitaine Coignet est parmi les récipiendaires.
A Nexon 9 anciens recevront la médaille :
- BREIX Louis, soldat au 2° régiment de chasseurs à cheval
- BROUHAUD J. Baptiste-Armand, brigadier au 7° régiment de Chasseurs, Médaillé le 06/01/1858
- BROUHAUD Léonard, journalier, Médaillé le 22/04/1858
- CHEVALIER Antoine-Blaise-Léonard, soldat au 2° régiment de tirailleurs de la Jeune garde et au 6°Voltigeurs à cheval, Médaillé le 06/01/1858
- DENIS Antoine, soldat au 2° régiment de Voltigeurs de la Garde, Médaillé le 06/01/1858
- DESPLANCHES Martial, né à Nexon en 1788, Cultivateur résident à JOURGNAC, vétérans du 56° puis 5° régiment de ligne et du 3° régiment de la Jeune Garde comme chasseurs à pied. Mobilisé de 1805 à Waterloo il est resté au milieu des morts de Waterloo avec le nez coupé en deux. Médaillé le 15/11/1858.
- GUYOT François-Louis, soldat aux Lanciers de la garde, Médaillé le 06/01/1858
- LELONG Annet, soldat au 4° régiment de ligne, Médaillé le 06/01/1858
- MEMERY Jean, soldat au 16° régiment léger, Médaillé le 06/01/1858.
Que note-t-on dans les délibérations du Conseil municipal ?[1]
Depuis la loi du 28 pluviôse an VIII (17 février 1800) le maire n’est pas le représentant des citoyens qui l’élisent mais il est un fonctionnaire public, soumis à l’autorité du sous-préfet et du préfet. Il est nommé pour cinq ans et révocable par le chef de l’État dans les communes de plus de 5 000 habitants et par le préfet dans les autres communes. François Louis GUYOT, élu maire en 1794 le restera pendant près de trente ans. Son long exercice ne sera interrompu que pendant une courte période de moins de 3 ans pendant laquelle sera nommé Jean MAZELLE.
Dans les communes de moins de 2 500 habitants, comme Nexon, le Conseil est formé de dix membres nommés par le préfet pour trois ans. A partir de 1802 ils sont élus pour dix ans par les assemblées de canton sur la liste des cent citoyens les plus imposés du canton. Ils peuvent être révoqués par le préfet ou le chef de l’État.
Au fur et à mesure des guerres napoléoniennes les coalisés reprennent l’avantage et au début de l’année 1814 la Campagne de France va voir les armées de Napoléon reculer et malgré quelques manœuvres de retardement il ne peut empêcher les alliés de prendre Paris le 31 mars. Réunis au Congrès de Vienne les coalisés hésitent sur le successeur à donner à Napoléon. Malgré son impopularité ils finissent par choisir Louis XVIII, frère de Louis XVI. Le 5 avril il monte sur le trône, débarque à Calais le 24 avril et entre dans Paris le 5 mai.
1. Le conseil se félicite de la chute de Napoléon.
Le 18 avril 1814 le Conseil se félicite des heureux événements qui sont arrivés à Paris depuis le 28 mars dernier et ont donné une adhésion pleine et entière aux actes du Sénat, du Corps législatif et du gouvernement provisoire en répétant plusieurs fois : VIVE LA PAIX, VIVE LOUIS XVIII.
2. Le conseil délibère sur les troupes espagnoles.
Le 9 juillet 1814 le Conseil délibère sur la nourriture et la subsistance des troupes espagnoles stationnées à Nexon et dans la commune. Pourquoi ces troupes ?
En 1808 Joseph Bonaparte, frère de Napoléon, a été installé sur le trône d’Espagne. Le peuple de Madrid s’étant soulevé il subit une terrible répression (2 et 3 mai 1808) .A la suite de ces évènements, de nombreux prisonniers espagnols vont être déportés en France. Pour éviter tout retour en Espagne après une éventuelle évasion ils sont envoyés vers le nord. Leur route passe souvent par la Haute Vienne. Ainsi du 29 décembre au 31 janvier 1809, 1480 d’entre eux arrivent à Limoges[2]. On est en plein hiver, le voyage s’est déroulé dans des conditions très pénibles. Ils sont logés dans les salles de l’ancien séminaire. Pour la plupart, ce n’est qu’une étape mais certains, trop faibles pour reprendre la route, vont rester à Limoges. En moins de deux mois, plus de trente limougeauds meurent frappés de ce qu’on appelait la peste espagnole contractée auprès des prisonniers espagnols qu’elles avaient soignés. Parmi les Espagnols il y eut aussi de nombreux décès. Une panique s’est alors répandue à Limoges et dans tous les environs.
En janvier 1810 le maire de Chalus envoie un appel de détresse au préfet de la Haute Vienne : «3 800 espagnols doivent faire étape chez moi. Même en les installant en plein champ je n’aurai pas assez de bois pour les chauffer tous … ils sont dans un état déplorable de fatigue, de misère et d’épuisement». Il est demande au préfet de faire préparer à l’avance soupe et viande que le chef de détachement acquittera avec les 25 sous par homme et par jour qui lui ont été attribués.
En janvier 1811 un convoi de 1600 espagnols est annoncé. Ils sont 8000 en février 1812. Au total 65000 espagnols ont été déportés en France lors des guerres de l’Empire[3]. Certains sont restés en France. A Limoges on cite le cas de Salby GUYCHER qui exerçait le métier de chapelier; Il épousa Jeanne Gibus, une des sœurs du perruquier Pierre Gibus cousins des frères Gibus, nés à Limoges qui inventèrent en 1834 le chapeau-claque, un chapeau haut-de-forme pliant.
Il n’est donc pas étonnant que des troupes espagnoles soient passées à Nexon, ce qui explique la délibération du 9 juillet qui, malgré l’amnistie accordée à ces troupes par le roi d’Espagne, autorise le Maire, assisté du Percepteur, à dresser une liste des plus riches propriétaires et de placer chez chacun d’eux un de ces militaires, de leur assurer les fournitures ordinaires et cuisinées en pareil cas et de les garder jusqu’à leur départ. Chaque militaire sera tenu de mener une vie régulière et de se conformer aux usages locaux, de ne commettre ni vol ni malversation. Ils devront se coucher à 8 heures du soir et se rendre utiles à leur hôte et répondre à la revue qui aura lieu chaque dimanche à 10 heures sur la Place publique.
Le Maire signalera au Ministre de la Guerre la malheureuse position de la commune et réclamera le départ de ces troupes ou obtenir des vivres.
3. Le conseil délibère sur le nouveau cimetière
Depuis octobre 1807 la commune demande l’autorisation de créer un nouveau cimetière, l’actuel étant situé au milieu du bourg entraine de la gène pour les constructions nouvelles et des risques sanitaires.
Après plusieurs années d’atermoiement, une enquête de commodo et incommodo fut ouverte en 1812. Elle fut réalisée par Antoine DELIGNAT-LAVAUD, Maire de Saint Hilaire Lastours. Le rapport établi à cet effet relate, entre autres choses, que les maisons environnantes devenaient parfois inhabitables en été, à cause des mauvaises odeurs.
La 8 novembre 1814 le conseil dresse le devis estimatif et descriptif de la clôture du nouveau cimetière qui coûtera 1 222 francs. La vente des noyers de l’ancien cimetière n’ayant produit qu’une somme de 480 francs le conseil demande à l’Empereur de prendre en charge la différence, la commune étant déjà trop imposée. L’ancien cimetière n’ayant produit qu’une somme de 480 francs, le Conseil demande à l’Empereur de prendre en charge la différence, la commune étant déjà trop imposée.
Mais le manque de ressources et la chute de l’Empire firent encore reculer la construction du nouveau cimetière. La translation de l’ancien vers le nouveau ne devint effective qu’à la fin de 1817.
La commune de Nexon n’eut rien à débourser comme prix du terrain. L’emplacement du cimetière fut échangé par Gabriel Tarade, arpenteur du bourg, contre une parcelle de l’ancien. Celui-ci fut immédiatement transformé en place publique ou champ de foire, destination qu’il a conservée jusqu’ aux années 1970.
[1] D’après les archives et documents officiels consultés et publiés dans le Bulletin municipal n°3 de la Ville de Nexon. La suite fut publiée dans les numéros suivants, d’une manière variable, jusqu’en 1968
[2] A. Lecler : « La maladie des Espagnols à Limoges en 1809 », Bulletin de la société archéologique et historique du Limousin, LV, 1905, pages 217-240
[3] Jean-René Aymes « La déportation sous le 1er Empire – Les Espagnols en France – 1808-1814 » Publications de la Sorbonne, Paris, 1983, p.170