Archives par étiquette : Les commerces

La rue Pasteur, côté impair de 1 à 13.

Prolongement direct de la rue Gambetta, elle descend jusqu’à son intersection avec la rue Pierre et Marie CURIE puis remonte ensuite vers Cornedie, le plus vieux quartier de Nexon.

Jusqu’au numéro 21 inclus, les maisons sont traversantes et ont une sortie rue Pierre et Marie CURIE, ancienne rue de l’usine électrique.

La Rue Pasteur

Autrefois la rue Pasteur prolongeait la Rue du Nord, rue Gambetta aujourd’hui. C’était la rue principale de Nexon et les premières automobiles ne passaient pas devant l’ancienne Mairie.

Elle débute à partir du porche situé à gauche de la pharmacie. Il donne donne accès aux remises et aux jardins communs aux trois maisons, avec un accès à la rue Pierre et Marie Curie comme plusieurs des maisons de cette rue.

La pharmacie NOUHAUD en 1905. La rue est empierrée, les automobiles sont très rares à Nexon.
Vue sur les jardins et à droite le laboratoire de la pharmacie NOUHAUD

Numéro 1- C’est l’ancienne pharmacie NOUHAUD. Elle appartenait d’abord à Louis NOUHAUD (1855-1922) puis à son fils Charles NOUHAUD né à Nexon le 28 décembre 1886. A côté de l’officine la pharmacie Louis NOUHAUD qui était également chimiste, exploitait un laboratoire pharmaceutique spécialisé dans les produits vétérinaires. Les locaux ou travaillaient une dizaine de personnes sont à l’arrière de la pharmacie et on accède par le porche.

Le laboratoire

M. NOUHAUD vendait ses produits dans toute la France et en Algérie. Il avait déposé sa marque le 30 octobre 1888.

La marque déposée le 30 octobre 1888
Une facture pour des produits expédiés dans les Vosges

A la mort de Louis NOUHAUD, le 17 octobre 1922, sa veuve a continué à exploiter le laboratoire de produits vétérinaires et habite seule au n°3 de la rue Pasteur tandis que son fils Charles NOUHAUD prend sa suite à la pharmacie.

André LONGEQUEUE achète la pharmacie en 1944. Son frère Louis LONGEQUEUE, également pharmacien fut maire de Limoges de 1956 à 1990.

Monsieur Longequeue n’était pas originaire de Nexon, mais de Saint Léonard de Noblat ou son père était instituteur. Né le 22 aout 1911 il avait trois ans de plus que son frère Louis. Il s’est marié à Nexon, le 10 août 1940 avec Marthe Frida RICHERT. Il habitait au 1er étage de la pharmacie avant de faire construire sa maison en 1954, en bordure de l’ancien champ de foire.

Très investi dans la vie de la commune André LONGEQUEUE a été adjoint au maire de Nexon.

En 1979 M. et Mme POURET succèdent à M. LONGEQUEUE.

En 2000 M. Daniel DESMOULIN et Mme Christiane MERIGOUS achètent la pharmacie et lui donnent le statut de société d’exercice libéral à responsabilité limitée sous le nom de « Pharmacie Saint Roch ».

La Pharmacie Saint Roch

Numéro 3 – C’était la maison d’habitation de M. et Mme. Charles NOUHAUD. Après le décès de son mari Mme NOUHAUD a habité seule cette maison puis elle l’a vendue à M. René REBIERE, maire de Nexon de 1965 à 1995, qui y habitait avec ses trois filles.

La maison du n°3 à l’époque ou René Rebière y habitait

Il y exerçait la profession d’assureur comme agent de la société Trieste et Venise. Créée en 1831 en Italie elle ouvre sa première agence en France, à Bordeaux en 1832. Elle a été remarquée en 1963 en créant Europe Assistance, service encore inédit dans le monde. Dans les années 1980 R. REBIERE représentait le groupe « Concorde ».

Numéro 5 – Il y avait autrefois, ici, une boucherie. On la voit bien sur cette carte postale dont la photo date de 1910.

La photo a été prise un dimanche, les personnes sont en habits de fête.

A gauche de la boucherie, la porte donne sur un couloir au fond duquel se trouvait une boulangerie. Le dernier boulanger a été M. BORUEL. Il n’y avait pas d’enseigne ce qui ne l’empêchait pas d’avoir une bonne clientèle.

La boucherie était celle de Léon Baptiste GUYOT, frère de Jean Baptiste GUYOT, boucher rue Gambetta.

M. Léon Baptiste GUYOT était également marchand de bestiaux. Il avait possédait un pré et une grange sur la route de la Barrière et une autre grange dans la rue des écoles, touchant le mur du collège.

La grange de Jean baptiste GUYOT.

Dans les années 1950 la boucherie a fermé mais a conservé la devanture d’origine puis celle-ci a été supprimée et la façade a été transformée.

Au début des années 1960 la boucherie est fermée mais la devanture est encore présente.

La façade a été refaite, la devanture a disparu mais on en devine les contours.

Numéro 7 – Il y avait ici un commerce de tissus et de nouveautés tenu par Mme GROSPAS.

Puis ce fut une mercerie et nouveautés avec Madame PRADEAU. Cette boutique fait partie des nombreux commerces de bonneterie, draperie, mercerie, tissus qui existent alors à Nexon. Il faut rappeler que le « prêt à porter » est né dans les années 1950.

C’est lors de la Première Guerre mondiale que l’armée américaine qui devait habiller ses soldats le plus rapidement possible standardisa les tailles afin de gagner du temps de fabrication. On parlait alors de la « confection ». Jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, la confection ne représente qu’un quart de la production de vêtements, le reste est fait à la maison ou par une couturière. C’est en 1948 que le terme « prêt-à-porter » est progressivement à ces vêtements produits en série. Ils vont s’imposer du fait de leur prix avantageux par rapport à un vêtement fait sur mesure. On ne vendra pratiquement plus de tissus dans les villages et petit à petit les couturières disparaitront, leur commerce ne trouvant de repreneur lorsqu’elles prendront leur retraite. C’est ce qui va se passer à Nexon.

C’est un marchand de vélos qui va s’installer à la place de la mercerie. Au début des années 1960, Monsieur Roger FAUCHER transfert son atelier de la rue Gambetta à la rue Pasteur. Il devient agent Peugeot.

La vitrine de la boucherie n’a pas été encore enlevée et la boutique de cycles est juste repeinte

La réparation et la vente de vélos se réduisent, il faut élargir la gamme de produits. M. FAUCHER ajoute à son activité, les articles de chasse et de pêche mais aussi les tronçonneuses, les tondeuses et les motoculteurs.

Pour autant les artisans se heurtent à la concurrence des grandes surfaces spécialisées. Il ferme son commerce. La boutique reste inoccupée pendant quelques années.

M. FAUCHER a fermé son commerce

La pharmacie qui s’est agrandie comme nous le verrons plus loin, s’y installe pendant quelque mois pour y exposer des matériels.

La vitrine est occupée pour exposer du matériel médical.

Vers la fin de l’année, M. Michel ROCHE, y transfère son commerce de vin « « Ô CHAPITEAU DES VINS » qu’il exploitait rue Gambetta.

Au numéro 9 on trouvait une pharmacie. Depuis 1878 elle appartenait à M. BONNEL.

Le Courrier du Centre – 17 octobre 1878

M. BONNEL est pharmacien chimiste et médecin. Il fabrique des médicaments dont il fait la publicité dans les journaux. Il a plusieurs pharmaciens dépositaires de ses produits dans le département de la Haute-Vienne et un droguiste à Paris. Il produit un Élixir reconstituant et une poudre qui redonne de la vigueur aux animaux fatigué.

Le Courrier du Centre – 29 décembre 1889
Le Courrier du Centre – 21 mars 1890
Le Courrier du Centre – 16 octobre 1889

M. BONNEL est également pharmacien des chemins de fer, qualité qu’il met en avant dans ses factures et dans ses publicités.

Notez l’écriture de la date : 22 Xbre 1883. C’est un reliquat du calendrier JULIEN. Ce calendrier a été mis en place par Jules César pour remplacer le calendrier romain républicain basé sur la Lune. De fait il y avait des décalages avec l’année solaire qu’il fallait régulièrement rajouter des jours pour être en concordance avec le soleil. Le nouveau calendrier entra en application en l’an 45 avant JC. Et fut appelé JULIEN en hommage à Jules César. Avec le développement des instruments de mesure les astronomes se rendirent compte que le calendrier Julien était en retard par rapport au temps astronomique. En 1582, le Pape Grégoire XIII promulgue le calendrier GREGORIEN. Il fut rajouté 10 jours et le jeudi 4 octobre 1582 fut immédiatement suivi par le vendredi 15 octobre. En France Henri III l’adopta le 9 décembre 1582 et de ce fait le lendemain devint le 20 décembre 1582. Ce calendrier ne fut adopté par les pays de tradition orthodoxe qu’au XXe siècle.

Il resta cependant des reliquats du calendrier JULIEN pour lequel l’année commençait le 1er mars. De ce fait le mois de septembre était le septième mois (7bre), octobre le 8 ème (8bre), novembre le 9ème (9bre) et décembre le 10ème (Xbre). Les autres mois s’écrivent normalement.

Le Courrier du Centre 16 et 17 août 1889

Ab la fin des années 1920 la pharmacie est achetée par M. Auguste PIALLOUX.

Annuaire DUMONT 1928

Son épouse, institutrice, est nommée à Nexon à la rentrée de septembre 1930.

Le Populaire 5 octobre 1930

A l’époque, la jeune Rose VIGNERON, était fascinée par les deux énormes flacons de verre emplis de liquides de couleurs vives qui trônaient dans la vitrine. Il y avait aussi les publicités très colorées pour Aspro (aspirine), Kalmine (antalgique), la ouate Thermogène, symbolisée par un diable qui crache une flamme rouge et préconisée pour remplacer les cataplasmes à la moutarde comme « traitement » des bronchites.

Monsieur PIALLOUX était également très engagé dans la politique. Il représentait la section de Nexon à la Fédération socialiste de la Haute-Vienne. Il animait les débats dans les réunions organisées dans les cantons voisins.

Le Populaire, 7 mai 1934

En 1937 M. PIALLOUX part à Limoges et s’installe « Au Mortier d’Or », 33 Boulevard Louis Blanc à Limoges.

e Populaire, 15 août 1937

Il est remplacé par M. Jean SOULIER qui restera quelques années à Nexon.

Il vend sa pharmacie à M. LAMOURE qui va rester à Nexon jusqu’à sa retraite. M. et Mme LAMOURE habitent au 1er étage, au-dessus de la pharmacie, puis ils font construire une maison aux Garennes où ils iront habiter. Leur fils Jean Paul LAMOURE est photographe à Limoges.

Madame NOUILLAS succède à M. LAMOURE. Son mari est dentiste, rue Pierre et Marie Curie. Elle profite de la fermeture de la boulangerie voisine, installée au n° 11, pour acheter les murs et agrandir sa pharmacie. En 1983 l’adresse devient 9-11 rue Pasteur. Puis au début des années 1990 Mme NOUILLAS s’associe avec M. Stéphane LABARRE . Cette association prendra fin en mars 2011. M. LABARRE continue seul à exploiter la pharmacie.

Les évolutions de la pharmacie
La pharmacie après son agrandissement

Le 20 février 2014 M. LABARRE demande l’autorisation de transférer sa pharmacie sur le parking du Super U, route de La Meyze. Un longue procédure va s’ensuivre dont on peut suivre la chronologie :

Le 3 juin 2014, L’Agence régionale de Santé (ARS), après enquête, refuse ce transfert en jugeant qu’il ne répond pas aux besoins de la population résidente et qu’il serait en contradiction avec les lois et règlements en vigueur

Après ce refus, la Pharmacie LABARRE dépose en juin 2014 un recours hiérarchique direct auprès du Ministère de la Santé, visant à faire annuler la décision de l’ARS. En décembre 2014, le Ministère de la Santé annule l’arrêté de l’ARS.

En février 2015, plusieurs pharmacies rurales voisines demandent au tribunal administratif de Limoges de se prononcer sur la légalité de l’arrêté ministériel.

En décembre 2015, fort de l’annulation de l’arrêté de l’ARS par le Ministère, M. LABARRE transfert son officine sur son nouvel emplacement.

Le 28 septembre 2017, le tribunal administratif de Limoges déclare l’arrêté ministériel illégal, jugeant que le Ministère avait fait une erreur d’appréciation. Par conséquent, le nouvel emplacement devient non conforme aux lois et règlements en vigueur. Le 28 octobre à minuit, l’officine ne peut plus délivrer de médicaments et le Conseil de l’ordre des pharmaciens a radié son titulaire Stéphane LABARRE .

Un fort mouvement de soutien se manifeste alors : Le 17 novembre 2017, une manifestation organisée par le groupe « Sauvons la pharmacie LABARRE » est organisée à Limoges devant le siège du Conseil régional de l’ordre des pharmaciens de Haute-Vienne.

La Pharmacie LABARRE et le Ministère de la Santé font appel de ce jugement devant la cour administrative d’appel de Bordeaux qui, le 8 février 2018, confirme complètement le jugement du tribunal administratif de Limoges.

Le 24 mars 2018, un rassemblement de soutien de 250 personnes se rassemble devant l’ancienne pharmacie dans le but de mobiliser les élus.

24 mars 2018

En avril 2018, la SARL Pharmacie LABARRE dépose une nouvelle demande de transfert sur le même lieu. Le 29 juin 2018 un arrêté de l’ARS Nouvelle-Aquitaine autorise ce transfert.

La nouvelle pharmacie implantée sur le parking du Super U

Au numéro 11 il y avait une boulangerie. Elle a été tenue par Jean SAUVAGE dans les années 1920-1930, puis par M. BESSE et ensuite M. BARBE.

Sur cette carte postale on voit le déchargement d’une charrette de bois devant la boulangerie. Jusqu’à la guerre de 1939-1945 la plupart des fours étaient chauffés au bois. Le plus souvent il était entreposé devant la boulangerie, comme ici.

Dans les locaux laissés libre par le départ de la pharmacie LABARRE, l’épicerie associative, « V’la aut’chose » quitte la rue Gambetta pour le vaste espace constitué de la réunion des anciens commerces des numéros 9 et 11.

Au numéro 13, il y avait au début des années 1900 une épicerie à l’enseigne des « Économats du centre ». C’est une Société anonyme française, constituée en 1910 pour la création et l’exploitation de fonds de commerce d’épicerie, vins et spiritueux, charcuterie, mercerie, bonneterie, chaussures, etc… Les entrepôts sont à Saint-Etienne, Montpellier, Decazeville, Montluçon, Brive. Le social est à Clermont-Ferrand.

Un jour de fête en 1943

En passant sous le porche on accède à l’hôtel du Faisan tenu par M. Louis DESMAISON.

Au 1er étage habite M. et Mme Louis BRUGEAS (1895 – 1964). M. BRUGEAS a épousé en juillet 1925 une jeune fille de Nexon, née au Plantadis.  Leur fils, Jean Marie, naît le 24 juillet 1926 ; Il se marie avec Yvonne MASSALOUX, qui travaillait dans une usine de pantoufle à Aixe sur Vienne. Dès que l’épicerie ferme elle s’y installe et crée un atelier de pantoufle qu’elle appelle « la Nexonnaise ».

Monsieur BRUGEAS décède le 12 mars 1980, ses fils trouverons tous les deux une mort tragique. Le magasin est fermé, Madame Brugeas vit seule avec ses souvenir au 1er étage.

Comme pour la rue Gambetta, la trame est due à la mémoire fidèle de Madame FORGERON. Elle se souvient de tout ce qu’elle a vu lorsque, jeune fille, elle habitait chez ses parents, M. et Mme VIGNERON, les commerçants, ses petites camarades, les événements… Merci mille fois.