Archives de catégorie : santé

Les infirmières à l’hôpital ouvert par la baronne de Nexon en 1914-1918

Un des premiers article que j’ai publié sur ce bog, le 27 février 2015, était consacré à l’hôpital 5 bis ouvert dés le début de la guerre par la baronne de Nexon dans les locaux du pensionnat de jeunes filles. Les jeunes nexonnais ne connaissent pas cet ancien établissement dont la structure est toujours présente, 36 boulevard Gambetta.

L’école de filles en 1930
36 Bd Gambetta en 2023

La baronne va faire appel à ses propres enfants et aux jeunes filles de Nexon. Ma collection c’est enrichie de deux nouvelles photos qui me permettent de mieux identifier les jeunes infirmières.

Sur la photo prise devant la porte de l’hôpital on compte 12 femmes en blouses blanches autours du médecin. La baronne est assise à droite du médecin, Derrière la baronne sa fille Thérèse est debout avec à ses cotés, derrière le médecin, sa sœur Jeanne.

Thérèse de GAY DE NEXON est née le 1er octobre 1890 à Azay-le-Rideau. En effet son père, Auguste de Nexon, louait le château de La Chevrière situé à Saché dans la banlieue d’Azay le Rideau. Devant le refus de son épouse à son souhait d’acheter le château d’Azay le Rideau, il a fait construire le château de La Garde à Nexon. Thérèse a exercé le métier d’infirmière et était enseignante à l’école d’infirmière à Limoges. Elle décède en 1961, à l’âge de 71 ans. Jeanne de Nexon est née à Saché (Indre et Loire) le 12 juillet 1895. Elle épouse M. de LAUZUN le 29 mars 1921 à Nexon. Elle décède en 1962.

Au premier rang, de gauche à droite, Madame St Ange, Madame de Nexon, Mlle Bragard, Mlle Thérèse de Nexon. Au deuxième rang, de gauche à droite, Mlle Tarrade, Mlle Jeanne de Nexon, Mlle Bonnafy, Mlle Lelong.

Mademoiselle Renée TARRADE (1890-1922) était la fille de Jean baptiste TAARADE, huissier à Nexon. Mlle Jeanne BONNAFY (1890 – 1988) était la fille d’Arsène BONNAFY, juge de paix à Nexon dont l’histoire se trouve sur ce blog. Je n’ai pas trouvé la filiation de Mme Saint Ange, ni celle de Mlle LELONG et de Melle BRAGARD.

D’autres photos que je viens de recevoir permettent de confirmer certaines identités.

Une autre photo est celle de Thérèse RALU (1889 – 1970) qui a épousé Jean DESBORDES (1887 – 1971) le 15 mai 1913. Jean DESBORDES est né à Nexon, coiffeur à Paris il y a rencontré sa future épouse. Mobilisé pendant toute la durée de la guerre de 1914-1918 son épouse a du venir chez ses beaux parents à Nexon. Son mari avait effectué son service militaire comme infirmier (1908-1910) et c’est en cette qualité qu’il a été mobilisé en 1914.

Thérèse RALU née DESBORDES

En 1887 une épidémie de rougeole a fait des ravages à Nexon, 21 jeunes de moins de 10 ans décèdent entre le 6 janvier et le 21 mai, les écoles ont été fermées …

Nous vivons l’épidémie liée au Coronas virus mais dans le passé nos anciens ont connus de violentes épidémies. Sans remonter à la peste ou au choléra, la rougeole faisait régulièrement des ravages. Ce fut le cas à Nexon au début de l’année 1887.

Le 6 janvier 1887 la jeune Marie GUYONNAUD, âgée de 14 mois, décède à la petite Bouène. Le lendemain Marguerite CHARRIER n’a que 6 mois lorsqu’elle meurt. Ce sont ensuite des jeunes hommes qui décèdent, Jean LAPLAUD a 17 ans, Jean baptiste ADAM 26 ans, Charles LENFUME 27 ans …

Mais c’est au mois de mars que l’épidémie s’emballe. Le 14 mars Marie SABOURDY décède après quelques heures de vie, puis c’est Marie Lucie VERNEUIL qui a 4 mois. Et la famille VERNEUIL va être cruellement frappée avec le décès, le lendemain, de leurs deux autres filles, Jeanne âgée de 2 ans et demi et Gabrielle Marie qui a 6 ans.

Marie Lucie Verneuil

Pour enrayer l’épidémie, aujourd’hui comme hier, le confinement est la solution.

Avec l’accord du préfet le Maire ferme toutes les écoles pour 3 semaines. L’émotion est vive dans la commune.

Le Gaulois, 28 mars 1887.

Jusqu’au 24 avril douze enfants de moins de 10 ans vont perdre la vie. Après une accalmie en juin, une seconde vague, moins violente, va de nouveau frapper en juillet. le 14 juillet Françoise AUZEMERY est emportée alors qu’elle n’a que 6 mois puis, le 18, Pierre MASSALOUX qui a 14 ans et le 23 c’est François JOUHAUD âgé de 2 mois et le 25 Henri SAZERAT, un bébé de 15 jours.

Au cours de cette année terrible, 27 jeunes enfants de moins de 10 ans ont perdu la vie, 3 enfants sont nés sans vie. La commune a enregistré 70 décès dont 43 de moins de 40 ans. Les années précédentes, comme les années suivantes, le nombre des décès était compris entre 45 et 58.

Après l’épidémie le Gouvernement a interrogé l’Académie de Médecine afin de définir la durée de la mise à l’écart des élèves touchés par une maladie contagieuse, la quarantaine apparaissant trop logue pour certaines maladie et trop perturbante pour les études. Pour la rougeole, l’Académie de médecine propose un isolement de 25 jours.

Le Courrier du Centre 13 mars 1888

La circulaire du Ministre aux recteurs précise également les mesures de désinfection à appliquer.

Liste des personnes de moins de 40 ans décédées en 1887.

Trois enfants sans vie : les 20 avril, 21 mai et 19juin.

Pour ces enfants il n’était pas délivré d’acte de naissance mais un acte de présentation et il ne leur était attribué ni nom ni prénom.

Hier la rougeole, aujourd’hui la Covid-19


La petite Presse 30 mars 1887

La diphtérie et la rougeole sont les deux premières causes de décès des enfants au XIXe siècle.

On voit dans cet article l’hécatombe dans certaines familles. On savait que cette maladie était hautement contagieuse mais on n’en connaissait pas la cause. Sa nature virale est démontrée en 1911 mais le virus n’est isolé qu’en 1954 par John ENDERS.

Le premier vaccin contre la rougeole par virus atténué est homologué aux États-Unis en 1963, et en 1974, l’Organisation Mondiale de la Santé introduit la vaccination contre la rougeole dans son programme élargi de vaccination.

En France la vaccination contre la rougeole entre au calendrier vaccinal en 1983. A partir de 1987 le nombre de cas décline et passe de 400 000 par ans à 44 000 en 1993 et 10 000 en 2000. A partir de 2008 le nombre de cas augmente aussi les pouvoirs publics rendent obligatoire la vaccination contre la rougeole, via le ROR (rougeole, rubéole, oreillons), pour les enfants français nés à partir du 1er janvier 2018.

Les épidémies font partie de l’histoire. En Limousin, le Mal des Ardents en 994, a été la première grande épidémie. Elle fut conjurée, selon la légende, par la procession autours des reliques de Saint Martial, premières ostensions de l’histoire de Limoges.

Au XVIIe siècle, la peste ravage le Limousin. Plus de 20 000 personnes furent touchées sur toute la région de Limoges. Elle débute en 1630, lorsqu’on constate que le corps d’un voyageur descendu à l’hôtel des Arènes à Limoges se couvre de pustules. Très vite, de nombreux cas se déclarent dans la ville et alentours et fait plusieurs milliers de morts.

En 1918 et 1919 la grippe espagnole a tué plus de 160 000 personnes en France. Le maire de Limoges avait interdit les spectacles et les réunions et fait désinfecter les usines.

L’épidémie de la Covid-19 que nous connaissons actuellement n’est pas comparable par le nombre des décès mais elle a conduit à une désorganisation de l’économie plus importante que celle générée par les crises économiques passées.