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En 1897 une jeune fille est relaxée après avoir défiguré au vitriol le garçon qui lui a fait un enfant et ne l’a pas épousée…

Le 14 septembre 1996 la presse limougeaude rendait compte de ce fait divers :

Le Courrier du Centre 14 septembre 1896

Le procès qui va se dérouler quelques mois après va révéler toute la complexité de cette affaire. Le garçon et la jeune Catherine étaient amoureux mais le père de la jeune fille trouvait que le garçon n’était pas un bon parti. Il a interdit à sa fille de le revoir… et bien sur celui-ci a rencontré quelqu’un d’autre ce que la jeune fille n’a pas supporté, d’où sa vengeance.

Dans un premier temps elle a été mise en prison et son enfant est né pendant son incarcération.

La Charente 17 octobre 1896

Le procès à lieu le 16 février 1897 devant la Cour d’Assise de Limoges. La salle est comble et la tribune des dames est complète.

Le Courrier du Centre 16 février 1897

La presse a donné une large place à ce procès. Voici le compte rendu publié dans le Courrier du centre du 17 février 1897 :

COUR D’ASSISES DE LA HAUTE—VIENNE

Audience du 15 février 1897

Affaire Catherine Pradaud (Coups et blessures)

Catherine Pradaud. 21 ans, est originaire de Nexon, où elle est née le 6 octobre 1873 ; elle est cultivatrice a Sazerat. C’est une jeune femme aux traits réguliers, vêtue de noir. Un fichu de même couleur lui couvre la tête.

Elle tient entre ses bras un mignon bébé de quatre mois, joufflu et bien portant, une petite fille qui ne demande qu’à vivre et regarde de ses grands yeux étonnés cette foule qui se presse dans l’auditoire.

M. Debay, greffier, donne lecture de l’acte d’accusation, et, pendant cette lecture, l’enfant, dont l’heure du goûter est arrivée, saisit avidement l’extrémité d’un biberon que lui tend sa mère et tète.

Acte d’accusation

Le 11 septembre 1896, vers midi, la fille Catherine Pradeau se rendit dans un champ où travaillait le sieur Jean Denardou et lui lança par surprise le contenu d’une fiole d’acide nitrique. Gravement atteint au visage, à la poitrine et à l’œil droit, Denardou, malgré des soins immédiats et un long traitement, a complètement perdu l’usage de l’œil.

La victime de cet attentat avait entretenu, pendant longtemps, des relations intimes avec Catherine Pradeau.

Mais le père de la jeune fille, ne voulant pas la donner en mariage à un jeune homme sans fortune, avait fait interdire a Denardou l’entrée de sa maison.

Apprenant que, malgré sa défense, les deux amants continuaient à se voir, il avait proféré des menaces de mort contre le jeune homme, disant qu’il le tuerait, s’il le surprenait avec sa fille. L’état de grosses de cette dernière n’aurait pu modifier de si hostiles dispositions et, au mois d’août, le sieur Pradeau déclarait encore qu’il ne consentirait jamais à accepter Denardou pour gendre.

Celui-ci cependant, désespérant de le faire revenir sur sa détermination, avait cessé depuis quelque temps de fréquenter Catherine Pradeau lorsqu’il fit, à Aixe, le 15 août 1896, la connaissance d’une jeune fille qui lui plut et qu’il fit demander en mariage. Sa demande avant été favorablement accueillie, le mariage fut fixé au 19 septembre et les publications furent faites à Nexon.

Catherine Pradeau, à la nouvelle de cette union, qui ruinait ses dernières espérances, se rendit auprès de Denardou, le 8 septembre et le supplia de revenir à elle, lui disant qu’il n’avait plus à craindre le refus de ses parents. Mais le jeune homme lui répondit que son mariage avec Maria Denis était trop avancé, à l’heure actuelle, et qu’il ne pouvait le rompre.

Malgré ce refus, le sieur Pradeau fit faire le lendemain par l’entremise du voisin, une démarche auprès de Denardou dans le but de le décider à épouser sa fille.

C’est à la suite de l’insuccès de cette dernière tentative que Catherine Pradeau se porta, le 11 septembre, à la rencontre de son amant et lui jeta au visage le liquide corrosif que, dès le 8 septembre, elle avait acheté chez un pharmacien de Nexon, dans un but de vengeance.

En conséquence, la fille Catherine Pradeau est accusée d’avoir, au mois de septembre 1896, en la commune de Nexon, volontairement fait des blessures au nommé Jean Denardou, avec, ces circonstances :

1° Que lesdites blessures ont été suivies de la perte d’un œil ;

2°Que ladite Catherine Pradeau avait, avant l’action, formé le dessein d’attenter à la personne dudit Jean Denardou.

L’interrogatoire

M. le président procède à l’interrogatoire de l’accusée.

Celle-ci se lève et, pour apaiser son enfant qui commence â s’impatienter, elle le berce doucement ; vainement, car les cris continuent ; il faut que Camille, le garde du palais, le prenne dans ses bras et l’emporte chez lui avec son biberon.

L’interrogatoire commence ; elle répond d’une voix faible aux questions préliminaires qui lui sont posée. Elle avoue avoir jeté à la figure de son amant un bol d’acide azotique et avoir causé la perte d’un œil.

— Et pourquoi avez-vous commis cette action lui demande le président.

C’est un garçon que j’aimais beaucoup et que J’aime encore, répond l’accusée, il m’avait promis le mariage et m’avait juré de ne m’abandonner qu’a la mort. Il venait chez moi, à la veillée, c’était un camarade de mon frère. Après la départ de mon frère pour le service, Denardou n’est pas revenu, mon père le lui avait défendu. Nos rapports ont duré trois ans, ils ont cessé trois mois après que je me suis reconnue enceinte.

D. Denardou est-il le père de votre enfant ?

R. Monsieur le président, il en est le père comme j’en suis la mère.

D. Ce n’est pas ce que dit votre victime. Vous a-t-il demandée à votre père ?

R. Non, monsieur, mais la première fois que j’eus des rapports avec Denardou, c’est après une promesse formelle de sa part de me prendre pour femme.

D. Voire père ne voulait pas de ce mariage, il ne vous l’avait pas caché.

R. C’est vrai, mais j’aimais Denardou et lui m’avait promis de ne me quitter qu’a la mort.

D. A quelle époque vos parents se sont-ils aperçus de votre état de grossesse ?

R. Six ou sept mois après.

D. A ce moment, dites-vous ils ont déclaré ne plus voir d’obstacles à votre mariage avec Denardou. Eh bien ! il parait qu’il n’en est rien. A quelle époque avez-vous appris le projet de mariage entre Denardou et Mlle D.… ?

R. Vers le mois de septembre, alors je suis allé trouver mou amant et lui ai demandé si la nouvelle que je lui répétai était exacte. Il m’a répondu affirmativement, et a déclaré qu’il ne pouvait pas m’épouser puisque mes parents ne le voulaient pas. Je lui ai répondu que c’était faux.

D. Et c’est le 8 que vous avez acheté de l’eau forte chez M. Bonnel, pharmacien à Nexon, sous prétexte que vous en aviez besoin pour faire disparaître des verrues.

R. C’est exact.

D. Était-ce bien pour en faire l’usage que vous disiez ?

R. Non, monsieur. J’étais affolée et je voulais me venger.

D. Le 11 septembre, vous avez eu un second entretien avec Denardou ?

R. Oui, je suis allée le trouver et une fois de plus Je lui ai demandé s’il voulait m’épouser ; il m’a répondu non ; alors je lui ai jeté un bol d’acide à la figure.

L’audience est suspendue à 11 heures1/4.

Audience du soir

L’audience est reprise à une heure un quart. La salle est comble, la tribune des dames est au grand complet.

L’accusée est introduite et s’assoit à son banc ; elle tient toujours entre ses bras son enfant qui dort doucement sur le sein de sa mère.

Les Témoins

L’audition des témoins commença.

— Denardou, la victime de cette affaire passionnelle, raconte la scène au cours de laquelle il reçut au visage le liquide corrosif.

Il prétend que s’il n’a pas voulu se marier avec la fille Pradaud, c’est, qu’on lui avait dit que le père de celle-ci voulait le tuer s’il devenait son gendre.

Le président lui demande s’il est certain d’avoir été le seul à entretenir des relations avec Catherine Pradaud.

Le témoin dit qu’elle se rencontrait souvent avec plusieurs d’e ses amis et qu’il était bien possible qu’elle se fût donnée à d’autres que lui.

A une question catégorique du président sur ce point, Denardou répond « qu’il croit qu’il pourrait bien y en avoir eu d’autres, mais qu’il ne peut l’affirmer ».

Sur la demande du défenseur, Denardou reconnaît implicitement qu’il avait entamé des démarches en vue d’un mariage avec une autre jeune fille avant de savoir quelle était l’attitude des parents de Catherine Pradaud à son égard.

Il reconnaît également avoir objecté à la malheureuse jeune fille qui le suppliait de l’épouser, « qu’il était décidément trop tard, que les habits de sa noce avec Mlle D.… étaient achetés et qu’enfin il n’y avait plus rien à faire ».

Cet aveu cynique soulève un murmure dans l’auditoire.

— François Pradaud, 30 ans, cultivateur à Nexon, avait eu des idées matrimoniales sur la fille Catherine Pradaud, mais ayant appris que cette dernière était enceinte, il changea d’avis.

— M. Firmin-Barthélemy Tarrade, 65 ans, propriétaire à La Plaine, reçût la visite de la mère de l’accusée, trois ou quatre jours avant l’affaire qui amène Catherine Pradaud devant les assises.

Le témoin se chargea de faire une démarche auprès, de Denardou. Cette démarche n’aboutit pas et M. Tarrade le fit savoir au père de la jeune fille. Cet homme se mit alors à pleurer pendant une demi-heure, ajouta le témoin.

— Mme Bonnel, femme de M. Bonnel, pharmacien à Nexon, a délivré sur sa demande à l’accusée, du l’acide nitrique pour brûler des verrues.

— Jean Pradaud, 27 ans, employé de commerce, a assisté un jour à un entretien qu’avait à l’auberge le père de l’accusée avec une autre personne. Il était question de Denardou. « Il ne se mariera pas avec ma fille, dit le père Pradaud, je les tuerai plutôt tous les deux ». Ceci se passait le 1er août.

— M. le docteur Escorne a examiné Denardou aussitôt après le jet d’acide azotique dont il a été victime. L’honorable témoin explique d’une façon très précise les constatations qu’il a faites et termine en déclarant que l’œil droit de Denardou est complètement perdu, sans espoir de guérison.

— M. Gabriel Thomas, maire de Nexon, donne d’excellents renseignements sur la famille Pradaud, et en particulier sur l’accusée, fille très honnête et très sage. I

De son côté, Denardou est un excellent garçon qui n’avait jusqu’alors jamais fait parler de lui.

Le témoin a vu Catherine Pradaud à la gendarmerie après son arrestation, elle a regretté son acte de désespoir et a ajouté : j’aime toujours Denardou, et fut-il aveugle, s’il me voulait encore, je suis prête à l’épouser.

On est ému dans l’auditoire.

Le Réquisitoire et la Plaidoirie

M. Barnardbeig, substitut de l’avocat général, prononce un réquisitoire où perce une certaine émotion sympathique en faveur de l’accusée.

Néanmoins, se basant sur le principe qu’on ne doit pas se faire justice soi-même, l’honorable organe du ministère public conclut à l’application d’une peine mitigée par l’admission de Iarges circonstances atténuantes.

Le rôle de M. Nicard des Rieux est singulièrement facilité ; autant on est touché de la situation pénible dans laquelle se trouve sa cliente, autant Denardou est indifférent a tous.

Et avec son éloquence habituelle, le sympathique avocat rappelle tout ce qui a précédé la scène du 11 septembre, il montre le désespoir de la Jeune fille enceinte et l’égoïsme du séducteur.

Il insiste sur son cynisme lorsqu’il lui objecta qu’il ne pouvait l’épouser, ses habits de noces étant acheté pour une autre.

Me Nicard termine en demandant un acquittement.

Le jury se retire pour délibérer et rapporte le verdict que tout le monde attendait, un verdict négatif, un verdict d’acquittement.

Et dans la salle on applaudit lorsque lecture en est donnée à l’accusée.

L’audience est levée à 4 heures 1/2, une foule sympathique s’était massée au pied des escaliers du palais de justice pour voir sortir Catherine Pradaud que l’on a accompagnée jusqu’à la prison où a eu lieu la levée d’écrou.

Le Courrier du Centre 1897/02/17

Que déciderait un jury aujourd’hui ? Le respect de la parole donnée est la base de la société et c’est un déshonneur pour un garçon de ne pas épouser la fille qu’il a mise enceinte. Et pourtant, à Nexon comme dans toutes les communes, les enfants naturels n’étaient pas rares.

Les coccinelles, le groupe de majorettes créé à Nexon au début des années 1970.

Martine FOUGERAS m’a fait découvrir ce groupe de Majorettes dont je n’ai trouvé aucune trace dans les archives municipales. Mais sans doute qu’avec la photo du groupe prise devant l’ancienne mairie des souvenirs, des noms, des photos vont revivre.

Merci d’avance.

Pour la fête de septembre 1975 un char a été réalisé par les Majorettes de Nexon.

Les bons points et les cahiers à l’école : les miens à Nexon de 1953 à 1957 et ceux de mon père en 1927 à Gleixhe, petit village de Belgique.

En rangeant de vieux papier j’ai retrouvé les bons points que mon père avait reçu lorsqu’il était à l’école à Gleixhe, petit village de Belgique situé à 16 km de Liège sur la route de Namur. Mon père y vivait, son père ayant repris le moulin familial au décès de son père.

Bon élève mon père a reçu de nombreux bons points tant pour la conduite que pour le travail. Ce qui m’a frappé c’est le côté pédagogique des images qui y étaient associées.

En Belgique comme en France les bons points récompensaient le mérite tant pour le travail que pour la conduite. C’était des petits rectangles en carton léger et lorsque l’élève en avait il les échangeait contre une image. Dans certaines écoles contre dix images, l’élève avait droit à un livre. Mais le bon point servait aussi à « rembourser » les bêtises, par exemple en cas de bavardage, l’élève devait rendre un de ses bons points et se trouvait quitte ! Ce système de gratifications est peu à peu tombé en désuétude après Mai 68.

Les bons points étaient simples, souvent comme ceux-ci :

I – Mes bons points et mes cahiers à Nexon

Je vais passer 4 ans à l’école primaire du CP avec Mme PRADIER au CM1 avec Melle BOISSIERE qui deviendra Mme ROUSSIN. A l’issu du CM1 j’irai en pension et entrerai directement en 6ème.

  • Le CP, 1953-1954

Je suis entré au CP en septembre 1953 à 6 ans comme c’est la règle. La maitresse était Mme Pradier. Je ne me souviens pas bien d’elle mais je me rappelle qu’elle amenait souvent sa fille et elle se trouve sur la photo de classe. Comme l’école n’était pas mixte il est facile de l’identifier. Bernard Sanciaud la tient par l’épaule. Bernard était mon meilleur camarade, nous nous disputions les premières places. Je reconnais un certains nombre des élèves mais je les ai presque tous perdus de vue si ce n’est, sur cette photo, Patrice VALETTE et moins souvent Jean Pierre LAMONERIE. J’ai revu Christian DERLIN, à coté de moi, pendant les années 1970-1980 avec son groupe de musiciens et j’ai appris son décès en fevrier 2020.

J’ai conservé quelques cahiers et ce qui m’a frappé ce sont les leçons de morale. Elles commencent en décembre 1954 avec les vœux puis à partir du mois de janvier, tous les deux jours en moyenne une phrase qui, en les relisant aujourd’hui, me montrent que le monde a changé :

Cette phrase est d’autant plus importante pour moi que je l’entendais souvent à la maison, non seulement parce que mes parents avaient une boulangerie mais surtout parce que mon père, ayant été prisonnier pendant cinq ans, ne supportait pas qu’on ne finisse pas le morceau de pain qu’on nous avait donné.

Les autres leçons traitaient du comportement : politesse, respect, orgueil, égoïsme…

Je terminerai pas ces deux leçons sur le courage, a la fois ne pas reculer devant le danger mais aussi faire face à la douleur…

Les journées se déroulaient sur le même rythme et avec les mêmes rituels : en rang en silence devant la porte de la classe , entrée lorsque la maitresse donne le signal, debout derrière sa table, assis au signal puis leçon de morale, écriture, calcul, dictée, grammaire, récitation ou dessin, le tout entrecoupé d’une récréation le matin et l’après-midi et le repas de midi pour beaucoup pris à la cantine. La maitresse ne faisait pas de cours d’éducation physique, c’était M. DUGUET qui venait de Limoges qui les assurait les mercredi après midi ou toutes les classes de garçons montaient au stade, en rangs par quatre…

A la fin de chaque journée il avait la distribution des bons points, trois ou quatre, parfois plus, parfois moins pour ceux qui avaient bien travaillé. Nous échangions dix bons points contre une image. J’en ai gardé, du moins c’est ma mère qui l’a fait pour moi, et pour être certain que c’était bien une image donnée par la maitresse elle la signait au dos.

Image signée par Mme PRADIER, mon prénom est ajouté par ma mère pour ne pas mélanger les bons points entre ceux de mes frères et de mes sœurs.
  • Le Cours Elémentaire CE1,1954-1955

Le maitre, M. Guy BARJOU, rentrait juste de son service militaire. C’est le maitre qui m’a le plus marqué et c’est avec plaisir que je l’ai retrouvé à Limoges, alors qu’il était à la retraite et que nous participions aux mêmes conférences.

La classe de CE1 avec M. BARJOU

Les CE1 et les CE2 sont ensemble ce qui fait une classe de 35 élèves, mais il n’y avait aucun problème de discipline, M. BARJOU était naturellement respecté. Bernard SANCIAUD est au premier rang et j’ai un nouveau très bon camarade dont la maman est institutrice à l’école des filles, Jacques MATHIEU, également au premier rang. Comme pour la classe de CP j’ai perdu de vue la plupart de ces camarades de classe mais j’ai toujours gardé des contacts avec certains d’entre eux, ceux que j’ai cité de la classe du CP, Patrice VALETTE et Jean Pierre LAMONERIE que je n’ai jamais perdu de vue comme François MARCELLAUD, au dernier rang à côté du maitre, Guy DEFAYE au dernier rang… Je suis au 2ème rang, le 6ème en partant de la gauche et je porte une blouse noire. Elle était obligatoire, grise ou noire, seuls deux ou trois n’en portent pas faute de moyens insuffisants pour les parents, ce qui n’était pas le cas de Jacques, au premier rang.

C’est avec ces garçons que nous étions « de la classe ». le 14 avril 1965, nous avons passé le conseil de révision ensemble. Ce fut le dernier ou nous étions tout nu devant les autorités! Notre bal des conscrits a rempli la salle des fêtes au point qu’il était impossible de danser et la cagnotte que nous nous sommes partagée était si importante qu’elle nous a permis de sortir pendant plusieurs samedi de suite, d’aller au bal ou dans les bars comme l’Azur, rue Baudelaire, où il était de tradition de conduire les plus niais pour qu’ils perdent leur innocence…

Je n’ai qu’un seul cahier du cours élémentaire, le cahier de récitation :

M. BARJOU distribuait des bons points et j’ai gardé une image :

L’image a pour but de montrer la manière dont on s’habillait aux différentes époques. Ici c’est Louis XVI dont le costume est décrit au verso. Comme pour le CP, le maitre signe au dos, sans doute parce que ces bons points sont des images publicitaires quelques élèves malins auraient pu faire croire qu’une image trouvée dans un paquet de gâteaux était un bon point ! Le CE, 1955-1956

  • Le CE2, 1955-1956

Cette année là nous avons changé de maitre, M. BARJOU est parti à Limoges et nous sommes avec M. Albert GRAFEUILLE. Il est sorti de l’Ecole Normale en 1954, c’est donc un tout jeune prof. Nous avons eu la chance pour nos années de CE et de CM d’avoir des jeunes profs dont l’enthousiasme transparaissait dans leur manière d’enseigner. Autoritaires sans être caractériels, proches des élèves sans être familiers, dynamiques même si nous n’avons pas profité des talents de footballeur d’Albert GRAFEUILLE à la différence des jeunes de Lubersac. Il fut un excellent joueurs de la JS Lubersac avec laquelle il remporta la Coupe de la Corrèze en 1961 et dont il devint un dirigeant jusqu’à son décès en septembre 2016. Sa passion pour le sport l’a conduit à devenir prof d’EPS au collège de Lubersac puis conseiller pédagogique dans cette discipline.

J’ai plusieurs cahiers de cette classe et je dispute toujours les places du podium avec Bernard SANCIAUD. Outre ceux avec qui j’étais au CE1 je suis maintenant avec mon frère Michel, au milieu de 3ème rang, et deux camarades malheureusement disparus, Michel CANARD, au dernier rang, et Jean Claude CLERMONTEIL au 2ème rang.

J’ai plusieurs cahiers de cette année de CE2. Ce qui m’a marqué c’était les compositions. Au cours de la même journée on avait géométrie ( j’aimais beaucoup cette discipline…), leçon de chose, histoire, vocabulaire, récitation… Je joins le contrôle du vendredi 27 janvier 1956 :

Je n’ai pas réussi à être premier mais de troisième le mois précédent j’ai gagné la deuxième place et j’ai reçu les encouragements du maitre.

Ce qui me frappe c’est l’absence de note en éducation physique. Il est vrai que pendant plusieurs années il fallait avoir une tête bien faite, le corps était moins important et souvent les sportifs étaient considérés comme ayant une  » petite cervelle » ! Cette vision a bien changé et je l’ai vécu de prêt lorsque j’enseignais l’économie du sport au centre de droit et d’économie du sport a Limoges ou à la faculté des sports de Marseille ou j’ai eu l’occasion d’avoir comme étudiants des champions Olympiques, des Champions de France…

Tout bon travail était accompagné de bons points qui se transformaient en images :

L’image n’appartient pas à une série publicitaire mais provient d’une édition éducative. A l’époque la Cote française des Somalis était une colonie . Elle est devenue en 1967 le Territoire français des Afars et des Issas puis en 1977 la République de Djibouti.

  • Le CM1, 1956-1957

Avec le changement de classe, changement de maitre et c’est de nouveau un maitresse, une jeune maitresse, Melle BOISSIERE qui deviendra plus tard Mme ROUSSIN. Comme MM. BARJOU et GRAFEUILLE c’était une excellente maitresse, exigeante et sévère. Nous n’aimions pas quand elle prenait sa règle en fer et nous tapait sur le bout des doigts que nous devions tenir droits, collés les uns aux autres.

Je n’ai pas la photo de ma classe de CM1, mais peut-être qu’un lecteur de ce blog l’a ? Mais j’ai quelques cahiers et bons points.

A cette époque il ne fallait pas faire de fautes, avec cinq fautes on avait zéro. Je faisais beaucoup de fautes d’étourderie et ici avec 4 fautes j’ai 2 sur 10 !

Mais cela ne m’empêchait pas d’avoir des bons points et des images :

J’ai beaucoup insisté sur les cours de morale de Mme PRADIER en CP et je suis surpris de n’en avoir pas eu par la suite. Aujourd’hui on ne parle plus de morale mais d’éducation civique et citoyenne mais le rappel d’une morale universelle ne serait pas inutile !

II Les bons points de mon père en Belgique en 1928.

En 1928 mon père avait 9 ans et était dans une classe équivalente au CE2 que j’ai suivi.

Ses cahiers étaient remarquablement bien tenus. L’exigence pour une belle écriture était forte :

Sur cette page la correction de « l » de mal en surprendrait plus d’un aujourd’hui mais le modèle de l’écriture cursive doit être respecté.

En plus de l’exigence « calligraphique » je trouve que la morale est intéressante. C’est presque la même que celle que j’ai copié avec Mme PRADIER sous une forme que je ne connaissais pas :  » pain mal acquit remplit la bouche de gravier ».

Les bons points eux mêmes étaient de véritables leçon d’éducation civique. Sur les 11 images que j’ai trouvé j’en choisi quelques une que l’on peut toujours mettre en pratique aujourd’hui:

Si la règle est claire  » Respectons la liberté d’autrui », certaines maximes ne seraient plus acceptées aujourd’hui. C’est le cas de celle du Jeudi relative au Congo. Le territoire actuel de la République démocratique du Congo a été de 1885 à 1908 la propriété personnelle du roi des Belges, Léopold II. S’il a le pays délivré du fléau des esclavagistes venant des pays arabes ce fut au prix de confiscation de terres, de travail forcé, de bouleversement des coutumes et d’une exploitation de la population.

Au début des années 1900 une vague d’indignation nait en Grande Bretagne et se répand aux Etats-Unis. Sous la pression internationale et conscient de sa faible popularité dans son pays, en 1908, Léopold II transfert le Congo à la Belgique qui en fait une colonie sous le nom de Congo Belge. Elle accèdera à l’indépendance le 30 juin 1960 sous le nom de Congo Belge. En 1927 le mouvement anticolonialiste n’existait pas et la Belgique, comme la France, ventait les mérites de la colonisation, source de Progrès.

Le verso ne me semble pas lisible par un élève de 9 ans ni même plus âgé. Si la première phrase est facile, elle est écrite dans un style désuet. L’élève comprend t’il ce qu’est une « clause attentatoire à sa liberté  » ? On voit bien que ces bons points s’adressent à des enfants d’agriculteurs et qu’on incite ceux ci à utiliser des engrais, surtout le sulfate d’ammoniaque que l’on trouve cité dans presque tous les bons points. Comme aucun nom de marque ne figure on peut penser que c’est un moyen d’inciter les parents qui vont lire ces textes, à utiliser plus d’engrais afin d’accroitre les rendements.

Le bon point suivant traite d’un thème qui est rarement pour ne pas dire jamais en éducation civique à l’école élémentaire, celui de la défense nationale. C’est en troisième que le programme d’enseignement moral et civique aborde explicitement la défense et la sécurité. Il est vrai qu’en 1927, aussi bien Belgique qu’en France la défense était assurée par les citoyens qui effectuaient leur service militaire. Celui-ci ayant été suspendu, l’armée est devenue une armée de professionnels.

Pour la dernière image je choisi celle qui parle de l’Avenir. Il y a plein de sagesse dans les maximes qui sont proposées :

Lorsque mon père est arrivé en France l’année suivante, les bons points qu’il a obtenu ressemblent aux miens. En 1928 , ce sont des images sur des animaux, des métiers, autrefois et au verso une publicité principalement Blédine, une farine pour les enfants en bas âge Liebig. Queques rares bons points ne comportent pas de publicité.

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Sur ces bons points, le motif de leur obtention est indiqué.

Sur la série suivante on trouve la publicité Liebig. Cette marque a été créée en 1847, quand le chimiste allemand Justus von Liebig a déposé un brevet pour son invention d’un procédé d’extrait de viande de bœuf.

Au verso l’image est expliquée, mais la publicité est plus visible.

Sur la série suivante on trouve la publicité pour Blédine. Au verso le métier est expliqué mais la place réservée à la publicité est plus importante.

La série des animaux compte de nombreuses espèces avec au verso une courte description de l’animal et une très grande place à Blédine.

Le dernier bon point que je présente m’a surpris car il a été attribué à mon père pour le ménage !

Si vous avez des bons points, des images, des cahiers de Nexon ils pourront enrichir ce texte…

Les américains à Nexon en 1918, quelques compléments.

Quelques photos pour compléter les articles publiés le 27 juillet 2015, « Nexon, une étape pour les soldats américains.. », et le 6 juillet 2018, « En 1918, 2 soldats américains se marient à Nexon ».

D’abord une photo prise par Martial DESPLANCHES, né en 1873, horloger place de la mairie à Nexon. Ce sont deux soldats américains dans une cariole. Ces jeunes étaient tous surpris par les modes de vie en France et ils prenaient des photos qu’ils envoyaient à leurs parents. Le jeune garçon en habit blanc avec un chapeau, à gauche, indiqué par une croix, est René DESPLANCHES qui sera lui aussi horloger à Nexon. Il a 9 ans.

Les autres photos ont été prises au château de La Garde. L’épouse du baron Auguste de Nexon, Gertrude RICARDO, était anglaise. Elle faisait venir d’Angleterre des nurses afin que leurs enfants parlent régulièrement l’anglais.

Quand les américains sont arrivés en France Robert, le quatrième fils du baron Auguste de Nexon, avait 28 ans. Au moment de la déclaration de guerre il effectuait son service militaire comme officier de cavalerie. Son brillant comportement pendant les combats lui avait valu d’être rapidement promu capitaine. Détaché comme officier de liaison auprès de l’armée américaine il favorisa le séjour d’un régiment à Nexon. Les officiers, ceux qui étaient logés au château de La Garde et ceux qui logeaient en dehors de Nexon, se retrouvaient pour des réceptions ou des parties de tennis avec les jeunes enfants du baron. Plusieurs photos, confiées par le baron Ferreol, montrent la famille de NEXON avec les officiers américains du 66ème régiment d’artillerie (66th CAC).

La partie de tennis vient juste de se terminer et tout le monde est réuni pour la photo. Le baron Auguste est au second rang, au centre, derrière le Colonel HOWELL. A la droite de celui-ci sur la photo, la baronne Gertrude de NEXON, née RICARDO. Sa fille Thérèse est à coté d’elle et Claire à l’autre extrémité du banc. Entre Claire et le colonel se trouve le Major MONROE.

Au second rang, à droite du baron, le Lieutenant Colonel KERFOOT. C’est lui qui commande le détachement qui séjourne à Nexon, l’autre partie du régiment est à Aixe sur Vienne. Les trois officiers supérieurs sont en uniforme et n’ont pas joué au tennis. Les trois officiers qui ont joué sont en tenue décontractée. Ils ont du jouer avec les trois filles qui, elles, sont en tenue de sport blanche. Marguerite est la première à gauche au second rang, à coté d’elle son frère Georges de NEXON, qui a 18 ans, est en costume et cravate. Il est à coté du capitaine HATCHER qui vient de disputer une partie de tennis. A coté du Lieutenant Colonel KERFOOT se trouve le capitaine RANNEY. Le dernier officier n’est pas identifié.

On remarque que pour être admis au château il faut au moins être capitaine. L’un deux pose dans l’allée qui y mène, en arrière plan sans doute la voiture du colonel.

Une autre photo a été prise un autre jour, également après une partie de tennis. On y retrouve pratiquement les mêmes personnes.

le Baron Armand de Nexon est décédé en 1912, sa veuve, née Chérade de MONBRON, est assise au premier rang, à l’extrême droite, à coté de la baronne Auguste de NEXON dont l’époux est absent. On dit que n’étant pas aussi à l’aise en anglais que son épouse il n’était pas aussi souvent présent qu’elle pour discuter avec les officiers. Une des filles qui était absentes sur la photo précédente, Jeanne, est ici la deuxième au premier rang à coté de sa sœur Thérèse qui tient sa raquette à la main.

Dans une lettre qu’elle a envoyé à son oncle Ferréol sa tante Claire, qui avait 15 ans en 1918, écrit :  » Nos amis HATCHER et RANNEY jouaient aux tennis avec nous, surtout avec mes sœurs ainées car les plus jeunes avaient surtout le droit de rouler et marquer le tennis et ramasser les balles. On jouait tout de même après. Ces officiers étaient très gentils. Ils nous ont aussi appris à danser…

Je me suis rappelé quelques noms. Je ne suis pas sur du colonel qui est assis. On le voyait peu. C’est KERFOOT qui commandait à Nexon. Ils aimaient chanter. Un soir ou mes sœurs ainées avaient chanté au piano des Negro spirituals, HATCHER avait pleuré… »

Il y a sans doute des photos de Nexon aux Etats-Unis. Les courriers que j’ai envoyé n’ont pas permis d’entrer en contact avec des familles de ces anciens soldats. M. LAVAUD qui a fait un très important travail sur la présence américaine à Aixe et Chalus a pu joindre les descendants d’un soldat qui était à Aixe. Il m’a confié quelques une des photos qu’il a reçu.

D’abord à Aixe sur Vienne : Les soldats sont toujours attirés par les charrettes tirées par des bœufs, choses qu’ils ne connaissent pas aux Etats-Unis, les églises qu’ils prennent pour des cathédrales, le tramway, les cimetières avec les nombreuses perles sur les croix … mais aussi les moments de leur propre vie avec leur toilette à la pompe, les séances d’épouage ( cootie= poux)…

La toilette

A Chalus on les voit toujours intéressés par les vieilles pierres dont ils manquent chez eux. Ils se font prendre en photo dans les ruines du château ce qui permet de voir les changements entre 19118 et 2020..

Concert sur la place

Pour reprendre les derniers commentaires …

L’auteur du blog sur Saint Yrieix la Perche nous invite à regarder plusieurs sites qui traitent du barbichet, ceci pour actualiser le chapitre que j’ai consacré au barbichet le 6 novembre 2017 : https://etsinexonmetaitconte.fr/wp-admin/post.php?post=2363&action=edit

Il commence par une photographie qui lui donne la nostalgie du barbichet : https://saintyrieixlaperche.wordpress.com/2020/12/27/jai-la-nostalgie-du-barbichet/

Puis il nous donne l’adresse de deux sites limousin qui consacrent un article au barbichet

L’eicolau dau barbichet : https://eicoladaubarbichet.jimdofree.com/costumes/

Lou rossigno do limouzi : http://www.lourossignodolimouzi.fr/le-barbichet/

Un autre correspondant m’a envoyé des photos en me demandant si elles correspondaient au domaine de La Vigne appartenant à la famille MAZEAUD. Ayant eu par M. jacques MAZEAUD que certaines avaient bien été prise à La Vigne j’en extrait deux ou l’on voit le groupe des servantes en costume limousin, devant la maison, dans les années 1880-1890, les photos ayant été tirées de plaques photographiques.

L’article sur La Vigne et les MAZEAUD a été publié le 10 mars 2019 : https://etsinexonmetaitconte.fr/wp-admin/post.php?post=3213&action=edit

Recherche d’informations sur la famille BALAIZE.

Claude BALAIZE qui a 85 ans et habite Senlis cherche des informations sur ses arrières grands parents qui ont vécu à Nexon.

Yrieix Balaize, son arrière grand-père est né le 27-05-1849 à Le Chalard et décédé à Nexon le 12-10-1908. Il a été inhumé dans le cimetière communal (concession 289).

Quant à son arrière-grand-mère, veuve Balaize, elle est née Marie Eléonore Léonard le 21-03-1849 à Rochechouart et décédée à Nexon le 20 janvier 194. Il n’y a pas de registre des inhumations qui remontent a cette date donc on ne sait pas si elle est inhumée dans ce caveau.

Ces deux personnes se sont mariées le 09-05-1871 à Rochechouart. Ils ont eu une fille, Balaize Marie Louise, née le 11-04-1872, veuve en 1ères noces de Gabriel Meunier-Quinsac, veuve en 2èmes noces de François Lelong, maire de Nexon. Elle est décédée le 21-07-1960 à Tulle. François Lelong est mort à Nexon le 27-03-1925.

Balaize Yrieix a d’abord été instituteur et ensuite Agent voyer et il aurait été un citoyen « actif » à Nexon !

Merci à tous ceux et celles qui pourront apporter des informations.

En 1887 une épidémie de rougeole a fait des ravages à Nexon, 21 jeunes de moins de 10 ans décèdent entre le 6 janvier et le 21 mai, les écoles ont été fermées …

Nous vivons l’épidémie liée au Coronas virus mais dans le passé nos anciens ont connus de violentes épidémies. Sans remonter à la peste ou au choléra, la rougeole faisait régulièrement des ravages. Ce fut le cas à Nexon au début de l’année 1887.

Le 6 janvier 1887 la jeune Marie GUYONNAUD, âgée de 14 mois, décède à la petite Bouène. Le lendemain Marguerite CHARRIER n’a que 6 mois lorsqu’elle meurt. Ce sont ensuite des jeunes hommes qui décèdent, Jean LAPLAUD a 17 ans, Jean baptiste ADAM 26 ans, Charles LENFUME 27 ans …

Mais c’est au mois de mars que l’épidémie s’emballe. Le 14 mars Marie SABOURDY décède après quelques heures de vie, puis c’est Marie Lucie VERNEUIL qui a 4 mois. Et la famille VERNEUIL va être cruellement frappée avec le décès, le lendemain, de leurs deux autres filles, Jeanne âgée de 2 ans et demi et Gabrielle Marie qui a 6 ans.

Marie Lucie Verneuil

Pour enrayer l’épidémie, aujourd’hui comme hier, le confinement est la solution.

Avec l’accord du préfet le Maire ferme toutes les écoles pour 3 semaines. L’émotion est vive dans la commune.

Le Gaulois, 28 mars 1887.

Jusqu’au 24 avril douze enfants de moins de 10 ans vont perdre la vie. Après une accalmie en juin, une seconde vague, moins violente, va de nouveau frapper en juillet. le 14 juillet Françoise AUZEMERY est emportée alors qu’elle n’a que 6 mois puis, le 18, Pierre MASSALOUX qui a 14 ans et le 23 c’est François JOUHAUD âgé de 2 mois et le 25 Henri SAZERAT, un bébé de 15 jours.

Au cours de cette année terrible, 27 jeunes enfants de moins de 10 ans ont perdu la vie, 3 enfants sont nés sans vie. La commune a enregistré 70 décès dont 43 de moins de 40 ans. Les années précédentes, comme les années suivantes, le nombre des décès était compris entre 45 et 58.

Après l’épidémie le Gouvernement a interrogé l’Académie de Médecine afin de définir la durée de la mise à l’écart des élèves touchés par une maladie contagieuse, la quarantaine apparaissant trop logue pour certaines maladie et trop perturbante pour les études. Pour la rougeole, l’Académie de médecine propose un isolement de 25 jours.

Le Courrier du Centre 13 mars 1888

La circulaire du Ministre aux recteurs précise également les mesures de désinfection à appliquer.

Liste des personnes de moins de 40 ans décédées en 1887.

Trois enfants sans vie : les 20 avril, 21 mai et 19juin.

Pour ces enfants il n’était pas délivré d’acte de naissance mais un acte de présentation et il ne leur était attribué ni nom ni prénom.

Un très bel article sur le baron Robert de Nexon dans la revue BeBridge de Novembre – Décembre 2020.

Robert de NEXON a non seulement été un grand joueur de bridge et sans doute le seul nexonnais à avoir conquis un titre de champion du monde mais il fut aussi un brillant officier et un chef d’entreprise performant. Marc MECHENOUA, qui a écrit l’article que lui consacre la revue BeBridge, a eu connaissance de mon blog et nous avons longuement échangé sur le sujet qu’il souhaitait traiter. Il m’a autorisé à mettre son article ainsi que le numéro de la revue sur mon blog, ce que je fais avec plaisir.

Que l’on soit ou non joueur de bridge on ne peut qu’apprécier la qualité de BeBridge. Cette revue a pris la suite du très ancien Le Bridgeur en le modernisant et en abordant des sujets comme la musique, le cinéma, la musique, la gastronomie …

Bonne lecture.

Les évacués de Buhl racontent leur arrivée à Nexon

A la suite de mon article sur les évacués de Buhl, Monsieur Robert BALL m’a envoyé un article qu’il a publié dans le Bulletin communal de Buhl pour l’année 2019. C’est l’histoire de son village pendant la deuxième guerre mondiale avec une première évacuation vers la Haute-Vienne, d’abord à Darnac puis à Nexon. Il décrit le choc que cet épisode a créée chez les 335 habitants du village, alertée par le tocsin le 1er septembre 1939 et recevant l’ordre d’évacuer en 2 heures en emportant 30 kg d’effets personnels. Après 8 jours de marche et d’arrêts plus ou moins longs c’est le départ en train, sans confort et sans hygiène. Puis c’est l’arrivée au Dorat et le choc des cultures. Un grand nombre des Alsaciens ne parlaient pas un mot de français ce qui fait qu’ils ont parfois été traités de « Boches ». Mais outre la langue tout les séparaient des Limousins: le paysage, le climat, l’habitat avec des fermes dispersées alors les fermes en Alsace sont toutes regroupées dans des villages, le travail des champs avec des bœufs alors que chez eux on utilise les chevaux, la nourriture, la boisson…

La photo est prise en haut de la rue Pasteur.

Avec l’armistice c’est le retour à la maison mais une maison sous occupation et une germanisation forcée accompagnée d’un endoctrinement. C’est particulièrement dur pour les jeunes de 17 à 25 ans soumis au service du travail, le « Reichsarbeitsdienst ». puis à partir du 26 aout 1942 l’incorporation de force dans la « Wehrmacht ». La fin de l’année 1944 a été très difficile. L’arrivée des troupes américaines à Buhl le 14 décembre 1944 ne donne pas lieu à une liesse débordante car ce qui reste de l’armée allemande se prépare à une vaste offensive contre les Alliés. Des combats violents opposent le 315e régiment d’infanterie US à la 21e Panzerdivision. le 14 janvier 1945 des bombes tombent sur Buhl. Les habitants évacuent pour la seconde fois leur village qu’ils retrouveront en partie détruit, à partir du 16 mars après que la grande offensive lancée par la 2ème DB du général Leclerc ait permis la libération des villages alsaciens. Cette fois ci c’était la joie et le début d’une nouvelle vie pour cette population qui en 75 ans a changé 4 fois d’appartenance politique.

J’avais une image imprécise de la ligne Maginot. J’ai découvert que Buhl se trouvait en plein milieu de ce qui n’est pas une ligne mais un couloir de plusieurs kilomètres de large avec des postes d’observation près de la frontière, puis, environ 5 kilomètres en arrière de la frontière, une ligne de points d’appui et d’avant postes avec des blockhaus antichars devant opposer une première résistance et, à 10 kilomètres de la frontière, la LIGNE PRINCIPALE DE RESISTANCE précédée d’un obstacle antichar, un champ de rails plantés verticalement. Celui-ci est combiné avec un obstacle anti-personnel fait de réseaux de fil de fer barbelé très dense et d’ardillons, petites pointes émergeant du sol. Des barrières routières antichars permettaient d’obstruer les routes aux points de passage dans le champ des rails. Les casemates sont armées de mitrailleuses et de canons antichars. Elles ont généralement 2 étages, un niveau de combat et un étage inférieur de repos et de services (groupes électrogènes, réserves d’eau, de carburant, de vivres, ventilation, etc.). Elles sont surmontées de 1 à 2 cloches de guetteur et leur équipage est de 20 à 30 hommes.

Buhl se trouvait entre les avant-postes et la ligne principale de défense.

es constructions ont été réalisées par les Sections Techniques du Génie (STG) ou par la Main d’Œuvre Militaire (MOM).

Voici les 20 pages du texte de Robert Ball. Elles nous permettent de comprendre les drames vécus par les habitants de cette région et, avec eux, militer pour que nos enfants et petits enfants vivent dans une Europe en paix qu’il nous faut consolider.

L’enlèvement des ordures : le fumier et les boues à Nexon de 1850 à 1950.

En France c’est Philippe Auguste qui en 1184 fut le premier roi à vouloir régler le problème de l’amoncellement des ordures et des boues dans Paris. Pour lutter contre la puanteur qui l’incommodait il ordonna le pavage des rues de Paris ainsi plus facile à nettoyer. Après lui tous les rois ont eu le soucis de faire « enlever boues et immondices des chaussées » mais les habitants rechignaient à faire ce travail.

Les quelques médecins qui pensent que les immondices jouent un rôle dans les épidémies comme celles de la peste ou du choléra ne sont pas écoutés. Il faut attendre 1506 pour que Louis XII décide la création d’un service d’enlèvement des boues de la capitale, ce service étant financé par une taxe. Les habitants n’ont plus la charge d’enlever leurs boues (c’était le nom alors donné aux ordures), les « boueux » allaient s’en occuper. Mais devant l’impopularité de la taxe l’ordonnance de 1506 ne fut pas appliquée. Les excréments sont toujours jetés dans les rues qui ne sont pas toutes pavées et il y a toujours beaucoup de boues puantes que les agriculteurs utilisent pour fertiliser leurs champs…

En 1515 François Ier reprend l’idée de son prédécesseur et demande aux parisiens de déposer leurs ordures dans des paniers qui seront ensuite enlevés par les boueux. Il demande également aux riverains de balayer devant leurs maisons avant le passage des tombereaux de ramassage, ancêtre du camion poubelle. Il exige également que les poules et les porcs ne soient plus élevées dans les villes.

Ainsi au fil du temps le ramassage des ordures est devenu un métier. Leur nom a souvent changé. Au XIIIème siècle c’était les loquetier, pattier, drillier, chiffonnier…, tous ces noms provenant du nom des étoffes usagées qui étaient ramassées : loques, pattes, drilles, chiffes… Au départ le chiffonnier collectait principalement des chiffons, mais peu à peu, il s’est mis à récupérer également des os, des vieux papiers, des métaux, des cuirs, des peaux, des cheveux. Le chiffonnier est souvent considéré comme le premier recycleur, car les matières récoltées sont transformées en de nouveaux objets.

Un pas décisif est franchi avec le nouveau préfet de la Seine. Eugène POUBELLE, à peine nommé, signe le 24 novembre 1883 un arrêté imposant aux propriétaires d’immeubles de fournir à leurs locataires des boîtes, munies de couvercles, pour recueillir les ordures ménagères. Les concierges doivent sortir ces boites quinze minutes avant le passage des tombereaux et les rentrer une fois la collecte terminée.

Le préfet Eugène POUBELLE (1831 – 1907)

Ce texte est mal accueillis par tous, surtout les chiffonniers,car ils ne peuvent plus fouiller dans les tas de déchets. Aussi le texte est révisé et les boîtes à ordures peuvent être sorties le soir laissant ainsi aux chiffonniers le temps de les fouiller avant le passage des tombereaux.

Les boîtes à ordures mettront du temps à entrer dans les mœurs et finalement elles prendront le nom de leur inventeur et les boites à ordure deviendront des poubelles.

Limoges a connue les mêmes déboires que Paris et donne l’image d’une ville sale. Les habitants déposes les immondices et les ordures dans la rue. Aussi, le 25 août 1908, le Conseil municipal adopte un arrêté obligeant les résidents à utiliser les boîtes à ordures qui seront installées dans chaque rue et qui porteront le numéro de la maison. Mais cet arrêté n’est pas respecté, les habitants utilisent des boites non réglementaires.

L’appel d’offre qui est lancé en 1912 a pour but d’organiser un nettoyage efficace. L’entreprise FARGEAUDOU qui est adjudicataire du marché de ramassage des boues et immondices ne dispose que des deux-tiers des attelages préconisés dans le cahier des charges (14 au lieu de 20 à 25). Les chevaux sont maigres et souvent blessés par les harnais, la moitié des tombereaux ne sont pas étanches et fuient… Le Maire reçoit de nombreuses plaintes mais M. FARGEAUDOU accuse les tramways départementaux de salir les rues…

Il aura fallu attendre près d’un siècle entre l’invention de la poubelle et la mise en place d’une véritable collecte et de lieux de stockage des déchets. En effet c’est la loi du 15 juillet 1975 qui confie aux collectivités locales la responsabilité d’organiser la collecte des déchets ainsi que leur traitement ou leur stockage dans un lieu agréé.

Comment les choses se sont passées à Nexon ?

A Nexon, comme partout en France dans les bourgs les gens déposaient devant leur porte tout ce qui les encombrait et à la campagne c’était mis dans un ravin, dans un taillis ou sur le tas de fumier. Si un conflit surgissait entre voisins c’était le maire qui était sollicité pour le régler.

Ainsi le 27 du mois de Mai 1790, le Maire étant absent, se présenta par devant les sieurs Annet TARRADE et Pierre SAZERAT, Officiers Municipaux, le sieur Jean Baptiste DUVERNEILH, notaire royal, habitant le bourg de Nexon, lequel a dit qu’il possédait au-devant de la Place Publique, une maison avec jardin entourée d’une muraille joignant un chemin public qui partait de la Place publique pour aller en Cornedie. Or un sieur GUYOT Laboine, huissier, était également propriétaire de l’autre côté du chemin. Le sieur DUVERNEILH exposa que GUYOT s’était approprié la moitié du chemin public et qu’en outre il avait déposé des tas de bois, de matériaux et du fumier. Il requit que la Municipalité fasse rétablir les lieux et condamner le sieur GUYOT à 30 francs de dommages intérêts pour les pauvres de la paroisse. A 14 heures le même jour, les Officiers Municipaux disponibles se transportèrent sur les lieux et dressèrent un procès-verbal constatant les litiges et entendirent contradictoirement les deux parties qui s’accusèrent de faussetés et qui requirent que lesdits officiers mesurent la longueur et la largeur du chemin, ce qui fut fait séance tenante. On ne retrouve pas trace de la décision rendue.

Le 13 mai 1813 le Maire prend un arrêté contre les sieurs Martial LIMOUSIN et Annet LELONG qui journellement se lancent des injures et en viennent à des voies de faits et encombrent de matériaux une partie de la voie publique qu’ils revendiquent. Par ces arrêtés il met en demeure les susdits de nettoyer et enlever à leurs frais tous matériaux, pierres, troncs d’arbre, bois, branches, fumier etc. qu’ils déposent ou ont déposé sur une partie de la voie publique, et leur fait défense d’en déposer à l’avenir, sous peine de poursuites devant les tribunaux de police.

Le 13 mars 1834 le conseil engage des poursuites contre SIRIEIX, aubergiste, et RICHARD, tailleur d’habits, qui se sont accaparé des terrains appartenant à la commune. Il désigne trois de ses membres pour surveiller tous nouveaux empiétements et ordonne l’enlèvement de tous fumiers, terreaux, immondices, bois et matériaux qui seraient déposés sur la voie publique.

Le 12 novembre 1854, le maire publie un arrêté interdisant de faire  » tout dépôt ou amas de fumier, bois, immondices, pailles, feuilles, litières, décombres ou autres objets nuisibles à la salubrité publique dans les rues, places, chemins et autres voies publiques »(article 1). sans doute parce qu’il était mal appliqué il a été remis en vigueur en 1885.

En septembre 1911 un appel d’offre est lancé pour l’adjudication aux enchères publiques le 26 novembre 1911 pour un bail de 5 ans afin de ramasser les « balayures et autres immondices réunis en petits tas par les cantonniers et les habitants des rues et places de Nexon ».

Le 15 décembre 1956 le conseil municipal a décidé l’achat d’un camion pour le ramassage des ordures ménagères.

Les ferrailles, chiffons, peaux de lapins étaient récupérées par deux professionnels : un artisan, M. SAUVE et l’entreprise de M. MATHIEU dont le dépôt était à la ferme du Moulin Barlet, puis dans le quartier des Garennes dans ce qui est aujourd’hui la partie à deux niveaux de l’Espace Rousseau. La rampe d’accès à l’étage pouvait supporter le passage de camions de 20 tonnes de poids total.

Le père SAUVE était connu dans toute la campagne, les enfants l’appelaient « peaux de lapin », c’était le peilharot. La peau de lapin était principalement revendue aux chapeliers qui utilisaient les poils pour confectionner des chapeaux de feutre dont la France était le premier fabriquant. La peau servait à faire de la colle très prisée des artistes peintres.

Avec le développement des intercommunalités ce sont elles qui ont pris à leur charge le ramassage des ordures et leur traitement. En 2009 Nexon adhère au Syndicat Intercommunal de Collecte et de Traitement des Ordures Ménagères de Sud-Haute-Vienne (Sictom) qui avait été créé en 1981 et dont le siège était à Saint Yrieix la Perche. Un établissement secondaire est alors créé dont les bureaux son établis a Nexon, 6 place de l’église.

En 2014 le Sictom réuni 26 communes dont il collecte et le traite les ordures ménagères de leurs 27.900 habitants et gère 6 déchetteries. Après les élections municipales, les membres se sont réunis à Nexon et ont élu à la présidence Edmond LAGORCE, conseiller municipal de Saint Yrieix la Perche.

Les administrateurs du Sictom en 2014 à Nexon

À partir du 1er janvier 2020, le service de collecte des déchets a changé de structure en devenant commun aux 15 communes du Pays de Nexon et des Monts de Châlus et en adhérant au Syndicat Départemental pour l’élimination des Déchets ménagers et assimilés de la Haute-Vienne (SYDED). En novembre 2019, les nouvelles modalités de collecte ont été présentées lors d’une réunion animée par Stéphane DELAUTRETTE, président de la communauté de communes, Bernard DELOMENIE, maire de Saint-Priest-Ligoure et Fabrice GERVILLE-REACHE, maire de Nexon.