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La Guerre de 1870-1871 oubliée

J’ai traité ce sujet en 2016 mais le 150e anniversaire de cette guerre est l’occasion de revenir sur cette guerre oubliée. L’article de 2016 est ici : https://etsinexonmetaitconte.fr/wp-admin/post.php?post=1433&action=edit

je ne vais pas revenir sur cette guerre décrétée dans la plus parfaite impréparation et dont les conséquences ont été couteuses. Si l’on peut considérer que la défaite de Sedan le 2 septembre 1870 a permis le retour de la République il ne faut pas oublier les conséquences économiques du fait des morts et des blessés, des réparations versées aux vainqueurs et de l’amputation d’une partie du territoire. C’est souvent ce dernier point que l’on retient mais s’il est important il ne faut pas oublier les autres.

La guerre Franco-Allemande s’est déroulée du 19 juillet 1870 au 26 janvier 1871. La capitulation de NAPOLEON après sa défaite à Sedan le 2 septembre 1870 entraine des milliers de prisonniers, la chute de l’Empire et la proclamation de la République le 4 septembre 1870. Le gouvernement de Défense nationale ne baisse pas les bras et tente de repousser l’invasion. mais les armées de la Défense nationale qui sont formées ne renversent pas la situation et Paris se rend le 28 janvier 1871, un armistice est conclu et le 26 février 1871 une Convention de paix est signée. Le 1er mars les Allemands entrent dans Paris et descendent les Champs Elysées.

La victoire a accéléré l’unification territoriale et nationale allemande avec la proclamation de l’Empire allemand le 18 janvier 1871. Guillaume Ier, roi de Prusse devient empereur ce que Napoléon III voulait éviter en déclenchant la guerre.

Thiers a été nommé chef du pouvoir exécutif par la nouvelle Assemblée nationale afin de pouvoir négocier le traité de Paix mais Paris n’accepte pas cette décision prise par une assemblée à dominante monarchiste et pacifiste. L’insurrection populaire éclate et donne naissance à la Commune sévèrement réprimée par Thiers . Le traité de paix de Francfort est signé le 10 mai 1871 et ratifié le 18 mai par l’Assemblée nationale.

La France cède l’Alsace et la Moselle et doit payer de lourdes indemnités de guerre, 5 milliards de francs, avant mars 1874. Pour ce faire Thiers lève deux emprunts et peut effectuer la totalité du paiement le 16 septembre 1873 . Les troupes allemandes qui occupaient encore 21 départements quittent alors la France. Les alsaciens et mosellans qui avaient jusqu’à octobre 1872 pour choisir entre la France ou l’Empire allemand sont 30 000 à avoir choisi de demeurer français.

La sévère défaite et la perte de l’Alsace-Moselle font naitre un esprit de revanche qui va être entretenu dans les écoles, dans la presse et lors des manifestations mémorielles jusqu’en 1914. Cela entraine une haine de l’Allemand même si les gouvernements conservent la ligne politique de Gambetta : « Y penser toujours, n’en parler jamais ».

138 000 jeunes soldats ont été tués lors de cette guerre. Des monuments ont été érigés à leur mémoire sur les lieux de combat et en dehors des champs de bataille.

Pascal Plas, Directeur de l’Institut international de la recherche sur la conflictualité de l’Université de Limoges a étudié les monuments commémoratifs de cette guerre concernant la Haute-Vienne: https://www.unilim.fr/iirco/2020/10/28/la-memoire-de-1870/

On connait le Monument aux Mobiles de la Haute-Vienne érigé à l’angle de l’avenue du général de Gaulle et du cours Jourdan mais on en a souvent oublié la signification. Mais on ne connait pas celui qui a été élevé dès 1873 à Lumeau en Eure et Loir, à la mémoire des jeunes soldats tués le 2 décembre 1870 lors des sanglants combats dans cette morne plaine de Beauce.

Pour retrouver les souvenirs de cette guerre oubliée allez avant le 17 janvier 2020 visiter l’exposition réalisée par les archives municipales à Limoges.

La garde nationale à Nexon en 1870

A Nexon il ne semble pas y avoir eu de plaque mémorielle, sans doute parce qu’il a peu de victimes. S’il y a eu qu’un faible nombre de victimes les nexonnais ont été mobilisés pour la garde nationale.

Napoléon III la déclare le 19 juillet 1870. Et quelques jours après M. GIZARDIN, marchand de vin à Nexon, offre gratuitement des boissons aux militaires qui passent par la gare de Nexon.

Le Courrier du Centre 29 juillet 1870

Au début des combat la garde nationale n’avait été mobilisée que dans le Nord mais devant l’évolution des combats dès le début du mois d’aout une réorganisation générale de la Garde est mise en œuvre.

le 11 aout le général De BREMOND DARS commandant la 21e division militaire procède aux nominations des officiers. Les 2 bataillons de la Haute-Vienne sont constitués de 8 compagnies chacun. Le 1er bataillon est sous les ordres du commandant PINELLI et le 2e bataillon est sous les ordres du chef de bataillon DUCHAN. Sa 8e compagnie qui est constituée par les soldats provenant des cantons de Nexon et Saint Germain les Belles est commandée par le capitaine TAVEAU de la VIGERIE. La 8e compagnie à deux pelotons commandés par le lieutenant de NEXON et le sous lieutenant CHAMBRELANT. Le général rappelle aux officiers qu’ils doivent s’équiper et s’armer à leurs frais.

Vient ensuite la nomination des sous officiers. Voici ceux de la 8e compagnie.

Le Courrier du Centre 20 aout 1870

Tous les soldats doivent se rendre à Limoges le samedi 20 aout et se présenter à 2 heures à la caserne de cavalerie.

Le Courrier du Centre 19 aout 1870

Le 2e bataillon a été organisé à partir du 17 aout par le capitaine DUVAL qui sera promu Chef de bataillon.

Dans son rapport sur le régiment de la Haute-Vienne qu’il commandait, le lieutenant colonel Joseph Marie PINELLI écrit qu’au 19 aout « il n’existait ni effets d’Habillement, ni équipement, ni armement, ni même linge et chaussures indispensable, la plupart de nos mobiles n’ayant que des sabots aux pieds » (Rapport au Ministre sur la campagne 1870-1871 page 9)

Le 4 septembre 1870 c’est en pleine instruction des jeunes soldats qu’arrive la nouvelle du désastre de sedan et la proclamation de la République. le nouveau Gouvernement va donner une impulsion pour l’équipement de la Garde Nationale: vareuse, képis, sacs en toile en forme de gibecière, chemise, pain mais aussi fusils modèle 1842. des dessins réalisés par Léon Wendling, artilleur pendant le siège de Belfort donne une idée de l’équipement de certains soldats dont ceux de la Haute-Vienne ne devaient pas différer grandement !

Soldat de la Garde de Haute-Saône

Le 22 septembre 1870 le 2e quitte Limoges pour Nevers ou il arrive le lendemain. Mais la 8e compagnie est encore à son cantonnement de Saint-Yrieix et Chalus. Les hommes en partent pour la gare de Nexon où ils arrivent le 23 septembre à 10h. Ils embarquent pour Limoges puis rejoignent Nevers. La mission des hommes est de se rendre à Gien et de défendre les ponts de la Loire afin d’en interdire le franchissement aux Prussiens.

Le 1er octobre les deux bataillons de la Haute-Vienne sont réunis pour former le Régiment de la Haute-Vienne avec le numéro 71, il sera connu sous le nom du 71e mobile et le commandement est confié au commandant PINELLI qui est promu lieutenant colonel. Ce faisant le nombre de soldat est réduit à 1200 hommes par bataillon et le nombre des compagnies tombe à 7; les 8e compagnies des deux bataillons sont renvoyées au dépôt à Limoges. Elles n’y restent que 2 jours et sont renvoyées à Montargis. le régiment rejoint alors la Loire à Briare puis il se dirige vers Bourges. Le 71e Mobile qui fait partie du la 3e Division du 16e Corps a le général CHANZY comme chef.

Le 23 octobre le 71e régiment de Mobiles est porté à trois bataillons. Les 8e compagnies retournent une nouvelle fois à Limoges au dépôt. Le régiment, sans nexonnais, participe aux combats de la Loire et le 2 décembre livrent une bataille sanglante à Lumeau qui fait partie du champ de bataille de Loigny-Lumeau-Poupry, impliquant près de 40 000 soldats de l’armée de la Loire et 35 000 soldats des troupes bavaroises et prussiennes. 9000 soldats furent tués, parmi eux au moins 200 soldats du 71e. Ce fut une des plus sanglante bataille menée pour la défense de la Loire.

Le 9 décembre, ce qui reste du 71ème mobile est attaqué à Chambord par des soldats d’un régiment de la Hesse. Une centaine de Français sont faits prisonniers, le lieutenant colonel PINELLI est blessé. Les autres rentrent à Limoges. Le voyage en train dure deux jours et deux nuits. Ils ne reçoivent pas l’accueil un accueil chaleureux car on pensait qu’ils n’avaient pas voulu se battre?

Mais très vite le courage des jeunes volontaires qui composaient le 71e est reconnu ainsi que celui des habitants des zones de combat qui ont secouru les blessés. Aussi c’est très rapidement qu’une souscription est lancée pour construire un monument en l’honneur des centaines de morts de la Haute-Vienne lors de cette bataille autours de Lumeau et pour remercier les habitants pour le soutien qu’ils ont apportés aux blessés.

La plupart des cartes de cette bataille sont allemandes, ce qui confirme les dire du colonel PINELLI lorsqu’il se plaignait de n’avoir pas de carte d’Etat Major des lieux où ils devaient se rendre.

 Le monument marque l’emplacement de la charge de la division du général MAURANDY qui tente de prendre Lumeau, sous la mitraille des batteries de la 17e division d’infanterie prussienne du général von TRESKOW au matin du 2 décembre 1870. Il a été très vite réalisé puisque son inauguration était prévue pour le 2 décembre 1893. Cependant parmi les 9000 morts du champ de bataille quelques centaines, ceux des soldats du 71e mobile, devaient être réunis sous le monument mais les autorités sanitaires ont refusé que les corps soient relevés avant 5 ans, soit le 2 décembre 1895. Seule une bénédiction sera donnée le 2 décembre 1873.

Le monument s’élève sur la route de Terminiers à Lumeau, ancienne voie romaine d’Orléans à Chartres, sur un terrain qui a été donné au département de la Haute-Vienne. C’est une pyramide tronquée de huit mètres quarante centimètres de hauteur. Les lignes sont très simples et élégantes. Il a été dessiné par M. Linard, architecte du département de la Haute-Vienne. Le monument porte deux inscriptions gravées en lettres d’or sur des plaques de marbre noir. L’une d’elles, placée sur la pyramide, est ainsi conçue :

La seconde inscription est placée sur le socle. En voici les termes :

Plusieurs ornements en bronze décorent la pyramide. Sur la face principale, une couronne de laurier et de chêne posée sur une console ; sur les faces latérales, de grandes croix latines avec couronnes d’immortelles entrelacées dans les bras des croix ; au-dessus des couronnes d’étoiles. Sur la face postérieure, deux épées brisées, passées dans une couronne d’immortelles. Sur le socle, l’inscription suivante empruntée au livre des Machabées :

MELIUS EST NOS MORI IN BELLO

QUAM VIDERE MALA GENTIS NOSTRAE

« Il vaut mieux pour nous mourir à la guerre que de voir les maux de notre nation »

Aux quatre angles sont placées des bornes avec fleurons, reliées par des chaînes de fer.

La première pierre avait été posée en juin mais il faut croire qu’il n’y avait beaucoup de Limougeaud car c’est un courrier d’un habitant de Lumeau qui en informe la presse dans une lettre publiée par le Courrier du Centre le 26 juin 1873.

Le Courrier du Centre 26 juin 1873

Le 2 décembre 1873, pour les 3 ans de la bataille, n’ayant pas pu être inauguré le monument est bénit. La délégation haut viennoise n’est pas aussi importante que l’espéraient les organisateurs. Ils espéraient un train spécial de 400 à 500 personnes mais aucune famille de soldats n’a fait le déplacement, ce qui a surpris les habitants de Lumeau qui s’étaient dévoués pour secourir les soldats. Le train spécial n’a pas pu être réalisé aussi ceux qui ont voulu faire le déplacement ont du se débrouiller par eux même ( Le Courrier du centre du 29 novembre).

Le Courrier du Centre a rendu compte de la cérémonie dans son édition du 5 décembre 1873.

Une carte postale a été éditée pour cette circonstance, on ne voit pas grand monde. Je ne possède pas cette carte postale, je l’ai scannée sur un site de vente en ligne.

Le 2 décembre 1875, l’exhumation étant maintenant possible, MM. LINARD et
PERGUET se sont rendu à Lumeau pour s’acquitter de ce dernier devoir. Ce fut une dure épreuve qui dura de dix heures du matin à onze heures du soir au milieu de la neige qui ne cessa de tomber. Soixante-huit Mobiles furent finalement extraits du sol avec leurs armes et leur équipement.  Le transport des corps dans le caveau qui leur était destiné fut difficile et éprouvant pour ceux qui en furent chargés.

Le Courier du Centre 6 décembre 1875

Plusieurs cartes postales ont été éditées, certaines avec l’indication de Lumeau, d’autres, plus nombreuses de Loigny la Bataille.

Le 16 décembre 1900 douze anciens combattants de la bataille de Lumeau membres d’un comité de Limoges se rendirent à Lumeau avec leur président, le Comte de Couronnel pour saluer la mémoire de leurs camarades tombés au combat. Avec le temps ce monument a été oublié, ceux construits après la guerre de 1914-1918 ont pris sa place. Il s’est dégradé mais des sursauts de mémoire ont permis qu’il soit rénové et aujourd’hui il s’élève toujours, bien visible sur le bord de la route sur cette vaste plaine de la Beauce.

Aout 2021

dans son rapport sur le 71e Mobile pendant la guerre, le lieutenant colonel PINELLI évalue à 641 sous-officiers et soldats tués pendant les combats .

Rapport du Lt colonel PINELLI

Le Gouvernement de la Défense nationale qui a poursuivit la guerre après l’avènement de la IIIe République, le 4 septembre 1870, n’a pas pu résister à l’ennemi. Les armées allemandes assiègent Paris à partir du 20 septembre 1870. Une partie de la France est occupée. Le 18 janvier, dans la galerie des Glaces du château de Versailles, le chancelier BISMARCK proclame l’unité de Reich allemand avec GUILLAUME 1er de Prusse comme empereur.

Proclamation de l’Empire dans la galerie des glaces le 18 janvier 1871 peinte par Anton von WERNER.
BISMARCK est au centre en uniforme blanc.

Le gouvernement français décide de capituler et de signer un armistice le 28 janvier 1871. Un mois plus tard, le 26 février, des préliminaires de paix sont signés à Versailles. Ce traité prévoit que l’Alsace-Moselle intègre l’Empire allemand et que les soldats allemands entrent dans Paris. Ils le feront du 1er au 3 mars 1871.

Après la signature du traité de Francfort le 10 mai 1871, les 15 département les plus a l’ouest sont évacués. Les autres le seront au fur et à mesure du versement des indemnités. Les derniers seront libérés en septembre 1873, l’Alsace et la Moselle étant annexés.

A Nexon on compte 5 morts mais aucun d’entre eux est mort au combat. Un est mort des suites de blessures reçue au combat du 30 aout, le soldat FENEROL du 68e de ligne, le garde mobile du 71e François VINOLLE, né à Flavignac mais habitant Nexon est mort à l’hôpital d’Issoudun le 16 novembre, donc avant les combats de Lumeau; deux sont morts en captivité, le soldat Pierre LONGEQUEUE du 68e de ligne et le caporal Léonard PERRIER du 65e de ligne, et un est mort de la variole le 15 fevrier 1871 à l’hôpital de Châteauroux, le garde mobile Pierre DEBORD. Il n’y a donc aucun nexonnais à Lumeau. Aucun de ces soldats n’a eu droit à la mention « Mort pour la France ».

Le registre des décès de Nexon compte un autre mort, Jean PATAUD, soldat au 100e régiment de ligne, né le 24 novembre 1850 à Nexon, est mort à au service des hôpitaux militaires à Périgueux, le 18 novembre 1870 des suites de la variole.

Certificat de décès de jean Pataud. ADHV

Un autre décès figure à l’Etat Civil de Nexon mais il s’agit d’un inconnu ! Il s’agit d’un inconnu qui a frappé chez M. LACORRE au Plantadis qui a déclaré être garde national . Il lui a donné l’hospitalité et le lendemain matin il l’a trouvé mort. Ce brave garçon a été enterré sans difficultés ce qui nous étonnerait aujourd’hui…

La variole sévissait en France depuis 1869 mais les foyers étaient très localisés et ce sont les gardes mobiles qui ont été les vecteurs de la maladie. Le docteur Lemaistre, médecin à Limoges l’explique dans un rapport  » Nous étions évidemment sous l’influence de l’épidémie variolique dès les premiers mois de 1870 ; mais la maladie était encore très modérée. Tout à coup la guerre éclate : immédiatement, concentration de troupes, accumulation de militaires et dans les casernes et à l’hôpital, où existaient déjà quelques cas de variole. Dès lors, création de grands foyers d’infection, qu’on aurait pu, en temps ordinaire, limiter jusqu’à un certain point, mais que la levée des mobiles ne fit qu’augmenter. Cela se comprend facilement quand on songe aux relations incessantes qui s’établirent entre les mobiles et leurs parents : ceux-ci vinrent accompagner leurs enfants, pénétrèrent dans les casernes, l’hôpital, les infirmeries diverses. Par ailleurs, les mobiles eurent des congés pour aller voir leurs parents ; souvent même on les leur envoya en convalescence, et quelquefois non complétement guéris de la variole ».  (Lemaistre P., Rapport sur une épidémie de variole qui a régné en 1870 et en 1871 dans la commune de Limoges et tout le département de la Haute-Vienne, Limoges, 1873). La propagation en Allemagne a été le fait des prisonniers. Sur cette question on peut lire l’article de Gérard JORLAND, «  La variole et la guerre de 1870 » dans Les Tribunes de la santé 2011/4 (n° 33), pages 25 à 30.

Le dernier vétéran de cette guerre, vivant dans le Sud de la France avait été facteur à Nexon. Julien PÉGOURIÉ qui était né le 4 décembre 1849 à Livernon (Lot) de parents agriculteurs est mobilisé dans les chasseurs, à Montauban en juillet 1870. Il est fait prisonnier lors de la bataille du Mans, à Parigné-l’Evêque le 10 janvier 1871. Avec ses camarades, il est emmené à Berlin ou il arrive le 31 janvier 1871 dans le froid et la neige. Il est interné à Stettin, un peu plus au nord de Berlin. Après plusieurs mois de captivité, la guerre finie, il peut enfin rejoindre la France en bateau depuis Hambourg jusqu’à Cherbourg.

Julien PEGOURIE entre aux PTT comme facteur le 1er décembre 1872. Il est d’abord affecté à Nexon puis il est muté à Limoges. Il part en retraite le 1er décembre 1909. Il décède à 102 ans le 13 avril 1952.

Edmond COUVIDOUX, sellier

L’achat d’un carton publicitaire m’a fait revenir sur le sellier-bourrelier de la place de l’église avant 1914.

On trouve aux recensements de 1896 et 1906 Emile COUVIDOU, sellier.

Emile COUVIDOU est né le 1er septembre 1876 au Vigen. A l’état civil son premier prénom est François mais comme son père s’appelle lui aussi François on l’appellera Emile.

Au recensement de 1911 les COUVIDOU sont toujours à Nexon mais ils sont recensés avec la famille QUINQUE. Les deux familles sont alliées depuis 1885, année ou Maria COUVIDOU, sœur ainée d’Emile, a épousé Jean QUINQUE.

Recensement de 1911 – Archives départementales de la Haute-Vienne

Je possède une facture de COUVIDOU sans prénom comme fabricant de cercles. Il n’y a pas de prénom mais il s’agit de François, le père, âgé de 84 ans. En effet sur le registre de l’Etat Civile du Vigen, pour l’enregistrement vde la naissance de son fils François il déclare comme profession « cercleur ».

J’ai parlé rapidement de la famille COUVIDOU lors du chapitre consacré à la place de l’église , côté nord n° de 1à4, https://etsinexonmetaitconte.fr/wp-admin/post.php?post=5713&action=edit

Revenons à son fils François dit Emile. Il est né le 1er septembre 1876 au Vigen.

Acte de naissance de François COUVIDOU – Archives départementales de la Haute-Vienne

Sur sa fiche militaire son nom est écrit comme à l’Etat Civil et son prénom est François, ce qui est normal!

Cette fiche militaire nous renseigne sur son parcours.

Il effectue ses 3 ans de service militaire à partir du 16 novembre 1897 au 20e Dragons. Une fois libéré de ses obligations militaires il s’installe comme sellier à Nexon, fort de l’expérience qu’il a acquise à l’armée.

A Nexon il profite de présence du haras pour se spécialiser dans les selles. C’est ce qui l’amène a faire éditer une carte commerciale que je viens d’acquérir. Avec surprise il écrit son nom avec un X, COUVIDOUX. est une volonté de sa part ou une erreur de l’imprimeur ?

L’intérieur est écrit en français et en anglais, sans doute parce que des jockeys anglais sont dans l’écurie de course du baron de Nexon.

DRANEM devait être connu en 1900 mais je n’en trouve aucune trace aujourd’hui.

En 1914, comme beaucoup de garçons, il est touché par la guerre. Il est mobilisé le 28 novembre 1914 au 21 régiment d’artillerie de campagne qui se trouvait alors en Champagne. Le 17 janvier 1915 il est mis en sursis d’appel chez M. ROUDEAU, sellier à Périgueux. Ce dispositif était destiné à renvoyer des soldats dans des entreprises qui manquaient de main d’œuvre du fait de la mobilisation et dont la production était indispensable à la Nation. C’était le cas des selliers lorsque la cavalerie représentait une arme importante lors des conflits. Mais la puissance des armes de feu, fusils, mitrailleuses, canons… rendu la cavalerie très vulnérable et a conduit a leur remplacement progressif par les blindés. Emile COUVIDOU était plus très utile comme sellier que comme cavalier. Il est donc resté à Périgueux jusqu’au moment ou une indiscipline dont on ne connait pas la nature le fasse revenir dans son régiment, le 27 novembre 1916. Au début de l’année 1917 le 21e R.A. participe aux différentes offensives contre les lignes allemandes et au mois de novembre il est envoyé en Italie près du lac de garde et de Vérone. Il décède le 3 juillet 1918 à l’Ambulance B/2 à Vérone des suites d’une maladie. Était-ce la grippe espagnole dont les ravages ont débutés en mars ?

Emile COUVIDOU est mort et la boutique du bourrelier-sellier à été détruite. A quelle date précise ?

La chapelle des Garennes

Il n’y a pas beaucoup d’écrits sur cette chapelle. Pourtant, bien qu’elle soit relativement ancienne elle n’est pas citée dans le Dictionnaire Historique et Géographique de la Haute-Vienne de Jean LECLER. Pour écrire ce chapitre je vais largement utiliser le texte de Philippe PAUZET publié dans le bulletin municipal de Nexon n° 175 de décembre 1996 .

Mai 2021

La Chapelle Notre-Dame des Garennes a été construite au 13ème siècle sur l’emplacement d’un oratoire qui existait à cet endroit. L’existence d’un oratoire à cet emplacement est attestée par « le Pouillé de Nadaud ». Selon la tradition locale la cette chapelle aurait été affiliée à Notre-Dame des Neiges mais c’est le nom de chapelle des Garennes qui allait s’imposer, la chapelle étant alors située en dehors du bourg.

L’oratoire aurait été un ex-voto d’un personnage local, comme le sont la chapelle Notre-Dame de Sauvagnac, celle d’Arliquet, et plus près de nous, Notre-Dame des Places dont l’édification lui serait contemporaine, car « elle portait le même cachet de date et de construction ».

La chapelle est construite à la fin du 17ème siècle dans une forme proche de celle qu’elle a aujourd’hui. En effet un contrat établi « dans la sacristie de l’église de Nexon le 3 novembre 1698, entre Louis Téxerot, écuyer seigneur de la Sélive, Messire François (Féline) Juge, bachelier en théologie, prêtre curé de Nexon, et M. Simon Sazerat, notaire du dit bourg et syndic et fabricien de la dite église »; contrat accordant, sur sa demande, au seigneur de la Sélive et aux siens, un banc de 7 pieds de long dans l’église. En contrepartie, « le dit sgr offre 100 livres pour la décoration du grand autel de l’église et 10 livres pour être employées à faire couvrir la chapelle de Notre-Dame, nouvellement construite à l’entrée du bourg de Nexon, du côté du château de la Seylives ». Ce contrat a été reçu et approuvé le 20 novembre 1698 par l’évêque de Limoges, François de Carbonel de Lénisy.

Au moment de la construction du chemin de fer de Limoges à Périgueux, les salariés se mirent sous le patronage de Notre-Dame des Garennes. Mais l’état de la chapelle se dégradait avec le temps. Aussi, en 1871, constatant qu’il ne pouvait plus y célébrer les offices, M. Pradeau, curé de Nexon, décida d’y réaliser des travaux. Mais la période n’y était pas favorable. La défaite de Sedan le 1er septembre 1870 qui entraina dans sa foulée la chute de l’Empire a crée une période difficile, peu propice aux rénovations des édifices religieux. Cette période a duré jusqu’au 30 janvier 1875, jour ou la 3ème République fut enfin proclamée. Il faut dire aussi que Laurent Pradeau, a peine avait-il lancé l’idée d’une rénovation qu’il a quitté Nexon ou il était prêtre depuis 27 ans.

L’abbé Pierre Molinié lui a succédé le 10 février 1872. Dès son arrivé les paroissiens exercèrent sur lui une amicale pression pour qu’il agisse en faveur de la chapelle. Il créa aussitôt un comité composé des notables de la paroisse, lequel ouvrit une souscription. Mais en même temps l’abbé Molinié présidait le comité cantonal de soutien pour l’achèvement de la cathédrale de Limoges.

« On organisa une loterie. La commune, la fabrique de Nexon, la Compagnie des chemins de fer d’Orléans, le Pasteur, les principales familles souscrivirent ». L’édifice – qualifié à l’époque de « modeste et gracieux » – s’éleva sous la direction de M. Pinard, architecte du département de la Haute-Vienne, à l’emplacement actuel, face au couvent des frères du Sacré-Cœur. En 1875, le gros-œuvre était terminé mais le comité, à bout de ressources, dut de nouveau faire appel à la générosité publique pour effectuer l’ornementation. La chapelle put ainsi recevoir la bénédiction de l’évêque de Limoges, Mgr Duquesnay, le 1er juillet 1875.

Quatre cartes postales ont été éditées avant 1914 . La plus ancienne date d’avant l’installation de l’électricité dans le quartier. On le constate facilement car il n’y aucun poteau ni fil électrique.

Sur les trois cartes suivantes il y a un peu plus d’animation. On remarque sur celles ci les poteaux et les fils électriques. Sur la première, postée en février 1012, deux hommes se croisent. L’un porte la blouse (blauda) que les paysans mettaient pour sortir et aller à la foire ou au marché.

Au fond, on voit un tas de grumes de la scierie Laspougeas maintenant occupée par l’office notarial et le Crédit Agricole.

Sur la suivante des enfants sont venus prendre la pose. Ce sont sans doute des élèves de l’école religieuse qui est en face.

Sur la troisième 5 soldats ont revêtu leurs capotes. C’est l’hiver, les arbres n’ont plus de feuilles. On doit être au début de la guerre et les soldats ont traversé la rue pour être sur la photo. Leur unité, la 15e batterie du 68e régiment d’artillerie a pied stationnait dans l’école religieuse comme on le voit sur la carte postale suivante.

Soldats dans la cour arrière de l’école. A droite 2 sont en train de laver leur linge…

Sur ces différents clichés la chapelle a l’air en bon état. Mais pendant l’été 1935, un violent orage coucha sur la toiture les sapins qui se trouvaient à l’entrée du cimetière. Celle-ci fut défoncée et, la pluie ayant provoqué des dégâts à l’intérieur, une souscription fut ouverte pour la rénovation de la chapelle. En effet celle-ci étant un bien communal la municipalité n’avait pas le budget suffisant pour entreprendre les travaux. Les nexonnais collectèrent près de 5 000 francs qu’ils remirent à la municipalité. Considérant l’effort fait par ces nombreux habitants, le Conseil Municipal dans sa délibération du 23 aout 1936 accepta la somme de 5 000 francs et la versa à la Caisse du receveur municipal et décida de compléter la dépense en prélevant les fonds sur le budget de la commune.

Le devis dressé le 22 septembre 1936 s’élevait à 7 500 francs.

On peut être surpris par l’exigence sur la qualité des matériaux et de la réalisation. Il serait difficile d’en trouver comme celui-ci maintenant…

La chapelle sur une carte postale de l’immédiat après guerre n’a pas changé d’allure. Le changement qui saute le plus aux yeux est la grille à l’extérieur qui repose sur un petit muret.

L’intérieur est très lumineux et le mobilier modeste.

Une curiosité cependant : la statue au dessus de l’autel est une vierge à l’enfant qui dans sa main droite tient une quenouille. Jusqu’au 12e siècle on représentait souvent la vierge filant le voile pourpre pour le temple puis petit a petit la quenouille n’est devenu qu’un instrument.

Notre Dame des Garennes

La vierge des Garennes ressemble fortement à celle, plus haut, que j’ai trouvé à vendre en salle des ventes à Saint de Luz en février 2021. Elle est en chêne sculpté en Lorraine, fin du XVIIe siècle et haute de 63 cm. La vierge de Nexon est plus grande, 110 cm et elle est ainsi décrite dans sa fiche d’inscription « Statue de Vierge à l’enfant dite Notre-Dame des Garennes, du 17e ou 18e siècle, mutilée probablement à la Révolution, et reconstituée. « 

On en trouve quelques unes dans la région, à Marval, Sauviat sur Vige, Bellac mais elles n’ont pas d’objet dans la main.

Par un beau soleil et sur fond de ciel bleu cette petite chapelle dégage une chaleur et une luminosité qui ont sans doute attiré l’homme qui s’est installé sur le parvis.

mai 2021

Flore DIEVAL, acquittée après avoir lancé de l’acide sulfurique au visage d’Antoine TRUCHASSOU, un jeune nexonnais…

Antoine TRUCHASSOU est né à Nexon le 30 avril 1869. Ses parents, Martial TRUCHASSOU (1835-1896) et Anne DESCHAMP (1840-?), sont employés chez le baron de Nexon.

Il part à Paris avant d’avoir 20 ans où il trouve un emploi de cocher. Au début de l’année 1891 il rencontre une jeune fille et vont devenir amants. Le marquis au service duquel il est, part en Bourgogne. Elle le rejoint. Constatant qu’elle est enceinte elle lui en fait part mais, devant revenir à Nexon pour se présenter une nouvelle fois devant le conseil de révision car il avait été ajourné pour faiblesses en 1890, il lui dit qu’il l’aidera mais sans parler de mariage.

Un soir il va diner chez un camarade mais elle ne le voit pas rentrer. Elle apprend qu’il est parti à Nexon. Elle va donc s’y rendre quelques semaines plus tard pour lui demander des explications. Arrivée à Nexon elle trouve facilement ou il habite. Elle y rencontre sa mère et lui annonce qu’elle est enceinte de son fils. Le soir elle prend une chambre dans un hôtel.

Le lendemain matin, 8 septembre 1891, elle retourne chez Antoine. Elle lui demande de rentrer avec elle mais il refuse. Il remarque qu’elle a une main sous ses vêtements mais, avant qu’il puisse faire quoi que ce soit, elle lui lance à la figure le contenu d’une fiole d’acide sulfurique. Il est blessé au visage. Elle est arrêtée par les gendarmes et incarcérée.

La presse avait largement rendu compte de ce fait divers :

Le Courrier du Centre 12 septembre 1891

Elle sera jugée le 3 novembre par la Cour d’Assise de la Haute-Vienne, moins de 2 mois après les faits ! La justice ne connaissait pas alors les lenteurs qui sont les siennes aujourd’hui. Elle est détenue et Antoine, son ancien amant, porte encore sur le visage les traces du vitriol.

Le procès va avoir une certaine audience. les procès d’Assise attirent toujours des spectateurs, dont certains sont des habitués. La tribune des femmes est remplie, curieuse de savoir ce que les jurés vont dire. A cette époque il est de règle qu’un garçon qui a mis enceinte une jeune fille doit normalement l’épouser et au minimum prendre à sa charge les frais entrainés par la naissance d’un enfant. Pour beaucoup Antoine a commis une faute d’honneur tandis que pour d’autre la jeune Flore DIEVAL s’est fait justice elle même et a causé des blessures graves à Antoine. Tout le monde attend le verdict.

La presse va en rendre compte le 5 novembre. Je retranscris l’intégralité de l’article qu’à consacré à cette affaire le Courrier du Centre et vous découvrirez le verdict.

Le Courrier du Centre 5 novembre 1891

Beaucoup plus de monde que le matin, à la tribune des dames, principalement.

L’accusée est introduite, c’est une fort belle blonde de 18 ans. Elle est vêtue de noir. A son entrée dans la salle d’audience elle porte sur les épaules un fichu de laine blanche.

Après la constitution du jury, M. DEBAY, greffier donne lecture de l’acte d’accusation qui révèle les faits suivants : Flore-Coralie DIEVAL, âgée de dix-huit ans, domestique, née le 11 juillet 1873, à Saint-Nicolas-les-Arras, arrondissement d’Arras (Pas-de Calais), demeurant à Paris (détenue), a été renvoyée devant la cour d’assises de la Haute-Vienne.

Après un nouvel examen des pièces, expose qu’il en résulte les faits suivants : Dans les premiers mois de l’année 1891, l’accusée DIEVAL avait noué des relations intimes avec le sieur TRUCHASSOU alors cocher à Paris. Pour subvenir à leurs besoins communs, les deux amants, dénués de toutes ressources, avaient été contraints d’engager au Mont de Piété tous les objets qui pouvaient y être acceptes.

Après quelques mois de cette existence précaire, TRUCHASSOU résolut de quitter Paris et de revenir dans sa famille, à Nexon. Il mit son projet à exécution le 24 août dernier, à l’insu de sa maîtresse qui s’était toujours opposée à ce départ.

L’accusée ne tarda pas à connaître l’adresse de son amant ; une première lettre qu’elle lui adressa resta sans réponse ; A une seconde, le sieur TRUCHASSOU répondit qu’il se trouvait sans argent.

Elle prit alors la résolution de se rendre à Nexon et de se venger de l’abandon dont elle était l’objet. Elle acheta une fiole de vitriol chez un marchand de couleurs à Paris et partit le dimanche soir 6 septembre, pour Nexon. Les démarches qu’elle fit le soir même de son arrivée pour retrouver son amant demeurèrent infructueuses.

Mais le mardi matin, 8 septembre, après s’être procuré un bol dans lequel elle vida l’acide sulfurique apporté de Paris, elle se rendit chez le beau-frère de TRUCHASSOU et fut introduite dans la chambre de ce dernier. Après quelques instants de conversation au cours de laquelle TRUCHASSOU demanda à plusieurs reprises à l’accusée ce qu’elle cachait sous son fichu de dentelle, celle-ci lui en lança le contenu à la figure.

Le sieur TRUCHASSOU a été grièvement atteint à l’oreille gauche, à la figure et au cou. Les blessures ne sont pas encore guéries et entraîneront, d’après le médecin-légiste, une infirmité permanente de l’ouïe.

En conséquence, Flore-Caroline DIEVAL est accusée d’avoir : Le 8 septembre à Nexon (Haute-Vienne), volontairement fait des blessures au sieur Antoine TRUCHASSOU.

Avec ces circonstances :

1° Que lesdites blessures ont occasionné une infirmité permanente ;

2° Que lesdites blessures ont occasionné au sieur TRUCHASSOU une incapacité de travail personnel de plus de vingt jours ;

3° Qu’elles ont été faites avec préméditation.

Crime prévu et puni par les articles 309 et 310 du code pénal.

Lorsque le nom de son amant cité comme témoin est appelé par le greffer, l’accusée se met à pleurer.

Les témoins sont an nombre de six.

Interrogatoire de l’accusée

Flore DIEVAL répond d’une voix ferme et avec beaucoup de modération aux questions qui lui sont posées par M. le Président. Elle indique de quelle façon elle a fait la connaissance de TRUCHASSOU son séducteur et sa victime, alors cocher chez le vicomte de X… Ce jeune homme, elle l’aima et devint sa maîtresse.

« C’est la passion qui m’a poussée, dit l’accusée, je n’avais pas besoin d’argent car j’étais placée chez un marchand de volaille. Pourtant, cette place, je l’ai perdue pour aller le rejoindre en Bourgogne, où l’avait appelé ses fonctions de cocher auprès de son maître.

« Lorsque je me suis vue enceinte.je lui ai fait part de ma grossesse, il m’a promis de m’épouser s’il n’était pas soldat : à ce moment il allait passer le conseil de révision, et, en tout cas, il m’a assuré qu’il m’aiderait à élever notre enfant.

» Un beau jour, il m’annonça qu’il allait dîner chez des amis, et depuis ne revint plus. Il s’était rendu à Nexon dans sa famille.

« Vous n’avez pas été très ennuyée de ce départ, dit M. le président, et ce qui le prouve, c’est la lettre que vous lui écriviez quelque temps après, au mois d’août, lui disant que vous aviez reçu quelque argent de chez vous et que vous aviez l’intention de retirer du Mont-de-Piété certains objets qu’il avait engagés dans les derniers temps de votre liaison.

» Enfin, le 6 du mois de septembre, vous vous rendiez à Nexon, et, en route, vous rencontrez un sieur CHATARD à qui vous confiez votre intention de réclamer à TRUCHASSOU une certaine somme d’argent qu’il vous devait. »

« Ceci est faux, interrompt l’accusée, je ne pouvais lui réclamer de l’argent que je ne lui avais jamais prêté. »

Arrivée à Nexon, vous vous êtes rendu avec votre compagnon de voyage, auquel vous aviez offert à boire pendant le voyage chez Truchassou. Vous n’avez trouvé que sa mère ?

C’est exact, dit l’accusée, lui était à Pompadour. J’ai trouvé sa mère et lui ai dit que j’étais enceinte des œuvres de son fils, puis je me suis retirée et suit allée coucher à l’hôtel, CHATARD était parti aussitôt après ma visite à TRUCHASSOU.

Le lendemain, continue M. le président, après avoir déjeuné vous avez caché sous votre tablier une fiole d’acide sulfurique et vous vous êtes rendue chez TRUCHASSOU ?

Parfaitement, répond Flora DIEVAL, je l’ai trouvé et lui ai demandé de revenir avec moi. Il a refusé, et m’a fait des reproches parce que j’étais venue me faire voir à Nexon. Je lui ai alors demandé de m’accompagner à la gare. Il n’a n’as voulu et voyant que j’avais une main immobile sous mes vêtements, il m’a dit : « Je regrette ce que j’ai fait, mais il est trop tard. »

Ainsi se termine l’interrogatoire de l’accusée.

Audition des témoins

— M. le docteur ESCORNE, médecin à Saint Yrieix, a constaté que tout le front, l’oreille gauche et le cou de Truchassou étaient brûlés. Les yeux n’avaient pas été atteints, le nez et les paupières l’étaient à peine.

Des constatations de l’honorable docteur, il résulte que l’œil est absolument perdue du côté gauche. Quant à la déformation du visage, elle ne sera pas très visible.

— L’entrée d’Antoine TRUCHASSOU produit une certaine sensation dans l’auditoire. Il n’est pas encore rétabli des brûlures produites par l’acide sulfurique et porte sur le front un bandeau qui lui fait le tour de la tête. Il raconte comment il a fait la connaissance de l’accusée, qu’il savait avoir été la maîtresse d’un autre.

Il n’a jamais été question de mariage entre nous, dit le témoin ; je tenais beaucoup à elle, mais quand il m’a fallu quitter Paris, où je me trouvais sans place, ayant dépensé avec elle la somme que m’avait envoyé mon beau-frère, je lui ai dit que j’allais dîner chez un ami, et je suis parti pour Nexon.

Elle est venue me rejoindre et m’a envoyé à la figure un bol d’acide sulfurique. J’ai été étonné, mais la preuve que je ne lui en voulais pas, c’est que j’aurais tout donné pour qu’elle ne fût pas poursuivie.

— Antoine LAVERGNE, palefrenier à Nexon, est le beau-frère de TRUCHASSOU. Il a été témoin de la discussion qui a éclaté entre TRUCHASSOU et Flore DIEVAL, mais, n’a pas assisté à la scène du vitriol.

— Marie LAMONERIE, 14 ans, servante chez le précédent témoin, a reçu le matin de son arrivée Flore DIEVAL qui lui a demandé si TRUCHASSOU était à la maison. Elle répondit que non. Le lendemain, Flore revint ; le témoin entendit des cris et sur la demande de TRUCHASSOU qui se roulait sur son lit, alla chercher le médecin.

— Alfred MERAUX, 34 ans, maréchal-ferrant à Nexon, où il exerce également la profession d’aubergiste, a vu le soir du 7 septembre Flore DIEVAL qui lui demanda s’il n’existait pas à Nexon une famille TRUCHASSOU.

« TRUCHASSOU, a-t-elle dit au témoin, m’a enlevé 150 fr. et je vais les lui réclamer. »

— Louise FOUGERE, femme COUVIDOU, aubergiste à Nexon, a vu également l’accusée, elle lui a tenu le même propos qu’au précédent témoin. C’est chez elle que Flore DIEVAL a pris le vase où elle avait mis l’acide sulfurique.

L’audition des témoins est terminée.

Une suspension d’audience d’un quart d’heure a lieu.

Réquisitoire

M. GIACOBBI, avocat général, commence à 4 heures son réquisitoire. Il met en parallèle le caractère emporté de l’accusée et la placidité de TRUCHASSOU. Flore DIEVAL n’en était pas à son premier amant, elle en a eu un autre avant le témoin qui vient de déposer contre elle. Elle n’est donc pas si naïve qu’elle veut le paraître, ni si intéressante qu’elle désirerait le faire croire.

Elle a agi comme beaucoup de jeunes filles malheureusement agissent ; elle s’est donnée de son plein gré et sans condition, puis, poussée par son caractère, elle a voulu faire du bruit autour d’elle lorsque son amant, ne pouvant plus vivre à Paris où il était sans ressources, se retira à Nexon dans sa famille.

Arrivé à la scène où Flore DIEVAL a lancé l’acide sulfurique à la figure de son amant, l’honorable organe du ministère public insiste sur la gravité des blessures produites par le liquide corrosif.

M. GIACOBBI termine son réquisitoire en demandant qu’une peine soit prononcée contre l’accusée.

Plaidoirie

Me OGER du ROCHER commence à quatre heures et demie une plaidoirie émue, prenant à parti TRUCHASSOU auquel il reproche sa conduite à l’égard de Flore DIEVAL par laquelle, dit-il, il s’est fait nourrir. « Il a toléré, ajoute l’honorable avocat, que sa maîtresse vende jusqu’à son dernier meuble, et quand il a vu qu’il était sans ressource, il a simplement abandonné la malheureuse ne voulant pas partager sa misère. »

« Il ne tenait pas à ce que Flore DIEVAL fut traduite devant les assises et cela se comprend, lui-même devait y comparaître, et il savait fort bien que sa position était délicate ».

Me OGER du ROCHER discute ensuite la gravité des blessures occasionnées par l’acide sulfurique et termine sa plaidoirie en faisant appela la pitié du jury pour sa cliente.

« Pitié, Messieurs les jurés, dit-il, pitié, pardon pour elle. Pitié pour ses souffrances, pardon pour ses erreurs. Donnez-lui cette joie suprême qu’elle vous demande : la possibilité de se faire honorer de ce petit enfant qui déjà vit en elle et qui reste aujourd’hui avec de vieux parents le seul être que Flore puisse aimer. »

Répliques

M. GIACOBBI ajoute quelques mots à son réquisitoire et insiste sur le fait que TRUCHASSOU, ainsi que le fit entendre la défense, n’a pas vécu aux dépens de sa maîtresse. Il gagnait de l’argent lui aussi et il est prouvé qu’il engagea sa montre et sa chaîne au Mont-de-Piété. S’il est parti pour Nexon sans prévenir Flore, c’est parce qu’il savait fort bien qu’elle ne le laisserait pas s’éloigner.

M. GIACOBBI termine en insistant sur l’application d’une peine proportionnée au crime commis par l’accusée.

Me OGER du ROCHER prend la parole le dernier. Il fait valoir une fois de plus les arguments de sa défense, et laisse le jury sous une bonne impression.

Le verdict

A 5 heures 1/4, le jury se retire pour délibérer, et rapporte, un quart d’heure après un verdict négatif aux questions qui lui sont posées.

Des applaudissements éclatent dans la salle que M. le président menace de faire évacuer.

En conséquence, la cour acquitte Flore DIEVAL, et ordonne qu’elle soit mise en liberté si elle n’est retenue pour une autre cause.

L’audience est levée à six heures moins le quart.

Ainsi donc celle qui était détenue se retrouve libre. Les jurés ont été sensibles au fait qu’Antoine n’assumait pas sa future paternité.

Qu’est devenue Flore et son enfant je l’ignore. par contre Antoine TRUCHASSOU a été réformé du fait de sa surdité à l’oreille gauche occasionnée par le vitriol moins de 15 jours après le jugement.

Son handicap ne l’a pas empêché de se marier. Le 28 octobre 1898, à Nexon, il a épousé Marie COUVIDOU (1873-1957).

De ce mariage naitront deux enfants, un garçon, Robert TRUCHASSOU (1899-1957) et Suzanne TRUCHASSOU (1900-1960).

Robert et Suzanne en 1911 au mariage d’Edmond Quinque dont la mère était une Couvidou

Antoine TRUCHASSOU meurt très jeune, il a 33 ans, le 25 octobre 1902. Il était reparti dans la banlieue parisienne, à Vincennes ou après avoir repris son métier de cocher il était devenu épicier. Son fils Robert est resté dans la banlieue parisienne ou il était cafetier. Il ne s’est pas marié. Sa fille Suzanne est également restée dans la banlieue parisienne et elle non plus ne s’est pas mariée. Quant à sa femme elle s’est remariée en 1807 avec Galmier GARAT dont elle a eu un fils. Mais il faut croire qu’il y a une malédiction puisque son mari est, lui aussi, mort jeune, à 34 ans, le 20 aout 1914.

Le plébiscite de Louis Napoléon du 20 décembre 1851- Les résultats à Nexon et les conséquences : fermeture de cabarets

A la fin du 1er Empire tous les membres de la famille de Napoléon BONAPARTE furent bannis du territoire français et durent s’exiler (loi du 12 janvier 1816). Louis-Napoléon BONAPARTE part en Suisse avec sa mère Hortense de BEAUHARNAIS, séparée de son mari, Louis BONAPARTE, frère de NAPOLEON 1er.

Louis NAPOLEON est vite tenté par la politique et participe à de nombreuses tentatives de soulèvement contre la monarchie française. Lors de sa tentative d’août 1840 il est fait prisonnier et enfermé au fort de Ham dans la Somme ou il restera 6 ans. Il s’en évade le 25 mai 1846 et s’établit à Londres.

Lors de Révolution de 1848 il se présente aux élections de l’Assemblée Constituante le 4 juin 1948. Il est élu mais renonce à son mandat. Il se présente aux élections législatives des 17 et 18 septembre 1848. Il est élu et rentre en France et se présente à l’élection présidentielle des 10 et 11 octobre 1848. Il est élu président de la République avec 74,2% des voix. Il est le premier président de la République française. À 40 ans et huit mois, il demeure le plus jeune président de l’histoire de France jusqu’à l’élection d’Emmanuel MACRON en 2017, âgé de 39 ans et quatre mois.

Les électeurs de la Haute-Vienne ont voté à 89,2% pour Louis NAPOLEON et à Nexon 95,8% des électeurs lui ont accordé leurs suffrages. Il a bénéficié de l’adhésion massive des agriculteurs, d’une opposition hétérogène et de la légende impériale

Louis NAPOLEON est élu pour 4 ans et il est non rééligible. Mais très vite il va entrer en opposition avec l’Assemblée dont une partie lui est hostile. Aussi le 2 décembre 1851, date choisie pour le symbole qu’elle représente, anniversaire du sacre de son oncle NAPOLEON 1er et également de la victoire d’Austerlitz en 1805, il décide d’un coup d’Etat. Il fait occuper les imprimeries, arrêter des parlementaires et proclame sa légitimité due a son élection a une forte majorité. Les réactions sont faibles.

Il rétabli le suffrage universel et convoque les électeurs les 20 et 21 décembre pour un plébiscite.

Plébiscite du 20 décembre 1851
 « Le Peuple français veut le maintien de l’autorité de Louis Napoléon Bonaparte, et lui délègue les pouvoirs nécessaires pour établir une constitution sur les bases proposées dans sa proclamation du 2 décembre 1851. »

Les résultats sont encore plus favorables que ceux du 12 décembre 1848 puisque pratiquement tous les votants, 524, sauf 2 ont voté OUI:


Il faut pour avoir une idée précise de l’adhésion au principe de ce plébiscite mesurer le taux de participation au vote. 524 électeurs se sont déplacé sur 669 inscrits soit 78,8% .

Les résultats de la Haute-Vienne montrent un plus fort taux d’abstention, 26,9%, qu’à Nexon et quelques votes non, 8,1%.

Le Courrier de Limoges, s’enthousiasme de ces résultats :

Conséquence de l’élection : l’ordre promis entraîne un contrôle des cafés, cabarets …

Le coup d’Etat a donné à Louis NAPOLEON les pouvoirs qu’il demandait et sans perdre de temps il va mettre en application les promesses d’un retour à l’ordre. S’appuyant sur le décret du 29 décembre 1852, le préfet de la Haute-Vienne, considérant que certains cabarets ont une activité contraire aux intérêts moraux des familles de les fermer temporairement. Dans son arrêté du 12 fevrier 1852 le préfet vise 13 établissements de l’arrondissement de Saint Yrieix dont 5 à Nexon.

Le recensement le plus proche est celui de 1841. Je ne trouve aucun nom de cafetier, aubergiste ou cabaretier correspondant à ceux visés par l’arrêté. Il y avait au recensement de 1841, un cafetier, Gabriel GIZARDIN.

L’arrêté du 12 février précise que les établissements fermés le sont jusqu’à nouvel ordre. Un mois plus tard un nouvel arrêté, publié le 19 mars 1852, ferme définitivement un certain nombre des établissements qui étaient touchés par l’arrêté précèdent. Sur les 5 de Nexon 2 échappent à la fermeture définitive : celui de la Veuve RICHJARD et celui de Jacques VERGNON.

Le coup d’État ayant été ratifié par le plébiscite du 20 décembre 1851, Louis NAPOLEON fait préparer un texte pour remplacer la Constitution de 1848. Ce texte, adopté le 14 janvier 1852, est présenté au Sénat. Certains sénateurs y introduisent la notion d’Empire. Le plébiscite qui doit approuver la transformation de la République en Empire est organisé les 20 et 21 novembre 1852. Il est formulé ainsi :

« Le Peuple français veut le rétablissement de la dignité impériale dans la personne de Louis-Napoléon Bonaparte, avec hérédité dans sa descendance directe, légitime ou adoptive, et lui donne le droit de régler l’ordre de succession au trône dans la famille Bonaparte, ainsi qu’il est prévu par le sénatus-consulte du 7 novembre 1852. »

Les résultats sont encore plus favorables à Louis NAPOLEON :

Le taux d’abstention n’est plus que de 18,4% et le oui l’emporte à 81,3% des inscrits.

Ce plébiscite donne une majorité écrasante en faveur du rétablissement de l’Empire : 7 824 189 voix « pour », et 253 145 voix « contre », avec un taux de participation de 80%.

Le 2 décembre 1852 Louis NAPOLEON proclame le second Empire et devient NAPOLEON III.

Voir le chapitre consacré à l’Empire dans ce blog : https://etsinexonmetaitconte.fr/lhistoire-de-nexon-vue-a-travers-les-deliberations-du-conseil-municipal-xiii-le-second-empire-1852-1870/

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Les fêtes en 1962 et 1963.

Je n’ai pas trouvé de photos pour les fêtes de ces années. Si vous en possédez scannez les ou prêtez les moi pour que je le fasse.

L’année 1962 est une année particulière. Le Comité des fêtes est bien organisé et les finances sont saines. Aussi lorsque le conseil se réunit a quelques semaines de la fête de septembre personne n’imagine la manière dont il va se dérouler.

Le vendredi 24 aout 1962 le conseil se réuni sous la présidence de Robert FOUILLAUD. Sont présents : MM. CHIBOIS, RABBE, LAGNEAU Père, GRAMMAGNAT, BOSBATY, ERNY, COMBACAL, LASPERAS B., LAGNEAU Fils, REBIERE. MM. JARRY-LACOMBE et CROUZILLAC sont excusés.

Le Président donne le compte rendu de la saison 1961-1962. Le livre de caisse accuse un compte créditeur de 1 892,50 francs.

Immédiatement après, pour des raisons personnelles, le président donne sa démission. Elle est acceptée à l’unanimité. Aucun membre ne se présente à la présidence. Tous démissionnent. L’association est de ce fait dissoute et les fonds remis à la mairie. La municipalité prend en charge l’organisation de la fête de septembre dont le programme était déjà prêt.

Les 23 et 24 septembre la fête est un succès et le bulletin municipal en rend compte ainsi:

C’est la belle époque des manèges pour les petits et les grands : auto tamponnantes, avions, chenille, manège pour les petits avec la célèbre queue de Mickey qui donne un tour gratuit a celui qui l’attrape… Les photos qui suivent rappellerons de bons souvenirs aux plus anciens mais elles ne sont pas prises à Nexon.

Le lundi, comme cela se faisait depuis plusieurs années, une course cycliste était organisée par le Cyclo Racing Club du Limousin (CRCL). Ouverte à toutes les catégories elle se disputait sur 105 kilomètres. 21 coureurs étaient engagés parmi lesquels mon cousin Jacques PRADAUD. Pour rien au monde nous aurions raté cette course pour applaudi Jacques qui était presque du pays depuis qu’il avait épousé Marguerite BOUCHER la cousine germaine de ma mère qui habitait Aurin sur la commune de Bussière Galant, le village ou était née ma mère.

Ce jour là PRADAUD termine deuxième derrière Maurice REJASSE, le vétéran et devant le jeune Albert PETER.

C’est une arrivée classique mais ici le trio de tête est dans le désordre.

Avec l’aide de Bernard VERRET, ancien journaliste du sport au Populaire, Jacques PRADAUD a écrit l’histoire de sa vie, un exemple de courage et de volonté.

Lorsque la municipalité fait le bilan de cette fête et publie un compte rendu dans le Bulletin Municipal une phrase va faire bondir 4 nexonnais décidés à intenter une action pour diffamation.

Dans ce compte rendu, le maire, Louis Jean PRADEAU, écrit que 4 commerçants n’ont pas donné d’argent pour la collecte de la fête du printemps 1963.

Bulletin municipal 15 octobre 1962

René REBIERE est furieux de voir cité le nom de son père et les 3 autres commerçants manifestent la même colère. Pour avoir passé des heures avec René pour qu’il me raconte l’histoire de Nexon je peux assurer que 50 ans après sa colère était toujours vive. J’ai déjà écrit dans l’hommage que je lui ai rendu après son décès que j’ai l’intime conviction que cet évènement n’est pas le moins important parmi ceux qui l’on conduit à présenter une liste contre M. PRADEAU lors des élections municipales de 1965.

La fête du printemps 1963 a connu un grand succès. Elle était animée par la clique de Chalus et le lundi une course était organisée, toujours par le CRCL. Elle était moins prestigieuse que celle de l’automne 1962 car elle n’était ouverte qu’aux catégories 3 et 4 et se disputait sur 75 km. Il y avait 26 partants et le vainqueur était Daniel LAVERGNE devant Armand BLONDY. La fête a laissé un bénéfice de 1607 francs, soit l’équivalent de 2 350 euros en 2020. Mais on remarquera que la municipalité a versé une subvention de 1 046 francs.

Bulletin municipal 19 mai 1963

Le maire publie la liste des commerçants qui ont donné à la souscription mais il ne fait pas apparaitre le nom de ceux qui n’ont pas donné.

La fête de septembre est organisée sur le même modèle que les précédentes; Elle est animée par la clique de Chalus, un feu d’artifice est tiré le dimanche soir et c’est de loin la dépense la plus élevée.

Le bénéfice de 1224 francs est à peine supérieur à la subvention municipale. La course du lundi 23 septembre ouverte a toutes les catégories a vue 26 engagés disputant 110 km. Alain DESPLAT a terminé 1er devant Henri RABAUTE et Jacques PRADAUD, toujours fidèle à Nexon.

Le maire publie toujours la liste des souscripteurs…

La fête à Nexon en 1959

Pour cette année 1959 j’ai plusieurs photos mais comme pour les années précédentes il n’y a aucune date. Si vous voyez des erreurs n’hésitez pas à me les signaler. Si vous avez d’autres photos que celles que j’ai publié n’hésitez pas à m’envoyer un scan. Merci d’avance.

Ce char est intéressant car il reprend un mot d’ordre de Félix GAILLARD (1919-1970) qui fut ministre et président du Conseil, et qui pour éviter que les prix de la viande augmentent trop vite donnait ce conseil aux français « mangez du poulet ». Sur le côté du char, dans l’encadré, on lit « Mon Gaillard de poulet ». Ce slogan a été lancé en 1957, le char est peut-être de 1958 car on oublie vite les slogans politique. Félix Gaillard a été président du Conseil, équivalent à 1er ministre pendant 5 mois et 9 jours, du 6 novembre 1957 au 15 avril 1958. C’était la durée moyenne des gouvernement sous la 4ème République.

C’est le char de la place de l’église avec les mêmes « acteurs »…La voiture est fournie par le garage LASPERAS, le père est au volant et son fils Bernard est à gauche et vise avec son fusil le guépard qui est suspendu par les pattes. A coté du chauffeur on retrouve Jean CROUSILLAC.

Fête au début des années 1900

Didier BUISSON m’a envoyé trois photos d’une fête qui se déroulait à Nexon. La date n’est pas indiquée mais compte tenu de habits la fête a lieu avant 1914. Il y a plusieurs chars, très différents de ceux des années 1950 -1960. Ils sont très hauts , tirés par des chevaux. Si quelqu’un a une idée de la date je le remercie d’avance.

A ces photos je peux ajouter celles de la famille DESPLANCHES que j’ai déjà publié sur ce blog. Elles dates de 1900 et m’ont été prêtées par Françoise DESPLANCHES-CONORD.

L’essentiel de la fête est concentré sur la place FRATELLINI actuelle. Hommes et femmes ont la tête couverte, les femmes du barbichet et les hommes d’un canotier ou d’un chapeau noir.

Des cigognes à Nexon ! ce n’étais pas autrefois, encore qu’on ne le sache pas mais le 17 août 2021…

Il n’est pas habituel de voir des cigognes traverser le Limousin en direction du Sud en plein mois d’août et pourtant ceux qui se promenaient place de l’église à Nexon vers 19 heures, le mardi 17 août, ont vu arriver un groupe d’une trentaine de cigognes qui a tourné autours de l’église et du château avant de se poser sur les toits environnants. Les heureux qui avaient leur téléphone se sont empressés de prendre des photos, ceux qui ne l’avaient pas et habitaient tout près se sont dépêchés d’aller le chercher.

  • Il n’est pas anormal de voir des cigognes regagner le sud en août.

Les cigognes qui passent l’été dans le nord-est de l’Europe regagnent le sud avant l’hivers. Comment les grues annoncent elles le temps à venir ? Pour ces dernières c’est habituel d’en voir passer des nuées dans un sens et dans l’autre et leur passage a donné lieu a des dictons. Quand elles partent vers le sud on dit : « Lorsque les grues passent en Limousin, elles ramènent toujours un peu de froid sous leur ailes ».

Ligue de Protection des Oiseaux explique que les cigognes blanches qui partent de l’Alsace et de l’Allemagne suivent deux voies de migration connues, la côte atlantique et la vallée du Rhône. Elles passent les Pyrénées par le Pays Basque ou par le Roussillon, certaines restent en Espagne, les autres traversent la mer Méditerranée au détroit de Gibraltar pour rejoindre le Sénégal, le Mali… Celles qui partent de Hongrie, Pologne …contournent la Méditerranée par la Turquie, le Liban, Israël, l’Egypte et suivent le Nil pour trouver leur lieu d’hivernage.

Ces oiseaux peuvent parcourir jusqu’à 500 kilomètres par jour et pour cela elles ont besoin de courants thermiques ascendants ce qui leur permet de dépenser moins d’énergie. Le soir, comme le soleil s’abaisse sur l’horizon, elles s’arrêtent vers 17-18 heures et le matin elles reprennent leur vol vers 10 heures quand le soleil commence à chauffer l’air ce qui crée les courants ascendants. C’est ce qu’elles ont fait à Nexon où elles se sont posées vers 19h et elles sont reparties le lendemain vers 10 heures.

Quelques jours après Nexon, le samedi 21 août, c’est à Prades dans les Pyrénées Orientales que plusieurs centaines de de ces oiseaux migrateurs ont fait étape. Le dimanche 22 août plusieurs dizaines de cigognes ont fait une halte dimanche dans la commune creusoise de Mérinchal. Le lundi 23 août entre 80 et 100 cigognes ont fait étape dans le Puy-de-Dôme, près de Riom. A chaque fois la presse locale a publié des photos et a fait part de la surprise des habitants devant cet événement rare dans leur commune.

Aujourd’hui, la cigogne a investi toute la façade ouest, de la Normandie, mais pas la Bretagne, jusqu’au Pays Basque. Certaines s’y sont établi et il semblerait que ce soit devenu leur bastion détrônant petit à petit l’Alsace…

  • La cigogne, un oiseau mythique…

Cette grande dame blanche, par sa grande taille, son élégance, sa proximité de l’homme a eu un impact important dans la culture et le folklore. Les mythologies grecque et romaine les dépeignent comme des modèles de piété pour leurs parents qu’elles nourrissent quand ils sont trop vieux et même qu’elles transportent. Esope les fait intervenir dans des fables comme « Du Laboureur et de la Cigogne » et « Du Renard et de la Cigogne ».  Cette dernière a inspiré Jean de La Fontaine pour écrire « Le Renard et la Cigogne ».

Une célèbre légende du nord de l’Europe raconte que la Cigogne apporte les bébés aux jeunes parents. Ce mythe, qui a probablement une origine très ancienne, a été popularisé par ANDERSEN dans le conte « Les Cigognes ».

  • Les cigognes à Nexon en images…

N’étant pas à Nexon c’est sur la page Facebook de Martine FOUGERAS que j’ai découvert ces cigognes sur les hautes toitures de Nexon. Puis Mme PAUZET qui m’a reçu pour évoquer l’histoire de sa maison de Nexon, la plus proche de l’église si bien que la majorité des touriste pensent que c’est le presbytère et sonnent parfois pour avoir des renseignements, a elle aussi réalisé des photos que je mêle à celles de Martine.

Enfin Martine a publié une vidéo transmise par Carine :

https://www.facebook.com/martine.fougeras/videos/527818741647573

Un ami de Martine, Régis AUXEMERY, lui a rappelé qu’une douzaine de cigognes avait fait escale à la gare de Nexon et a joint deux photos:

A Nexon les cigognes se sont posées sur les toits mais à Prades ou à Riom elles étaient dans les près.

Arrêt à Prades. Emile Claverie
Escale à Riom avant de reprendre le vol vers le sud. Pascal Caillet